Dans les jours qui viennent, les personnes qui ont déjà reçu une première dose d’un vaccin contre le Covid-19 pourront faire devancer la date prévue pour leur deuxième dose.
Dans le cas de ceux qui ont reçu une première dose du vaccin de Pfizer/BioNTech ou de Moderna, il s’agit d’une excellente nouvelle.
L’homologation de ces deux vaccins est basée sur des études au cours desquelles les doses de ces deux vaccins étaient espacées de trois ou de quatre semaines.
Les espacer bien au-delà était un risque que prenait la Santé publique du Québec lié à des problèmes d’approvisionnement. Par contre, rapprocher cet écart vers ce qui est prouvé scientifiquement est évidemment souhaitable.
Dans le cas du vaccin d’AstraZeneca, c’est différent.
Celui-ci a été homologué à partir d’études au cours desquelles les deux doses étaient espacées de douze semaines.
Une étude britannique publiée le 4 mars dernier a prouvé qu’on obtient une protection vaccinale utile (mais très variable) même quand les doses sont plus rapprochées.
Désireuse de profiter d’un approvisionnement bien meilleur en vaccins, la Santé publique a décidé d’accélérer sa campagne de vaccination.
Ignorant un fois de plus le principe de précaution, les autorités sanitaires voulaient qu’on administre la deuxième dose du vaccin d’AstraZeneca aussi précocement que quatre semaines après la première.
Cette recommandation n’était pas basée sur la science, mais seulement sur l’avis d’experts (sic), plus précisément sur les membres du comité d’immunisation du Québec.
Soyons francs : des experts en Covid-19, cela n’existe pas. Personne n’est détenteur d’un baccalauréat en Covid décerné par une université québécoise. Tout ce qu’on a, ce sont des épidémiologistes ou de simples médecins qui font de leur mieux pour comprendre un phénomène nouveau pour nous tous.
“Valider” une recommandation sanitaire en recueillant les préjugés de personnes réunies autour d’une table n’est pas un substitut à la science.
Très sagement, le ministre Christian Dubé, a estimé qu’en l’absence de base scientifique, il valait mieux être plus prudent et de laisser un écart minimal de huit semaines entre les doses du vaccin d’AstraZeneca.
Cet écart offre une protection vaccinale plus évidente.
Néanmoins, on ignore les risques d’effets secondaires graves de doses plus rapprochées que ce qui est recommandé.
Les études cliniques qui ont prouvé l’efficacité des vaccins ont porté sur des dizaines de milliers de personnes. Toutefois, ces études n’ont pas la taille suffisante pour déceler des effets secondaires qui surviennent à une fréquence très rare (de l’ordre d’une personne sur cent-mille).
Voilà pourquoi, tout ce qui peut nous guider, c’est l’expérience de pays qui ont vacciné des millions de personnes avant nous, plus précisément Israël, la Grande-Bretagne et les États-Unis.
Malheureusement, on ne peut pas tenir compte de leur expérience.
Premièrement, parce qu’en Israël, on a administré du Pfizer/BioNTech. Deuxièmement parce qu’en Grande-Bretagne — où on a administré de l’AstraZeneca — on a respecté sa posologie. Et dernièrement, parce que les États-Unis n’ont pas encore homologué ce vaccin et donc, n’ont aucune expérience à son sujet.
Retarder l’administration de la deuxième dose des vaccins à ARN messager afin de vacciner le plus de gens possible a été une imprudence qui s’est avérée positive; les nouveaux cas, les hospitalisations et les décès ont chuté de manière importante au Québec.
Mais jouer à la roulette russe finit toujours par avoir des conséquences graves.
L’atténuation des mesures sanitaires lors de la rentrée scolaire en septembre dernier était une autre imprudence qui elle, s’est avérée malheureuse, comme prévu.
Dans ce cas-ci, rapprocher les doses du vaccin d’AstraZeneca ne tient pas compte de l’augmentation possible de ses effets secondaires graves.
En conséquence, ma recommandation est simple.
Pour toutes les personnes qui ont reçu une première dose du vaccin de Pfizer ou de Moderna, n’hésitez pas à faire devancer le rendez-vous pour recevoir votre deuxième dose.
Mais ceux qui ont reçu celui d’AstraZeneca, attendez de voir ce que donne le rapprochement des doses chez les autres.
Jusqu’ici, les sites web de Radio-Canada et de La Presse ont été d’excellentes sources d’information sur les ratés de la lutte sanitaire du Québec.
Si le rapprochement excessif des doses du vaccin d’AstraZeneca provoque une hausse importante des accidents secondaires graves, on le verra dans les trois semaines qui suivront le nouveau protocole de vaccination.
D’ici là, laissez votre rendez-vous tel quel que prévu.
Références :
Covid-19 : une rentrée scolaire idéale
Mourir en attendant sa deuxième dose
Québec clarifie sa position quant à la 2e dose du vaccin d’AstraZeneca
Single-dose administration and the influence of the timing of the booster dose on immunogenicity and efficacy of ChAdOx1 nCoV-19 (AZD1222) vaccine: a pooled analysis of four randomised trials
Paru depuis :
Devancement de la dose que pour les vaccinés Pfizer pour le moment (2021-06-07)
Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci
Quelques recommandations sur une absence de preuves scientifiques sont toujours les bienvenues.
Il faut reconnaître qu’il n’est pas facile, non plus, de faire son choix entre les vaccins et, si en plus, il faut faire attention pour le rendez-vous pour la deuxième dose…
Alors, pour le rapprochement des 2 doses pour le Pfizer et le Moderna, vous nous conseillez d’attendre combien de temps, 3 ou 4 semaines ?
Et, Vous, J.Pierre, avez-vous reçu, conformément à vos attentes, vos 2 doses ?
Je ne suis, toujours, pas allée, personne, à la maison, n’est allé, même pas ma Maman qui a plus de 85 ans…
Si je comprends bien : suivant le vaccin, la durée varie entre les 2 doses. Et, pourquoi ?
J.Pierre : pourrait-on savoir si, en Israël -puisqu’ils vaccinaient même les enfants- il y a eu des effets indésirables ? Et, quels vaccins, ont-ils utilisés vu qu’aux Etats-Unis, ils n’ont pas homologué l’Astra-Zeneca ?
Quand vous dîtes : ” Tout ce qu’on a, ce sont des épidémiologistes ou de simples médecins qui font de leur mieux pour comprendre un phénomène nouveau pour nous tous.”, il demeure pas facile de se guider entre les pays.
À ce jour, tous les vaccins homologués au Canada sont des vaccins à deux doses. Selon les études scientifiques qui ont justifié leur homologation, l’intervalle entre les doses varie selon le vaccin :
• Pfizer/BioNTech : trois semaines
• Moderna : quatre semaines
• AstraZeneca : trois mois.
Jusqu’à maintenant, les compagnies ont jugé plus urgent d’effectuer des études qui visent à déterminer l’efficacité et l’innocuité de leur vaccin chez les jeunes — sans lesquels l’atteinte de l’immunité grégaire est impossible — plutôt que de savoir si d’autres schémas posologiques sont tout aussi efficaces chez les adultes.
Mais on finira bien par le savoir.
Pourquoi les fabricants ont-ils effectué des études au cours desquelles l’écart entre les vaccins n’était pas le même ? Parce que la course au vaccin a été une lutte contre la montre au cours de laquelle le souci de faire comme un rival n’avait pas d’importance.
Pour l’instant, peu importe comment leurs deux doses sont données, tous ces vaccins sont remarquablement efficaces. Ce qu’on ignore, c’est le taux d’échec vaccinal et les effets secondaires chez ceux qui sont vaccinés selon des protocoles de vaccination très déviants comme au Québec.
En Israël, le seul vaccin utilisé fut celui de Pfizer. À ma connaissance, il n’y a pas eu d’effets secondaires graves.
Même chose aux États-Unis, où trois vaccins été utilisés : Moderna et Pfizer puis, plus récemment, Johnson & Johnson.
La Grande-Bretagne est le seul pays au monde où on a administré essentiellement de l’AstraZeneca. De très rares accidents cérébraux vasculaires y sont survenus.
J’ai reçu ma première de vaccin Moderna le 10 avril. Donc, j’aurais dû recevoir la deuxième vers le 8 mai.
Dans tous les cas, le rapprochement des doses déjà dues est souhaitable.
Référence :
FDA Statement on Following the Authorized Dosing Schedules for COVID-19 Vaccines
J.Pierre : vous aviez employé le conditionnel. Vous n’avez toujours pas reçu votre deuxième dose ?
J’ai reçu ma deuxième dose le 16 juin, soit huit jours après avoir écrit le commentaire auquel vous faites référence.
En plus d’un peu de douleur musculaire à l’épaule qui a reçu l’injection, le seul effet secondaire (cette fois-ci) a été un très léger mal de tête. Cela me rassure; c’est signe que le système immunitaire a été activé.
Je suis donc complètement vacciné. Mais je ne suis pas encore complètement immunisé; je le serai à la fin juillet.
D’ici là, je ne porte plus de masque à vélo ni sur la rue lorsque je ne m’adresse à personne. J’ai recommencé à prendre le métro hors des heures de pointe, loin des passagers qui discutent entre eux. J’évite encore l’autobus. Je me fais encore livrer l’épicerie.
Dans les endroits clos, je porte encore un masque N95 et je respecte la distance sanitaire. En y entrant, je me badigeonne les mains de gel alcoolisé uniquement parce qu’on l’exige.