Doit-on fêter le Canada ?

25 juin 2021

Le 1er juillet est la fête du Canada. Ce jour commémore l’entrée en vigueur du British North America Act, cette loi adoptée par le parlement britannique et qui servit de constitution au Canada jusqu’en 1982.

Depuis la conquête anglaise, le Canada s’est construit sur la dépossession violente des terres occupées par les peuples autochtones du pays pour faire place à des colons européens.

Plus précisément, le péché originel de la Confédération canadienne, c’est le génocide des Premières Nations.

D’abord un génocide (au sens strict du terme) inachevé, suivi d’un génocide culturel dont on apprend ces jours-ci les sombres dessous.

Ce qui n’a pas empêché les premiers ministres canadiens de faire hypocritement la morale aux autres pays quant au respect des droits de la personne.

En conséquence, on doit distinguer le peuple canadien d’une part, et le Canada de l’autre.

Les Canadiens ont inventé la fermeture éclair, le téléphone, l’insuline, la pénicilline et d’innombrables inventions dont l’humanité tout entière ne pourrait plus se passer.

Le talent et l’excellence de nos artistes ensoleillent nos vies en plus de faire rayonner le pays à l’Étranger.

Et des millions de parents préparent l’avenir aidant leurs enfants à développer le meilleur d’eux-mêmes. C’est ce père qui prend le temps d’assister à la joute de hockey de son fils. C’est cette mère qui transmet la culture en chantant une cantine pour endormir son enfant.

Près de 38 millions de Canadiens méritent d’être honorés le premier juillet.

Mais pas le pays honteux qu’ils habitent.

Plus tôt nous, Québécois, en sortirons, plus tôt nous pourrons nous laver de cette tache originelle et construire un pays sur des bases nouvelles.

Un pays où femmes et hommes vivront libres et égaux. Où l’État sera laïc et républicain. Où nous protègerons l’eau de nos rivières, l’air que nous respirons et les terres fertiles qui nous nourrissent. Un pays imperméable au tribalisme anglo-saxon. Et un pays neuf où vivront en harmonie les gens qui ont choisi d’y coexister.

D’ici là, fêtons donc le peuple canadien — dont les angloCanadiens avec lesquels nous avons beaucoup plus d’affinités qu’on pense — et évitons d’exprimer une fierté indécente et déplacée à l’égard cette chose qu’on appelle le Canada.

Parus depuis :
« Avoir une célébration, ce n’est pas correct » (2021-06-29)
Une fête du Canada marquée par des refus de célébrer (2021-07-01)

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Écrit par Jean-Pierre Martel