Pour la francisation de toutes les entreprises québécoises de plus de cinq employés

28 mai 2011

À l’heure actuelle, la loi 101 exige un certificat de francisation de la part de toutes les entreprises de plus de cinquante employés. Lors de l’adoption de la loi 101, le gouvernement québécois a évité d’imposer cette exigence aux petites entreprises afin de leur épargner cette lourdeur administrative.

Depuis une décennie, nous assistons à une anglicisation galopante de l’île de Montréal si bien qu’il n’a jamais été aussi fréquent de ne pas pouvoir être servi en français dans certains endroits de Montréal (sur l’avenue du Parc, notamment).

Je ne connais pas de meilleure motivation pour un Néo-québécois à apprendre le français que la difficulté à gagner sa vie s’il ne parle pas notre langue. Cette difficulté est contournée lorsqu’il est embauché dans une petite entreprise car celle-ci n’est pas soumise à la loi 101. C’est le cas de l’immense majorité des entreprises québécoises.

Le résultat est que nous, consommateurs, sommes servis en anglais de plus en plus fréquemment, comme l’a révélé il y a quelques mois une enquête de Radio-Canada et qui confirmait ce que tous les citoyens de Montréal savaient déjà.

Cette situation est le résultat d’un état de fait favorable à l’anglicisation du Québec. Après la légalisation des écoles passerelles, après avoir sabré dans les cours de francisation des immigrants allophones — tout en maintenant, paradoxalement, les cours d’anglais aux immigrants originaires du Maghreb afin d’augmenter leur employabilité — et après avoir imposé l’anglais intensif dès la 6e année, c’est clair : le gouvernement Charest ne croit pas à l’importance de défendre le français autrement que par des moyens mous et inefficaces.

Or je suis chez moi ici au Québec et c’est mon droit d’y être servi dans ma langue partout dans la province. Entre le souhait légitime d’un commerçant anglophone de parler sa langue et mon souhait légitime d’être servi dans la mienne, qui devrait légalement avoir priorité ? Si c’est moi qui devrais avoir priorité, peut-on compter sur le gouvernement Charest pour défendre mes droits ?

La grande majorité des francophones qui sont servis en anglais ne portent jamais plainte. L’Office québécois de la langue française reçoit environ 400 plaintes par année relativement à la langue de service dans les commerces : c’est 15% de l’ensemble des plaintes que reçoit cet organisme, sur un total de 2,500 à 3,000 plaintes.

Même si 82% de ces plaintes sont fondées, l’Office impose des amandes ou procède à des poursuites dans seulement 2% des infractions. Depuis que les Libéraux sont au pouvoir, l’Office se laisse « enfirouaper » dans 98% des cas et ne fait absolument rien. Le résultat est ce que tous les Montréalais observent : l’anglicisation de la métropole.

Dans deux ans à peine, le Québec ne sera plus dirigé par monsieur Charest. Nous devons donc envisager l’après-Charest.

C’est pourquoi je propose que la loi 101 soit amendée de manière à ce que, dans les entreprises de plus de cinq employés, toute le personne qui a contact avec le public (y compris au téléphone) soit tenue de parler au moins le français.

Doit-on, par exemple, imposer cette obligation au laveur de plancher ? S’il travaille de nuit, évidemment pas. Mais s’il travaille alors que le commerce est ouvert au public et qu’il est susceptible de se faire demander où se trouve tel produit, oui, absolument.

Dans le cas des entreprises qui possèdent entre 5 et 50 employés, évitons-leur les Certificats de francisation : créons simplement une obligation légale de servir tout francophone dans sa langue et créons un droit pour tout consommateur lésé de se plaindre devant la Cours des petites créances. De plus, prévoyons que l’amende imposée par le tribunal voit versée intégralement au plaignant.

Finie l’époque où la promotion du français était laissée au pouvoir discrétionnaire d’un gouvernement mollement convaincu de l’opportunité de la défendre. Donnons à la population québécoise le pouvoir de défendre elle-même sa langue en lui confiant des pouvoirs nettement dissuasifs… et vous verrez le résultat !

Références :
Des commerces qui ne servent pas en français
Québec – L’immigration au pifomètre
Québec veut démontrer aux commerçants montréalais les bénéfices du français
Réaction aux propos de François Legault – Les amendes ne sont pas une panacée, dit l’OQLF

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Écrit par Jean-Pierre Martel


« Tourner le dos » au tsunami

3 mars 2011

Dans une entrevue accordée hier au Devoir, Gérard Bouchard — l’ex-coprésident de la Commission sur les accommodements raisonnables — met en garde les Québécois contre le danger de « tourner le dos » à l’anglais, ce qu’il juge impropre, voire criminel.

Pour ce qui est de l’importance de la connaissance de l’anglais parmi les francophones québécois, il n’y a personne — même parmi les indépendantistes purs et durs (dont je ne fais pas partie) — qui soutienne qu’il vaut mieux ne pas connaître cette langue.

