Un petit tour en REM

12 mars 2024




 
Cet après-midi, j’ai effectué mon premier déplacement en REM (Réseau express métropolitain).

De la Gare Centrale à Brossard, quatre stations sont en service.

Puisque tout est automatisé, au wagon de tête et à celui de queue, les passagers ont la vue sur la ville qu’aurait le conducteur s’il y en avait un.

La partie la plus photogénique de ce trajet se trouve entre la Gare Centrale et la Station Ile-des-Sœurs (que j’ai parcourue quatre fois).

Voici trois photos que j’en ai rapportées.

Détails techniques : Sigma DP1 infrarouge à spectre complet.
Pré-traitement : filtres Fuchsia pour Foveon (filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu LBC8 de Kenko + filtre anti-infrarouge partiel GRB3/KG3)
Post-traitement léger.
1re photo : 1/60 sec. — F/4,5 — ISO 100 — 16,6 mm
2e  photo : 1/30 sec. — F/4,5 — ISO 100 — 16,6 mm
3e  photo : 1/20 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 16,6 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le long du SRB Pie-IX

2 octobre 2023
Stade olympique

Le SRB Pie-IX est une ligne express d’autobus reliant la station de métro Pie-IX à l’ile de Laval. Long (pour l’instant) de 8,4 km, cette ligne en comptera onze une fois complétée au sud jusqu’à la rue Sainte-Catherine.

Normalement, sur le boulevard Pie-IX, un terreplein sépare les trois voies en direction nord des trois autres en direction sud.

Dans chaque cas, deux voies sont consacrées à la circulation automobile : celles-ci sont situées le long du trottoir et sont pavées en asphalte noir. Asphaltée en rouge pour se distinguer, la troisième est consacrée au SRB : elle se déploie le long du terreplein situé au centre du boulevard.


Édicule du SRB

À l’approche d’un arrêt, cette configuration se modifie; le terreplein disparait et les deux voies opposées du SRB se touchent alors.

Au sud de l’intersection, un édicule accueille les futurs passagers en direction sud. Au nord de l’intersection, c’est l’inverse.

Ces abris du SRB sont confortables et sont équipés de panneaux électroniques qui indiquent le temps d’attente pour chacun des deux ou trois prochains autobus.

Au 6275 Pie-IX

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtre bleu FS KB20 + filtre FS VertX1a + filtre Lee No 354 (Special Steel Blue). Balance des blancs automatique.
1re photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 13 mm
2e  photo : 1/160 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 17 mm
3e  photo : 1/160 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 24 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 20 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les lacunes sécuritaires du Réseau express métropolitain (REM)

15 août 2023

Introduction

Quand le gouvernement libéral de Philippe Couillard a confié à la Caisse de dépôt et placement le soin de réaliser un système de trains légers desservant la région métropolitaine, il l’a fait en présumant que l’argent achète tout.

On savait que la Caisse n’avait aucune expérience dans la planification urbaine ni dans la conception de matériel roulant.

Mais le gouvernement libéral était convaincu qu’avec la somme colossale de ses actifs, la Caisse ne se priverait pas pour consulter, moyennement rémunération, tous les experts dont elle aurait besoin pour réaliser son mandat… au plus faible cout possible.

En février 2021, quand deux firmes d’architectes refusèrent d’être associées à la construction du REM de l’Est, on aurait dû comprendre que l’argent n’achète pas tout… ou du moins, pas toujours.

L’automatisation intégrale

Pour réduire au maximum leurs frais d’exploitation, les trains du REM n’ont pas de conducteurs. À leur place, des opérateurs, réunis quelque part dans une salle de contrôle, coordonnent à distance le va-et-viens des trains du réseau.

Quant à la sécurité, elle est assurée par des caméras de surveillance. Encore ici, la Caisse ne connait rien dans la sécurité mais elle présume (à tort) que les caméras de surveillance réduisent ou préviennent les méfaits.

Les limites de la vidéosurveillance

Les caméras de surveillance enregistrent de l’information qui, dans la presque totalité des cas, sera détruite avant d’avoir été vue.

C’est seulement lorsqu’on découvre, par d’autres moyens, qu’un méfait a été commis qu’on voudra passer en revue les enregistrements pour essayer de découvrir quand et par qui le méfait a été commis.

Leur utilité est donc généralement limitée à expliquer à postériori ce qui est arrivé.

La tempête sur la 13

Joyau technologique du ministère des Transports, le Centre de gestion intégré de la circulation est l’organisme chargé de surveiller en temps réel les axes routiers de la région de Montréal grâce à un vaste réseau chargé de recueillir de l’information et près de quatre-cent-cinquante (450) caméras.

Parmi les voies de circulation sous sa protection, il y a la 13. Tracée en direction nord-sud, cette autoroute est une voie rapide qui dessert l’aéroport Montréal-Trudeau.

En mars 2017, une importante tempête de neige s’abat sur le sud-est du Québec. Cette nuit-là, environ trois-cents automobilistes sont demeurés coincés dans leur véhicule sur la 13 pendant douze heures.

Ceux qui appelaient au 9-1-1 se faisaient dire de ne pas s’inquiéter et que de l’aide était en route pour leur porter secours. Tout cela était faux.

Lorsque les secours sont finalement arrivés, personne n’était mort de froid. Miraculeusement.

Les voyageurs oubliés dans le REM

À la fin du mois dernier, après une sortie au cinéma du Quartier Dix30, Michel-André Grégoire et son épouse ont pris le REM vers minuit à la station Du Quartier.

Mais au lieu de filer vers la station Panama, annoncée au micro par une voix robotisée, le train s’est plutôt dirigé en sens inverse et est rentré au garage pour la nuit.

Le couple Grégoire n’était pas seul puisqu’une troisième personne (un touriste vénézuélien) s’y trouvait également.

Les trois passagers n’ont pas cherché à se dissimuler; ils étaient donc parfaitement visibles sur les écrans des caméras de surveillance. Mais personne ne les a vus.

Et si on ne les a pas vus, c’est qu’aucun préposé n’est chargé de surveiller ces écrans.

C’est seulement après que Mme Grégoire a utilisé le système d’interphone du REM pour signaler leur présence qu’on leur a envoyé du secours.

Sinon, ils y auraient passé la nuit.

Un scénario probable

Permettez-moi de faire une petite prédiction; d’ici quelques semaines, les wagons du REM seront victimes de leurs premiers actes de vandalisme.

Puisque les malfaiteurs n’ont pas besoin de moi pour avoir des idées malveillantes, voici comment ils pourraient procéder.

Un soir de semaine, deux graffiteurs pénètrent à une station de la Rive-Sud peu achalandée. Ils sont seuls dans leur wagon. Les deux portent un masque. Ce qui n’est pas anormal puisque la pandémie au Covid-19 n’est pas terminée. En raison des capuchons qui les recouvrent, il est impossible de les reconnaitre.

Environ vingt secondes avant d’arriver à la station suivante, ils sortent des bonbonnes de peinture et dessinent leur tag sur les murs intérieurs du wagon.

À l’ouverture des portes, ils les franchissent promptement pour s’enfuir.

En raison de l’odeur de solvant, une des personnes qui embarquent à cette station ou à la suivante se sert de l’interphone pour rapporter le méfait.

La préposée signale la chose à son supérieur.

Celui-ci s’empresse d’appeler les autorités policières. Or qu’entend-il ?

Eh bien, il entend : “Votre appel est important pour nous. Afin de conserver…

Finalement, il joint un agent.

Mais il appelle à Brossard, la municipalité où se trouve la station de départ des malfaiteurs… alors que le méfait a été commis sur le territoire de l’Ile-des-Sœurs (qui relève d’un autre corps policier).

Après avoir appelé la station de police appropriée, on ordonne que des patrouilleurs soient dépêchés à la station Panama.

Et pendant que nos deux acolytes mangent leur poutine en marchant et en riant, ils voient passer les autos de police — gyrophares allumés et sirènes assourdissants — se diriger à toute vitesse vers le lieu du crime…

Références :
Cafouillage sur l’A-13 : les systèmes de vigie et d’alerte n’ont pas fonctionné
Deux firmes d’architectes tournent le dos au REM
Montreal’s new REM line takes wrong turn, leaves passengers stranded in the garage
The British Big Brother

Paru depuis : L’utilité des caméras urbaines du SPVM remise en doute (2023-09-18)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les villes aux meilleurs transports en commun

28 mars 2023

Compléments de lecture :
Le transport en commun finlandais : le matériel roulant
Le transport en commun finlandais : les titres de transport
Caténaires : Helsinki vs Montréal

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Caténaires : Helsinki vs Montréal

26 mars 2023

Introduction

Caténaire est un mot féminin qui désigne un système de suspension des fils d’alimentation électrique des trains ou des tramways.

À Helsinki



 
À Helsinki, ce système comprend des mâts (ou poteaux) en treillis métallique qui se font face de chaque côté de la voie et qui sont reliés par une console (ou poutre transversale) également en treillis métallique.


 
Au-dessus de chaque ligne ferroviaire, un support à caténaire est fixé sous la console. Dans sa partie inférieure, celui-ci supporte le câble d’alimentation. Celui-ci est suspendu aux câbles porteurs par le biais de courts câbles verticaux appelés pendules.

De longueur variable, les pendules compensent partiellement la courbure des câbles porteurs afin de maintenir le câble d’alimentation à une distance relativement fixe de la voie ferrée.


 
À la gare Centrale d’Helsinki, les supports à caténaire sont fixés directement sur les mâts. Ce qui fait qu’aucune console n’enjambe les voies.

Petite parenthèse : en France


Si on utilise Google Earth pour obtenir une vue à vol d’oiseau du réseau de trains de banlieue de la région parisienne, on peut mesurer que la distance entre les consoles (et donc entre les mâts) est supérieure à cinquante mètres.

À Montréal


 
À Montréal, on a décidé de ne pas recourir à des consoles; les supports à caténaire sont fixés directement aux mâts.

Or les consoles servent non seulement à suspendre les supports à caténaires, ils servent également à solidifier les mâts.

Sans les avantages de cette solidification, il faut alors utiliser des mâts plus massifs et conséquemment, plus visibles.

Ceci étant dit, est-ce que les caténaires montréalaises ont une empreinte visuelle plus importante que celles d’Helsinki ? Cela est une question d’appréciation personnelle.

Toutefois, ce qui fait toute la différence est l’espacement entre les mâts des caténaires.


 
En plus, pour des raisons obscures, on a décidé d’espacer les mâts montréalais d’approximativement 25 mètres, comparativement à 62 mètres à Helsinki.

Pour une même distance, il faut donc 2,5 fois plus de mâts à Montréal qu’à Helsinki.


 
Par endroits, le Réseau express métropolitain (REM) de Montréal utilise une véritable haie de mâts. On se demande pourquoi il en faut tant.

Le climat

Mais peut-être est-ce nécessaire en raison de notre climat.

La latitude d’Helsinki est la moyenne entre Montréal et le Pôle Nord. En d’autres mots, sa latitude se compare à celle de la baie James.

Toutefois, le climat de la capitale finlandaise n’est pas aussi rigoureux qu’on pourrait le penser. Cette ville est un port qui donne sur le golfe de Finlande. Or cette immense masse d’eau lui sert de tampon thermique.

Ce qui fait que son climat se compare à celui de Montréal.

Le réseau ferroviaire électrique de la Finlande débute à Helsinki (au sud) et monte vers des régions encore plus nordiques du pays où des peuples nomades font l’élevage de hardes de caribous.

En somme, ce qui est faisable en Finlande est faisable au Québec.

La panne d’idées

Pour concevoir le REM montréalais, ses concepteurs prétendent s’être inspirés de nombreux exemples à travers le monde.

Mais à part le SkyTrain de Vancouver et quelques exemples de stations ou d’abris de style extravagant, il ne semble pas qu’on ait été plus loin qu’une recherche sur Google.

Conclusion

C’est le gouvernement libéral de Philippe Couillard qui a fait de la Caisse de dépôt et placement du Québec le maitre d’œuvre du REM.

Or ses dirigeants sont des gestionnaires de capitaux qui voyagent habituellement dans des berlines de luxe ou en avion. Du coup, ces gens ne connaissent pas grand-chose du transport en commun et encore moins de l’urbanisme de Montréal.

Il a fallu attendre l’avancement des travaux pour découvrir la laideur du système d’alimentation électrique qu’ils ont choisi pour le REM.

À la suite des nombreuses critiques à ce sujet, ils ont promis d’y remédier.

Mais au lieu de nous montrer côte à côte des prototypes grandeur nature des anciens et des nouveaux caténaires et de leurs mâts, les responsables du projet n’ont dévoilé qu’une ‘représentation artistique’ du REM vu de loin dans un paysage urbain idéalisé.

Le silence dont s’entoure le REM n’inspire pas confiance.

La seule manière d’éviter les mauvaises surprises, c’est de militer pour que la partie du REM à compléter soit souterraine.

Référence : REM : pas tout à fait comme sur la photo

Compléments de lecture :
L’indice Québec 30 et la CDPQ
REM de l’Est : à moitié redondant, éphémère et laid

Postscriptum du 4 avril 2023 : Dans une réponse écrite obtenue après la publication de ce texte, L’équipe du REM nous a déclaré qu’il n’y a pas de distance fixe entre les mâts des caténaires montréalais; tout dépend de la géométrie de la voie. On peut présumer que ces mâts sont plus rapprochés dans les courbes. Toutefois, précise-t-on, l’espacement typique serait d’environ quarante mètres.

Ce dont je doute beaucoup, à l’examen des photos ci-dessus.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les Bixi du cinquantième

10 juin 2022


 
Inspirée par des systèmes de vélos en libre-service créés en Europe, Montréal fut une des premières villes nord-américaines (peut-être même la première) à proposer la même chose en 2009.

Pour célébrer les cinquante millions de déplacements effectués jusqu’ici, cinquante vélos Bixi ont été transformés en œuvres d’art grâce à une collaboration avec le Festival MURAL!.

On a confié à des muralistes — Aless MC, Chien Champion, Mono sourcil, La Charbonne et Zéphyr — la mission de créer chacun une collection de dix vélos: une épreuve d’artiste, et neuf autres exemplaires mis à la disposition du public.

C’est donc 45 vélos d’art (neuf vélos pour chacun des cinq artistes) qui sont loués depuis hier au même prix que les Bixi ordinaires.

Mais répartis dans 800 stations, alors que les Bixi sont déjà l’objet d’un engouement record cette année — pandémie oblige — cela signifie qu’il sera plus facile de les voir à leur destination dans le centre-ville qu’à leurs points de départ dans les quartiers populaires où, évidemment, ils seront les premiers à disparaitre en début de journée.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Deux chefs, deux styles

14 avril 2022
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Introduction

Voici un échange parlementaire survenu mercredi de la semaine dernière à l’Assemblée nationale du Québec entre le chef de Québec Solidaire et le premier ministre du Québec (chef de la Coalition Avenir Québec).

La question principale

Dans sa question principale, M. Gabriel Nadeau-Dubois aborde trois sujets.

Premièrement, à 0:39, il fait allusion à un projet de lien sous-fluvial entre les villes de Québec et de Lévis. Au cout estimé à plus de dix-milliards de dollars, ce projet est surnommé ‘Troisième lien’.

Deuxièmement, à 0:50, il parle de la diminution des exigences environnementales relatives à la présence de nickel dans l’air, une diminution dernièrement décidée par le gouvernement.

Et dernièrement, à 0:56, il rappelle l’opposition publique du ministre Éric Caire au projet de tramway dans la ville de Québec, accusant le maire de vouloir livrer une guerre contre les voitures.

La première réponse

Dans sa première réponse, M. François Legault se plaint (à 1:47) d’une déclaration de son adversaire.

Plus tôt cette journée-là, ce dernier a déclaré qu’il trouvait lâche que le premier ministre rejette le blâme sur une fonctionnaire pour le drame survenu à la Résidence Herron.

Le 56 milliards$

Après une question complémentaire qui, essentiellement, recentrait le débat au sujet du tramway de Québec, le premier ministre a réitéré son exigence d’acceptabilité sociale (pourtant déjà acquise au projet).

À sa deuxième question complémentaire, M. Gabriel Nadeau-Dubois est revenu à la charge pour que le premier ministre donne explicitement son accord au projet de tramway de Québec.

À 5:47, le premier ministre souligne alors que son gouvernement compte dépenser 56 milliards$ d’infrastructures de transport en commun.

Cela comprend des milliards pour finaliser le REM de l’Ouest (un projet du gouvernement libéral précédent), plus de dix-milliards$ pour cette aberration urbanistique qu’est REM de l’Est, plus de dix-milliards$ pour l’autoroute sous-fluviale de Québec, etc.

Bref, ce ‘56 milliards$’ est un mélange de tout et de n’importe quoi.

Le premier ministre termine par une longue tirade où il essaie (à 6:07) de faire peur aux contribuables en brandissant le spectre de hausses de taxes si on dépense ‘trop’ pour le transport en commun. Ce qui est révélateur de son attitude à ce sujet.

Le premier ministre termine par une de ses tactiques favorites; exiger que l’opposition lui propose une politique détaillée de transport en commun comme si son gouvernement, aidé de milliers de fonctionnaires, était à court d’idées.

Ce qui est peut-être le cas.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


TGF : une solution vieillotte à un problème qui n’existe pas

7 juillet 2021

Une lettre peut faire toute la différence; TGF veut dire train à grande fréquence et TGV veut dire train à grande vitesse.

Ce dernier peut filer à plusieurs centaines de kilomètres à l’heure alors que le TGF (le sujet d’aujourd’hui) passe approximativement à la même vitesse, mais plus souvent.

Le projet de TGF entre Toronto et la ville de Québec est né au siècle dernier. Mais comme le Phénix, il renait de ses cendres à chaque élection fédérale.

Pour ceux qui ignoraient que le Québec était une colonie canadienne, c’est le ministre des Affaires étrangères du Canada qui en a fait l’annonce hier dans la ville de Québec, son collègue ministre des Transports — lui aussi présent à cette conférence de presse — ne parlant pas suffisamment le français.

À ceux qui y verraient un simple engagement électoral, détrompez-vous; le ministre François-Philippe Champagne est un homme de promesse…

C’est grâce à ses interventions efficaces que le blogueur Raïf Badawi a été libéré promptement des geôles saoudiennes et… euh, excusez-moi; on m’apprend plutôt qu’il croupit depuis neuf ans en prison. Désolé.

Néanmoins, le ministre Champagne nous assure qu’il sera libéré bientôt puisqu’il ne lui reste plus qu’un an à purger de sa condamnation à dix ans de prison. Ce sera alors une grande victoire pour la diplomatie canadienne.

Toujours aussi pétillant, le ministre Champagne nous annonce maintenant le plus grand projet d’infrastructure au Canada. Son cout ? Entre six et douze-milliards de dollars.

Et grâce à cet investissement, les trains de passagers qui relieront Toronto à la ville de Québec passeront d’une vitesse maximale de 160 km/h à la vitesse folle de 200 km/h. Wow !

Mais comme il devra arrêter à chaque ville importante sur son trajet, l’économie de temps pour les passagers sera appréciable, mais modeste.

Que voulez-vous, pour 12 milliards, de nos jours, on n’a pas grand-chose.

On aurait pu construire un TGV (à grande vitesse). Le Canada est le seul pays du G7 à ne pas en avoir.

Mais, parait-il, cela aurait été inutile. Un TGV prendrait plus de temps à construire, couterait plus cher et surtout, ne permettrait pas une grande économie de temps en raison ‘de l’accélération et de la décélération’.

Que veut-on dire par là ? C’est que si le TGV doit arrêter à chaque ville importante entre Toronto et la ville de Québec, l’économie de temps sera minime.

Évidemment; le transport aérien entre Montréal et Paris n’existerait pas si les avions devaient atterrir et redécoller à Trois-Rivières, à Québec, à Sept-Iles, à Terre-Neuve, et dans chaque département français survolé.

Est-ce trop demander que d’exiger d’avoir à Ottawa des ministres dont le quotient intellectuel dépasse la moyenne ?

Apparemment, personne ne s’est posé la question suivante : quel est le taux d’occupation actuel des trains de passagers entre Toronto et la ville de Québec ?

Selon le plus récent rapport annuel de VIA Rail — le seul transporteur ferroviaire de passagers au Canada — le coefficient d’occupation moyen de ses wagons était de 45 % en 2020. Si on exclut cette année pandémique, ce taux fut en moyenne de 57 % entre 2016 et 2019 (en légère croissance, de 54 % en 2016 à 60 % en 2019).

Évidemment, ce taux est valable pour l’ensemble du réseau. Dans le cas particulier de la liaison entre Montréal et Toronto, les trains reliant ces deux villes sont généralement à moitié vides sauf le vendredi et le dimanche, et à proximité des jours fériés.

Si le couloir entre ces deux villes était très achalandé, VIA Rail aurait déjà augmenté la fréquence de ses trains afin de maximiser ses revenus.

Si ce transporteur ferroviaire ne l’a pas fait, c’est que cela n’en vaut pas la peine.

En promettant d’augmenter la fréquence des trains de VIA Rail, le gouvernement fédéral ne fera que diluer sa clientèle dans un plus grand nombre de trains. En somme, ils seront encore plus vides.

À moins que ce soit une manière d’augmenter la distance sanitaire entre les passagers, il est à craindre que cet investissement ne soit rien d’autre qu’un gigantesque gaspillage des fonds publics.

Références :
Jusqu’à 12 milliards pour un train « moderne » entre Québec et Toronto
Le train à grande fréquence entre Québec et Toronto deviendra réalité
Rapport annuel de VIA Rail pour 2020
Seriez-vous prêt à payer 4 milliards pour un train rapide entre Toronto, Montréal et Québec?

Compléments de lecture :
Le ministre François-Philippe Champagne, paillasson de l’Arabie saoudite
Le sabotage de la vente d’hélicoptères québécois par le ministre fédéral François-Philippe Champagne

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le ministre Bonnardel coute cher

27 juin 2021

Introduction

Au cours de la dernière campagne électorale québécoise, la Coalition avenir Québec (CAQ) a ravivé cette tradition déjà ancienne de promettre la création d’un troisième lien entre la ville de Québec et la rive sud du Saint-Laurent.

Actuellement, côte à côte, le pont Pierre-Laporte (le numéro 1 sur la carte ci-dessus) et le pont de Québec (le numéro 2) sont les deux seuls qui relient la vieille capitale à Lévis, la ville jumelle qui lui fait face, à un kilomètre de l’autre côté du fleuve.

Et puisque les deux ponts actuels sont très décentrés vers l’ouest, les citoyens qui veulent se rendre d’un centre-ville à l’autre doivent effectuer un détour d’environ dix-neuf kilomètres.

À sa face même, il est évident qu’un pont reliant directement les deux centres-ville serait très utile.

Mais…

Le problème est que cela couterait dix-milliards de dollars… et plus, évidemment, s’il a des dépassements de cout. Ce qui est probable.

Une nouvelle merveille

Le 7 novembre 2018, face aux divers tracés proposés, le ministre Bonnardel a tranché; on réalisera le projet de lien le plus long, celui qui passe à l’est par l’ile d’Orléans.

Au lieu d’un détour vers l’ouest, la grande majorité des automobilistes auraient fait un détour vers l’est. On se demande qu’est-ce que ça change…

Mais le 29 janvier 2020, le ministère des Transports se ressaisit et dévoile finalement un nouveau tracé plus direct entre les deux centres-ville. Il s’agira d’un tunnel sous-fluvial qui s’étendra sur 8,3 km.

C’est 36 fois la largeur de la pyramide de Khéops, et 69 fois la longueur des jardins suspendus de Babylone, respectivement première et deuxième merveilles du monde.

Le tunnel aura six voies sur deux étages. Son diamètre intérieur sera de 19,4 m, soit à peu près la hauteur de la statue d’Artémis à Éphèse, quatrième merveille du monde.

Sa construction nécessitera la création du plus grand tunnelier jamais construit et le recours aux plus récentes technologies. Ce qui n’était pas le cas du colosse de Rhodes, sixième merveille du monde, qui s’est effondré au premier tremblement de terre venu.

La quantité de béton nécessaire à ce projet sera supérieure à la quantité de pierres qui ont servi à l’érection du phare d’Alexandrie, septième des sept merveilles du monde.

On aura donc bien compris; n’importe quel Québécois aura toutes les raisons d’être très fier de ce tunnel. Comme le serait un assisté social qui s’est acheté un Picasso.

Un projet néfaste pour l’économie du Québec

Favoriser le déficit commercial

À part la fabrication d’autobus scolaires, le Québec ne produit pas d’automobiles. De plus, ce n’est pas un producteur de pétrole.

Chaque fois qu’on achète une voiture ou qu’on fait le plein d’essence, c’est de l’argent qui sort de nos poches pour enrichir les régions du monde qui produisent des voitures, des pièces automobiles, des pneus, ou de l’essence.

En somme, favoriser l’achat ou l’utilisation des automobiles, c’est saigner l’économie du Québec.

Favoriser l’étalement urbain et le dézonage agricole

Plus on rapproche la campagne des centres-ville, plus des familles choisiront de s’établir au loin, là où les terrains sont moins chers, où l’air est pur et où les enfants peuvent grandir dans un environnement sain.

Dans la vallée du Saint-Laurent, les agglomérations les plus rapprochées des grandes villes sont toujours en zone agricole. Plus précisément, ils sont souvent situés sur les sols les plus fertiles du Québec.

Quand ces petites villes ou des villages connaissent un boum démographique, la première idée de ses élus municipaux est de faire pression sur le gouvernement québécois pour qu’on dézone des terres agricoles afin d’augmenter les revenus fonciers de leur municipalité.

Nuire au transport en commun

Plus on favorise l’étalement urbain, moins on rend rentable le transport en commun.

Partout sur terre, on ne trouve des métros que dans les métropoles densément peuplées. C’est ce qui explique qu’au Québec, c’est seulement à Montréal qu’on trouve un métro.

Au contraire, plus la densité de la population est faible dans une ville, plus il est couteux d’y maintenir un bon réseau de transport par autobus. Les autobus passent donc peu souvent et empruntent d’innombrables détours pour ramasser le plus de gens possible.

Dans le projet de tunnel de la CAQ, deux des six voies seront empruntées par des autobus. On ne sait pas très bien si ces voies leur seront exclusives.

Il n’en faut pas plus pour qu’à l’Assemblée nationale, le ministre Bonnardel, la vice-première ministre et son chef présentent le troisième lien comme un projet destiné à favoriser le transport en commun. Vraiment ?

Tous les autobus au monde roulent sur les rues. Il faut nous prendre pour des débiles profonds pour s’imaginer qu’on va croire que construire des routes, c’est favoriser le transport en commun.

En réalité, plus on construit des routes, plus on favorise l’achat de voitures. Et plus on en achète, plus on favorise la congestion routière. Et plus on favorise cela, plus les automobilistes réclament la construction de nouvelles routes. Et ainsi de suite.

C’est ce qu’on fait depuis des décennies. Et c’est assez. Développer le réseau routier, construire des ponts et des aéroports, c’est la stratégie industrielle du gouvernement Lesage, appropriée il y a 60 ans.

De nos jours, développer l’économie du Québec, c’est favoriser la production de biens et de services québécois — dont la production de matériel de transport en commun — et leur exportation à l’Étranger. C’est comme ça qu’on développe l’économie nationale.

L’exemple de la Finlande

Avec sa population de 5,4 millions d’habitants et un rude climat hivernal, la Finlande est un ‘petit’ pays qui a de nombreux points en commun avec le Québec.

Depuis des décennies, la Finlande a investi des sommes considérables afin de se doter d’un vaste réseau de transport en commun, fiable et efficace.

Pour desservir un territoire qui représente 22 % de la taille du Québec, le réseau finlandais comprend 5 865 km de voies ferrées, soit à peine moins qu’au Québec (6 678 km).

La création du métro d’Helsinki visait à enfouir sous terre l’augmentation prévue des déplacements de la circulation en surface dans la capitale finlandaise.

De la même manière, la création de son important réseau ferroviaire (à moitié électrique) visait à prévenir une augmentation de la circulation automobile qui aurait nécessité des investissements encore plus importants dans l’expansion du réseau routier.

Cette stratégie a fonctionné. Pour chaque tranche de mille citoyens, il y a 373 véhicules de moins sur les routes et autoroutes finlandaises en comparaison avec celles du Québec.

Malgré cela, pour ceux qui ont besoin d’utiliser une voiture, cela équivaut, par exemple, à faire disparaitre 694 000 véhicules qui encombrent les voies de circulation sur l’ile de Montréal.

Pour l’ensemble du Québec, c’est comme enlever 3,1 millions de véhicules de nos routes.

C’est non seulement moins d’encombrements sur les routes; c’est aussi plus de places disponibles pour le stationnement en ville.

Bref, le transport en commun, c’est bon pour tout le monde. Même pour les automobilistes.

Conclusion

Le projet d’un troisième lien pour la ville de Québec est le deuxième dossier important confié au ministre des Transports, M. François Bonnardel.

Le premier était le dossier de l’ubérisation du taxi québécois.

Ce rachat massif des permis de taxis déjà accordés afin de permettre à Uber de brasser des affaires au Québec a couté trois quarts de milliard de dollars. Vous avez bien lu; milliard et non million.

Et qu’est-ce que cela a changé dans nos vies ? Pour 99,9 % des gens, rien. Du pur gaspillage des fonds publics pour plaire à une multinationale déjà milliardaire.

Infatigable dépensier, voilà ce bon ministre Bonnardel piloter aujourd’hui le projet pharaonique du troisième lien de Québec.

La CAQ vit dans le passé. Le temps des grands projets routiers est révolu. Peu importe les avantages indéniables de ce projet pour les automobilistes de ces deux villes, c’est trop tard.

À l’heure actuelle, le Québec possède déjà le réseau qui lui est nécessaire pour approvisionner facilement plus de 90 % de sa population par voie terrestre. On peut réparer nos routes. Pas en construire de nouvelles, sauf pour compléter le réseau vers des villes éloignées et pour favoriser ainsi l’occupation du territoire.

De nos jours, ce qu’il faut privilégier, c’est le transport en commun.

À l’heure des changements climatiques, nous avons le devoir de nous opposer à cet autre gaspillage des fonds publics du ministre, un gaspillage dont l’effet permanent sera de polluer encore un peu plus la planète.

À un an des élections, les stratèges de la CAQ scrutent les astres. Permettez-moi de terminer ce texte en leur adressant le message suivant.

Est-ce que la CAQ tient absolument à nous obliger de voter libéral pour économiser dix-milliards de dollars ? N’est-ce pas un cadeau de plus de mille dollars dans les poches de chaque femme, homme et enfant du Québec ? En d’autres mots, une économie familiale de plus de quatre-mille dollars. Je connais beaucoup de Québécois qui se boucheraient le nez et qui voteraient libéral pour moins…

À bon entendeur, salut…

Références :
Creuser le tombeau de la CAQ
Le transport en commun finlandais : le matériel roulant
L’ubérisation du taxi québécois
7 G$ pour un tunnel de 8,3 km sur deux étages entre Québec et Lévis
Troisième lien entre Québec et Lévis
Un troisième lien aérien

Paru depuis :
Labeaume déconstruit le projet de 3e lien dans une lettre à Legault (2021-11-12)

2 commentaires

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pourquoi pas un projet d’égouts aériens pour Montréal ?

24 février 2021

Le prolongement du Réseau express métropolitain (REM) dans l’est et le nord de Montréal représentera l’ajout de trente-deux kilomètres de voies, principalement en mode aérien.

À partir de la Gare Centrale, le REM s’élancerait vers l’est au milieu du boulevard René-Lévesque, supporté par une structure de béton de cinq mètres de hauteur.

Deux cabinets d’architectes qui collaboraient à ce projet ont renoncé à y participer, conscients que ce tronçon aérien en plein centre-ville entachera leur réputation et enlaidira le cœur de Montréal pendant des décennies (sinon des siècles).

Tout en regrettant le départ des architectes, les responsables du projet font valoir que le sous-sol du centre-ville est déjà encombré d’infrastructures : lignes de métro, aqueducs, réseau d’égouts, câbles électriques, etc. Les contourner entrainera des couts importants.

Dans la capitale catalane, le TGV entre Paris et Barcelone a été construit en mode souterrain. De plus, le Réseau express régional de Paris est lui aussi en mode souterrain malgré l’encombrement du sous-sol de la capitale française.

Selon le grand responsable du REM à Montréal, construire celui-ci en mode souterrain mettrait à risque d’effondrement les édifices à proximité, dont quelques-uns des gratte-ciels de Montréal.

Au lieu de prolonger le REM vers l’est, imaginons que nos dirigeants politiques aient donné priorité à la construction d’un système d’égouts de plus grande capacité afin de remplacer l’actuel qui serait devenu insuffisant en raison de l’augmentation de la population.

Les mêmes arguments pourraient être invoqués.

Quelle serait notre réaction si on tentait de nous convaincre qu’un réseau souterrain d’égouts mettrait en danger la vie de milliers d’employés dans les tours à bureau fragilisées du centre-ville…

On en rirait, sans doute.

Le centre-ville de Montréal est déjà très bien desservi par le métro. Quel est le problème qu’on pourrait y corriger en ajoutant des stations de REM ?

En d’autres mots, se peut-il que le passage du REM suspendu au centre du boulevard René-Lévesque soit une solution couteuse à un problème qui n’existe pas ?

À mon avis, il serait préférable de transformer en gare intermodale une des stations actuelles du métro vers l’est — la station Frontenac, par exemple — et d’y raccorder le REM.

On économiserait de l’argent et on éviterait d’avilir le centre-ville de Montréal pour des siècles.

Références :
Deux firmes d’architectes tournent le dos au REM
Enfouir le REM serait « une catastrophe »
Voici à quoi ressemblera le REM dans l’est et le nord de Montréal

Paru depuis :
Le REM de l’Est inquiète des ministères (2021-08-13)

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Écrit par Jean-Pierre Martel