Ukraine : des dizaines de milliers de morts de trop

26 février 2024

Le président Zelensky déclarait hier qu’en deux ans de guerre, 31 000 soldats ukrainiens étaient morts au combat. Cela ne comprend pas les pertes civiles. Ni les blessés.

Normalement, en temps de guerre, on évite de préciser le cout humain du conflit afin de ne pas nuire au moral de la population.

Le président ukrainien l’a probablement fait pour atténuer le jusqu’au-boutisme qui prévaut dans les régions les moins affectées par la guerre et pour préparer la population du pays à des choix difficiles.

De nos jours, un nombre croissant d’Occidentaux croient que les milliards de dollars donnés à l’Ukraine ne font que prolonger les souffrances de son peuple.

La réalité crue est évidente; la Russie gagnera la guerre.

En mars 2022, quelques semaines après le début du conflit, les pourparlers entrepris à l’initiative de la Turquie étaient sur le point d’aboutir; les négociateurs russes et ukrainiens en étaient venus à une entente.

Dès que la rumeur s’est répandue, Boris Johnson (alors premier ministre britannique) s’était précipité à Kyiv pour convaincre le cabinet de Zelensky de ne pas signer cet accord, que grâce à l’appui de la machine de guerre occidentale, l’Ukraine serait victorieuse et qu’auréolé de gloire, ce pays serait accueilli triomphalement dans l’Otan.

Des dizaines de milliers de morts plus tard, les États-Unis réalisent qu’ils n’ont plus besoin de l’Ukraine.

Ils ont affaibli l’armée russe en versant le sang des autres.

Ils ont eu deux ans pour faire tester leur armement dans les conditions réelles d’une guerre et découvert l’usage qu’on peut en faire des nouvelles technologiques (les drones et les données de géolocalisation).

L’Allemagne s’est sevrée des hydrocarbures russes et conséquemment, a perdu son plus important avantage concurrentiel face aux États-Unis. Elle a même consenti (stupidement) à la destruction des gazoducs Nord Stream I et II. Ce qui consomme le divorce économique russo-européen.

De plus, Washington n’a plus besoin de l’Ukraine pour y déployer au plus près ses missiles nucléaires contre la Russie puisque cela est maintenant possible à partir de la Finlande (depuis son adhésion récente à l’Otan).

À moins qu’ils soient chassés du pouvoir à l’occasion des élections prévues cette année, les gouvernements européens sont actuellement convaincus d’une nouvelle version de la théorie des dominos.

En vertu de cette théorie, si l’Ukraine tombe, la Russie victorieuse se lancera aussitôt (ou dans quelques années) à la conquête du reste de l’Europe. Et le monde libre tombera alors entre les ‘griffes du communisme’.

Après que la Russie ait péniblement gagné la guerre contre un pays d’environ 44 millions d’habitants, on veut nous faire croire qu’elle lancerait ses troupes contre l’Occident, peuplé de 880 millions d’habitants (vingt fois plus).

Du coup, on voit l’Europe se précipiter pour acheter de l’armement américain pendant que nous, en Amérique du Nord, accueillons à bras ouverts la délocalisation de son industrie lourde.

Grâce au narratif des agences de presse inféodées à Washington, les Européens ont consentis à la plus vaste opération de pillage industriel depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Pendant ce temps, l’Ukraine compte ses morts.

Bref, à l’heure où les peuples d’Europe, appauvris par la pandémie au Covid-19 et le cout des sanctions contre la Russie, prennent conscience de leur appauvrissement, on tente de leur faire croire qu’il leur faut maintenant se serrer la ceinture et consentir à des investissements colossaux en matière de défense…

En 2011, j’ai écrit que l’Humanité était entrée dans l’Âge des révoltes. Il est douteux que les années qui viennent fassent la démonstration du contraire…

Références :
Guerre en Ukraine : environ 31 000 soldats ukrainiens sont morts depuis le début de la guerre, déclare Volodymyr Zelensky
Guerre russo-ukrainienne et désindustrialisation de l’Europe
La guerre russo-ukrainienne et la vassalisation de l’Europe
Le sabotage des gazoducs Nord Stream par les États-Unis

Complément de lecture : L’engrenage ukrainien

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec

25 février 2024
Façade

C’est en 1647 que fut construite une église qui allait devenir la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec.

En 1674, son diocèse s’étendait sur toute la Nouvelle-France, soit l’Acadie, le Canada (la vallée du Saint-Laurent) et la Louisiane (le bassin versant du Mississippi).

Elle sera incendiée deux fois, en 1759 et en 1922. Comme un phénix, elle sera agrandie et embellie après chacune de ses épreuves.

À partir des plans originaux, des gravures anciennes et de vieilles photographies, l’église prendra son aspect actuel au cours de sa reconstruction et restauration finale, de 1923 à 1930.

Au moment de l’incendie de 1922, on avait sorti en catastrophe quelques œuvres d’Art et vidé des sacristies le trésor qui s’y trouvait, de même que les archives. Or parmi les documents sauvés, il y avait les plus vieux registres d’Amérique française (une mine d’or pour les historiens et les généalogistes).

De manière générale, le feu n’avait laissé que la maçonnerie, à l’exception, dans un bas-côté, de l’autel de la Sainte-Famille, épargnée du brasier.

La décoration des voutes est un embellissement créé lors de la dernière restauration puisqu’elle n’existait pas au XIXe siècle.

