Mise au point du premier vaccin chinois à ARN messager

22 mars 2023

Le 2 mars dernier, l’Institut australien de politique stratégique publiait une étude effectuée sur plus d’un an et qui concluait que la recherche chinoise était en avance dans 37 des 44 technologies de pointe étudiées.

De leur côté, les États-Unis demeuraient en avance dans sept secteurs, dont la mise au point des vaccins.

Puisqu’une étude comparative aussi vaste que celle-ci exige des mois de préparation, il ne faut pas se surprendre que peu de temps après sa publication, cela ne soit déjà plus vrai.

La pharmaceutique CSPC Pharmaceutical Group — établie dans la capitale de la province du Hebei (à environ 275 km au sud-ouest de Beijing) — est une des 500 plus importantes entreprises chinoises.

L’édition de ce matin du quotidien Shanghai Daily nous apprend que son vaccin contre le Covid-19 vient d’être homologué par les autorités règlementaires du pays.

C’est le premier vaccin anticovidien basé sur la technologie de l’ARN messager. Comme le sont les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna.

Du coup, la Chine possède dorénavant une arme probablement plus efficace que les vaccins dont elle disposait jusqu’à maintenant pour protéger sa population contre la pandémie.

Cette maitrise de la technologie des vaccins à ARN messager permet à la Chine d’entrer dans le club sélect des pays capables de mettre au point des vaccins efficaces envers toute une série de maladies infectieuses contre lesquels notre arsenal thérapeutique était jusqu’ici d’une efficacité limitée. Pensons, par exemple, à la tuberculose, au paludisme, à la maladie à virus Ebola, etc.

La course technologue à ce sujet est déjà bien entamée en Occident, où BioNTech et Moderna ont une longueur d’avance sur la Chine.

Il est toutefois à prévoir que dans les domaines très précis où la Chine sera la première à mettre au point un vaccin, celui-ci sera utilisé comme outil du ‘soft power’ chinois afin de séduire de nombreux pays en voie de développement et accroitre l’influence diplomatique de la Chine sur la scène internationale.

Références :
China approves 1st domestic mRNA vaccine for COVID-19
China leading US in technology race in all but a few fields, thinktank finds

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le secret au sujet de la neurotoxicité du glyphosate

7 septembre 2022

Introduction

Depuis plus d’un demi-siècle, les promesses de réingénierie de l’État et les engagements à couper dans le gras de la fonction publique ou à redonner de l’argent dans les poches des contribuables ont fait en sorte que nos gouvernements ont de plus en plus de difficulté à assumer leur rôle.

La maltraitance des ainés hébergés en hospice, les problèmes au sujet de la délivrance des passeports canadiens, les dizaines de milliers de demandes d’immigration qui s’accumulent, et les retards de plusieurs mois à verser le salaire dû à certains fonctionnaires fédéraux ne sont que la pointe de l’iceberg.

De manière générale, depuis la généralisation du néolibéralisme en Occident, ces compressions budgétaires ont fait perdre à nos gouvernements une bonne partie de l’expertise qui leur est nécessaire pour gérer les affaires publiques avec efficacité et compétence.

Santé Canada en est un exemple.

David contre Goliath

Avant de permettre l’utilisation d’un nouveau pesticide, les organismes règlementaires imposent au fabricant l’obligation de prouver l’innocuité de leurs produits, lorsqu’utilisés selon leur mode d’emploi.

Le fabricant soumet donc à l’État des études de toxicité parce cela est une étape préalable et obligatoire à la mise en marché de ses produits.

Toutefois, ces études sont régies par les lois relatives à la propriété intellectuelle. Cela signifie que le fabricant possède le droit d’interdire aux autorités sanitaires de rendre publiques ses études.

La communauté scientifique est alors dans l’impossibilité de signaler des failles méthodologiques et des erreurs dans l’analyse statistique qui auraient échappé au travail de revue des fonctionnaires.

Or des fuites ont révélé qu’une partie des études soumises par le fabricant du glyphosate ont été rédigées par des employés de Mosanto/Bayer et signées par des médecins corrompus.

Les gouvernements des pays occidentaux pourraient légiférer de manière à se donner le droit de rendre publiques toutes les études qui leur sont soumises.

Mais ils ont choisi de ne pas le faire, laissant des fonctionnaires en nombre insuffisant affronter la machine de propagande de géants industriels.

Mais il y a plus.

Les ‘secrets industriels’

Contrairement aux exigences imposées à l’industrie pharmaceutique à la suite du scandale du thalidomide, l’industrie agrochimique n’est pas tenue de révéler toutes les études de toxicité en sa possession.

Un producteur de pesticides est donc libre de maintenir secrètes les études qui ne lui conviennent pas et d’en cacher l’existence aux organismes règlementaires.

Dans l’édition de ce matin du quotidien Le Monde, on apprend que le fabricant suisse Syngeta, né de la fusion entre AstraZeneca et Novartis, possède depuis vingt ans une étude qui suggère de possibles effets néfastes du glyphosate sur la construction du cerveau lors d’expositions prénatales.

Aux États-Unis, l’étude en question semble avoir été portée à la connaissance de l’Agence de protection de l’environnement (qui a choisi d’en ignorer les résultats).

Mais ni la FDA américaine ni les autorités sanitaires européennes ne l’ont su. Si elles en avaient été informées, il y a lieu de croire que quelqu’un quelque part aurait exigé des études supplémentaires de manière à ce qu’on fasse toute la lumière à ce sujet.

Références :
Glyphosate : une étude industrielle sur la neurotoxicité de l’herbicide soustraite aux autorités européennes
Santé Canada = Pesticides Canada

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le thalidomide et le MER/29

27 juillet 2021

Il y a soixante ans, plus précisément en avril 1961, le thalidomide était autorisé à être prescrit comme somnifère au Canada.

Au moment de sa mise en marché, ce médicament répondait parfaitement aux normes canadiennes, parmi les meilleures au monde, disait-on.

Les médecins de famille aimaient prescrire ce somnifère aux femmes enceintes puisqu’il combattait également la nausée qui accompagne la grossesse.

Parallèlement, aux États-Unis, le distributeur américain (la compagnie Merrell) faisait valoir dans sa demande d’homologation l’absence totale d’effets secondaires du produit comme en faisaient foi les millions de doses déjà prescrites à travers le monde.

Cet argument ne réussissait pas à convaincre la Dr Frances Kesley, responsable du dossier à la Food and Drug Administration (FDA).

Celle-ci jugeait insuffisantes les preuves d’innocuité du produit. Pendant des mois, la Dr Kesley exigea que Merrell lui fasse la preuve scientifique de l’innocuité de son médicament.

