Les enfants torontois souffrent à cause du Québec

Publié le 11 novembre 2022 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Depuis plusieurs mois, les pharmaciens canadiens sont aux prises avec une grave pénurie de médicaments pédiatriques contre la douleur. Non seulement ceux à base d’acétaminophène (Tylenol™), mais également à base d’ibuprofène (Advil™, Motrin™, etc.).

Plus récemment, c’est aussi le cas de l’amoxycilline, un des antibiotiques les plus prescrits chez les enfants.

La mondialisation

Contrairement à la mondialisation en général, la mondialisation de la fabrication des médicaments est un phénomène relativement récent.

Sous l’administration de G.W. Bush, les compagnies pharmaceutiques cherchaient un moyen de transférer la fabrication de médicaments vers des pays où les couts de la main-d’œuvre sont moindres.

Mais les règlements de la FDA (la Régie américaine des médicaments) obligeaient les douaniers à placer en quarantaine les cargaisons importées jusqu’à ce que les analyses prouvent que les médicaments sont conformes aux normes américaines.

À la suite des pressions de l’industrie, la FDA effectue maintenant des inspections afin de vérifier les procédures et le fonctionnement d’usines situées à l’étranger.

Lorsque ces usines répondent aux critères de la FDA, elles sont considérées comme si elles étaient situées en sol américain. Dès lors, le passage aux douanes de leur production devient une simple formalité.

Le résultat, c’est qu’une partie importante des médicaments que nous consommons viennent de Chine ou d’Inde. Non seulement les comprimés ou capsules viennent de ces pays mais la matière première qui a servi à leur fabrication vient également de ces deux pays.

La mondialisation repose sur les contrats à long terme conclus afin de minimiser et de stabiliser les couts de production.

Il suffit d’un problème d’approvisionnement — causé par un conflit inter-ethnique ou inter-religieux, une catastrophe naturelle locale, un conflit ouvrier ou des bris mécaniques — pour provoquer une pénurie de médicaments partout à travers le monde.

De plus, la rupture des chaines d’approvisionnement en raison des sanctions occidentales contre la Russie ont accessoirement compliqué l’approvisionnement de réactifs nécessaires à la synthèse de médicaments et de solvants pour les extraire.

Depuis plusieurs mois, la demande pour l’acétaminophène et l’ibuprofène a explosé dans le monde en raison des pandémies simultanées de trois virus respiratoires.

Souffrir à cause du Québec

Imprimé à près d’un demi-million de copies, le Toronto Star est le plus important quotidien du Canada.

Puisque le Canada semble, selon lui, être le seul pays au monde qui connait une pénurie prolongée d’acétaminophène, le quotidien torontois a cherché à savoir en quoi le Canada se distingue des autres pays.

Pour le Toronto Star, la particularité canadienne, c’est l’étiquetage bilingue obligatoire au pays.

Ailleurs qu’en Amérique du Nord, l’acétaminophène est connu sous le nom de paracétamol. Or le paracétamol est en rupture de stock dans de nombreux pays, dont l’Allemagne, la France, l’Irlande, le Pakistan, et aux Philippines.

Il n’est pas en pénurie aux États-Unis, parce que le prix des médicaments dans ce pays est plus élevé qu’ailleurs.

Lorsqu’il existe une pénurie mondiale, l’industrie pharmaceutique privilégie l’approvisionnement du marché américain parce qu’il est, de loin, le plus lucratif.

Conclusion

Le multiculturalisme est le tribalisme des sociétés anglo-saxonnnes.

Pour l’élite politico-médiatique canadian, dénigrer le Québec est une manière de proclamer la supériorité morale de sa tribu ou, comme dans ce cas-ci, de la présenter comme une victime.

En effet, ce que dit implicitement le Toronto Star, c’est que des milliers d’enfants canadiens souffrent parce qu’Ottawa, pour plaire au Québec, oblige les médicaments à être étiquetés en anglais et en français.

Ce bilinguisme obligatoire se justifiait à l’époque où on concevait le Canada comme un pays né de l’union de deux peuples fondateurs.
 

 
Mais nos jours, au Canada anglais, plus personne ne voit les choses de cette manière. Le Canada est perçu comme un pays multiculturel au sein duquel la minorité francophone perd de son importance démographique au fur que l’anglais progresse au Québec.

Posons-nous la question : parmi toutes les mères qui ne parlent pas anglais au pays, n’est-il pas discriminatoire que seules les mères unilingues françaises disposent d’un étiquetage dans leur langue ?

À deux reprises, par voie référendaire, les Québécois ont choisi de remettre leur sort entre les mains de la majorité anglo-canadienne.

Pour ceux qui savent lire entre les lignes, l’article paru dans le Toronto Star nous donne un aperçu de la place qui nous sera réservée dans le Canada de demain…

Références :
Anglicisation de Montréal depuis quinze ans
Canada’s children’s Tylenol shortage is getting worse — and bilingual labels are part of the problem
Germany sees alarming shortage in medicine
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Les pénuries de médicaments
Santé : les ventes de paracétamol limitées à deux boîtes par personne pour éviter une pénurie
Tylenol et Advil pour enfants : Un média anglophone met la pénurie sur le dos du français

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