Publié le 24 juillet 2012 | Temps de lecture : 1 minute
Il y a quelques instants, mon blogue a reçu sa 100 000e requête.
Après la publication de plus de 650 billets, certains d’entre vous ont pris l’habitude de venir voir ce que est disponible sur ce blogue : je vous remercie pour votre intérêt et j’espère à l’avenir continuer d’être à la hauteur de vos attentes.
Afin de vous remercier pour l’intérêt que vous portez à ce blogue, j’ai décidé de dévoiler — voir ci-après — la dernière vidéo de mon voyage à Vienne, soit celle relative à l’église Saint-Léopold-du-Steinhof, de style Art nouveau, d’une extraordinaire beauté.
Publié le 24 juillet 2012 | Temps de lecture : 4 minutes
En 1903, Otto Wagner (1841-1918) — l’architecte en chef et le plus prolifique bâtisseur de Vienne — se voit confier le mandat de concevoir une église au profit des patients et du personnel soignant d’un hôpital psychiatrique (appelé Steinhof). Celui-ci était construit dans une banlieue à l’Ouest de Vienne (annexée depuis à la capitale autrichienne). À l’époque, c’était l’hôpital psychiatrique le plus moderne d’Europe.
De style Art Nouveau (et d’inspiration néo-byzantine), l’église fut construite de 1904 à 1907 au sommet de la colline sur laquelle est situé l’asile.
Dédiée à saint Léopold (le saint patron de Basse-Autriche), c’est le seul édifice de l’institution psychiatrique qui soit visible au loin; les autres pavillons sont disséminés sur cette colline boisée et conséquemment, cachés par la verdure. L’église symbolise donc les lumières de l’esprit qui s’élèvent au-dessus des sombres dessous de l’irrationnel et de la maladie mentale.
Avec l’église parisienne de Saint-Jean-de-Montmartre, l’église Saint-Léopold-du-Steinhof est un des premiers temples en béton au monde. L’édifice est coiffé d’une coupole en cuivre doré, et recouvert de plaques de marbre blanc rivées par des clous de cuivre.
La façade est flanquée de deux clochetons au sommet desquels trônent des statues dues au sculpteur Richard Luksch (1872-1936) : Saint Léopold à gauche et Saint Séverin à droite (assis sur des sièges dessinés par l’architecte). Quatre colonnes en pierre forment le portail, surmonté d’anges recueillis en bronze doré, œuvres de Othmar Schimkowitz (1864-1947).
À l’intérieur, l’architecte a également dessiné les bancs, les luminaires et le maitre-autel. La décoration intérieure ne compte aucune toile.
La forme des fenêtres principales, de chaque côté de l’édifice, rappelle la silhouette de l’autel surmonté de son baldaquin : c’est aussi la forme du retable qui les surplombe au fond de l’église. Ce dernier occupe la même surface (75 m²) que chacune de ces fenêtres.
Les mosaïques furent créées par Remigius Geyling (1878-1974) et les vitraux par Koloman Moser (1868-1918). Les mosaïques des autels latéraux sont de Rudolf Jettmar (1869-1939) : l’autel latéral de droite montre l’Annonciation, tandis que celui de gauche, l’archange Gabriel. Construit en 1907, l’orgue pneumatique est de Franz-Josef Swoboda.
Le choix de Koloman Moser pour les vitraux avait suscité une vive controverse puisque cet artiste s’était converti au protestantisme. Lorsque autorités religieuses catholiques apprirent que celui-ci devait également réaliser le retable qui surplombe le maitre-autel, c’en était trop.
Si bien que cette tâche fut confiée d’abord à Carl Ederer (1875-1951) — accusé à tort de plagiat par Moser — puis à Remigius Geyling, et finalement à Léopold Forstner (1878-1936). Intitulé « L’accueil au paradis », on y voit le Christ entouré de deux anges et de saints : devant eux est agenouillé saint Léopold. Le visage, les mains et les pieds des personnages sont en céramique peinte. Les vêtements sont des plaques de marbre et les halos, de l’étain doré.
L’architecte a pris soin des aspects pratiques de son œuvre. Les trois premiers mètres des murs sont recouverts de marbre sans rivet afin de faciliter leur nettoyage. Le sol est légèrement incliné pour la même raison. Le maitre-autel est surélevé afin d’être visible de tous les fidèles. Les bancs ne présentent aucune arrête vive qui pourrait blesser les malades. Au lieu d’être de simples bassins, les bénitiers sont alimentés goutte à goutte en eau bénite à partir de réservoirs dorés, afin de réduire le risque d’infection. Le dôme est fermé d’un faux-plafond, ce qui améliore l’acoustique des lieux.
Contrairement à tous ces temples sombres, propices au recueillement, l’église Saint-Léopold-du-Steinhof est inondée de lumière, comme un minuscule avant-goût du paradis. Véritable œuvre d’art, elle est aujourd’hui considérée comme la plus belle église Art nouveau au monde.