L’exemple polonais
De tous les pays membres de l’Otan, c’est la Pologne qui a accueilli le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens, soit 1,4 million de personnes.
Des centaines de milliers de Polonais ont été chercher en auto les familles ukrainiennes qui se présentaient à la frontière pour leur offrir l’hospitalité. Si bien que l’immense majorité de ces réfugiés logent chez l’habitant.
Pour leur éviter de devenir un fardeau social, l’État polonais leur a aussitôt délivré les permis de travail nécessaires à leur insertion immédiate sur le marché de l’emploi. Ce qui a permis de combler dans ce pays la majorité des demandes pour du personnel non qualifié.
La scolarisation des enfants ukrainiens a permis à leurs parents de travailler. Et ces nouveaux contribuables ont eu accès au système de santé car des ouvriers en santé travaillent de manière plus efficace que s’ils sont malades.
Le résultat, c’est que la croissance économique de la Pologne a été de 4,9 % en 2022. C’est un des taux de croissance les plus élevés parmi les pays occidentaux. À titre de comparaison, ce taux fut de 2,6 % en France, de 2,2 % aux États-Unis, de 1,9 % en Allemagne, et de 1,1 % au Japon.
Le contre-exemple canadien
Le Québec a accueilli en 2022 près de soixante-mille immigrants, dont plus de 39 000 par le chemin Roxham.
Ces derniers représentent 99 % de tous les demandeurs d’asile au Canada.
• le permis de travail
Dès leur arrivée en sol canadien, ces immigrants auraient pu, comme en Pologne, contribuer au développement économique du pays. Mais ils ne le peuvent pas en raison de la lenteur d’Ottawa à leur délivrer un permis de travail.
Selon Me Stéphan Handfield, avocat spécialisé en droit de l’immigration depuis trois décennies, les délais d’attente pour un permis temporaire sont actuellement autour de douze à quatorze mois.
Selon cet avocat, les services frontaliers possèdent les compétences et le pouvoir de livrer des permis de travail sur-le-champ. Il suffirait de leur donner des directives claires et simples : exigez la présentation d’une pièce d’identité, vérifiez s’il existe un mandat d’arrestation contre cette personne. Si tout est beau, donnez immédiatement un permis de travail de deux ans.
• la répartition territoriale des demandeurs d’asile
Après leur avoir accordé sur-le-champ un permis temporaire de travail, Ottawa aurait pu laisser ceux qui parlent déjà français être pris en charge par le Québec et transporter les autres vers les provinces anglophones du pays.
C’est la suggestion que nous faisions sur ce blogue en septembre 2022.
Mais s’abstenant de le faire, Ottawa faisait en sorte que cet afflux de réfugiés dépasse la capacité de nos classes de francisation et contribue à l’anglicisation du Québec.
Il a fallu une lettre du premier ministre du Québec cette semaine pour qu’Ottawa apprenne officiellement que les organismes québécois d’aide aux réfugiés étaient débordés et qu’il était devenu impossible de trouver des appartements décents pour loger ces nouveaux venus.
Alors qu’Ottawa commence à peine à les répartir à travers le pays, des villes signalent déjà leurs difficultés à les recevoir. D’une crise québécoise, tout cela dégénère rapidement vers une crise canadienne.
Pour l’instant, on trouvera bien quelques hôtels désaffectés pour les loger aux frais des contribuables. Mais ce n’est plus qu’une question de temps pour que la crise du logement épuise toutes les capacités d’accueil au pays.
• l’urgence de construire des logements sociaux
En principe, les logements sociaux ne sont pas destinés à loger les néoQuébécois; dans les faits, ils le sont partiellement en raison de la longue disette que leur fait subir l’incurie du fédéral à délivrer des permis de travail.
Mais dès qu’ils obtiennent ce document, l’immense majorité des demandeurs d’asile sont prêts à accepter les emplois qu’on leur offre. Même ceux pour lesquels ils sont surqualifiés. Voilà pourquoi ils ne demeurent pas longtemps sur l’assistance sociale.
En vertu du grand jeu de chaises musicales qu’est le marché locatif, il est important de construire des logements sociaux pour libérer des appartements qu’occuperont ces nouveaux travailleurs que sont les demandeurs d’asile. Parce que notre économie dépend d’eux.
Conclusion
Quand Ottawa ouvre les bras à tous les malheureux de la Terre, ce geste d’empathie s’avère irresponsable quand, au-delà des belles paroles, le pays a négligé de se doter des moyens de les accueillir.
L’exemple polonais nous enseigne que pour être digne de sa réputation surfaite, le Canada doit se doter en premier lieu d’une administration nationale compétente.
Puis il doit se doter des infrastructures d’accueil qui lui sont nécessaires. Ce qui implique que les demandeurs d’asile trouvent là où loger et n’en soient pas réduits à l’itinérance et au travail au noir.
En 2022, la croissance économique du Québec a été de 3,1 %. C’est mieux de bien des pays. Mais cette croissance aurait été encore meilleure sans le boulet des lenteurs administratives d’Ottawa.
En matière d’immigration, le gouvernement québécois n’est pas à l’abri de tout reproche. Mais tant que le Québec n’accèdera pas à l’indépendance, les défauts de son gouvernement ‘provincial’ s’ajouteront à l’incurie qui règne à Ottawa.
Références :
Chemin Roxham: Legault augmente la pression sur Trudeau
Des délais d’attente jusqu’en 2025: plus de 25 000 demandeurs d’asile sans permis de travail
Hausses de loyers abusives: plus de 100 000 logements abordables disparus au Québec en cinq ans
La Pologne passe la barre de 1 million de travailleurs étrangers
Le logement social à Vienne
Le Québec aurait franchi le cap des 300 000 immigrants temporaires
Pénurie de main-d’œuvre: et si on émettait des permis de travail à la frontière?
Roxham Inc.
Parus depuis :
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