Alors que la compagnie Merrell manifestait son impatience croissante à obtenir le feu vert de la FDA, et que les supérieurs hiérarchiques du Dr Kesley faisaient pression sur elle, les premiers rapports de malformations congénitales causées par le thalidomide furent publiés.

Dès décembre 1961, le médicament fut interdit en Europe. Si bien qu’il ne fut jamais commercialisé aux États-Unis, grâce au retard occasionné par le scepticisme Dr Kesley.

En dépit de cela, quelques Américains sont nés avec des malformations causées par le thalidomide puisque Merrell avait commencé à en donner des échantillons aux médecins avant même sa commercialisation. Ce qui était permis à l’époque.

Au Canada, il fallut attendre jusqu’en aout 1962, pour que notre pays se décide finalement à interdire le thalidomide, également distribué dans notre pays sous le manteau avant même son homologation.

Durant ce temps, entre cent et cent-cinquante bébés canadiens furent mis au monde atteints de diverses malformations, habituellement des bras ou des jambes sévèrement atrophiés.

À l’hôpital Notre-Dame de Montréal, le médicament ne fut jamais prescrit en raison du refus obstiné de la pharmacienne-chef, Paule Benfante, d’ajouter le thalidomide au formulaire de cet hôpital.

Le scandale du thalidomide fut l’occasion pour les gouvernements occidentaux d’exiger des fabricants qu’ils fassent la preuve de l’efficacité et de l’innocuité de leurs médicaments.

Mais les compagnies étaient encore libres de soumettre les études favorables à leurs produits, tout en cachant celles qui ne leur convenaient pas.

Tout changea avec le MER/29.

À l’époque du thalidomide, les chercheurs de la pharmaceutique Merrell travaillaient à la mise au point d’un médicament très prometteur.

Connu sous le nom de code MER/29, le triparanol devait être le premier médicament réellement efficace pour bloquer la synthèse du cholestérol.

On l’avait testé chez un grand nombre d’animaux et le médicament était dépourvu d’effets secondaires graves… sauf chez le chien; le MER/29 le rendait aveugle.

Mais chez les autres animaux, tout allait bien.

Fallait-il l’avouer à la FDA ?

Le produit avait déjà été autorisé à être utilisé dans des petites études cliniques en vue de sa commercialisation. Lorsqu’il fut rendu à l’étape des études de plus grande envergure, les dirigeants de Merrell estimèrent que leur risque de connaitre deux catastrophes de suite était presque impossible.

En conséquence, on décida de ne rien dire.

Mais alors que les petites études chez l’humain n’avaient rien révélé d’anormal, les études de plus grande envergure prouvèrent que le MER/29 était capable de provoquer des cataractes.

Si bien que le produit ne fut jamais commercialisé.

Depuis ce temps, la loi oblige les fabricants à soumettre toutes les études en leur possession en vue de l’homologation d’un médicament.

On peut espérer qu’un jour, il en soit de même des pesticides et des insecticides…

Références :
Milestones in U.S. Food and Drug Law
Thalidomide
Thalidomide, un médicament à l’effet dévastateur
The Thalidomide Tragedy: Lessons for Drug Safety and Regulation
Triparanol

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les zymogènes et l’autocatalyse

12 septembre 2019

Certains phénomènes biologiques nécessitent la présence d’enzymes.

L’organisme peut en fabriquer au fur et à mesure que le besoin se fait sentir. Ou il peut prévenir la demande par l’accumulation de réserves d’enzymes.

La première solution est lente et peut constituer un danger lorsque la situation exige une réponse immédiate.

Dans la coagulation, par exemple, la vitesse limitante est précisément la fabrication sur-le-champ d’un enzyme, la thromboplastine. Ce qui prend de quatre à cinq minutes.

Il suffirait qu’on ait à synthétiser tous les enzymes qui prennent part à la coagulation pour que le moindre traumatisme tissulaire entraine fatalement une hémorragie.

On choisit donc, presque toujours, l’accumulation de stocks d’enzymes.

Or ces derniers ont le défaut d’être des ‘pensionnaires grouillants’. Et du fait de leur grande réactivité — en moyenne, une molécule d’enzyme transforme mille molécules de substrat à la seconde — l’organisme préfère les emmagasiner sous forme inactive, quitte à les mobiliser et à les transformer rapidement en enzymes lorsque cela devient nécessaire.

Pour les mettre en réserve, l’organisme ne peut pas se permettre le luxe de les fabriquer pour ensuite les inactiver car une fois formés, les enzymes sont très souvent incontrôlables.

On préfère donc élaborer des précurseurs inoffensifs qu’on appelle zymogènes (ou proenzymes).

Dans la digestion, l’organisme sécrète des zymogènes dans la lumière du tube digestif où ils sont transformés en enzymes soit par d’autres enzymes qui y sont déjà, soit par hydrolyse spontanée en milieu acide.

Cela évite le danger que les cellules soient digérées par les enzymes qu’elles fabriquent.

Il existe de nombreux exemples de zymogènes. Citons le cas de prothrombine, transformée dans le sang en thrombine (active) sous l’action de la thromboplastine (dont nous avons parlé précédemment).

Ajoutons que la grande majorité des enzymes digestifs sont aussi sécrétés sous forme de zymogènes.

Pour illustrer le phénomène, imaginons un enzyme (E1) dont le rôle consiste à retirer une partie de la molécule de son substrat (S) :
 

 
Imaginons maintenant que le substrat soit le zymogène Z auquel un premier enzyme (appelé E1) doit retirer un verrou (ici triangulaire) qui l’empêche de fonctionner sous forme d’enzyme E2.
 

 
La transformation en enzyme se fait donc par catabolisme, plus précisément par dégradation d’un zymogène en métabolite actif.

Lorsque l’enzyme est capable de scinder des protéines, il arrive parfois qu’il puisse activer son propre zymogène :
 

 
On parlera alors d’autocatalyse.

Ce phénomène est caractérisé par le fait que la vitesse de formation de l’enzyme croit à mesure que l’enzyme active ses propres zymogènes (qui s’emploient aussitôt à faire pareil) pour atteindre un maximum, puis diminue à mesure que la quantité de zymogène restante se raréfie.

C’est ainsi que le pepsinogène est d’abord sécrété dans l’estomac où il est péniblement hydrolysé en pepsine par l’acidité de l’estomac. Mais aussitôt l’enzyme formé, la vitesse s’accélère car l’enzyme préside lui-même à la transformation de son précurseur.

En résumé, la transformation d’un zymogène en enzyme est une réaction irréversible qui ne peut être répétée avec la même facilité par une réaction chimique. Cette réaction implique le bris d’un lien peptidique et la libération d’un peptide.

De plus, l’autocatalyse est un phénomène qui se produit exclusivement chez les enzymes protéolytiques (qui ‘digèrent’ les protéines) et capables d’accepter leurs propres zymogènes comme substrats pour les transformer en enzymes.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Marie Curie décédait voilà 85 ans

4 juillet 2019
Marie Curie en allégorie de la Science

Le 4 juillet 1934, Marie Skłodowska, mieux connue sous son nom marital de Marie Curie, décédait en Haute-Savoie (en France).

Elle fut la première femme dans l’Hexagone à obtenir un doctorat en sciences.

À ce jour, c’est également la première femme à avoir reçu deux prix Nobel.

Le premier, un prix Nobel de physique, fut attribué en 1903 à trois récipiendaires pour leurs travaux au sujet de la radioactivité : elle, son mari et Henri Becquerel.

En 1906, au décès de Pierre Curie, Marie Curie se voit confier les tâches professorales de son époux. Elle devient ainsi la première femme titulaire d’un poste de professeur à la Sorbonne.

En 1911, elle reçoit un second prix Nobel, cette fois de chimie, pour ses travaux sur le radium et le polonium (ce dernier en hommage à son pays natal).

À son décès en 1934, sa popularité était telle qu’à la Sorbonne, on remplaça la tête de la statue symbolisant la Science par une tête sculptée aux traits de Marie Curie.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif PanLeica 25 mm F/1,4 — 1/400 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Médicaments : faut-il faire confiance aux dates de péremption ?

15 janvier 2019
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La fabrication industrielle

S’il est très facile d’homogénéiser les liquides, ce n’est pas le cas de la poudre destinée à être versée dans des capsules vides ou compressée sous forme de comprimés.

Les mélangeurs industriels donnent d’assez bons résultats, mais jamais une homogénéisation parfaite.

À la fabrication, chaque pilule recevra donc une dose très légèrement variable de chaque produit actif.

Au contrôle de qualité, le dosage se fait sur un échantillon de plusieurs comprimés ou capsules afin de minimiser les variations individuelles.

Or il arrive presque toujours qu’on observe des écarts entre la composition mesurée et celle théorique, même dans un échantillon de plusieurs comprimés ou capsules.

Doit-on jeter un lot de millions de capsules parce qu’elles contiennent 99% ou 101% de la dose théorique ?

Si on peut alors fermer les yeux, jusqu’où peuvent aller les écarts ?

En vertu des exigences canadiennes, un médicament ne peut pas être commercialisé si la teneur réelle de ses ingrédients actifs s’éloigne de plus de 5% de celle indiquée sur l’étiquette.

En somme, il est parfaitement légal de vendre des comprimés de 100 mg qui contiennent entre 95 mg et 105 mg du principe actif.

La seule exception est la digoxine, dont l’écart autorisé est de 10%.

La période de validité

L’exigence du 100% (plus ou moins 5%) détermine la durée de validité.

En effet, le fabricant doit garantir en tout temps le respect de cette exigence par son produit.

En d’autres mots, durant toute sa période de validité, un médicament doit contenir au moins 95% de la dose indiquée sur son étiquette. Et si la préparation contient plusieurs ingrédients actifs, dès que l’un d’eux tombe en deçà de son 95%, toute la préparation est considérée comme périmée.

La fin de la garantie

Jusqu’à sa date d’échéance, un médicament est garanti par son fabricant. En somme, ce dernier est responsable de son innocuité. Au-delà de la date de péremption, le fabricant s’en lave les mains.

Il lui en a couté des dizaines de millions$ pour tester son produit chez des animaux de laboratoire. Or un principe actif peut se transformer avec le temps en une multitude de produits de dégradation. Tester l’ensemble d’entre eux couterait une fortune.

Pour l’industrie, il est plus facile d’interdire la consommation du produit au-delà de la période de validité et de se dégager de toute responsabilité dans le cas où le citoyen déciderait d’ignorer cette interdiction.

La FDA américaine (Food and Drug Administration), l’armée américaine et le département de pharmacologie de l’université de Californie (entre autres) ont testé de grandes quantités de médicaments périmés. Leurs études prouvent que les médicaments solides sont beaucoup plus stables qu’on croyait.

Des dangers hypothétiques ?

On ne connait que deux médicaments dont les produits de dégradation sont dommageables.

Le premier est la tétracycline. Elle se décompose en produits toxiques pour les reins.

L’autre est l’acide acétylsalicylique (l’Aspirin™). Celle-ci se décompose en deux produits : l’acide acétique (du vinaigre) et l’acide salicylique (du Compound-W™).

Donc, quand vous prenez quand même des comprimés d’Asprine™ qui sentent le vinaigre, vous avalez une dose de produit qui brule les verrues. Pas très bon pour l’estomac.

L’absence de données en ce qui concerne les autres médicaments est le résultat de l’absence de recherche à ce sujet.

Contrairement à ce qu’on répète sur l’internet, aucune des études effectuées sur des médicaments périmés n’a établi la preuve qu’en consommer serait inoffensif.

Tout au plus, une telle preuve est superflue lorsque le produit contient toujours 100% de la dose, des années après sa date de péremption. Ce qui est vrai dans une minorité des cas.

En se décomposant, un médicament donne-t-il naissance à des produits de dégradation néfastes pour la santé ? Personne n’a de réponse à cette question.

Dans le cas des médicaments pour administration orale, la prudence élémentaire est de respecter les dates de péremption du fabricant.

Raccourcissements pharmaceutiques

Dans tous les cas où les médicaments sont embouteillés par le pharmacien québécois, celui-ci appose systématiquement une vie utile d’un mois (dans le cas des gouttes ophtalmiques ou otiques) ou d’un an pour presque tout le reste.

Dans le cas des gouttes, la date de péremption déterminée par le fabricant est valide tant et aussi longtemps que la bouteille n’est pas ouverte.

Mais dès que chaque goutte utilisée est remplacée dans son flacon par le même volume d’air ambiant, chargé de poussières et de microbes en suspension, cette date devient invalide.

La décision de conseiller aux patients de jeter leurs bouteilles de gouttes un mois après les avoir ouvertes fait consensus parmi les autorités professionnelles.

À l’opposé, je n’ai jamais compris pourquoi il faudrait jeter des comprimés de carbonate de calcium inutilisés après un an. À moins d’une guerre thermonucléaire ou l’ensevelissement sous une coulée de lave volcanique, le carbonate de calcium est éternel.

Même chose pour des inhalateurs. Durant l’utilisation d’un inhalateur, rien ne pénètre dans sa bonbonne. Donc rien ne peut contaminer le médicament et le dégrader plus rapidement que prévu par le fabricant.

Même chose au sujet d’une crème ou d’un onguent topique toujours dans son tube originel.

Pour justifier ce raccourcissement de la vie utile des comprimés et des capsules, on invoque le fait que l’entreposage d’un médicament chez le patient ne correspond jamais aux conditions idéales sous lesquelles le fabricant a déterminé la vie utile de ce produit.

Cela est indéniable. Toutefois, personne n’a la moindre idée de l’ampleur de ce phénomène dans le cas d’un produit que vous vous proposez de jeter un an après l’avoir reçu de votre pharmacien.

Bref, dans l’immense majorité des cas, les raccourcissements de la vie utile des comprimés et des capsules par le pharmacien sont purement arbitraires et ne reposent sur aucune base scientifique.

Références :
Drugs Past Their Expiration Date
Drugs Past Their Expiration Date
Quand j’ai un médicament expiré à la maison
Stability Profiles of Drug Products Extended beyong Labeled Expiration Dates

Détails techniques des photos : Appareil Panasonic GF1, objectif Lumix 20mm F/1,8 — 1/60 sec. — F/1,7 — ISO 100 — 20 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le cannabis récréatif

1 décembre 2018

De la mari aux cannabis

C’est sous l’influence des Beatles et des groupes psychédéliques que la mode du cannabis récréatif s’est répandue en Occident à partir du milieu des années 1960.

Dans son numéro d’octobre 1971, Mainmise — la publication officielle de la contreculture québécoise — présentait un dossier sur les différents types de hachich (la résine du cannabis).

On y distinguait l’afghan, le libanais, le marocain, le népalais, le pakistanais, et le turc.

Parce qu’à l’époque, le cannabis, ce n’était que du cannabis. On expliquait les différences entre les hachichs par les variations climatiques d’un pays à l’autre, de même que la manière avec laquelle il est recueilli et affiné.

Avec le développement de l’industrie illicite de la marijuana, on a senti le besoin de diminuer les risques de saisie. Ce qui voulait dire raccourcir la chaine d’approvisionnement en produisant localement.

Les producteurs ont alors cherché à donner naissance à des variétés dont la culture était plus facile et dont les taux de THC (l’ingrédient le plus puissant) étaient à la fois élevés et relativement constants d’une récolte à l’autre.

Tout comme la domestication du chien a donné naissance à toutes les races canines qu’on connait aujourd’hui, c’est à partir des deux principales sous-espèces de cannabis (le Cannabis sativa et le Cannabis indica) que sont nés tous les cultivars de cannabis disponibles de nos jours.

Dans le quartier rouge d’Amsterdam

À l’occasion d’un voyage à Amsterdam en 2006, j’avais visité les cafés où se vendait de la marijuana.

Sous un comptoir vitré, dans des récipients carrés de plastique transparent, on offrait en vrac des fleurs séchées de cannabis et des ‘joints’ préroulés.

La marijuana y était vendue sous des noms de fantaisie, et ce à des prix extrêmement différents selon la rareté et la qualité du produit.

Pour inciter le client à s’offrir ce qu’il y avait de mieux, on affichait, bien en évidence, les prestigieuses récompenses qui avaient été attribuées à certains de ces cultivars.

On y trouvait, par exemple, le White Widow (gagnant de la 1re place au High Times Cannabis Cup d’Amsterdam en 1995), le Neville’s Haze (gagnant de la palme d’or de la Seed Company High Times Cannabis Cup de 1998), le Super Silver Haze (gagnant de la 1re place au High Times Cannabis Cup d’Amsterdam en 1999), l’Acapulco Gold, etc.

Seulement à l’évocation de ces noms, l’amateur en avait la bouche sèche…

Contrairement aux plantes découvertes dans la nature — auxquelles les chercheurs attribuent des noms latins — les noms des variétés de cannabis sont ceux donnés arbitrairement par ceux qui les mettent au point. Comme le font les horticulteurs qui donnent naissance à de nouvelles violettes africaines.

Sativa vs Indica : les différences selon l’industrie

La classification scientifique du cannabis est un sujet controversé chez les botanistes. Toutefois, dans l’industrie du cannabis récréatif, on s’entend pour classer le cannabis en deux catégories distinctes; le Cannabis sativa et le Cannabis indica.

De manière simple, le clip vidéo ci-dessus illustre les différences entre ces deux catégories de cannabis, telles que caractérisées par l’industrie du cannabis récréatif.

Le Cannabis sativa est une plante haute dont les feuilles sont étroites. Elle met davantage de temps à atteindre sa maturité et sa culture nécessite un climat chaud et ensoleillé.

Lorsqu’on pense à la marijuana, la feuille caractéristique qui nous vient à l’esprit est celle du Cannabis sativa.

On qualifie ses effets d’énergisants. Consommé en groupe, son effet euphorisant porte au fou rire. Quant à l’augmentation de l’expérience sensorielle, elle peut s’accompagner de paranoïa.

Bref, le Cannabis sativa rend l’utilisateur ‘high’.

Le Cannabis indica est une plante trapue. C’est ce qui explique sa popularité auprès des producteurs illégaux du Québec puisqu’elle se dissimule mieux dans un champ de maïs. De plus, sa floraison survient plus tôt, ce qui est idéal dans un pays où la saison chaude est relativement courte.

Ses feuilles sont plus foncées et possèdent des ‘doigts’ plus larges.

Ses effets sont dits relaxants. Le quotient intellectuel de l’utilisateur semble avoir chuté de moitié. Il semble amorphe, voire abruti; on le décrit comme étant ‘stone’.

Une réalité plus complexe

Puisqu’un plant de Cannabis sativa et un plant de Cannabis indica peuvent contenir la même quantité de THC, la différence de leurs effets ne peut s’expliquer que par la présence d’autres constituants, notamment des molécules apparentées (appelées cannabinoïdes) et des molécules aromatiques appelées terpènes.

Puisque l’industrie du cannabis récréatif a longtemps été illicite, la généalogie de la plupart des cultivars est entourée de mystère.

À défaut du séquençage de son génome, il n’existe aucune certitude qu’un cultivar soit de type sativa ou de type indica; on en juge d’après son aspect physique.

Et les cultivars nés de croisements entre une souche de sativa et une souche d’indica seront qualifiés d’hybrides s’ils n’adoptent pas distinctement l’apparence caractéristique de l’un ou de l’autre.

Pharmacologie du cannabis

La marijuana contient plus d’une centaine de cannabinoïdes dont le plus puissant est le delta-9 tétrahydrocannabinol (THC).

Ces substances peuvent affecter deux types de récepteurs chimiques chez les mammifères. Ils peuvent stimuler les récepteurs endocanabinoïdes et inhiber les récepteurs de l’acétylcholine (probablement en diminuant la sécrétion de ce médiateur chimique).

Ailleurs qu’au cerveau, l’inhibition des récepteurs de l’acétylcholine entraine les effets suivants :
• la dilatation de la pupille de l’œil,
• une difficulté à lire de près (à dose élevée) et une diminution de la lubrification de l’œil (donc les yeux secs),
• la bouche sèche,
• une augmentation du rythme cardiaque (par l’inhibition du nerf vague),
• la diminution des sécrétions pulmonaires,
• la diminution du tonus musculaire du sphincter qui ferme le haut de l’estomac (d’où reflux œsophagien chez les personnes prédisposées),
• la diminution du péristaltisme intestinal (d’où constipation à dose élevée),
• l’hypertrophie de la prostate (chez les hommes âgés),
• les mains et les pieds froids (action indirecte).


 
Les anticholinergiques ne sont pas tous capables d’atteindre le cerveau. Mais ceux qui le peuvent — les cannabinoïdes sont du nombre — ont la capacité de provoquer des hallucinations. Ils y exercent également un effet antiémétique (essentiellement contre le mal des transports).

Tous ces effets sont produits par le plus puissant des cannabinoïdes, soit le THC. Et il existe une relation directe entre les taux de THC et l’intensité de ces effets, peu importe que le THC provienne d’une variété de Cannabis sativa ou de Cannabis indica.

Il en est différemment des propriétés liées à la stimulation des récepteurs endocannabinoïdes, dont les récepteurs CB1 (où s’opposent les substances cannabinoïdes entre elles).

Les récepteurs CB1 sont dispersés partout dans le cerveau, mais de manière très inégale. Leur stimulation entraine les effets suivants :
• une perte de la mémoire à court terme,
• une diminution temporaire de la capacité à apprendre,
• une diminution de l’aptitude à fixer l’attention,
• une perte de l’orientation,
• une réduction de l’anxiété,
• des effets anticonvulsivants,
• une réduction de la douleur,
• une réduction de la nausée (peu importe la cause),
• une augmentation de l’appétit,
• une perte de l’activité motrice.

Les récepteurs CB2 se trouvent dans les cellules du système immunitaire. Leur stimulation aurait des effets immunomodulateurs.

La vente du cannabis récréatif au Québec

Intérieur d’un magasin de la SQDC

Contrairement à la société ontarienne du cannabis qui ne vend ses produits que par la poste, et ce à des adresses civiques situées exclusivement sur le territoire ontarien, la Société québécoise du cannabis (SQDC) a choisi de vendre ses produits à la fois par la poste et dans un nombre limité de boutiques qui ont sobrement pignon sur rue.

Pour l’instant, le cannabis y est vendu sous forme de fleurs séchées, de fleurs moulues, de ‘joints’, de capsules, d’huiles, et d’atomiseurs oraux.

Le cannabis administré par voie pulmonaire

Les fleurs séchées (moulues ou non)

Pot de fleurs séchées

Dans le cas ci-dessus, l’étiquette fournit les informations suivantes :
• le producteur est San Rafael’71,
• ce pot contient du Cannabis sativa,
• le cultivar se nomme Delahaze,
• ce pot contient 3,5 g de cannabis,
• le taux de THC ‘total’ est de 23,10 %,
• le taux de THC actif est de 0,37 %,
• le taux de CBD ‘total’ est de 0,03 %,
• le taux de CBD actif est à peu près nul.

Pourquoi parle-t-on ici de THC ‘total’ et de THC actif ?

Normalement, les cannabinoïdes sont présents dans la plante sous forme de précurseurs relativement inactifs. Dans le cas du THC, son précurseur est l’acide tétrahydrocannabinolique.

Pour devenir actifs, ces précurseurs doivent être décarboxylés. Cela se produit sous l’effet de la chaleur, lorsqu’un joint est fumé.

Puisque le cannabis est un produit naturel, la teneur de ses fleurs en THC et en CBD est variable. Afin de vérifier la qualité du produit, chaque lot est analysé. Et c’est le résultat de cette analyse qui est imprimé sur les contenants.

Voilà pourquoi les pourcentages de THC et de CBD indiqués sur les étiquettes varient d’un lot à l’autre.

Pour ce qui est de la critique des cultivars offerts par la SQDC, les intéressés peuvent consulter la chaine QcCannabis World.

Le cannabis administré par voie orale


 
Un ‘joint’ libère en moyenne neuf milligrammes de THC. Toutefois, par voie orale (et non par voie pulmonaire), la dose équivalente de THC est plus élevée et ses effets sont plus lents à apparaitre.

Le début d’action du cannabis administré par voie orale est d’une à deux heures. Les effets ressentis durent de six à huit heures.

Puisque les formes orales sont destinées à être consommées telles quelles, leur THC et leur CBD sont préalablement décarboxylés.

Les capsules

Les capsules

Appelées ‘pilules’, les capsules d’huile de cannabis que vend la SQDC contiennent soit du THC (exactement 2,5 mg ou environ 10 mg) ou du CBD (approximativement soit 10 mg ou 25 mg).

Comme toutes les formes orales, les capsules d’extraits de cannabis évitent d’aggraver les problèmes pulmonaires des gens qui en sont atteints.

Les vaporisateurs buccaux

Vaporisateur d’huile de cannabis

Dans ce cas-ci, l’étiquette indique que le producteur est Tweed et que le produit est vendu sous le nom commercial de Bakerstreet™.

Il s’agit de Cannabis indica. Sur le site web de la SQDC, on apprend que son cultivar est l’Hindu Kush, ce qui n’est pas indiqué sur l’étiquette.

Le format est de 40 ml.

Par millilitre, le liquide contient 25 mg de THC actif et 25 mg de THC ’total’. En d’autres mots, tout le THC est déjà actif et n’a donc pas besoin d’être décarboxylé. Ce qui est normal puisque ce produit n’est ps destiné à être fumé.

Par millilitre, le liquide contient moins de 0,7 mg de CBD ‘total’ (déjà sous forme active).

Ailleurs sur l’étiquette, on apprend que chaque vaporisation dispense une quantité de 2,5 mg de THC.

Lorsque le timbre d’accise recouvre l’embout du vaporisateur — comme c’est le cas du Bakerstreet™— on doit décoller le timbre afin de briser une languette qui recouvre l’embout du vaporisateur.

Tous les vaporisateurs buccaux vendus par la SQDC sont d’une remarquable précision; jusqu’à ce que le contenant soit presque vide, le volume vaporisé est exactement de 0,1 ml.

Puisque la quantité de liquide par jet est infime, celle-ci passe par une ouverture très petite. Cela a pour but d’augmenter la puissance du jet et de fournir ainsi à l’utilisateur un signal sensitif le prévenant que le vaporisateur a fonctionné correctement.

Malheureusement, la puissance du jet fait en sorte qu’une partie de la dose rebondit hors de la bouche lorsqu’on cherche à l’administrer sous la langue.

La solution est de vaporiser à fond vers l’arrière de la bouche en n’ouvrant celle-ci qu’autour de l’embout du vaporisateur.

Pour déterminer combien il y a d’huile de cannabis résiduel dans votre vaporisateur de 40 ml, vous devez savoir que plein, il pèse 60,6 g : vide, il pèse 23,5 g.

Toutefois, la quantité vaporisée sera fiable jusqu’à 25,1 g (soit jusqu’au 356e jet).

En bas de cela, le vaporisateur est inconsistant. Et vous n’obtiendrez rien (ou presque) en bas de 24 g. Donc, vous perdrez 0,5 ml d’huile de cannabis au fond de votre vaporisateur une fois ‘vide’.

Certains vaporisateurs d’huile de cannabis dispensent donc fiablement 35,5 g d’huile (60,6 – 25,1 g) sur les 37,1 g (60,6 – 23,5 g) contenus au départ dans les formats de 40 ml.

De son côté, le vaporisateur Twd. Sativa contient lui aussi 25 mg de THC actif et 25 mg de THC ’total’ par millilitre.

Chaque format de 20 ml dispense fiablement 172 jets d’huile de cannabis.

Les huiles en vrac

L’huile de cannabis en gouttes

Disponibles en fioles équipées d’un compte-goutte, les huiles ont des concentrations de THC qui varient de 3 à 30 mg par millilitre et/ou des concentrations de CBD qui varient de 1 à 30 mg par millilitre.

Tout comme les autres formes d’administration orale, les cannabinoïdes des huiles sont préalablement décarboxylés.

De plus, les huiles de cannabis sont très précisément des solutions huileuses de cannabinoïdes extraits du cannabis. En clair, cela exclut leurs terpènes.

L’utilisateur ne doit donc pas craindre la présence d’un gout de mouffette, de chlore ou de benzène qui caractérise certains cultivars; qu’ils soient vendus en gouttes ou sous forme de vaporisateurs buccaux, les huiles de cannabis ne se distinguent en bouche que par un léger gout de hachich qui varie d’une marque à l’autre.

Contrairement aux capsules, les fioles d’huile de cannabis rendent possible l’ajustement précis de la dose. Leur compte-goutte est calibré en multiples de 0,25 ml, soit de 0,25 ml à 1,0 ml.

L’avantage théorique de leur précision est compromis, au Québec, par deux lacunes importantes.

Les repères de mesure à la surface des compte-gouttes sont des moulures ton sur ton. Lorsqu’on retire ces compte-gouttes de leurs fioles, leur surface est recouverte d’une épaisse couche d’huile qui fait disparaître momentanément ces repères, rendant très approximatif tout prélèvement d’huile de cannabis.

Reign Drops 30:0 du distributeur Redecan (indisponible au Québec)

En Ontario, la compagnie Redecan équipe ses fioles d’huile de cannabis d’un dispositif simple qui permet le prélèvement précis d’une dose sans gâchis et sans que de l’huile ne vienne effacer les repères de mesure imprimés sur l’extérieur de la seringue.

Ce dispositif peut être retiré lorsqu’on doit prélever un volume important (à des fins culinaires, par exemple).

Autre inconvénient des huiles : personne n’a cru bon soumettre ces produits à une standardisation des teneurs en cannabis. Ce qui complique la tâche de l’usager qui veut mesurer précisément une dose de 10 mg de produit actif à partir d’un liquide en contenant 27,7 mg par millilitre.

Au Québec, la manière la plus précise de mesurer les huiles de cannabis, c’est à l’aide d’une seringue hypodermique dont on aura retiré l’aiguille (trop fine pour prélever aisément de l’huile de cannabis). Délivrée de son aiguille, la seringue graduée permet le prélèvement exact d’une dose.

Dans le cas d’une huile qui contient 27,7 mg de THC par millilitre, on mesurera 0,36 ml d’huile pour obtenir précisément 10 mg de THC.

Ceci étant dit, les gouttes sont idéales pour l’administration sublinguale (ce qui accélère le début d’action). Contrairement au vaporisateurs buccaux, elles ne comportent aucun risque d’inhalation accidentelle.

Précisons que les bouchons à fermoir de sécurité livrés avec les bouteilles québécoises d’huile sont parfois difficiles à ouvrir. Après l’avoir dévissé au maximum, on est parfois obligé de forcer l’enveloppe extérieure noire du bouchon à se séparer de sa partie interne en plastique translucide pour accéder au contenu de la bouteille.

À titre d’information, précisons qu’un format de 30 ml de gouttes, une fois complètement vide pèse 14,7 grammes (avec son compte-goutte).

Lacunes de l’étiquetage

La légalisation du cannabis au Canada étant toute récente, il est normal que des correctifs soient encore nécessaires.

À l’heure actuelle, l’étiquetage des produits contenant des extraits de cannabis laisse à désirer.

Sur l’étiquette d’une bouteille de capsules, lorsque le producteur indique une dose de cannabinoïde par ‘unité’, c’est quoi l’unité ? Est-ce une bouteille ou une capsule ?

Lorsqu’on parle de la dose d’une substance psychoactive, on doit être clair, c’est-à-dire préciser la dose par capsule.

Puisque certains vaporisateurs oraux portent le nom d’élixir, contiennent-ils de l’alcool ? Si oui, à quelle concentration ?

De plus, l’étiquette du vaporisateur buccal Sunday Special indique bien la concentration en THC et CBD. De plus, elle précise le volume d’une vaporisation (0,1 ml). Tout comme pour les capsules, il serait plus prudent de préciser ici la dose de THC et de CBD par jet au profit de ceux qui ne sont pas forts en calcul.

Toujours au sujet des vaporisateurs, puisque ce sont des extraits de cannabis dans une huile à base de triglycérides à chaines moyennes (‘huile TCM’), est-il dangereux d’inhaler accidentellement ces produits ? Contiennent-ils d’autres ingrédients susceptibles de causer de la stéatose pulmonaire ? Si oui, pourquoi l’étiquette ne prévient-elle pas du danger d’inhaler ?

Conclusion

Après l’Uruguay en 2013, le Canada est devenu cette année le deuxième pays à légaliser le cannabis.

En comparaison avec l’époque récente où la simple possession du cannabis était un acte criminel, la légalisation simplifie considérablement le travail de chercheurs — biologistes, chimistes, cliniciens, experts en séquençage génétique, etc.— qui choisiront d’approfondir nos connaissances au sujet du cannabis.

Pour l’instant, l’industrie du cannabis récréatif projette une image de professionnalisme qui tranche avec le mystère qui entoure les produits offerts sur le marché noir.

Références :
Haschich
Décarboxylation du THC et du CBD : voici comment le cannabis est activé
La petite histoire du jean-guy
Le système endocannabinoïde : qu’est-ce que c’est ? Comment fonctionne-t-il ?
Nouveau regard sur le cannabis
Part 1, Sativa vs. Indica: An Overview of Cannabis Types
Why the labels ‘sativa’ and ‘indica’ tell you very little about your pot

Sur le même sujet :
La légalisation des produits dérivés du cannabis (2018-12-31)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Lumière bleue et dégénérescence maculaire

5 février 2018

Introduction

Dans les pays développés, la dégénérescence maculaire est la première cause de cécité chez les personnes âgées.

Plus de huit-millions d’Américains en sont affectés à des degrés divers. La maladie se manifeste chez 30% des personnes de plus de 75 ans et atteint des stades sévères chez 7,1% d’entre eux.

Chez les personnes dont la vue n’est que partiellement affectée, la qualité de la vie est amoindrie. Ce qui les rend sujets à la dépression.

Différents facteurs de risque sont associés à cette maladie :
• l’âge
• des facteurs génétiques (dont la race caucasienne)
• le tabagisme
• l’obésité
• la consommation élevée d’huiles végétales
• un faible apport alimentaire d’antioxydants et de zinc.

On retarde le développement de la maladie par des suppléments vitaminiques spécifiques, l’abandon du tabagisme et des modifications du régime alimentaire; davantage de légumes, de céréales de grains entiers, de poissons et de noix.

Nocivité de la lumière

Chez le rat, l’exposition à la lumière ambiante pendant cinq à sept jours cause de la dégénérescence maculaire.

Après dilatation pharmacologique de la pupille de l’œil, l’exposition à la lumière de 3 000 lux les rend aveugles après seulement un ou deux jours.

Précisons que le rat est un animal nocturne; il vit dans les greniers, les entresols, l’épaisseur des murs de nos maisons et dans les égouts. Pour cet animal, 3 000 lux est trois-mille fois plus intense que la lumière de la pleine lune. Pour nous, 3 000 lux n’est que le 1/40e d’une journée ensoleillée d’été.

Chez l’humain, il n’existe que des preuves épidémiologiques faibles selon lesquelles l’exposition à la lumière bleue causerait de la dégénérescence maculaire associée à l’âge.

Par contre, il est établi que la lumière — et particulièrement la lumière bleue — nuit à la sécrétion de la mélatonine et conséquemment, nuit à l’endormissement chez l’humain.

Exemple de ce qu’il faut éviter

Moyens de diminuer l’exposition à la lumière bleue

La quantité de lumière bleue émise par les écrans des appareils électroniques est considérablement plus élevée que celle émise par l’éclairage urbain et celle de nos écrans de télévision.

La raison est simple; il est rare que l’image projetée par une télévision soit blanche. Par contre, le texte que nous lisons à l’ordinateur est presque toujours sur fond blanc calibré à 6500°K.

Quant à l’éclairage urbain, ce sujet a déjà été discuté sur ce blogue.

Depuis le 1er mars 2017, la maquette de ce blogue a été modifiée de manière à ce que, de chaque côté de la page, l’arrière-fond soit gris foncé plutôt que gris pâle (comme ce fut le cas pendant des années), afin de réduire l’exposition des lecteurs à la lumière bleue.

Les lunettes filtrantes

Diverses compagnies offrent des lunettes qui filtrent la lumière bleue. Celles qui sont jaunes sont beaucoup moins efficaces que celles qui sont orange.

Parmi ces dernières, les lunettes Uvex Skyper™ S1933X d’Honeywell offrent un excellent rapport prix/qualité. Elles bloquent 98% de la lumière bleue.

Télescopiques, les jambes de leur monture permettent l’ajustement à la tête de l’utilisateur. Toutefois, même à leur longueur maximale, ces jambes sont parfois un peu trop courtes lorsque les lunettes filtrantes sont portées par-dessus des lunettes de lecture.

La version de Firefox pour ardoise électronique

Parmi les logiciels qui permettent de naviguer sur l’Internet, Firefox est le seul, pour l’instant, qui offre un mode de navigation nocturne.

Ce mode n’est pas disponible dans la version pour ordinateur, mais l’est dans la version pour iOS (en somme, pour iPad™ et iPhone™).

On y accède dans le coin supérieur droit de l’interface (les trois traits horizontaux).

Le texte s’affiche en négatif (blanc sur fond noir) et les photos sont légèrement assombries.

Le navigateur Chrome pour ordinateur

Parmi les extensions de Chrome, Mata transforme le texte noir sur fond blanc en texte gris pâle sur fond noir. Il n’affecte pas l’aspect des photos.

Une fois l’extension installée, il suffit de cliquer l’outil de Mata (le symbole d’un œil, situé près du coin supérieur droit de l’interface) pour passer en mode nocturne ou en sortir.

Le Night Shift de l’iOS

Sur les ardoises d’Apple et ses téléphones multifonctionnels, il est possible d’établir un mode nocturne ‘léger’ qui entrera automatiquement en vigueur au cours de la période déterminée par l’usager (par défaut, de 22h à 7h).

On y accède dans les Réglages, à l’item Affichage et luminosité.

Ce mode diminue la température de la lumière émise par l’écran, ce qui teinte en jaune autant le texte que les photos affichées.

Par le biais du système d’exploitation

Sur un ordinateur Macintosh doté de la version 10.12.4 (ou plus récente) du système d’exploitation Sierra, on planifie le mode nocturne à Préférences système… > Moniteurs > Night Shift.

En plus de ce qu’offre le Night Shift de l’iOS, on peut décider de l’importance de réduction de lumière bleue émise par l’écran.

Sous la version 10 de Windows™, la même chose existe.

On planifie le mode nocturne par le bouton Démarrer > Paramètres > Système > Affichage > Éclairage nocturne > Paramètres d’éclairage nocturne.

Conclusion

Il n’existe pas de preuve formelle que la lumière bleue provoque la dégénérescence maculaire chez l’humain.

Toutefois le consensus médical est qu’il est plus prudent de réduire l’exposition intense à la lumière bleue, notamment celle émise par les écrans d’appareils électroniques.

D’autant plus que la consultation nocturne de ces écrans se fait souvent lorsque la lumière ambiante est basse et conséquemment, que la pupille dilatée. Ce qui laisse entrer une quantité plus élevée de lumière vers la rétine de l’œil.

Déjà, depuis des années, les lentilles utilisées pour remplacer le cristallin des personnes atteintes de cataractes filtrent les rayons ultraviolets et la lumière bleue.

De plus, aussi souhaitable que soit la diminution de l’exposition à la lumière bleue avant la mise au lit, on doit savoir qu’une hygiène du sommeil ne dépend pas que de cela.

La personne stressée qui s’empresse de terminer un travail immédiatement avant la mise au lit aura des problèmes d’endormissement malgré l’activation du mode nocturne sur son ordinateur ou son ardoise électronique.

Donc rien ne remplace de bonnes habitudes de vie.

Références :
L’éclairage urbain à DEL
Les ampoules DEL dangereuses pour les yeux?
The potential of outdoor lighting for stimulating the human circadian system

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm R — 1/30 sec. — F/4,0 — ISO 6400 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le ‘pharmachien’, un Bougon scientifique

5 décembre 2016

En cinquante épisodes, la série télévisée Les Bougon, c’est aussi ça la vie se moquait des magouilleurs de la société québécoise.

Dans un style tout aussi percutant, le pharmacien Olivier Bernard — sous le pseudonyme du ‘pharmachien’ — a écrit deux livres et entame depuis peu une série d’émissions de vulgarisation scientifique sur les ondes d’ICI Explora.

Son passage à l’émission Tout le monde en parle a beaucoup fait jaser. Ce qui l’a incité à publier sur son site web la liste des études sur lesquelles il appuie ses dires.

À Tout le monde en parle, M. Bernard a soutenu que l’artichaut est sans effet sur le foie, que les produits bios ne sont pas meilleurs pour la santé, que l’étude associant les vaccins à l’autisme est frauduleuse, que les antioxydants alimentaires sont inefficaces, que l’homéopathie est une insulte à l’intelligence humaine, et qu’un verre de jus d’orange pressé maison est (au point de vue nutritionnel) identique à un verre de Coca-Cola.

M. Bernard est un remarquable vulgarisateur. Je lui reprocherais de tourner parfois les coins ronds (au sujet du jus d’orange, notamment).

C’est donc avec intérêt que j’ai écouté la première émission des Aventures du pharmachien, le 2 décembre dernier, consacrée aux produits destinés à détoxifier ou à nettoyer le foie. Sur la page Facebook, cet épisode a fait l’objet de plus de deux-mille commentaires.

La facture visuelle de cette émission est très moderne, associant le dessin animé, la fiction et l’entrevue. Dans le cas précis de cette émission-là, M. Bernard donne d’abord la parole à une naturopathe, pour ensuite demander l’avis d’un hépatologue réputé.

Même s’il ne commente pas directement l’opinion de sa première invitée, ce qu’on retire de tout cela, c’est que les médicaments en vedette dans cette émission ne valent rien. Ce qui est rigoureusement vrai.

Ce que dit M. Bernard n’est pas nouveau. Une multitude d’experts ont déjà dit la même chose. Mais ils l’ont fait de manière nuancée, avec une multitude de précautions et de réserves qui suscitent l’ennui chez ceux habitués aux opinions exprimées en un maximum de 140 caractères.

Tout bon vulgarisateur doit élaguer les nuances superflues et s’en tenir à l’essentiel. D’où l’impact salutaire de ses propos. Parce qu’il est inutile de prêcher de saines habitudes de vie si personne ne se sent interpolé à remettre en question ses mauvaises habitudes.

Dans ce sens, l’électrochoc du pharmachien a porté fruit. Si certaines personnes choquées ont décidé de ne plus l’écouter, d’autres se sont rendu compte que les moyens de maintenir sa santé passent davantage par l’adoption de nouvelles habitudes de vie que l’ajout d’une potion magique.

Références :
Du jus d’orange naturel… pas si naturel
Le jus n’est pas un fruit
Olivier Bernard fait parler la toile depuis son passage au talk-show dominical de Guy A. Lepage
Pourquoi je défends le «Pharmachiant»

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Imprimer ses pilules : mythe ou réalité ?

28 juin 2016

Lévétiracétam est le nom commun d’un médicament antiépileptique commercialisé au Canada depuis 2003 sous la marque Keppra™.

Le 3 aout 2015, les autorités américaines ont autorisé la société Aprecia Pharmaceuticals à commercialiser la vente de comprimés de ce médicament fabriqués en usine à l’aide d’une imprimante 3D.

Il n’en fallait pas plus pour que des chroniqueurs scientifiques prédisent la fabrication à domicile de tous les médicaments dont nous pourrions avoir besoin.

Dans l’influent quotidien Le Devoir, Karl Rettino-Parazelli imagine le scénario suivant : « Vous habitez dans une région reculée et votre enfant malade se réveille dans la nuit, en pleurs. Il a besoin d’un médicament rapidement et la pharmacie la plus proche se trouve à plusieurs dizaines de kilomètres. Pas de problème : vous pouvez créer le comprimé qu’il vous faut grâce à votre imprimante 3D.»

En réalité, on peut tout faire avec une imprimante 3D, y compris des pilules. Mais pour être actives, celles-ci doivent contenir une substance pharmacologique.

En d’autres mots, pour fabriquer de vrais médicaments — et non seulement des objets qui épousent leur forme — une imprimante 3D doit être dotée d’un réservoir (contenant un produit actif) et dont le rôle est d’alimenter l’imprimante lors de la fabrication des comprimés.

Pour fabriquer ses médicaments à la maison, le patient doit donc non seulement posséder une imprimante 3D mais aussi se procurer des concentrés de produits actifs (de la poudre pure, par exemple) pour chacun des médicaments dont il a besoin.

De plus, l’utilisateur doit prendre soin d’effectuer une vidange complète des circuits d’alimentation, afin d’éviter que les comprimés d’un médicament inoffensif destiné à un enfant ne soient contaminés par des traces d’un médicament toxique fabriqué antérieurement pour un autre membre de la famille.

En somme, les pharmaciens peuvent dormir en paix… pour l’instant.

Références :
Lévétiracétam
Le premier médicament conçu par une imprimante 3D autorisé aux Etats-Unis
L’impression de médicaments est à nos portes

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Écrit par Jean-Pierre Martel


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