L’épreuve de philo en France

Publié le 4 mai 2019 | Temps de lecture : 3 minutes

Dans presque tous les pays du monde, seuls les étudiants en philosophie passent un examen à ce sujet.

Mais en France, chaque année, plus d’un demi-million de jeunes Français passent un examen écrit et oral communément appelé épreuve de philo dont la réussite est nécessaire à l’obtention de leur baccalauréat.

Cette épreuve a été instaurée par Napoléon Bonaparte.

Parmi l’ensemble des examens à passer, celui de philo est celui qui ouvre le bal depuis 1970. Pour beaucoup, c’est le plus redoutable.

En France, selon le type de baccalauréat, les questions varient. L’étudiant doit choisir deux des trois sujets de dissertation proposés.

En 2018, voici les sujets à traiter.

Baccalauréat – Littérature :
• La culture nous rend-elle plus humain ?
• Peut-on renoncer à la vérité ?
• Expliquer le texte suivant (une longue citation fournie d’Arthur Schopenhauer).

Baccalauréat – Économique et social :
• Toute vérité est-elle définitive ?
• Peut-on être insensible à l’art ?
• Expliquer le texte suivant (une longue citation fournie d’Émile Durkheim).

Baccalauréat – Scientifique :
• Le désir est-il la marque de notre imperfection ?
• Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?
• Expliquer le texte suivant (une longue citation fournie de John Stuart Mill).

Baccalauréat – Technologique :
• L’expérience peut-elle être trompeuse ?
• Peut-on maitriser le développement technique ?
• Expliquer le texte suivant (une longue citation fournie de Montesquieu).

Selon l’ancien ministre de l’Éducation Luc Ferry, exprimer ses opinions ne suffit pas.

Le but de l’exercice est d’aider à former des citoyens doués d’esprit critique. L’étudiant doit s’inspirer de l’opinion publique dans le but d’y trouver des points de vue qui ne sont pas les siens et de les analyser.

Toutefois, il doit s’élever au-delà des banalités et s’interroger sur le sens profond des choses.

Aussi terrifiante qu’elle soit, l’épreuve de philo est néanmoins l’antidote parfait à la paresse intellectuelle qui s’installe à la fréquentation des médias sociaux. Des médias où seuls les slogans, les banalités et les opinions privés de ce qui les justifie peuvent s’exprimer brièvement.

Références :
Bac : pourquoi la philo ouvre le bal des épreuves ?
Bac 2013 : le corrigé des épreuves de philo de Luc Ferry
Bac 2018 : les sujets complets de philosophie
Le Bac philo

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Tenir bon…

Publié le 12 mai 2014 | Temps de lecture : 1 minute
Au travers de la porte vitrée d’une église

Il n’y a pas de bonheur sans espoir…

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 29 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’essence de soi

Publié le 13 février 2012 | Temps de lecture : 4 minutes

Préambule

Les prothèses et implants destinés non pas à réparer le corps mais plutôt à décupler nos capacités feront-ils naître une humanité supérieure à ce que nous sommes ?

L’importance relative du corps

Pour répondre à cette question, procédons à l’inverse. Oublions toute rectitude politique et demandons-nous si l’ablation d’une partie du corps nous amoindrit.

Toute perte d’un membre est un handicap. Nous apprenons à connaître et à apprécier le monde par l’intermédiaire de notre corps. Nos jambes nous permettent de nous déplacer. Nos bras et nos mains saisissent les objets. Nos sens nous permettent de distinguer les objets entre eux selon la couleur, l’odeur, le goût, la texture, et le bruit qu’ils émettent.

Mais si nous perdons un bras, sommes-nous en partie ce que nous étions avant cette perte ? Si nous perdons tous nos membres, sommes-nous encore moins ce que nous étions ?

On ne se pose pas cette question lorsqu’il s’agit d’organes internes. Personne ne se demande si la résection d’une partie de l’intestin (pour enlever une tumeur) ou l’ablation de l’appendice nous prive en partie de ce que nous sommes.

Mais la partie visible de notre corps possède une importance particulière puisque c’est elle qui nous fait connaître aux yeux des autres. Elle est notre ambassadeur auprès des autres.

À la suite d’un accident qui me laisserait défiguré, si je me fais reconstruire le visage en Brad Pitt, je deviens Brad Pitt au premier coup-d’œil, jusqu’à ce qu’on découvre que je ne suis que le sosie de Brad Pitt. Mais il est clair que cette chirurgie modifie la manière avec laquelle les autres me perçoivent. Tout comme le ferait un implant mammaire chez une femme.

Avec ou sans ce masque de chair, je serais pourtant exactement la même personne. Mais pour les autres, il y aurait toute une différence.

De manière analogue, on pourrait altérer toutes les parties de notre corps (visibles ou non) et cela ne changerait rien à ce que nous sommes. Parce que l’essence de ce que nous sommes, c’est notre cerveau. Tout le reste, c’est de la quincaillerie. Notre corps n’est qu’une machine au service de notre intelligence.

Avec les années, nous pourrions éprouver une certaine tendresse pour ce compagnon stupide qui nous a si bien servi et qui nous définit aux yeux des autres. Et il serait compréhensible que cette tendresse s’amplifie au fur et à mesure que nous assistons, impuissants, à son déclin et à ses difficultés croissantes à donner suite à nos volontés. Comme ce vieil animal de compagnie qu’on se hésite à faire euthanasier, sachant qu’on n’en aura pas d’autres.

Le cerveau et la réalité

Les amateurs de réalité virtuelle connaissent bien ces casques qui donnent l’illusion d’être soudainement transportés dans un monde où les utilisateurs doivent affronter un environnement hostile.

De manière analogue, depuis la naissance, notre cerveau pourrait n’être qu’une masse flottante dans un bocal dans un laboratoire, connecté à des milliards d’électrodes et nous pourrions avoir la conviction intime, la certitude absolue d’interagir avec ce monde virtuel qui nous est soumis.

Toutes les « preuves » de notre existence pourraient alors se résumer à des influx nerveux qui nous font croire que nous touchons, que nous voyons, que nous sentons et que nous goûtons. Bref, toute notre vie pourrait n’être qu’une réalité virtuelle et nous n’aurions aucun moyen de nous assurer de sa véracité, trompés en permanence par des ordinateurs plus puissants qui nourriraient nos illusions.

Conclusion

On peut donc remplacer une multitude de parties de notre corps par des pièces plus performantes et cela ne ferait qu’améliorer la machine à notre service.

Et de la même manière que les appareils électroménagers libèrent la condition humaine de corvées séculaires, et que les moyens de transport modernes réduisent les distances, il est certain que des prothèses et implants destinés décupler nos capacités laisserons intacts les limites de notre intelligence et les pulsions de l’animal qui nous habite inconsciemment.

À l’opposé, les maladies dégénératives qui affectent notre cerveau (ex.: la maladie d’Alzheimer) transforment la personne atteinte en caricature de ce qu’elle était. Plus que tout handicap physique, ces maladies modifient la nature de ce que nous sommes, exposant les parents et amis à la frustration croissante d’être confrontés à d’une enveloppe corporelle illusoire qui renferme de moins en moins l’essence de la personne aimée.

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Écrit par Jean-Pierre Martel