Le poumon de la Terre

Publié le 30 janvier 2014 | Temps de lecture : 1 minute

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En 2011, la NASA mettait en orbite un satellite météorologique conçu par la National Oceanic and Atmospheric Administration.

Depuis ce temps, celui-ci transmet des données climatiques qui ont permis d’améliorer notre compréhension des différents facteurs qui contribuent au climat.

En particulier, on a documenté la production d’oxygène par les différentes régions du globe. La carte ci-dessus, illustre la localisation de la végétation qui, au cours de l’été dans l’hémisphère nord, constitue le poumon de la Terre.

Références :
NASA Renames Earth-Observing Mission in Honor of Satellite Pioneer
National Oceanic and Atmospheric Administration
Suomi NPP

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le nucléaire dans le monde

Publié le 6 décembre 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

On ne construit plus de centrale nucléaire aux États-Unis depuis Vogtle-2, mise en opération en 1989. Ses coûts de construction — originellement estimés à 660 millions$ — ont finalement atteint 8,87 milliards$, soit treize fois plus. Puisque les centrales appartiennent au secteur privé, ce désastre financier a anéanti tout nouveau projet de centrale dans ce pays.

Moins de 24 heures après son entrée en fonction à titre de Première ministre, Mme Pauline Marois a annoncé la fermeture de Gentilly-2, la seule centrale nucléaire en opération au Québec. Le choix du Québec était de débourser environ quatre milliards$ pour restaurer cette centrale (qui n’a jamais été rentable) ou de la fermer. Avant cette fermeture, le Québec tirait 3% de son électricité du nucléaire (comparativement à 52% pour l’Ontario).

La France fermera la plus ancienne centrale nucléaire, vétuste et dangereuse. L’Allemagne s’abstiendra de construire de nouvelles centrales, mais maintiendra ses centrales déjà en opération.

Ailleurs dans le monde, 63 réacteurs nucléaires sont présentement en construction, dont 26 en Chine et 6 en Inde.

Le graphique ci-dessus résume la situation actuelle du nucléaire dans le monde. À droite du nom de chaque pays, le chiffre entre parenthèses est le nombre de réacteurs en activité à la fin de 2012. Le pourcentage est la proportion de l’électricité du pays tiré de ses centrales nucléaires.


Pourcentage du nucléaire dans la production nationale d’électricité
Nucleaire

 
Par comparaison, voici l’importance de l’hydroélectricité pour un certain nombre de pays.


Pourcentage de l’hydrolique dans la production nationale d’électricité

Références :
La Norvège, championne de l’hydroélectricité
Mataillet D. Le monde d’aujourd’hui. La Revue 2012; 21: 135.
Marbot O. Le nucléaire a toujours ses adeptes. La Revue 2013; 35: 28.
Marois annule la hausse des droits de scolarité et ferme Gentilly-2

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La décontamination des sols

Publié le 7 août 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

Depuis des années, des chercheurs universitaires se consacrent à la dépollution des sols contaminés par des métaux lourds et par des hydrocarbures.

Pour ce qui est des métaux lourds, les nettoyeurs les plus efficaces sont certaines variétés de saules. Plantés à 25cm d’intervalle, ces arbustes créent un réseau touffu de racines qui absorbent les métaux lourds : ceux-ci finissent entreposés dans les cellules de ces plantes.

À l’automne, on fauche les arbustes et on brule leurs tiges et leurs feuilles : les cendres concentrent alors ces polluants. Après une période de trois à dix ans, le sol est complètement décontaminé.

La décontamination des hydrocarbures est plus compliquée. Peu de bactéries aiment le pétrole. Mais certains champignons en raffolent. Alors comment fait-on pour trouver les microorganismes capables de digérer le pétrole ?

C’est simple : on va sur un site hypercontaminé et on recueille les microorganismes qui s’y développent. Parmi ces derniers, il y a ceux qui se multiplient en dépit du pétrole et ceux qui se multiplient grâce à celui-ci. Il suffit de distinguer ces derniers pour obtenir d’habiles dépolluants.

Mais l’écueil à éviter, c’est de chercher un microorganisme qui, à lui seul, ferait tout. Non seulement le pétrole est une soupe de milliers de substances apparentées mais tout être vivant rejette des déchets qui s’accumulent.