La musique populaire écoutée au Québec est en grande partie anglophone. La majorité des chaines télévisées disponibles par câblodistribution sont anglophones. La très grande majorité des sites Web sont anglophones. La majorité des livres de référence recommandés lors d’études universitaires au Québec sont en anglais. Dans la région montréalaise, tous les emplois disponibles dans la vente au détail ou dans le service à la clientèle exigent une bonne connaissance de l’anglais. D’ici à ce que la Chine émerge comme première puissance mondiale, l’anglais demeurera la langue universelle des échanges et des communications internationales.

D’autre part, parmi ses responsabilités, l’Office de la langue française commande et publie des études sociologiques qui permettent de mesurer l’importance démographique des francophones québécois. On se rappellera qu’en 2008, une partie des experts avaient démissionné avec fracas du Comité de suivi de l’Office. Peu après, on avait appris que la présidente de l’Office — une des 6,400 nominations politiques du gouvernement Charest — ne rendait public que les études rose-bonbon afin de ne pas troubler la paix linguistique au Québec. Si bien que le seul moyen de percevoir le recul du français à Montréal, c’est avec nos oreilles. Or ce qu’elles nous révèlent est inquiétant.

Depuis plusieurs décennies, j’habite le quartier d’Hochelaga, situé dans l’est de l’île de Montréal. À l’époque, ce quartier était presque totalement francophone. Il s’agit maintenant d’un des plus importants quartiers touristiques du Québec, grâce à la présence du stade olympique, du Jardin botanique, de l’insectarium, du Château Dufresne, du Biodôme, etc. Donc il est normal d’y entendre parler anglais durant la saison estivale, alors que des centaines de milliers d’Américains viennent à Montréal assister aux nombreux festivals qui s’y déroulent.

Hormis la saison touristique, ce sont les résidents qu’on entend dans les lieux publics. Or dans mon quartier, je n’ai jamais autant entendu parler anglais que depuis l’accession au pouvoir du Parti libéral. Évidemment, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Mais il est devenu fréquent, lorsque je prends le métro pour aller vers le centre-ville, que la majorité des passagers parlent anglais, même en hiver.

De plus, je ne connais personne au Québec qui ne sache pas, au minimum, se débrouiller en anglais : par opposition, je rencontre de plus en plus souvent — des livreurs de restaurant par exemple — qui sont incapables de me parler français ou qui refusent de le faire alors que je suis leur client.

Bref, je ne sais pas quel tabac fume M. Bouchard mais promouvoir la connaissance de l’anglais au Québec de ces temps-ci, c’est comme prêcher l’importance bénéfique de l’eau aux victimes d’un tsunami.

Références :
Anglicisation du Québec : Monsieur Charest préfère chanter et jouer de la lyre…
Des commerces qui ne servent pas en français
Gérard Bouchard au Devoir – Tourner le dos à l’anglais serait «criminel»

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Anglicisation du Québec : Monsieur Charest préfère chanter et jouer de la lyre…

16 décembre 2010

Lundi dernier, la ministre responsable de la Charte de la langue française annonçait la création d’un site Web permettant aux entrepreneurs d’obtenir tous les renseignements sur les programmes, services et subventions disponibles pour la francisation de leurs entreprises.

Mme Christine St-Pierre a expliqué que l’approche incitative avait été préférée à la voie législative pour défendre le français au Québec.

En somme, les entreprises qui veulent se franciser pourront le faire plus facilement, tandis que ceux qui ne le veulent pas ou qui s’en fichent pourront dormir en paix.

Après avoir sabré dans les cours de français destinés aux immigrants allophones — tout en maintenant, paradoxalement, les cours d’anglais aux immigrants originaires du Maghreb afin d’augmenter leur employabilité — après avoir légalisé l’accès à l’école anglaise aux allophones, le gouvernement libéral réitère l’approche douce comme pilier fondamental de sa politique linguistique.

Le problème, c’est que le laisser-faire libéral a déjà fait ses preuves. Il aura suffi au gouvernement Charest de deux mandats successifs pour que Montréal — la deuxième plus importante ville française au monde il y a huit ans — soit devenue majoritairement anglophone.

Alors que les francophones montréalais ont de plus en plus de difficulté de s’y faire servir en français, monsieur Charest préfère imiter l’empereur Néron qui regardait bruler Rome en chantant et en jouant de la lyre.

Références :
Amir et la loi 101
Des commerces qui ne servent pas en français
Guy A. Lepage s’inquiète du recul du français
L’anglais bien présent à la Banque Nationale
Québec – L’immigration au pifomètre

Parus depuis :
Incapable d’être servi en français (2020-11-13)
Être servi en anglais, «ça fait dur» (2020-11-14)
Français au Québec: «Comment pouvons-nous être stupides au point de financer notre propre disparition linguistique?» (2020-11-27)
Quand il faut parler anglais pour travailler à Montréal (2021-03-10)

Photo d’un buste de Néron, tirée de Wikipédia (© 2008 — Mistersunshine)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fuck la Cour suprême (suite)

24 octobre 2010

Le 19 octobre dernier, je publiais un billet suggérant que le gouvernement du Québec déclare illégitimes* les dispositions de la Constitution canadienne relative à la langue d’enseignement et signifie son refus de s’y soumettre.

Les conséquences concrètes d’une telle déclaration sont les suivantes. Premièrement, le refus de participer à tout procès mettant en cause la constitutionnalité de la Loi 101 relativement à la langue d’enseignement et ce, devant n’importe laquelle instance juridique au pays. Deuxièmement, le refus d’honorer tout jugement à ce sujet, ce qui implique le refus de se soumettre à toute condamnation.

Voyons quelques objections.

Les absents ont toujours tort

Au contraire, l’expérience nous démontre que devant la Cour suprême, ce sont les présents qui ont toujours tort. Donc présents ou non, c’est pareil.

La Cour suprême n’est pas hostile au Québec ; elle ne fait qu’interpréter les lois et préciser la préséance de celles-ci en cas de conflit entre diverses dispositions législatives.

Nous avons vu dans la série Le français en péril, que le plus haut tribunal du pays a reconnu lui-même que les dispositions de Constitution canadienne relative à la langue d’enseignement ont été adoptées expressément pour contrer la Loi 101 du Québec. Donc, les dés sont pipés. Nous perdons notre temps et notre argent à plaider en faveur de la Loi 101 quand sa constitutionnalité est contestée.

Le gouvernement du Québec pourrait être condamné pour outrage au tribunal

C’est évident. Et après ? Pour un juge, l’outrage au tribunal équivaut à froncer les sourcils et à dire d’un air contrarié : « Tu n’es pas gentil ! ». C’est tout. S’il n’est pas assorti d’une amende ou d’une peine d’emprisonnement, il est sans conséquence.

Mais, justement, peut-il être assorti d’une pénalité ? N’étant pas avocat, je ne sais pas. Dans le cas d’une amende, qui va la collecter ? Voyez-vous les huissiers saisir les chaises de l’Assemblée Nationale du Québec ?

Au cours de la Deuxième guerre mondiale, le gouvernement canadien avait fait emprisonner le maire de Montréal de l’époque, Camillien Houde, en raison de son opposition à la conscription obligatoire. Son emprisonnement a duré du 5 août 1940 (le jour de son arrestation) jusqu’à l’été 1944.

De nos jours, si une folie semblable passait par la tête du gouvernement fédéral, il ne pourrait que compter sur la Gendarmerie royale et l’armée pour accomplir cette besogne puisque tous les autres corps policiers obéissent au gouvernement du Québec.

Le parti au pouvoir à Ottawa pourrait être tenté de se faire du capital politique auprès du Canada anglais en agissant de la sorte. Il faudrait donc se préparer en conséquence et tout mettre en œuvre pour que n’importe quelle tentative d’un coup de force du gouvernement fédéral tourne au vinaigre.

Les juges pourraient paralyser le système juridique

Oui, c’est une possibilité. Dans le cas d’une grève, Québec n’a qu’à voter une loi d’urgence qui ordonne le retour au travail des juges qui siègent aux tribunaux de compétence provinciale. Ces juges auraient alors le choix entre le retour au travail ou la désobéissance à la loi pour protester contre le refus de Québec d’obéir à la loi, ce qui est un peu contradictoire.

Si les juges choisissent plutôt de se traîner les pieds et d’allonger les délais de procédure, eh bien, si c’est le prix pour sauver le français au Québec, je suis prêt à payer ce prix-là.

Le gouvernement fédéral pourrait nous couper la péréquation

Le gouvernement du Québec prélève des centaines de millions de dollars d’impôt fédéral sur le revenu des employés des sociétés publiques et parapubliques, non seulement les fonctionnaires, mais également les employés d’hôpitaux, les professeurs, les policiers, les employés municipaux (note : les villes sont un domaine de compétence provinciale), etc.

Normalement ces sommes sont envoyées à Ottawa. Toutefois, si le fédéral décidait d’essayer d’affamer le gouvernement du Québec, ce dernier pourrait répliquer en le privant de la totalité de ces sommes afin d’atténuer les conséquences fiscales de la suspension des versements de la péréquation.

Conclusion

Le gouvernement fédéral et les provinces anglophones — qui ont adopté une nouvelle constitution en 1982 sur le dos du Québec — ont commis une grave erreur de jugement.

Même dans des pays envahis militairement, comme l’Irak et l’Afghanistan, la nouvelle constitution est adoptée par le peuple conquis ou ses représentants.

Dans ce cas-ci, on justifie l’imposition au Québec de cette camisole de force constitutionnelle par une logique qui découle d’intrigues de coulisses et de calculs politiques qui, avec le recul du temps, apparaissent sans importance.

Politiquement et moralement, l’adoption sans le Québec de la Constitution canadienne de 1982 est un scandale et une bombe à retardement.

Cette bombe fera son petit tic-tac tant et aussi longtemps que le Québec s’y soumettra stupidement même lorsque ses intérêts vitaux sont en jeu.

Mais le jour où le Québec décidera qu’assez c’est assez, la crise politique qui résultera de cette décision aura pour conséquence soit l’éclatement de la fédération canadienne ou, au contraire, son renforcement sur des bases nouvelles. Ce sera le résultat de la maturité et du pragmatisme des hommes et femmes politiques qui nous gouvernent.

Alors que les francophones sont devenus minoritaires à Montréal, alors qu’un nombre croissant de Néo-québécois choisissent l’anglais comme langue d’usage, alors que le gouvernement du Québec vient de s’aplatir comme une larve en légalisant les écoles passerelles, il devient de plus en plus urgent que le Québec se réveille.

*— Ces dispositions sont illégitimes parce souillées par le processus d’adoption de cette Constitution, processus au cours duquel un des peuples fondateurs du pays — le Canada anglais — impose une constitution à un autre peuple fondateur contre son gré. C’est ce qui est arrivé en 1982.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Des commerces qui ne servent pas en français

23 octobre 2010

Avant-propos : voici une réplique que j’ai publiée aujourd’hui sur le site de Radio-Canada en réponse à trois messages postés pour commenter un reportage d’Éric Plouffe.

larousse écrit :

Ces quelques commerces, aidons les plutôt à se franciser de façon concrète.

Pour inciter les commerçants à embaucher du personnel parlant français, je ne connais pas de meilleure motivation qu’une amende sévère. Voilà quelque chose de concret. Plus que des belles paroles creuses. Et je ne connais pas de meilleure motivation pour un néo-Québécois à apprendre le français que la difficulté à gagner sa vie s’il ne parle pas notre langue.

Martineau écrit :

Juste quitte ; j’ai pas besoin de clients francais dans mon buisness (…)
Quand j’embauche, je ne cherche pas bilinque car je m’en fous…

J’aime bien les interventions de Monsieur Martineau : elles manquent un peu de rectitude politique mais ont le grand avantage de remettre à l’heure les pendules de tous ceux qui croient que l’on peut combattre le recul du français à Montréal avec des voeux pieux.

Critique écrit :

Or, Robert Plouffe ne montre que les vidéos “des pires commerces”. Évidemment, il visite NDG et l’avenue du Parc. Pourquoi ne pas aller dans le centre-ville, le Vieux-Montréal.

Le seul endroit en Amérique du Nord où je me sens chez moi, c’est au Québec. Or je ne peux pas me sentir chez moi là où on ne parle pas ma langue.

La bataille pour se faire servir en français, elle avait été gagnée dans les années ’60. Mais depuis une décennie, le français recule. Il recule sur le Plateau Mont-Royal et dans Maisonneuve (où j’habite depuis plus de trente ans), entre autres.

Je travaille dans trois établissements : environ la moitié des livreurs des compagnie de livraison de marchandise (DHL Express nommément) ne parlent pas français ou ne veulent pas le parler.

Je suis bilingue et je me fais un devoir de servir mes clients dans la langue officielle de leur choix. Toutefois, lorsque je suis client (en d’autres mots, lorsque c’est moi qui paie), j’exige d’être servi dans ma langue. C’est mon droit. Et ce n’est pas seulement mon droit dans une partie de Montréal : c’est mon droit partout au Québec.

Post-scriptum : Sur le site de Radio-Canada, 33 personnes se sont dites en accord avec mon intervention, tandis qu’une personne s’est déclarée en désaccord (soit un taux d’approbation de 97%).

Anecdote publiée à 7h58 le 31 août 2011 par un lecteur du Devoir : « J’ai porté plainte auprès de l’Office de la langue française contre un commerce du quartier chinois au sujet de l’affichage en français, ainsi que le service et les produits vendus non traduit en français. Après deux ans, rien n’a changé et on m’a fait comme réponse que si l’Office appliquait la loi, le magasin serait en faillite

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Fuck la Cour suprême !

19 octobre 2010

Introduction

Les tribunaux, la police et l’armée constituent les outils répressifs de l’État. Lorsqu’un citoyen commet un excès de vitesse, ce n’est pas son député qui l’arrête ; ce dernier a simplement adopté une loi ou des règlements qui interdisent la conduite dangereuse, et ce sont les corps policiers et les tribunaux, payés par l’État, qui se chargent de faire respecter la volonté politique de celui-ci.

Dans la hiérarchisation des tribunaux du pays, les tribunaux de première instance sont de compétence provinciale. Au-dessus d’eux, la Cour supérieure est de compétence fédérale. La Cour d’appel du Québec, encore plus haute, est provinciale. Finalement, au faîte de cette pyramide, la Cour suprême du Canada est fédérale. Chaque niveau de gouvernement nomme ses propres juges et assure leur rémunération.

Alors si les tribunaux sont des créatures des États, pourquoi les gouvernements se soumettent-ils à leurs décisions ? Dans les États de droit, la soumission au pouvoir judicaire est essentielle à l’ordre social. Si chacun est libre d’obéir ou non aux tribunaux, la police ne peut faire respecter les lois et c’est l’anarchie. En somme, les gouvernements donnent le bon exemple.

Toutefois, cette soumission n’est rien d’autre qu’une convention. Une telle convention, aussi importante soit-elle, n’est pas sacrée. Or, il peut arriver — exceptionnellement — que des gouvernements jugent que l’avenir de leur population exige la désobéissance face à l’encadrement législatif auquel ils sont soumis.

La désobéissance civile et l’avenir du français

Précédemment sur ce blogue, nous avons vu que dans un de ses jugements, la Cour suprême du Canada a reconnu que les dispositions de Constitution canadienne relative à la langue d’enseignement ont été adoptées expressément pour contrer la Loi 101 du Québec.

Il n’est donc pas étonnant que diverses décisions de cette cour aient eu pour effet d’affaiblir la Charte de la langue française. En effet la Loi 101 exige que les Néo-québécois envoient leurs enfants à l’école publique française (à moins de payer en totalité pour l’enseignement privé dans une autre langue), alors que la constitution canadienne, au contraire, proclame la liberté de tout citoyen canadien de s’assimiler au groupe linguistique officiel de son choix et exige que les écoles publiques de la minorité soient accessibles à tous.

Or comme l’a démontré la série Le français en péril, le libre choix prescrit par la Constitution a pour conséquence inéluctable l’extinction du français au Québec.

Puisque la clause dérogatoire ne peut être invoquée par le Québec pour se soustraire à ses obligations constitutionnelles en matière de langue d’enseignement, cet affaiblissement de la Loi 101 a déjà des répercussions concrètes : les francophones sont devenus minoritaires sur l’île de Montréal et un nombre croissant d’allophones choisissent l’anglais comme langue d’adoption. Il est même devenu fréquent d’être servi en anglais alors qu’on s’est adressé en français à un employé : certains employés vont même jusqu’à refuser de nous servir en français.

Coincé entre son obligation légale de respecter la Constitution canadienne et son devoir moral d’assurer ici la survie du français, le gouvernement du Québec pourrait considérer la possibilité de la désobéissance civile.

Cette désobéissance est d’autant plus envisageable que le Québec n’a jamais signé l’entente constitutionnelle de 1982. En effet, cette constitution fut adoptée à la suite d’un déblocage survenu le lendemain d’une nuit de négociation intensive à laquelle le Québec n’avait pas été invité mais à laquelle toutes les provinces anglophones ont participé. Jamais le Québec n’a voté pour cette Constitution. Elle fut passée sur notre dos.

Imaginons que l’Assemblée nationale adopte une résolution à l’effet que dorénavant, face à tout conflit entre les dispositions de la Constitution relative à la langue d’enseignement et les dispositions correspondantes de la Loi 101, le Québec ne se sentirait pas lié par les devoirs constitutionnels imposés par le Canada anglais. Qu’arriverait-il ?

Un immense scandale et une crise politique majeure. Or cela tombe bien puisqu’à défaut d’une telle crise, jamais le Canada anglais acceptera de renégocier la Constitution canadienne.

Dans un article à suivre, nous examinerons les diverses conséquence que pourrait avoir une telle crise. Entretemps, je vous laisse songer à cette possibilité, impensable en d’autres temps, mais qui m’apparait envisageable dans le contexte actuel.

Note : la photo ci-dessus a été prise hier soir, lors de la manifestation contre la bâillon imposé pour forcer la légalisation des écoles passerelles (soit le projet de loi 103, devenu loi 115).

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La légalisation forcée des écoles passerelles

15 octobre 2010
© 2010 — Image tirée du site de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal

Le 22 octobre 2009, la Cour suprême du Canada se prononçait contre la loi 104 (interdisant les écoles passerelles), tout en prolongeant son application pendant une année afin de laisser le temps au gouvernement du Québec de présenter une solution alternative.

Le gouvernement Charest se traîna les pieds jusqu’à la toute dernière journée de la session, en juin dernier, pour présenter la solution tant attendue, soit le projet de loi 103 (qui permet l’accès à l’école publique anglaise à ceux qui n’y ont pas droit en vertu de la Loi 101).

En supposant que le gouvernement ait été dans l’impossibilité de présenter plus tôt ce projet de loi, qu’est-ce qui l’empêchait de prolonger la session parlementaire ?

Rien. Mais plutôt que de débattre d’un sujet aussi important que l’avenir de la langue française au Québec, M. Charest s’est plutôt employé cet été à sa guérilla judiciaire contre Me Bellemare.

Si bien qu’aujourd’hui le gouvernement invoque l’urgence d’éviter un vide juridique pour imposer le bâillon à l’opposition et forcer l’adoption de son projet de loi.

Si monsieur Charest mettait autant de soin et d’énergie à défendre le français qu’il en met à garnir des coffres de son parti, il rallierait sans doute plus de personnes à sa cause.

Lundi soir prochain, le 18 octobre 2010, de 18h à 20h, se tient une manifestation-spectacle, au coin des rues McGill et Sherbrooke à Montréal, contre le projet de loi 103 (qui aura probablement été adoptée de force plus tôt dans la journée).

Références :
Jugement de la Cour suprême du Canada
Le bâillon lundi pour la loi 103 – Le gouvernement invoque l’urgence pour éviter un vide juridique

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vidéotron et le financement obligatoire de la culture anglaise

8 octobre 2010

Préambule : Jusqu’ici, les billets de ce blogue ont fait l’objet de 18 commentaires de lecteurs. Malheureusement, la maquette que j’ai choisie pour mon blogue ne met pas suffisamment en valeur les avis exprimés. Or, parmi ceux-ci, un texte m’a paru particulièrement intéressant, au point que j’ai décidé de donner aujourd’hui la parole à son auteur.

Commentaire en réponse au texte « La défense du français et le peur de la réprobation internationale » par Christian Huot

« Ceux qui soutiennent le projet de loi 103 au nom de la liberté et de l’ouverture d’esprit me font penser à ces personnages de film qui chantent des cantiques et sèment des pétales de rose en se rendant à l’arène où ils seront dévorés par les lions. »

C’est vraiment curieux…

Ceux qui soutiennent le libre choix de la langue de l’éducation au Québec, ignorent volontairement que ce choix n’existe pas hors Québec. À l’exception des « ayant droit » de la minorité historique francophone, là où le nombre le justifie, tous fréquenteront les écoles collèges et universités anglophones.

Ils ignorent aussi volontairement que ce choix de la langue n’existe pas, non plus, à la culture audiovisuelle. C’est le secret le mieux gardé du Québec, tous politiciens et tous immigrants ou allophones confondus.

Le gardien de ce secret est nul autre que le câblodistributeur Vidéotron.

Au site du câblodistributeur, à la page du service de base «classique», tous les abonnés francophones et allophones recevront et payeront obligatoirement pour les canaux et chaînes de l’anglo-saxon canadien et américain.

ABC Plattsburgh (WVNY) * CBC Montréal (CBMT) * CBC News Network * CBS Burlington (WCAX) * CJNT Montréal CNN * Country Music television (CMT) CTV Montréal (CFCF-12) * Discovery Channel * FOX Burlington (WFFF) * Global Québec (CKMI) * NBC Plattsburgh (WPTZ) * PBS Plattsburgh (WCFE) * PBS Vermont (WETK) * Rogers Sportsnet East * The Learning Channel (TLC) The Sports Network (TSN) * YTV

Cela veut dire…

S’il y a 1,8 million d’abonnés à Vidéotron, il y a au moins 1,2 millions de francophones qui financent obligatoirement la langue et culture de l’anglo-saxon.

Qui paient mensuellement 53% de leur facture ou quelque 16,8 $ millions au câblodistributeur pour ces canaux et chaînes. Peut importe s’ils ne comprennent pas la langue et la culture et ne regardent jamais ces postes de l’anglo-saxon. Sinon pas de service.

Financer son remplacement et sa propre disparition par l’éducation et la culture dans une langue étrangère, dans sa terre natale, faut le faire. C’est extrêmement rare. C’est inexistant ailleurs parmi les peuples des 25 pays des trois Amériques.

Plus soumis volontairement à un régime ethniste et colonialiste que la majorité francophone du Québec, appelés Québécois, c’est impossible à trouver ailleurs au monde.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La défense du français et le peur de la réprobation internationale

29 septembre 2010

Je ne connais pas de peuple qui pratique la politique de la cafétéria en matière linguistique. En France, l’école publique est française. En Italie, elle est italienne. En Allemagne, elle est allemande. En Belgique et en Suisse, c’est selon la région linguistique ou le canton dans lequel on s’établit. Même dans les provinces anglophones du Canada, l’accès à l’école française est limité là où le nombre le justifie. Or cela n’est jamais justifié ailleurs que là où les minorités françaises sont déjà présentes. Bref, la cafétéria linguistique, c’est une vue de l’esprit.

Pourtant, certaines personnes invoquent la crainte d’un vote de blâme de l’ONU pour justifier leur appui au projet de loi 103 du gouvernement Charest. Mais d’où vient donc cette crainte ?

L’ONU est une grosse boite dans laquelle siègent quotidiennement des dizaines de comités. Ces comités adoptent annuellement des milliers de résolutions et de rapports. On y distribue les votes de félicitation ou les votes de blâme aussi facilement qu’on distribue de café chez Tim Horton. Et parmi ces milliers de résolutions, le Québec a été blâmé — par un comité de l’ONU dont plus personne ne se rappelle du nom — pour avoir invoqué la clause nonobstant de la constitution canadienne afin de limiter l’affichage commercial anglais au Québec. Big deal !

En réalité, ce vote reflète l’activité diplomatique du gouvernement fédéral canadien (opposé à cette législation québécoise) et l’absence de représentation du Québec à l’ONU. C’est tout. Évidemment tous les blogueurs hostiles au Québec s’en sont donné à coeur joie mais tout ce grenouillage n’a pas d’importance. Si nous avons le choix entre recevoir un vote de blâme d’un comité de l’ONU ou disparaitre comme peuple, je ne vois pas comment on peut hésiter.

Incidemment, rappelons que le Canada, lui, est critiqué pour son refus de signer la Déclaration des droits des peuples autochtones, ce qui n’empêche pas M. Harper de dormir.

Le Québec a déjà fait l’expérience du libre choix de la langue. En effet, en 1969, le gouvernement québécois de l’Union nationale (un parti politique aujourd’hui disparu — devinez pourquoi) adoptait une loi qui laissait aux parents le libre choix de la langue d’enseignement de leurs enfants.

Le résultat fut que les immigrants au Québec choisirent massivement d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise. Je ne les blâme pas : à leur place, j’aurais fait pareil. Les Québécois francophones ont alors réalisé que s’ils ne voulaient disparaitre comme peuple, ils devaient cesser de financer, par le biais de l’école publique anglaise, leur propre extinction. D’où la loi 101.

Ceux qui soutiennent le projet de loi 103 au nom de la liberté et de l’ouverture d’esprit me font penser à ces personnages de film qui chantent des cantiques et sèment des pétales de rose en se rendant à l’arène où ils seront dévorés par les lions.

Références :
Le français en péril — Premier de trois volets
Le français en péril — Deuxième de trois volets
Le français en péril — Les solutions

Un commentaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le français en péril — Premier de trois volets

24 juin 2010

Le jugement de la Cour suprême du Canada au sujet des écoles passerelles

Comme beaucoup de Québécois, j’ai toujours pensé que les francophones d’ici envoyaient leurs enfants à l’école française, que les néoQuébécois devaient faire de même en vertu de la Loi 101, mais que les Anglophones avaient un droit constitutionnel à l’école anglaise. Pour moi, tout cela était parfaitement normal.

L’automne dernier, j’apprends que la Cour suprême du Canada a reconnu qu’il suffisait à un parent néoquébécois d’envoyer un de ses enfants pendant quelques semaines ou quelques mois dans une école anglaise privée non-subventionnée (appelée « école passerelle »), pour que cet enfant — de même que ses frères, ses sœurs et leurs descendants — ait le droit à l’école publique anglaise. Évidemment je suis stupéfait mais je ne m’inquiète pas outre mesure puisque le gouvernement du Québec a promis de corriger la situation.

Toutefois, à la suite de l’annonce du projet de loi 103 — le correctif attendu, qui m’a mis hors de moi — j’ai voulu comprendre par quel raisonnement la Cour suprême du Canada avait bien pu en venir à légaliser les écoles passerelles. Je me suis donc imposé la tâche de lire ce jugement de 36 pages et, tant qu’à y être, la Charte canadienne des droits et libertés.

Dans le deuxième volet de cette série, je vous parlerai de la Charte des droits, mais pour l’instant permettez-moi de vous résumer le jugement de la Cour suprême au sujet des écoles passerelles.

Initialement, je me demandais comment les avocats mandatés par le gouvernement québécois avaient bien pu perdre cette cause. Pour ne rien vous cacher, l’idée que le gouvernement libéral de Jean Charest ait pu « s’arranger » pour perdre cette cause m’a même traversée l’esprit.

Mes soupçons étaient non fondés. Même si le gouvernement avait embauché des avocats particulièrement incompétents, la liste des intervenants dans cette cause est tellement longue que si les avocats du Québec avaient oublié d’invoquer des arguments importants, d’autres avocats se seraient chargés de le faire.

Rappelons les faits. En 1969, le gouvernement québécois de l’Union nationale (un parti politique aujourd’hui disparu) adopte une loi qui laissait aux parents le libre choix de la langue d’enseignement de leurs enfants. Puisque les néoQuébécois jugeaient (et jugent toujours) que la langue anglaise offre de meilleures chances de réussite pour leurs enfants que le français, ils choisirent massivement l’école publique anglaise. Les Québécois francophones s’étant rendu compte que cela signifiait à long terme leur disparition en tant que groupe majoritaire au Québec, cette loi donna lieu à d’importants conflits interculturels. En particulier, dans le quartier de Saint-Léonard de Montréal — où beaucoup de néoQuébécois d’origine italienne s’étaient installés — on se battait à coups de poing et à coups de bâton entre francophones et allophones lors d’assemblées scolaires.

Dans le but de calmer les esprits, en 1974, le gouvernement québécois du Parti libéral adopte une nouvelle loi qui restreignait l’accès à l’école anglaise aux enfants capables de réussir des tests linguistiques administrés par la province, démontrant ainsi une connaissance suffisante de cette langue. Nouvelle flambée de contestation.

En 1977, le gouvernement du Parti québécois adopte la Loi 101 qui limitait (sauf quelques exceptions) le droit à l’école anglaise aux familles faisant déjà partie de la minorité anglophone du Québec. Même si celle-ci a toujours détesté cette loi, une bonne partie d’entre elle a finit par l’accepter considérant que cette loi assurait la paix sociale au Québec; les Québécois anglophones pouvaient vivre parmi les Québécois francophones sans les injures et l’animosité qui ont caractérisées les rapports interculturels des années 1970, et sans la violence d’extrémistes — nommément le FLQ — des années 1960.

Toutefois, le Premier ministre canadien Pierre-Elliott Trudeau était aussi un adversaire farouche de la Loi 101. Et à son initiative, le Canada s’est engagé dans une révision constitutionnelle qui devait aboutir en 1982 à une nouvelle constitution (incluant une Charte des droits et libertés) qui fut adoptée malgré le refus du Québec de signer l’entente constitutionnelle intervenue au Canada anglais.

Depuis, la Constitution canadienne est utilisée régulièrement pour invalider des articles de la Loi 101. La dernière de ces contestations juridiques concerne les écoles passerelles.

La Loi 101 exige que la majeure partie de l’enseignement reçue au Canada par un enfant né de parents néoquébécois ait été en anglais pour que cet enfant ait droit à l’école publique anglaise. Dans son jugement, la Cour suprême estime que cette exigence est contraire à un article de la Constitution mais pas au point d’être carrément anticonstitutionnelle si (et seulement si) le Québec fait preuve de prudence dans son application. En particulier, la Cour suprême déclare qu’il est anticonstitutionnel de refuser de prendre en considération le temps passé à étudier dans une école passerelle lorsqu’il s’agit de déterminer si un enfant a droit à l’école publique anglaise.

À ce sujet, la Cour déclare : « …un court passage dans une école de la minorité ne témoigne pas d’un engagement réel et ne peut suffire, à lui seul, à obtenir le statut d’ayant droit à la Charte canadienne ». Voilà qui est clair. Toutefois le Québec est invité par la Cour à procéder à une « évaluation globale du cheminement de l’enfant, effectuée d’un point de vue qualitatif, reposant sur un ensemble de facteurs, d’importance variable selon les faits propres à chaque cas ». Que faut-il comprendre de ce charabia ?

Doit-on tenir compte non seulement du temps passé en classe, mais aussi de la langue parlée à la maison, celle des lectures (journaux, magazines, livres, sites web), celle des émissions de télévision ou des films regardés, et celle de la musique écoutée ? Le gouvernement doit-il créer une Gestapo de la langue qui épiera les habitudes de vie de certains citoyens pour juger de leur engagement réel à faire partie de la minorité anglaise ou devra-t-il se contenter de leur témoignage à ce sujet ?

Le jugement sur les écoles passerelles est muet là-dessus et c’est pourquoi je l’ai trouvé d’une imbécilité abyssale. Le mot « cheminement » est utilisé cinq fois dans ce jugement : à quatre reprises, le qualificatif « scolaire » est précisé alors que dans la citation ci-dessus, il ne l’est pas. On peut présumer qu’il s’agit d’un oubli. Mais il ne s’agit là que d’une présomption.

Pour en avoir le cœur net, il faut prendre connaissance d’un autre jugement de la Cour suprême, rendu en 2005 — que j’appellerai « Affaire Solski » — et auquel le jugement sur les écoles passerelles fait référence plus de trente fois. C’est de l’affaire Solski dont nous parlerons dans le deuxième volet de cette série.

Référence :
Jugement de la Cour suprême du Canada concernant les écoles passerelles

Complément de lecture :
La crise de Saint-Léonard, ou le début du conflit linguistique au Québec (2019-11-15)

Pour consulter les trois volets de la série « Le français en péril », veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel