Non, la CAQ n’a pas banni l’écriture inclusive

Publié le 25 septembre 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Ce que la CAQ interdit, c’est l’utilisation de l’écriture woke. Cette interdiction s’adresse aux fonctionnaires, aux employés des sociétés d’État, aux organismes publics et aux municipalités.

L’écriture inclusive est un ensemble de procédés. Prenons l’exemple de la ‘double flexion’.

Lorsqu’on écrit qu’un texte s’adresse à celles et ceux qui sont intéressés par un sujet, cette utilisation conjointe du féminin (celles) et du masculin (ceux), est de la double flexion.

Ce procédé évite d’utiliser le masculin générique comme le fait le premier paragraphe du présent texte, où le mot ‘employés’ désigne indistinctement les employés féminins et masculins.

Le nom Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec est un exemple de double flexion et conséquemment, c’est de l’écriture inclusive.

Lorsqu’on parle de la Charte des droits de la Personne alors qu’en réalité le titre officiel de cette charte onusienne est la Charte des droits de l’Homme, ce refus d’utiliser le mot ‘Homme’ pour désigner l’ensemble des êtres humains, peu importe leur sexe, c’est également de l’écriture inclusive.

Et ainsi de suite.

Le plus ostentatoire des procédés d’écriture inclusive est l’écriture woke. Et justement parce qu’il est le plus bling-bling, il est utilisé par toutes celles et ceux qui veulent crier haut et fort : « Voyez comme je suis féministe »… y compris par des entreprises commerciales qui, en raison de leur nature, n’ont rien d’inclusif.

C’est donc l’écriture woke que la CAQ a banni, cinq ans après qu’il le fut sur ce blogue, le 19 mai 2020.

Voici quelques exemples d’écriture woke bannis par la CAQ :
iel à la place des pronoms il ou elle pour désigner une personne à la troisième personne du singulier. Exemple : « Iel doit respecter le règlement.»
celleux à la place de celles et ceux.
froeur pour éviter de choisir entre frère et sœur pour parler d’une personne dite non binaire qui pourrait être insultée d’être désignée par son sexe biologique.
toustes à la place de tous et toutes. Il est à noter que dans ce procédé qui se veut féministe, le masculin a presque toujours préséance (sauf celleux) sur le féminin, placé en second.
Les bâtisseur·euse·s culturel·le·s montréalais·e·s’. Là encore, les préfixes masculins ‘bâtisseur’, ‘culturel’ et ‘montréalais’ ont préséance sur les suffixes ‘euse’, ‘le’ et ‘e’ qui symbolisent minimalement la place des femmes, semble-t-il.

Bref, ce que la CAQ interdit, ce sont uniquement les procédés d’écriture inclusive qui nuisent à la lisibilité du français. Tous les autres, parfaitement compatibles avec notre langue, sont permis.

Références :
Gestion punitive de l’itinérance durant la pandémie (exemple)
Le bannissement partiel de l’écriture inclusive sur ce blogue
L’écriture inclusive
L’écriture woke et la lisibilité du français
Rédaction inclusive: le gouvernement Legault interdira les «iel» et les «toustes» dans les communications de l’État

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Notre-Dame de la Laïcité

Publié le 2 septembre 2025 | Temps de lecture : 6 minutes
Place d’Armes

Introduction

La prière de rue est une prière collective effectuée dans l’espace public par les pratiquants d’une même religion.

En France, dans de petites municipalités, des prières de rue ont été organisées en raison du refus des autorités locales d’accorder les permis nécessaires à la construction d’une mosquée.

À Clichy-la-Garonne, pendant huit mois, des Musulmans ont organisé des prières devant la mairie afin de protester contre la fermeture d’une mosquée. Cette dernière avait été fermée entre autres parce qu’on y avait trouvé des tracts appelant à tuer des Juifs… alors qu’il s’agissait d’un coup monté puisque les tracts avaient été placés là par un militant anti-islam.

De plus, en 2020, des Catholiques avaient pris l’habitude de se réunir à l’extérieur de leurs églises afin d’y prier au grand air, contournant ainsi la rigueur des mesures sanitaires décrétées en début de pandémie.

Les prières de rue sont devenues un sujet d’actualité au Québec depuis que sont organisées hebdomadairement des manifestations pro-palestiniennes devant la basilique Notre-Dame de Montréal à l’issue desquelles une partie des protestataires procèdent à une prière musulmane.

Ce qui a provoqué (évidemment) la controverse.

Si bien que le 28 aout dernier, le premier ministre a dévoilé son intention d’adopter une loi interdisant les prières de rue.

La provocation

L’organisation d’une manifestation pro-palestinienne devant une synagogue pourrait être interprétée comme une provocation.

Mais ici, le lieu de culte concerné est catholique.

Dans la mesure où le pape Léon XIV lui-même en appelle à la fin du conflit à Gaza, les manifestations de la Place d’Armes rejoignent essentiellement la position du Vatican.

Quant à savoir si une prière musulmane dite en face d’une église catholique constitue un sacrilège, rappelons que le Vatican a organisé de nombreuses rencontres œcuméniques au cours desquelles prêtres, imams et rabbins priaient ensemble.

L’espace public n’est pas une mosquée, dit-on

D’abord et avant tout, l’espace public est un milieu de vie.

Or, de toutes les activités humaines, la prière est sans doute une des plus anodines. Prier n’a jamais tué personne.

Mais on ne compte plus les morts causées par l’intolérance à l’égard des minorités religieuses, ethniques et sexuelles.

Le meilleur conseil qu’on peut donner à ces bonnes âmes scandalisées par la prière de rue des Musulmans, c’est de prier à leur tour… de préférence en silence.

Le prosélytisme

Il ne suffit pas de voir des gens prosternés ‘à la musulmane’ pour avoir envie d’adhérer à cette religion afin de pouvoir se prosterner comme eux.

Le prosélytisme, c’est plutôt ces Témoins de Jéhovah qui distribuent des tracts pour nous annoncer la fin du monde et l’urgence de nous convertir au plus vite à leur secte.

Si leur prosélytisme n’a rien d’illégal, il devrait en être de même de la prière de rue de quelques Musulmans.

La laïcité bien relative de l’espace public québécois

L’espace public comprend les places (comme la Place d’Armes), mais également les parcs et les rues.

On trouve une rue Notre-Dame dans probablement toutes les municipalités du Québec, exception faite de celles qui n’en ont qu’une, généralement appelée ‘rue Principale’.

