C’est quoi un parti de droite ou un parti de gauche ?

Publié le 1 septembre 2018 | Temps de lecture : 7 minutes

Historique

La division droite et gauche est née pendant la Révolution française.

Appelés à décider du sort de Louis XVI, les députés de l’Assemblée de 1791 qui soutenaient la préservation des droits de la monarchie et le respect de l’ordre établi se sont assis symboliquement à la droite du président de l’Assemblée. Leurs opposants — qui voulaient dépouiller la noblesse et le clergé de leurs privilèges — se sont assis à gauche.

Ainsi sont nées la droite et la gauche.

De nos jours, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale française, les députés des partis de droite ont l’habitude de se placer à la droite du président de l’Assemblée, les députés de gauche à sa gauche, et ceux du centre au centre.

Voilà pourquoi on trouve, de gauche à droite, les 16 députés communistes (ou Gauche démocratique et républicaine), les 17 de La France insoumise, les 29 Socialistes, les 16 députés autonomistes de Libertés et territoires, les 308 de La République en marche, les 47 du Mouvement démocrate, les 28 du groupe UDI Agir et indépendants, les 104 du groupe Les Républicains, et 12 députés inscrits à aucun parti.

Au niveau des pays

À l’époque de la Guerre froide, deux groupes de pays se menaçaient d’anéantissement nucléaire; les États-Unis et leurs alliés d’une part, et d’autre part l’URSS et les siens.

Les gouvernements alliés de Washington étaient dits de droite. Tandis que les alliés de Moscou étaient qualifiés de gauche.

L’appartenance à l’un ou l’autre des deux clans rivaux avait un prix. Et ce prix était l’adoption obligatoire du modèle économique promu par Washington ou celui promu par Moscou.

Être l’alliée de Washington, cela voulait dire diriger un État qui favorisait l’entrepreneuriat privé et imposait le moins possible de contraintes à l’enrichissement individuel.

L’allié de Moscou était soit communiste ou socialiste.

S’il était communiste, cela voulait dire que ce gouvernement interdisait la propriété privée et dirigeait un pays où tous les moyens de production et d’échange étaient la propriété exclusive de l’État.

S’il était socialiste, cela voulait dire qu’il attachait une grande importance à limiter l’enrichissement privé afin de redistribuer la richesse de manière qu’il juge équitable, toujours au profit des moins bien nantis.

Établir une telle distinction est simple dans le cas des gouvernements nationaux et des partis qui aspirent à les diriger.

Mais au niveau provincial, de nos jours, comment peut-on dire que la Coalition Avenir Québec est un parti de droite et que Québec Solidaire est un parti de gauche ?

L’idéologie de droite

En gros, un parti de droite est celui qui promet la prospérité économique et/ou l’amélioration de la société par le biais de l’enrichissement des riches.

Ces partis profitent des périodes de surplus budgétaire pour accorder des réductions de taxes aux riches ou abaisser le taux d’imposition des entreprises. Cette réduction de la marge de manœuvre de l’État fait en sorte que le moindre ralentissement économique oblige tout gouvernement à réduire ses dépenses, ce qui signifie imposer des frais pour les services qui étaient gratuits ou obliger la population à aller au privé afin de les obtenir.

C’est par ce jeu de bascule cyclique qu’on déplace la richesse de la poche des pauvres vers celle des riches.

Le but avoué d’un parti de droite n’est jamais d’appauvrir l’ensemble de la population aux dépens des riches. Si cela était le cas, pourquoi le peuple élirait-il des partis de droite ?

Ce qu’il promet, c’est qu’en diminuant les taxes et les impôts des compagnies et des entrepreneurs, ceux-ci se serviront de l’argent économisé pour créer de nouvelles entreprises. Ce qui créera des emplois et favorisera l’augmentation des salaires dont tous profiteront.

En réalité, l’argent ne ruissèle pas des riches aux pauvres, mais l’inverse. C’est lorsque les consommateurs ont plus d’argent disponible qu’ils dépensent davantage. Et c’est cette augmentation de la consommation qui provoque la naissance des entreprises ou la croissance des profits des entreprises existantes.

À défaut d’une augmentation de la consommation, l’argent économisé par les riches est utilisé futilement à la spéculation boursière, c’est-à-dire à acheter des actions déjà émises. Ce qui ne crée aucun emploi et n’enrichit que ceux qui vendent les actions qu’ils possèdent.

L’idéologie de gauche

Déposséder les riches au profit du reste de la société n’est possible que lorsque les riches y consentent (à contrecœur) ou qu’ils n’aient pas le choix de s’enfuir.

Dans les faits, les mesures sociales les plus populaires sont celles qui profitent à tous.

Par exemple, l’assurance maladie est avantageuse pour tous, y compris pour ceux qui pourraient être victimes d’un revers de fortune. C’est une assurance qui, comme toutes les autres, répartit le risque entre les souscripteurs. Elle n’avantage que ceux qui ont la mauvaise fortune d’en avoir besoin.

Le taux de mortalité enfantine est plus faible et l’espérance de vie est plus grande au Canada qu’aux États-Unis en raison de notre régime universel d’assurance maladie.

Les garderies publiques québécoises sont à cout nul puisque l’impôt payé par le plus grand nombre des femmes sur le marché du travail compense le cout de cette mesure sociale.

Au sujet de l’imposition des fortunes, l’idéologie de gauche ne pouvait être mieux résumée que par le philosophe Alain Deneault sur ce blogue.

Conclusion

Les politiciens se jugent non pas à ce qu’ils disent, non pas aux espoirs qu’ils suscitent, ni à l’empathie que leur image publique suggère, mais aux décisions qu’ils prennent.

C’est ainsi qu’on jugera qu’un parti est de droite ou de gauche en se posant la question suivante : où va l’argent ?

Si un gouvernement fait en sorte qu’une proportion plus grande des revenus de l’État est dépensée au profit des grandes fortunes du pays, c’est un gouvernement de droite. S’il fait l’inverse, c’est un gouvernement de gauche.

De manière analogue, s’il accorde plus de déductions fiscales au profit des entreprises — ce qui a pour effet de transférer le poids de l’État sur le dos des simples citoyens — c’est également un gouvernement de droite. S’il fait le contraire, c’est un gouvernement de gauche.

Au Québec, aucun des partis susceptibles de former un gouvernement ou de détenir la balance du pouvoir n’est un parti d’extrême droite ou d’extrême gauche.

Leur idéologie est même légèrement fluctuante selon le contexte.

En dépit de cette fluctuation, ils se répartissent dans l’éventail des idéologies politiques de la Coalition Avenir Québec (le parti le plus à droite) à Québec Solidaire (le parti le plus à gauche), tandis que le Parti libéral et le Parti Québécois logent entre les deux.

Référence : C’est quoi, la droite et la gauche ?

Paru depuis : Trump’s holiday menu: handouts for billionaires, hunger for the poor (2019-12-24)

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Écrit par Jean-Pierre Martel