Portes palières et pannes de métro

Publié le 30 avril 2022 | Temps de lecture : 6 minutes
Exemple de panne dans le métro de Montréal

La Société de transport de Montréal (STM) n’a jamais eu de plan de réduction des pannes de son métro. Elle ne s’est même jamais fixé de cible à ce sujet. La STM les mesure et trouve un argument qui les justifie.

De plus, la STM n’a jamais estimé le cout économique de ses interruptions de service. Combien de millions d’heures-personnes perdues ? Combien de frais de taxi ? Bref, combien de millions$ de pertes économiques ? Peu importe; ce sont des frais que n’assume pas la STM.

Parce que le problème majeur de tous ces gestionnaires qu’on rémunère à prix d’or, c’est qu’ils opèrent en silo, parfaitement inconscients des conséquences de leurs décisions sur la société qui les entoure.

Dans l’établissement de ses statistiques, la STM ne compile que les pannes de plus de cinq minutes. Ce qui est acceptable. Sinon, on devrait tenir compte des moindres délais insignifiants. Comme, par exemple, cet usager qui bloque la fermeture des portes pendant quelques secondes.

En 2016, il y a eu 923 pannes de plus de cinq minutes dans le métro de Montréal. Cette année-là, il n’y en a eu aucune sur plusieurs des quatorze lignes à Paris, dont la ligne 1, la plus importante en direction est-ouest.

Celle-ci relie La Défense et le Château de Vincennes en passant par l’avenue des Champs-Élysées, les Tuileries, Le Louvre, le Châtelet, l’Hôtel de Ville, la Bastille, et la gare de Lyon. Aucune panne.

Dans le sport professionnel, m’importe quelle joute qui se terminerait par un pointage de 923 à zéro entrainerait le congédiement de l’entraineur de l’équipe perdante. Mais pas à Montréal.

Depuis seize ans, c’est de mal en pire. En 2006, il y en avait 794, 980 en 2011, et 923 en 2016, 1 171 en 2017. Toutefois, leur nombre a diminué avec la réduction de la fréquence du métro au cours de la pandémie.

La « non-fermeture de porte » est la cause la plus fréquente des petits arrêts de service. Il y en a eu 918 depuis 2015. En moyenne, ils occasionnent des retards d’environ cinq minutes. Donc à la limite de ce qui est comptabilisé.

Chaque année, on justifie les pannes prolongées en jetant le blâme sur les usagers qui se suicident ou qui descendent imprudemment sur les voies pour y récupérer des objets échappés. Ce sont eux, officiellement, les principales causes des interruptions majeures de service.

Porte palière au métro de Shanghai

Le moyen de les prévenir est connu; c’est l’installation de portes palières. Ces dernières sont des cloisons transparentes derrière lesquelles le train arrive dans la station et dont les portes ne s’ouvrent qu’après que les wagons aient ouvert les leurs.

Les futures stations de la ligne bleue en seront pourvues. Mais rien ne sera fait dans les stations existantes au cours des dix prochaines années.

Plus tôt cette semaine, la STM a fait savoir que son plan décennal 2022-2031 d’investissement ne prévoyait rien à ce sujet. Le porte-parole de la STM déclarait :

On a décidé de retirer le projet de notre programme d’investissement pour les dix prochaines années, parce que la pandémie a amené de grands changements dans les besoins de mobilité, dans l’achalandage, ce qui a mis évidemment de la pression sur nos finances.

Si la STM avait une stratégie de réduction des pannes, l’installation des portes palières aurait été considérée comme un investissement prioritaire.

Mais puisque ce n’est pas le cas, le comité qui s’est penché sur l’opportunité d’en avoir a étiré sa réflexion pendant quatre ans, jusqu’enfin on trouve le prétexte d’y renoncer.

On peut présumer que si la pandémie était survenue quatre ans plus tôt, on aurait évité quatre années de palabres.

Dans le métro de Montréal, le nombre de tentatives de suicide a été de 89 entre 2015 à 2019, soit un à deux par mois.

Dans un autre ordre d’idée, on sait qu’au cours de la construction du REM de l’Ouest, le train de banlieue (la ligne des Deux-Montagnes) a perdu toute fiabilité et du coup, sa clientèle s’est effondrée de plus de 80 % : exaspérés, ses usagers ont préféré s’acheter une voiture.

