Covid-19 : combien de tests faudrait-il faire ?

Publié le 1 août 2020 | Temps de lecture : 7 minutes

Un virus sournois

Louie-Buller Gohmert Jr a quitté la magistrature du Texas en 2004 lorsqu’il fut élu représentant de cet état à la Chambre des représentants des États-Unis, poste qu’il occupe depuis seize ans.

C’est un chaud partisan de Donald Trump et un des plus farouches adversaires du port du masque au Congrès américain.

Mercredi matin, Donald Trump rencontrait de riches contributeurs potentiels à sa caisse électorale. Et sur l’avion présidentiel, Me Gohmert devait l’accompagner afin de l’aider à convaincre ses interlocuteurs texans.

Mais comme tous les gens qui doivent s’approcher du président américain, le congressiste Gohmert a dû subir préalablement un test de dépistage au Covid-19.

C’est alors qu’on s’est rendu compte que le représentant du Texas était positif. Pourtant, il n’en éprouvait aucun symptôme.

Évidemment, Trump a voyagé sans lui.

Depuis, tout le personnel du bureau de Gohmert à Washington a été mis en quatorzaine.

Et parmi les congressistes qui ont récemment été en contact avec Gohmert, son collègue Raúl Grijalva, représentant démocrate de l’Arizona, a senti le besoin de se faire tester.

C’est alors qu’on a découvert qu’il était lui aussi atteint du virus tout en étant asymptomatique.

Également très opposé au port du masque, Herman Cain, ancien sénateur républicain de Géorgie, est décédé du Covid-19 jeudi dernier, un mois après avoir assisté — à visage découvert — au grand rassemblement raté de Donald Trump à Tulsa, en Oklahoma.

Le laxisme dans le dépistage

Aux États-Unis, une forte proportion des tests de dépistage sont analysés par le laboratoire privé Quest Diagnostics.

Depuis des mois, ce laboratoire croule sous la demande. Au fur des récentes semaines, les délais pour obtenir les résultats s’allongent. Ces jours-ci, ils sont de 5 à 7 jours. Mais il n’est pas rare que cela prenne de une à deux semaines.

Pour la personne concernée, ce résultat est utile pour savoir où il en était au moment du test.

Mais pour les experts en santé publique, tout résultat obtenu au-delà de 48 heures rend très difficile la recherche de contacts. Qui, par exemple, se rappelle des personnes qu’il a rencontrées il y a une semaine ?

Dès avril, le réputé Harvard Global Health Institute recommandait qu’on effectue cinq-millions de tests par jour dès juin — pour porter ce nombre à vingt-millions par jour à la fin de juillet — avant de rouvrir l’économie américaine.

Pour le Québec, c’est l’équivalent d’effectuer 130 000 tests par jour en juin, une capacité portée à… un demi-million de tests par jour ces jours-ci.

En somme, les recommandations de Harvard correspondent à tester toute la population du Québec aux deux semaines.

Honnêtement, je ne suis pas convaincu de la nécessité de tester fréquemment des régions du Québec où il n’y a plus aucun cas actif de Covid-19 depuis plusieurs semaines.

Mais les recommandations américaines nous donnent une idée de l’ampleur de la tâche à accomplir dans la région montréalaise où vit la moitié de la population du Québec.

Le dépistage ‘massif’

En mai dernier, j’avais qualifié de plaisanterie l’intention de la Santé publique du Québec de tester 14 000 personnes par jour. Ce qu’elle appelait du ‘dépistage massif’.

Les autorités sanitaires du gouvernement fédéral recommandent de tester les 13 600 travailleurs de la Santé du Québec plusieurs fois par semaine, idéalement aux deux jours.

Puisque cela ‘boufferait’ la moitié des tests du dépistage ‘massif’, cela laisse environ sept-mille tests par jour pour le reste de la population.

En clair, cela laisse de quoi tester quotidiennement 0,08 % de la population, soit un douzième d’un pour cent. Pour que nous soyons tous testés, cela prendrait trois ans. En présumant qu’il restera encore des gens vivants au Québec dans trois ans…

Conclusion

En avril dernier, la Santé publique du Québec annonçait son intention de laisser se développer l’immunité ‘naturelle’ au sein de la population québécoise.

Évidemment, le but n’a jamais été que les gens en décèdent, mais que le maximum de gens l’attrapent et en deviennent immunisés naturellement, tout en se croisant les doigts pour que cela n’entraine pas trop de morts.

Dès le 22 avril, sur le site du quotidien Le Devoir, j’écrivais le commentaire intitulé ‘Doit-on s’empresser à faire 250 000 morts ?’.

Une semaine plus tard, je réitérais sur ce blogue cette même critique sévère contre l’immunité grégaire.

Ce qui n’a pas empêché la Santé publique de poursuivre cette politique.

Voilà pourquoi :
• pendant des mois, elle a fait campagne contre le port du masque (en dépit de son efficacité),
• elle ne s’est toujours pas dotée d’une capacité à mener suffisamment de tests de dépistage,
• elle est encore incapable d’assurer, dans 100 % des cas, le dévoilement des résultats en moins de 48 heures.

Conséquemment, sa recherche de contacts aboutit généralement à un cul-de-sac.

Si le Québec est aujourd’hui un des endroits au monde où il y a eu le plus de morts par million d’habitants, cela n’est pas une coïncidence; c’est le résultat d’une politique délibérée.

À défaut de s’être dotée d’outils prédictifs adéquats, la Santé publique du Québec déconfine par tâtonnements. Elle autorise. Et si ça tourne mal, elle ordonne le reconfinement. Bref, de l’amateurisme.

Dans quelques semaines, le gouvernement du Canada autorisera la commercialisation de tests de dépistage qu’on pourra effectuer chez soi et dont les résultats seront connus en moins de quinze minutes.

Ces tests seront moins fiables que les tests dont se servent actuellement nos centres hospitaliers. Au fil des mois, ces tests seront remplacés par d’autres, de plus en plus fiables, au fur et à mesure de l’évolution des technologies.

Mais même imparfaits, ils permettront aux citoyens de se responsabiliser, de se prendre en main et de ne pas compter sur des autorités sanitaires dont j’avoue ne pas être certain de leur détermination à nous protéger adéquatement.

Références :
Apprendre à vivre sous la menace du Covid-19 : les non-dits de nos gouvernements
Doit-on s’empresser à faire 250 000 morts ?
Herman Cain
Le dépistage ‘massif’ du Covid-19 au Québec : une plaisanterie
Legault mise sur l’«immunité naturelle» des Québécois
Louie Gohmert
Louie Gohmert, who refused to wear a mask, tests positive for coronavirus
Plaidoyer pour l’immunité naturelle au Québec
Quest medical lab sees COVID-19 test speed at ‘acceptable’ level by September
Roadmap to Pandemic Resilience
US needs to conduct 20 million coronavirus tests per day to reopen fully, Harvard report says

Parus depuis :
Le Québec tarde à prévenir les personnes infectées par le coronavirus (2020-09-30)
Combien coûte votre test de COVID-19? (2020-10-29)
Raccourcir à 72 heures le temps entre le dépistage et l’isolement des contacts (2020-11-14)
Underdetection of cases of COVID-19 in France threatens epidemic control (2020-12-21)
Des tests automatisés bloqués par une exigence de dernière minute (2021-03-01)
Ottawa a payé 924 millions pour des tests rapides sous-utilisés par les provinces (2021-07-08)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Covid-19 chez les enfants prépubères

Publié le 29 juillet 2020 | Temps de lecture : 6 minutes

Contagiosité des enfants

Prépubliée le 16 juillet 2020, une étude sud-coréenne a évalué la transmissibilité du Covid-19 selon l’âge des personnes atteintes. La période d’observation dura environ deux mois, soit du 20 janvier au 27 mars 2020.

Des 5 706 personnes infectées en observation, 29 étaient âgées de 0 à 9 ans.

En moyenne, ceux-ci eurent deux contacts familiaux et six contacts extrafamiliaux.

Parmi les 57 contacts familiaux de ces 29 jeunes, seules trois personnes ont été contaminées. Et des 180 contacts extrafamiliaux, seuls deux ont attrapé le Covid-19.

Le groupe d’âge suivant — ceux entre 10 et 19 ans — comprenait 124 jeunes.

En moyenne, ceux-ci eurent 1,9 contact familial et 1,8 contact extrafamilial.

Parmi leurs 231 contacts familiaux, 43 personnes ont été contaminées. Et parmi leurs 226 contacts extrafamiliaux, 2 ont attrapé le Covid-19.

Chez les 5 553 participants de vingt ans ou plus, il y eut en moyenne 1,9 contact familial et 8,7 contacts extrafamiliaux.

Parmi leurs 10 304 contacts familiaux, 1 202 personnes ont été contaminées. Et parmi leurs 48 075 contacts extrafamiliaux, 917 ont attrapé le Covid-19.


Transmissibilité du Covid-19 selon l’âge

Groupe d’âge Transm. familiale Transm. extrafamiliale
De 0 à 9 ans 5,3 % 1,1 %
De 10 à 19 ans 18,6 % 0,9 %
20 ans et plus 11,7 % 1,9 %

Dans ces trois groupes d’âge, si la contamination familiale fut plus élevée que la transmission extrafamiliale, c’est que tous les contacts familiaux ont été testés alors que parmi les contacts extrafamiliaux, on n’a testé que les personnes symptomatiques.

Ces données indiquent que l’aptitude à transmettre le Covid-19 est deux fois moindre chez les enfants prépubères que chez les adolescents et les adultes alors que le nombre moyen de contacts familiaux fut essentiellement le même dans les trois groupes.

Cette contagiosité est moindre lorsqu’il s’agit de personnes avec lesquelles les jeunes enfants entretiennent moins de promiscuité, soit les personnes extrafamiliales.

Par ailleurs, une recherche de contacts réalisée en mars et avril 2020 dans la ville italienne de Trento auprès de 2 812 personnes atteintes a révélé que ceux-ci avaient contaminé 890 (ou 13,3 %) de leurs 6 690 contacts.

Les 14 sujets de l’expérience qui étaient âgés de moins de quinze ans ont transmis l’infection à 11 de leurs 49 contacts, soit une contagiosité de 22,4 %. Dans cette étude, c’est ce groupe qui s’est avéré le plus contagieux.

L’expression génétique des récepteurs ACE2b

Selon une étude chinoise publiée en juin dernier, tous les enfants sont susceptibles de contracter le Covid-19.

Pourtant la sévérité de leurs symptômes est moindre et — comme le démontre cette étude-ci — leur contagiosité est la moitié de celle des adolescents et des adultes.

Comment expliquer cela ?

En avril dernier, nous avons émis l’hypothèse que les récepteurs (appelés ACE2) sur lesquels les coronavirus doivent se fixer afin de pouvoir pénétrer dans les cellules épithéliales étaient différents dans les voies respiratoires supérieures (nez, gorge), comparativement à ceux dans les voies respiratoires inférieures (poumons).

Nous avons appelé les premiers ACE2a et les seconds, ACE2b.

Leurs différences expliqueraient pourquoi les coronavirus grippaux, très contagieux, ont beaucoup plus d’affinité pour les récepteurs ACE2a que pour les récepteurs ACE2b (qu’ils finissent néanmoins par contaminer eux aussi, déclenchant ainsi la toux grippale).

