Le Papillon du cèleri

14 juillet 2020
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

D’une envergure de 8,4 cm, le Papillon du cèleri (Papilio polyxenes) est le plus grand papillon sombre du Québec.

Sous nos climats, il connait deux générations. Les papillons adultes de la première génération se rencontrent de la mi-mai au début juillet.

Ceux-ci donneront naissance à une seconde génération qui butinera de mi-juillet à début septembre. Toutefois, les chenilles de ces derniers n’auront pas le temps d’évoluer au-delà du stade de chrysalide; après avoir hiberné, les chrysalides libèreront leurs papillons au printemps suivant, donnant ainsi naissance à la première génération de papillons de cette année-là.

Face dorsale des ailes d’une femelle

Sur fond noir, la face dorsale des ailes antérieures est bordée de deux rangées de taches jaunes ou crème, en plus de croissants de même couleur situés le long du bord extérieur et qui donnent aux ailes un aspect dentelé.

Toujours sur fond noir, les ailes postérieures sont réellement dentelées et se terminent par une queue étroite.

On y voit deux rangées de taches similaires à celles observées aux ailes antérieures. Avec la différence que ces deux rangées sont plus distantes, plus orangées, et qu’entre les deux, se trouve une pluie d’écailles bleu poudre séparée par les nervures noires des ailes.

Cette pluie d’écailles est plus pâle chez la femelle.

Le tout se termine par un ocelle anal orange.

Femelle en majesté

La face ventrale des ailes antérieures est une copie de leur face dorsale.

La face ventrale des ailes postérieures ressemble beaucoup à leur face dorsale. Avec la différence qu’une bonne partie des taches jaunes ou crème sont ici en dégradé de crème à orange pâle.

Femelle vue de côté

L’abdomen noir du papillon est décoré de deux rangées de petites taches blanches.

Femelle butinant

On rencontre ce papillon dans des milieux ouverts; les jardins urbains, les champs cultivés ou en jachère, la lisière des bois ou les friches près des marais.

Quant à elle, la chenille porte des rayures noires espacées de deux bandes vert pâle séparées par une bande noire tachetée de jaune.

Alors que le papillon adulte se nourrit de nectar, sa chenille dévore les ombellifères : aneth, carotte, cèleri (d’où le nom de l’espèce), fenouil, panais, persil, causant des dommages aux producteurs maraichers.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II et objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
2e  photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
3e  photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
4e  photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
5e  photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm


Pour consulter les textes de ce blogue consacrés aux papillons, veuillez cliquer sur ceci

2 commentaires

| Entomologie, Nature | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Mon nouveau fond d’écran

14 mai 2019


 
De temps en temps, je change de fond d’écran. L’envie me prend souvent au printemps.

C’est un peu comme si je redécorais la pièce dans laquelle je travaille.

Si la résolution de votre écran d’ordinateur est aussi de 1900 x 1200 pixels, il vous suffit de cliquer sur ceci pour obtenir une copie à haute résolution de cette photo.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 — 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 800 — 210 mm

Laissez un commentaire »

| Entomologie, Nature | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Papillons d’avril 2019

25 avril 2019
Porte-queue lowi femelle
Le Monarque
Lueur bleue (sur l’épaule de Francine)
Morpho bleu

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
1re photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 800 — 210 mm
2e  photo : 1/400 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 170 mm
3e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 640 — 210 mm
4e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 800 — 210 mm


Pour consulter les textes de ce blogue consacrés aux papillons, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Entomologie, Nature | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Papillons : un peu d’orange

21 avril 2019
Le Monarque
Dryadula phaétusa
Hecalé discomaculatus
Eumaeus minyas
Isabella

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
1re photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 400 — 135 mm
2e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 250 — 135 mm
3e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 1000 — 210 mm
4e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 1250 — 210 mm
5e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 800 — 210 mm


Pour consulter les textes de ce blogue consacrés aux papillons, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Entomologie, Nature | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’espoir

20 avril 2019
Salle de l’opéra Garnier
Morpho blanc

Qu’il s’agisse d’amateurs d’opéra anticipant le plaisir qui suivra le lever de rideau ou d’un papillon affamé s’apprêtant à entreprendre son premier vol de la journée, l’espoir est essentiel au bonheur.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, hypergone 8 mm F/1,8 (1re photo) et objectif 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 (2e photo)
1re photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 3200 — 8 mm
2e  photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 85 mm

5 commentaires

| Entomologie, Nature | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Féérie matinale

6 avril 2019
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Depuis quelque temps, je suis fasciné par le clair-obscur.

Parmi les choses desquelles je suis à l’affut, il y a ces rayons de lumières qui, çà et là, traversent la canopée de la serre dans laquelle se déroule l’évènement Papillons en liberté.

Un peu avant 10h jeudi dernier, un de ces rayons tombait à contrejour sur les ailes antérieures de ce Morpho blanc alors qu’en arrière-fond, des taches lumineuses créaient un décor enchanteur.

Le papillon n’a pas déployé sa trompe parce qu’il n’y a rien autour de lui à butiner. Il s’est posé là dans l’unique but de profiter de la chaleur du soleil afin de réchauffer les muscles de ses ailes, encore engourdis par la fraicheur de la nuit.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 — 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 400 — 190 mm


Pour consulter les textes de ce blogue consacrés aux papillons, veuillez cliquer sur ceci

3 commentaires

| Entomologie, Nature | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Papillons en liberté 2019

1 mars 2019

Deux mois : du 28 février au 28 avril. C’est le temps que durera cette année la 22e édition de Papillons en liberté.

Exceptionnellement, le 4 mars prochain, le Jardin botanique sera ouvert un lundi.

Pour une idée de ce qui vous y attend, voici ce que j’en ai rapporté cet après-midi.

Porte-queue lowi femelle
Le Porte-queue geai mâle
Le Cethosia biblis
Le Leuconoé
L’Eumaeus minyas

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
1re photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 800 — 110 mm
2e   photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 320 — 210 mm
3e   photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 1250 — 210 mm
4e   photo : 1/250 sec. — F/6,3 — ISO 250 — 200 mm
5e   photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 1600 — 210 mm


Pour consulter les textes de ce blogue consacrés aux papillons, veuillez cliquer sur ceci

2 commentaires

| Entomologie, Nature | Mots-clés : , , , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Histoire de chenille (épilogue)

29 mai 2018

J’avais pourtant décidé que c’était fini.

Mais à 22h hier soir, il a plu.

Si dans la nature, les papillons trouvent facilement des abris pour se protéger, l’endroit où j’ai libéré mon papillon quelques heures plus tôt était plutôt à découvert.

Dans le noir, a-t-il réussi à trouver refuge ?

Dans le pire des cas, il devrait être encore vivant ce matin, à se débattre dans la boue.

Et dans le meilleur des cas, il devrait être perché quelque part, immobile au soleil à réchauffer ses muscles afin les préparer à battre des ailes.

Au parterre de fleurs jaunes où j’ai vu mon papillon pour la dernière fois, il n’y était plus ce matin. J’ai soigneusement scruté le sol pour le trouver. En vain.

Mais à deux pas, un scintillement perçu du coin de l’œil attire mon attention : c’est lui !

C’est quand même incroyable; quelles sont les probabilités de retrouver un papillon en liberté une vingtaine d’heures plus tard à peu près au même endroit ? Une chance sur un million, peut-être.

De ces temps-ci, les seules choses qui volent au Québec sont les libellules et les oiseaux; aucun papillon ‘autochtone’ n’a eu le temps de se former. Et à le voir de près, il n’y a aucun doute; c’est bien lui.

À 9h45, ce matin

J’en prends trois photos, dont celle-ci, que je trouve banales. Alors que je j’approche dans le but d’en prendre une meilleure, le voilà qui prend peur et s’envole.

Mais qu’est-ce qu’il lui prend ? Un papillon que j’ai nourri et protégé depuis sa ponte. Et voilà qu’il ne me reconnait plus. Après tout, j’ai presque changé ses couches.

D’un autre côté, c’est bon signe; son caractère sauvage le protègera des prédateurs.

Comme il s’est envolé au loin alors qu’il n’avait pas vraiment quitté les lieux depuis hier après-midi, je présume qu’il reviendra.

