La récesflation trumpienne

Publié le 21 mai 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Dans une économie de marché, lorsque la volonté des consommateurs d’acheter un bien dépasse la capacité de le produire, cela incite le producteur de ce bien à hausser ses prix afin de maximiser ses profits.

Dans le cas contraire, lorsque les invendus s’accumulent, le commerçant n’aura d’autres choix que de baisser ses prix afin d’écouler sa marchandise.

En d’autres mots, l’inflation est causée par un déséquilibre, quand la demande dépasse l’offre.

Voilà pourquoi les banques centrales augmentent les taux d’intérêt comme moyen de lutter contre l’inflation; en rendant l’endettement plus onéreux, on dissuade les consommateurs d’acheter à crédit.

Les politiques économiques de l’administration Trump et l’incertitude qu’elle fait peser sur les marchés financiers par ses voltefaces devraient provoquer un phénomène nouveau; la récesflation. Ce mot-valise résulte de la fusion entre récession et inflation.

En imposant une taxe américaine à l’importation de biens étrangers, Washington les rend plus onéreux. Et s’il s’agit de matières premières (l’acier ou l’aluminium, par exemple), cela rend plus couteux les biens fabriqués à partir d’elles.


 
Pourtant, ce n’est pas ce qu’on voit (ci-dessus). S’il est vrai que l’inflation américaine s’est accrue de septembre 2024 à janvier 2025, elle a diminué au cours du premier trimestre de 2025.

Pour comprendre ce qui arrive présentement, il faut considérer deux phénomènes. Premièrement, une diminution de la croissance du PIB américain. Celui-ci était de 2,9 % en 2023 et de 2,8 % en 2024. Mais il a chuté à 2,1 % au cours du premier trimestre de cette année.


 
Parallèlement, le déficit de la balance commerciale américaine s’est creusé au cours du premier trimestre de 2025. Ce qui signifie que les distributeurs de biens importés (notamment de Chine) se sont empressés de garnir leurs entrepôts avant l’entrée en vigueur des taxes à l’importation.

Alors que les réserves sont pleines, la confiance des consommateurs diminue par crainte d’une récession. En remettant à plus tard leurs dépenses pour des biens qui ne leur sont pas essentiels, cela retardera l’écoulement des stocks et repoussera l’apparition inéluctable de l’effet inflationniste des tarifs douaniers.

Normalement, la banque centrale américaine devrait augmenter les taux d’intérêt afin de combattre cette poussée inflationniste. Mais il est fort possible qu’elle hésitera à le faire puisqu’elle se trouvera alors en présence d’un phénomène nouveau; une poussée inflationniste associée à une contraction de l’économie américaine.

Du jamais vu.

Références :
États-Unis – Taux d’inflation
L’économie canadienne, déjà affaiblie par Donald Trump
L’économie américaine pénalisée par les droits de douane, selon la Fed
L’inflation a rebondi aux États-Unis avant même l’entrée en vigueur des tarifs douaniers

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Écrit par Jean-Pierre Martel