Si on veut réduire l’excès des voitures dans les rues de nos grandes agglomérations urbaines, la solution n’est pas de construire plus de rues, plus d’autoroutes, plus de ponts; la véritable solution, c’est moins de véhicules qui y circulent.

Et les meilleurs arguments pour motiver les gens à utiliser le transport en commun, ce sont (dans l’ordre) la fiabilité, le cout, et le confort.

Abandonné, le projet d’installer à Montréal des portes palières dans la moitié des stations du métro (treize sur 26) aurait couté 200 millions de dollars. Cela représente 1,25 % des 15,9 milliards de dollars d’immobilisations prévues entre 2022 et 2031.

La STM a l’habitude de procéder à des sondages auprès de sa clientèle. Ceux-ci révèlent que 86 % des usagers sont satisfaits du service.

Je ne serais pas surpris d’apprendre que 86 % des clients des restaurants insalubres de Montréal en sont également satisfaits. Car ceux qui ne le sont pas vont manger ailleurs.

Si la STM effectuait des sondages auprès de ceux qui n’utilisent pas le transport en commun et cherchait à comprendre pourquoi, elle découvrirait sans doute que l’augmentation de la fiabilité du métro — en éliminant la majorité des pannes majeures — entrainerait une augmentation de ses revenus bien au-delà de 1,25 % de son budget d’immobilisations.

Dans le passé, j’ai eu l’occasion de critiquer l’incompétence du responsable de la mobilité de l’administration Plante, M. Éric-Alan Caldwell.

En apprenant le 21 mai 2021 que ce diplômé en scénarisation cinématographique avait été nommé à la présidence du Conseil d’administration de la STM, je m’attendais au pire.

Un an plus tard, avec l’adoption de ce plan décennal, M. Caldwell avait une occasion de prouver qu’on a tort d’avoir des préjugés à son sujet.

Quelle belle occasion ratée…

Références :
La crise des piétons tués durera huit ans
Le métro accueillera les chiens, mais n’aura pas de portes palières
Les mille pannes annuelles du métro de Montréal
L’excès de voitures dans nos rues
Ligne Exo 6 – Deux-Montagnes
Portrait des pannes de métro
Programme des immobilisations 2022-2031
STM: une campagne de publicité de 3,2 millions pour amadouer les usagers

Paru depuis : Interruptions de service dans le métro : Retour aux niveaux prépandémiques (2024-06-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’anneau de la place Ville-Marie

Publié le 27 avril 2022 | Temps de lecture : 2 minutes
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La place Ville-Marie appartient à la firme d’investissements Ivanhoé Cambridge, elle-même propriété de la Caisse de dépôt et placement du Québec (le bas de laine des Québécois).

Dans le cadre de la vocation de mécène que s’est dotée Ivanhoé Cambridge, celle-ci a approché l’architecte et artiste urbain Claude Cormier afin qu’il réalise une immense installation qui décorerait la place Ville-Marie.

Au cout de cinq-millions de dollars, l’œuvre projetée est L’Anneau, un objet en acier de trente mètres de diamètre et pesant 23 tonnes qui sera installé au-dessus d’un escalier monumental qui mènera par le nord à l’esplanade de la place Ville-Marie.

Le tout doit être complété en juin prochain.

En dépit qu’il soit sans doute un peu tard pour améliorer ce projet, je crois qu’on ferait mieux d’installer une arche semi-circulaire plutôt qu’un anneau.

Plus accueillante, l’installation placée plus basse deviendrait ainsi un geste urbanistique fort; placée à l’extrémité sud de l’avenue du McGill Collège, l’œuvre répondrait à la colonnade semi-circulaire à l’entrée de l’université McGill — située à l’autre extrémité de l’avenue — et, par derrière elle, au sommet arrondi du mont Royal.

Références :
Un anneau géant au centre-ville de Montréal
Un projet d’« anneau géant » flotte dans l’air

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les compagnies ferroviaires, instruments de la colonisation canadian

Publié le 25 avril 2022 | Temps de lecture : 4 minutes

Le CP sous Pierre-Elliott Trudeau

En 1981, le francoOntarien Paul Desmarais est à la tête de Power Corporation, la plus importante société financière du Canada.

Parmi ses nombreux investissements, il possède 5 % des actions du Canadien Pacifique (CP), un des deux plus importants transporteurs ferroviaires du Canada.

De son côté, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en possède 8 %.

Paul Desmarais ambitionne de prendre le contrôle du transporteur. Ce qui serait possible s’il en détenait environ 20 % des parts.

En décembre de cette année-là, sa participation grimpe à 11 %. En mars 1982, la CDPQ augmente la sienne à 9,97 %.

La prise de contrôle du CP est alors à portée de main; il suffit à Paul Desmarais de convaincre le CDPQ de lui vendre ses actions.

Mais au siège social torontois du CP, c’est la panique; la perspective que la compagnie ferroviaire tombe entre les mains d’un Francophone est totalement inacceptable.

Précisons que de nos jours, le Conseil d’administration du CP est dirigé par Isabelle Courville, une francoQuébécoise.

Mais il y a trois décennies, le CP est l’ultime bastion de la haute finance WASP (White Anglo-Saxon Protestant), celle où il était de bon ton de boire du scotch et de fumer le cigare.

Frederick Burbidge, PDG du CP, prend alors les grands moyens; il appelle directement Pierre-Elliott Trudeau.

Il somme le premier ministre du Canada de faire adopter une loi qui empêche l’alliance financière entre le CDPQ et Paul Desmarais.

Pierre-Elliott Trudeau demande alors à un sénateur libéral d’accomplir la basse besogne pour lui et de présenter le projet de loi S-31.

Celui-ci interdit à une société d’investissement qui est de propriété provinciale (lire : la CDPQ), d’investir dans des champs de compétence fédérale (lire : le transport interprovincial).

Un an plus tard, lorsque Paul Desmarais renonce à prendre le contrôle du CP, cette société est sauve. Le projet de loi S-31 est abandonné et meurt au feuilleton.

Le CN sous Justin Trudeau

Le Canadien national est l’autre grand transporteur ferroviaire. Son siège social est situé à Montréal.

Depuis le départ de Jean-Paul Ruest en octobre 2021, de Julie Grondin à la même époque et de Jean Charest en mars dernier, son Conseil d’administration ne compte plus aucun Francophone ni même aucun Anglophone bilingue; ses administrateurs sont tous des Anglophones unilingues.

Comme le CP l’était il y a trois décennies.

Interrogé au sujet de l’unilinguisme de la direction du CN, le premier ministre Justin Trudeau — qui, apparemment, vit sur une autre planète — s’est dit époustouflé et frustré.

Mais il y a plus.

Le 22 avril dernier, le quotidien La Presse révélait que les conducteurs de locomotive, les chefs de train et les chefs de triage qui refusent de travailler en anglais au Québec sont harcelés.

Rappelons que la Loi 101 exige que la langue de travail au Québec soit le français.

Étant donné que la compagnie ferroviaire embauche des personnes unilingues anglaises (donc incapables de travailler en français), elle exige que ses cadres intermédiaires et ses travailleurs francophones s’adressent à eux en anglais sous peine de sanctions administratives.

Voilà comment un peuple devient étranger dans son propre pays.

Cela porte un nom; la colonisation.

Références :
Canadien National : Des travailleurs francophones sous « pression »
Canadien National : Les francophones écartés de la table du C.A.
Français au CN: Trudeau «époustouflé» et «frustré» par la situation
Paul Desmarais, Pierre Trudeau et la Caisse
Plainte du syndicat

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Comment simuler l’infrarouge rose bonbon en post-traitement

Publié le 24 avril 2022 | Temps de lecture : 2 minutes
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L’an dernier, j’ai mis au point une nouvelle technique d’infrarouge couleur appelée ‘infrarouge rose bonbon’.

Cette technique transforme en rose tout ce qui est vivant — en d’autres mots, tout ce qui est du règne végétal ou animal — et laisse presque intactes les couleurs de tout ce qui est du règle minéral (ciel, eau, verre, métal, roches, etc.).

C’est comme si l’appareil utilisé était doté d’intelligence artificielle.

