Vaccins et vulnérabilité résiduelle

Publié le 9 mars 2021 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Une contagion silencieuse

Aucun vaccin n’est efficace à 100 %. Lorsqu’on dit qu’un vaccin est efficace à 94 % ou à 95 %, qu’arrive-t-il au 5 % ou 6 % résiduel ?

Pour répondre à cette question, il faut se référer aux études scientifiques sur lesquelles repose l’homologation de ces vaccins.

Les études scientifiques révèlent que lorsque le vaccin ‘échoue’, le risque de décéder du Covid-19 est nul. Le risque d’être hospitalisé est également nul.

Cela veut dire que ces personnes demeurent asymptomatiques ou développent la maladie sous une forme tellement mineure que cela ne justifiera pas leur hospitalisation.

Typiquement, ce genre d’études est réalisé sur environ trente-mille personnes dont vingt-mille ont reçu le vaccin.

Une fois que le vaccin sera administré à des dizaines de millions de gens, il est probable qu’on découvrira que ce risque n’est pas complètement nul.

Mais ce qu’on devra retenir, c’est que le risque est extrêmement faible, voire rarissime. Sauf face à certains variants.

Cela est vrai pour tous les vaccins actuellement homologués en Occident, soit celui de Pfizer/BioNTech, de Moderna, d’AstraZeneca, et de Johnson & Johnson.

On a donc tort de craindre de recevoir un vaccin ‘moins bon’ que les autres. Parmi ceux homologués pour votre groupe d’âge, ils sont tous excellents.

En exagérant un peu, on peut dire que ce qui les distingue, c’est le pourcentage de ceux qui attraperont le Covid-19 quand même… mais sans le savoir.

Je n’hésiterais pas à recevoir n’importe quel d’entre eux. Du moment qu’on suit un protocole de vaccination basé sur la science.

Les nouvelles directives du CDC

Le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) émettait hier ses premières recommandations au sujet des personnes complètement vaccinées.

Ces recommandations évolueront au fur et à mesure où la proportion d’Américains vaccinés augmentera.

Deux semaines après avoir reçu leur deuxième dose d’un vaccin de Pfizer ou de Moderna — en d’autres mots, dès que la personne sera non seulement vaccinée, mais complètement immunisée — le CDC lui permet trois choses :
• rencontrer d’autres personnes complètement immunisées sans porter de masque ni respecter la distance sanitaire,
• visiter les membres non vaccinés d’un ménage si tous ces gens ont un risque faible de développer une forme sévère de la pandémie, et
• éviter de se mettre en quarantaine si, tout en demeurant asymptomatique, elle entre en contact avec une personne atteinte de Covid-19.

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Concrètement, cela signifie que des grands-parents complètement immunisés pourront librement voir, embrasser, et serrer dans leurs bras leurs petits-enfants.

Analysons la logique de ces recommandations.

Première recommandation

Une personne complètement immunisée grâce au vaccin de Pfizer ou de Moderna possède un risque, évalué à 5 % ou 6 %, d’attraper quand même le Covid-19, possiblement sans en avoir conscience.

Au moment où elle est contagieuse, si cette personne rencontre toute autre personne elle aussi complètement immunisée, cette dernière a environ 95 % des chances de ne pas l’attraper. Mais si elle l’attrape, cela n’aura pas d’importance.

Deuxième recommandation

Si elle est contagieuse, une personne complètement immunisée peut transmettre l’infection aux membres d’un ménage dépourvus d’immunité contre le Covid-19.

Mais si ces gens ont un risque faible de développer une forme sévère de la pandémie, leur contamination sera probablement sans conséquence fâcheuse.

En contrepartie, si c’est l’inverse, c’est-à-dire si ce sont les gens visités qui sont des porteurs asymptomatiques de Covid-19, ils pourraient constituer un risque de transmission au visiteur complètement immunisé. Mais si cela arrive, cela n’aura pas d’importance non plus.

Troisième recommandation

Toute personne complètement immunisée peut rencontrer une personne contagieuse. La première n’a alors pas besoin de se placer en quarantaine parce que son risque d’attraper le Covid-19 n’est que de 5 % ou 6 %. Et si cela arrive, cela sera sans importance.

Les conséquences québécoises

En principe, les deux doses des vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna doivent être espacées de trois ou de quatre semaines. C’est sur des études basées sur ce protocole de vaccination que ces deux vaccins ont été homologués un peu partout en Occident.

Les autorités sanitaires du Québec ont choisi d’espacer les doses de vaccins de Pfizer et de Moderna bien au-delà de cela, soit de trois ou de quatre mois.

Après une seule dose de l’un ou de l’autre de ces deux vaccins, on protège la majorité des personnes vaccinées. Toutefois, on ne connait pas la robustesse de l’immunité ainsi conférée, notamment à l’égard des variants.

Dans les cas où la vaccination échouera à prévenir une infection après une seule dose, on ignore le pourcentage de ceux qui en mourront ou qui se retrouveront aux soins intensifs.

De plus, on ignore la même chose chez ceux qui, après trois ou quatre mois d’attente, recevront finalement leur deuxième dose tant attendue.

On l’ignore parce que le protocole de vaccination suivi par Québec ne repose sur aucune base scientifique.

Ce qui veut dire que les recommandations du CDC ne peuvent pas s’appliquer au Québec.

Pour ne pas perdre la face, je m’attends à ce que la Santé publique du Québec adopte des recommandations analogues. Mais en raison de leur absence de tout fondement scientifique, ces directives ne voudront rien dire.

Référence : Interim Public Health Recommendations for Fully Vaccinated People

Paru depuis
La moitié des soignants de première ligne ne sont toujours pas vaccinés dans le Grand Montréal (2021-03-17)
Mourir en attendant sa deuxième dose (2021-05-25)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci.

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Un commentaire à Vaccins et vulnérabilité résiduelle

  1. sandy39 dit :

    Vous tombez bien, J.Pierre, enfin votre texte… car lundi, j’avais un après-midi de libre et, avais décidé de visiter (comme vous dîtes) une Mamie, dans un village proche de dix kilomètres.

    Parce que cette dame a son anniversaire, la semaine prochaine, le même jour que ma cadette !

    90 ans ! Alors, je voulais aller la voir et puisque, maintenant, elle est vaccinée (elle a reçu les 2 doses), j’ai saisi l’occasion de lui rendre visite avec le masque et le lavage des mains en arrivant.

    Mais voilà, ce qu’ils croient les vieux : ils ne risquent plus rien, qu’ils disent, mais Moi, je continue à être prudente suivant vos conseils… même que, parfois, les repas de Midi, avec mon Aînée donnent en ambiance… du genre : “T’as fini d’écouter ce qu’il se passe à l’autre bout du monde et de croire à ce que dit le JP !”.

    Il vaut mieux en rire car, des jours, la relation n’est pas top… La vie de famille est, à son tour, parfois, infernale… comme la vie conjugale…

    Chez cette Mamie, pas de problème pour la distance : grand salon avec plusieurs fauteuils, un petit poêle dans la cheminée… Ah, les Vieux ! Il leur faut faire du feu et monter le bois…

    J’allais pour partir lorsque le téléphone sonna. Un couple venu lui rendre visite, après une promenade, ayant vu ma belle voiture… my black car, que j’adore toujours autant !

    “Venez, nous ne serons pas dix !”

    Alors voilà, le couple arrive (plus vieux que moi, bien sûr) sans masque et voudrait se faire vacciner avec des produits français.

    Pouvons-nous comparer tous ces vaccins entre eux lorsque chacun de Nous n’est pas forcément un scientifique ?

    Je pense qu’il ne faut pas baisser la garde et, trouve que beaucoup ne sont pas conscients…

    Alors, j’ai repris le chemin du retour… et, oh surprise ! Devant moi, je voyais deux vaches toutes seules… “Sont-elles dans le champ ou traversent-elles la route ?”.

    Pas question de rouler trop vite sur nos petites routes alors, j’ai dû m’arrêter pour laisser passer, les deux demoiselles…

    Il y avait longtemps que ça ne m’était pas arrivé ! Elle est comme ça, la vie, dans nos petits pays et, je suis, donc rentrée à 17h15 car on a toujours le 18H jusqu’à bien après Pâques, je crois !

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