C’est ainsi que les levures qui transforment le jus de raisin en vin dégagent de l’alcool qui, en s’accumulant, finit par arrêter leur multiplication.

Aux moisissures qui dégradent le pétrole, il faut donc associer des bactéries qui se nourriront de leurs déchets et qui leur éviteront d’être empoisonnées par eux.

Le choix de ces microorganismes complémentaires est un art et une science en plein développement.

Ici même au Québec, des chercheurs universitaires ont acquis une expérience inestimable. C’est grâce à leur talent qu’une ville dévastée comme Lac-Mégantic symbolisera dans quelques années, le triomphe de la vie sur la désolation.

Références :
Des champignons qui se nourrissent de pétrole
GENOREM: How willows decontaminate soils

Sur le même sujet : Le jambon de pétrole

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Infestation d’anémones en Méditerranée

Publié le 6 juin 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

Capo_Gallo_Pelagia_noctilucaCertains poissons et crustacés sont des prédateurs pour les anémones. Mais la surpêche en Méditerranée et le réchauffement climatique ont provoqué une explosion du nombre d’anémones qui s’y reproduisent.

Le professeur Stefano Piraino, de l’université italienne de Salento, dirige un projet de recherche qui vise à documenter l’ampleur de ce phénomène.

« Le 21 avril dernier, j’ai survolé 300 km de rivage près d’ici et j’en ai vu des millions. Sur l’île sicilienne de Lampidusa, on reçoit annuellement 300 000 touristes : toutefois, la baignade n’y est plus autorisée qu’une seule semaine par année. »

Ce printemps-ci, sur les côtes de Catalogne et de Valence, l’Institut des sciences maritimes de Barcelone a détecté une recrudescence de Pelagia noctiluca (photo ci-dessus), un anémone particulièrement venimeuse.

Leurs chercheurs ont observé des bancs d’anémones, longs de plusieurs kilomètres, et qui contiennent trente à quarante anémones par mètre cube.

En Méditerranée, plus de 150 000 baigneurs sont soignés chaque été à la suite de morsures d’anémones.

Précisons que le meilleur remède pour inactiver sur le champ le venin d’anémone est le vinaigre blanc (à 3 ou 5%). Je l’ai expérimenté il y a plusieurs années en Floride sur un surfeur qui venait de se faire piquer.

Il suffit de verser du vinaigre sur la peau pour que les tentacules d’anémone blanchissent instantanément. Comme du blanc d’œuf qui cuit. On enlève ensuite les tentacules avec un essuie-tout ou un linge sec et on réapplique du vinaigre directement sur la peau. Plus le traitement est débuté tôt, plus il est efficace.

Référence : Jellyfish surge in Mediterranean threatens environment – and tourists

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les traces de médicaments dans l’eau potable

Publié le 25 mars 2013 | Temps de lecture : 6 minutes

60 Millions de consommateurs et la fondation France Libertés, publient aujourd’hui une étude qui révèle la présence de traces de pesticides et de médicaments dans environ le cinquième des eaux embouteillées disponibles en France. Précisons que cette étude ne remet pas en cause leur potabilité puisqu’il ne s’agit que de traces infimes.

Le porte-parole déclarait : « C’est ce qui est très perturbant (…) Parce que normalement, on ne devrait pas retrouver ces traces-là (…) Quel est le plus beau symbole de pureté que l’eau minérale (…) Même de symbole de pureté là, il est maintenant touché par les polluants d’origine humaine. »

Depuis 1977, la présence de polluants dans l’eau potable est bien documentée, principalement à partir d’études réalisées en Grande-Bretagne : à l’époque, ce sont les sources approvisionnant la capitale britannique en eau potable qui faisaient l’objet de l’attention des chercheurs.

Ceux-ci avaient découvert que cette eau contenait des traces d’à peu-près tous les médicaments couramment utilisés, dans des proportions variables. C’est ainsi qu’avec une consommation normale d’eau du robinet, un Londonien de 70 ans aura consommé involontairement entre 4 et 16 grammes d’acétaminophène (appelé paracétamol en Europe) dans sa vie, soit l’équivalent de quatre à seize doses maximales de cet analgésique.

De manière générale, plus un médicament est utilisé, plus on en retrouve des traces importantes dans l’environnement. Toutefois, la présence dans l’eau potable sera influencée de manière déterminante par la solubilité du produit dans l’eau.

Il serait rassurant de se dire que depuis les études de ces pionniers, la situation a beaucoup évoluée. Autrefois, les médicaments étaient jetés aux égouts ou dans des sites d’enfouissement alors qu’aujourd’hui le public a pris l’habitude de rapporter les médicaments périmés à sa pharmacie pour être finalement incinérés.

Parce qu’elle n’est pas comparative, l’étude française ne nous dit pas si la situation a évoluée, mais seulement que le problème demeure. Et dans la mesure où les techniques d’analyse se perfectionnent plus rapidement que les méthodes de filtration des usines d’épuration, il est prévisible qu’on trouvera encore longtemps des résidus de médicaments dans nos eaux potables.

Contrairement aux produits chimiques industriels, les aliments et les médicaments sont généralement biodégradables. Toutefois, si les principaux nutriments (glucides, protéines et lipides) sont finalement dégradés par notre métabolisme en de petites molécules (eau, gaz carbonique, acide urique, sels minéraux, etc.), ce n’est généralement pas le cas des médicaments.

Les médicaments sont l’objet d’une transformation partielle. Celle-ci peut être très superficielle — visant à ajouter un radical destiné à augmenter la solubilité dans l’eau afin de faciliter le rejet dans l’urine — ou d’une dégradation qui ne rend pas jusqu’au niveau du gaz carbonique et de l’eau.

Conséquemment, l’immense majorité des médicaments sont rejetés partiellement transformés. Dans tous les cas, lorsque nos enzymes ne sont pas capables de les détruire complètement, les enzymes des microorganismes de la nature sont capables de faire le reste.

Même les médicaments jugés « non-biodégradables » par certains chercheurs, ne le sont que parce que la période d’analyse qu’ils ont choisie est trop courte. Contrairement aux plastiques et autres produits industriels, tous les médicaments sont biodégradables, certains plus lentement que d’autres.

Les médicaments périmés contribuent de manière insignifiante à la présence de substances médicamenteuses dans l’environnement. Plus de 99% des quantités retrouvées proviennent donc les selles et des urines de personnes soignées à l’aide de ces produits.

Les techniques d’épuration des eaux usées et les procédures de filtration des municipalités ont été conçues pour éviter la propagation des épidémies par le biais de l’eau potable. Le chlore détruit les bactéries pathogènes, tandis que le sable et d’autres substances filtrantes assurent la transparence de l’eau potable. Ces techniques, qui datent du XIXe siècle, n’ont jamais été conçues pour éliminer les polluants industriels. Ils éliminent les grosses molécules et laissent passer les petites (dont la très grande majorité des médicaments).

Or de plus en plus d’eaux embouteillées — particulièrement celles parfumées — ne sont que des eaux du robinet ozonisées, purifiées, édulcorées et parfumées. Quant à celles tirées des nappes phréatiques, elles sont parfois contaminées par ce qui suinte des sites d’enfouissement et, en montagne, des fosses septiques de ceux qui y vivent.

Et comme nous sommes à une époque où les États réduisent leur taille sous la pression de leurs créanciers, il ne faut pas s’attendre à ce que les municipalités mettent au point des moyens nouveaux et sophistiqués (donc coûteux) d’épuration des eaux potables qui seraient destinés à débarrasser l’eau de tous ses polluants.

En somme, la seule manière d’éliminer les médicaments de notre environnement, c’est de cesser d’en produire et d’en consommer, ce qui n’arrivera jamais.

Quant aux pesticides et insecticides (dont je n’ai pas parlés), on doit savoir qu’en cas d’interdiction, leur présence dans l’environnement peut être décelable plus d’une décennie après. Raison de plus pour s’y prendre tôt.

Références :
Des pesticides trouvés dans une bouteille d’eau sur cinq
Des traces de pesticides et de médicaments retrouvées dans des bouteilles d’eau
Richardson ML et Bowron JM. The fate of pharmaceutical chemicals in the aquatic environment. J. Pharm. Pharmacol. 1985, 37: 1-12.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le gaz carbonique de New York

Publié le 13 mars 2013 | Temps de lecture : 1 minute

 

Le principal gaz à effet de serre produit dans la métropole américaine, c’est le gaz carbonique. Celui-ci est inodore et incolore. Conséquemment, il est produit sans que les citoyens de cette ville ne le remarquent.

