Covid-19 : le poker et la saignée

Publié le 5 octobre 2020 | Temps de lecture : 8 minutes

Introduction

Au début de la pandémie au Covid-19, on pouvait blâmer le gouvernement fédéral d’avoir tardé à fermer les frontières.

On pouvait affirmer que si le Québec était plus atteint par la pandémie que le reste du Canada, c’était parce que les vieillards y ont une importance démographique plus grande que dans le reste du pays.

On pouvait accuser l’austérité libérale d’avoir fragilisé notre système de la Santé.

Et on pouvait estimer que la relâche scolaire, survenue plus tôt au Québec que dans les autres provinces, était tombée à un bien mauvais moment.

Tout cela est vrai.

Mais oublions le passé; les autorités sanitaires nous assurent avoir appris leur leçon et se disent déterminées à faire mieux.

Un premier coup de poker

Après un confinement réussi (grâce à l’adhésion de sa population), le Québec est devenu en juin la première province canadienne à se déconfiner. À l’étonnement du reste du pays.

Car à ce moment-là, c’est chez nous qu’on dénombrait le plus grand nombre de nouveaux cas positifs.

En déconfinant prématurément l’économie québécoise, les autorités prenaient un risque.

Entre le premier juillet et le premier octobre, le nombre cumulatif de morts au Québec par million d’habitants est passé de 651 à 689, soit une différence de 38.

Au cours de la même période, ce nombre est passé de 106 à 120 au Canada anglais, soit une progression 2,7 fois moindre.

Cette fois-ci, personne ne peut blâmer le fédéral, le gouvernement précédent, ou une malencontreuse relâche scolaire.

Un deuxième coup de poker

Le pourcentage de tests positifs au Covid-19 est l’indice le plus fiable de la prévalence du virus au sein de la population.

Lorsqu’on réduit le nombre de tests, on réduit le nombre de cas positifs. Mais cela ne change pas leur pourcentage.

Pour prendre un exemple fictif, si la moitié du Québec était contaminé et qu’on effectuait seulement dix tests dans toute la province, on trouverait seulement cinq personnes atteintes (la moitié). Mais le pourcentage de tests positifs demeurerait à 50 %, comme si on en faisait des milliers.

Le 20 aout dernier, le pourcentage positivité était à son plus bas depuis des mois.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, on peut rouvrir les écoles quand, depuis au moins deux semaines, le pourcentage de tests positifs au Covid-19 parmi la population est moins de 5 %.

Certaines autorités sanitaires sont plus exigeantes et estiment que le taux de positivité maximale doit plutôt être de 3 %. C’est le cas de la ville de New York.

Dans tous les cas, le Québec répondait à ces critères.

Malheureusement, la Santé publique décidait de jouer au poker encore une fois.

Première imprudence; la réduction de la distance sanitaire en classe.

Puisqu’un mètre était probablement la distance entre les pupitres avant la pandémie, réduire la distance sanitaire de deux mètres à un seul est l’équivalent d’abolir de facto la distanciation sociale à l’école.

Deuxième imprudence : l’abolition du port du masque avant la cinquième année du primaire et son abolition partielle (et changeante d’un jour à l’autre) chez les adolescents.

Ces deux imprudences auraient été acceptables si on les avait compensées par des mesures tout aussi efficaces pour combattre la pandémie :
• tester tous les élèves du Québec chaque semaine pour les trois premières semaines de la rentrée,
• communiquer les résultats en 24 heures, et
• effectuer la recherche de contacts pour chaque cas positif décelé.

Une fois de plus, la Santé publique a simplement décidé de ‘prendre une chance’.

En décidant de ne tester que les personnes symptomatiques, une bonne partie des enfants atteints passent sous le radar de la Santé publique parce qu’asymptomatiques.

Quant aux mineurs qui ont des symptômes de Covid-19, on demande aux parents de les garder 24 h à la maison.

Si les symptômes persistent, les enfants sont placés en quatorzaine à étudier sur l’internet à partir de la maison. Personne ne sait si la Santé publique les ajoute au nombre de cas positifs. Tout indique que non.

En dépit de ce camouflage, le nombre de cas explose. Les équipes de dépistage sont débordées. Et les responsables de la recherche de contact sont incapables d’effectuer leur travail parce que le dévoilement des résultats positifs prend trop de temps.

Au 5 octobre, 22 % des écoles du Québec sont des lieux d’éclosion du Covid-19 et 822 classes sont fermées. L’Ontario, qui teste davantage que nous, n’a que 7 % des écoles contaminées et toutes les classes y sont opérationnelles.
 

 
Si bien que le taux de positivité dans l’ensemble du Québec a grimpé à 5,34 %. Selon les normes internationales, on devrait fermer nos écoles.

C’est exactement ce que prédisait mon texte ‘Covid-19 : une rentrée scolaire idéale’, publié il y a presque deux mois.


Note : ci-dessus, la courbe en orange est la positivité des tests en incluant ceux effectués plusieurs fois chez la même personne (les travailleurs de la Santé, par exemple). La courbe en bleue représente cas positifs uniques.

Face à ce fiasco, la Santé publique a évidemment blâmé les autres.

Elle a ordonné la fermeture de milliers d’établissements (bars, restaurants, cinémas, salles de spectacles, gyms, etc.) qui n’ont rien à voir avec cette résurgence de la pandémie et qui sont sacrifiés à l’autel de son incompétence.

Fait à noter, on a imposé le port du masque en tout temps à l’école secondaire en zone rouge (là où tout le Québec se dirige).

Toutefois, le Dr Richard Massé — conseiller médical stratégique de la direction générale de la Santé publique du Québec — déclarait plus tôt aujourd’hui :

«  [Il ne] Faut pas voir ça comme ‘En premier lieu le masque’. En premier lieu, on met toutes les autres mesures. Puis là, maintenant, on rajoute le masque aussi. En dernier lieu viennent les équipements de protection personnelle. (…) Donc on ne voulait pas introduire ça [plus tôt] parce qu’en classe, vous voyez que ça a un impact sur la vie étudiante, sur les relations que les jeunes vont avoir entre eux. Etc. On s’est résolu à faire ça parce que là, vraiment, la situation se détériorait.»

Après six mois de pandémie, les dirigeants de la Santé publique placent encore les équipements de protection personnelle au dernier rang des mesures à prendre pour combattre cette pandémie.

On compte sur le lavage des mains et sur un rétablissement temporaire de la distanciation sociale en classe.

Ce que les autorités sanitaires s’entêtent à ne pas voir, c’est que la distanciation sociale est inappropriée chez les enfants (selon tous les pédagogues) et inapplicable chez les adolescents sauf lorsqu’ils sont pensionnaires dans une maison d’enseignement privé.

Maintenant que la population a adopté le port du masque, la balle est dans le camp des autorités sanitaires.

Ceux-ci doivent s’inspirer des pays gagnants contre le Covid-19 et entamer un combat de précision contre la pandémie. Cela signifie trouver et éteindre les foyers d’infection plutôt qu’utiliser aveuglément des moyens brutaux et injustes qui mènent à la faillite d’innombrables petites et moyennes entreprises.

Conclusion

À l’époque de Molière, les médecins croyaient que la saignée guérissait tous les maux.

Alors on saignait les malades. Et quand ce traitement échouait, on les saignait une deuxième fois. Et ainsi de suite.

Et quand le patient finissait par mourir au bout de son sang, c’était la preuve que la saignée n’avait pas été pratiquée suffisamment tôt.

Quatre siècles plus tard, les médecins de la Santé publique sont incapables de voir que le bilan désastreux de la pandémie au Québec est le résultat de leur aveuglément et de leur suffisance.

Exactement comme les médecins à l’époque de Molière.

Références :
Compte Twitter de Patrick Déry
Covid-19 : évolution en six mois
Covid-19 : une rentrée scolaire idéale

Parus depuis :
Des élèves sans suivi en attente d’un test de dépistage (2020-10-06)
Jusqu’à 10 jours d’attente pour un résultat de test dans la région de Québec (2020-10-06)
Combien coûte votre test de COVID-19? (2020-10-29)
Raccourcir à 72 heures le temps entre le dépistage et l’isolement des contacts (2020-11-14)
We are over-cleaning in response to covid-19 (2020-12-11)
Des tests automatisés bloqués par une exigence de dernière minute (2021-03-01)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Un commentaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Comment ajouter la date de publication sous le titre d’un texte publié sous WordPress ?

Publié le 2 octobre 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

Lorsqu’un visiteur s’apprête à lire un de vos textes, il peut être important de lui faire savoir qu’il consulte un texte ancien dont la teneur peut être devenue caduque, en partie ou en totalité.

D’autres fois, on peut souhaiter fièrement que la date apparaisse lorsque le texte anticipait des faits qui se sont effectivement produits.

Quand on accède à un texte par le biais d’un moteur de recherche (ex.: avec Google), seul le texte demandé s’affiche. Selon la maquette utilisée par le blogue, il arrive que la date de publication ne s’affiche pas sous le titre de ce texte, comme ci-dessous.
 

 
…contrairement à ce qui se produit lorsque les textes d’un blogue s’affichent les uns à la suite des autres.
 

 
Si la date de publication est absente, comment faire en sorte qu’elle soit toujours affichée ?

Le nom du programme informatique qui décide de l’affichage des textes à la queue leu leu est index.php. Celui qui détermine l’affiche d’un texte à la fois s’appelle single.php.

Comment modifier ce dernier ?

Après avoir accédé à votre blogue à titre d’administrateur, cliquez sur Apparence/Éditeur…
 

Au côté droit de l’écran, cliquez sur single.php afin d’afficher son code informatique dans l’éditeur à la gauche de l’écran.
 

Entre la ligne où apparait le code…

<h2><?php the_title(); ?></h2>

…et celle où apparait le code…

<div class= »entry »>

…il faut ajouter le code (celui qui apparait à la ligne 14 de la capture d’écran ci-dessus)…

Le <?php the_date(); ?>

Comme n’importe quoi en informatique, les moindres détails comptent. Donc ce code doit être copié exactement. Je vous suggère de copier-coller le texte à partir du code ci-dessus. Ne changez rien d’autre.

Dès cet ajout effectué, cliquez sur Mettre à jour le fichier, puis allez sur votre blogue et cliquez sur n’importe quel titre de texte pour le faire afficher lui tout seul.

Si vous obtenez un message d’erreur, revenez aussitôt à l’éditeur de code et enlevez le code ajouté puisqu’il ne convient pas à votre blogue. Désolé.

Si tout va bien, voilà ce que vous obtiendrez :
 

 

Complément de lecture :
Comment ajouter l’attribut hreflang à un blogue sous WordPress ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution en six mois

Publié le 1 octobre 2020 | Temps de lecture : 2 minutes

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.


Tableau comparatif des pays les plus atteints au premier jour de chaque mois, en nombre de morts par million d’habitants

Pays Avr. Mai Juin Juil. Aout Sept. Oct.
Pérou 2 33 149 299 588 880 983
Belgique 73 676 834 842 849 853 863
Québec 4 238 549 651 669 679 689
Espagne 194 532 581 607 608 623 684
Brésil 1 29 149 286 440 576 680
Bolivie 1 5 27 96 255 430 680
Chili 1 14 66 301 498 591 669
Équateur 6 52 210 259 325 372 646
États-Unis 12 199 330 395 477 570 642
Grande-Bretagne 35 414 593 647 680 611 621
Mexique 0 37 81 215 362 499 601
Italie 206 467 554 575 581 587 594
Suède 24 262 442 532 568 575 583
Panama 7 44 80 149 335 463 551
Colombie 0 6 19 68 203 393 513
France 53 367 432 457 464 470 490
Argentine 1 5 12 35 79 193 448
Pays-Bas 68 285 347 357 359 363 374
Irlande 15 262 343 352 357 359 365
Macédoine du Nord 6 41 70 147 237 290 357
Moldavie 1 31 76 136 195 250 331
Arménie 1 11 46 153 253 297 325
Iran 37 75 98 130 202 257 313
Afrique du Sud 0 2 12 46 137 240 283
Bosnie-Herzégovine 1 21 47 57 100 189 263
Roumanie 5 39 66 87 124 192 253
Suisse 54 205 224 227 229 232 239
Honduras 1 8 21 50 135 189 237
Irak 1 2 5 51 119 176 228
Portugal 18 98 140 155 170 179 194
Rép. Dominicaine 5 28 46 69 106 160 194
Oman 0 2 10 36 88 135 182
Guatemala 0 1 6 43 109 155 181
Costa Rica 0 1 2 3 30 87 180
Israel 3 24 31 35 57 104 176
Kirgistan 0 5 9 35 151 162 163
Bahreïn 2 5 11 54 86 112 148
Russie 0 8 33 65 96 119 143
Koweït 0 7 51 83 105 125 143
Arabie saoudite 0 5 15 49 82 112 137
Albanie 5 11 11 22 56 100 135
El Salvador 0 2 7 28 71 111 131
Paraguay 0 1 2 3 7 48 121
RoC* 3 51 94 106 113 117 120
               
Hong Kong 0,5 0,5 0,5 0,9 4,5 12,0 14,0
Japon 0,4 3,6 7,1 7,7 8,0 10,0 12,4
Corée du Sud 3,2 4,8 5,3 5,5 5,8 6,4 8,1
Singapour 0,5 2,7 4,1 4,4 4,5 4,5 4,6
Chine 2,4 3,4 3,4 3,2 3,3 3,2 3,2
Vietnam 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,4 0,4
Taïwan 0,2 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.


Références :
Covid-19 : le nombre de cas en temps réel
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel