La Grande piéride disparate

28 avril 2016
Face dorsale des ailes
De biais
Face ventrale des ailes
De près

Originaire d’Asie, la Grande piéride disparate (Hebomoia glaucippe) est le nom d’un papillon blanc dont le bout des ailes antérieures est orange. C’est pourquoi on l’appelle Great Orange Tip en anglais.

La face ventrale des ailes possède l’aspect d’une feuille blanche qui se serait salie.

Son envergure est de 9 à 10 cm.

Ses antennes sont relativement droites et s’épaississent en s’éloignant du corps : leur extrémité est très pâle.

Si le cou et la tête sont couverts de courts poils beiges, le thorax est recouvert de soyeux poils blancs. L’abdomen nu est blanc.

On trouve ce papillon dans une grande variété d’habitats, de la broussaille des prairies arides de l’Inde aux forêts pluvieuses de Bornéo. Sa distribution comprend une bonne partie du Sud-est asiatique.

Les ailes de ce papillon contiennent un peptide toxique (la glacontryphane-M), ce qui le protège de certains prédateurs. On ignore la provenance de ce poison puisque sa chenille ne se nourrit pas de plantes toxiques, comme c’est le cas d’autres papillons.

Exemple de polymorphisme (ces losanges près du bord des ailes postérieures)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale MC-14 (1re et 2e photos) et M.Zuiko 60 mm Macro F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/1250 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
2e  photo : 1/1000 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
3e  photo : 1/125 sec. — F/5,6 — ISO 500 — 60 mm
4e  photo : 1/500 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 60 mm
5e  photo : 1/125 sec. — F/7,1 — ISO 400 — 60 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le film ‘Salafistes’

25 avril 2016
Le coréalisateur François Margolin, venu présenter son film

Samedi dernier, j’ai vu le documentaire Salafistes, réalisé et coproduit par François Margolin et le journaliste mauritanien Lemine Ould Salem.

Présenté en France depuis janvier dernier, le film prenait l’affiche au Québec la semaine dernière dans le cadre du festival Vues d’Afrique (puisque la majorité de plans se déroulent sur ce continent).

Tourné pendant trois ans au Mali, en Mauritanie, en Tunisie, en Syrie et en Irak, le film de 72 minutes laisse la parole aux théoriciens djihadistes et aux personnes qui vivent sur les territoires contrôlés par des milices islamistes radicales.

Des imams fondamentalistes y présentent librement leur conception de l’Islam. Seul le témoignage d’un vieillard africain, à la fin du film, montre quelqu’un en désaccord avec eux sur un point mineur (l’interdiction de fumer).

Pendant certains témoignages, le documentaire montre des extraits de la propagande filmée de l’État islamique, des scènes crues d’exécutions, d’amputations, et des clips vidéos amateurs réalisés lors d’attentats terroristes.

L’absence de voix hors champ ne permet pas de relativiser les points de vue exprimés. Si bien que le spectateur qui ne sait rien de l’Islam pourrait en venir à penser que ce qu’il entend est la manière la plus authentique d’envisager la religion musulmane, illustrée par des images de ce que cela signifie concrètement.

À l’opposé, celui déjà bien informé à ce sujet n’apprendra rien.

Quant au jeune qui a déjà entamé un processus de radicalisation, le documentaire légitime — en la présentant sur grand écran — une conception étriquée de l’Islam qu’il a commencé à faire sienne plus ou moins clandestinement. Notamment, il pourra entendre des héros qu’il n’a vus que dans des vidéos de qualité médiocre sur l’internet.

Pour toutes ces raisons, je n’ai pas aimé ce film. Ceci étant dit, je reconnais que plusieurs scènes du film sont des documents exceptionnels, pour lesquels les coréalisateurs ont risqué leur vie.

Mais présentés bruts, tels quels, sans la confrontation avec d’autres conceptions de l’Islam, ils font du film une longue infopublicité pour des idées que je réprouve.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 75mm F/1,8 — 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 6400 — 75 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le terrorisme judiciaire d’Erdoğan

24 avril 2016

Introduction

Le président de la Turquie n’a pas le sens de l’humour.

