La diplomatie incendiaire d’Emmanuel Macron

Publié le 27 mai 2025 | Temps de lecture : 15 minutes
Hôtel du ministère des Affaires étrangères à Paris

La perte d’influence de la France en Afrique

De tous les pays européens, c’est la France qui a la moins bien réussie la décolonisation de ses anciennes possessions africaines.

Encore de nos jours, des milieux conservateurs français soutiennent que s’il y a des routes, des ponts, des aéroports, l’eau courante, et l’électricité (entre autres) dans les anciennes colonies françaises, c’est grâce à la France. Bref, que ces dernières ne seraient rien sans elle.

En réalité, tous les pays coloniaux créent des infrastructures nécessaires à la prédation des richesses de leur empire au profit de la métropole.

Malheureusement, c’est cette mentalité que semble partager Emmanuel Macron, si on en juge par sa diplomatie cavalière.

Algérie vs Maroc

Lorsqu’on pense à des puissances hégémoniques, on pense à des pays comme les États-Unis ou la Chine. Mais il existe également des puissances hégémoniques régionales, voire locales. Le Maroc est l’une d’elles.

Situé au sud du Maroc, le Sahara occidental est un territoire de 266 000 km² le long de l’Atlantique. Il est revendiqué par le Maroc qui le considère comme faisant partie de ses ‘provinces du Sud’. Ce que conteste l’Algérie.

L’Algérie voit dans le conflit du Sahara occidental un moyen d’affaiblir l’influence régionale du Maroc, son rival historique.

De plus, en se positionnant comme défenseur des droits des Sahraouis, l’Algérie renforce son image de champion des causes anticoloniales et anti-impérialistes au sein des pays africains.

La revendication marocaine a été infirmée par un avis consultatif de la Cour internationale de justice en 1975. En vertu du Droit international, Sahara occidental possède le statut ‘Territoire non autonome’. Dans les faits, environ 80 % de sa superficie est contrôlée par le Maroc.

En décembre 2020, Donald Trump reconnaissait la souveraineté du Maroc sur ce territoire. Depuis, l’Algérie comptait sur la France pour bloquer la reconnaissance internationale des ambitions marocaines.

Toutefois, 24 juillet 2024, Emmanuel Macron a décidé d’appuyer le Maroc à ce sujet. Probablement (c’est mon hypothèse) en échange de l’accès à la potasse et au pétrole sahraouis.

Se sentant trahie, l’Algérie est depuis en guerre diplomatique avec la France. Une guerre qui finira bien par s’arrêter mais qui, pour l’instant, parait sans issue.

En Afrique subsaharienne

La Grande-Bretagne ne possède aucune base militaire dans ses anciennes possessions africaines. Contrairement à la France.

Une base militaire est commode pour déployer rapidement des soldats à la demande du pays hôte. Mais c’est une manière couteuse de le faire puisqu’on doit l’entretenir pendant des années au cas où on en aurait besoin.

Il est plus économique de réquisitionner un des aéroports civils du pays et d’en prendre le contrôle lorsque cela devient nécessaire.

En dépit de cela, la France attache une grande importance à posséder des bases à l’Étranger afin de maintenir l’idée qu’elle se fait de sa place dans le monde.

Aussi la décision récente du Tchad et du Sénégal d’ordonner la fermeture des bases militaires françaises sur leur territoire, associée à la décision de l’armée française de quitter d’elle-même la Côte d’Ivoire et le Gabon, ont porté un dur coup au prestige du président de la République.

Celui-ci n’a pas manqué l’occasion pour reprocher publiquement leur ‘ingratitude’ envers la France, achevant ainsi le peu de respect que les dirigeants de ces pays lui portaient.

Au Burkina Faso

Sept mois après le début de son premier quinquennat, Emmanuel Macron se rend au Burkina Faso dans le but d’inaugurer officiellement une centrale solaire financée par la France.

La veille, à l’université de la capitale, il rencontre quelques centaines d’étudiants réunis dans un amphithéâtre bondé.

Puisque la climatisation est alors en panne, une étudiante demande dans combien de temps cela prendra pour que l’électricité ‘française’ serve à climatiser l’amphithéâtre.

Plutôt que de répondre diplomatiquement que grâce à la contribution de la France, le pays devrait mieux répondre aux besoins des Burkinabés, Emmanuel Macron, décide plutôt de cabotiner.

Dans un état évident d’euphorie, il répond : « Mais je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités du Burkina Faso. C’est le travail du président.» dit-il en pointant du doigt le président du pays, assis à sa gauche.

Alors que ce dernier, traité comme un simple préposé à la climatisation, se lève et quitte la salle, Macron le tutoie : « Reste là.» Puis, devant les étudiants hilares, Macron conclut : « Il est parti réparer la climatisation

Rwanda vs Congo

Tout au début du génocide au Rwanda, le président François Mitterrand avait déployé des troupes françaises dans ce pays, croyant avoir affaire à une tentative de coup d’État tutsi.

Même si les soldats français sont alors demeurés relativement passifs, cette erreur d’appréciation fait que le Rwanda accuse depuis la France d’avoir soutenu le génocide rwandais. Ce qui est faux.

Ce préjugé est d’ailleurs exploité par la diplomatie américaine pour discréditer la France en Afrique centrale.

Tout comme l’Allemagne, hantée par son passé, refuse de critiquer Israël pour les excès de sa politique extérieure, Emmanuel Macron refuse de blâmer le Rwanda pour le pillage des richesses minérales congolaises. Un pillage que le Rwanda exerce par le biais de milices qui, jusqu’ici, ont fait des millions de morts.

En mars 2023, à l’occasion d’une tournée dans quatre pays africains, Emmanuel Macron s’est rendu dans la République démocratique du Congo.

Alors que le président de ce pays l’invitait publiquement à blâmer le Rwanda (comme le font tous les rapports de l’Onu à ce sujet), Emmanuel Macron a préféré insulter le Congo en l’accusant d’être responsable de son propre malheur :

Depuis 1994, ce n’est pas la faute de la France — pardon de le dire dans des termes aussi crus — si vous n’avez pas été capable de rétablir la souveraineté […] de votre pays. Ceci est une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur dans cette affaire.

Rappelons que c’est grâce à la campagne personnelle d’Emmanuel Macron que l’ex-ministre des Affaires étrangères du Rwanda a été élue en 2018 à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie, en dépit du fait que le français n’est plus enseigné dans ce pays depuis 2003, c’est-à-dire depuis que l’anglais est devenu la langue officielle de cette ancienne colonie belge.

L’ingérence dans les affaires intérieures de pays européens

En Géorgie

En vue des élections législatives d’octobre 2024, Salomé Zourabichvili (à l’époque, présidente de la Géorgie) rendait public quelques mois plus tôt un projet de pacte auquel elle invitait les partis politiques à adhérer.

En vertu de ce pacte, les députés nouvellement élus devaient former le parlement (l’équivalent de notre Assemblée nationale), mais les partis signataires devaient renoncer à former le gouvernement (c’est-à-dire le Conseil des ministres), confié plutôt à Mme Zourabichvili et des technocrates non élus de son choix.

En somme, il s’agissait d’un projet de coup d’État.

En octobre 2024, les partis signataires échouèrent à obtenir la majorité des sièges. Furieuse de son échec, Mme Zourabichvili cria à la fraude massive.

Dénudée de fondement, cette prétention fut propagée par les agences de presse financées secrètement par Washington et trouva écho dans les chancelleries occidentales.

Emmanuel Macron se fit le champion de cette cause, poussant le zèle jusqu’à s’adresser par vidéo au peuple géorgien pour l’inciter à la révolte.

Roumanie : des élections sous influences

Comme tous les pays, la Roumanie est dotée d’un appareil sécuritaire qui vise à protéger l’État de l’influence indue de puissances hostiles. À la différence que le sien, hérité de l’époque soviétique, est extraordinairement interventionniste.

C’est ainsi que le 6 décembre 2024, à deux jours du second tour de l’élection présidentielle, la Cour constitutionnelle de Roumanie invalide les résultats du premier tour, annule le second, et reporte le tout en mai 2025. Tout cela sur la base de simples soupçons d’ingérence politique russe sur TikTok.

De son côté, l’Union européenne s’est immiscée dans cette élection, comme elle le fait chaque fois que des formations politiques font campagne contre elle. Elle n’intervient pas directement, mais par le biais d’ONG qu’elle finance et qui militent sur place en sa faveur.

De plus, le 9 janvier 2025, Thierry Breton prédisait que la Commission européenne (où il a siégé) n’hésiterait pas à faire invalider les élections allemandes (qui se sont tenues depuis) en cas de victoire d’un parti nationaliste (l’AfD). « On l’a fait en Roumanie…» avouait-il «…et il faudra évidemment le faire, si c’est nécessaire, en Allemagne.»

L’élection roumaine a également été influencée les agences de presse occidentales par le biais des épithètes qu’elles accolent aux partis politiques en lice. En particulier, celle d’extrême droite, utilisée abusivement en Roumanie pour discréditer des candidats et des formations politiques sans jamais préciser exactement ce qui leur vaut cet anathème.

Quant à l’ingérence de la diplomatie macronienne, elle prend la forme d’intrigues de palais. Comme cette rencontre secrète entre l’ambassadeur de France et le président de la Cour constitutionnelle de Roumanie, le 5 mars 2025.

De plus, le 14 mai 2025, au cours de la seconde élection présidentielle roumaine (la première ayant été annulée), Nicolas Lerner, chef des renseignements français, s’est rendu en Roumanie.

Puisque la collecte de renseignements se fait habituellement par de simples agents, on peut présumer que le but de sa visite était de rencontrer des personnes de haut niveau.

Quatre jours plus tard, alors que se déroulait le dépouillement du scrutin, le patron de la messagerie Telegram accusait publiquement ce même Nicolas Lerner — collègue de classe d’Emmanuel Macron — de lui avoir demandé, à l’approche des élections roumaines, de réduire au silence les voix conservatrices qui ont recours à sa messagerie cryptée. Une accusation aussitôt démentie par la France.

Parallèlement à l’offensive diplomatique française, les eurodéputés d’Emmanuel Macron ont tenu diverses rencontres avec des membres de la diaspora roumaine afin de les convaincre de voter contre certains candidats.

C’est ainsi que le 10 mai dernier, la cheffe de Renew-Europe (le parti d’Emmanuel Macron au parlement européen) déclarait : « Je vais soutenir le candidat centriste pro-européen en organisant des réunions […] pour appeler la diaspora roumaine en France à participer à cette élection…»

Pour terminer, signalons qu’après des mois de controverse, les services de renseignements roumains admettent aujourd’hui n’avoir rien de concret au sujet de l’ingérence russe dans les élections présidentielles roumaines par le biais de TikTok.

Mais l’Autorité fiscale roumaine a découvert que le Parti national libéral (PNL) a versé 300 000 euros à TikTok pour acheter de la publicité en faveur de Călin Georgescu (un candidat nationaliste).

Ce parti pro-européen voulait ainsi diviser les voix nationalistes — au sein desquelles George Simeon était en avance — en favorisant un rival, alors très secondaire, soit Călin Georgescu.

Malheureusement pour le PNL, cette stratégie qui a trop bien fonctionné. Si bien que Călin Georgescu s’est avéré, au premier tour, plus populaire que le candidat du PNL.

La guerre russo-ukrainienne

La cause profonde de la guerre en Ukraine est l’expansionniste toxique de l’Otan, c’est-à-dire son obsession de vouloir entourer au plus près la Russie d’ennemis militaires.

L’idée que des missiles de l’Otan puissent être déployés à 500 km de Moscou est aussi inacceptable pour la Russie que le déploiement de missiles russes à Cuba pouvait l’être pour les États-Unis en 1962.

De plus, le stationnement de dizaines milliers de soldats occidentaux dans des bases militaires de l’Otan en Ukraine comporterait un risque d’invasion militaire et de renversement du pouvoir à Moscou qu’aucun dirigeant russe ne peut tolérer.

Malgré cela, Emmanuel Macron cherche à créer une coalition de membres de l’Otan désireux d’envoyer des troupes en Ukraine sous le prétexte de motiver la Russie à respecter un cessez-le-feu décrété unilatéralement.

Depuis trois ans, les puissances occidentales tentent de forcer la Russie à renoncer à ses intérêts géostratégiques fondamentaux.

D’où l’idée de pousser l’Ukraine à la guerre, peu importe les souffrances que cela comporte pour sa population.

Or celle-ci en a assez.

Selon la firme de sondage Gallup, le pourcentage des Ukrainiens qui sont favorables à une paix négociée dans les plus brefs délais est passé de 23 % au début de la guerre à 57 % en octobre 2024 (après répartition des indécis). Cette lassitude se rencontre dans toutes les régions du pays.

De plus, 57 % des Ukrainiens étaient favorables à des concessions territoriales à la Russie dans le cadre de négociations de paix.

Emmanuel Macron ne l’entend pas ainsi. Selon lui, une victoire de la Russie inciterait celle-ci à se lancer à la conquête du reste de l’Europe.

Depuis trois ans, l’armée russe peine à conquérir l’ensemble du territoire ukrainien. On voit mal comment elle pourrait se lancer à la conquête de l’Occident.

Malgré cela, Emanuel Macron plaide pour la fourniture d’armement de plus en plus puissant et dont la portée est de nature à frapper la Russie de plus en plus profondément. Même au risque de déclencher une Troisième Guerre mondiale.

En réalité, une guerre entre deux pays voisins se termine quand le perdant capitule. Or, dans ce cas-ci, le perdant, c’est l’Ukraine.

Conclusion

Le tempérament belliqueux d’Emmanuel Macron, son autoritarisme croissant, de même que son franc-parler ont entrainé la perte d’influence de la France en Afrique et une critique voilée de Washington quant à sa manie de saboter la démocratie des pays slaves.

Références :
Allégations d’ingérence française dans les élections roumaines : l’AUR demande le contrôle parlementaire des services de renseignements
À quoi ressemble « l’État parallèle » : Nicolas Lerner, chef des services de renseignement français, accusé d’ingérence dans les élections roumaines (en roumain)
Elena Lasconi, rencontre avec le ministre français des Affaires étrangères. Ce que le patron de l’USR a discuté avec Jean-Noël Barrot (en roumain)
Guerre en Ukraine : des soldats français face à la Russie ? « Rien n’est exclu » pour Macron
Guerre en Ukraine : les pays « volontaires » se retrouvent à l’OTAN et cherchent un plan
La corruption de la presse occidentale par Washington
La familiarité d’Emmanuel Macron face au président du Burkina Faso (vidéo)
La Géorgie sur la voie d’un coup d’État (1re partie)
La Géorgie sur la voie d’un coup d’État (2e partie)
L’ANAF a découvert que PNL avait financé une campagne de promotion massive de Călin Georgescu sur TikTok (en roumain)
La nouvelle Théorie des dominos
La volonté populaire en Europe soumise à la dictature des juges : le cas de la Roumanie
Le Congo et le verrou rwandais
Législatives en Géorgie : la présidente refuse une convocation du parquet, qui a ouvert une enquête pour « falsification présumée » des élections
Le mythe du néonazisme russe
Le PDG de Telegram accuse la France d’ingérence dans l’élection roumaine, le Quai d’Orsay dément
Le Sénégal et le Tchad dénoncent les “propos erronés” d’Emmanuel Macron
Les Ukrainiens et la paix
L’expansionnisme toxique de l’Otan
L’importance géostratégique du Sahara occidental pour l’Algérie
Monsieur le Président Emmanuel Macron – Message aux Géorgiens (vidéo)
“On l’a fait en Roumanie…”:Thierry Breton réagit aux ingérences de Musk en Allemagne avec l’AfD
Parti national libéral (Roumanie)
Présidentielle en Roumanie : Valérie Hayer accusée «d’ingérence» au profit du candidat centriste pro-UE
RDC : conférence de presse mouvementée entre Macron et Tshisekedi
Sahara occidental
The EU’s propaganda machine
The Silent Coup
Transparency of EU funds implemented NGOs: more effort needed

Détails techniques de la photo : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Burkina Faso et la colère d’une mère

Publié le 19 janvier 2016 | Temps de lecture : 8 minutes

Introduction

Six Québécois ont été tués lors d’une attaque terroriste perpétrée vendredi dernier par Al-Qaida dans la capitale du Burkina Faso (un pays d’Afrique francophone situé au sud du Mali). À cette occasion, 29 personnes originaires de 18 pays différents ont péri.

Dans le cas des Québécois, il s’agissait de travailleurs humanitaires partis il y a trois semaines accomplir du bénévolat au bénéfice d’une communauté religieuse de ce pays.