Je m’assois dans une de ces chaises de bois si confortables que le Jardin botanique a placé çà et là à la disposition des visiteurs.

Après une dizaine de minutes à l’attendre, je décide plutôt d’aller voir ce qu’il y a de neuf au Jardin botanique. Or justement, il y a toujours du neuf puisque c’est dans un endroit pareil qu’on met en scène le spectacle changeant de la nature.

Après avoir fait le tour, je reviens à mon point de départ non sans avoir scruté les lieux en m’approchant. Toujours rien.

Je reste planté là un court moment en balayant du regard l’horizon tout autour de moi. Puis à regret, je mets lentement en marche pour rentrer à la maison… tout en me retournant à plusieurs reprises dans l’espoir de l’apercevoir une dernière fois.

Cette silhouette sombre que j’ai vue voler au loin à la cime d’un arbre et disparaitre derrière une serre, était-ce un oiseau ou mon papillon ? Je ne le saurai jamais.

Dès que je traverse les grilles du Jardin botanique, la page est définitivement tournée.

Puisqu’il ne trouvera jamais une femelle de son espèce, son histoire s’arrêtera dans quelques semaines. Son sort est maintenant entre les mains de Dieu.

Ceci étant dit, envisageons le pire.

S’il devait être dévoré par le premier oiseau venu, il contribuera à la survie de son prédateur.

Et cet été, lorsque j’entendrai le chant d’un oiseau, je penserai que peut-être cet oiseau a le cœur à la fête parce qu’il y a quelques semaines, les rayons du soleil ont permis à mon oranger de développer ses feuilles et de nourrir une petite chenille devenue papillon devenue sa proie, permettant à cet oiseau de grandir et d’enjoliver ce jour-là le murmure du vent.

Quelles sont les probabilités qu’une telle coïncidence se produise ? Elles sont très minces. Tout comme les chances de retrouver en liberté un papillon là où on l’a quitté vingt heures plus tôt.

Et pourtant…

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale MC-14 — 1/250 sec. — F/4,0 — ISO 1000 — 210 mm


Pour lire tous les textes de la série ‘Histoire de chenille’, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| Entomologie, Histoire de chenille, Nature | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Histoire de chenille (3e et dernière partie)

29 mai 2018

La chrysalide

La chenille tôt le 18e jour

Vers 6h du matin, le 18e jour, la chenille entame sa métamorphose en chrysalide.

Elle tisse un anneau de soie qui servira à la relier à une branche verticale. À la suite d’une série de contorsions, elle réussit à se glisser à l’intérieur de cet anneau et à le loger de manière à ce qu’il soutienne la partie supérieure du dos.

Une chenille n’a pas de squelette. Pendant près de trente heures, la chrysalide va remodeler ses tissus larvaires de manière à former ceux du papillon.

Chrysalide au matin du 19e jour

Durant la matinée du 19e jour, la chrysalide s’est cambrée vers l’arrière afin de déchirer sa dernière peau de chenille et de la faire tomber au sol.

Elle apparait alors dans une magnifique enveloppe vert tendre, biscornue et veinée comme un bois précieux.

Chrysalide au jour No 25

Au cours des jours qui suivent, en devenant vert feuille, la chrysalide se fond dans le feuillage de la plante-hôte. Dans la nature, elle échapperait ainsi à ses prédateurs.

Pendant 8 à 19 jours (selon le climat), la chrysalide vivra couchée sur le dos, le ventre bombé, et reliée au tronc par ce mince fil de soie.

Ce répit nous donne l’occasion de planifier son émergence sous forme de papillon adulte.

Jusqu’à maintenant, la chenille se nourrissait exclusivement du feuillage de citrus. Adulte, son seul aliment sera un liquide sucré appelé ‘nectar’ fabriqué de manière variable par des fleurs.

Or sur ma rue, les fleurs que font pousser mes voisins ne sont pas de bons producteurs de nectar.

Pochette pour le transport du papillon

Je dois donc prévoir le transport vers le Jardin botanique de Montréal, situé tout près.

Au vingtième jour, je dessine et découpe une pochette triangulaire de papier rigide qui sera utilisée à cette fin. Les personnes intéressées n’ont qu’à cliquer sur ceci pour en voir le patron.

De plus, dans l’éventualité où l’éclosion de la chrysalide surviendrait alors que le Jardin botanique serait fermé, je passe à l’épicerie acheter une orange et des bananes qui, tranchées et bien mures, serviront de substitut au nectar.

Au 33e jour, la chrysalide (vieille de quinze jours) est devenue soudainement beaucoup plus foncée. Cela annonce l’imminence de l’apparition du papillon adulte.

Est-ce que ce sera un mâle ou une femelle ?

Mâle, une heure après la sortie de sa chrysalide

Effectivement, vers 11h le lendemain, le papillon adulte émerge de sa chrysalide. Il prendra moins d’une heure pour déployer et faire sécher ses ailes. Et il attendra environ 90 minutes de plus pour entreprendre son premier vol.

Après avoir inséré le papillon dans la pochette que je lui ai construite, je me rends au Jardin botanique.

Au sortir de sa pochette, en plein air
De dos, sur sa première fleur
De face, sur la même fleur (une Doronic du Caucase)

Pendant que ce papillon apprend à découvrir ce nouveau monde qui s’offre à lui, je quitte les lieux sans me retourner…

Le Porte-queue lowi laissé seul

Et pour lire la véritable fin de cette histoire :
Histoire de chenille (épilogue)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 60 mm Macro F/2,8 (les 5 premières photos) et M.Zuiko 40-150 mm + multiplicateur de focale MC-14 (les autres photos)
 1re photo : 1/125 sec. — F/4,5 — ISO 4000 — 60 mm
 2e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 60 mm
 3e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 60 mm
 4e  photo : 1/160 sec. — F/5,6 — ISO 4000 — 60 mm
 5e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 60 mm
 6e  photo : 1/250 sec. — F/11,0 — ISO 2500 — 115 mm
 7e  photo : 1/250 sec. — F/4,0 — ISO 250 — 210 mm
 8e  photo : 1/250 sec. — F/4,0 — ISO 250 — 210 mm
 9e  photo : 1/250 sec. — F/4,0 — ISO 500 — 175 mm
10e photo : 1/125 sec. — F/9,0 — ISO 400 — 56 mm


Pour lire tous les textes de la série ‘Histoire de chenille’, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| Entomologie, Histoire de chenille, Nature | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Histoire de chenille (2e partie)

20 mai 2018

Une deuxième mue

Chenille au jour No 12

Ce jeûne mystérieux — qui dure depuis trente-trois heures — trouve son explication vers 16h.

La chenille a procédé à une autre transformation physique; elle vient de prendre l’aspect chimérique d’un serpent vert à tête de canard.

Ce bec aplati, ce front orné de cercles noirs et ces grands yeux de chaque côté de la tête ne sont là que pour impressionner n’importe quelle petite bête qui se trouverait sur son chemin.

En réalité, le menton rond et poilu sous le ‘bec’, ce sont ses yeux. Sa mâchoire est cachée dans l’ombre. Tout le reste est une parure.

L’ensemble du corps est marbré de vert, de jaune et de blanc. Vue de loin, la chenille ressemble à une fiente d’oiseau.

À cause de l’immense bosse qu’elle porte sur le dos, la chenille ne peut plus relever la tête. Elle est condamnée à manger et à laisser un fil de soie partout où elle passe. Un fil de soie qui lui permettra de retrouver son chemin lors de fringales nocturnes.

Mais pour l’instant, son jeûne se poursuivra jusqu’au lendemain matin.

Chenille au jour No 13

Tôt le treizième jour, la chenille a faim. Très faim. Elle se retourne et mange son ancienne peau de bovidé biscornu. Puis dévore deux feuilles dans l’avant-midi. Une troisième suivra en après-midi. Le tout espacé de longues pauses digestives.

Et pendant que je travaille tard le soir sur mon ordinateur, je suis rassuré d’entendre aux demi-heures le tic sonore des déjections qui tombent dans la boite de conserve qui sert à les accumuler.

À midi le quatorzième jour, j’en compte cinquante-trois. Sur ma balance électronique, elles totalisent entre 0,2 et 0,3 gramme, soit environ cinq milligrammes par crotte.

Au début de la nuit qui suit, je la surprends à aller et venir, la mine basse, le long de la branche qu’elle a dégarnie. Je décide de la relocaliser sur la plus longue branche saine, là où se trouvent en abondance les feuilles les plus grandes et les plus appétissantes.

Appétit au jour No 15

Au quinzième jour, la chenille atteint une longueur de cinq centimètres, soit la longueur du corps d’un papillon de grandeur moyenne.

Son appétit est devenu gargantuesque. Une feuille qui, hachée, ferait la moitié d’elle est dévorée en quarante minutes. Or elle en mange trois par jour.

Selon la documentation, cette chenille devrait former une chrysalide entre le quinzième (aujourd’hui) et le vingt-sixième jour. Or au rythme de trois feuilles par jour, je commence à craindre de manquer de feuilles saines.

À midi, elle a laissé soixante-douze crottes.

Au début d’après-midi, je fais aérer la pièce puisque je me rends compte que la chenille pue.

Ce n’est pas l’odeur de ses excréments puisque lorsque je les compte, j’ai le nez dans l’ouverture du contenant où elles s’accumulent. Grosses comme des grains de poivre noir, elles sont inodores.

Aujourd’hui il fait plus chaud que d’habitude. Peut-être pour cette raison, le corps de la chenille dégage une subtile odeur rance, légèrement désagréable.

Chenille au jour No 16

Depuis quelque temps, elle mange en début et en fin de journée et demeure immobile, toute dodue, une bonne partie du jour. En raison de sa taille, son déguisement de fiente d’oiseau ne suffirait plus à la protéger; tout déplacement attirerait l’attention de prédateurs. Donc, elle se tient tranquille.

À midi, elle a éliminé soixante-deux crottes d’environ neuf milligrammes chacune. Presque le double de leur poids d’il y a deux jours.

En après-midi, en se reposant, la chenille est prise de légers spasmes, comme si elle avait la toux.

Au dix-septième jour, son appétit demeure insatiable.

Ce qui est nouveau, c’est qu’elle se déplace beaucoup. Elle brule les calories à arpenter les branches de l’oranger. Aucun coin ne l’effraie, même les branches les plus anciennes, donc les plus toxiques. Cette mobilité fait en sorte que toute intervention de ma part serait vaine.

Déjections de la chenille

Au début de la nuit précédant le dix-huitième jour, je note un liquide verdâtre au fond du récipient où s’accumulent ses matières fécales. L’une d’elles s’est émiettée en tombant en une multitude de débris végétaux.

Serait-ce de la diarrhée ? Peu importe la cause (bactérienne ou virale), comment l’aurait-elle attrapée ?

Par contre, si c’est un effet toxique (une feuille recouverte d’insecticide grignotée par mégarde), il est trop tard pour agir.

Le lendemain matin, la chenille s’apprête à vivre une des transformations les plus importantes de sa vie; sa métamorphose en chrysalide.

Ce stade transitoire entre la chenille et le papillon devrait durer, selon la température ambiante, entre huit et dix-neuf jours.

Parce qu’elle vivra tout ce temps complètement scellée dans une nouvelle peau, le tube digestif de la nymphe ne peut être le site de macération bactérienne.

D’où les spasmes observés le seizième jour et leur résultat; la vidange complète de l’intestin au début de cette nuit.

Voilà l’explication.

De toute évidence, cette modeste chenille, comme nous, est le résultat de millions d’années d’évolution.

La suite de cette histoire :
Histoire de chenille (3e et dernière partie)
Histoire de chenille (épilogue)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2,8
1re photo : 1/125 sec. — F/9,0 — ISO 800 — 60 mm
2e  photo : 1/125 sec. — F/11,0 — ISO 1000 — 60 mm
3e  photo : 1/125 sec. — F/5,6 — ISO 2000 — 60 mm
4e  photo : 1/125 sec. — F/2,9 — ISO 4000 — 60 mm

Laissez un commentaire »

| Entomologie, Histoire de chenille, Nature | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


%d blogueurs aiment cette page :