Depuis son élection en aout 2014, plus de 1 845 procès ont été autorisés dans ce pays au motif d’insulte au chef de l’État.

En vertu de l’article 299 du Code pénal turc, l’insulte au président du pays est passible de quatre années d’emprisonnement.

Selon M. Erdoğan, « toutes les attaques contre ma personne et ma famille sont des attaques contre la nation et la volonté nationale.»

C’est ainsi que le 26 février, la justice turque a réclamé la levée de l’immunité parlementaire de Kemal Kılıçdaroğlu — le chef du principal parti d’opposition — pour avoir traité le président de ‘dictateur de pacotille’.

L’intimidation d’Erdoğan en Allemagne

Le mois denier, l’ambassadeur allemand en Turquie a été convoqué au ministère turc des Affaires étrangères au sujet d’une chanson diffusée le 17 mars 2016 sur une chaîne de télévision allemande.

En moins de deux minutes, cette chanson s’attaquait aux atteintes à la liberté de la presse commises par M. Erdoğan et critiquait les dépenses de 491 millions d’euros engagées pour la construction de son nouveau palais présidentiel.

Au nom de la liberté d’expression, les autorités allemandes ont déclaré qu’elles n’avaient pas l’intention de donner suite à cette plainte.

Mais le 31 mars suivant, le même humoriste a franchi un pas de plus, choisissant de lire en onde un ‘poème’ délibérément injurieux pour M. Erdoğan. C’en était trop.

Le président turc a de nouveau porté plainte, cette fois pour crime de lèse-majesté en vertu de l’article 103 du Code pénal allemand.

Cet article tire son origine du Code de l’empire allemand, adopté en 1896, et sur lequel est basé l’actuel Code pénal du pays.

Au XIXe siècle, l’empire allemand était une monarchie dont les dirigeants possédaient des liens de parenté étroits avec les autres dynasties européennes.

Insulter un monarque étranger, c’était offenser un proche parent de l’empereur allemand, ce qui ne pouvait que le placer dans l’embarras.

Cet article de loi permet donc à un représentant d’un pays étranger de déposer plainte pour insulte, une offense passible de trois ans d’emprisonnement (cinq ans lorsque l’offense est délibérée).

Au préalable, il faut toutefois l’autorisation du gouvernement allemand pour que les tribunaux du pays soient saisis d’une telle plainte.

Le 15 avril, la chancelière allemande a déclaré vouloir abolir cette disposition d’ici à 2018. Mais pour l’instant, elle a décidé de donner suite à la demande de poursuites pénales réclamée par M. Erdoğan.

Mais l’Allemagne n’est pas le seul pays européen à proscrire les crimes de lèse-majesté. C’est aussi le cas de onze autres pays européens; l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Romanie, et la Suède.

Cinq jours après cette victoire en Allemagne, Erdoğan s’est ensuite tourné vers l’un d’entre eux, les Pays-Bas : depuis 1881, les crimes de lèse-majesté y sont punissables d’une peine d’emprisonnement de cinq ans.

L’intimidation d’Erdoğan aux Pays-Bas

Le 20 avril 2016, le consulat turc à Rotterdam a expédié un courriel demandant à toutes les organisations turques des Pays-Bas de lui rapporter tout propos jugé offensant pour Erdoğan, la Turquie ou la société turque.


 

TRADUCTION

À qui de droit,

De toute urgence, nous vous demandons de nous faire parvenir les noms et les commentaires écrits des personnes qui ont procédé à des propos dénigreurs, désobligeants, haineux et diffamatoires contre le président turc, la Turquie et la société turque en général, des propos émis par courriel ou dont auraient eu connaissance le personnel de votre organisme, leurs parents ou leur amis par le biais de médias sociaux (comme Twitter ou Facebook), et de nous faire parvenir le tout avant la fermeture des bureaux le 21 avril 2016 par courriel au consulat général de la Turquie à Rotterdam.

Cordialement…»

Plus de 240 000 Néerlandais adultes possèdent également la citoyenneté turque. Lorsque l’appel turc à la dénonciation a été rendu public, beaucoup d’entre eux se sont inquiétés. Non pas à cause de propos qu’ils auraient tenus eux-mêmes, mais du fait que leurs concitoyens non turcophones pourraient voir en eux des espions potentiels à la solde de la Turquie.

Déjà une journaliste néerlandaise en vacances en Turquie a été arrêtée dans ce pays en fin de semaine dernière à la suite de ses critiques à l’égard d’Erdoğan parues dans l’édition néerlandaise du quotidien Métro.

Selon le quotidien britannique The Guardian, son arrestation serait la conséquence d’une dénonciation effectuée par le biais d’une ligne téléphonique mise sur pied par les autorités turques (sans préciser si cette ligne est bien celle du consulat turc à Rotterdam).

Les organisations turques des Pays-Bas sont elles aussi dans l’embarras puisque la législation néerlandaise interdit la trahison, c’est-à-dire toute collaboration avec un pays étranger dans le but de nuire à des intérêts néerlandais.

Les mesures controversées prises par M. Erdoğan pour museler la critique à son endroit en Europe laissent deviner ce que deviendra la liberté d’expression au sein de l’Union européenne le jour où la Turquie en fera partie.

Références :
Berlin accepte la demande d’Ankara de poursuites pénales visant une satire anti-Erdogan
Dutch journalist arrested in Turkey for criticising Erdoğan
Germany slams Turkey’s call to ban satire video
Hear someone insult Erdogan? Report it to us, says Turkish consulate in the Netherlands.
L’ambassadeur allemand en Turquie convoqué pour une chanson satirique anti-Erdogan
Le procès pour «insulte», l’arme préférée du président Erdogan
Over 110,000 Dutch Turks vote in Turkish general election
Palais de la présidence de la République de Turquie
Pourquoi Merkel autorise Erdogan à poursuivre un humoriste allemand
Turkish hotline for Erdogan insults angers Dutch
Turquie: le chef de l’opposition poursuivi pour “insulte” au président Erdogan
Un comédien allemand risque la prison pour avoir traité Erdogan de pédophile et zoophile
Une journaliste néerlandaise brièvement arrêtée en Turquie pour des tweets critiques d’Erdogan

Parus depuis :
Crackdown in Turkey’s Kurdish south-east turns journalists into ‘terrorists’ (2016-05-03)
Le président turc poursuit le magazine français Le Point (2019-10-25)
Turquie : les juges qui ont acquitté l’opposant Osman Kavala à leur tour menacés de poursuites (2020-02-21)

Complément de lecture :
Erdoğan, le premier ministre turc, est une nuisance


Post-Scriptum : Le 29 juillet 2016, Erdoğan a soudainement annoncé l’abandon de toutes les poursuites judiciaires à ce sujet.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Du jamais vu

20 avril 2016

 

 
Réalisé par Matt Charland, Un voyage jamais vu met en vedette Danny Kean, un véritable touriste américain, aveugle de naissance, qui a été suivi par une équipe de tournage durant son premier voyage au Québec.

On le voit entre autres piloter un hélicoptère, pagayer parmi les baleines, se lancer en tyrolienne au-dessus de la chute Montmorency, faire du rafting et de la montagne russe.

Dans ce vidéo, son expérience comprend :
• Quai 417
• Marché Jean-Talon de Montréal
• Pianos publics
• Montréal Plaza
• Olive & Gourmando
• Eau Vive Rafting
• Héli Tremblant
• La Magie de l’air
• Basilique Notre-Dame
• Fairmont Tremblant
• Spa Scandinave
• La Ronde
• Orchestre symphonique de Montréal
• Château Bromont
• Domaine Pinacle
• Pavillon de la Faune
• Fromagerie du Presbytère
• Hôtel Champlain
• Agence Parcs Canada (plaines et citadelle Québec)
• Église Notre-Dame-de-Québec
• SEPAQ
• Le Germain de Charlevoix
• Hôtel Tadoussac
• Croisières AML
• Mer et Monde
• Gite du Mont Albert
• Les marchands de Percé
• Robert Cormier (bâteau aux Îles-de-la-Madeleine)
• Pâtisserie Hélène des Îles-de-la-Madeleine
• Auberge Madeli.

Le titre de la pièce musicale qu’on entend est Blind Love: Feel the light, une composition originale faite spécialement pour le vidéo par le Studio Apollo.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le monopole monétaire des banques

19 avril 2016


 
Depuis le 1er septembre 2015, le paiement en argent liquide est interdit en France pour toute transaction supérieure à 1 000 euros.

Cette limite vise à lutter contre la fraude, le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme. En effet, cela permet de suivre les transferts importants d’argent.

De plus, le gouvernement français a demandé aux banques de réduire la commission qu’elles prennent sur toute transaction, de manière à supprimer les montants minimums imposés par certains commerçants pour les paiements par cartes de crédit.

De nombreux commerçants acceptent déjà les paiements électroniques à partir d’un euro.

En Norvège, les espèces sonnantes ne sont plus utilisées que dans 5% des transactions. En France, c’est 15%.

Les partisans de l’abandon du paiement comptant donnent l’exemple des sans-abris qui, à l’automne 2013, vendaient le magazine Situation Stockholm dans les rues de la capitale suédoise dotés de lecteurs de cartes.

Mais la Suède est la Suède. Est-ce que les banques d’ici sont prêtes à fournir gratuitement des ordinateurs et des lecteurs de cartes à chaque mendiant afin qu’il puisse gérer son compte de banque ?

On devrait plutôt s’attendre à ce qu’elles leur imposent des frais bancaires sur chaque aumône électronique. En somme, elles s’enrichiront en ôtant le pain de la bouche des pauvres.

Afin d’aider les banques à étendre leur monopole sur toutes les transactions monétaires, l’État pourrait se charger de fournir aux mendiants ordinateurs et lecteurs de cartes. Mais j’entends déjà le milieu des affaires s’indigner contre les excès de l’État-providence, symbolisés par cette générosité jugée excessive à l’égard des démunis.

À la dernière assemblée générale des actionnaires de la Banque Nationale (une banque privée canadienne), le président de l’institution a prédit la disparition du paiement par chèque.

Conséquemment, si on ne peut plus donner de monnaie aux mendiants ni même leur émettre un chèque, nous serons ainsi soulagés de la culpabilité de leur refuser l’aumône.

Voilà ce qui complèterait le dispositif du milieu financier pour lutter contre la pauvreté; faire en sorte que les démunis crèvent de faim.

On peut imaginer que si chaque banquier était tenu de passer une semaine à vivre à la belle étoile au centre-ville de Montréal en hiver, sa perception du monde s’élargirait considérablement…

Références :
En Suède, les espèces en voie de disparition
La Banque Nationale évoque la fin des chèques
Une société sans cash est-elle possible ?

Parus depuis :
« Bientôt la fin de l’argent liquide ? », dans Le Monde (2016—04-25)
La fin du papier n’est pas pour demain, dit Desjardins (2016—05-03)
Panne de Rogers : des experts recommandent de conserver de l’argent comptant (2022-07-20)

Complément de lecture :
Le cimetière de l’argent comptant : où finissent nos billets? (2021-10-17)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12mm F/2,0 — 1/320 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Trois papillons orange

17 avril 2016
Le papillon Petit monarque
Le papillon Flambeau
Le papillon Monarque

Voici les trois photos que je préfère parmi les trois-cent-cinquante-deux prises jeudi dernier au Jardin botanique.

En temps normal, je détruis systématiquement toutes celles dont les yeux de papillons sont hors foyer. Ce devait être le sort réservé à la troisième même si, dans les faits, cela ne se remarque qu’à peine.

Mais la beauté irrésistible de son décor de fleurs dressées a eu raison de mes résolutions impitoyables…

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
1re photo : 1/250 sec. — F/6,3 — ISO 320 — 210 mm
2e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 400 — 210 mm
3e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 400 — 210 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Lutte au cyberterrorisme : le Canada et la France

16 avril 2016

En vertu de l’article 83.223 de la Loi antiterroriste canadienne de 2015, un juge peut ordonner la suppression de toute publication sur internet qui fait l’apologie du terrorisme.

Toutefois la loi ne précise pas d’obligation à la reddition de compte au sujet des activités de contreterrorisme des forces policières canadiennes.

Par exemple, si l’honnête propriétaire d’un journal électronique, d’un blogue ou d’un site web d’expression politique, constate la suppression de son médium sur l’internet, il n’a aucun moyen de savoir si c’est l’œuvre de pirates ou s’il a été victime d’une erreur judiciaire.

En France, les choses se passent différemment.

Lorsqu’un site est séquestré par les forces de l’ordre, les visiteurs sont redirigés vers une page web qui les avise en conséquence (ci-contre). Comme s’ils avaient tenté de pénétrer dans un lieu physique interdit par la police.

De plus, les autorités policières rendent périodiquement compte de leurs activités. Il est à noter qu’en France — contrairement au Canada — les activités ‘perturbatrices’ de l’État ne nécessitent pas l’obtention préalable de l’autorisation d’un tribunal, ce qui favorise l’efficacité des interventions policières.

L’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication est la division de la police nationale chargée de débusquer non seulement les sites terroristes, mais également les sites pédopornographiques.

Cette ‘police de l’internet’ est sous la surveillance d’une commission garante de la protection des libertés civiles. Celle-ci porte le nom de Commission nationale de l’informatique et des libertés. Neuf personnes y travaillent.

Dans l’édition d’hier matin du quotidien Le Monde, on prenait connaissance du premier rapport de cette commission.

Le blocage de sites web

Entre juillet et octobre 2015, les autorités policières ont exigé mensuellement le blocage d’une centaine de sites ou de pages web auprès d’hébergeurs. Depuis les attentats de Paris, le nombre de demandes a augmenté substantiellement, passant à environ 800 en janvier dernier.

Sur les soixante sites actuellement bloqués parce qu’ils incitaient au terrorisme ou en faisaient l’apologie, cinquante-six (93%) l’ont été depuis le 13 novembre.

À cela s’ajoute le blocage des sites pédopornographiques, beaucoup plus nombreux. En effet, on en compte deux-cent-vingt-trois, soit presque quatre fois plus que les sites liés au terrorisme.

Le blocage de pages personnelles sur des réseaux sociaux

Beaucoup de personnes croient que l’utilisation d’un pseudonyme, usuelle sur les médias sociaux, leur garantit la liberté de dire n’importe quoi.

La ‘police française de l’internet’ a demandé 1 439 retraits de contenus, dont une majorité sur les réseaux sociaux. Cette fois-ci, l’immense majorité concerne du contenu terroriste et seulement dix pour cent de contenu pédopornographique.

Dans environ 80% des cas, le blocage du contenu s’est opéré par le biais du média social lui-même et dans le reste, par le biais du fournisseur d’accès internet qui rendait possible la publication du contenu illégal.

De plus, on a demandé aux moteurs de recherche (Google, Bing, Yahoo!) de faire disparaître de leurs résultats les sites terroristes ou pédopornographiques. Sur 855 demandes de bannissement, 386 l’étaient pour du contenu terroriste et 469 pour du contenu pédopornographique.

Après analyse, la commission qui surveille l’action policière n’a pas trouvé de cas d’abus de pouvoir.

Les policiers français ont comptabilisé le nombre d’internautes qui ont tenté de se connecter à des sites interdits et qui se sont butés à l’image ci-dessus : 34 000 pour les sites pédopornographiques et de 494 pour les contenus terroristes. On peut supposer que les sites pédopornographiques attirent davantage une clientèle internationale, d’où leur audience nettement plus importante.

De ce côté-ci de l’Atlantique, le gouvernement canadien dévoile le montant des sommes dépensées à des fins sécuritaires et les organismes responsables rédigent des rapports volumineux où triomphe un jargon à partir duquel le lecteur n’a aucune idée de l’atteinte des résultats.

Conséquemment, les contribuables canadiens n’ont aucune idée de l’efficacité des brigades antiterroristes qu’ils financent. Les autorités canadiennes auraient peut-être avantage à s’inspirer de l’exemple français.

Références :
Loi antiterroriste (C-51)
Terrorisme : vague de blocages de sites Web après le 13 novembre

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Avant l’orage, à Paris

15 avril 2016
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Il s’agit d’une photo prise aux Jardins du Luxembourg que j’ai modifiée sous Photoshop sans autre but que de tenter diverses expériences.

Voici le résultat… très photo d’époque.

Précédemment, cette photo a servi de page titre au diaporama consacré au sixième arrondissement de Paris.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La clarté et l’opacité du ministre Dion

14 avril 2016

Stéphane Dion est l’actuel ministre des Affaires étrangères du Canada.

Sous un précédent gouvernement, alors qu’il était ministre responsable de l’Unité canadienne, M. Dion avait parrainé la Loi sur la clarté référendaire, qui exige que pour être valable, tout référendum sur l’indépendance du Québec doive être basé sur une question claire et non équivoque.

Dans sa nouvelle fonction de ministre des Affaires étrangères, M. Dion est responsable du dossier des ventes d’armes canadiennes à l’Arabie saoudite.

Rappelons qu’en 2014, la dictature soutienne a commandé neuf-cents véhicules blindés à la firme ontarienne General Dynamics, pour une valeur de 15 milliards$. Le matériel doit être produit et livré sur une période de quinze ans. C’est le plus important contrat de vente de matériel militaire canadien conclu en temps de paix.

« C’est juste des jeeps »

À l’émission Tout le monde en parle, le chef du Parti libéral avait minimisé l’importance de son engagement à respecter le contrat conclu par le gouvernement conservateur en qualifiant de jeeps les véhicules produits pour l’Arabie saoudite.

Mais s’agit-il vraiment de jeeps ?


 
Le Light Armoured Vehicle III (ou Véhicule blindé léger III) est le modèle le plus récent d’une série développée et produite au Canada par la General Dynamics.

C’est le principal véhicule d’infanterie mécanisée du Canada. L’armée de terre des États-Unis utilise une version légèrement moins armée et blindée, dérivée du VBL III, portant le nom de Stryker. Le VBL III et le Stryker entrent dans la catégorie des chars d’assaut.

Le concept de la Conviction responsable


 
Afin d’atténuer la controverse persistante au sujet de ce contrat militaire, le ministre s’est justifié le mois dernier en invoquant une nouvelle doctrine, dite de la Conviction responsable.

Cette doctrine un peu prétentieuse se résume à peu de chose; le Canada croit à l’importance de la Démocratie, mais modérément, sans exagération, et de manière variable pour les autres pays.

Ce pragmatisme accommodant est partagé par de nombreux pays qui ne se donnent pas la peine de présenter cela comme une doctrine.

« Si ce n’est pas nous, ce sera quelqu’un d’autre »

De tous les arguments invoqués par le ministre, c’est à la fois le plus logique… et malheureusement, le plus faible.

Aux yeux du ministre, la nature a horreur du vide; si le Canada refusait de vendre des chars d’assaut à la dictature saoudienne, de nombreux pays seraient heureux de prendre la relève.

En somme, c’est la justification du pusher de drogue.

En mars 2015, la Suède a décidé de ne pas renouveler son accord de coopération militaire signé avec l’Arabie saoudite en raison du bilan peu reluisant de ce pays en matière des droits de l’Homme.

En février 2016, le Parlement européen adoptait une résolution réclamant l’arrêt des ventes d’armes à l’Arabie saoudite.

Jusqu’ici, cette résolution a eu peu d’impact auprès des grands exportateurs européens d’armements.

Toutefois, elle exprime le schisme profond entre la politique extérieure complaisante de nombreux États à l’égard de l’Arabie saoudite et l’hostilité croissant des Occidentaux — des gens comme vous et moi — qui ont réalisé que l’idéologie haineuse propagée par la dictature saoudienne est la cause profonde des attentats terroristes en Occident.

Annuler ce contrat expose le Canada à des pénalités sévères

Le Canada doit respecter ses engagements. L’annulation du contrat entrainerait des amendes importantes pour le Canada, selon le ministre, qui a toutefois refusé de préciser quel serait le montant de cette pénalité financière.

Depuis des mois, le ministre répète que ce n’est pas vraiment de sa faute, qu’il s’agit d’un contrat conclu par l’ancien gouvernement conservateur et qu’on ne peut pas remettre en question la parole de l’État.

Mais on vient d’apprendre que c’est tout dernièrement — plus précisément le 8 avril 2016 — que le ministre Dion a finalement accordé les licences d’exportation concernant 70% du matériel militaire canadien visé par le contrat avec l’Arabie saoudite.

En Angleterre, le puissant quotidien The Guardian s’interroge; le ministre a-t-il menti à la population canadienne ? Comment a-t-il pu prétendre que l’affaire était déjà conclue alors que ce n’était pas le cas ?

The Liberals have refused to cancel the sale since coming to power in November, saying it was a “done deal” that could not be broken off without possibly incurring significant penalties and job losses.

But documents released this week by the justice department in response to a lawsuit seeking to block the deal showed foreign minister Stéphane Dion signed crucial export permits only last Friday.

Tout cela est bien mystérieux.

Selon les experts, le partenaire d’affaires de l’Arabie saoudite n’est pas General Dynamics, mais le gouvernement canadien.

C’est la diplomatie canadienne qui a négocié le contrat et c’est le Fédéral qui assure le financement de l’entente et qui protège General Dynamics d’une rupture unilatérale de contrat par l’Arabie saoudite. Le cas échéant, les contribuables canadiens paieraient les chars d’assaut refusés par l’Arabie saoudite (et qui seraient alors refilés à l’armée canadienne).

Conséquemment, l’autorisation récente du ministre Dion serait simplement une formalité prévue à l’entente.

Toutefois, l’irréversibilité du contrat, alors qu’aucun char n’a été encore produit par la General Dynamics, que personne n’a probablement été embauché à cet effet, ne tient qu’aux pénalités hypothétiques prévues par un contrat demeuré secret.

Mais la question qu’on peut se poser est la suvante : s’il est si facile pour l’Arabie saoudite de s’approvisionner ailleurs, pourquoi aurait-elle exigée des pénalités importantes en cas de rupture de contrat par le Canada ?

Jusqu’ici, les arguments du gouvernement canadien pour justifier ce contrat sont un tissu de mensonges. Quelles sont les clauses de ce contrat ? Prévoit-il des pénalités en cas de rupture par l’Arabie saoudite ou par le Canada ? Si oui, lesquelles ?

Par ailleurs, le début de l’implication militaire du Canada en Syrie coïncide avec la signature de ce contrat. S’agit-il d’une coïncidence ou est-ce là une exigence contractuelle ?

Et puisque l’intervention militaire canadienne est couteuse, doit-on la prendre en considération dans l’analyse des retombées économiques du contrat militaire saoudien ?

Toutes ces questions sont légitimes et rendent souhaitable la divulgation de ce contrat demeuré secret jusqu’ici.

Aux yeux de l’opinion publique, il semble incohérent que l’apôtre de la clarté référendaire soit devenu l’apôtre du secret quand il s’agit d’armer une dictature qualifiée de plaque tournante du finalement du terrorisme international par les dépêches diplomatiques américaines révélées par WikiLeaks.

Si le ministre n’a pas l’intention de rendre public ce contrat, il aurait intérêt à cesser de se justifier en invoquant des clauses secrètes, voire inexistantes, de ce contrat controversé.

Références :
Contrat avec Riyad: au nom de la «conviction responsable», justifie Dion
La Suède met fin à sa coopération militaire avec l’Arabie saoudite au nom des droits de l’homme
Le ministre Dion défend sa décision d’approuver la vente de blindés à l’Arabie saoudite
Le Parlement européen réclame un embargo sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite
Les jeeps de Justin
Loi sur la clarté référendaire
Stéphane Dion
The Saudi arms deal: What we’ve learned so far, and what could happen next
Trudeau ne stopperait pas la vente de «Jeeps» à l’Arabie saoudite
VBL III

Parus depuis :
Le Canada a vendu pour 850 millions $ d’armes à des régimes répressifs (2016-04-21)
L’Arabie saoudite en retard dans ses paiements pour des véhicules blindés canadiens (2019-10-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’association du M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 et du multiplicateur de focale MC-14 en proxiphotographie

12 avril 2016
Héliconius-zèbre

En 2013, après avoir essayé plusieurs objectifs µ4/3, le M.Zuiko 60 mm Macro F/2,8 était devenu mon objectif préféré pour la proxiphotographie, c’est-à-dire la photographie rapprochée.

Cet objectif fut même le seul que j’apportais à l’évènement Papillons en liberté du Jardin botanique de Montréal en 2014 et 2015.

Ayant acquis récemment le multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14, j’ai voulu essayer son association avec l’objectif M.Zuiko 40-150 mm F/2,8.

Rappelons qu’un multiplicateur de focale est un dispositif qui augmente la puissance d’un objectif au prix d’une perte de luminosité. Dans ce cas-ci, le M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 devient alors un télézoom 56-210 mm F/4,0.

Dès mes premiers essais, le résultat obtenu fut tel que cette association est devenue immédiatement mon équipement de choix à l’édition 2016 de Papillons en liberté.

L’augmentation de puissance du téléobjectif réduit conséquemment son angle de vision. Il faut donc davantage de recul qu’avec le M.Zuiko 60 mm pour photographier un papillon avec le même grossissement apparent.


où T est la taille réelle de l’objet,
t est la taille de son image sur le capteur,
D est la distance de l’objet
et F est la focale de l’objectif.

 
Selon l’équation ci-dessus, pour obtenir un papillon qui semble avoir été pris d’aussi près lorsqu’on se trouve à 60 cm de lui avec un objectif de 60 mm, il faut être à 210 cm avec un zoom de 210 mm.

Dans un cas-ci, à la même ouverture de diaphragme (F/5,6), la profondeur de champ est identique, soit 1,6cm. Alors quel est intérêt d’utiliser un téléobjectif ?

C’est que le fondu d’arrière-plan (qu’on appelle bokeh, et qu’on prononce ‘beau quai’) est beaucoup plus plaisant lorsqu’on augmente sensiblement la focale.

Celui du M.Zuiko 60 mm F/2,8 pourrait être qualifié de crémeux. Mais celui du M.Zuiko 40-150 mm pourrait être qualité d’onctueux; pour le passionné de photographie, ce bokeh est presque cochon.

Et puisque l’angle de vision est plus étroit lorsqu’on augmente la focale, le moindre déplacement latéral du photographe modifie substantiellement l’arrière-fond.

En contrepartie, la résolution du M.Zuiko 60 mm F/2,8 est très légèrement supérieure à celle de l’association.

Afin de vous permettre de juger des résultats de cette association, voici quelques photos obtenues avec celle-ci.

Leuconoé
Papillon Monarque
Bolina mâle
Papillon Flambeau
Eumaeus minyas
Eueides isabella
Piéride de la rave
Le Petit monarque
Greta oto

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
  1re photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
  2e  photo : 1/250 sec. — F/7,1 — ISO 1600 — 200 mm
  3e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 400 — 210 mm
  4e  photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 400 — 210 mm
  5e  photo : 1/250 sec. — F/4,0 — ISO 250 — 210 mm
  6e  photo : 1/320 sec. — F/7,1 — ISO 1250 — 210 mm
  7e  photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
  8e  photo : 1/400 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
  9e  photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 190 mm
10e  photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 800 — 210 mm

Autres textes relatifs à des objectifs photographiques :
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L’hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8
L’objectif M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 : premières impressions
L’objectif M.Zuiko 60 mm Macro
Le Daguerreotype Achromat 64 mm F/2,9 Art Lens
L’objectif Helios 40-2 85 mm F/1,5 sur appareil m4/3


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Écrit par Jean-Pierre Martel