En annonçant publiquement les condoléances officielles du Canada aux familles éprouvées, le nouveau premier ministre canadien a négligé d’ajouter les formules attendues indiquant que ces morts ne resteront pas impunies et que le pays sera impitoyable envers les coupables de ces assassinats.

De toute évidence, cet oubli a irrité au plus haut point Mme Camille Carrier, la mère d’une des victimes, réclamant plus de fermeté, plus précisément par l’envoi de troupes canadiennes venger la mort de sa fille.

Nous comprenons tous le chagrin de Mme Carrier. Toutefois, envoyer les troupes canadiennes combattre au Burkina Faso, cela signifie ajouter des dizaines ou des centaines de morts de militaires canadiens à la liste des six civils qui ont déjà péri à Ouagadougou.

C’est multiplier le nombre de veuves et de mères canadiennes éplorées, à l’image de Mme Carrier.

C’est à y penser deux fois.

Les causes immédiates

Les Islamistes du Sahel ont étendu leur dangerosité grâce aux armes que nos pays ont distribuées généreusement à tous ceux qui voulaient abattre le régime de Mouammar Kadhafi en Libye.

Une fois le dictateur abattu, les nomades sont retournés chez eux et ont vendu leurs armes aux terroristes de la région. Avec le résultat qu’on sait.

Par cet attentat, Al-Qaida veut démontrer qu’elle n’est pas cette organisation terroriste en déclin, discréditée par l’État islamique.

De plus, Al-Qaida veut démonter également que l’expédition française au Mali en 2013 n’aura provoqué que le repli temporaire des organisations terroristes, de retour en force après le départ des troupes étrangères.

Les conséquences pour le Canada

Le gouvernement canadien a favorisé l’obtention d’un contrat militaire de quatorze milliards$ qu’une entreprise canadienne a obtenu de l’Arabie saoudite. Par ailleurs, selon les dépêches diplomatiques américaines révélées par WikiLeaks, l’Arabie saoudite est la plaque tournante du financement du terrorisme international.

Le Canada ne peut pas défendre ce contrat au nom de la création d’emplois d’une part, et d’autre part voir ses citoyens se faire tuer par des milices financées par cette pétromonarchie. Une vie canadienne vaut combien d’emplois dans l’industrie de l’armement ? À quel moment est-ce payer trop cher ?

Les cyniques diront que précisément, grâce à ce contrat, les Saoudiens auront quatorze milliards$ de moins à dépenser pour le terrorisme. Toutefois, à l’inverse, rien ne nous garantit que ce matériel militaire ne servira pas à équiper des terroristes.

Le Canada peut invoquer des engagements secrets de l’Arabie à ce sujet. Mais une fois placé devant le fait accompli, le Canada sera impuissant à y changer quoi que ce soit, comme il l’est face au cas de Raïf Badawi.

Tôt ou tard, pour faire cesser le terrorisme, nos gouvernements devront aller à la cause, ce qui signifie le renversement de la dictature saoudienne.

Or la vente d’armements à ce pays découle d’une politique à courte vue; l’arsenal saoudien obtenu du Canada compliquera la tâche de pacifier cette région une fois que les soldats de nos pays auront entrepris l’inévitable.

Références :
Burkina Faso – Une mère affligée attaque Trudeau
Six coopérants de la région de Québec tués par des terroristes au Burkina Faso
Six Québécois tués dans l’attaque terroriste à Ouagadougou
Why did Burkina Faso become al-Qaida’s latest target?


Post scriptum : Ce texte a paru dans l’édition du 21 janvier 2016 du quotidien Le Devoir, à la suite de quoi les commentaires suivants ont été publiés dans l’édition électronique de ce quotidien.

Couper les vivres : les armes ! par Claire Lavigne

Le moyen le plus pacifiste!. Évitons d’envoyer nos soldats, de futures cibles !

Le bouc-émissaire ! par Michel Lebel

…la cause du terrorisme serait l’Arabie saoudite.

Il me semble que la question est beaucoup plus complexe. Autrement, elle serait réglée depuis longtemps ! Ici comme ailleurs, on cherche la cause, la seule cause. Illusion idéologique!

Réplique de Jean-Pierre Grisé

On ne dit pas que l’Arabie Saoudite est la seule cause du terrorisme, mais elle en est une grande, énorme, construisant partout en Afrique et ailleurs des mosquées avec des prêcheurs de haine. Or donc par conséquent, doublons, triplons les contrats ontariens ou suivons l’exemple de la Suède.

Le Canada me déçoit tellement…

Un autre moyen de lutter contre le terrorisme par Jean-Paul Michon

L’Arabie saoudite n’est seulement le pays qui finance le terrorisme, c’est le pays que répand le Wahhabisme, cette idéologie antioccidentale à travers le monde.

Une des bonnes façons de lutter contre le terrorisme serait de dénoncer les idées véhiculées par cette idéologie.

Seulement, cette idéologie est protégée sous couvert de religion.

La famille Trudeau a toujours mis les religions au-dessus de la démocratie.

À la façon dont Justin Trudeau continue de s’afficher avec la religion qui prône ces idéologies, ce n’est pas demain la veille que l’on va éradiquer ces idéologies destructrices à l’origine du terrorisme.

Alors, éviter de parler d’armes et autres milliards de dollars, mais parlons des vraies choses qui nuisent à la paix dans le monde.

La colère d’une mère par Jean Lafleur

Quel raisonnement tordu ! L’armée n’est pas là pour venger, elle est là pour défendre et les djihadistes attaquent le monde civilisé en ne suivant aucune règle.

Bien que j’admire le pacifisme de M. Martel et souscrit à son idée de couper les vivres aux fournisseurs d’armes comme le Canada, je crois qu’il faut prendre tous les moyens pour se débarrasser de cette vermine.

Réplique de René Bezeau

Je comprend la colère légitime de cette mère, mais le pouvoir militaire du Canada est si infime et le peu d’influence politique dans la fameuse coalition contre l’EI et autres terroristes de tout acabits. On peut se fâcher, oui !

Pas des troupes, mais des ‘protecteurs’ par Jean-Pierre Roy

Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’envoyer des troupes militaires traditionnelles.

Je suggère plutôt des « protecteurs » (‘special ops’, selon la terminologie en langue anglaise bien connue) pour accomagner les travailleurs humanitaires.

Fourberie planétaire d’Yvan Harnois

Selon les dépêches diplomatiques américaines révélées par Wikileaks, l’Arabie Saoudite est la plaque tournante du financement du terrorisme international.

Le Canada et tous les pays qui vendent des armes à l’Arabie Saoudite seraient donc complices du terrorisme international. Quelle fourberie planétaire !

Léonel Plasse par Léonel Plasse

C’est la cause principale. Que font-ils au Yémen ?

Pas rapport par Maryse Azzaria

C’est avec soulagement que je lis vos propos Monsieur Martel.

Je m’interroge sur la couverture des médias face à ce drame horrible. Doit-on publier intégralement les propos d’une personne en état de choc ?

Je déplore aussi la récupération que les va-t-en-guerre font de ce cet événement.

Pour venger ce crime, on voudrait que le gouvernement canaden continue de bombarder l’État islamique en Iraq et en Syrie, alors que c’est Al-Quaïda qui est l’auteur du massacre de Ougadougou. Pas rapport, comme dirait l’autre.

Il faudrait que l’Occident boycotte cet état voyou par Nadia Alexan

Je suis d’accord qu’il ne faut pas envoyer nos armes à l’Arabie Saoudite, cet État voyou qui sème la haine et le terrorisme, partout dans le monde, à travers ses mosquées qui propagent la radicalisation des jeunes par le biais du Wahabisme/Salafisme.

Il faudrait que l’Occident boycotte cet état médiéval comme on a fait avec l’Afrique du Sud pour arrêter l’apartheid.

Les formules de qui? par Richard Génois-Chalifoux

…le nouveau premier ministre canadien a négligé d’ajouter les formules attendues indiquant que ces morts ne resteront pas impunies et que le pays sera impitoyable envers les coupables de ces assassinats.

Pourquoi vouloir mettre dans la bouche de Trudeau les paroles de François Hollande alors que ce dernier parlait au peuple français à qui on venait de déclarer la guerre. Au Burkina Faso, ce n’était ni le Canada ni le Québec qui étaient ciblés mais les occidentaux.

Quand on veut faire de l’aide humanitaire en zone de guerre, on y va sous la bannière de la Croix Rouge et non pas au nom d’une communauté religieuse qui carbure à l’angélisme.

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Écrit par Jean-Pierre Martel