Mais qu’arriverait-il si, au lieu de laisser le vent l’emporter, on l’accumulait dans de gros ballons colorés ?

La compagnie CarbonVisual a réalisé un film en images de synthèse permettant de voir ce que cela donnerait. Dans la vidéo qu’elle a réalisée, chaque ballon représente le volume occupé par une tonne de gaz carbonique, soit 534 m² (à 15 degrés Celsius et à pression atmosphérique normale).

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Sauver Gentilly-2 : un combat perdu d’avance

Publié le 22 septembre 2012 | Temps de lecture : 7 minutes

Moins de 24 heures après son entrée en fonction à titre de Première ministre, Mme Pauline Marois a annoncé la fermeture de Gentilly-2, la seule centrale nucléaire en opération au Québec.

Alors que le cadre financier des promesses électorales du Parti Québécois prévoyait une somme de 13 millions$ consacrée au développement économique du centre du Québec afin compenser pour la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2, c’est plutôt une somme de 200 millions$ que Mme Marois a décidé d’allouer à cette fin.

Considérations sanitaires

Cette semaine, le documentaire Gentilly or not to be provoquait une controverse relativement à la sécurité du nucléaire. En substance, le film prétend que la population qui habite à moins de plusieurs kilomètres d’une centrale nucléaire court un risque accru de développer des cancers.

Malgré le fait qu’il soit impossible de bloquer la radioactivité d’une centrale nucléaire, il est très douteux que la population environnante soit à risque.

Il est vrai qu’une paroi de plomb épaisse de 15 cm ne bloque que 50% des rayons gamma. Donc toute la centrale est radioactive et sa radioactivité est proportionnelle à la durée de son exploitation.

Toutefois, l’exposition à la radioactivité diminue avec le carré de la distance. En d’autres mots, lorsqu’on multiplie par 2 la distance d’exposition, on diminue de 4 fois la radioactivité. À 3 fois la distance, on a le 9e de la radioactivité. À 1 km, c’est un million de fois plus faible. À 2 km, c’est quatre millionièmes, etc.

En somme, une femme enceinte qui habite à 1 km de Gentilly-2 reçoit un million moins de radioactivité que n’importe quel employé de la centrale.

D’autre part, il n’existe pas de seuil sécuritaire. Théoriquement, toute radioactivité est néfaste. Toutefois, on doit prendre en considération le bombardement naturel que subit la Terre (d’origine cosmique) : nous sommes bombardés naturellement par une faible quantité de radioactivité. Sur mon compteur Geiger, ce dernier enregistre une dizaine de rayons gamma à la minute, ici même à Montréal.

Qu’une centrale ajoute un rayon gamma à l’heure, cela ne change pas grand-chose. Donc au-delà d’une certaine distance, la radioactivité d’une centrale devient insignifiante.

Considérations économiques

En 2009, l’électricité produite par la fission nucléaire ne constituait que 2,35% de tous les approvisionnements d’Hydro-Québec. Alors que le coût moyen de production d’Hydro-Québec s’élevait à 2,14 cents par kilowatt-heure (kwh) en 2010, un responsable de la division nucléaire d’Hydro-Québec affirmait en 2005 que le coût de production à la centrale de Gentilly-2 s’élevait à 6 cents le kwh — environ trois fois plus — soit d’avantage que le prix de vente au secteur industriel et à peine moins que le tarif résidentiel. En somme, Gentilly-2 n’est pas rentable et ne l’a jamais été.

Lorsqu’on prend en considération, non pas l’électricité de nos vieux barrages des années 1970, mais l’énergie qui sera produite par les barrages futurs d’Hydro-Québec, cette énergie reviendra à environ 10 cents du kwh. C’est davantage que le prix de ce qui est produit par Gentilly-2. Donc, sous cet angle, Gentilly-2 serait rentable (et même compétitive avec l’éolien, notamment).

Malheureusement, cela ne prend pas en considération les milliards$ que coutera la réfection de Gentilly-2, ce qui aura pour effet de faire augmenter considérablement les coûts unitaires de production du nucléaire au Québec.

On estime officiellement à 1,9 milliards$ le coût de réfection de cette centrale. Dans les faits, on s’attend à ce que la facture soit beaucoup plus élevée. Déjà, pour la seule année fiscale 2011-2012, l’État québécois (par le biais d’Hydro-Québec) a gaspillé 850 millions$ — soit presque autant que les revenus de la taxe santé — pour réparer cette centrale alors que presque rien n’a encore été fait.

Dernièrement on a rénové la centrale Point-Lepreau au Nouveau-Brunswick, une centrale CANDU en tous points semblable à Gentilly-2. Prévue à 1,4 milliards$, cette rénovation coûtera finalement au moins 2,4 milliards$, soit 1 milliard$ de plus que prévu.

Il faut savoir qu’Énergie atomique de Canada (ÉACL) a vendu tous ses réacteurs nucléaires ontariens à la firme québécoise SNC-Lavallin pour la modeste somme de 15 millions$. Dans les faits, les 1 200 membres du personnel d’ÉACL sont devenus des employés de SNC-Lavalin. Cette firme de génie-conseil a donc à son emploi à peu près tous les grands experts canadiens dans le domaine nucléaire.

Si le gouvernement Marois avait décidé de briser sa promesse électorale et décidé de rénover Gentilly-2, qui pensez-vous aurait obtenu le contrat de réfection de cette centrale ? La seule compagnie québécoise compétente dans ce domaine spécialisé, soit SNC-Lavalin.

Après avoir commencé les travaux, si cette firme devait informer l’État qu’on doit lui accorder des centaines de millions$ de plus pour effectuer d’autres travaux à la centrale nucléaire, travaux non-prévus dans l’appel d’offres, quel fonctionnaire pourra juger si ces travaux sont essentiels ou non ? Comment l’État aurait pu argumenter avec les plus grands experts du pays ?

Donc SNC-Lavalin aurait pu réclamer autant de rallonges qu’elle aurait voulu : l’État n’aurait pas eu d’autre choix que de payer ou de risquer une catastrophe nucléaire si elle avait ignoré les demandes successives de la firme de génie-conseil. Bref, la réfection de Gentilly-2 aurait été un grand bar ouvert.

Considérations politiques

Le syndicat des employés de la centrale mène depuis quelques jours une campagne contre la décision gouvernementale de fermer Gentilly-2. Les employés de cette centrale sont en bonne partie des diplômés universitaires extrêmement compétents. Ils reçoivent des salaires élevés qui sont amplement mérités. Toutefois, en travaillant pour une centrale nucléaire non-rentable, ce sont des assistés sociaux de luxe.

Il est inutile de prolonger la vie de Gentilly-2. Depuis toujours, cette centrale produit de l’électricité à un coût supérieur aux autres installations d’Hydro-Québec et cet écart s’accentuerait si on devait assumer les coûts de sa rénovation. Quant aux coûts de sa fermeture, ils seront encore plus élevés si nous attendons : plus une centrale nucléaire est en opération, plus elle est contaminée.

Les régions administratives de la Mauricie et du Centre du Québec représentent une population de près d’un demi-million de personnes. Si les élites locales veulent transformer Gentilly-2 en centrale privée, et rénover cette centrale à leurs frais — soit une dépense qui pourrait atteindre la somme de trois milliards$ — ou si SNC-Lavalin veut ajouter Gentilly-2 à sa collection actuelle de centrales nucléaires, pas de problème. Mais on pense que les contribuables vont continuer de payer pour cet éléphant blanc, on se trompe.

Conclusion

Après le Plan Nord, Gentilly-2 devait être le plus important gaspillage des fonds public du gouvernement de Jean Charest. Puisque celui-ci a été répudié, il faut féliciter le gouvernement de Mme Marois d’avoir promptement pris une décision qui non seulement rencontre le vœux de l’immense majorité des Québécois, hostiles au nucléaire, mais correspond à une saine gestion des finances publiques.