Il est prouvé que les coronavirus du SRAS et du syndrome respiratoire du Moyen-Orient ont peu d’affinité pour les récepteurs ACE2a. Pour contaminer l’humain, ils doivent atteindre directement les récepteurs ACE2b, enfouis profondément dans l’arbre respiratoire.

Ce qui fait que ces virus sont moins contagieux, mais provoquent des symptômes beaucoup plus graves.

Il est également prouvé que le virus du Covid-19 est capable de se fixer aussi facilement aux récepteurs ACE2a qu’aux récepteurs ACE2b. Ce qui le rend à la fois très contagieux et très virulent.

Pour expliquer la susceptibilité moindre des enfants prépubères au Covid-19, on peut imaginer que les humains, peu importe leur âge, ont dans leur bagage génétique le code nécessaire à créer n’importe quel récepteur ACE2, qu’il s’agisse d’un récepteur ACE2a ou ACE2b.

Toutefois, à l’instar des caractères sexuels secondaires (qui ne se révèlent qu’à la puberté), les gènes des récepteurs ACE2b seraient en dormance jusqu’à cette étape de la vie.

En se fixant aux récepteurs ACE2a, accessibles dès la naissance, le Covid-19 :
• contamine leurs voies respiratoires supérieures,
• s’y multiplie à profusion,
• y produit parfois une perte d’odorat (sans que cela ait été rapporté jusqu’ici),
• y crée une importante charge virale au niveau du nez et de la gorge, et
• contamine leurs gouttelettes respiratoires (comme chez l’adulte) puisque celles-ci originent principalement de la salive qui tapisse les voies respiratoires supérieures.

Mais l’inhalation de leurs propres gouttelettes respiratoires hautement contaminées, au lieu d’étendre la contagion virale aux voies respiratoires inférieures, est alors sans effet en l’absence de récepteurs ACE2b au niveau des poumons puisque ceux-ci ne feront leur apparition qu’à la puberté.

Le résultat est que les jeunes enfants sont presque toujours asymptomatiques et que leur contagiosité est moindre parce qu’ils toussent peu.

Contaminés, ils peuvent quand même transmettre le virus parce qu’ils ont souvent un doigt dans le nez ou dans la bouche, que leurs baisers sont contagieux et que leurs joues (lorsque préalablement touchées) dispersent le virus par frottement lors de câlins.

Quant aux très rares cas de jeunes enfants qui sont morts du Covid-19 — pensons à cette fillette de 9 ans décédée en Floride le 18 juillet dernier — on peut supposer qu’il s’agirait de cas de puberté précoce ou d’enfants qui, exceptionnellement, auraient des récepteurs ACE2b pour d’autres raisons.

Références :
Contact Tracing during Coronavirus Disease Outbreak, South Korea, 2020
Contact tracing during Phase I of the COVID-19 pandemic in the Province of Trento, Italy
Epidemiology of COVID-19 Among Children in China
Florida girl who died of coronavirus had no known underlying health issues, family says
Les jeunes enfants responsables d’une faible partie de la transmission
Les mystères du Covid-19 (2e partie)

Parus depuis :
Age-Related Differences in Nasopharyngeal Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 (SARS-CoV-2) Levels in Patients With Mild to Moderate Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) (2020-07-30)
La hausse record des cas de COVID-19 inquiète des pédiatres albertains (2020-11-20)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : doit-on s’inquiéter des rebelles antimasques ?

Publié le 20 juillet 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

Le désamour des contraintes

Le port d’un masque protecteur est rarement agréable.

On se plie à l’obligation d’en porter un par civisme. Et on est rassuré de voir les gens autour de soi séquestrer leurs propres gouttelettes respiratoires par un couvre-visage.

Pour la personne habillée de pied en cap dont seuls les mains et le visage sont à découvert, porter un masque en pleine canicule correspond à bloquer une bonne partie de la surface corporelle dont elle dispose pour dissiper la chaleur.

Pensons également au cuisiner qui doit travailler dans une cuisine surchauffée, dépourvue de ventilation extérieure…

Gravir une côte à pic est plus difficile quand l’air qu’on inspire se compose en partie de l’air appauvri en oxygène qu’on vient d’expirer.

Et il y a des maskaphobes qui angoissent même à l’idée de porter un masque…

À toutes ces réticences s’ajoutent celles des rebelles antimasques qui y voient une entrave à leur liberté.

Pour bien comprendre le présent, rien de mieux qu’un retour dans le passé.

Le combat pour le ‘droit’ des fumeurs

Souvenons-nous de l’époque où on adoptait les premières mesures antitabagiques.

Dès qu’on a fait la preuve scientifique que la fumée secondaire était elle aussi cancérigène, fumer devenait un acte asocial.

Puisqu’il était impossible pour un fumeur de conserver sa boucane pour lui, on a considérablement réduit le nombre d’endroits où le tabagisme était permis.

Se rappelle-t-on des accusations de ‘fascisme’ adressées aux antifumeurs par ceux qui se disaient victimes de leurs persécutions ?

Aujourd’hui, la poussière est retombée. Et les fumeurs respectent le droit des non-fumeurs à respirer de l’air sain.

La même chose attend les antimasques; leur combat est voué à l’échec.

Même sans répression policière, l’étau se refermera sur ces irréductibles, bientôt victimes de l’ostracisme de l’immense majorité des Québécois qui voient dans l’obligation du port du masque une question de civisme le plus élémentaire.

Conclusion

Comment peut-on s’imaginer sérieusement qu’il existe un droit d’obliger les autres à inspirer ses gouttelettes respiratoires ?

L’obligation de porter un masque, c’est comme l’obligation de boucler sa ceinture de sécurité en auto; cela sauve des vies en contrepartie d’inconforts mineurs.

Il y eut une époque où on ignorait que simplement en parlant, deux inconnus s’échangent leurs gouttelettes respiratoires.

Maintenant qu’on le sait, n’est-ce pas franchement répugnant ?

Parus depuis :
Sondage CROP: les trois quarts des Québécois favorables au port du masque (2020-07-22)
Les Canadiens très favorables au masque dans les lieux publics (2020-09-22)


Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

2 commentaires

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : la protection très limitée des visières

Publié le 19 juillet 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

J7152811
 

J’écoutais dernièrement un reportage télévisé au sujet de la reprise des croisières.

Le but de ce reportage était de montrer à quel point les organisateurs de croisières avaient retenu la leçon du drame survenu à bord du Diamond Princess, un drame au cours duquel les passagers, prisonniers à bord, avaient été en bonne partie décimés par le Covid-19.

Le reportage nous montrait les officiers et les matelots masqués, de même que l’infirmière à son poste de travail effectuant des tests de dépistage sous une hotte laminaire.

Comme sur la photo ci-dessus (tirée d’un autre reportage), on y voyait aussi à l’œuvre un serveur de restaurant ne portant qu’une visière.

Filmé en contreplongée (le point de vue de ses clients attablés), le serveur du paquebot ne semblait pas réaliser qu’une fois retroussée, sa visière ne retenait aucune de ses gouttelettes respiratoires. En somme, c’était comme s’il ne porterait rien.

En milieu hospitalier, la visière est un complément au masque; essentiellement, elle protège les yeux du porteur.

Selon l’Institut national de santé publique, la visière seule doit être considérée comme solution de dernier recours, par exemple lorsque la buée provoquée par le masque dans les lunettes de prescription mettrait la vie en danger de cette personne.

Le ministère de la Santé est encore plus catégorique : les citoyens qui portent uniquement la visière se verront refuser l’accès aux transports publics et aux commerces parce qu’elle n’offre aucune étanchéité.

« Les gouttelettes projetées par la personne qui porte une visière peuvent facilement se répandre dans l’air en passant par les côtés ou le dessous de la visière. Une personne atteinte de la COVID-19 qui porte uniquement une visière est donc susceptible de contaminer les gens autour d’elle.»

À l’exception d’un lieu où de grandes quantités de virus seraient en suspension dans l’air, la visière ne protège pas plus le porteur qu’une paire de lunettes.

Références :
Des experts prônent le port du masque ou de la visière à l’école
La visière ne protège pas autant que le masque, disent les Villes
Le port d’une visière peut-il remplacer celui d’un masque?
Non, la visière ne peut pas remplacer le masque

Parus depuis :
Comment visières et masques à valve laissent passer des gouttelettes invisibles (2020-09-01)
La visière anti-Covid-19, vrai gadget fausse protection (2020-10-17)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 et l’hôpital chinois de Montréal

Publié le 29 juin 2020 | Temps de lecture : 6 minutes


 
Des CHSLD modèles

La majorité des Québécois décédés du Covid-19 vivaient dans des CHSLD (l’équivalent des EHPAD français).

Dans la région montréalaise (la plus atteinte au Québec), quatre de ces résidentes ont été totalement épargnées par le Covid-19 jusqu’ici :
• le Pavillon Camille-Lefebvre (public – 135 résidents)
• le Centre d’hébergement Father-Dowd (public – 134 résidents)
• le Château Westmount (privé – 112 résidents)
• le CHSLD Dante (public – 100 résidents).

Dans deux autres cas, un très petit nombre de résidents en ont été atteints, sans que personne n’en décède :
• l’Hôpital chinois de Montréal (public – 128 résidents)
• le CHSLD Marie-Rollet (public – 110 résidents).

À l’exception du Pavillon Camille-Lefebvre, tous les CHSLD montréalais dépendaient d’un CIUSSS. Nés de la réforme libérale du Dr Barrette, les CIUSSS sont des énormes structures administratives regroupant divers établissements, dont des CHSLD.

Or tout ce qui est lourd est lent.

L’inertie des politiques sanitaires au Québec

À juste titre, le gouvernement a confié la lutte contre le Covid-19 à la direction de la Santé publique (DSP). Conséquemment, les CIUSSS appliquent les directives reçues de la DSP.

Tous les experts de la DSP sont capables de lire et de comprendre des études scientifiques. Mais plutôt que de tenir compte immédiatement de toute découverte importante au sujet de la pandémie, la DSP a choisi d’être à la traîne de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’ajouter sa lourdeur administrative à celle de l’OMS.

À Genève, quand l’OMS adopte une résolution, celle-ci apparait dans le procès-verbal rédigé quelques jours plus tard.

Une fois le procès-verbal adopté à la réunion suivante, on rédige un projet de communiqué qui doit être approuvé par la haute direction de cet organisme.

Une fois toutes ces étapes franchies, l’OMS publie sa directive.

La DSP québécoise en prend connaissance, l’approuve et la communique aux CIUSSS.

Ces derniers la mettent donc en application des semaines après la publication de l’étude scientifique qui a justifié la nouvelle directive de l’OMS.

Voilà pourquoi la DSP a été si lente à prendre conscience de l’importance du port du masque, malgré l’expérience probante des pays d’Extrême-Orient.

Ces délais ne sont pas les seules raisons qui expliquent le manque de réactivité des autorités sanitaires au Québec.

Deux jours avant l’apparition du premier cas de Covid-19 au Québec, le directeur de la Santé publique du Québec partait en vacances au Maroc pour deux semaines (du 26 février au 8 mars).

Au retour des vacances du Dr Arruda, le premier ministre a été informé que le Covid-19 avait commencé à faire des ravages chez nous et a immédiatement décidé d’ordonner le confinement de la province.

Le cas de l’hôpital chinois de Montréal

Depuis des années, l’hôpital chinois de Montréal est une résidence pour ainés. Ses pensionnaires sont surtout des Québécois d’origine chinoise et son personnel est issu à 70 % de la communauté chinoise.

En raison des liens avec des parents demeurés en Chine, on y était bien au fait de la dangerosité d’une pandémie imminente.

Dès janvier, les employés et les pensionnaires de cette résidence avaient pris l’habitude de porter un masque.

Pour le CIUSSS Centre-Sud (qui a autorité sur l’hôpital chinois), cette réaction de son personnel et de ses pensionnaires était anormale et trahissait une anxiété excessive.

La coordinatrice nommée par le CIUSSS a donc fait venir un médecin de la DSP afin d’atténuer leurs craintes.

Le message du porte-parole de la DSP fut clair. Il y a bien un nouveau virus en Chine, mais tout cela est loin de nous. Le masque de protection ne doit pas être porté car il est susceptible de créer de la panique.

Au cours des six premières semaines de la pandémie au Québec, les CIUSSS et la DSP luttaient contre le port du masque par le personnel de soutien et les pensionnaires asymptomatiques des CHSLD. Ce combat rétrograde est un des nombreux facteurs qui expliquent l’hécatombe survenue en CHSLD.

À l’époque, les employés (autres que les médecins et les infirmières) étaient menacés de représailles s’ils portaient un masque, même acheté à leurs frais. Par manque de personnel, les employés symptomatiques en attente d’un test de diagnostic étaient forcés de travailler pareil, propageant ainsi le Covid-19.

En dépit de ce contexte, le personnel et les résidents de l’hôpital chinois persistèrent à porter le masque.

Heureusement, le CIUSSS Centre-Sud fit exception pour eux.

Maintenant que la situation s’améliore au Québec, on sent le besoin d’honorer les CHSLD qui se sont bien acquittés de leur devoir de protéger leurs résidents.

L’hôpital chinois de Montréal est l’un d’eux.

Son exemple est la preuve qu’il est souvent utile de permettre l’expression de différences culturelles au sein de la société québécoise puisque la richesse de l’expérience humaine est un avantage pour la survie de notre espèce.

Références :
Au Québec, la grippe saisonnière est plus à craindre que le coronavirus, dit Dr Arruda
CHSLD: la recette pour résister au virus
Covid-19 : l’utilisation ‘judicieuse’ des masques
Le premier cas de COVID-19 au Québec est confirmé
Résumé des mesures à prendre contre le Covid-19
Voyage au Maroc : le Dr Arruda s’est absenté 12 jours au début de la crise

Paru depuis :
Les travailleurs de la santé veulent être mieux protégés (2021-01-23)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II et objectif 12-40mm F/2,8 — 1/400 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 16 mm

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

2 commentaires

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La gestion familiale du déconfinement

Publié le 28 juin 2020 | Temps de lecture : 4 minutes

Il est illusoire de faire reposer la lutte contre la pandémie au Covid-19 sur des mesures excellentes sur papier mais inapplicables, en bonne partie, dans la vraie vie.

C’est le cas de la distanciation sociale, inapplicable chez les bébés, les enfants, les adolescents, les jeunes adultes célibataires et dans les transports en commun.

À la suite de l’adoption de comportements à risque par un grand nombre d’adolescents ou de jeunes adultes sur les plages de Floride, l’âge moyen des nouvelles hospitalisations dans cet État en raison du Covid-19 est de 33 ans, contre 65 ans il y a deux mois.

Cet exemple illustre la difficulté de motiver les jeunes à se protéger d’un danger habituellement anodin dans leur groupe d’âge.

L’appel au sens civique (le risque de contaminer les autres) et la tentative de culpabilisation (le risque de causer la mort d’un être cher) sont inefficaces parce qu’ils se butent à quelque chose de beaucoup plus puissant; le besoin irrépressible qu’ont les jeunes de vivre leur vie.

Proposer à un adolescent de 18 ans de s’astreindre à une vie monacale pendant 12 à 18 mois — le temps de mettre au point un vaccin — c’est comme lui proposer de sacrifier sa jeunesse pour sauver la vie des autres. Une jeunesse qui ne reviendra jamais. Alors que les autres, à ses yeux, ont déjà vécu pleinement la leur.

Dans l’intérêt d’autrui, il devrait se soustraire à l’esprit de meute typique de son âge et, avec ses amis, se limiter aux interactions sociales possibles à deux mètres de distance.

Quant à la quête amoureuse, on exige qu’elle se fasse en portant un masque et en se désinfectant les mains chaque fois qu’on touche accidentellement à la personne courtisée. Très romantique…

La seule manière d’impliquer les jeunes à la lutte contre le Covid-19, c’est en les responsabilisant. Et ce, au niveau de chaque famille.

D’où l’idée de procéder à une franche discussion dont le but sera l’adoption de mesures décidées par eux en tenant compte des conséquences pour les autres membres de la famille.

Si d’eux-mêmes, les jeunes sont disposés à respecter les mesures sanitaires que leurs ainés prennent déjà, leur participation à la vie familiale sera libre et spontanée.

Si la vie qu’ils entendent mener comporte une prise de risque, ils devront l’assumer.

Concrètement, ils devront porter le masque en famille. Lorsque cela est impossible — par exemple au cours des repas — cela signifie qu’ils seront à table à un moment différent du reste de la famille ou devront manger isolément.

Si le domicile est doté de plus d’une toilette, l’une d’entre elles devra être consacrée à ceux qui ont choisi de vivre plus à risque.

De retour à la maison, le jeune devra prendre sa douche et mettre au lavage tous les vêtements portés à l’extérieur.

De manière générale, pour que cela fonctionne, il faut éviter l’adoption d’une attitude répressive qui inciterait le jeune à la dissimulation ou au mensonge.

Si, par exemple, le jeune doit s’isoler pour manger, on prendra soin que l’expérience soit plaisante pour lui et ne s’apparente pas à une punition.

Référence :
La Floride enregistre un nouveau record de contaminations avec 9 500 cas en 24 heures

Paru depuis :
‘It’s very troubling’: alarm grows over Covid-19 spike among young Americans (2020-07-02)


Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Un commentaire

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Covid-19 aux aéroports : la passoire canadienne

Publié le 14 juin 2020 | Temps de lecture : 5 minutes

Dès l’annonce des tout premiers décès canadiens au Covid-19, je critiquais le gouvernement du pays pour n’avoir retenu aucune leçon de la pandémie du SRAS de 2003.

En particulier, je le blâmais de ne pas s’être équipé de scanneurs thermiques et de ne pas avoir institué de suivi des voyageurs symptomatiques qui entraient au pays comme le faisaient déjà les pays d’Extrême-Orient.

Depuis, rien n’a véritablement changé.

Finalement, la prise de température à l’aide de scanneurs thermiques débutera à la fin de ce mois-ci pour les voyageurs internationaux.

Ils ne seront pas testés à leur arrivée au pays. On compte sur les compagnies aériennes pour qu’elles testent les voyageurs à l’Étranger, en partance pour le Canada.

Dans la mesure où c’est ce même ministère qui a adopté en décembre dernier une Charte des voyageurs qui soustrait les transporteurs aériens des dispositions de la Loi québécoise de protection des consommateurs et qui leur permet de dérober des milliards$ aux voyageurs canadiens concernés par des vols annulés, on ne s’attend pas à ce que ce ministère sévisse si les compagnies devaient s’arranger pour ne pas respecter les mesures de sécurité fédérales. D’autant plus que les infractions surviendront hors du territoire national.

Ottawa ne fera pas de tests aléatoires à l’arrivée et on ne prévoit pas de pénalités pour les compagnies qui manqueront à leurs obligations.

Le ministère fédéral des Transports mettra donc de nouveau en application sa politique d’autorèglementation, celle déjà en vigueur dans le transport ferroviaire et qui a donné d’excellents résultats à Lac-Mégantic…

En réalité, les scanneurs thermiques étaient utiles pour déceler les voyageurs symptomatiques il y a des mois, à l’époque où on n’avait pas encore mis au point des tests qui permettent de vérifier la charge virale dans le nez et la gorge.

Ces tests permettent de déceler non seulement les personnes symptomatiques (comme le font les scanneurs) mais également les porteurs asymptomatiques et ceux qui le deviendront dès le lendemain.

Depuis le début de cette pandémie, on cite l’exemple des pays d’Extrême-Orient, celui de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, et celui de la Suède et de l’Allemagne.

Mais on ne parle jamais de la Grèce. Savez-vous combien il a eu de morts par million (mpm) d’habitants dans ce pays ?

Non pas 483 mpm comme en Suède ni 106 mpm comme en Allemagne, mais à peine 18 mpm. Vous avez bien lu; dix-huit.

Ce n’est pas aussi bien qu’en Océanie ou qu’en Extrême-Orient. Mais pour un pays d’Europe occidentale, c’est remarquable.

Alors c’est quoi la recette de la Grèce à ses aéroports ?

Depuis un mois, on fait des prélèvements dans le nez ou la gorge de tous les voyageurs. Pendant 24h, ils sont mis en quarantaine et deviennent libres dès le lendemain, à l’annonce de leurs résultats si négatifs.

Les autres, positifs, sont alors mis en quarantaine forcée pour quatorze jours.

Dans une entrevue à CNN, le président du pays, Kyriakos Mitsotakis, déclarait que depuis quatre jours, on a testé près de quatre-mille voyageurs (mille par jour) à l’aéroport d’Athènes et on a trouvé deux cas positifs, tous deux asymptomatiques.

Au Canada, ces deux voyageurs auraient passé au travers du filet de protection basé sur des scanneurs thermiques.

Pauvre passoire canadienne…

Références :
COVID-19 : un premier mort au Canada
Covid-19 : les prix citron à Ottawa et à la STM
En Grèce, les touristes à nouveau bienvenus à partir de lundi
L’armée restera au Québec et les thermomètres arrivent dans les aéroports
On GPS: Greece’s success with containing Covid-19 (vidéo)

Parus depuis :
La COVID-19 détectée dans des vols intérieurs et internationaux au Canada (2020-07-08)
Presque 70 vols commerciaux avec des cas confirmés de COVID-19 dans les dernières semaines (2020-08-28)
Ottawa a exempté une milliardaire américaine de l’obligation de la quarantaine (2020-09-17)
Des dizaines de passagers sanctionnés au Canada pour refus de porter un masque (2020-12-22)
Des faux tests négatifs de COVID-19 à 100$ pour les voyageurs canadiens (2021-01-09)
Quarantaine à l’hôtel : Ottawa ne connaît pas le nombre de contrevenants (2021-03-06)
Des taxis américains permettent aux Canadiens d’éviter la quarantaine à l’hôtel (2021-04-11)
Aucune sanction pour les voyageurs refusant la quarantaine à Montréal et Calgary (2021-05-04)
Des « lacunes importantes » dans le contrôle des voyageurs entrant au Canada (2021-12-09)

Sur le même sujet :
‘Close to 100% accuracy’: Helsinki airport uses sniffer dogs to detect Covid (2020-09-24)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

2 commentaires

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Quand la pègre combat le Covid-19

Publié le 13 juin 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

M le maudit

Un de mes films favoris est ‘M le maudit’, le premier film parlant (et le préféré) du réalisateur allemand Fritz Lang, tourné en 1931.

Basé sur des faits réels, ce long-métrage raconte l’histoire d’un meurtrier d’enfants qui sème la terreur dans une ville allemande.

Sous la pression populaire, la police municipale décide d’effectuer toute une série de rafles qui perturbent les activités de la pègre.

Celle-ci se met donc également à la recherche du meurtrier (qu’elle finit par trouver) dans l’espoir de pouvoir de reprendre ses activités normalement.

Dans les favélas de Rio

Le Brésil est actuellement le deuxième pays le plus touché au monde par le Covid-19, derrière les États-Unis; la pandémie y a fait plus de quarante-mille morts.

Contrairement au Québec — où ce sont les ghettos de vieux qui ont été particulièrement touchés — au Brésil ce sont les milieux défavorisés qui ont été la cible de la pandémie.

Dans les favélas surpeuplées de Rio de Janeiro, tout le monde connait un parent ou un voisin qui a été atteint par le virus.

Si la mortalité du Covid-19 affecte surtout les personnes de plus de soixante ans, il frappe durement une partie des autres adultes.

Tout cela perturbe les activités des cartels de la drogue qui dictent leur loi dans les faubourgs de Rio.

Plusieurs des chefs et des hommes de main les plus expérimentés de la pègre ont été tués par la pandémie.

De plus, parmi la clientèle des revendeurs de drogue, quand un chef de famille perd son emploi ou décède du virus, toute la famille est réduite à la misère et devient incapable de se payer de la drogue.

Tout comme dans le film de Fritz Lang, la pègre a donc pris les choses en main.

Elle a d’abord imposé un couvre-feu sur tout le territoire qu’elle contrôle.

Puis elle a encouragé la fabrication artisanale de masques qu’elle paie au-delà du prix demandé afin de subventionner leur fabrication.

Sous la menace des armes, elle a réduit l’activité clandestine des petits débits de boissons, des maisons de jeux et de tous les lieux d’attroupement qui favoriseraient la propagation de l’épidémie.

Et elle distribue de la nourriture aux familles ruinées par le décès du pourvoyeur (habituellement le père).

Si bien que dans les favélas de Rio, les habitants sont majoritairement reconnaissants à la pègre d’avoir comblé le vide laissé par l’État brésilien.

Conclusion

Les êtres humains dépendent tous les uns des autres.

Même quand des collectivités sont laissées à elles-mêmes, une solidarité s’installe spontanément — motivée par de bonnes ou de mauvaises raisons — dont le résultat final est une amélioration des chances collectives de survie.

Références :
M le maudit
Rio cartels go from running drugs to pushing medication

3 commentaires

| Fait divers | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Résumé des mesures à prendre contre le Covid-19

Publié le 11 juin 2020 | Temps de lecture : 1 minute

En ordre décroissant d’efficacité, les meilleures mesures à prendre contre le Covid-19, sont :
• le confinement
• l’immunité grégaire (60 % de la population)
• le port du masque généralisé (80 % de la population) accompagné de la distanciation sociale
• le port du masque seul
• la distanciation sociale seule
• le lavage des mains.


Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Un commentaire

| Covid-19, Santé | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : les outils de recherche de contacts

Publié le 6 juin 2020 | Temps de lecture : 8 minutes

La recherche de contacts

Les outils de recherche ou de repérage de contacts sont des logiciels pour téléphone multifonctionnel destinés à prévenir les personnes saines qu’elles ont été récemment en contact avec une personne atteinte du Covid-19.

Dès qu’un utilisateur se déclare positif au Covid-19, le logiciel recherche ses contacts dans une base de données et les avise.

Dans certains cas — par exemple l’application Care19 offerte sur Google Play — le logiciel enregistre en plus le lieu des contacts et conséquemment, sert à repérer géographiquement où ont eut lieu ces contacts.

L’exemple de StopCovid France

Offert depuis le 2 juin dernier, StopCovid fonctionne de la manière suivante.

Chaque fois que deux téléphones dotés de StopCovid se croisent à moins d’un mètre pendant plus de quinze minutes, chacun d’eux note l’identifiant StopCovid de l’autre.

Cette information est transmise à un serveur du ministère français de la Santé dès que le téléphone est connecté à l’internet.

Lorsqu’une personne est diagnostiquée positive au Covid-19, son médecin lui remet un code unique à insérer volontairement dans l’application.

Dès lors, le serveur du ministère alerte toutes les personnes qui l’ont côtoyée au cours des deux semaines précédentes : celles-ci sont informées de la possibilité qu’elles aient attrapé le virus. On leur suggère de s’isoler et de contacter leur médecin.

Un potentiel inachevé

StopCovid n’alerte pas en temps réel le propriétaire d’un téléphone lorsqu’il s’approche d’une personne contagieuse afin qu’il puisse éviter d’attraper le virus.

Il est possible qu’on ait craint de stigmatiser les personnes saines qui se promèneraient avec le téléphone emprunté d’une personne infectée. L’emprunteur verrait alors les personnes qu’il croise s’écarter de son chemin ou refuser de le servir comme s’il était pestiféré, sans comprendre pourquoi.

De plus, les applications de recherche de contacts pourraient simplifier considérablement la tâche des épidémiologistes qui tentent de remonter à l’origine d’une chaine de transmission du Covid-19.

Il suffirait de créer des outils d’analyse de la base de données du ministère de la Santé. Il est probable que de tels outils seront éventuellement créés.

Le calcul problématique de la distance

Après des décennies de découvertes informatiques, il devrait être simple de calculer la distance entre deux téléphones. Ce n’est pas le cas.

La géolocalisation par satellite (GPS) est capable d’une très grande précision.

Mais pour des raisons de sécurité nationale, une imprécision est ajoutée volontairement à toutes les applications civiles de géolocalisation. Cette imprécision va au-delà de la distance sanitaire.

Voilà pourquoi aucun outil sérieux de recherche ou de repérage n’est basé sur la fonction de GPS que possèdent tous les téléphones multifonctionnels.

Comme solution de rechange, on s’est donc rabattu sur la fonction Bluetooth, également disponible sur tous ces appareils.

Théoriquement, le Bluetooth peut avoir une précision de l’ordre du centimètre.

Dans les faits, il en est autrement puisque le corps humain absorbe quinze décibels du signal Bluetooth. Concrètement, l’application téléphonique estimera à vingt mètres la distance d’un téléphone à deux mètres s’il est placé dans la poche arrière d’un pantalon.

De mauvais départs

Un des premiers outils de recherche fut Rakning C-19, commercialisé en Islande au début d’avril.

Un mois plus tard, près de 38 % des Islandais l’avaient déjà adopté. Pourtant, au cours de cette période, une seule personne a été alertée d’avoir croisé une personne contagieuse. Ce qui a suscité des doutes quant à l’utilité d’une telle application.

L’explication la plus probable est que la pandémie est peu répandue dans ce pays. Encore aujourd’hui, le nombre cumulatif de ‘cas’ y est de 1 806 personnes (dont dix morts) sur une population de 364 134 habitants. Donc dans ce pays, on a plus de chance de rencontrer un geyser qu’une personne contagieuse…

Après le lancement de l’application Covid-safe Australia à la fin du mois d’avril, 28,5 % des Australiens de plus de 15 ans l’avaient téléchargée. Après trois semaines, le nombre de nouveaux téléchargements diminuait en raison de bogues dans l’application.

Dans l’urgence d’être utile, certains éditeurs de logiciels ne se sont pas assurés de concevoir avec soin leur outils de recherche. Ces échecs ne doivent pas jeter le discrédit sur d’autres outils dont la gestation fut plus lente et qui pourraient être de nature à inspirer la confiance du public.

Des tares plus profondes

Passons sous silence les craintes relatives à la protection des données personnelles. Il s’agit d’un débat important, mais qui m’apparait futile dans la mesure où le recours à ces outils est volontaire.

Selon les experts, pour être utile, un outil de recherche de contacts devrait être utilisé par au moins 60 % de la population. De plus, le plus grand nombre possible de personnes nouvellement diagnostiquées positives devraient se déclarer comme telles.

Les outils de recherche de contacts ont deux handicaps majeurs : les lacunes quant à l’accessibilité technologique et l’invisibilité des porteurs asymptomatiques.

L’accessibilité technologique

En 2019, 23 % des Français ne possédaient pas de téléphone multifonctionnel.

Chez les Français dans la soixantaine, cette proportion passe à 38 %. Et à 56 % chez les plus de 70 ans. Sans compter ceux dont le téléphone multifonctionnel est trop ancien pour qu’on puisse y installer StopCovid.

Au Québec, 26 % des personnes ne possèdent pas de téléphone multifonctionnel. Cette proportion passe à 41 % chez ceux entre 55 et 64 ans. Et à 73 % chez ceux de 65 ans ou plus.

Dans mon cas, j’ai un iPhone4s que je refuse de jeter en dépit du fait que mon fournisseur m’offre gratuitement un iPhone7 parfaitement compatible avec les logiciels de recherche de contacts.

Ce refus est dicté par des préoccupations environnementales; je serais stupide de jeter un appareil qui fonctionne très bien, plein de métaux toxiques, sous le prétexte qu’un modèle plus récent serait gratuit.

En raison d’une plus grande promiscuité, les milieux défavorisés sont davantage touchés par l’épidémie. Malheureusement, parmi les Québécois qui gagnent moins de 20 000$ par année, 47 % n’ont pas de téléphone multifonctionnel.

L’invisibilité des porteurs asymptomatiques

Jusqu’à tout récemment, il fallait être contagieux pour être autorisé à passer un test de dépistage au Covid-19. Pourtant, on sait depuis des mois qu’une bonne partie des personnes contagieuses sont asymptomatiques.

Cette semaine, le premier ministre a affirmé que bientôt, toute personne qui le souhaite pourrait passer un test de dépistage. J’aimerais y croire.

Mais avec un dépistage ‘massif’ capable de tester quotidiennement 14 000 personnes — soit 0,16 % de la population — je vois mal comment un grand nombre de personnes pourraient s’en prévaloir.

D’autant plus que les autorités sanitaires du gouvernement fédéral recommandent de tester aux deux jours tous les travailleurs de la Santé, au nombre d’environ treize-mille au Québec.

Si le Québec respecte cette sage suggestion, il restera de quoi tester quotidiennement 0,08% de la population, soit un seizième d’un pour cent.

Bref, l’application de recherche de contacts risque d’ignorer beaucoup de personnes contagieuses, réduisant d’autant son utilité…

Références :
AI and our health data: A pandemic threat to our privacy
Covid-19 : évaluation actuelle de l’importance des porteurs asymptomatiques
Faut-il ou non installer « StopCovid » ? Le débat résumé en une conversation SMS
How did the Covidsafe app go from being vital to almost irrelevant?
Inferring distance from Bluetooth signal strength: a deep dive
Le dépistage ‘massif’ du Covid-19 au Québec : une plaisanterie
Le traçage de contacts et la fracture numérique, selon Anne-Sophie Letellier
Nearly 40% of Icelanders are using a covid app—and it hasn’t helped much
North Dakota’s COVID-19 app has been sending data to Foursquare and Google
On pourra bientôt géolocaliser un smartphone au centimètre près grâce à Bluetooth

Parus depuis :
Norway suspends virus-tracing app due to privacy concerns (2020-06-15)
Application Alerte COVID : la Colombie-Britannique préfère le contact humain (2020-08-14)
Glitches dent German enthusiasm for Covid contact-tracing app (2020-09-23)
L’application Alerte COVID est-elle un échec? (2021-02-12)
Taux d’utilisation famélique pour Alerte COVID (2021-04-19)
Contre le Covid-19, l’utilité des applications de traçage des cas contacts impossible à mesurer (2021-05-21)
L’application Alerte COVID sera abandonnée (2022-06-14)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Santé, Technologie | Mots-clés : , , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel