Le sabotage de la vente d’hélicoptères québécois par le ministre fédéral François-Philippe Champagne

9 février 2018

Ce qui devait arriver arriva.

On apprenait ce matin la décision des Philippines de renoncer à acheter des hélicoptères civils construits au Québec québécois. Ce contrat de 235 millions$US représentait des retombées économiques de 2,7 milliards$ pour l’économie québécoise.

Depuis quelques jours, une agence de presse canadian a mené une campagne hostile au contrat.

Dans nos quotidiens, il n’est venu à l’esprit de personne de vérifier si ces hélicoptères sont propices à autre chose qu’à des missions de sauvetage, de reconnaissance et de transport de passagers.

La même chose peut être dite du gouvernement canadien qui a eu deux ans pour enquêter à ce sujet puisque ce contrat a été conclu en 2015 sous le gouvernement Harper.

Il aura suffi des fanfaronnades de l’autoritaire président philippin, se vantant d’avoir jeté lui-même un criminel d’un hélicoptère en haute altitude, pour que François-Philippe Champagne, le délicat ministre fédéral du Commerce international, annonce qu’on fera enquête avant d’autoriser cette vente.

On peut donc se réjouir que le président philippin n’ait pas avoué avoir jeté un criminel par la portière d’une voiture en marche puisque dans ce cas, le Canada hésiterait à vendre à des autos, des pièces de rechange et même de l’essence aux Philippines.

Sorte de ‘Trump’ national, le président de ce pays a également déclaré qu’il veut ces hélicoptères pour achever les vendeurs de drogue. Il n’en fallait pas plus pour qu’Ottawa imagine le scénario burlesque selon lequel les Philippines dépenseraient 235 millions$US pour pouvoir précipiter des criminels du haut des airs quand il est si simple et beaucoup moins couteux de rester au sol et de leur tirer une balle dans la tête.

Indépendamment des déclarations outrancières du président Duterte, il n’existe aucune preuve que ces hélicoptères — en eux-mêmes dépourvus d’aptitudes meurtrières — seront utilisés pour violer les droits de la personne aux Philippines.

Mais ces scrupules excessifs, le Canada ne les a pas quand une compagnie ontarienne vend des chars d’assaut pour aider la dictature saoudienne à massacrer pacifiquement les Chiites du pays et à mener ses missions de paix au Yémen.

Depuis le début de cette campagne de dénigrement à l’encontre du contrat québécois, ni le premier ministre Philippe Couillard, ni sa volubile ministre de l’Économie du Québec, n’ont cru bon défendre les intérêts du Québec.

Les Québécois devront se rappeler que la perte d’emploi (ou le défaut d’en créer) à Bell Helicopter Textron est la conséquence d’une décision du gouvernement colonial canadien, toujours empressé de nuire à l’économie du Québec… surtout quant la sale job est effectuée par les traîtres québécois qui lui servent de façade.

Références :
Hélicoptères: les Philippines essaient de rassurer le Canada
La décision cinglée du gouvernement Trudeau
Les Philippines larguent Bell Helicopter de Mirabel
Les scrupules à géométrie variable du fédéral au sujet du Québec
 

Postscriptum : À titre d’information, voici le texte que j’avais soumis cette nuit au courrier des lecteurs du Devoir, texte qui, devenu caduc, ne sera sans doute pas publié demain :

 
Bell Helicopter : le silence d’Anglade et de Couillard

Le 5 février dernier, on annonçait la vente de seize hélicoptères Bell 412EPI aux Philippines. Il s’agit d’un contrat de 233 millions$US conclu en 2015 sous le gouvernement Harper et rendu public ces jours-ci.

Ces appareils seront produits à l’usine québécoise de la Bell Helicopter Textron où travaillent 900 personnes.

Le Bell 412EPI est capable de transporter un maximum de quatorze passagers. Il est utilisé principalement pour des missions de sauvetage, de reconnaissance et du transport de passagers.

Deux jours après l’annonce de cette vente, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il mènera une enquête avant de permettre la vente d’hélicoptères aux Philippines.

Théoriquement, les hélicoptères Bell 412EPI pourraient également servir à transporter des militaires au combat.

Dans les faits, ces appareils ne sont pas équipés de mitraillettes. Dans une embuscade, les passagers de l’appareil ne peuvent tirer que par les portes latérales. N’importe quel combattant ennemi peut donc abattre l’hélicoptère lorsque celui-ci lui fait face ou lui tourne le dos. En somme, ces appareils sont extrêmement vulnérables sur un champ de bataille.

Tout au plus peuvent-ils transporter des militaires près des zones de combat sans s’en approcher.

Conséquemment, il n’y a aucune comparaison entre la vente de blindés — conçus pour tuer — et la vente d’hélicoptères en eux-mêmes totalement dépourvus d’aptitudes meurtrières.

Bref, le Canada ne peut interdire la vente d’hélicoptères québécois et permettre la vente de blindés ontariens sans faire preuve de principes à géométrie variable qui font soupçonner des motifs plus profonds à cette discrimination.

Alors que le contrat des blindés canadiens a été défendu bec et ongles par la première ministre ontarienne, voilà qu’un contrat assurant les emplois de 900 travailleurs québécois est remis en question dans la plus grande indifférence du gouvernement Couillard.

Enlisé à défendre les conséquences de la cure d’austérité qu’il a infligée à notre système de santé, le gouvernement Couillard est demeuré silencieux jusqu’ici au sujet de la vente d’hélicoptères québécois aux Philippines.

Tout comme le gouvernement Charest — enlisé dans la répression brutale de la contestation étudiante qu’il avait provoquée — est demeuré silencieux lorsque, en 2011, le gouvernement fédéral a décidé de délocaliser la construction navale canadienne du chantier maritime de la Davie (au Québec) vers deux provinces anglophones.

Si la Bell Helicopter devait perdre ce contrat, j’espère que ses 900 travailleurs se rappelleront au moment du scrutin que tout cela est le prix du fédéralisme canadien, c’est-à-dire une décision du gouvernement colonial canadien avec la complicité tacite de ses intendants provinciaux.
 

 

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Économie, le prix du fédéralisme | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’absence d’empathie du ministre Gaétan Barrette

7 février 2018

Ces jours-ci, le public québécois découvre l’ampleur du système de type esclavagiste que le ministre de la Santé du Québec a mis en place dans nos établissements de santé pour contraindre nos infirmières à travailler dans n’importe quelles conditions.

Puisque ce sujet est abondamment commenté, le texte qui suit porte sur sujet qui a moins attiré l’attention mais qui, à mon avis, est hautement significatif de l’incapacité du ministre de se mette à la place des autres.

Dans le Grand-Nord québécois, lorsqu’un enfant autochtone tombe à ce point malade qu’il doive d’urgence être transporté par avion à un hôpital situé dans le Sud, le ministre Barrette refuse que l’enfant soit accompagné de sa mère.

Imaginez le contexte. Un enfant blessé ou susceptible de mourir doit quitter le milieu naturel auquel il est habitué et prendre l’avion pour la première fois de sa vie sans la présence rassurante de sa maman.

À l’hôpital, si on s’aperçoit que la condition de l’enfant exige le recours à une procédure qui comporte un certain risque d’échec ou de conséquences graves, qui donnera le consentement éclairé ? Les parents dont l’iglou, le tipi ou la maison n’est peut-être pas raccordé à un système de téléphonie ? Ou qui, parallèlement, ont pris un avion commercial et qui sont donc dans l’impossibilité d’être rejoints en vol ?

À moins qu’on le demande directement à l’enfant.

Mais comment fait-on comprendre à un enfant de cinq ans qu’on doit absolument lui ouvrir le corps pour le sauver, mais qu’il a un risque de mourir de cette procédure chirurgicale ?

Et à la mère qui arrive à l’hôpital trop tard, alors que son enfant a succombé, lui dit-on qu’on est désolé, qu’on a tout fait, mais que ce n’est pas bien grave puisqu’il serait mort de toute façon si on l’avait pas amené… Est-ce de nature à la consoler de ne pas avoir partagé les derniers instants de la vie de son enfant ?

Depuis plus d’un siècle, les peuples autochtones du Canada sont soumis aux politiques génocidaires du gouvernement canadien.

Après les pensionnats autochtones où de nombreux jeunes ont été abusés sexuellement, d’où tous (abusés ou non) revenaient ignorants des tâches nécessaires à leur survie dans la nature sauvage canadienne, comment la séparation d’un enfant peut ne pas susciter les plus vives inquiétudes chez ses parents ?

Pressé par les sociétés canadienne et québécoise de pédiatrie, le ministre Barrette a fait savoir qu’il est en réflexion.

Pour tout observateur doté de la moindre dose d’empathie, il est évident que l’enfant doit être accompagné de sa mère et, si celle-ci ne parle ni français ni anglais, d’une personne capable de lui servir d’interprète.

Mais pour le ministre, cela n’est pas évident et nécessite sa réflexion. Cette réflexion dure depuis trois ans.

Signalons que le Québec est la seule province canadienne où il est strictement interdit aux parents d’accompagner leur enfant lors d’évacuations médicales aériennes d’urgence.

Références :
Aboriginal nutritional experiments had Ottawa’s approval
Les pédiatres pressent Québec de permettre la présence des parents dans les ambulances aériennes
Québec est interpellé au sujet des parents à bord des ambulances aériennes

Parus depuis :
Barrette accusé de nourrir les préjugés anti-autochtones (2018-06-21)
Nunavik: plates excuses (2018-06-26)
Sur la trace des enfants autochtones disparus (2021-05-25)

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise, Racisme | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La remontée du PQ passe par le discours économique

11 décembre 2017

Introduction

Les résultats d’un sondage publiés le 28 octobre dernier révélaient que l’appui au Parti québécois avait diminué en 2017 de 29% en janvier, à 25% en mars, à 22% en juin puis à 19% en octobre dernier.

Ce qui place aujourd’hui le PQ en troisième position dans les intentions de vote, loin derrière la Coalition Avenir Québec (36%) et le Parti libéral du Québec (32%).

Ce qu’il faut en retenir

L’essentiel à retenir de ce sondage, c’est que l’électorat québécois est à droite.

En effet, lorsqu’on additionne les pourcentages respectifs des deux principales formations politiques du Québec, on obtient un total de 68%, en hausse de huit pour cent depuis le début de l’année.

Pour se gagner la faveur des citoyens, le PQ n’a pas à se transformer en parti politique de droite. L’électorat de droite est très bien défendu au Québec : il n’a pas besoin d’un troisième parti.

Toutefois, il est sage que le PQ tienne compte des préoccupations de la majorité des électeurs.

Concrètement, il doit mettre en avant les mesures économiques qu’il propose et promouvoir ses politiques sociales en utilisant une argumentation de nature économique.

À l’exemple des garderies

Toutes les études scientifiques ont démontré les bienfaits économiques du réseau québécois des garderies. Voilà l’exemple typique d’une mesure sociale réalisée par le PQ tout en étant parfaitement justifiée du point de vue économique.

Deux des principaux volets du programme du PQ concernent l’économie et la promotion du français.

La politique industrielle verte vs Plan Nord (PLQ) vs ? (CAQ)

Ce qu’il faut dire aux Québécois, c’est que la politique industrielle verte du PQ — visant, entre autres, à l’électrification des transports — serait un formidable outil de développement économique.

Son cout : moins que la version originelle du Plan Nord (soixante-milliards$). Donc si on a les moyens de l’un, on a les moyens de l’autre.

Évidemment, ce qui serait mis en évidence, c’est le projet de réseau panquébécois de monorail électrique, un projet avantageux pour la vallée du Saint-Laurent et les régions qui en dépendent.

Plus on critiquera (à tort) ce projet, plus on lui fera de la publicité gratuite.

Cela s’opposera au Plan Nord, ce gigantesque projet de gaspillage des fonds publics qui visait à mettre en valeur la toundra québécoise.

Et cela s’opposera au minable train à grande fréquence de VIA Rail, défendu par la CAQ. Quant à la séduisante politique maritime de la CAQ, elle est impossible à réaliser sans l’indépendance du Québec puisqu’elle concerne un domaine fédéral exclusif de compétence constitutionnelle.

La promotion du français

Le PQ doit accepter le peuple francoQuébécois tel qu’il est. Cela signifie qu’il doit défendre le droit au travail des francoQuébécois unilingues.

Selon Statistique Canada, il y avait 3,6 millions de Québécois bilingues en 2016. Donc une bonne partie des francoQuébécois ne le sont pas.

Depuis quatorze ans, le PLQ a transformé ceux-ci en citoyens de deuxième classe alors qu’ils sont chez eux, ici, partout au Québec. Or personne ne les défend.

Quels que soient les avantages indéniables de la connaissance de l’anglais, cette discrimination est totalement inacceptable. Au nom du progrès, le PLQ a légitimé le colonialisme angloCanadien comme aucun gouvernement ne l’avait fait avant lui.

Au-delà des principes, le principal avantage économique de l’unilinguisme (quel qu’il soit) est évident; cela coute moins cher. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’au Canada anglais, il y a tant d’opposants au bilinguisme.

La majorité des néoQuébécois choisissent de s’assimiler à l’anglais. Au contraire, ceux qui choisissent de devenir francoQuébécois peinent à trouver du travail. Le taux de chômage de ces derniers est environ deux fois plus élevé que ceux qui choisissent de s’assimiler à l’anglais. Pourquoi ?

Entre autres, parce qu’on oblige trop d’entre eux à devenir non pas bilingues mais plutôt polyglottes.

Au sujet du travailleur qualifié, la politique linguistique du PQ exige du candidat à l’immigration qu’il connaisse le français avant de mettre les pieds au Québec. Cette politique est tellement plus efficace.

De plus, imposer le français comme unique langue du travail au Québec est plus simple et moins couteux, en dépit des énormes difficultés de sa mise en œuvre. Une fois cela implanté, nos problèmes de main-d’œuvre sont un jeu d’enfant.

Il suffit d’organiser un salon de l’emploi à Paris, Kinshasa, Alger, Rabat, Bruxelles, Tunis, ou Genève, pour que nos entrepreneurs reviennent de l’Étranger avec toutes les candidatures dont ils ont besoin.

Il y a des centaines de millions de Francophones à travers le monde. C’est suffisant pour pourvoir tous les postes vacants du Québec. Mais pour cela, il faut une seule langue de travail au Québec.

Quant aux angloQuébécois, ils devront apprendre à travailler généralement en français dans les entreprises de moyenne ou de grande importance. Comme c’est inversement le cas des Francophones hors Québec qui ont appris à travailler généralement en anglais. Il s’agit-là du sort normal de toutes les minorités à travers le monde.

Au sujet de l’immigration, les politiques des différents partis peuvent de résumer ainsi : plus d’immigrants selon le PLQ, moins d’immigrants selon la CAQ, et des immigrants mieux adaptés au marché du travail (et vice versa) selon le PQ.

Effectivement si on fait passer de 40% à 100% le pourcentage d’immigrants qui choisissent de devenir francoQuébécois, cela est l’équivalent de doubler notre quota d’immigration. Sans couter un sou de plus.

Le faible taux de chômage qui prévaut actuellement au Québec fait en sorte que les politiques linguistiques du PQ concordent parfaitement avec les intérêts économiques du Québec. En somme, les astres s’alignent favorablement pour le PQ.

Le boulet de la Charte de la laïcité

À l’occasion d’une rencontre organisée par le PQ dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve le 3 décembre dernier, quelqu’un de l’assistance s’est demandé publiquement comment on pouvait être péquiste de nos jours, après le désastre (sic) du gouvernement Marois.

Cette intervention m’a beaucoup surpris. Et je me suis demandé comment on pouvait penser ainsi.

Le bilan économique positif du gouvernement Marois est indéniable.

En seulement 18 mois, il a fait épargner aux contribuables trois-milliards$ en mettant la clé dans la centrale nucléaire Gentilly-II.

Et il a rétabli la paix sociale au Québec alors que la répression des protestations étudiantes en était rendue à l’utilisation des armes à mortalité réduite par les forces policières.

Avec, comme résultats, des yeux crevés, des mâchoires fracturées, des dents cassées et des commotions cérébrales. Jusqu’où aurions-nous descendu si Jean Charest avait été réélu ?

Mais il y a eu la Charte de la laïcité et des centaines d’interventions publiques — depuis le retour au pouvoir du PLQ — au cours desquelles on a imputé tous les problèmes actuels du Québec, non pas à 14 ans de régime libéral, mais à 18 mois de régime péquiste. Sans réplique du PQ, comme s’il était d’accord.

Rebâtir sa crédibilité

Au pouvoir, le PQ est un excellent gestionnaire des dépenses publiques. Mais presque personne ne le sait.

Pour qu’on prenne au sérieux ses politiques économiques, le PQ doit rebâtir sa crédibilité. Pour ce faire, il devra perdre du temps d’antenne à corriger des années d’un silence interprété comme approbateur.

Au sujet de Mme Marois, il ne doit jamais rater l’occasion de rappeler deux choses : l’économie de trois-milliards$ aux contribuables et le retour de la paix sociale.

Au sujet des administrations Parizeau-Bouchard-Landry, quatre choses : le retour de l’équilibre budgétaire, une balance commerciale positive, une croissance économique au-dessus de la moyenne canadienne, et par-dessus tout, un revenu disponible par personne au 4e rang canadien (tombé au dernier rang sous les Libéraux).

Bref, contrairement à la CAQ, le PQ est un parti qui a fait ses preuves. Mais pour être en mesure d’utiliser un tel argument, il faut que cela soit évident aux yeux des électeurs. Ce qui n’est pas le cas actuellement.

Conclusion

Le résultat du prochain scrutin se jouera au cours des trois semaines qui précèderont le vote. D’ici là, la faible popularité du PQ n’a pas d’importance.

D’ici au scrutin, le PQ devrait passer en revue les principaux éléments de son programme politique et étayer chacun d’eux avec des arguments économiques simples mais indiscutables.

Ces arguments, il les martèlera devant tous les milieux d’affaires du Québec afin de saper la base électorale de la CAQ et du PLQ. L’important n’est pas d’en faire des indépendantistes mais de leur faire réaliser que les politiques économiques du PQ sont les plus efficaces et correspondent aux intérêts de leurs entreprises.

J’ai toujours dit que le PQ avait tort de laisser croire aux Québécois qu’ils pouvaient avoir tous les avantages de l’indépendance sans avoir besoin de la faire.

Eh bien, cela tombe bien au sujet de la charte. Controversée dans l’ensemble de la population, elle est très populaire parmi les membres du PQ.

Ce que le PQ doit dire publiquement, c’est qu’il est déterminé à la mettre en application mais que cela n’est possible qu’après l’indépendance du Québec puisque contraire au droit canadien.

Pour préparer la défense de ses politiques économiques et sociales, le PQ ne devra rater aucune occasion d’établir sa crédibilité auprès de l’opinion publique.

Quant à son slogan (Un plan solide. Zéro slogan), je suggère plutôt celui-ci : Pas de baisse d’impôt (mais plus pour votre argent).

Si les dirigeants péquistes préfèrent ce dernier, je leur suggère de l’adopter vite avant qu’un autre parti indépendantiste ne le fasse…

Références :
La CAQ en avance dans un sondage sur les intentions de vote
La Charte de la laïcité : un mauvais départ
La vision dépassée de François Legault
Le marketing improvisé du Plan nord
Le monorail électrique entre Montréal et Québec
Recensement 2016: le Canada plus bilingue, le Québec plus anglophone
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La vision dépassée de François Legault

8 décembre 2017

Introduction

À l’occasion d’une entrevue accordée à la chaine anglaise de Radio-Canada, le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ) a déclaré au sujet de l’immigration au Québec :

I think we’ve put too much emphasis into knowing French. That’s why at the CAQ, we say we should give three years to pass a French test.

The first and maybe only criteria must be qualification, and answering the needs of the working market.

Traduction libre :

Je crois qu’on accorde trop d’importance à la connaissance du français. Voilà pourquoi la CAQ propose que les immigrants disposent de trois années pour réussir un examen de français.

Le premier (et peut-être le seul) critère devrait être la compétence, de même que l’aptitude à répondre aux besoins du marché du travail.

La majorité des néoQuébécois échouent à apprendre le français ou n’en font pas l’effort. Que ferait la CAQ après trois ans ? Expulser ceux qui ont commencé à prendre racine au pays ? Veut-elle vraiment expulser plus de 20 000 néoQuébécois par année, soit environ 400 par semaine ? Se peut-il que les policiers du CAQuistan aient mieux à faire ?

Évidemment, on peut présumer que la menace d’expulsion suffira à motiver les immigrants à apprendre le français. Sait-on quel est le pourcentage prévu d’échec de cette politique ?

La solution péquiste est simple : on ne met pas les pieds au Québec sans connaissance préalable du français.

C’est simple, économique et 100% efficace. Et on évite les sanglots de néoQuébécois expulsés devant les caméras du monde entier.

Rappel historique

Reportons-nous à l’époque encore récente où le gouvernement minoritaire de Mme Marois voulait renforcer la Loi 101. Face à l’opposition systématique du parti libéral, la CAQ disposait alors de la balance du pouvoir.

Or la CAQ exigea une série d’assouplissements et d’exemptions destinées au contraire à affaiblir la Loi 101. Son influence parlementaire se résuma à bloquer le PQ.

La tiédeur de la CAQ peut se résumer, dans la bouche de François Legault, par cette question devenue son leitmotiv : « Oui mais ça va couter combien ? »

Cela en dit long sur l’ardeur de la CAQ à défendre le français. On n’est donc pas surpris d’apprendre la teneur de l’entrevue qu’il vient d’accorder.

Diminuer l’immigration

Une des mesures-phares de la CAQ, c’est la diminution de vingt pour cent des quotas d’immigration. Il s’agit d’une mesure populaire chez nous comme dans de nombreux pays.

Malheureusement, cette mesure est nuisible à l’économie du Québec en raison des difficultés actuelles qu’éprouve le patronat à recruter le personnel dont il a besoin.

Le taux de chômage au Québec atteint des creux historiques. Cette situation s’explique principalement par le vieillissement de la population; les babyboumeurs quittent le marché du travail et exigent de manière croissante des soins et des services.

Inévitablement, arrivée au pouvoir, la CAQ fera exactement le contraire sous la pression des chambres de commerce, des clubs Kiwanis, des Chevaliers de Colomb, et de tous ces petits milieux d’affaires dont elle est très proche.

Qu’elle maintienne les quotas actuels (environ 50 000 immigrants par année) ou qu’elle les diminue à 40 000, tout assouplissement des exigences linguistiques provoquera une augmentation de l’anglicisation de Montréal. Une anglicisation déjà très préoccupante.

Le taux de chômage chez les néoQuébécois

Le refus de reconnaitre l’expérience acquise à l’Étranger et les exigences linguistiques sont deux obstacles majeurs à l’intégration des néoQuébécois.

Pour prendre l’exemple des personnes originaires du nord de l’Afrique et plus particulièrement des pays du Maghreb, leur langue maternelle est souvent le bergère ou l’arabe. En plus, ils connaissent le français comme langue seconde ou tierce. Arrivé au Québec, on exige qu’ils parlent également une troisième ou une quatrième langue, soit l’anglais. C’est beaucoup.

La véritable solution, c’est de revenir à l’essence de la Loi 101, le contraire de ce prêche la CAQ.

La Loi 101 et la langue de travail

Les Francophones unilingues sont victimes de discrimination croissante à l’embauche, au fur et à mesure que le bilinguisme se généralise, notamment à Montréal.

Quels que soient les avantages indéniables de la connaissance de l’anglais, cette discrimination est inacceptable. Ces Francophones unilingues sont chez eux au Québec. Comme les Anglophones unilingues sont chez eux au Canada.

La Loi 101 prescrit que la langue de travail au Québec soit le français. Comme en Allemagne, c’est l’allemand. L’italien en Italie. Et ainsi de suite.

Toutefois, dans une économie tournée vers l’exportation comme la nôtre, il est normal que le service à la clientèle de nombreuses entreprises comprenne suffisamment d’employés parlant anglais pour servir adéquatement les locuteurs anglophones.

Mais entre eux, les employés doivent généralement parler français. Je dis ‘généralement’ parce qu’on ne punira pas deux Anglophones d’avoir parlé anglais entre eux. Sauf cette exception, c’est en français que cela doit se passer. C’est ce que prescrit la Loi 101.

Ce n’est pas ce qui arrive.

Beaucoup d’employeurs trouvent commode d’obliger tout le personnel à être bilingue; c’est ce que révèlent les dernières donnés de Statistique Canada.

Mais cette solution de facilité nuit à l’intégration des néoQuébécois en plus d’aggraver les difficultés de recrutement des entreprises.

Il y a des centaines de millions de Francophones à travers le monde. C’est suffisant pour pourvoir tous les postes vacants du Québec. Mais pour cela, il faut une seule langue de travail.

Diminuer les quotas d’immigration tout en diminuant nos exigences linguistiques pour satisfaire ‘la demande’, c’est un autre exemple de politiques anciennes et dépassées de la CAQ.

Ce sont à la fois des entraves au développement économique du Québec et une mesure qui accentue le déclin démographique du peuple francoQuébécois.

Postscriptum : une anecdote

En prenant le taxi en 2013 dans la capitale cubaine, le chauffeur a remarqué mon accent.

Détentrice d’un certificat en français décerné par l’Alliance française de La Havane, son épouse infirmière avait voulu immigrer au Québec.

Mais à l’ambassade canadienne, on l’a découragée de faire application sous le prétexte qu’elle ne parlait pas anglais.

Il y a des régions du Québec où presque personne ne parle anglais. On aurait été heureux d’accueillir cette infirmière.

En dépit du fait que le fédéral a délégué au Québec le pouvoir de sélectionner les travailleurs qualifiés, il y a des candidatures dont le Québec n’entend jamais parler parce que certaines ambassades ‘filtrent’ les demandeurs.

Voilà ce qui explique peut-être pourquoi tant d’immigrants qualifiés arrivés au Québec ne connaissent que l’anglais.

Références :
François Legault on boosting the birth rate, curbing immigration and ‘bonjour/hi’
La francisation des immigrants au Québec est un échec, selon la vérificatrice générale
L’anglais mieux que le français pour les immigrants
La rondelle ne roule pas pour le français dans la LHJMQ
L’exigence de l’anglais frustre des immigrants francophones
Recensement 2016: le Canada plus bilingue, le Québec plus anglophone

Parus depuis :
La maîtrise du français, nouvel enjeu de management (2021-10-25)
Immigration Canada recrute des agents uniquement anglophones au Québec (2021-11-04)
Ottawa contre l’exigence du français pour la recevoir la citoyenneté au Québec (2022-09-28)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’anglicisation du Québec, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Anglicisation du Québec, Économie, Immigration, Politique québécoise | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La Davie et le petit pain fédéraliste

7 décembre 2017
Le Petit pain de Gérard Sénécal (1940)

Avant-propos

Au début des années 1990, le québécois Marcel Masse est ministre de la Défense au sein du gouvernement conservateur de Brian Mulroney.

À cette époque, seulement 19% des dépenses de la Défense nationale étaient effectuées au Québec (à comparer avec 40% en Ontario).

L’intention du ministre d’augmenter la part du Québec s’est heurtée à l’opposition du critique libéral. Ce dernier soutenait que cela était imprudent; dans l’éventualité de l’indépendance du Québec, le Canada perdrait alors tout ce qu’il y aurait investi.

Ce à quoi le ministre Masse avait répondu que pour l’instant, les Québécois paient des taxes à Ottawa. Si on leur fait payer le prix de l’indépendance même s’ils ne la font pas, ils sont tout aussi bien de la faire.

Introduction

Le 19 octobre 2011, le gouvernement fédéral de Steven Harper accordait une série de contrats de construction navale totalisant 36 milliards$. Avec les dépassements de couts, ces contrats approcheront les 60 milliards$.

À cette occasion, le chantier Irving de Nouvelle-Écosse obtenait deux contrats pour construire six navires de patrouille et quinze navires de combat, ce qui garantissait du travail à ses 1 800 employés jusqu’en 2040.

Le chantier Seaspan de Colombie-Britannique se voyait confier la tâche de construire six navires pour la Garde côtière et la Marine royale canadienne.

Pas un centime n’a été donné à la Davie, située au Québec. Grâce à l’adoption d’une série de critères discriminatoires, ce contrat permettait de délocaliser la construction maritime canadienne à l’extérieur du Québec et de conserver l’expertise acquise par les chantiers maritimes situés hors du Québec dans l’éventualité de l’indépendance de celui-ci.

Encore de nos jours, la Marine canadienne refuse d’accorder de menus contrats au Québec sous le prétexte que le Québec ‘ne fait pas partie de la stratégie maritime du Canada’. Ce jargon technocratique signifie ‘nous ne voulons pas donner de contrat au Québec’.

Précisons que le chantier de la Davie est le plus important constructeur naval du Canada. C’est aussi le plus compétent : le 18 février 2015, il a remporté le prix du chantier naval nord-américain de l’année lors de la cérémonie de la Lloyd’s List North American Maritime Awards 2015.

La ‘juste part’ du Québec

Depuis quelques jours, le gouvernement Couillard estime que le Québec devrait recevoir le quart des sommes dépensées dans le cadre de la stratégie maritime fédérale.

En réalité, dans le cas particulier des contrats de construction navale, cette part est plutôt de l’ordre de 60%.

L’Alberta et la Saskatchewan n’ont pas accès à la mer. D’autres provinces n’ont pas de chantier de construction navale.

Bref, seuls le Québec (population de 8,1 millions), la Nouvelle-Écosse (0,9 million) et la Colombie britannique (4,7 millions) peuvent obtenir des contrats. De ces trois provinces, le Québec représente 60% de la population.

Donc la ‘juste part’ du Québec est de 60% et non du quart. Mais le gouvernement Couillard semble estimer que le Québec ne doit pas présenter des demandes déraisonnables aux yeux du Canada anglais; il est préférable de se contenter de peu.

La passivité du gouvernement libéral

C’est en 2011 que le gouvernement Harper a accordé les contrats en question.

La décision fédérale a été rendue publique le 19 octobre 2011. Cette date est comprise entre un dépôt du budget du Québec qui haussait substantiellement les frais de scolarité (en mars 2011) et le déclenchement du Printemps érable (le 13 février 2012).

À l’époque de l’annonce fédérale, ‘payer sa juste part’ était une expression utilisée couramment pour justifier l’appauvrissement des étudiants universitaires. Mais pas pour défendre l’économie du Québec.

Maintenant, la mise à pied des 800 travailleurs de la Davie est prévue d’ici un mois. Cette fin abrupte n’est que la conséquence de l’absence de contrats fédéraux. Une absence connue depuis des années.

Que faisaient les responsables libéraux du développement économique du Québec alors que le revenu disponible par personne au Québec passait du 4e rang canadien quand M. Charest a pris le pouvoir en 2003 et glissait lentement pour atteindre cette année le plancher, soit le 10e rang, sous Couillard ? À quoi s’affairait-on ?

La leçon

Les partis indépendantistes — le Parti québécois et Québec Solidaire — doivent transformer les 800 futurs chômeurs de la Davie en 800 indépendantistes.

Ils doivent leur dire que si la Davie ne reçoit pas de contrat du fédéral, c’est que le Québec est la colonie interne du Canada.

En effet, contrairement aux autres pays qui ont leurs colonies sous les tropiques, le Canada a les siennes encastrées dans son territoire; ce sont une multitude de réserves indiennes régies par un apartheid juridique qui vise à leur lente extermination, et le Québec. Le Québec dont on soutire 50 milliards$ de taxes et d’impôt en contrepartie de 9 à 12 milliards$ de péréquation s’il se tient tranquille.

Ces deux formations politiques doivent dire aux Québécois qu’avec l’indépendance, le Québec obtient :
• une zone côtière dans la Baie et le Détroit d’Hudson (limitée à la rive actuellement),
• le contrôle de ses ports (d’où la possibilité d’adopter une véritable stratégie maritime, impossible actuellement), et
• les moyens financiers de soutenir son seul chantier naval en se dotant d’une marine nationale, comme il devra le faire en raison de sa géographie.

Conclusion

La mise à pied de 800 des nôtres est un drame humain qui doit servir de leçon.

N’y voir qu’un cas particulier, c’est favoriser notre amnésie collective et notre passivité devant le colonialisme économique du Canada.

Pour les travailleurs de la Davie, le prix du fédéralisme, c’est le chômage. Par contre, l’indépendance du Québec représente pour eux des emplois à perpétuité.

Références :
Chantier Davie, l’unique mégachantier naval au Canada
Davie, le meilleur chantier naval nord-américain ignoré par les conservateurs
Des employés de Davie à Ottawa pour obtenir des réponses
Halifax, B.C. yards win shipbuilding work

Parus depuis :
Sale job de la GRC (2019-05-22)
Construction navale : Ottawa corrige le tir pour ne pas favoriser Davie (2019-08-26)
Stratégie navale : un premier contrat officiel, mais modeste, pour Chantier Davie (2024-03-26)

Pour consulter les textes de ce blogue consacrés au prix à payer pour l’appartenance au Canada, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Économie, le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le monorail électrique entre Montréal et Québec

4 décembre 2017
Au XVIIe congrès du PQ

Introduction

Au congrès de septembre dernier, les délégués du Parti Québécois se sont prononcés en faveur d’une politique industrielle verte visant, entre autres, à l’électrification des transports.

Et parmi les mesures détaillées, le PQ se prononçait en faveur d’un train ou monorail électrique interurbain menant, à terme, à la création d’un réseau panquébécois.

En dépit de l’ambition de cette décision — ou à cause d’elle — les médias n’en ont pas parlé. Comme s’il s’agissait d’une mesure farfelue, digne d’un roman de science-fiction.

Mais deux mois plus tard, la nouvelle mairesse de Montréal était élue après s’être engagée à promouvoir une nouvelle ligne de métro vers le nord-est de la métropole.

Du jour au lendemain, la promesse de l’amélioration du transport en commun est devenue un moyen de séduire l’électorat.

Le bluff de M. Couillard

Le programme politique du Parti libéral du Québec (PLQ) date de 2012. Pour l’instant, il ne contient aucun engagement au sujet de l’électrification des transports.

Trois semaines après l’élection de Valérie Plante, le PLQ tenait son congrès.

À cette occasion, le premier ministre s’est prononcé en faveur d’une liaison rapide entre Montréal et Québec qui entrerait en vigueur en 2026.

Pendant des années, M. Couillard a butiné les idées dans le programme politique de la Coalition Avenir Québec (CAQ) : on doit donc le féliciter de s’inspirer maintenant des bonnes idées du PQ.

À ses yeux, la nécessité d’un mode de transport rapide et moderne disqualifie le projet de train à grande fréquence (et non à grande vitesse) de VIA Rail, qualifié de projet d’un autre siècle.

Depuis ce temps, à l’Assemblée générale, le ministre des Transports répète à qui veut l’entendre que rien n’est décidé et qu’il s’agit simplement d’un appel aux idées lancé par le premier ministre auprès des Québécois.

L’inquiétude de la CAQ

Depuis longtemps, la compagnie ferroviaire VIA Rail a abandonné tout projet de TGV entre Montréal et Québec.

Mais elle a ce projet de train à grande fréquence de Toronto vers Montréal ou Québec.

Depuis une semaine, la Coalition Avenir Québec (CAQ) accuse le premier ministre de compromettre le projet de VIA Rail en soutenant un projet concurrent.

Selon cette formation politique, le bluff du premier ministre est de nature à faire avorter un projet sur le point d’aboutir, un projet comportant des milliards$ de retombées économiques pour le Québec.

Au contraire de ce qu’insinue la CAQ, le projet de VIA Rail stagne depuis des années. Le fédéral hésite à l’appuyer parce qu’il est conscient que ce projet couteux ne répond pas aux besoins actuels des Canadiens.

Augmenter la fréquence d’un train dont la lenteur demeure la même ne fait que disperser la même clientèle dans un plus grand nombre de trains. Cela diminue donc la rentabilité du transport ferroviaire de passagers.

En somme, la CAQ défend ce qui serait un gaspillage des fonds publics.

Pourquoi un monorail ?

Cliquez sur l’image pour démarrer

Autres considérations

Le rétablissement de la balance commerciale


Déficit commercial du Québec, de 1981 à 2012, en milliards de dollars
Balance_commerciale_30_ans

 
Le Québec doit rétablir sa balance commerciale. Celle-ci est devenue très déficitaire depuis Jean Charest (alors qu’elle était excédentaire sous le PQ).

Or l’achat d’hydrocarbures compte pour environ le tiers de cette saignée.

Le domaine de compétence constitutionnelle

Ce train ou ce monorail doit être de compétence provinciale. Parce qu’il doit être soumis aux lois du Québec (dont la loi de protection des consommateurs).

Si Montréal n’est qu’un arrêt dans une liaison Toronto-Québec, cette liaison (dont le tronçon québécois) devient de compétence fédérale.

Or si cela tombe sous son autorité, le fédéral pourra bloquer cet outil québécois de développement économique en se trainant les pieds comme il le fait pour le projet de train à grande fréquence de VIA Rail.

Regardez les cas de Bombardier et du chantier maritime de la Davie : dépendre du fédéral porte malheur lorsqu’il s’agit de savoir-faire québécois.

Il faut donc un système coordonné, mais pas intégré. En d’autres mots, il faut que les passagers aient à quitter le wagon de la liaison Québec-Montréal, à marcher, et à prendre le wagon Montréal-Toronto. Comme les passagers le font en changeant de ligne dans le métro de Montréal.

Le développement industriel

Le projet de liaison entre Montréal et Québec doit être un simple volet au sein d’un ambitieux projet de développement industriel. Voilà ce que dit le programme du PQ.

Il s’agit de créer une nouvelle grappe industrielle sur laquelle se grefferont toutes les technologies connexes, de la fabrication des matériaux composites à la conception, à la fabrication, et à l’assemblage des pièces. L’État ne doit pas développer tout cela, mais inviter des entreprises de haute technologie à se joindre à nous.

Au cœur de cette grappe industrielle se trouvera le développement d’une technologie (le moteur-roue) dont le Québec aura la propriété intellectuelle et qui servira à obliger les compagnies à s’installer au Québec si elles veulent en profiter.

La liaison Montréal-Quebec ne sera qu’une étape vers la création d’un réseau de transport rapide panquébécois. Celui-ci deviendra la vitrine de notre expertise technologique. Une technologie exportable en vue de la création d’autres réseaux de monorails à grande vitesse à travers le monde.

Quant au risque d’échouer, c’est une crainte que nous n’avions pas lorsque le Québec s’est lancé dans la construction de barrages hydroélectriques. Nos ingénieurs ont créé la technologie nécessaire.

Autant le Plan Nord était stupide, autant la création d’un réseau de transport panquébécois 100% électrique basée sur une technologie dont le Québec aura la propriété intellectuelle est un projet qui pourrait contribuer à inverser le déclin de l’économie québécoise depuis l’arrivée au pouvoir des Libéraux.

L’occupation du territoire

Au XIXe siècle, le train du Nord, soutenu par le curé Labelle, a favorisé le peuplement des Laurentides.

Des dizaines de municipalités ont vu le jour, grâce à ce train.

Une liaison rapide entre Montréal et Québec transforme la ville de Québec en banlieue de Montréal et la métropole en banlieue de Québec.

Ce qui signifie que tout transfert urgent de document (contrats à être signé) ou d’objets concrets légers (prototypes industriels), peut être assuré. Ce qui favorise l’efficacité de l’économie québécoise.

Cela signifie également que la ‘Grande séduction’ des petites agglomérations (jugées à tort comme ennuyeuses) sera facilitée auprès des travailleurs qualifiés quand celles-ci se rapprocheront au point de n’être plus qu’à quelques heures des grands centres culturels du Québec.

Références :
Le déclin de l’économie québécoise
L’électrification du transport collectif : un pas vers l’indépendance énergétique du Québec
Pour le Québec : Programme électoral du Parti libéral du Québec
TransQuébec : Couts de construction
Un train à grande fréquence vers Québec? Peut-être, mais c’est moins attrayant, dit le président de Via Rail (VIDÉO)

Paru depuis :
Liaison Québec-Montréal: Philippe Couillard revient sur ses positions (2017-12-14)

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Économie, Politique québécoise | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Autodétermination et balkanisation du territoire

21 septembre 2017

Cet après-midi à l’Assemblée nationale, Philippe Couillard a déclaré que le droit des peuples à l’autodétermination avait comme conséquence que si le Québec pouvait faire sécession du Canada, les peuples autochtones du Québec pouvaient également faire sécession d’un Québec indépendant, amputant le territoire québécois d’une superficie de 650 000 km².

S’il suffit d’être un peuple pour avoir droit à l’indépendance, on se demande bien pourquoi les peuples autochtones ne font pas sécession du Canada dès maintenant plutôt que de continuer à subir ses politiques génocidaires.

De plus, en suivant la logique de Philippe Couillard, le peuple francoQuébécois a-t-il le droit de tenir un référendum auquel ne participeraient que ceux qui appartiennent à ce peuple, à l’exclusion donc du peuple angloQuébécois et des peuples autochtones puisque l’indépendance du Québec ne les concerne pas ?

Dans sa rubrique consacrée au droit à l’autodétermination des peuples, Wikipédia écrit :

« D’un point de vue juridique, plusieurs principes encadrent la mise en œuvre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le premier est l’Uti possidetis (principe de l’intégrité territoriale et de l’intangibilité des frontières), depuis longtemps consacré par le droit international.

…le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne peut être interprété comme autorisant ou encourageant une action, quelle qu’elle soit, qui démembrerait ou menacerait, totalement ou partiellement l’intégrité territoriale ou l’unité politique de tout État (qui deviendrait) souverain et indépendant.»

En somme, l’exercice du droit à l’autodétermination du Québec n’est pas une occasion de remettre en question l’intangibilité de ses frontières.

Les frontières du Québec ont été établies par une décision du Conseil privée de Londres en 1927.

Même si certains Québécois regrettent encore que le Labrador ait été attribué à la colonie de Terre-Neuve (devenue province canadienne en 1949), l’avantage de cette décision, c’est qu’elle fixe une fois pour toutes, et ce de manière précise, les frontières du territoire québécois.

Or aucun document juridique ne fixe les frontières de chacun des peuples autochtones du Québec ni le territoire du peuple angloQuébécois.

Au colloque organisé le 26 aout dernier par Option nationale, le constitutionnaliste André Binette confirmait que l’accession du Québec à l’indépendance ne serait pas le prétexte à un redécoupage de ses frontières, les angloQuébécois quittant le navire à l’ouest tandis que les Acadiens le rejoignant, s’ils le désirent, à l’est.

En dépit du principe non équivoque de l’autodétermination des peuples, ce qui fera l’indépendance, c’est la nation québécoise toute entière et rien d’autre.

Techniquement, la seule modification aux frontières du Québec, c’est l’ajout d’une zone maritime dans la baie d’Hudson.

Actuellement, la frontière du Québec est limitée à la rive (qui change selon les marées). Indépendant, le Québec gagnerait une zone maritime, conformément au droit international.

De plus, le Québec obtiendrait tous ses ports. Juridiquement, ceux-ci sont présentenent des territoires fédéraux, ce qui empêche le Québec de se doter d’une véritable stratégie maritime.

Il y a un prix à payer pour appartenir au Canada. Et dans le cas du Québec, le cout territorial, c’est l’amputation partielle de son territoire.

Donc, contrairement à ce que dit Philippe Couillard, le territoire québécois s’agrandira s’il accède à l’indépendance.

Références :
Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
Frontières du Québec
Référendum catalan: Couillard appelle les partis indépendantistes québécois à la prudence


Pour consulter les textes de ce blogue consacrés au prix à payer pour l’appartenance au Canada, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), le prix du fédéralisme, Politique québécoise | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Culture : la parade du ministre Fortin

19 septembre 2017

Introduction

Lorsque vous achetez un bien sur l’internet, peu importe le pays où se trouve le vendeur, c’est au moment où vous acceptez son offre — en cliquant sur un bouton à l’écran de votre ordinateur — que la transaction s’effectue. En d’autres mots, cette vente est conclue au Canada.

Depuis des années, les entreprises qui vendent des produits culturels sur des supports physiques (CD, DVD) se plaignent qu’ils subissent la concurrence déloyale de ceux qui vendent les mêmes produits dans leur version dématérialisée (iTunes, Netflix, etc.)

Plus criante encore est l’injustice à l’égard des vendeurs canadiens (comme Club Illico et Tou.tv) qui offrent eux aussi la version dématérialisée et doivent facturer la taxe de vente, contrairement à leurs concurrents internationaux.

Depuis juillet dernier, l’Australie taxe les services en ligne.

La lettre du ministre Fortin

Samedi dernier, dans une lettre publiée dans Le Devoir, le ministre québécois de la Culture et des Communications pressait le gouvernement fédéral d’imposer une telle taxe.

Le Québec a le droit constitutionnel de taxer à sa guise les biens et services vendus à ses citoyens même lorsque le Fédéral ne le fait pas.

De plus, selon la Canadian Constitution, la culture est un domaine de compétence constitutionnelle exclusif des gouvernements provinciaux. Voilà pourquoi le gouvernement fédéral n’a pas, officiellement, de ministère de la Culture.

Toutefois, par son pouvoir de dépenser, le gouvernement fédéral fait indirectement ce qu’il ne peut pas faire directement.

La ministre du Patrimoine canadien, Mme Mélanie Joly

Par le biais d’organismes fédéraux comme Radio-Canada, l’Office national du film, Téléfilm Canada et le Conseil des Arts du Canada, le gouvernement canadien exerce une influence considérable sur la création culturelle au pays. Ces organismes relèvent du ministère du ‘Patrimoine’ canadien (sic).

Moins le fédéral taxe la culture, moins il a les moyens d’envahir ce domaine de compétence provinciale.

Il est donc étonnant de voir le ministre québécois de la Culture supplier le fédéral de taxer ces produits culturels alors que la décision fédérale ne le regarde pas et ne l’empêche pas d’agir.

Ce que le ministre feint d’ignorer, c’est qu’il s’agit pour lui d’une occasion extraordinaire puisque si le fédéral refuse de taxer la vente de certains biens ou services, Québec peut taxer le double de sa propre taxe et empocher légalement la part fédérale et la sienne (c’est-à-dire la TPS + la TVQ).

Détourner l’attention

Étranger au milieu culturel, le ministre Fortin est néanmoins un des plus brillants ministres du gouvernement Couillard (ou un des ‘moins pires’, selon le point de vue).

Avocat et détenteur d’une maitrise en science politique, le ministre Fortin sait parfaitement que son gouvernement a les pleins pouvoirs pour agir seul.

S’il fait siennes les préoccupations du milieu culturel et vient pleurnicher publiquement contre le fédéral, c’est pour masquer le fait qu’il a les pieds et les mains liés par un Conseil des ministres pleutre, tétanisé face à la moindre difficulté, et incapable de s’imposer pour défendre ses droits et ses prérogatives.

Seulement auprès des abonnés québécois de Netflix, la taxe de vente québécoise rapporterait douze-millions$ annuellement, selon une étude de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques.

En la doublant afin de combler le vide fédéral, c’est une vingtaine de million$ que Québec pourrait empocher annuellement tout en corrigeant l’injustice faite à ces propres entreprises. Et ce, seulement pour Netflix.

Voilà des sommes qui pourraient aider à stimuler la création artistique québécoise.

Mais il ne le peut pas. Ses collègues réclament sans doute plus d’études, plus de comités, plus de consultations, etc.

Inconfortable au milieu de cette bande d’abrutis, le ministre essaie de détourner l’attention du public en laissant croire que le gouvernement fédéral est responsable de son impuissance alors que le véritable problème est la médiocrité de son gouvernement.

Ce qu’on doit réaliser, c’est que ce type de service en ligne, c’est l’avenir.

Si l’ALÉNA est modifié de manière à couvrir les produits culturels, il sera trop tard pour imposer une nouvelle taxe qui portera atteinte à la profitabilité des entreprises internationales visées par une ‘taxe Netflix’.

Le gouvernement Couillard ne soupçonne pas qu’un des enjeux secrets de la renégociation de l’ALÉNA, c’est de verrouiller l’avantage économique des distributeurs américains de contenu culturel afin d’assurer l’hégémonie de la culture américaine.

L’intérêt de la nation, c’est qu’il se grouille le derrière pendant qu’il en est encore temps.

Mais ce médiocre petit gouvernement provincial, est-il capable de voir plus loin que le bout de son nez ?

Références :
Le commerce électronique : l’Australie s’adapte à la nouvelle réalité
Les défis d’une «taxe Netflix»

Paru depuis :
Québec envisage de taxer Netflix seul (2017-09-22)
Lexique fiscal de la culture numérique (2017-09-23)
Politique culturelle canadienne: abdication ou équité? (2017-09-23)
Publicités sur Facebook et Google: le Canada privé de plus de 700 millions (2018-01-16)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 75mm F/1,8 — 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 6400 — 75 mm

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Informatique, Politique canadienne, Politique québécoise | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La sainte citation

16 septembre 2017

Dans son éditorial intitulé La sainte prédominance, Michel David termine en déclarant qu’un délégué au récent congrès du Parti québécois se serait opposé à ce qu’un gouvernement péquiste soit trop bon puisque cela rendrait confortable notre soumission à l’ordre canadien et conséquemment, enlèverait des raisons de faire l’indépendance.

Il m’arrive d’être un peu nono, mais pas à ce point-là…

Dans le contexte de la discussion au sujet du premier paragraphe de la résolution 412 (au sujet d’Énergie Est), j’ai effectivement déclaré : « Je suis contre le fait que le PQ fasse croire qu’on peut avoir tous les avantages de l’indépendance sans avoir besoin de la faire.»

Que dit cette résolution ?

Utiliser tous les leviers légaux, règlementaires, judiciaires et politiques pour freiner le projet Énergie Est et tout autre projet de transport de pétrole produit ou raffiné hors Québec à des fins exclusives d’exportation par oléoduc, par navire ou par rail.

Tel qu’il a été adopté, ce paragraphe est un bluff qui laisse croire que le Québec aurait le moyen d’empêcher ou de nuire à la construction de ce pipeline.

Actuellement, le transport de pétrole au Québec — que ce soit par train, par pipeline ou par pétrolier — est un domaine de compétence constitutionnelle exclusif du gouvernement fédéral.

Si Trans-Canada décide d’aller de l’avant avec son projet, seule l’indépendance pourrait empêcher la construction d’Énergie Est.

À preuve : si le Québec était déjà indépendant, Trans-Canada exporterait son pétrole par la Baie d’Hudson.

Énergie Est constitue donc un argument en or pour convaincre ses opposants à devenir indépendantistes s’ils ne le sont pas déjà.

À mon avis, le PQ se tire dans le pied en faisant croire que nous pouvons avoir, dans ce cas, tous les avantages de l’indépendance sans avoir à la faire.

Voilà très précisément le sens de mon intervention au congrès.

Ceci étant dit, l’article 6.4.1 du programme du PQ avoue, à juste titre, que « c’est Ottawa qui décide et le Québec n’a essentiellement rien à dire». À l’opposé, la résolution 412 à laquelle je me suis opposé — et l’article 6.4 du programme qu’elle remplace — constituent un bluff au sujet de pouvoirs que le Québec n’a pas.

J’inviterais donc le Conseil exécutif national du PQ à corriger la contradiction entre le bluff de l’article 6.4 et l’aveu d’impuissance de l’article 6.4.1 du programme.

De plus, à défaut de pouvoir empêcher la construction d’Énergie Est, le PQ peut au moins s’engager à éviter de favoriser la construction de ce pipeline.

Or pour éviter de favoriser sa construction, il suffit d’abroger l’infâme loi 106 du gouvernement Couillard qui accorde le droit d’expropriation aux pétrolières. Un engagement qui n’apparait nulle part dans le programme du parti.

Le Conseil exécutif pourrait en profiter pour corriger cette lacune.

Références :
Le gouvernement Couillard accorde le droit d’expropriation aux pétrolières
Projet de loi 106 : le ministre Arcand doit démissionner

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le financement public des écoles privées au Québec

15 septembre 2017

Idéologiquement, le Journal de Montréal est un fourretout où se côtoient des chroniqueurs dont les orientations sont diverses et parfois contradictoires.

Mon préféré est un brillant intellectuel nommé Simon-Pierre Savard-Tremblay.

Son opinion au sujet du financement des écoles privées rejoint la mienne.

Plutôt que de tenter de dire la même chose que lui en mes propres mots, je préfère vous guider vers son texte, puisque je n’ai rien à ajouter.

Il suffit de cliquer sur l’image ci-dessous.
 

Photo : © — Jean-François Desgagnés/Journal de Québec/Agence QMI

Laissez un commentaire »

| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel