Le mépris

15 avril 2024


 
Le député libéral René Arsenault est acadien. En 1992, à l’époque où il était fraichement diplômé en droit, son ordre professionnel lui avait refusé le pouvoir d’exercer sa profession parce qu’il ne voulait pas prêter allégeance à la couronne britannique.

Après une bataille qui a duré plusieurs mois, il a finalement pu exercer sa profession sans prêter ce serment.

On doit savoir qu’entre 1755 et 1763, l’armée coloniale anglaise a confisqué les terres et incendié les fermes de douze-mille des dix-huit-mille Francophones d’Acadie parce qu’ils refusaient de prêter allégeance à la couronne britannique.

Ceux-ci furent déportés manu militari en prenant soin d’envoyer séparément les membres d’une même famille dans différentes colonies anglaises.

Pour les Acadiens, prêter serment au roi d’Angleterre est une humiliation et un rappel de leur douloureux passé.

Voilà pourquoi, à la suite de l’abolition au parlement québécois du serment d’allégeance à la monarchie britannique, le député René Arsenault a eu l’idée de présenter un projet de loi semblable à Ottawa.

Le Canada étant ce qu’il est, son projet de loi a été rejeté par une écrasante majorité.

À l’issue du vote, pour ajouter à la déconvenue du député acadien, une bonne partie des députés de la Chambre des communes ont spontanément entonné l’hymne national britannique ‘God save the King’.

À l’instar des défilés orangistes traversant les quartiers catholiques de Belfast. Pour les narguer.

Dans un pays où on retire des bibliothèques le livre ‘N… blancs d’Amérique’ parce que son titre heurte la sensibilité d’une poignée de personnes, on n’hésite pas à soumettre les députés francophones de tout le pays à l’humiliation de prêter allégeance au souverain de leurs conquérants.

Le tout, conformément aux politiques tartufardes d’équité, de diversité et d’inclusion d’Ottawa.

Références :
Déportation des Acadiens
Serment optionnel au roi : le moment de vérité pour un député acadien

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Écrit par Jean-Pierre Martel