À l’aide d’un appareil photo infrarouge à spectre complet, cette technique nécessite l’utilisation de trois filtres superposés à visser sur l’objectif :
• un filtre vert X1 de fabrication européenne,
• un filtre bleu B+W KB20, et
• un filtre bleu 80C ou 80A (selon la marque de l’appareil).

Mais que fait-on lorsqu’on ne possède pas l’équipement nécessaire ?

Le photographe Olivier Rocq, formateur sous Photoshop et Lightroom, a publié hier une très intéressante vidéo qui montre comment obtenir un résultat similaire à partir d’une photo prise avec un appareil couleur ordinaire.

Ma photo infrarouge ayant servi de modèle

En somme, qu’on l’obtienne directement à la prise de vue ou en post-traitement, l’infrarouge rose bonbon est un outil de création artistique qui s’ajoute à la gamme des outils à la disposition des photographes, amateurs ou professionnels.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La droite, concrètement

Publié le 23 avril 2022 | Temps de lecture : 4 minutes

Lorsqu’on pense à un parti de droite, on pense à ces formations politiques dont les partisans défilent la nuit au flambeau en criant leur haine pour une minorité ethnique.

Ma propre définition est plus simple; c’est toute formation politique qui appauvrit le 99 % au profit du 1 %.

Selon le recensement canadien de 2016, la ligne de démarcation qui sépare le club du ‘1 %’ du reste de la population québécoise, c’est un revenu annuel de 190 000 $.

La CAQ est le parti le plus à droite parmi toutes les formations politiques représentées à l’Assemblée nationale.

Ce parti politique promet des nananes au peuple pour se faire élire. Et dès qu’il est au pouvoir, il favorise l’enrichissement du 1 % aux dépens du 99 %.

C’est un gouvernement prêt à brader notre électricité pour faire liquéfier ici du gaz naturel et l’exporter en traversant une pouponnière de bélougas.

C’est un gouvernement qui fait hausser de cinq fois la quantité de nickel cancérigène que respireront les gens de Limoilou parce que cette mesure maximiserait les profits de minières multinationales.

C’est un gouvernement qui rembourse aux agriculteurs l’utilisation du glyphosate en pré-récolte, c’est-à-dire son utilisation pour empoisonner le blé afin de hâter son murissement et faciliter ainsi sa récolte.

C’est un gouvernement qui menace de représailles ses travailleurs de la santé (hors des zones rouges des hôpitaux) qui prennent l’initiative de se protéger adéquatement contre la pandémie.

C’est un gouvernement qui favorise la contamination généralisée de nos écoliers parce qu’en contaminant leurs parents et par eux, les milieux de travail et les commerces, on économise des doses de vaccins (refusées à ceux qui ont attrapé le Covid-19 et en sont rétablis récemment).

C’est un gouvernement qui refuse de dépister massivement et de confiner sélectivement ceux qui sont atteints parce que c’est moins cher de faire porter le poids financier de la pandémie sur des petits entrepreneurs (qui font très souvent partie du 99 %).

C’est surtout un gouvernement qui choisit de confier la Santé publique à des Libertariens parce que ceux-ci servent de paravent au laisser-faire gouvernemental.

Au niveau national, un gouvernement de droite, c’est un gouvernement qui envoie des armes au peuple ukrainien. Des armes qui ne font, pour le peuple ukrainien, que prolonger ses souffrances et la destruction de leur pays. Tout cela dans le but, entre autres, de détourner notre attention du fiasco de leur gestion de la pandémie.

Bref, un gouvernement de droite, c’est un gouvernement qui fait la promotion de l’égoïsme et du chacun-pour-soi.

Malheureusement, les menaces importantes qui guettent l’Humanité, autant climatiques qu’épidémiques, nécessitent la concertation, la solidarité et le sacrifice de soi.

Autant de vertus incompatibles avec l’idéologie de droite.

Au contraire, la solidarité, c’est à gauche qu’elle se trouve.

Compléments de lecture :
C’est quoi un parti de droite ou un parti de gauche ?
Conférence de presse du 8 février 2022
Covid-19 : du Yo-yo à la roulette russe
Covid-19 : la vaccination des enseignants
Covid-19 : une rentrée scolaire idéale en 2020
Glyphosate : le ministre Lamontagne rit de nous
Le Covid-19 à l’école
L’engrenage ukrainien
L’épouvantail russe
Les autorités sanitaires du Québec et la justice
Les lecteurs de CO₂ à l’école : une tragicomédie caquiste
Nickel : la science a le dos large
Précisions concernant le dépistage du variant Delta à l’école primaire
Promettre la carboneutralité dans la semaine des trois jeudis
Voici les 20 pires délinquants environnementaux au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’Ukraine doit s’inspirer du Canada

Publié le 22 avril 2022 | Temps de lecture : 3 minutes

Depuis la nuit des temps, le sort de tout pays faible qui voisine un pays puissant, c’est d’être son vassal.

C’est le rôle qu’assume pleinement le Canada.

Quand le président américain dit que Vladimir Poutine est un tyran, Justin Trudeau répète que Vladimir Poutine est un tyran.

Quand Joe Biden déclare que la Russie commet des crimes de guerre, Trudeau accuse la Russie de commettre des crimes de guerre.

Quand Biden accuse la Russie de génocide, notre ministre des Affaires étrangères dit la même chose.

Rappelez-vous quand le président de la République française, Jacques Chirac, avait refusé de croire les accusations américaines selon lesquelles l’Irak possédait des armes de destruction massive.

Souvenez-vous du tollé que cela avait provoqué. Les Américains avaient boycotté les vins français. Au Capitole américain, on avait renommé les frites (qui se disent French fries en anglais) à Freedom fries. Etc.

Notre pays est trop dépendant du marché américain pour se permettre d’indisposer notre puissant voisin.

Il est donc du devoir de Justin Trudeau et de ses ministres d’être les perroquets de Washington.

Justin Trudeau n’est pas obligé de penser ce qu’il dit; s’il n’est pas d’accord, il doit simplement faire semblant. On ne lui en demande pas plus.

Or il le fait admirablement bien.

Au petit déjeuner, quand l’ambassadeur américain lit les manchettes des journaux canadiens, il est heureux. Et quand il est heureux, l’administration américaine est heureuse. Et quand celle-ci est heureuse, nos entreprises sont rassurées.

Tout comme le Canada, l’Ukraine doit réaliser que sa vassalisation à son puissant voisin est dans son intérêt.

Malheureusement, depuis 2004, les organisations non gouvernementales américaines (financées par Washington) ont dépensé cinq-milliards de dollars pour convaincre le peuple ukrainien qu’il était dans son intérêt de devenir, au contraire, un ennemi militaire de la Russie.

De la même manière que la crise des missiles à Cuba en 1962 a été provoquée par l’intention de La Havane d’acheter des missiles russes menaçant les États-Unis, la décision de l’Ukraine de rejoindre l’Otan est à l’origine de la guerre russo-ukrainienne.

Plus vite l’Ukraine renoncera à cette idée, plus vite cesseront les destructions dans ce pays.

Si Paris n’a pas été détruite en 1940, c’est parce que la France a capitulé cette année-là. Sinon, on admirerait aujourd’hui la copie de la tour Eiffel ou de l’Arc de Triomphe, l’une et l’autre reconstruits à l’identique.

De nos jours, en Occident, la guerre russo-ukrainienne est un sujet d’indignation. Mais c’est aussi un divertissement télévisuel d’autant plus captivant qu’il est vrai.

Le courage des Ukrainiens est salué comme on admirait celui des Chrétiens dévorés par les lions dans les arènes romaines.

Le meilleur service qu’on peut rendre au peuple ukrainien, c’est de lui envoyer du matériel médical (des pansements et des médicaments) et non des armes qui ne feront que prolonger ses souffrances.

Paru depuis : Guerre en Ukraine : des centaines de millions de dollars d’équipement militaire pour Kiev (2022-04-23)

Complément de lecture : L’engrenage ukrainien

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La contrebande de mon père

Publié le 21 avril 2022 | Temps de lecture : 4 minutes

Les quotas

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le sucre — comme beaucoup de denrées importées — était l’objet de quotas.

À l’époque, le sucre était produit dans les Caraïbes, plus précisément à Cuba, à Haïti et en République dominicaine. Les bateaux en provenance de ces pays déchargeaient leur cargaison dans les ports des provinces maritimes et du Québec.

Puisque la Voie maritime du Saint-Laurent n’avait pas été construite, aucun navire ne pouvait aller plus loin que Montréal.

Dès le déchargement, les douaniers canadiens répartissaient les arrivages en fonction des quotas provinciaux établis par Ottawa.

Dans le but de favoriser les confiseries et les chocolateries ontariennes, Ottawa avait fixé des quotas généreux pour l’Ontario et des quotas très stricts pour le Québec.

Si bien que les entreprises qui fabriquaient des friandises et des desserts au Québec étaient incapables de répondre à la demande et perdaient leur clientèle au profit des entreprises ontariennes.

Par contre, certaines petites confiseries ontariennes avaient tellement de sucre qu’elles n’arrivaient pas à l’utiliser complètement.

Elzéar Martel & Cie

Au début du XXe siècle, mon grand-père avait fondé à Joliette une confiserie sous son nom.

À l’époque, les grandes banques à charte fédérale faisaient du prêt hypothécaire mais n’accordaient presque jamais de prêts à des entreprises appartenant à des Québécois francophones, présumés mauvais en affaires.

La carrière d’entrepreneur de mon grand-père avait été rendue possible grâce à un prêt des Caisses populaires Desjardins, les seules à financer les petits commerces québécois.

Moule en caoutchouc pour les chocolats d’Elzéar Martel

Au fil des années, la confiserie familiale en était venue à approvisionner en sucreries toutes les épiceries de la région.

Toutefois, à l’arrivée de la guerre, elle fut frappée durement par les restrictions liées à l’approvisionnement en sucre.

La solidarité des Canayens

Mon père était le gérant de la confiserie de son père à lui (donc de mon grand-père paternel). Or papa s’était lié d’amitié avec un confiseur francoOntarien qui était incapable d’écouler tout le sucre auquel il avait droit.

Périodiquement, mon père se rendait donc dans le Nord-est ontarien — où était situé son ami — afin d’y faire ses provisions de sucre.

Le plus court chemin était de longer la rivière des Outaouais du côté québécois et de traverser en Ontario en franchissant le pont qui relie Hull à Ottawa.

Mais ce pont était sous surveillance militaire.

Cette surveillance servait non seulement à protéger le parlement canadien de commandos ennemis, mais surtout à empêcher des malfaiteurs pires qu’eux; ces contrebandiers sans scrupule qui contournaient les quotas établis par le fédéral pour le bien du pays…

Mon père partait donc au volant d’un camion non identifié et traversait le pont de nuit, de préférence lors d’une nouvelle lune.

Il arrivait chez son ami au milieu de la nuit, s’empressait de transborder la marchandise et revenait aussitôt au Québec puisque les militaires devenaient plus nombreux le jour, quand le pont était achalandé.

S’il s’était fait prendre, mon père et son complice auraient été passibles d’une peine d’emprisonnement pour s’être livrés à la contrebande.

Conclusion

Cette anecdote, vous ne la lirez pas dans les grands livres d’histoire.

Elle est typique de ces innombrables mesures discriminatoires dont le Québec est victime depuis plus de 150 ans et qui ne cesseront que le jour où nous assumerons notre propre destin.

Complément de lecture : Le colonialisme économique ‘canadian’

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La ministre indigne

Publié le 20 avril 2022 | Temps de lecture : 2 minutes

Imaginez une mère séparée de son enfant qui apprendrait qu’il est très malade mais qui, peu de temps après, recevrait le message que quelqu’un a décidé de s’occuper de lui.

Ne pourrait-on pas s’attendre à ce que cette mère s’informe de temps en temps de l’évolution de l’état de santé de son enfant ?

La ministre des Ainés est un peu la mère bienveillante des vieillards du Québec.

Après avoir reçu plusieurs messages de détresse de la part des responsables de la Résidence Herron, elle s’est complètement désintéressée de ses résidents dès qu’un centre intégré de santé lui a déclaré prendre ce dossier en main.

Et elle s’est réveillée après avoir appris dans les journaux que 47 des 133 résidents y étaient morts par négligence criminelle.

Depuis plusieurs jours à l’Assemblée nationale, Mme Blais doit se justifier.

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Mercredi dernier, à la suite d’une question du député de la circonscription de Marquette (où est situé cette résidence), la ministre a insinué que ce député aurait dû savoir ce qui se passait dans sa circonscription.

Quand un hospice est déserté par son personnel et que les résidents y meurent comme des mouches, ce n’est pas le député qu’on appelle à l’aide; c’est la ministre.

Essayer de faire porter le blâme de son inaction au député est la preuve que Mme Blais n’est pas digne de la fonction qu’elle occupe.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’origine de l’expression : s’en laver les mains

Publié le 18 avril 2022 | Temps de lecture : 3 minutes
Ecce Homo (1871), d’Antonio Ciseri

Introduction

Ponce Pilate était le représentant plénipotentiaire de Rome en Judée à l’époque où celle-ci était une colonie romaine.

C’est devant lui qu’on amena Jésus de Nazareth afin qu’il le juge.

Selon trois des quatre évangélistes, on l’accuse d’avoir provoqué une émeute à proximité du Temple de Jérusalem, émeute au cours de laquelle de nombreux étals de marchands furent renversés.

Les vendeurs du Temple

À l’époque, beaucoup de pèlerins venaient au Temple dans le but d’offrir un animal en sacrifice.

Mais certains d’entre eux trouvaient plus pratique de l’acheter sur place que de l’apporter de chez eux. De plus, tout animal qui tombait malade en cours de route était jugé impropre au sacrifice.

Or justement, certains marchands offraient de petits animaux en parfaite santé, prêts à être utilisés.

D’autre part, au Temple de Jérusalem, les offrandes en espèces ne pouvaient pas inclure de la monnaie romaine, celle qui avait cours légal en Judée.

Pourquoi ? Parce qu’elle était frappée à l’effigie de l’empereur de Rome. Aucune pièce de monnaie à la gloire d’un monarque n’était acceptée.

Certains des marchands étaient des agents de change permettant de se procurer des pièces d’or ou d’argent respectueuses de la rectitude religieuse.

D’autres étals offraient tout simplement des breuvages et des collations aux passants.

Bref, ces marchands et le Temple vivaient en parfaite symbiose.

N’étant pas familiarisé avec les us et coutumes de la capitale, Jésus avait été scandalisé par cette bruyante foire commerciale, irrespectueuse du caractère sacré des lieux.

Après sa violente colère (qui avait incité ses fidèles à l’émeute), les grands prêtres du Temple se sont empressés d’arrêter ce fauteur de troubles.

Mais n’ayant pas le pouvoir de le mettre définitivement hors d’état de nuire, ils référèrent Jésus à Ponce Pilate, seul autorisé à imposer la peine de mort.

Une ruse qui échoue

L’interrogatoire devant Ponce Pilate ne s’étant pas révélé concluant, ce dernier décide d’utiliser une ruse plutôt que d’innocenter Jésus et ainsi provoquer la contrariété des autorités religieuses qui insistent pour qu’il le condamne.

La coutume voulait qu’à Pâque, on gracie un prisonnier. Il offre donc à la foule réunie devant son palais de gracier soit Jésus ou Barabbas (un accusé de meurtre). D’avance, Ponce Pilate est persuadé du résultat.

Mais cette foule est celle réunie par les autorités religieuses. Elle comprend de nombreux marchands qui ont subi d’importantes pertes à l’occasion de cette émeute.

À la grande surprise du procureur romain, la foule réclame que Barabbas soit gracié et que Jésus périsse.

Surpris et dégouté par la réaction de la foule, Ponce Pilate décide malgré lui de livrer Jésus au supplice de la croix tout en se lavant publiquement les mains afin de symboliser qu’il se dégage de toute responsabilité dans cette décision qu’il prend à contrecœur.

Voilà l’origine de cette expression.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


« L’Auto-collants »

Publié le 16 avril 2022 | Temps de lecture : 1 minute




 
Quand je l’ai aperçue de ma fenêtre, c’était clair; je devais absolument photographier cette Dodge exceptionnelle, patiemment décorée de milliers d’autocollants.

Comme d’habitude, on cliquera sur une image pour l’agrandir.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25 mm F/1,2 (1re photo) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/8000 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
2e  photo : 1/1600 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 18 mm
3e  photo : 1/2500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 24 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel