M le maudit
Un de mes films favoris est ‘M le maudit’, le premier film parlant (et le préféré) du réalisateur allemand Fritz Lang, tourné en 1931.
Basé sur des faits réels, ce long-métrage raconte l’histoire d’un meurtrier d’enfants qui sème la terreur dans une ville allemande.
Sous la pression populaire, la police municipale décide d’effectuer toute une série de rafles qui perturbent les activités de la pègre.
Celle-ci se met donc également à la recherche du meurtrier (qu’elle finit par trouver) dans l’espoir de pouvoir de reprendre ses activités normalement.
Dans les favélas de Rio
Le Brésil est actuellement le deuxième pays le plus touché au monde par le Covid-19, derrière les États-Unis; la pandémie y a fait plus de quarante-mille morts.
Contrairement au Québec — où ce sont les ghettos de vieux qui ont été particulièrement touchés — au Brésil ce sont les milieux défavorisés qui ont été la cible de la pandémie.
Dans les favélas surpeuplées de Rio de Janeiro, tout le monde connait un parent ou un voisin qui a été atteint par le virus.
Si la mortalité du Covid-19 affecte surtout les personnes de plus de soixante ans, il frappe durement une partie des autres adultes.
Tout cela perturbe les activités des cartels de la drogue qui dictent leur loi dans les faubourgs de Rio.
Plusieurs des chefs et des hommes de main les plus expérimentés de la pègre ont été tués par la pandémie.
De plus, parmi la clientèle des revendeurs de drogue, quand un chef de famille perd son emploi ou décède du virus, toute la famille est réduite à la misère et devient incapable de se payer de la drogue.
Tout comme dans le film de Fritz Lang, la pègre a donc pris les choses en main.
Elle a d’abord imposé un couvre-feu sur tout le territoire qu’elle contrôle.
Puis elle a encouragé la fabrication artisanale de masques qu’elle paie au-delà du prix demandé afin de subventionner leur fabrication.
Sous la menace des armes, elle a réduit l’activité clandestine des petits débits de boissons, des maisons de jeux et de tous les lieux d’attroupement qui favoriseraient la propagation de l’épidémie.
Et elle distribue de la nourriture aux familles ruinées par le décès du pourvoyeur (habituellement le père).
Si bien que dans les favélas de Rio, les habitants sont majoritairement reconnaissants à la pègre d’avoir comblé le vide laissé par l’État brésilien.
Conclusion
Les êtres humains dépendent tous les uns des autres.
Même quand des collectivités sont laissées à elles-mêmes, une solidarité s’installe spontanément — motivée par de bonnes ou de mauvaises raisons — dont le résultat final est une amélioration des chances collectives de survie.
Références :
M le maudit
Rio cartels go from running drugs to pushing medication
Bon sang! Moi, l’auteur d’un livre sur le Brésil et qui suis en contacts réguliers avec des collègues ou anciens étudiants, et qui consulte Jornal Nacional tous les matins vous m’épatez.
Où avez-vous cueilli cette information qui me paraît très crédible sur la base de mes 7 vistes de favalas dont 5 à Rio?
Arrêtez, M. André, vous allez me faire rougir…
Ces temps-ci, je passe beaucoup de temps à regarder les reportages de CNN.
Je suis émerveillé par la vigueur de la Démocratie américaine, portée à bout de bras, en pleine pandémie, par cette jeunesse qui m’épate.
Pour revenir à votre question, ma source est la deuxième référence à la fin du texte.
J’aime quand les journalistes sortent des sentiers battus et nous présentent des reportages en teintes de gris où, par exemple, l’humanisme suinte du masque de cruauté des plus impitoyables bandits.
Merci