Les armes offensives des protestataires géorgiens

Publié le 12 décembre 2024 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Hier, le président Emmanuel Macron a pris l’initiative d’appeler Bidzina Ivanishvili, l’éminence grise du parti au pouvoir en Géorgie.

À l’occasion de cet entretien qui a duré environ une heure, le président français a demandé la libération de tous les protestataires arrêtés arbitrairement et exigé le respect des libertés d’expression et de rassemblement.

Le communiqué émis par le palais de l’Élysée précise :

[Le Président de la République] a condamné les intimidations contre les représentants de la société civile et de l’opposition ainsi que les violences des forces de l’ordre contre les manifestants pacifiques et les journalistes.

Effectivement, depuis le 28 novembre dernier, des manifestations ont eu lieu quotidiennement dans la capitale géorgienne. Celles-ci sont de plus en plus violentes. Une violence qui s’est légèrement estompée depuis peu.

Mais opposent-elles des forces de l’ordre brutales à des manifestants pacifiques comme le suggère le président français, à l’instar de l’ensemble de la presse occidentale ?

Le critère qui distingue des manifestations pacifiques de celles qui ne le sont pas est simple; dès que des armes offensives contre les forces de l’ordre sont utilisées au cours d’une manifestation, celle-ci cesse d’être pacifique.

Pour cela, il n’est pas nécessaire que tous les protestataires soient violents ou que la majorité d’entre eux le soient; il suffit que dans la masse des protestataires, il y ait un nombre significatif de personnes dotées d’armes offensives.

Or c’est le cas en Géorgie.

Les projectiles pyrotechniques

Au cours des affrontements, les forces policières ont tiré des balles de caoutchouc et utilisé des matraques, des bondonnes de poivre de Cayenne, des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Rappelons que ce sont les armes répressives que les forces de l’ordre québécoises ont utilisées en 2012 pour réprimer la contestation étudiante lors du ‘Printemps érable’.

Qu’en est-il chez les manifestants géorgiens ?
 


 
En Géorgie, on a pu voir des pièces pyrotechniques exploser sur la façade du parlement alors que d’autres, pointées à l’horizontale vers les forces de l’ordre, visaient à les blesser de leurs tisons brulants.

À partir des interrogatoires réalisés auprès des protestataires arrêtés, la police a appris que ces armes étaient distribuées par certains partis d’opposition.

Les descentes policières qui ont suivi aux sièges sociaux des partis concernés ont permis la saisie de ces armes et l’arrestation des responsables.

Ce qui a aussitôt été condamné par l’Union européenne comme une tentative de museler l’opposition et d’intimider ses représentants.

Depuis ce temps, la vente des feux d’artifice est interdite.

Les pointeurs laser


 
Dans les reportages qu’on nous montre des manifestations dans la capitale géorgienne, on peut voir que de nombreux protestataires utilisent des pointeurs au laser.


 
Leur lumière est verte, leur faisceau est plus large et ils sont beaucoup plus puissants que les stylos laser utilisés par les conférenciers.

Sur le site d’une entreprise qui fabrique de tels pointeurs, on trouve la mise en garde suivante :

Ne jamais diriger un de ces pointeurs laser surpuissants vers une personne et surtout ne pas viser ses yeux ou son visage. Le rayonnement du laser peut endommager gravement les yeux.

En somme, lorsque de nombreux protestataires pointent ces rayons vers les policiers, cela vise à les aveugler (dans tous les sens du mot).

Pourtant, rares sont les reportages occidentaux qui soulignent l’utilisation de ces pointeurs laser alors qu’ils constituent une caractéristique spécifique des manifestations géorgiennes.

Personne ne trouve suspect que des dizaines de Géorgiens aient eu la même idée en même temps, soit de s’équiper de pointeurs laser dont le prix varie de cent-cinquante à plus de mille dollars chacun.

Est-il possible qu’un parti de l’opposition — voire une puissance étrangère — subventionne l’achat ou fournisse ces armes à l’opposition géorgienne ?

Jusqu’ici, les forces de l’ordre ne semblent pas avoir remonté à la source de cette fourniture aux manifestants.

Conclusion

Jusqu’ici, plus de 400 personnes ont été arrêtées (dont trois chefs de partis d’opposition), un grand nombre de personnes ont été blessées (dont 50 journalistes et plus de 42 policiers).

Toutefois, le narratif occidental — repris implicitement par Emmanuel Macron — qui oppose des policiers à la solde d’un brutal gouvernement pro-russe à de paisibles manifestants luttant pour la démocratie parlementaire est simpliste et fallacieux.

Ce qui se passe en Géorgie est la préparation d’un coup d’État semblable à celui survenu en Ukraine en 2014.

Références :
Entretien avec Bidzina Ivanichvili, Président honoraire du Rêve géorgien
Feux d’artifices et lasers, meilleurs alliés des manifestants géorgiens
Macron Scolds Ivanishvili, Calls for Inclusive Dialogue
PL-E Pro Pointeur Laser Vert 10000mW 520nm Ultra Puissant
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?
Ukraine : l’histoire secrète de la révolution de Maïdan

Paru depuis : Facing Resistance, Georgian Dream Rushes in Repressive Laws (2024-12-17)

Pour consulter en ordre chronologique tous les textes de cette série consacrée à l’histoire récente de la Géorgie, veuillez cliquer sur ceci.

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