Sur les 1 108 municipalités du Québec, plus de la moitié portent des noms à consonance religieuse, c’est-à-dire des noms de saints ou de fêtes religieuses (comme l’Assomption).

Comme ailleurs dans le monde, l’espace public québécois est un reflet de notre histoire. Voilà pourquoi la laïcité québécoise est un compromis qui s’accommode d’un passé où la ferveur religieuse faisait partie de notre identité.

Laïcité et apostasie

La laïcité de l’État ne concerne que les institutions étatiques.

Elle interdit l’exhibition de symboles religieux amovibles dans les lieux appartenant à l’État (comme l’ex-crucifix de l’Assemblée nationale). Et elle interdit à certains employés de l’état de porter des symboles religieux ostentatoires.

Jamais la laïcité n’a eu pour but d’obliger les citoyens à renoncer à leurs convictions religieuses ni à cesser de prier, tant dans l’intimité de leur domicile que publiquement.

Les processions religieuses — à la Vierge, à sainte Anne, au Christ-Roi, à saint Jean-Baptiste — ont longtemps fait partie de la culture populaire québécoise.

Si ces manifestations ont disparu, ce n’est pas parce que Québec s’est tourné vers la laïcité. C’est parce que les églises se sont vidées dans les années 1960. Conséquemment, les recettes de la dime dominicale ne suffisaient plus à financer toutes les activités des paroisses, les obligeant à une cure d’austérité responsable de la disparition des processions religieuses.

On peut donc anticiper que le renouveau actuel de la religiosité en Occident finisse par atteindre le Québec, ravivant ainsi l’idée d’organiser de nouveau des processions religieuses.

C’est sans doute ce qui explique que Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, a publié une lettre ouverte dans laquelle il déclare : « Certaines propositions récentes visant à interdire la prière en public soulèvent de sérieuses inquiétudes quant au respect des libertés fondamentales dans une société démocratique.»

On doit donc conclure qu’en voulant interdire la prière de rue, M. Legault est plus catholique que le pape.

Références :
Appel à tuer les Juifs : le curieux document du maire de Clichy
Évangélisation de rue
Gaza : Léon XIV appelle à mettre fin immédiatement à la « barbarie » de la guerre
La CAQ va légiférer pour interdire les prières de rue
Les prières de rue, pas forcément liées à un manque de lieux de culte
Les prières de rue sont-elles illégales en France ?
Les prières de rue sont-elles légales?
Les « saints lieux » au Québec
Prière de ne pas exagérer
Prière de rue
Prières en public : « Il est où, le problème? »

Parus depuis :
Le Québec est un État laïc? Vraiment? (2025-09-04)
Texas attorney general wants students to pray in school… unless they’re Muslim (2025-09-07)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 2500 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Collège LaSalle et les charognards du peuple francoQuébécois

Publié le 25 août 2025 | Temps de lecture : 3 minutes

Les mécanismes de l’assimilation

L’anglicisation de Montréal s’opère par trois moyens.

Premièrement par des flux migratoires qui dépassent largement notre capacité d’intégration.

Deuxièmement par un marché de l’emploi où la connaissance de l’anglais est exigée illégalement pour des postes où cette connaissance n’est pas essentielle.

Et troisièmement par le financement public des études post-secondaires en anglais effectuées par des étudiants francophones.

Le PQ vs la CAQ

Les programmes électoraux du PQ et de la CAQ sont très différents quant au financement des études post-secondaires.

Pour le PQ, si un étudiant francophone veut faire ses études en anglais, il est libre de le faire, mais totalement à ses frais.

Toutefois, s’il veut que l’État subventionne ses études, il doit les effectuer en français. En somme, l’école gratuite au Québec, c’est celle en français.

Tout comme l’école gratuite en Allemagne est celle en allemand. Celle en Italie, c’est en italien. Et ainsi de suite.

La seule exception, c’est le droit des angloQuébécois d’accéder à des études publiques dans leur langue. Un droit que le PQ entend respecter, même après l’accession du Québec à l’indépendance.

Toujours un peu molle quand vient le temps de défendre le français, la CAQ a préféré une solution de ‘compromis’.

Ce compromis, ce n’est pas de combattre l’anglicisation au Québec, mais de le plafonner à son niveau actuel. Ce qui est une manière de le pérenniser.

Malheureusement pour elle, ce que la CAQ est en train de découvrir, c’est que l’anglicisation n’est pas seulement un phénomène qui menace la survie du peuple francoQuébécois; c’est aussi une industrie. Et une industrie payante.

C’est ainsi qu’un collège privé s’obstine à violer une loi qu’il juge contraire à ses intérêts.

Dura lex sed lex

Ces jours-ci, le Collège LaSalle se plaint des pénalités (qu’il juge abusives) pour avoir violé la loi québécoise qui exige la limitation de l’accès des étudiants francophones aux études post-secondaires en anglais.

Si le Collège LaSalle est miné par des pénalités, c’est qu’il s’agit d’un multirécidiviste qui a longtemps fait fi de la loi, tant que ses finances le lui permettaient. Maintenant que les pénalités croissantes minent sa survie, il implore la pitié.

Pour être respectée, une loi doit être dissuasive. Et pour l’être, elle doit faire mal à ceux qui l’enfreignent.

La disparition du Collège LaSalle serait un signal fort pour ces maisons d’enseignement supérieur (Cégep et universités) qui, à Montréal, font partie de la machine assimilatrice à l’anglais.

Le petit Collège LaSalle est donc le canari dans la mine.

Références :
L’anglicisation du Québec et la Caisse de dépôt et placement
Quotas linguistiques : le torchon brûle entre Québec et le Collège LaSalle

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La cote de crédit du Québec et les cigales caquistes

Publié le 17 avril 2025 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Introduction

On apprenait hier que l’agence de notation S&P Global avait abaissé la cote de crédit du Québec d’un cran, soit de AA− à A+.

Cela n’est pas catastrophique puisque le Québec se retrouve ainsi au niveau de quatre autres provinces canadiennes.

Mais cette décote s’explique; depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2018, la CAQ gaspille.

Le gaspillage des ressources énergétiques

En sol québécois, il y a actuellement 52 centres de données, principalement américains. Ceux-ci emploient peu de main-d’œuvre et n’entrainent presque aucune retombée économique.

Au total, ces centres consomment approximativement 153 MV d’électricité. C’est environ la moitié de l’énergie qu’aurait consommée NorthVolt.

Pour les attirer, la CAQ n’a pas hésité à dézoner nos meilleures terres agricoles et à leur vendre notre électricité pour aussi peu que 3,98 cents du kilowatt-heure.

Quelle est donc l’idée de brader notre électricité en bas de son cout de remplacement quand il existe une pénurie mondiale d’énergie ?

Le gaspillage financier

L’ubérisation du taxi québécois

Grâce à la cure d’austérité libérale, la CAQ est arrivée au pouvoir en 2018 alors que le budget de l’État québécois était excédentaire.

En tant que parti de droite, la CAQ ne pouvait pas faire autrement que d’être séduite par le concept de capitalisme participatif promu par Uber.

Puisque l’industrie du taxi québécois reposait sur un système de permis — ce qui était incompatible avec le modèle d’affaire d’Uber — la CAQ a dépensé un milliard de dollars (sic) afin de racheter les permis déjà émis, de manière à permettre à Uber d’opérer chez nous.

Les maisons des ainés

En 2017, le Québec comptait 1,6 million de citoyens âgés de 65 ans ou plus, suivis par 1,8 million de personnes âgées de 50 à 65 ans.

Plutôt que de préparer notre système de santé à accueillir le grand nombre de personnes en perte d’autonomie qui cogneront aux portes de nos hospices (CHSLD) dans les années à venir, la CAQ a préféré investir 2,8 milliards de dollars dans la création de luxueuses ‘Maisons des ainés’, au cout de 804 000 $ par personne hébergée.

Les 40 résidences construites depuis 2018 accueillent présentement moins de quatre-mille personnes, majoritairement relogées à partir de CHSLD qui ont fermé leurs portes ou qui subissent des rénovations.

Les réductions d’impôts

En dépit du fait que la crise sanitaire a couté 19 milliards $ au Trésor public, la CAQ a réduit en 2023 les deux premiers paliers d’imposition d’un pour cent, privant le fisc québécois de 9,2 milliards de dollars de revenus d’ici 2027-2028.

La réfection du toit du Stade olympique

En mars 2024, la CAQ a préféré la signature d’un contrat de 729 millions $ pour la réfection du toit du Stade olympique. Ce qui est 279 millions$ de plus que le projet rival, à mon avis beaucoup plus sécuritaire.

Le scandale de SAAQclic

Le 20 février 2025, le gouvernement caquiste à été éclaboussé par le rapport dévastateur de la Vérificatrice générale (VG) au sujet de l’explosion des couts de l’informatisation à la Société d’assurance automobile du Québec.

Signé à la fin de l’administration libérale, le contrat originel de 458 millions a connu d’importants dépassements de cout. Au point que la facture finale sera de l’ordre de 1,1 milliard de dollars.

Malgré le scandale, la CAQ a continué d’ajouter de nouvelles dépenses pour cet éléphant blanc.

Le 3e lien

Le 25 février 2025, la CAQ s’engageait à verser 46 millions de dollars au consortium Parsons-Artelia-Hatch pour une étude au sujet du 3e lien autoroutier entre les villes de Québec et de Lévis.

Alors que tout le monde sait que ce projet ne se réalisera jamais.

Les déficits records

Les 5,6 millions de dollars dépensées en 2024 pour inciter une équipe américaine de hockey à venir à Québec jouer deux matchs préparatoires représentent une dépense dérisoire, mais significative. Lorsqu’on ajoute à cette dépense les deux déficits budgétaires records — 11 milliards l’an dernier et 13,6 milliards cette année — tout ceci achève le tableau d’un gouvernement fiscalement irresponsable.

Conclusion

Pour former son cabinet, François Legault s’est entouré d’excellents communicateurs qui, à l’instar de la cigale de La Fontaine, ont chanté tout l’été, mais se retrouvent dépourvus quand la bise fraiche des agences de notation fut venue.

Plutôt que de s’attaquer aux problèmes, le gouvernement caquiste a perdu son temps à changer les structures. Comme si, en éducation et en santé, les problèmes étaient structurels.

Le cas le plus patent est celui de Santé-Québec, une structure inutile insérée artificiellement entre le ministère et les établissements de santé et dont le seul but est de servir de bouc émissaire aux coupes budgétaires décidées par la CAQ.

Pour résoudre la crise du logement, la ‘Marie-Antoinette des pauvres’ s’est contentée d’espérer qu’une croissance importante des loyers motivera les entrepreneurs à construire plus de logements. Ce qui, d’ici une décennie, permettra résoudra cette crise.

En supposant que NorthVolt était simplement un pari financier qui a mal tourné, tout le reste de la gestion des finances publiques par la CAQ démontre l’incroyable médiocrité des beaux parleurs qui entourent le premier ministre.

Références :
Ce n’est pas fini pour les maisons des aînés
Des baisses d’impôts de 9,2G$ pour les Québécois
Et le montant de la facture pour les Kings est…
Fiasco SAAQclic : l’AMP ordonne à la SAAQ de suspendre les contrats
Fitzgibbon veut serrer la vis aux fermes de minage de cryptomonnaies
La cote de crédit du Québec abaissée
La crise sanitaire a coûté 15 milliards de dollars au réseau de la santé du Québec
L’électricité accordée aux centres de données : du gaspillage ?
Le nouveau toit du Stade olympique
Le rapport de la VG sur SAAQclic n’a pas eu l’effet escompté, l’incompétence règne encore
L’ubérisation du taxi québécois : le premier grand gaspillage de la CAQ
Maisons des ainés : un éléphant blanc ?
Pourquoi les maisons des aînés créent-elles moins de places que promis ?
Québec met la main à la poche pour le troisième lien

Paru depuis : Maisons des aînés 1,8 million la « porte » : j’hallucine ou quoi ? (2025-05-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’électricité accordée aux centres de données : du gaspillage ?

Publié le 10 février 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Le 25 janvier dernier, une manchette du Journal de Montréal a attiré mon attention; ‘Intelligence artificielle: pas de nouveaux centres de données au Québec malgré les milliards de Trump’.

Ce que ce titre suggère, c’est que pendant que l’administration Trump débloque des milliards pour l’intelligence artificielle (IA), le Québec reste là à regarder passer le train.

Ordinateurs et IA : qui fait quoi ?

Le projet Stargate est une initiative de trois géants de l’informatique mondiale —  Oracle, la société de portefeuille SoftBank, et le groupe Open AI — dans lequel l’administration Trump a promis d’investir annuellement cent-milliards de dollars américains pendant quatre ou cinq ans.

D’après les informations rendues publiques, il semble que ces sommes ne serviront pas à développer l’IA elle-même, mais, dans un premier temps, à créer les infrastructures permettant d’exécuter et d’entrainer des modèles d’IA complexes.

Puis, en vue de l’utilisation massive de l’IA par le public, on créera en sol américain de pharaoniques centres de données qui alimenteront ses requêtes d’IA. Et il est possible que cet investissement serve également à assurer leur approvisionnement énergétique par la construction de minicentrales nucléaires.

Déjà, tous les logiciels de conception assistée par ordinateur, de traitement de texte ou de retouche photographique, par exemple, s’exécutent à la fois localement (sur l’ordinateur de l’utilisateur), et sur le serveur qui héberge sa version dématérialisée.

Lorsqu’un bouton ou un hyperlien change de couleur au passage du curseur de la souris, ce qui rend ce bouton suffisamment intelligent pour savoir qu’il doit alors changer d’aspect, c’est du code qui s’exécute localement.

Mais quand le logiciel aura besoin d’adresser une requête complexe d’IA, le serveur qui héberge sa version infonuagique transmettra cette requête aux ordinateurs surpuissants de Stargate.

Entre l’ordinateur infonuagique qui transmet une requête d’IA et le super-ordinateur qui l’exécutera, il y a le même rapport qu’entre l’employé d’un restaurant qui transmet votre commande au chef, et ce chef en cuisine qui prépare vos mets.

Et pour poursuivre cette analogie, le résultat de la requête qui apparait à l’écran est l’équivalent du mets qu’on dépose devant le client attablé du restaurant.

Les centres de données ‘ordinaires’

En 2021, le gouvernement de la CAQ souhaitait faire du Québec l’eldorado des centres de données.

Malheureusement, tout comme les fermes de minage de cryptomonnaie, les centre de données entrainent très peu de retombées économiques.

Ils ont besoin de main-d’œuvre au moment de la construction de leurs bâtiments. Mais une fois cela complété, ils fonctionnent tout seuls ou presque; ce sont de grands hangars dans lesquels on empile, du plancher au plafond, des milliers d’ordinateurs sur des étagères. Le tout est acheté en lot de l’Étranger (généralement de Chine).

Et ça roule avec très peu de personnel.

Entre vendre de l’électricité à des États américains — ce qui ne crée aucun emploi au Québec — et vendre la même chose à des centres de données qui en créent peu, c’est presque du pareil au même.

Toutefois, vendre de l’électricité à 3,98 cents du kilowatt-heure (le prix demandé par la CAQ à nos centres de données), et dézoner nos meilleures terres agricoles pour leur permettre de s’installer au Québec en dépensant le moins possible, on devrait faire cela quand on est très, très, très mal pris.

Il y a actuellement 52 centres de données en sol québécois, dont la moitié sont américains. Au total, ces centres consomment approximativement 153 MV d’électricité.

À titre de comparaison, le fabricant de batteries électriques Northvolt aurait eu accès à 360 MV (un peu plus du double) et son usine aurait employé trois-mille travailleurs.

Jusqu’ici, la CAQ a attribué des blocs d’énergie représentant 153 MV à des centres de données et encore plus, soit 287 MV, à des fermes de minage de cryptomonnaie.

Le résultat, c’est que le ministère de l’Économie a dû renoncer, par manque d’énergie, à des projets industriels majeurs totalisant 30 000 MV.

Références :
Critères d’attribution des blocs d’énergie: «On est dans le néant», déplore un entrepreneur
Intelligence artificielle: pas de nouveaux centres de données au Québec malgré les milliards de Trump
Le Québec se veut le nouvel eldorado vert des centres de données
Plus de 80% des centres de données ici appartiennent à des intérêts hors Québec
Stargate, le projet titanesque des États-Unis
Voici les gagnants des blocs d’énergie attribués par le ministre Fitzgibbon

Paru depuis : La face sombre des centres de données (2025-04-05)

Complément de lecture : Big tech’s new datacentres will take water from the world’s driest areas (2025-04-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les garderies-ghettos

Publié le 13 novembre 2024 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

C’est le journaliste Francis Vailles, de La Presse qui révélait hier que dans la région de Montréal, trente-six garderies subventionnées par l’État n’acceptent que des enfants qui appartiennent à certaines minorités ethniques ou religieuses.

Ces garderies offrent environ deux pour cent des 134 000 places disponibles dans la région de Montréal⁠.

C’est en 1998 que le Québec a déconfessionnalisé son système scolaire, abolissant ainsi à la fois les commissions scolaires catholiques et protestantes.

Qu’un quart de siècle plus tard, apparaissent des garderies confessionnelles subventionnées par l’État, cela représente un retour en arrière.

Si une garderie veut se constituer en ghetto qui n’accepte que des enfants de parents qui partagent la même confession religieuse ou la même ethnie — voire la même aisance financière — elle ne doit pas être subventionnée par l’État.

Les dangers de la ghettoïsation

Quarante ans après que le parlement de Stockholm eut décidé de transformer la Suède en un pays multiculturel, celui-ci est devenu la capitale du viol en Occident.

Non pas que le multiculturalisme ou que l’immigration conduisent séparément à ce résultat, mais parce que de 2005 à 2016 ce pays a accueilli un grand nombre de réfugiés — majoritairement d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak, de Syrie, de Somalie et d’Érythrée — qu’il n’a pas pris le soin d’intégrer à la culture du pays en raison du laisser-faire inhérent au multiculturalisme.

Or leur nombre n’est pas négligeable; en 2019, un Suédois sur cinq était né à l’Etranger.

De son côté, la France est opposée au multiculturalisme. Mais elle a laissé se développer des banlieues qui se sont constituées en ghettos mono-ethniques au sein desquels les valeurs républicaines sont demeurées étrangères à la mentalité de la majorité des jeunes qui y habitent.

Multiculturalisme vs convergence culturelle

Le multiculturalisme canadien encourage l’appartenance ethnique en tant que marqueur identitaire. Il favorise la tendance naturelle du repli rassurant entre semblables.

De son côté, la convergence culturelle n’oblige pas le Québécois né à l’Étranger à épouser les valeurs québécoises. Mais il le motive, entre autres, en pénalisant le repli sur soi.

Cesser le financement des garderies-ghettos par l’État les rend plus onéreuses et dissuade ainsi les parents d’y envoyer leurs enfants.

La solution du guichet unique

L’apparition des garderies-ghettos est le résultat du laisser-faire de la CAQ.

Ce laisser-faire s’explique par le fait que la manière pour la CAQ de diminuer les taxes tout en prétendant que cela n’affecte pas la qualité des services, c’est de ne jamais vérifier dans quelle mesure les normes sont respectées, notamment après l’adoption de budgets insuffisants.

Et comme chaque dollar dépensé en inspection est un dollar de moins pour créer une place en garderie, c’est une raison de plus pour ne pas aller voir ce qu’on a intérêt à ne pas savoir.

Pour empêcher les garderies de se constituer en ghettos, le gouvernement se propose de créer un guichet unique qui attribuera les places automatiquement à partir de l’automne 2025.

Comme c’est facile.

Dans un pays idéal, les parents devraient avoir le choix de la garderie où envoyer leurs enfants. S’ils jugent approprié de les retirer d’une garderie privée subventionnée parce que la salubrité ou l’encadrement pédagogique y laisse à désirer, ils devraient en avoir le droit.

Malheureusement, dans un contexte de sous-financement des garderies et du nombre insuffisant de places, le choix des parents est limité.

Si en plus, c’est un ordinateur qui détermine là où leurs bambins doivent aller, on abolit tout incitatif à l’excellence de la part des garderies subventionnées. C’est le nivèlement par le bas.

Évidemment, le guichet unique existe aussi en santé. Mais le nivèlement par le bas y est contré par les inspections des Ordres professionnels qui s’assurent du maintien de la qualité des services. Ce qui n’est pas le cas du personnel en garderie privée.

Ce que l’article de La Presse nous apprend, c’est qu’à défaut d’inspections de routine, avant que le gouvernement apprenne les lacunes qui sévissent dans une garderie, cela prend des années.

Après l’instauration de son guichet unique, commenceront les années au cours desquelles les parents seront forcés d’envoyer leurs enfants à la garderie déterminée par ‘l’ordinateur de la CAQ’.

Références :
Confessionnalisme et neutralité religieuse dans les écoles de Montréal
Immigration en Suède
La convergence culturelle : communion et symbiose
La Suède, capitale du viol en Occident
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Places en garderie : un « vrai » guichet unique dans un an
Trente-six CPE sélectionnent selon l’ethnie ou la religion

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Transport en commun : les comptables à la rescousse de la CAQ

Publié le 8 novembre 2024 | Temps de lecture : 5 minutes
Passagers évacuant un train en panne dans le tunnel du métro

Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) est pro-automobile et anti-transport en commun.

Contrariée d’avoir à payer le déficit croissant des sociétés de transport, la CAQ a demandé un audit à leur sujet, c’est-à-dire un examen de leurs comptes et leurs états financiers.

Hier, les comptables de Raymond Chabot Grant Thornton ont rendu public leur rapport. Celui-ci signale qu’il serait possible de réaliser 346 millions de dollars d’économies en ‘optimisant’ les dépenses des sociétés de transport.

On connait la chanson.

Depuis plusieurs décennies, nous élisons des partis politiques qui promettent ‘de couper dans le gras’, de procéder à la ‘réingénierie’ de l’État, de ‘remettre de l’argent’ dans les poches des contribuables. Le tout sans affecter la qualité des services que nous recevons, parait-il.

Le résultat, c’est que notre filet de protection est en ruine, que la construction de logements sociaux se fait au compte-goutte (aggravant la crise du logement), et qu’il y a annuellement mille pannes (de plus de cinq minutes) dans le métro de Montréal alors que certaines années, sur la ligne principale du métro de Paris, il n’y en a aucune (aucune comme dans zéro).

Évidemment, la firme Raymond Chabot Grant Thornton a raison; on peut toujours presser le citron encore plus tant qu’il n’est pas complètement sec, faire appel au privé (qui s’en mettra plein les poches) et appliquer au transport en commun les recettes désastreuses que la CAQ et le PLQ ont appliquées à notre système de Santé.

La vérité, c’est que le transport en commun souffre de sous-investissement chronique.

Si la CAQ disposait d’une véritable stratégie industrielle — autre que la filière batterie (qui bat de l’aile) — elle aurait compris que plus les Québécois achètent des voitures, plus des milliards de dollars quittent chaque année le Québec pour enrichir les pays qui produisent les voitures et l’essence que nous leur achetons.

Depuis qu’elle est au pouvoir, la CAQ a payé les factures du Réseau express métropolitain (déjà en construction), mais elle a différé tous les autres projets de transport en commun à l’exception du Service rapide par bus le long de la rue Pie-IX.

Elle a même retardé l’achèvement des stations à venir du REM (donc autres que les quatre déjà en service) puisque plus le réseau s’agrandit, plus son déficit d’opération s’accroit.

Finalement, rien ne nous assure que l’annonce toute récente du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal ne pourrait pas faire l’objet d’une autre volteface de la CAQ.

Avec un gouvernement réellement nationaliste au pouvoir, le Québec investirait massivement dans le transport en commun électrique fabriqué au Québec.

Dans l’étude que j’ai réalisée en 2018 en comparant la Finlande au Québec, cette étude concluait que si nous avions investi dans le transport en commun comme la Finlande l’a fait depuis quatre décennies, il y aurait 3,1 millions de véhicules de moins sur nos routes, dont 694 000 sur l’ile de Montréal.

Ce qui prouve qu’investir dans le transport en commun, ce n’est pas seulement avantageux pour ceux qui l’utilisent, mais également pour les automobilistes.

En effet, en faisant disparaitre un grand nombre de voitures qui encombrent nos rues, cela entraine une conduite plus agréable pour les automobilistes qui restent, moins d’accidents, moins de rage au volant, et des milliards de dollars de moins dépensés annuellement au Québec à l’achat de voitures et à leur entretien.

Finalement, si nous voulons sauver la planète, il faut moins consommer. Et un des moyens d’y parvenir, c’est de cesser, lorsque cela est possible, d’acheter des voitures, qu’elles soient à combustion ou électriques.

Et pendant que la CAQ cherche à assécher les finances de nos services de transport en commun, la Chine construit un TGV de 1 629 km qui traversera l’Himalaya au cout de cinquante-milliards de dollars. Et la Russie, en dépit des sanctions financières de l’Occident, annonçait en septembre dernier qu’elle construira un TGV entre Moscou et Saint-Pétersbourg, long de 680 km, au cout de 24 milliards d’euros.

Références :
Fizgibbon et le parc automobile du Québec
Le TGV entre Moscou et Saint-Pétersbourg prend forme et il sera un des plus rapides au monde
Le transport en commun finlandais : le matériel roulant
Métro de Montréal : le champion mondial des pannes
Portes palières et pannes de métro
Prolongement de la ligne bleue : les travaux sont lancés
Transport collectif : une firme mandatée par Québec a trouvé comment économiser 346 M$
Why is China Building a $50 Billion Railway in the Himalayas? (vidéo)

Paru depuis : 102 interruptions d’au moins une demi-heure: l’année 2024 fut pénible pour les usagers du métro (2025-01-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Francisation : l’insignifiance de la CAQ

Publié le 17 septembre 2024 | Temps de lecture : 9 minutes

Introduction

On apprend ce matin que la première décision du nouveau ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration est de couper l’allocation de 28$ par jour que le gouvernement de la CAQ offrait aux néoQuébécois qui assistent aux cours de francisation donnés par l’État.

Jean-François Roberge est un des plus brillants ministres de la CAQ. Et c’est un excellent communicateur; il pourrait vendre des réfrigérateurs aux Esquimaux.

Pour justifier sa décision, il affirme :

On n’a plus besoin de cette mesure incitative, nos listes d’attente débordent !

Le ministre oublie de dire que les listes débordent parce que son offre de francisation est nettement insuffisante.

Entre l’année fiscale 2018-2019 et l’année 2023-2024, le nombre de participants à ces cours a plus que doublé, passant de 30 734 à 68 844.

Malgré cette augmentation, le nouveau commissaire à la langue française estime que l’offre de francisation correspond à environ 5 à 6 % du nombre nécessaire pour que les immigrants temporaires puissent parler couramment français.

En d’autres mots, si on n’admettait plus aucun immigrant temporaire, cela prendrait seize à vingt ans pour franciser ceux qui sont déjà sur le territoire québécois.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre a déclaré à l’Assemblée nationale que le nombre d’immigrants temporaires au Québec était passé (en gros) de 300 000 à 600 000 personnes en deux ans.

Le fiasco de la francisation

En Grande-Bretagne, un immigrant ne peut pas mettre le pied sur le sol britannique s’il n’a pas déjà la connaissance de l’anglais. De manière conséquente, un citoyen britannique ne peut pas faire venir son conjoint de l’Étranger si cette personne ne parle pas l’anglais.

La CAQ a choisi une autre approche. L’exigence préalable n’est pas demandée. Toutefois, le requérant à l’immigration doit s’engager à apprendre le français au cours des trois années qui suivent son arrivée au Québec. À défaut de quoi la CAQ exigera son expulsion du pays par le gouvernement canadien.

En d’autres mots, Québec demandera à Ottawa — où la majorité des fonctionnaires sont des Anglophones unilingues — d’expulser des gens dont le crime aura été d’être eux aussi des Anglophones unilingues.

C’est épouvantable; ils avaient dit qu’ils apprendraient le français” dira la CAQ. “Ya, big deal” répondront les fonctionnaires d’Ottawa en bâillant.

Lorsque la francisation est exigée préalablement, cela ne coute rien à l’État puisque ceux qui veulent venir au Québec se francisent à leurs frais dans leur pays d’origine… à l’exception des réfugiés, évidemment, en raison de l’urgence de leur situation.

Mais quand c’est l’État qui francise ceux qu’il a admis au pays, il faut des classes de francisation et des enseignants. Et quand cela ne suffit pas, il faut offrir une prestation financière. Tout cela est dispendieux.

Or l’expérience démontre l’échec de cette approche.

Avant même l’arrivée de la CAQ au pouvoir, on savait que :
• les deux tiers des immigrants qui ne pouvaient pas parler français à leur arrivée ne se donnaient même pas la peine d’assister aux cours gratuits qu’on leur offrait,
• le tiers des inscrits abandonnaient leur formation avant la fin, et
• dans 90 % des cas, ceux qui tenaient bon jusqu’à la fin étaient toujours incapables de fonctionner en français.

Bref, c’est un fiasco.

Lorsqu’une situation est désespérée et qu’on croit que ça ne peut pas être pire, il arrive souvent qu’on réalise que le pire est possible. En fait, ça peut toujours être pire; ça dépend de ce qu’on fait.

Le 10 aout dernier, on apprenait que la CAQ obligeait un certain nombre d’écoles à réduire ou à limiter le nombre de classes de francisation et ce, malgré l’explosion de la demande.

Et maintenant, le ministre Roberge coupe les allocations destinées à motiver les néoQuébécois à apprendre le français.

Est-il nécessaire d’avoir une boule de cristal pour prévoir la suite des choses ?

Les “prometteux” de la CAQ

En mai 2023, la CAQ annonçait son intention d’exiger la connaissance du français comme condition préalable à l’immigration.

Pour la première fois depuis que la CAQ est au pouvoir, je me réjouissais d’entendre cela.

Mais un détail m’avait échappé; la CAQ n’annonçait pas la mise en application d’une mesure, mais la simple intention de l’adopter.

Depuis, on attend.

Le 27 aout 2024, soit quinze mois plus tard, le quotidien Le Devoir révélait qu’il faudra attendre encore pour savoir concrètement comment la CAQ compte imposer préalablement la connaissance adéquate du français à ceux qui veulent immigrer au Québec.

La règlementation habilitante sera ‘pré-publiée’ cet automne en vue d’une entrée en vigueur souhaitée en 2025… si, évidemment, la CAQ n’y renonce pas d’ici là.

Bref, la politique linguistique de la CAQ est comme les éoliennes; elle change en fonction du vent.

La défense homéopathique du français par la CAQ

Le comble de l’insignifiance est cette campagne publicitaire — une grande mobilisation citoyenne, dit le ministre Roberge — invitant les citoyens à exiger d’être servis en français et d’exiger de travailler dans notre langue.

La langue de travail

La Loi 101 interdit à un employeur d’exiger de ses employés la connaissance de l’anglais à moins que cela soit strictement nécessaire.

En somme, pour franciser les milieux de travail, la Loi 101 exige l’unilinguisme français par défaut.

À tort ou à raison, 63 % des entreprises montréalaises exigent de leurs employés la connaissance de l’anglais. Et dans certains cas (notamment les entreprises fédérales), on embauche fréquemment des anglophones unilingues. Ce qui a pour effet de faire de l’anglais la langue de travail plutôt que le français.

Lorsque le ministre Roberge demande aux travailleurs francophones d’exiger de travailler dans leur langue, que veut-il dire exactement ?

Veut-il dire que, lors d’une entrevue d’embauche, celui qui aspire à un poste fasse savoir à l’employeur qu’il refusera de parler autre chose que le français ? Ou qu’il acceptera de parler anglais uniquement selon son bon vouloir ?

Veut-il dire que ceux qui ont déjà un emploi devraient dorénavant refuser de parler autre chose que la langue de Molière ?

Concrètement, je n’arrive pas à comprendre ce que veut dire ‘exiger de parler le français’ pour celui qui n’a généralement aucun recours s’il est congédié sauf de porter plainte au Tribunal du travail et d’attendre deux ou trois ans avant que sa cause soit entendue.

La langue de service

Notre ministre ponce-pilate veut remettre la défense du français entre les mains du citoyen. Bien.

Si le ministre veut que les citoyens aient la responsabilité de faire respecter la Loi 101, qu’il leur en donne les moyens, notamment l’accès direct aux tribunaux.

En d’autres mots, sans passer par la plainte à l’Office québécois de la langue française. Une plante qui, dans l’immense majorité des cas, ne donne rien.

Lorsque l’État transfert ses responsabilité sans transférer ses moyens répressifs, cela veut dire : arrangez-vous avec vos troubles.

Au contraire, il lui suffit de faire adopter une loi qui exempte, par exemple, le client de payer la note d’un restaurant s’il a été servi en anglais et c’est certain que les choses bougeront rapidement.

Pour défendre le français au Québec, les vœux pieux ne suffisent pas. Il faut que la personne responsable de cette défense (le ministre ou le peuple) dispose d’un pouvoir de coercition parce que cela ne se fera pas tout seul.

Conclusion

En théorie, le gouvernement québécois ne devrait rien dépenser du tout pour la francisation des néoQuébecois; à l’exception des réfugiés, aucun immigrant ne devrait mettre les pieds au Québec, sans connaitre préalablement le français.

Le message devrait être :

Bienvenue chez nous. Nous sommes heureux de vous accueillir alors que nous manquons de bras et de talents.

Toutefois, vous devez absolument prendre racine chez nous en français puisque nous refusons de devenir des étrangers dans notre propre pays.

En se dotant d’une politique linguistique couteuse et inefficace, la CAQ la soumet aux vicissitudes de la situation budgétaire de l’État québécois.

Les quinze ans de laisser-faire libéral auront donc été suivis par six ans d’hésitation caquiste.

Indépendamment de la question qui leur sera posée, la véritable question à laquelle les Québécois auront à répondre au prochain référendum sera, implicitement : «Préférez-vous affronter les tumultes d’une accession à l’indépendance ou renoncer à l’héritage de vos ancêtres et vous réfugier dans le confort d’une lente ‘louisianisation’ menant à l’extinction du peuple francoQuébécois ?»

Bref, c’est l’indépendance ou la mort.

Références :
Avec sa publicité sur la défense du français, le gouvernement Legault nous dit: «Débrouillez-vous», selon le Mouvement Québec français
Immigrants’ spouses ‘must speak English before entering UK’
La convergence culturelle : communion et symbiose
L’été est la saison des ‘p’titres vites’ : la CAQ manque d’argent pour franciser
L’immigration au Québec : enfin de bonnes décisions !
Manquer à ses promesses en francisation
Québec lance une nouvelle campagne publicitaire pour faire la promotion du français

Paru depuis : L’offre en francisation se réduit à Montréal, Granby et Sherbrooke (2024-10-17)


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Doit-on bannir l’importation de matières fécales humaines ?

Publié le 5 septembre 2024 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Biosolides est le nom donné aux matières fécales humaines lorsqu’on les utilise pour la fertilisation des terres agricoles. On les appelle également boues d’épuration.

En principe, les biosolides sont très utiles. Qu’il s’agisse de fumier animal ou humain, le compost créé à partir d’eux contient de l’azote, du phosphore et du potassium (comme dans les engrais chimiques), mais également des oligoéléments, c’est-à-dire des sels minéraux essentiels au métabolisme des plantes.

Dans tous les cas, on doit simplement éviter que ces engrais organiques contiennent des niveaux élevés de contaminants toxiques.

Par mesure de prudence, la règlementation québécoise stipule également que lorsque du compost est fait à partir de fumier humain, il ne doit pas servir à engraisser des sols où poussent des plantes destinées à l’alimentation humaine.

Autre avantage : leur utilisation à titre de fertilisants évite qu’ils soient déversés dans nos cours d’eau par certaines municipalités quand leurs usines d’épuration sont débordées.

Voilà pourquoi les municipalités paient des entreprises spécialisées pour que celles-ci les débarrassent de leurs biosolides.

Pour les entreprises qui en font la distribution, cela est tellement payant qu’elles donnent littéralement ces engrais aux agriculteurs qui acceptent de s’en servir.

En 2021, le Canada a importé 70 000 tonnes de matières fécales des États-Unis. Annuellement, on estime que 2 300 camions chargés d’excréments américains traversent la frontière canadienne.

Les polluants éternels

Au cours de la pandémie au Covid-19, les autorités sanitaires du Québec échantillonnaient les matières fécales de diverses municipalités puisqu’il s’agissait d’un excellent moyen de connaitre l’étendue de l’infection au sein d’une population.

Depuis des décennies, on sait également qu’on trouve des traces de médicaments (ou de leurs métabolites) dans nos cours d’eau puisque l’immense majorité des médicaments sont de petites molécules que nos usines d’épuration n’arrivent pas à retenir.

C’est également le cas de produits industriels comme les ‘polluants éternels’.

En 2009, la Convention de Stockholm a classé le PFOS (l’acide perfluorooctane sulfonique) et ses sels comme des polluants organiques éternels en raison de leur nature omniprésente, persistante, bioaccumulable et toxique.

En Amérique du Nord, c’est principalement dans le Midwest américain qu’étaient situés les principaux producteurs de ces produits chimiques.

Au Minnesota, leur contamination est tellement répandue qu’ils ont même contaminé les nappes phréatiques.

En 2018, la compagnie 3M a accepté de payer 850 millions de dollars pour régler à l’amiable une poursuite de cinq-milliards$ intentée à ce sujet par cet État.

L’Ontario importe ses biosolides des États du Midwest américain alors qu’au Québec, nous les recevons de la Nouvelle-Angleterre (beaucoup moins contaminée).

L’État du Maine a totalement interdit leur utilisation et a condamné les terres agricoles contaminées par ces substances.

Les entreprises qui en faisaient le commerce au Maine ont donc cherché d’autres débouchés et se sont tournées vers le Québec.

La solution

Il y a deux ans, la révélation de ce scandale par Radio-Canada a obligé le gouvernement de la CAQ à imposer un moratoire sur l’importation des biosolides américains.

Après deux ans de réflexion, la CAQ songe à lever cette interdiction pour la remplacer par une norme du ministère de l’Environnement.

Après avoir abaissé l’an dernier les taux d’imposition de manière à priver l’État de recettes fiscales représentant deux-milliards de dollars par année, la CAQ manque d’argent; elle s’apprête donc à réduire ses dépenses partout.

Ceux qui croient que son ministre ‘Tefal’ de l’Environnement va embaucher des enquêteurs, payer pour faire analyser les échantillons prélevés par ceux-ci et imposer des amendes aux contrevenants, sont beaucoup plus optimistes que je le suis.

Pour éviter que le Québec ne redevienne la toilette des États-Unis, il faut une législation simple et dissuasive.

Or le plus simple est l’interdiction totale de l’importation de matières fécales, y compris en provenance d’autres provinces canadienne pour éviter que l’Ontario nous refile des biosolides hypercontaminés du Midwest américain.

Cette interdiction devrait être associée à une pénalité minimale d’un million de dollars dès la première infraction.

Et il suffira au ministère de l’Environnement de procéder de temps en temps à une filature comme l’a fait Radio-Canada, et d’encaisser les millions.

Interdire l’importation favorise l’émergence de l’industrie des biosolides au Québec (ce qui n’est quand même pas de la haute technologie) et nous donne une certaine assurance que nous ne contribuerons pas à nous polluer plus que nous le sommes déjà.

Références :
Les États-Unis nous emmerdent !
Québec veut limiter les PFAS dans les biosolides utilisés en agriculture
Scotchgard

Parus depuis :
Les agriculteurs québécois se méfient encore du « fumier humain » (2024-09-07)
US lawmakers push to exclude lucrative chemicals from official PFAS definition (2024-09-12)
Chemicals in sewage sludge fertilizer used on farms pose cancer risk, EPA says (2025-01-14)
« Contaminants éternels » : Drummondville forcée de dévoiler des données « secrètes » (2025-07-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’été est la saison des ‘p’titres vites’ : la CAQ manque d’argent pour franciser

Publié le 28 août 2024 | Temps de lecture : 5 minutes

Le volet migratoire de toute politique linguistique au Québec doit viser à maintenir l’équilibre linguistique, soit 80 % de locuteurs francophones.

Immédiatement avant la pandémie au Covid-19, seulement 55 à 60 % des néoQuébécois parlaient notre langue à leur arrivée.

La moitié des autres parlait anglais tandis que le reste possédait une connaissance insuffisante à la fois du français et de l’anglais.

À défaut de posséder tous les pouvoirs en matière d’immigration — ce que le Québec aurait en faisant son indépendance — les cours de francisation destinés aux néoQuébécois et aux immigrants temporaires représentent un des rares moyens dont dispose le Québec pour éviter l’extinction du peuple francoQuébécois.

Depuis toujours, les cours de francisation sont facultatifs et ne comportent pas de récompense en cas de réussite.

L’année qui a précédé la défaite libérale de 2018, la vérificatrice générale concluait que la francisation des immigrants était un échec.

Remis en 2017, son rapport révélait que les deux tiers des immigrants qui ne pouvaient pas parler français à leur arrivée ne se donnaient même pas la peine d’assister aux cours gratuits qu’on leur offrait. Que le tiers des inscrits abandonnaient leur formation avant la fin. Et que dans 90 % des cas, ceux qui tenaient bon jusqu’à la fin étaient toujours incapables de fonctionner en français.

Depuis 2018, la Coalition Avenir Québec (CAQ) est au pouvoir. De 2019 à 2024, les sommes allouées par la CAQ à la francisation des immigrants ont augmenté de 50 %, passant de 69 à 104 millions de dollars.

Entre l’année fiscale 2018-2019 et l’année 2023-2024, le nombre de participants a plus que doublé, passant de 30 734 à 68 844.

Malgré cela, ces sommes demeurent très insuffisantes selon le nouveau commissaire à la langue française en raison du déluge migratoire voulu par Ottawa afin de faire passer la population canadienne de 36 à 100 millions de personnes d’ici 2100.

Dans le rapport qu’il a remis plus tôt cette année, celui-ci estime que le nombre d’heures réalisées en francisation correspond à environ 5 a 6 % du nombre nécessaire pour que tous les immigrants temporaires puissent parler couramment français.

En d’autres mots, si on n’admettait plus aucun immigrant temporaire, cela prendrait seize à vingt ans pour franciser ceux qui sont actuellement sur le territoire québécois… en supposant qu’ils demeurent temporairement chez nous tout ce temps.

Ceci étant dit, où est la ‘p’tite vite’ du titre ?

C’est qu’on apprenait le 10 aout dernier (donc, en plein été) qu’en raison d’une ‘impasse budgétaire’, la CAQ force un certain nombre d’écoles à réduire ou à limiter le nombre de classes de francisation et ce, malgré l’explosion de la demande.

En d’autres mots, après avoir gaspillé en 2019 un milliard de dollars afin que l’industrie du taxi devienne compatible avec le modèle d’affaires d’Uber, après avoir abaissé l’an dernier les taux d’imposition de manière à priver l’État de recettes fiscales représentant deux-milliards de dollars par année, après avoir gaspillé l’électricité du Québec en la vendant au coutant à des mineurs de cryptomonnaies et des centres de données, voilà que la CAQ manque d’argent pour franciser nos immigrants.

Jean de la Fontaine écrivait : « La Cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue…»

Parions que bientôt la CAQ ira crier famine chez la fourmi fédérale, sa voisine, la priant de lui prêter quelques grains pour subsister…

Comme tout cela est pathétique…

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
Controversy over Chinese miners in B.C. prompts review
Couillard regrette d’avoir dit le fond de sa pensée: les ouvriers doivent tous parler anglais!
Défense du français : les tergiversations de la CAQ
Face à un achalandage record, les délais chez Francisation Québec explosent
Francisation des immigrants – Québec loin de ses objectifs
Hausse « phénoménale » des demandes, mais peu d’impacts sur le français
Immigration temporaire :choisir le français
Immigration temporaire: jusqu’à 13 milliards $ pour la francisation
La baisse d’impôt promise par la CAQ ne fait pas l’unanimité
La Cigale et la Fourmi
La francisation des immigrants au Québec est un échec, selon la vérificatrice générale
Le miracle impossible de la francisation
L’ubérisation du taxi québécois : le premier grand gaspillage de la CAQ
Moins de classes de francisation malgré une forte demande

Paru depuis : L’offre en francisation se réduit à Montréal, Granby et Sherbrooke (2024-10-17)

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Écrit par Jean-Pierre Martel