La CAQ promet d’épargner 500 millions$ en combattant le gaspillage

24 septembre 2018

Depuis au moins vingt ans, j’entends régulièrement des partis politiques justifier leurs promesses de baisses d’impôts en s’engageant à ‘couper dans le gras’.

En réalité, cela fait longtemps qu’on est rendu à gratter l’os.

Où en sommes-nous au juste ?

Le quotidien La Presse nous apprenait ce matin qu’on manque de savon à la Commission scolaire de Montréal (CSDM).

Depuis des quelques mois, les concierges doivent faire face à des pénuries intermittentes de papier hygiénique, de savon à mains, de papier à mains et de nettoyant à plancher. Cela dure depuis quelques mois.

Cette situation, digne du Tiers-Monde, s’explique par les mesures mises en place pour éviter le gaspillage.

Autrefois, les concierges avaient toute la liberté de passer des commandes de produits d’entretien auprès des fournisseurs. Ces derniers expédiaient les produits en moins de 48 heures et l’école payait la note dans des délais raisonnables.

Plus maintenant.

Afin de mieux contrôler les dépenses et s’assurer d’une meilleure gestion des budgets, les concierges rédigent d’abord une requête électronique qu’ils adressent à la direction de leur école.

Cette dernière transmet ensuite la requête au Centre administratif de la CSDM qui en juge l’à-propos compte tenu des priorités budgétaires de l’organisme.

Si la requête est jugée pertinente, le Centre administratif approuve la requête et passe la commande auprès du fournisseur.

Afin que les politiques d’austérité du gouvernement québécois affectent le moins possible la qualité de l’enseignement, on a ‘couper dans le gras’, notamment dans l’administration.

Mais comme il y a moins d’employés dans l’administration et qu’on a accru leurs responsabilités en centralisant les décisions entre leurs mains dans le but de combattre le gaspillage, tout le monde est débordé et les autorisations prennent des semaines, voire des mois.

En bon gestionnaire de l’argent des contribuables, le Centre administratif procède à des appels d’offres afin de s’assurer d’obtenir le meilleur prix possible.

Lorsqu’un nouveau fournisseur est choisi, son chiffre d’affaires bondit de six-millions$ par année. Cela l’oblige à embaucher en catastrophe de nouveaux employés et à agrandir ses entrepôts. De plus, cela perturbe sa chaine d’approvisionnement et occasionne des délais supplémentaires.

Dans l’attente, une école du Plateau Mont-Royal fabrique du savon à mains en diluant du savon à plancher. Un directeur d’école va lui-même chercher du savon à l’épicerie. Ailleurs, ce sont des professeurs qui paient de leur poche pour acheter des produits de première nécessité.

Dans son grand projet de faire économiser 500 millions$ aux contribuables, trente-millions$ d’économies seront réalisés par l’abolition des commissions scolaires, remplacées par des ‘centres de services’ sous l’autorité du ministère de l’Éducation.

Sur un budget de dix-milliards$ consacrés à l’éducation primaire et secondaire, cela représente une économie de 0,3%.

Au-delà des avantages que fait miroiter la CAQ pour justifier ce bouleversement structurel, le but fondamental de l’exercice est de faire en sorte que les centres de service coutent moins cher que les commissions scolaires existantes. Sinon, à quoi ça sert ?

Lorsqu’on en est rendu à manquer de savon dans les écoles, est-on bien certain que l’obsession de la lutte au gaspillage se justifie après des années d’austérité libérale ?

L’état déplorable de nos écoles, de nos hôpitaux, du transport collectif (et j’en passe), c’est le prix que nous payons pour avoir été séduits collectivement par les chantres du néolibéralisme.

Apparemment, nous n’avons pas encore compris la leçon.

Références :
Abolir ou ne pas abolir les commissions scolaires? Telle est la question
Abolition des commissions scolaires: levée de boucliers contre le projet de la CAQ
Pénurie de savon dans des écoles de Montréal

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Écrit par Jean-Pierre Martel