L’agriculture en Afrique : pour qui ?

27 février 2013

De 2000 à 2011, par le biais de ventes ou de locations à longue durée, deux millions de km² de terres agricoles sont passés sous le contrôle d’investisseurs étrangers à travers le monde, principalement en Afrique. Cela représente le cinquième de la taille du Canada ou trois fois la superficie de la France.

Les principaux pays investisseurs sont asiatiques (Chine, Inde, et des monarchies pétrolières du Golfe) : ils sont à la recherche de terres cultivables pour répondre à leurs besoins alimentaires. Par opposition, les investisseurs occidentaux cherchent surtout à y produire des biocarburants.

Environ le vingtième de toutes les terres arables africaines sont déjà concédées à des investisseurs étrangers. Sur ce continent, les pays les plus courtisés sont la République démocratique du Congo (ou RDC, 2e au niveau mondial), l’Éthiopie (3e), le Soudan (7e) et le Madagascar (9e).

En RDC, 0,8 millions de km² sont aux mains d’étrangers. La Chine y a obtenu 0,03 million de km² (2,8 millions d’hectares) pour y implanter la plus grande palmeraie du monde (à des fins de production d’huile végétale comestible).

Pour avoir une idée de l’importance de cette plantation, sa superficie est équivalente à un carré de 175 km de côté (soit à peu près la distance entre Bruxelles et Amsterdam ou celle entre Montréal et Ottawa).

Au Madagascar, la Corée du Sud a tenté d’acquérir 1,3 million d’hectares (0,01 million de km²) pour y faire pousser la moitié de ses besoins en maïs (à des fins de production de biocarburant). Le scandale provoqué par cette transaction (qui fut annulée) a contribué à la chute du gouvernement de Madagascar au début de 2009.

Ces acquisitions étrangères surviennent alors que les pays africains sont confrontés à des difficultés croissantes (d’ordre démographique et climatique) à assurer les besoins alimentaires de leur propre population.

Références :
Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale
La course aux terres agricoles en Afrique

Un commentaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les incendiaires

20 août 2011
© 2008 — Wikipedia

Existe-t-il un moyen de réduire le risque d’un prêt ? Oui, en contractant une assurance anti-défaut de paiement (« Credit Default Swap » ou CDS).

Depuis 2008, plus précisément depuis la faillite colossale de Lehman Brothers, les CDS — jusque-là essentiellement limités à l’assurance des dettes des entreprises — se sont développés pour les États. Déjà, on dépense des dizaines de milliards de dollars en CDS : ces sommes croissent rapidement au fur et à mesure que grandissent les inquiétudes sur la solvabilité des États.

Ce qui contribue à leur popularité, c’est qu’on peut acheter un CDS sur la dette d’un État sans même posséder de titres de cette dette. Tout comme on peut acheter une assurance automobile sans avoir d’auto.

Si l’assurance-automobile sans auto est stupide, l’assurance-solvabilité-étatique est parfaitement logique car en réalité, les assurés ne parient pas sur la faillite de cet État ; ils parient sur les occasions d’affaires que la spéculation boursière pourrait créer pour eux.

En d’autres mots, on achète un CDS dans l’espoir de le revendre lorsque son prix augmentera. Entretemps, on a donc tout intérêt à colporter les rumeurs de faillite concernant les pays au sujet desquels on détient des CDS.

Puisque les « petits ménés suiveux » croiront plus facilement aux possibilités de faillite d’un pays comme la France (comparativement au risque des États-Unis), l’assurance anti-faillite française a plus de chance d’augmenter de valeur (et de rapporter à ceux qui en auront acheté) que l’assurance-faillite américaine.

Voilà pourquoi il existe pour 23 milliards$ de CDS contre une faillite éventuelle de la France et 17 milliards$ contre celle de l’Allemagne (deux pays cotés AAA) comparativement à 5,6 milliards$ contre celle des États-Unis (un pays coté AA+ et plus endetté que la France et l’Allemagne).


Dettes nationales en pourcentage du produit intérieur brut


 
On comprend donc pourquoi certains milieux financiers semblent tout faire pour déstabiliser le marché de la dette de certains États.

En Europe, on prend conscience de l’importance de prendre des mesures énergiques contre la spéculation. Aux États-Unis — un pays encore dominé par les voix prônant le laisser-faire de l’État — on est loin d’une réflexion sur les moyens de prévenir la répétition des ravages récents du néo-libéralisme.

Référence :
Les spéculateurs parient sur la faillite américaine

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Écrit par Jean-Pierre Martel