Références :
Faut-il réparer Gentilly-2 ?
Fermeture de Gentilly-2 – Le PQ défend une «sage» décision
Gentilly-2: des coûts imprévisibles
La campagne électorale au Québec : le jeudi 16 août 2012
La campagne électorale au Québec : les 23 et 24 août 2012
Le PQ veut toujours procéder au déclassement de Gentilly-2
Marois annule la hausse des droits de scolarité et ferme Gentilly-2
Réfection de la centrale Gentilly-2 – 275 millions bien embêtants pour le ministre Gignac

Parus depuis :
Hydro recommande de fermer Gentilly-2 (2012-09-29)
Gentilly-2 : remettre les pendules à l’heure (2012-10-11)
La fermeture de Gentilly-2 est inévitable, dit Vandal (2013-01-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pour un registre des semences de maïs transgénique

Publié le 20 avril 2012 | Temps de lecture : 4 minutes

Pour la première fois cet été, on consommera du maïs frais produit au Québec sans savoir qu’il s’agit ou non d’une céréale génétiquement modifiée.

Après des essais concluants réalisés l’an dernier en Montérégie, Monsanto a décidé d’offrir cette année des semences de trois variétés de maïs transgénique : Tentation2, Obsession2 et Passion2. Il est à noter que le chiffre 2 permet de distinguer ces organismes génétiquement modifiés (OGM) de leur équivalent naturel.

La majorité du maïs québécois destiné à l’alimentation animale est déjà transgénique. Toutefois, des semences de maïs transgénique destiné aux humains sont commercialisées aux États-Unis depuis quatre ou cinq ans mais n’avaient pas été offertes jusqu’ici aux producteurs canadiens.

Selon une source généralement bien informée, citée par le quotidien Le Soleil le maïs frais transgénique américain est déjà vendu au Québec hors saison, de même qu’une bonne partie des courges américaines qui se retrouvent dans nos épiceries plusieurs mois par année.

Puisque l’immense majorité des Québécois attachent la plus haute importance à savoir ce qu’ils mangent, je suggère que toute personne qui vend ou achète des semences de maïs transgénique au Québec — que ce soit un fabricant, un grossiste, un distributeur ou un cultivateur — soit tenu d’inscrire toute transaction de semence de maïs transgénique (y compris toute utilisation) dans un registre qu’il devra mettre gratuitement à la disposition d’inspecteurs gouvernementaux et, moyennement des frais raisonnables, à la disposition de toute personne qui en fera la demande.

Chaque entrée dans ce registre devra préciser les coordonnées précises du fournisseur ou du client concerné par cet achat ou cette vente.

De plus, il devrait être interdit à quiconque d’acheminer du maïs frais transgénique à un distributeur de produits alimentaires en gros ou au détail (ce qui inclus toute épicerie ou marché public) sans que ce maïs soit préalablement conditionné de manière à ce que l’emballage porte en lettres rouges la mention « Maïs transgénique », représentant au moins 20% de la surface de l’emballage.

Quant au maïs frais et tous les aliments contenant de la farine de maïs importés de pays où du maïs transgénique est commercialisé sans déclaration obligatoire — par exemple, des croustilles américaines — ces aliments devront porter la mention « Peut contenir des OGM », en lettres rouges, représentant au moins 20% de la surface de l’emballage.

Toute tentative d’enlever cette mention, à quelque niveau que ce soit dans la chaine de distribution, devrait être passible de peines dissuasives.

Pour terminer, la vente en vrac (c’est-à-dire non emballé) de maïs frais transgénique devrait être interdite.

Ces mesures peuvent être implantée rapidement, sont peu coûteuses, et éviteraient aux consommateurs d’être incités à s’abstenir de consommer tout maïs frais en raison de l’impossibilité actuelle de distinguer le maïs naturel de celui qui ne l’est pas.

On doit avoir à l’esprit que toutes les études qui prouvent l’innocuité du maïs transgénique ont été effectuées par Monsanto et que cette compagnie n’a cessé de menacer de poursuite pour diffamation tous les chercheurs qui ont mis en doute la véracité de ces études.

Le 16 février 2012, on a déposé à l’Assemblée nationale une pétition ayant recueilli 14 454 signatures de citoyens préoccupés par la présence d’OGM dans les aliments. Les signataires ont essuyé une fin de non-recevoir de la part du ministre libéral de l’agriculture du Québec; ce dernier estime que l’étiquetage des OGM serait trop compliqué à instaurer. Signalons que cela est déjà obligatoire dans quarante pays.