À l’occasion du Jour du drapeau, le 21 janvier dernier, je me suis rendu dans ce lieu chargé d’histoire et j’en ai rapporté les photos suivantes.

Boutique
Nef
Chaire
Pilier entre la nef et le bas-côté gauche
Chapelle du bas-côté gauche
Pilier entre la nef et le bas-côté droit
Chapelle du bas-côté droit

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II + objectif PanLeica 8-18mm
1re photo : 1/1000 sec. — F/3,1 — ISO 200 — 9 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/3,3 — ISO 640 — 11 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/4,0 — ISO 1000 — 8 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/3,6 — ISO 1600 — 14 mm
5e  photo : 1/80 sec. — F/3,3 — ISO 2000 — 11 mm
6e  photo : 1/60 sec. — F/3,6 — ISO 5000 — 14 mm
7e  photo : 1/80 sec. — F/3,6 — ISO 2000 — 14 mm
8e  photo : 1/80 sec. — F/3,6 — ISO 2000 — 14 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pour un durcissement du financement des études universitaires

24 février 2024

Introduction

On apprenait hier la décision des universités McGill et Concordia de poursuivre le gouvernement Legault afin de s’opposer à sa décision de hausser les frais de scolarité imposés aux étudiants étrangers qui fréquentent les universités du Québec.

Rappel de la situation

Les étudiants qui proviennent des provinces anglophones du pays bénéficient d’une subvention de Québec pour venir effectuer ici leur formation universitaire. À la fin de quoi, ils repartent chez eux avec leur diplôme en poche.

Essentiellement, ils payent la moitié du cout réel de cette formation (8 992$ sur 17 000$). L’autre moitié est assumée par les contribuables québécois.

Pendant qu’ils font leurs études, leurs dépenses courantes constituent des retombées économiques intéressantes pour la région montréalaise. C’est le bon côté.

Mais de l’autre, ils contribuent à l’anglicisation de Montréal. À la fois en tant que consommateurs unilingues anglais et en tant que travailleurs à temps partiel, incapables de nous servir en français.

De plus, ces milliers de locataires exercent une pression significative sur le marché locatif et concourent donc à la pénurie des logements, principalement dans le centre-ville de Montréal.

Les accommodements de la CAQ

Face à la levée de boucliers des universités anglophones, le gouvernement de la CAQ s’est empressé d’offrir des accommodements qui ne les ont pas satisfaites. Voilà pourquoi, celles-ci viennent de s’adresser aux tribunaux.

Il est toujours hasardeux d’essayer de prévoir comment les tribunaux d’Ottawa pourraient trancher dans un cas comme celui-ci. Mais il est clair que plus une politique possède d’exceptions, plus il est facile de démontrer qu’elle est discriminatoire.

Il serait donc préférable que la CAQ simplifie sa politique à ce sujet.

L’exemption pour Bishop

Privée de ses étudiants étrangers, l’université Bishop estime qu’elle n’est plus rentable.

Toutefois, elle semblait l’être avant que le gouvernement libéral dérèglemente le financement des études post-secondaires en 2018.

Privée de cette manne, l’université Bishop devra s’astreindre à une certaine rigueur budgétaire comme le font des centaines d’entreprises québécoises.

La ‘péréquation’ en faveur des universités francophones

Pour vendre sa réforme, la CAQ faisait miroiter la promesse de redistribuer aux universités francophones les revenus occasionnés par la hausse des frais de scolarité dans les universités anglophones.

L’idée de dépouiller Pierre pour habiller Paul n’a séduit personne. Tout simplement parce qu’une chute brutale (et probable) des inscriptions ne laisserait pas grand-chose à redistribuer.

Aussi important que soit le financement de nos institutions universitaires, il constitue une considération mineure face au caractère fondamental de l’anglicisation de Montréal et de la crise du logement.

Voilà pourquoi, j’invite la CAQ à renoncer à l’idée d’une ‘péréquation’ qui ne fera qu’alimenter l’argumentaire de McGill et de Concordia, victimes de discrimination selon leurs avocats.

Le prix plancher de 20 000$

Des frais d’inscription minimaux de 20 000$ seront imposés aux étudiants qui ne sont pas des Canadiens.

Cela ne s’applique pas aux étudiants français ou belges puisque leurs pays ont conclu des accords de réciprocité avec le Québec.

En dépit du fait que les provinces anglophones du Canada ont refusé de conclure de tels accords, on a vu plus tôt que ce prix plancher ne s’applique pas aux étudiants des autres provinces, frappés dans leur cas d’une hausse moindre.

Cette discrimination devait également être supprimée, pour les mêmes raisons. En d’autres mots, tous les étudiants étrangers (angloCanadiens ou non) devraient payer le même prix.

Toutefois, le gouvernement de la CAQ devait être prêt à revenir à une tarification moindre… si les universités anglophones abandonnent l’idée de contester les décisions de Québec devant les tribunaux.

Comme quoi une belle carotte vaut mieux qu’un petit bâton.

Les arguments de McGill et de Concordia

L’Université Concordia estime que l’augmentation les tarifs imposés aux étudiants hors Québec contrevient à la Canadian Constitution de 1982.

En premier lieu, l’obligation constitutionnelle qui garantit l’enseignement dans leur langue au peuple angloQuébécois n’est valide que pour l’enseignement au niveau des écoles primaires et secondaires.

Cela ne s’applique pas à l’enseignement post-secondaire (Cégeps et universités).

