Terminus pour STAT

28 avril 2024

J’aime bien écouter certains téléromans québécois. Mais j’évite habituellement les quotidiennes, par manque de temps.

Cette année, je me suis intéressé à la série télévisée STAT, sans doute en raison du fait qu’elle se déroule en milieu hospitalier. Un milieu dans lequel j’ai brièvement travaillé.

Comme tous les téléromans québécois, on y admire la direction artistique, le travail des techniciens, les moyens mis en œuvre par les producteurs et surtout, le talent de ces comédiens qui réussissent à rendre plus vrais que vrais des personnages parfois à la limite de la vraisemblance. C’est le cas de STAT.

Alors oui, dans ce petit village qu’est un hôpital, il y a parfois des intrigues et des conflits de personnalités. Mais il y a surtout une foule de gens dévoués à prodiguer des soins.

Dans STAT, tout le monde couche avec tout le monde. Évidemment, les médecins entre eux. Mais aussi entre chirurgienne et infirmier, entre cadre hospitalier et enquêteuse du ministère venue enquêter sur lui, etc.

De plus, dès que les couples sortent du lit, tout l’hôpital est au courant.

On se demande comment ces gens peuvent respecter le secret professionnel quand ils sont si prompts à révéler les détails croustillants de tout ce qu’ils savent.

Et bravo pour avoir imaginé un chirurgien hyperbavard qui opère en récitant de savantes statistiques médicales. Alors que ce qu’il fait mériterait toute son attention.

À mon avis, STAT aurait dû s’appeler Les commères en jaquettes. Ou mieux : Le bistouri de l’Amour.

Même s’il ne s’agit pas d’une série policière, il y a des forces de l’ordre à chaque épisode. Non seulement pour intervenir lorsqu’un patient devient violent ou lorsque les médecins découvrent un cas de maltraitance parentale, mais pour tout et pour rien.

Afin de découvrir qui est coupable d’un accident, l’enquêteur n’attendra pas que les blessés soient remis sur pied. Même quand le sang gicle de partout, il doit le savoir tout de suite. À peine l’empêchera-t-on d’interroger le patient sur la table d’opération.

Grâce au Ciel, on n’a pas essayé de nous présenter une scène où on dépose le masque anesthésiant sur le nez du patient avant que le policier ait fini de poser sa question. Et où on devine que le patient est endormi quand il laisse tomber le doigt qu’il avait dressé pour apporter une précision.

Évidemment, les docteures (ou doctoresses, c’est selon) ne peuvent résister à la tentation de découvrir les bijoux de famille qui se cachent sous n’importe quel uniforme militaire. Comme si elles espéraient y voir quelque chose de différent.

Mais sait-on jamais. De nos jours…

Quant à la finale de cette année, ce fut pour moi la goutte qui a fait déborder le verre.

Alors suivez-moi bien…

Au dernier épisode de l’année, on apprend avec stupéfaction que c’est le beau docteur machin qui est le responsable d’un accident qui a couté la vie au conjoint de la cheffe de l’urgence. C’est un secret qu’il a caché jusqu’ici.

À sa sortie d’université, on lui avait offert de travailler dans un hôpital universitaire. Mais, pour des raisons jusqu’ici mystérieuses — et qu’on découvrira sans doute un jour — il a préféré travailler à Saint-Vincent, moins prestigieux et conséquemment, où ses chances d’avancement sont moindres.

Ce faisant, il s’est retrouvé à travailler sous les ordres de l’urgentologue endeuillée par sa faute.

Durant tous ces épisodes, jamais son sentiment de culpabilité n’a transpiré à l’écran. Et dès son entrée en fonction à l’hôpital, il a suscité d’innombrables conflits avec cette urgentologue.

On se demande aujourd’hui pourquoi.

Accablé par un si lourd secret, n’importe qui aurait demandé d’être muté ailleurs. Mais pas lui.

Alors bravo au talent de tous ces comédiens qui ont su nous faire avaler les couleuvres d’un scénario trop souvent invraisemblable.

Il y a probablement des téléspectateurs pour croire que cette série reflétait ce qui se passe réellement dans nos hôpitaux. On comprend pourquoi tant de gens préfèrent les éviter…

La série se poursuivra sans doute l’an prochain. Mais pour moi, c’est assez. Trop, c’est trop.

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Écrit par Jean-Pierre Martel