Références :
Appel aux producteurs de maïs sucré «non OGM»
Du maïs sucré génétiquement modifié dans nos champs
On a le droit de savoir ce que l’on mange

Sur le même sujet :
La culture des OGM en Europe
Le maïs transgénique est-il inoffensif ?
Les OGM en Europe : ajustements législatifs
L’étiquetage obligatoire des OGM ou la quadrature du cercle
Un combat d’arrière-garde du gouvernement libéral

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gaz à effet de serre et transport en commun

Publié le 14 avril 2012 | Temps de lecture : 2 minutes

Le Québec vise pour 2020 une réduction de 20% des gaz à effet de serre (GES) sous le niveau de 1990. À lui seul, le transport génère 40% des émissions de GES de la région métropolitaine.

Puisque le secteur industriel est déjà sous le niveau de 1990, si on veut atteindre les objectifs que Québec s’est donnés pour 2020, cela doit absolument passer par un investissement dans les transports en commun.

Comment se répartit ce 40% des GES générés par le transport ? Une tranche de 19,2% (soit 48% du 40%) est causée par les camions, 14,4% (soit 36% du 40%) par les automobiles, 5,6% (soit 14% du 40%) par le transport hors route (maritime, ferroviaire et aérien) et seulement 0,8% (soit 2% du 40%) par les autobus.

Les GES émis par le transport ont augmenté de 29,6% entre 1990 et 2006, entre autres à cause de la popularité des véhicules utilitaires et des mini fourgonnettes.

Pour la période 2012-2018, le gouvernement du Québec entend débourser 16,5 milliards$ pour améliorer le réseau routier (82%) et 2,9 milliards$ (18%) dans les infrastructures terrestres du transport en commun (ce qui exclut le métro).

La Communauté métropolitaine de Montréal estime que d’ici 2020, elle a besoin de 10,3 milliards$ seulement pour la remise en état des infrastructures et le renouvellement des flottes.

De plus, il lui faudrait 8,9 milliards$ supplémentaires destinés aux nouveaux projets qui lui permettraient d’atteindre l’objectif gouvernemental d’augmenter de 40% l’utilisation du transport en commun.

Ces sommes ne tiennent pas compte des 4 milliards$ destinés à compléter les projets entamés, comme le train de l’Est (dont les coûts seront certainement revus à la baisse).

Références :
Mobilité durable – Montréal est à l’heure des choix
Transport en commun – À 82 municipalités de s’entendre pour financer un réseau en nécessaire expansion

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pollution atmosphérique : London, Montréal et Londres

Publié le 9 avril 2012 | Temps de lecture : 5 minutes

London, Ontario

La région de London est la plus polluée de l’Ontario. Annuellement, 160 332 tonnes de polluants, dont 8 050 tonnes de substances toxiques, y sont crachées par année, sans compter ceux que le vent apporte des industries américaines.

Au 2e rang ontarien, on trouve la région de Toronto avec 57 987 tonnes de polluants dont 5 750 tonnes de substances toxiques.

La liste des polluants est assez longue et comprend notamment des gaz à effet de serre et des gaz qui contribuent aux pluies acides. Toutefois, si on ne considère que les produits chimiques, dans l’ensemble des Grands Lacs, le Canada rejette annuellement dans l’atmosphère :
 • Xylène est ses isomères : 2 056,9 tonnes
 • Toluène : 1 906,6 tonnes
 • Benzène : 309,1 tonnes
 • Formaldéhyde : 208,5 tonnes
 • Plomb : 42,0 tonnes
 • Arsenic : 12,8 tonnes
 • Total de tous les produits chimiques : 32 583,6 tonnes

Montréal

Il y a peu d’industrie lourde dans la région montréalaise. La pollution qu’on y trouve provient principalement de la combustion de l’essence par les véhicules et de la pollution apportée par le vent en provenance des grands lacs.

Pourtant, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Montréal est la deuxième grande ville canadienne où la pollution atmosphérique est la plus importante, tout juste derrière Sarnia, en Ontario. Comment expliquer cela ?

Il faut préciser que le palmarès de l’OMS ne tient pas compte de la composition chimique du « smog », mais se base exclusivement sur la concentration des particules en suspension dans l’air.

Dans le cas de Montréal, environ 30% de cette pollution est apportée par le vent en provenance de Toronto et autant des zones industrielles américaines du Midwest américain.

Pour ce type précis de pollution, la qualité de l’air à Montréal se compare avantageusement à celle de nombreuses autres villes à travers le monde.

Concentration — en microgrammes par mètre cube d’air ambiant — des particules de 2,5 microns ou moins :
 • Ottawa : 5,2
 • Toronto : 7,1
 • Québec : 7,3
 • Stockholm : 10,6
 • Montréal : 11,2
 • Sarnia : 11,4
 • New York : 12,7
 • Londres : 13,5
 • Zurich : 14,7
 • Copenhague : 14,8
 • Salzburg : 16,7
 • Prague : 17,3
 • Rotterdam : 17,9
 • Rome : 19,7
 • Berlin : 20,8
 • Paris : 22,9
 • Beijing : 121 particules de 10 microns ou moins
 • Bombay : 132 particules de 10 microns ou moins

Globalement, la pollution serait à l’origine de plus de 4 000 décès chaque année au Canada, dont 1 500 dans la région de Montréal.

Londres, Grande-Bretagne

Au Royaume-Uni, la pollution cause annuellement 29 000 morts, dont 4 300 seulement pour la capitale britannique (soit autant que tout le Canada).

Selon un comité gouvernemental, la pollution atmosphérique serait un facteur contributif, parmi d’autres, dans le décès de 200 000 personnes dans ce pays en 2008. Les coûts sur le système de santé seraient de l’ordre de 12,7 à 27 milliards$ par année.

Depuis la révolution industrielle, basée en Angleterre sur la force motrice libérée par la combustion du charbon, Londres a toujours été une ville polluée. Aussi récemment que les années 1940, environ 90% de la production électrique du Royaume-Uni provient du charbon, le pétrole fournissant le reste.

Même de nos jours, ce pays dépend du charbon de manière appréciable. En 2007, la production d’énergie se partageait entre le pétrole à 38%, le gaz naturel à 37,7%, le charbon à 16,7%, l’énergie nucléaire à 5,8% et les énergies renouvelables à seulement 1,8%.

Depuis quelques années, on s’est employé à soulager la circulation automobile dans le centre de Londres. Indirectement, cela a eu des répercussions positives au niveau de la pollution. Mais la qualité de l’air et elle-même constitue une priorité secondaire des divers gouvernements en Angleterre, ces dernières étant préoccupées à réduire les déficits publics.

Parmi les mesures mises en œuvre afin de réduire la pollution à Londres, la plus farfelue a consisté en l’application d’un enduit collant sur la chaussée de plusieurs voies rapides dans le but de séquestrer les particules en suspension. Avec un succès très limité.

Normalement la pluie lave l’air d’une partie de sa pollution. Mais le mois dernier, un système de haute pression a recouvert le nord-ouest de l’Europe. Ce système a fait en sorte que la pluie a été rare. De plus, l’air pollué des centres industriels s’est accumulé et a circulé en vase clos au-dessus des Pays-Bas, de la Belgique, du nord de la France, et du Royaume-Uni. Si bien que les taux londoniens les plus élevés de pollution atmosphérique depuis trois ans y ont été enregistrés le mois dernier.

On doit donc prévoir la possibilité que les athlètes canadiens qui participeront aux Jeux olympiques de Londres aient à performer, comme les autres participants, en dépit des inconvénients des lieux, comme cela fut le cas aux Jeux olympiques de Beijing en 2004.

Références :
Air quality: A followup report
Énergie au Royaume-Uni
London air pollution worst in Ontario
Pollutionwatch: UK experienced top levels of air pollution in March
Protecting the Great Lakes – St. Lawrence River Basinand Drinking Water Sources
Qualité de l’air à Londres de 1993 à 2012
Qualité de l’air : Montréal au deuxième rang des villes canadiennes les plus polluées
Qualité de l’air – Montréal mal classée au bilan de l’OMS
Which mayoral candidate will tackle London’s air pollution?

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Écrit par Jean-Pierre Martel