En deuxième lieu, aucun étranger n’a droit au filet de protection sociale du Québec; on ne peut pas descendre de l’avion pour se faire soigner gratuitement dans un de nos hôpitaux.

Ce n’est donc pas vrai que le contribuable de Rimouski, par exemple, est obligé de subventionner la formation universitaire en anglais des étudiants étrangers. On est cave, mais pas à ce point-là.

Toujours selon Concordia, le gouvernement du Québec n’a pas pris ses responsabilités quant au fait de protéger les établissements ‘minoritaires’.

Le peuple angloQuébécois peut être vu comme une minorité au Québec. Ou il peut être considéré comme l’annexe québécoise de la majorité anglo-canadienne.

Appelé à se prononcer à ce sujet, le Comite des droits de la Personne de l’ONU statuait en 1993 :

To summarize, the United Nations Human Rights Committee ruled […] that Quebec’s English community does not qualify for protection as a minority language group, because it forms part of the Canadian English-speaking majority.

En d’autres mots, les Canadiens anglophones ne peuvent pas être considérés comme une minorité linguistique dans le contexte canadien où ils sont majoritaires.

À mon avis, il serait temps que nos amis angloQuébécois cessent de jouer à la victime; c’est le français et non l’anglais qui est menacé au Québec.

Quant à McGill, ses avocats font valoir que les mesures annoncées par Québec sont discriminatoires et qu’elles résultent d’un exercice déraisonnable de la ministre de l’Enseignement supérieur.

Pour ce qui est de son aspect discriminatoire, il y a certainement matière à débat (comme nous l’avons vu précédemment). C’est peut-être le talon d’Achille des mesures de la CAQ.

Ce parti serait donc avisé de simplifier tout cela. Ou, à défaut, d’invoquer dès maintenant la clause dérogatoire de la Canadian Constitution de 1982 afin de rendre ses politiques conformes à celle-ci.

Ce qui éviterait des années de procédures judiciaires au cours desquelles l’anglais continuera de progresser au Québec.

Conclusion

La CAQ est au pouvoir depuis six ans.

Quand on regarde son bilan nul en matière de défense du français et les mesures timides qu’elle a prises pour lutter contre la crise du logement — deux domaines impactés par la venue de milliers d’étudiants unilingues anglais — on comprend l’inquiétude des stratèges de la CAQ devant la remontée irrésistible du Parti Québécois.

Tant que le Québec n’aura pas accédé à son indépendance, la communauté anglaise du Québec confondra toujours ses privilèges avec des droits fondamentaux. Et les partis fédéralistes ou mollement nationalistes seront toujours prêts à tergiverser au lieu d’agir.

Références :
Décision de l’Onu
Droits de scolarité des étudiants non résidents : Concordia et McGill poursuivent Québec
Financement universitaire: un déséquilibre à corriger
Francisation des étudiants de McGill : La CAQ a raison
La ministre Déry revoit son annonce sur les droits de scolarité des non-Québécois de fond en comble
L’anglicisation du Québec et la Caisse de dépôt et placement
Le Québec, Dollarama des études postsecondaires ?
Les universités anglophones du Québec proposent de franciser 40 % de leurs étudiants
Principaux pays d’où proviennent les étudiants internationaux à l’université McGill

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Écrit par Jean-Pierre Martel


États-Unis : l’importance politique des sionistes chrétiens

23 février 2024

De 1948 (l’année de la création de l’État d’Israël) à 2023, les États-Unis lui ont versé environ 260 milliards$US, majoritairement sous forme d’armement. Ce qui fait de ce pays, de loin, le principal bénéficiaire de l’aide américaine.

À l’Onu, les États-Unis ont principalement utilisé leur droit de véto au Conseil de sécurité pour protéger Israël des critiques et des sanctions internationales.

De nos jours, qu’est-ce qui explique l’appui inconditionnel des États-Unis à l’égard de ce pays ?

Au début de son témoignage de la semaine dernière devant la Commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat français, le spécialiste Jean-Pierre Filiu souligne (de 8:34 à 21:14) l’importance capitale que joue le sionisme chrétien dans la politique des États-Unis à l’égard d’Israël.

Qu’est-ce que le sionisme et en quoi le sionisme chrétien se distingue-t-il ?

Dans la Bible hébraïque, ‘fille de Sion’ est la désignation poétique de la ville de Jérusalem et de sa population. Par extension, cela désigne l’ensemble du peuple juif.

À sa naissance en Europe au XIXe siècle, le sionisme était l’aspiration du peuple juif à posséder un pays qui lui serait propre en Palestine. Cette aspiration mènera à la formation de l’État d’Israël en 1948.

Apparu des siècles plus tôt, le sionisme chrétien est un dogme religieux créé par des théologiens protestants.

De nos jours, sans nécessairement savoir que cela porte le nom de ‘sionisme chrétien’, environ le quart de la population américaine et environ la moitié de l’électorat républicain croit en ce dogme. Que dit-il ?

Ce dogme proclame que la Terre promise par Dieu à Abraham et à sa descendance est inaliénable, c’est-à-dire qu’elle ne peut être partagée avec d’autres peuples.

De plus, cette Terre sainte s’étend de la Méditerranée au Jourdain. Ce qui signifie que les Arabes doivent en être chassés.

La reconstitution de l’Israël biblique (le Grand Israël) est la première étape d’un processus apocalyptique qui mènera bientôt au retour du Christ et à l’établissement définitif du Royaume de Dieu sur Terre.

Toutefois, pour ce faire, les Israéliens devront reconnaitre Jésus de Nazareth comme étant leur Messie. En d’autres mots, ils devront se convertir au christianisme, croient les Sionistes chrétiens.

C’est pour cette raison que les Juifs américains (qui votent majoritairement pour le parti Démocrate) se méfient des Sionistes chrétiens (qui votent massivement pour le parti Républicain).

En outre, le soutien de ces derniers en faveur de la politique coloniale d’Israël en Palestine est insensible aux considérations humanitaires puisqu’il trouve sa source dans la lecture littérale de la Bible. Pour eux, même si Dieu semble parfois cruel, ils n’ont d’autre choix que de s’incliner devant Sa Volonté.

En somme, aimer et apporter son soutien inconditionnel à Israël ne relève pas d’un choix car il s’agit d’un Ordre Divin.

En raison de leur importance démographique, les Sionistes chrétiens exercent dans le Bible Belt (ci-contre, en rouge) une influence politique considérable.

Peu importe les résolutions de l’Onu et les décisions éventuelles de la Cour pénale internationale, Washington soutiendra pendant encore longtemps la colonisation israélienne dans les territoires occupés.

Tout au plus, peut-on s’attendre à ce que le gouvernement américain condamne ses excès du bout des lèvres. À défaut de quoi, il pourrait en payer un prix politique élevé…

Références :
Bible Belt
Les chrétiens sionistes aux États-Unis
Moyen-Orient : l’embrasement (vidéo)
Pourquoi les États-Unis soutiennent-ils Israël ?
Sionisme
Sionisme chrétien

Parus depuis :
Aux sources de la ferveur des chrétiens évangéliques envers Israël (2024-03-17)
L’église vidée par Trump (2024-06-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’impossibilité pour l’Ukraine de gagner la guerre

22 février 2024
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Du 16 au 18 février se tenait à Munich la Conférence internationale annuelle sur les politiques de défense et sur la sécurité mondiale.

À cette occasion, le général à la retraite Harald Kujat — ex-chef des armées de l’air allemandes et ex-président du Comité militaire de l’Otan — a prononcé une conférence intitulée : « La guerre en Ukraine: rivalité des grandes puissances et affirmation de l’Europe ».

Cette conférence, prononcée en allemand, est présentée ici dans une version accompagnée d’une traduction simultanée en français d’excellente qualité.

Elle permet de comprendre pourquoi, ces jours-ci, certains dirigeants occidentaux tiennent le langage des mauvais perdants face à Vladimir Poutine.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les accords de libre-échange avec l’Ukraine

21 février 2024

Après un premier accord de libre-échange conclu en 2016, le Canada et l’Ukraine en ont signé une deuxième version le 23 septembre dernier.

Selon Ottawa, cet accord permettra aux entreprises canadiennes de participer plus activement à la reconstruction de l’Ukraine. Ce qui n’est pas pour demain.

Pour l’instant, l’entente fait que le Canada a éliminé ses droits de douane sur 99,9 % de ses importations provenant d’Ukraine et qu’en retour, celle-ci a fait de même pour 86 % de ses importations canadiennes.

Le commerce international a subi d’importants bouleversements depuis quelques années en raison de la pandémie au Covid-19 et des sanctions occidentales contre la Russie.

On peut soupçonner que ces bouleversements ont empêché l’Ukraine de profiter pleinement de la libération de ses échanges avec le Canada et donc, que ce pays est demeuré un partenaire commercial très secondaire pour notre pays.

Il en est autrement en Europe.

Au début de la guerre russo-ukrainienne, le peuple polonais a fait preuve d’une hospitalité exemplaire à l’égard des réfugiés ukrainiens qui fuyaient le théâtre de la guerre.

Toutefois, l’opinion publique s’est retournée contre eux lorsque cette immigration massive y a provoqué une grave pénurie de logements.

Après avoir écoulé en l’Ukraine son important arsenal militaire qui datait de l’époque soviétique, le gouvernement polonais est maintenant ulcéré de voir qu’on organise dans ce pays des processions qui célèbrent annuellement la mémoire des milices pro-nazies ukrainiennes qui, sur ordre SS, ont massacré des dizaines de milliers de Polonais au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Pour aider l’économie ukrainienne en favorisant ses exportations, l’Union européenne a décidé de dispenser les camionneurs ukrainiens de l’obligation de posséder le permis couteux qui est normalement exigé pour transporter des marchandises au sein du marché commun.

En décembre dernier, les camionneurs polonais bloquaient la frontière ukrainienne afin de protester contre cette concurrence déloyale puisqu’eux sont obligés de posséder ce permis.

D’autre part, depuis deux décennies, l’Union européenne et l’Ukraine signent des ententes économiques qui visent progressivement à une intégration règlementaire et économique préparatoire à une adhésion formelle (et lointaine) de l’Ukraine au marché commun.

À terme, l’agriculture ukrainienne bannira les mêmes pesticides et les mêmes insecticides que ceux interdits dans l’Union européenne et appliquera les mêmes normes quant au bien-être animal.

D’ici là, le parlement européen adopte un certain nombre de mesures d’exception qui visent à aider dès maintenant l’économie de ce pays.

La plus récente de ces mesures est le règlement 2013/1077, en vigueur pour un an à partir du 6 juin 2023.

Il prévoit que les droits antidumpings appliqués normalement aux importations ukrainiennes ne seront pas perçus au cours de cette période et, de manière générale, toutes les mesures de défense commerciales actuelles seront suspendues.

Récemment, les agriculteurs polonais ont bloqué une centaine de routes et de voies ferrées à la frontière ukrainienne afin de protester contre les importations agroalimentaires ukrainiennes jugées incontrôlées.

Parallèlement, les agriculteurs français érigent depuis trois semaines des barricades pour protester contre les importations massives de poulet ukrainien.

Dispensée des normes de production européennes, l’industrie de la volaille est dominée en Ukraine par un oligarque dont l’entreprise est enregistrée dans un paradis fiscal et qui est dirigée à partir d’une pétromonarchie. Cette entreprise réussit à vendre du poulet à trois euros du kilo alors que le prix coutant des éleveurs français est de sept euros du kilo.

En réalité, la France importe moins de poulet frais ou congelé d’Ukraine que la plupart des autres pays européens. Mais le poulet ukrainien se retrouve dans les produits dérivés (ex.: les croquettes congelées de poulet) qui inondent l’Europe, dont le marché français.

Face à ces protestations, le gouvernement Macron s’est engagé à défendre bec et ongles les agriculteurs français. Ce qui ne fait pas oublier que les représentants de la France ont consenti aux mesures adoptées par l’Union européenne en guise de solidarité avec l’Ukraine sans en prévoir les conséquences.

Références :
Accueil des réfugiés : l’usure de la bonne volonté
Frontière polonaise bloquée : « La situation est catastrophique » pour l’Ukraine
La Chambre des communes adopte un accord de libre-échange avec l’Ukraine
La nostalgie nazie en Ukraine
La Pologne ne fournit plus d’armes à l’Ukraine pour se concentrer sur son armement
Le loup dans le poulailler de l’Europe
Les agriculteurs polonais déversent des céréales ukrainiennes, Kyiv en colère
Règlement 2023/1077 du Parlement européen
Trudeau signe l’accord de libre-échange Canada-Ukraine

Paru depuis : UK urged to protect Ukraine from legal action over private debt default (2024-07-07)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La cervelle inclusive

18 février 2024

Le site de Radio-Canada publie aujourd’hui le texte ‘L’écriture inclusive sous la loupe de la science’ dont l’ambition est de présenter de manière factuelle les effets de l’écriture inclusive sur le cerveau.

Le texte soutient vaguement qu’en français, la règle selon laquelle le genre masculin l’emporte sur le genre féminin entraine des effets ‘cognitifs’.

Il est indéniable qu’en parlant constamment des camionneurs au masculin, on contribue au préjugé selon lequel il s’agit d’un métier d’hommes.

Toutefois, pour affirmer que l’écriture inclusive pallierait ce préjugé, il faut prouver, par exemple, que dans les pays anglophones (où la suprématie grammaticale du genre masculin n’existe pas), plus de femmes y font ce choix de carrière qu’au Québec. Malheureusement, cette preuve n’existe pas.


 
La majorité des gens parcourent un texte en le faisant lire silencieusement par leur petite voix intérieure. Conséquemment, certains procédés de l’écriture inclusive — exemples : les camionneur.euse.s ou les auteur.trice.s — nuisent à la lisibilité du français.

Si tous les manuels scolaires utilisaient ce procédé d’écriture, la réussite scolaire chuterait.

Il ne faut pas exagérer le pouvoir de la grammaire. Entre la représentation physique de la personne type qui exerce un métier et la manière d’écrire collectivement ses praticiens, il est probable que l’influence du cliché visuel l’emporte largement sur l’influence de l’écrit.

En conclusion, si on l’avait appelé autrement, l’écriture inclusive aurait rencontré beaucoup moins de succès. Mais à une époque où il est bon de paraitre bienveillant, l’écriture inclusive permet au loup de se présenter sous la toison de la brebis.

Complément de lecture : L’écriture inclusive

Postscriptum du 20 février 2024 : À la suite des commentaires très pertinents de madame Marsolais, je me rends compte que j’ai manqué de clarté au sujet de ma position au sujet de l’écriture inclusive.

Celle-ci est composée de différents procédés d’écriture auxquels j’adhère sauf quant au plus ostentatoire d’entre eux, soit l’écriture woke (ex.: ‘Les bâtisseur·euse·s culturel·le·s montréalais·e·s’).

Or c’est précisément sur ce procédé (le plus controversé) que l’article paru sur le site de Radio-Canada a le plus insisté comme exemple modèle d’écriture inclusive.

Dans une émission qui se voulait la synthèse scientifique des études à ce sujet, comment a-t-on pu passer sous silence l’effet de l’écriture woke sur la lisibilité du français.

Prenant fait et cause pour les travaux du professeur Gygax, l’émission prétend que l’emploi de l’écriture inclusive est nécessaire afin d’éviter des biais cognitifs, notamment « l’activation de la représentation androcentrique du monde par le cerveau.»

Au cours de mes études universitaires, je ne me rappelle pas qu’on m’ait parlé de la présence, au niveau du cerveau, d’un centre de la représentation androcentrique du monde dont l’activation (sic) conduirait à des problèmes cognitifs.

Bref, cette émission est un plaidoyer idéologique indigne de la rigueur scientifique habituelle de cette émission.

Peut-on comprendre le découragement du néoQuébécois confronté aux textes écrits de la sorte, lui qui aimerait apprendre le français, mais dont tout l’entourage répète que l’anglais est tellement plus facile à apprendre ?

Si on craint pour la pérennité du français au Québec, il faudrait cesser de creuser notre propre tombe. Ce n’est pas l’écriture woke seule qui y parviendra, mais c’est une pelleté de terre de trop.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Rapport d’étape sur la mise au point de l’Infrarouge Fuchsia pour Foveon

17 février 2024
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Après avoir fait l’acquisition d’un appareil photographique doté d’un capteur Foveon, mon intention de départ était simplement de transposer sur cet appareil l’Infrarouge Rose bonbon découvert il y a trois ans sur un Panasonic GX1.

Mais après avoir testé plus de 70 filtres ou combinaisons de filtres, il était évident que les choses ne se passeraient pas comme prévu et que je devais chercher à atteindre un autre but.

Comme l’écrivain dont les personnages imposent à l’auteur une histoire non prévue au départ, l’appareil exigeait un cheminement vers un style photographique où la végétation adopterait une couleur beaucoup plus riche et intense.

Et ce nouveau style, c’est l’Infrarouge Fuchsia pour Foveon.

Il y a quelques jours, dans une version intermédiaire, les ciels étaient encore légèrement trop verts et les ombres, trop cyan.

Après deux ajustements, je vous présente ce qui pourrait être la version définitive de ce nouveau style.

Détails techniques : Sigma DP1 infrarouge à spectre complet — 1/30 sec. — F/4,5 — ISO 100 — 16,6 mm
Pré-traitement : filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu LBC8 de Kenko + filtre anti-infrarouge partiel GRB3/KG3 [1mm d’épaisseur].
Aucun post-traitement.

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’infrarouge couleur, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La théorie du genre et ses excès

16 février 2024

Le sexe biologique

Contrairement à ce qu’on lit presque partout sur l’internet, le sexe biologique n’est pas ‘attribué’ à la naissance.

Il est constaté à la naissance (si la mère n’a pas subi d’échographie au cours de sa grossesse) et déterminé neuf mois plus tôt.

La détermination du sexe se fait au moment où le spermatozoïde et l’ovule fusionnent leurs bagages génétiques respectifs pour donner naissance à la toute première cellule d’un être humain.

Si le chromosome sexuel de cette nouvelle cellule est XX, cette cellule, multipliée des milliards de fois, formera le corps d’une fillette. Si c’est XY, ce sera un garçon.

Très, très rarement, des personnes seront porteuses d’un chromosome sexuel XXX, XXY ou autre. Mais leur cas dépasse le cadre de cet article.

Le sexe biologique est un fait objectif, mesurable et constant de la naissance à la mort. On ne peut en dire autant du genre.

Le genre, du Cutex™ à la montre-bracelet

Il arrive que des gens soient convaincus d’habiter le mauvais corps. Ou plus exactement, d’habiter un corps qui ne correspond pas à leur personnalité (ou à leur identité) sexuelle.

Voilà pourquoi on a créé la notion de genre.

En réalité, cette notion est aussi arbitraire que l’attribution du genre féminin à ‘chaise’ et du genre masculin à ‘sofa’.

Selon la théorie du genre, un chef d’orchestre qui porte du Cutex™ est une personne de sexe masculin dont le genre est féminin. Mais qui a décidé que le Cutex™ est une ‘affaire de femme’?

Pourquoi ce chef n’est-il pas simplement un homme qui porte du Cutex™ et qui sera tout aussi homme le jour où il l’enlèvera ?

De manière plus générale, n’est-il pas misogyne de croire, peut-être inconsciemment, que la féminité repose sur des artifices et sur les apparences ? En somme, peut-on croire que la féminité est plus profonde que cela ?

À mon avis, sur les milliards d’hommes et de femmes à travers le monde, il y a des milliards de manières différentes (et toutes aussi valables les unes que les autres) d’être un homme ou d’être une femme.

Les montres-bracelets pour femmes existent depuis des siècles. À la fin du XIXe, lorsqu’on a voulu en faire pour hommes, ce fut un échec commercial, les hommes refusant d’en porter puisque cela faisait trop efféminé selon eux.

C’est seulement lors de la Première Guerre mondiale qu’on s’est rendu compte des inconvénients de la montre de poche.

En effet, lorsqu’on devait coordonner l’attaque simultanée de soldats de plusieurs tranchées contre des positions ennemies, chaque soldat, chargé comme un mulet, devait déboutonner son long manteau imperméable — appelé ‘Trench-coat’, issu du mot tranchée — afin de consulter sa montre de gousset, puis reboutonner son manteau d’une main, tenant peut-être son fusil de l’autre, etc.

D’où l’habitude qu’on a prise alors d’attacher, à l’aide de lanières de cuir, sa montre à son poignet. On trouve encore aujourd’hui sur eBay de ces vieilles montres, énormes, datant de cette époque. Évidemment, après la guerre, la mode de la montre-bracelet s’est imposée d’elle-même.

Bref, la théorie du genre ne sert qu’à perpétuer des clichés sexuels relatifs à ce qu’on estime être les caractéristiques d’un ‘vrai’ homme et d’une ‘vraie’ femme. Comme s’il en existait des faux.

Le retour du balancier

Il y a quinze ans, Les Trois accords composaient la chanson Elle s’appelait Serge. Celle-ci raconte l’histoire de Serge qui s’appelait ainsi avant de s’appeler Bianca…

Attiré par l’appât du gain, si ce quatuor avait fait carrière en anglais, leur album In my body serait de nos jours brulé en Floride à l’occasion d’autodafés contre les œuvres woke.

Pourquoi ce mouvement, né du désir de lutter contre les discriminations raciales et ethniques, est-il aujourd’hui la cible d’une guerre culturelle et haineuse livrée par les milieux conservateurs ? Parce qu’il est allé trop loin.

De Serge à Bianca

Il est courant que des enfants s’attribuent mutuellement des surnoms, souvent basés sur leurs défauts physiques. Mais l’école et ses représentants (dont les professeurs) continuent d’appeler ce jeune par son nom véritable.

Toutefois, si un enfant veut qu’on l’appelle par un prénom du ‘sexe opposé’, les écoles québécoises sont obligées de respecter sa volonté et d’inscrire à son dossier qu’il est très important que les parents n’en soient pas informés à moins que l’enfant y consente.

Car au Québec, dès l’âge de 14 ans, l’élève peut s’opposer à ce que ses parents le sachent.

Ceci est contre-productif.

Tout finit par se savoir. Le lien de confiance nécessaire entre les parents et l’école est irrémédiablement brisé lorsque les parents découvrent que l’école complote dans leur dos.

Au contraire, les élèves transgenres et non binaires du Nouveau-Brunswick de moins de 16 ans ont besoin du consentement parental pour qu’un autre prénom soit officiellement utilisé dans la tenue de dossiers et la gestion quotidienne à l’école.

Les toilettes mixtes

Au Québec, toutes les maisons familiales sont équipées de toilettes auxquelles accèdent, sans distinction et tour à tour, les parents et les autres membres de la famille. Peu importe leur sexe.

Arrivés à l’école, par pudeur, tous les petits garçons sont d’abord intimidés à l’idée d’utiliser des urinoirs. Puis finissent par s’y habituer.

Depuis quelque temps, certains réclament l’aménagement de toilettes mixtes à l’école. Ces lieux d’aisance sont constitués de cabines fermées du sol au plafond et de lavabos accessibles à tous.

Sur le site Je suis féministe, on y écrit les graves préjudices causés par les toilettes genrées :

Pisser debout dans un urinoir est la manifestation d’un privilège masculin cis. […] Les personnes trans et/ou non binaires ne sont pas en sécurité dans les toilettes publiques pour hommes. Ce sont des lieux qui portent une lourde charge symbolique patriarcale, hétéronormative et cisnormative et qui ne sont pas ouverts à la diversité sexuelle et de genre.

Préoccupé par des priorités plus importantes, le gouvernement de la CAQ refuse d’autoriser les écoles du Québec à dépenser des millions de dollars afin d’aménager partout des lieux d’aisance mixtes.

Mais supposons que Québec Solidaire prenne le pouvoir et abolisse l’apartheid sexuel des toilettes scolaires.

Que feront les écoliers lorsqu’ils entreront sur le marché du travail ?

Le but de l’école est de transmettre des compétences et de développer des aptitudes tout en préparant l’écolier à sa vie adulte. Or dans la vraie vie, les lieux publics sont généralement équipés de toilettes pour hommes ou pour femmes.

Dépenser des millions de dollars pour retarder une adaptation qui, ultérieurement, sera inévitable est difficilement justifiable.

Un cas fictif, mais plausible

Imaginez le cas d’un élève de 15 ans trop petit pour son âge. Inquiets de sa taille anormale, ses parents veulent consulter leur médecin de famille. Au début, l’enfant — qui en sait la cause — refuse d’y aller, mais cède aux menaces d’être privé de loisirs.

Le médecin ausculte l’enfant. Mais en consultant son dossier médical électronique, il découvre que l’école a référé secrètement l’enfant à un collègue qui lui prescrit des inhibiteurs de puberté. Selon la loi québécoise, le médecin est tenu au secret professionnel.

Afin de respecter la loi, le médecin de famille feint de ne pas savoir quelle est la cause du problème. Les parents insistent. Alors il les réfère à un spécialiste. Ce dernier fait pareil.

Les parents décident d’aller au privé. C’est alors que ce troisième médecin apprend la vérité aux parents (seul à seul puisqu’il viole ainsi la loi).

Furieux, les parents protestent auprès de la direction de l’école. Celle-ci leur répond que c’est la procédure.

Les parents en appellent au ministre de l’Éducation. Celui-ci leur répond que cette procédure est conforme aux politiques d’inclusion et de diversité du gouvernement fédéral auxquelles il ne peut déroger sans risquer des compressions dans les transferts en Santé d’Ottawa.

La clause dérogatoire devenue nécessaire

En juin 2013, le premier ministre canadien a condamné la décision de la province du Nouveau-Brunswick d’obliger l’école à obtenir le consentement des parents avant d’appeler leur enfant mineur(e) par un prénom différent de celui qu’ils ont choisi pour cet enfant à la naissance.

Quelques mois plus tard, le congrès du Parti conservateur adoptait deux résolutions dont la première s’opposait aux transitions de genre sur des mineurs et l’autre opposée aux toilettes non genrées dans les écoles.

Aussitôt, le chef du gouvernement libéral a associé cette résolution à de la haine (sic) contre les personnes trans et/ou non binaires.

Au début de cette année, l’Alberta a dévoilé sa politique sur l’identité de genre. Celle-ci prévoit que le changement de nom à l’école devra se faire avec le consentement des parents dans le cas des enfants de 15 ans ou moins.

Les Albertains de moins de 18 ans ne pourront pas avoir accès à des opérations chirurgicales de transition. Ce qui, de toute manière, ne se fait sur des mineurs dans aucune province, à l’heure actuelle.

De plus, il leur sera interdit de se faire prescrire des bloqueurs de puberté et des thérapies hormonales. Toutefois, peu avant l’accès à leur majorité, à 16 et 17 ans, les adolescents pourront accéder à ces traitements si leurs parents y consentent. Ce qui est trop tard dans le cas des blogueurs de puberté.

Plus controversée est l’obligation du professeur d’obtenir le consentement parental avant de traiter de sujets ‘sensibles’ comme l’identité de genre, l’orientation sexuelle et les relations sexuelles. Ce qui compliquera la tâche de l’enseignant et, dans les faits, poussera les écoliers désireux de parfaire leur éducation sexuelle à consulter des sites pornos.

Le sommet de la rhétorique apocalyptique du fédéral a été atteint par la ministre des Femmes et de l’Égalité des genres et de la Jeunesse. Celle-ci a déclaré qu’il fallait absolument permettre le changement de prénom d’un enfant à l’école à l’insu de ses parents puisque cela pouvait être, pour l’enfant concerné, une question de vie ou de mort (sic).

Auprès avoir appris sur les médias sociaux que menacer de se suicider est le meilleur moyen d’obtenir ce qu’on veut, si un enfant utilise une telle menace, ce qu’il faut faire, c’est de lui apporter un soutien psychologique d’urgence et non de céder immédiatement à son ultimatum.

Il est à noter que les organismes désireux de contester la constitutionnalité de lois provinciales peuvent se prévaloir des millions de dollars qu’Ottawa met à leur disposition par le biais du Programme de contestation judiciaire. Les sommes sont gérées par l’université d’Ottawa (qui sert de façade au fédéral), mais attribuées par un conseil d’administration nommé par le ministère fédéral du Patrimoine.

De fait, il est probable que toutes les lois provinciales qui pallient les excès de la théorie du genre soient contraires à la Canadian Constitution de 1982.

Dans leur empressement à s’opposer à la Loi 101, adoptée cinq ans plus tôt, les concepteurs de la nouvelle constitution ont voulu assurer la suprématie absolue des droits individuels sur les droits collectifs (notamment le droit de la nation québécoise d’assurer sa survie linguistique).

Malheureusement, cette camisole de force constitutionnelle — adoptée sans le Québec par l’ethnie dominante du pays — a érigé des caprices constitutionnels au rang de droits fondamentaux. Ces caprices vont du droit de porter des bijoux en forme de signes religieux au droit de l’enfant de s’appeler comme il veut.

Car les enfants ne sont pas des objets dont les parents sont propriétaires, mais des citoyens qui ont des droits constitutionnels dès la naissance.

Pour remettre un peu de bon sens dans cette affaire, les provinces anglophones sont obligées d’invoquer la clause dérogatoire. Celle-ci leur permet de soustraire aux exigences farfelues d’une constitution qui a très mal vieilli.

Le Québec, lui, a l’avantage d’avoir le choix de se constituer en pays souverain et d’ériger ce nouveau pays sur des bases nouvelles et modernes.

Finalement, les lecteurs intéressés à en savoir davantage au sujet des bloqueurs de puberté et des chirurgies de changement de sexe sont invités à cliquer sur ceci.

Références :
Comment nos écoles abordent-elles l’identité de genre avec les enfants?
Élèves transgenres : Ottawa surveille la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick
La dysphorie de genre chez l’enfant
Le PCJ, annexe de la machine coloniale canadienne
Les chirurgies de transition seront interdites pour les mineurs albertains
Les discussions sur les transgenres n’ont pas leur place au Canada, dit Trudeau
L’expérience tragique du gourou de “la théorie du genre” (1re partie)
L’expérience tragique du gourou de “la théorie du genre” (2e partie)
LGBTQ : Justin Trudeau critique les changements apportés par le N.-B. à la politique 713
Mon expérience non binaire des toilettes pour hommes
Sexe et genre: colère des libéraux et des néodémocrates contre la PM de l’Alberta
Toilettes mixtes : « L’école doit rectifier le tir », estime Bernard Drainville

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La déclaration d’amour

14 février 2024


 
À l’occasion d’un concours télévisé, lorsqu’un candidat souriant joint les mains en forme de cœur devant sa poitrine pour dire aux téléspectateurs ‘Je vous aime’, je trouve cela tellement cucu.

Pourtant…

Le 8 février dernier, je me suis rendu au Jardin botanique pour tester une association de filtres qui s’est avérée insatisfaisante.

Toutefois, après avoir donné à des écureuils rencontrés sur mon chemin des morceaux de noix de Grenoble que j’avais apportés à tout hasard, quelle ne fut pas ma surprise, en passant en revue les photos prises à cette occasion, de voir un des écureuils sembler faire le même geste. Comme pour me remercier de l’avoir nourri.

En réalité, cet écureuil tenait simplement le morceau de noix qu’il était en train de manger.

Pourquoi ma première réaction fut de trouver mignon un geste qui, posé par un Humain, me semble si niais ?

Sommes-nous trop sévères envers nos semblables ?

Détails techniques : Sigma DP1 infrarouge à spectre complet + filtre bleu 80a d’Hoya + filtre jaune verdâtre VertX0 d’Hoya — 1/50 sec. — F/4,0 — ISO 100 — 16,6 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel