Les chiens renifleurs à Covid

Publié le 25 septembre 2020 | Temps de lecture : 4 minutes
L’aéroport d’Helsinki

L’expérience d’Helsinki

Anna Hielm-Björkman est chercheuse à l’université d’Helsinki. L’étude scientifique qui occupe ses jours (et une partie de ses nuits) vise à déterminer s’il est possible de dresser des chiens à détecter les personnes atteintes de Covid-19 parmi les passagers qui arrivent de vols internationaux.

Depuis le mois dernier, une étude similaire est en cours aux Émirats arabes unis, plus précisément à l’aéroport de Dubaï (le 3e aéroport le plus fréquenté au monde).

Dans le cas de l’étude finlandaise, quatre chiens ont été choisis. Ils sont de races diverses mais ont en commun un flair exceptionnel.

Pourquoi utiliser des chiens plutôt qu’un autre animal ? C’est que les chiens ne peuvent pas attraper le Covid-19.

La technique est simple. Le passager prélève une lingette stérile qu’il frotte sur son avant-bras. Puis il la dépose dans un récipient stérile.

Trois récipients identiques sont alors présentés à l’animal : celui dont on vient de parler et deux autres récipients qui servent de témoins. Ces derniers contiennent des lingettes utilisées par des personnes dont on a la certitude qu’elles ne sont pas atteintes par le Covid-19.

Lorsque le chien réagit sélectivement à la lingette utilisée par le passager, celui-ci doit passer un test salivaire conventionnel.

Jusqu’ici, la concordance entre le flair de l’animal et le test salivaire a frôlé le 100 %.

Avantages économiques

La compagnie Abbott commercialise déjà aux États-Unis un test salivaire se détaillant environ 5 $US dont les résultats s’obtiennent en quelques minutes.

Le test d’Abbott est relativement fiable, mais pas assez pour justifier l’obligation qu’on imposerait à un voyageur de se placer en quatorzaine.

S’ils ont l’avantage probable de résister à une contestation judiciaire, les tests salivaires ‘conventionnels’ ont le gros défaut de couter environ 100 $Can chaque (en matériel et en rémunération professionnelle). De plus, on doit attendre des heures avant d’obtenir leurs résultats.

Les chiens renifleurs finlandais posent leur diagnostic en dix secondes. De plus, ils évitent de tester inutilement les personnes non contaminées par le virus.

Ils représentent une économie de temps et d’argent lorsque vient le temps de tamiser un grand nombre de passagers débarquant à l’aéroport.

En plus des aéroports, les limiers à Covid pourraient être utilisés pour le dépistage de la pandémie dans les maisons de retraités, les établissements de Santé et peut-être lors d’évènements sportifs ou culturels.

De nouvelles questions

Cette expérience suscite de nouvelles questions, dont celle-ci : que décèlent au juste les limiers finlandais ?

Une odeur cutanée ?

Est-ce que l’odeur corporelle des personnes atteintes est particulière ?

Si c’est le cas, on peut se demander pourquoi l’espèce humaine s’est donné la peine de développer un signal olfactif inutile pendant des milliers d’années, mais qui — maintenant qu’on en aurait vraiment besoin — est indécelable pour nous.

Des particules virales ?

Les tests salivaires ‘conventionnels’ ont un seuil de détection de plusieurs millions de particules virales par échantillon : c’est ce qu’on recueille avec un écouvillon chez les personnes symptomatiques et chez les personnes qui deviendront symptomatiques un ou deux jours plus tard.

Les chiens renifleurs peuvent déceler aussi peu que dix à cent particules virales dans une lingette.

Puisque le virus du Covid-19 n’est pas excrété dans la sueur, si on en trouve sur la peau des personnes atteintes, doit-on comprendre que celles-ci contaminent involontairement toutes les parties à découvert de leur corps ?

Puisque les virus n’émettent pas d’odeur, comment les chiens peuvent-ils déceler un si petit nombre de particules virales ?

Ne peut-on pas imaginer qu’ils reniflent plutôt des molécules présentes en grand nombre dans les gouttelettes respiratoires qui aboutissent sur les avant-bras des passagers et qui proviennent de leurs cellules respiratoires infectées ?

Il en est toujours ainsi avec la science. Plus on apprend et plus on découvre l’immensité de ce qui reste à explorer.

Référence :
‘Close to 100% accuracy’: Helsinki airport uses sniffer dogs to detect Covid

Parus depuis :
Le chien, un allié dans la lutte contre la COVID-19? (2020-12-01)
Dogs can better detect Covid in humans than lateral flow tests, finds study (2021-05-20)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le masque et la ‘variolisation’ contre le Covid-19

Publié le 21 septembre 2020 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Née en Chine et propagée le long de la route de la soie, la variolisation est une technique médicale qui consiste à inoculer le virus de la variole à une personne saine à partir d’un échantillon de pus prélevé chez une personne faiblement atteinte.

Très risquée, cette technique a été remplacée par la vaccination (soit l’injection du virus mort ou de ses débris inoffensifs).

Les limites du masque

Les masques chirurgicaux ont été créés pour empêcher les gouttelettes respiratoires du chirurgien de tomber dans la plaie ouverte du patient opéré. Leur but n’a jamais été de protéger les gens en temps de pandémie virale.

Ces masques séquestrent les gouttelettes projetées vers l’avant sans affecter celles détournées vers les joues ou vers le haut du visage. Celles-ci sont aspirées par la pression négative qui règne dans la salle opératoire.

Hors du cadre hospitalier, le masque (chirurgical ou non) ne bloque pas toutes les gouttelettes respiratoires émises par le porteur et ne filtre pas toutes celles auxquelles il est exposé.

Inoculum et sévérité de la maladie

Inoculum est le nom donné au prélèvement destiné à être inoculé.

Chez le hamster doré, l’augmentation du nombre de copies du virus dans l’inoculum entraine une augmentation de la sévérité de l’infection par le Covid-19.

En d’autres mots, plus on administre de virus à l’animal, plus il tombe malade. À l’inverse, lorsque la dose est très faible, l’infection est anodine.

Le port du masque réduit la contagiosité des personnes atteintes et le nombre de particules virales inhalées par les porteurs sains.

D’où la question : est-il possible que le masque ‘variolise’ la population contre le Covid-19 et réduise ainsi la sévérité de la pandémie ?

Indices de variolisation

Le Centers for Disease Control and Prevention estime à environ 40 % le pourcentage de porteurs asymptomatiques au sein d’une population contaminée par le Covid-19.

En croisière sur le MS Zaandam

En mai dernier, à l’occasion d’une éclosion de Covid-19 sur un bateau de croisière argentin, on a immédiatement distribué des masques aux 217 passagers et membres de l’équipage. Puis on les a testés au cours des jours qui suivirent.

Sur les 128 personnes testées positives, 81 % demeurèrent asymptomatiques. On y déplora un seul mort.

À l’opposé, trois mois plus tôt, alors qu’on manquait de masques, sur les 712 personnes à bord du Diamond Princess, 703 développèrent les symptômes du Covid-19 et treize personnes en moururent.

À l’hôpital Riley d’Indianapolis

À la fin du mois de mars, 25 employés travaillaient à soigner les 13 patients admis à l’unité d’hémodialyse de l’hôpital pédiatrique Riley (en Indiana). Le port du masque y était obligatoire pour tous (employés comme patients).

Durant les trois semaines qui suivirent l’admission d’un patient atteint de Covid-19, 23 % des autres patients et 44 % du personnel développèrent des anticorps au virus sans qu’aucun d’entre eux ne soit symptomatique.

En Extrême-Orient

En comparaison avec les pays les plus riches d’Occident, les pays d’Extrême-Orient ont eu moins de décès par million d’habitants et une proportion moindre de décès parmi les gens atteints.

Ce qui suggère que dans les pays où le port du masque est généralisé, la contagion par le virus est non seulement moins répandue, mais également elle est moins sévère puisque moins de personnes atteintes en meurent.


Pourcentage des décès parmi les personnes atteintes
(Note : les décès et les cas sont exprimés par million d’habitants)

Pays Morts Cas Rapport
Allemagne 113 3 286 3,4 %
Canada 244 3 845 6,3 %
États-Unis 617 21 259 2,9 %
France 480 7 014 6,8 %
Grande-Bretagne 615 5 865 10,5 %
Italie 591 4 955 11,9 %
             
Chine 3,2 59 5,4 %
Corée du Sud 6,4 451 1,4 %
Hong Kong 13,7 671 2,0 %
Japon 11,8 626 1,9 %
Taïwan 0,3 21 1,4 %
Vietnam 0,4 11 3,6 %

Conclusion

Le port du masque est une des mesures les plus efficaces pour lutter contre le Covid-19.

En plus de réduire le nombre de citoyens atteints, il existe un nombre croissant d’indices qui suggèrent que la protection imparfaite du masque favorise l’apparition des formes bénignes de l’infection aux dépens de ses formes les plus sévères.

Il y cinq mois, nous écrivions :

Dans la majorité des cas, le Covid-19 colonise sournoisement les voies respiratoires supérieures avant de déclencher la fièvre et de se lancer à l’assaut des poumons pour y provoquer la toux.

Il est possible que l’incubation nasale du virus prenne davantage de temps lorsque l’inoculum ne contient qu’une petite quantité de particules virales.

Ce qui donnerait plus de temps au système immunitaire pour préparer la réplique de l’organisme et diminuer la sévérité de l’infection au point d’être, dans bien des cas, asymptomatique.

Références :
Asymptomatic Seroconversion of Immunoglobulins
to SARS-CoV-2 in a Pediatric Dialysis Unit

COVID-19: in the footsteps of Ernest Shackleton
Facial Masking for Covid-19 — Potential for “Variolation” as We Await a Vaccine
Les mystères du Covid-19 (2e partie)
Masks do more than protect others during COVID-19: reducing the inoculum of SARS-CoV-2 to protect the wearer
Syrian hamsters as a small animal model for SARS-CoV-2 infection and countermeasure development
Variolisation

Paru depuis :
Infecter des gens volontairement pour le développement d’un vaccin, est-ce éthique? (2020-10-26)

Mise en garde du 25 septembre 2020 : Comme toute mesure imparfaite, le masque variolise accessoirement une partie des gens qui le portent contre la pandémie.

Toutefois, il serait imprudent de s’exposer au Covid-19 dans l’espoir de se ‘varioliser’ contre lui.

La variolisation est une mesure risquée qui peut s’avérer autant néfaste qu’utile. En d’autres mots, la variolisation sauvage peut autant tuer que sauver des vies.

C’est seulement par des études cliniques au cours desquelles on administrera une quantité croissante et standardisée de virus qu’on pourra déterminer la manière sécuritaire de varioliser une population.

Une étude à ce sujet est en cours en Grande-Bretagne. Ses résultats seront utiles aux pays pauvres qui n’auront pas les moyens de se procurer les grandes quantités de vaccins qui leur seraient nécessaires pour immuniser leur population toute entière contre la pandémie.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : statistiques régionales au 18 septembre

Publié le 19 septembre 2020 | Temps de lecture : 1 minute
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Quelques chiffres :
• le 18 septembre, il y a eu 297 nouveaux cas au Québec,
• la moyenne quotidienne des nouveaux cas au cours des sept derniers jours a été de 36,6 cas par million d’habitants,
• à 72,6 nouveaux cas par million, la région de Québec dépasse le seuil de reconfinement en Allemagne.

Référence : Compte Twitter de Patrick Déry

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Mythes et réalités des vaccins contre le Covid-19

Publié le 17 septembre 2020 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Le 20 juillet dernier, une nouvelle a suscité beaucoup d’espoir.

Publiée dans The Lancet, une étude révélait qu’il suffisait d’administrer deux doses d’un nouveau vaccin pour que 100 % des personnes vaccinées développent une immunité importante et durable au Covid-19.

On entrevoit déjà la fin de la pandémie. Fini les masques, la distanciation sociale et le Plexiglass. Et bienvenue au bon vieux temps où nous étions libres de mener notre vie comme nous l’entendions.

À partir de prélèvements sanguins, les chercheurs britanniques ont mesuré l’aptitude du vaccin à déclencher la production d’anticorps.

Sur les 1 077 participants, 543 personnes ont été vaccinées. Vingt-huit jours après la première dose, une 2e dose a été administrée à un sous-groupe de seulement dix personnes; c’est la nouvelle de leur excellente réponse immunitaire qui s’est répandue comme une trainée de poudre.

Malheureusement, n’importe quel résultat obtenu chez aussi peu de gens ne permet pas de tirer une conclusion quant à la capacité d’un vaccin à protéger la population contre le Covid-19.

Selon un grand nombre d’experts — dont le virologue et immunologue Paul Offit, de l’hôpital pédiatrique de Philadelphie — cette étude n’aurait jamais dû être publiée.

L’efficacité des vaccins contre les coronavirus

Les vaccins contre la rougeole sont efficaces à 98 %.

Par contre, lorsqu’une grippe saisonnière est causée par un coronavirus, l’efficacité du vaccin est alors d’environ 30 à 40 %.

Parmi les 113 vaccins contre le Covid-19 en gestation à travers le monde, la Food and Drug Administration n’autorisera que ceux dont le taux d’efficacité sera supérieur à 50 %.

Soyons optimistes et imaginons la mise en marché d’un vaccin efficace à 70 %.

Dès qu’on reçoit sa deuxième dose, peut-on abandonner les mesures sanitaires et enfin vivre comme avant ? Non.

Mais pourquoi pas ?

C’est qu’aucune des personnes vaccinées ne sait si elle fait partie du 70 % de gens devenus réfractaires au virus ou si elle fait partie du 30 % des gens chez qui la vaccination échouera.

Dans le doute, il faudra continuer d’observer les mesures sanitaires recommandées.

La durée de la protection

À l’heure actuelle, on ignore la durée de la protection offerte par les vaccins contre le Covid-19.

On sait que les vaccins contre les coronavirus grippaux ont une efficacité inférieure à un an.

De manière anecdotique, on a rapporté le cas de personnes qui ont attrapé le Covid-19, qui en sont guéries, et qui l’ont attrapé de nouveau quelques mois plus tard.

Chez ces gens, la réinfection au Covid-19 est toujours moins sévère que la première fois. Comme c’est le cas avec l’herpès.

En juillet dernier, le King’s College de Londres publiait une étude selon laquelle les anticorps sanguins contre le Covid-19 atteignent leur concentration maximale trois semaines après le début des symptômes. Et décliner rapidement par la suite.

Après trois mois, on trouverait une immunité sérologique appréciable chez seulement 17 % des personnes atteintes. Dans certains cas, l’immunité serait indétectable.

Les critiques de cette étude font valoir qu’il faut distinguer l’immunité sanguine de l’immunité tissulaire.

Même si l’immunité sérologique disparait, cela ne veut pas dire que les tissus sont incapables de se défendre contre un agent pathogène qui les a déjà infectés.

Malgré cela, au cours des derniers mois, on assiste à une multiplication des indices qui laissent croire que l’immunité au Covid-19 ne serait que de quelques mois.

Ce qui veut dire que toute campagne de vaccination qui s’éternise au-delà de la durée de protection du vaccin sera continuellement à recommencer.

L’acceptation sociale

Il est normal qu’un médicament ait des effets secondaires. Mais les vaccins sont administrés à des gens en santé. On s’attend donc à ce qu’ils soient sans danger.

Les sondages ont démontré que 14 % des gens sont contre les vaccins, peu importe lequel.

À cela s’ajoutent 32 % de gens qui craignent que le premier vaccin mis en marché n’ait pas suffisamment été testé et ait été autorisé de manière complaisante par les autorités sanitaires sous pression des autorités politiques.

Il s’agit d’une crainte légitime si on se rappelle du cas de la mousse d’urée-formaldéhyde (la MIUF), aujourd’hui bannie, mais reconnue sécuritaire par l’Association canadienne de normalisation à la suite de pressions du gouvernement fédéral.

Bref, seulement 46 % des Canadiens consentiront à recevoir un vaccin contre le Covid-19 lorsqu’il sera disponible.

La conséquence de cela, c’est que si 46 % des gens reçoivent un vaccin efficace à 70 %, cela donne une immunité collective de 32 %.

C’est environ la moitié de l’immunité grégaire qui est nécessaire pour protéger la population contre cette pandémie.

La logistique

Le plus important fabricant de vaccins aux États-Unis est la compagnie Pfizer. Son vaccin contre le Covid-19 ne peut demeurer dans un congélateur ordinaire que 24 heures.

Pour l’entreposer en grandes quantités, on doit disposer de congélateurs ou d’entrepôts frigorifiques capables de descendre à une température de -70°C.

Celui du fabricant Moderna doit être entreposé à -20°C.

Indépendamment de cette contrainte, pour être réussie, une campagne de vaccination devra reposer sur une discipline hyperrigoureuse et s’opérer plus rapidement que la durée de l’immunité conférée par le vaccin.

Si la future campagne de vaccination de la Santé publique du Québec est à l’image de son actuelle campagne de dépistage, on doit s’attendre au pire.

Conclusion

Les vaccins contre le Covid-19 seront des ajouts utiles à la panoplie des moyens à notre disposition pour combattre cette pandémie.

En raison de leur efficacité limitée et de leur acceptation sociale insuffisante, les vaccins sont en eux-mêmes moins efficaces que les mesures sanitaires existantes.

À preuve : l’absence de vaccin n’a pas empêché des pays comme le Vietnam et la Nouvelle-Zélande d’éradiquer temporairement le virus de leur territoire.

Références :
Covid-19 : évolution en cinq mois
Here’s why a vaccine will not stop the Covid-19 pandemic right away
Immunity to Covid-19 could be lost in months, UK study suggests
Mousse isolante d’urée-formaldéhyde
Ottawa réserve jusqu’à 190 millions de doses d’éventuels vaccins contre la COVID-19
Peut-on avoir le Covid-19 deux fois? Ces chercheurs relancent le débat sur la réinfection
Safety and immunogenicity of the ChAdOx1 nCoV-19 vaccine against SARS-CoV-2
32 % des Canadiens hésitent à se faire vacciner rapidement contre la COVID-19, selon un sondage

Parus depuis :
L’achat de vaccins contre la COVID-19 embrouillé par des conflits d’intérêts (2020-09-21)
COVID-19 : l’immunité « diminue assez rapidement », selon une étude (2020-10-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : La bataille sanitaire de Hong Kong

Publié le 11 septembre 2020 | Temps de lecture : 3 minutes
Billet de dix dollars de Hong Kong

L’agitation politique

Hong Kong possède son gouvernement et ses tribunaux, tous deux sous la tutelle de Beijing. De plus, cette région administrative semi-autonome possède sa propre monnaie et un grand nombre d’institutions héritées de l’époque coloniale.

Le Traité de rétrocession de Hong Kong, conclu en 1997 entre la Grande-Bretagne et la Chine, fait office de constitution.

Son article 23 stipule :

La Région administrative spéciale de Hong Kong promulguera ses propres lois interdisant tout acte de trahison, de sécession, de sédition, de subversion contre le gouvernement populaire central, ou de vol de secrets d’État, afin d’interdire aux organisations ou organes politiques étrangers de mener des activités politiques dans la Région, et d’interdire à ces organisations ou organes politiques d’établir des liens avec des organisations ou organes politiques étrangers.

Jusqu’ici, Beijing n’a accordé à Hong Kong que l’autonomie limitée garantie par le Traité de rétrocession.

L’inquiétude de la population quant à son autonomie réelle est aggravée par les États-Unis.

Par le biais de son ambassade et d’organisations non gouvernementales, Washington tente d’exacerber l’agitation sociale à Hong Kong… tout comme certains pays hostiles à Washington font l’inverse en suscitant, par le biais des médias sociaux, des affrontements au sein du peuple américain.

C’est ainsi que, sous influence américaine, les forces prodémocratiques de Hong Kong sont devenues pro-indépendantistes — ce qu’interdit la Constitution d’Hong Kong — provoquant un durcissement de la répression chinoise.

La pandémie, une occasion

Au début du mois de juillet, le bilan de la pandémie à Hong Kong était de 0,9 mort par million d’habitants (mpm). Un mois plus tard, ce bilan avait quintuplé à 4,5 mpm. Pour atteindre finalement 12,0 mpm le 1er septembre.

Cette résurgence de la pandémie est une occasion pour Beijing de montrer aux Hongkongais les avantages de vivre sous l’autorité d’un gouvernement puissant, capable de déployer des moyens inouïs quant il s’agit de protéger la population.

C’est ainsi qu’on a annoncé à la fin du mois dernier, l’ouverture de 141 centres de dépistage, la création d’une centaine de laboratoires d’analyse et l’embauche de trois-mille employés mandatés pour trouver les personnes atteintes et débusquer leurs contacts.

Dans cette région administrative de 7,5 millions d’habitants (donc un peu moins peuplée que le Québec), on a annoncé qu’un demi-million de tests salivaires seront effectués quotidiennement.

Sous influence américaine, les opposants ont aussitôt fait courir la rumeur que cet exercice de dépistage était une façade pour collecter l’ADN de tous les Hongkongais à des fins de surveillance policière et de répression politique.

Ce qui n’a pas empêché 1,2 million de Hongkongais de passer volontairement le test dès la première semaine qui a suivi cette annonce.

Références :
Campagne de dépistage massive à Hong Kong
Coronavirus à Hong-Kong : surveillance resserrée des résidents
Coup d’État législatif
Defending Rule of Law and Freedom in Hong Kong
Hong Kong: la campagne de dépistage plombée par la méfiance envers Pékin

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : l’exemple préliminaire de l’université Colgate

Publié le 8 septembre 2020 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Située dans l’État de New York, l’université Colgate est une institution privée qui accueille à peu près trois-mille étudiants.

En moyenne, il en coute vingt-six-mille dollars par année pour y étudier. Le quart des demandes d’inscription sont acceptées et le taux de réussite est d’environ 90 %.

Les mesures mises en place pour éviter une éclosion de Covid-19 ont couté quatre-millions de dollars.

L’immense majorité des étudiants ont préféré être en classe : ils le pouvaient à plusieurs conditions.

Le test en préadmission

Préalablement à la réouverture du campus, les étudiants, les professeurs et le personnel de soutien ont reçu par la poste un nécessaire destiné à tester la présence de Covid-19 dans leur salive. Le résultat de ces tests s’obtient le jour même.

Ils devaient retourner leur plaquette à l’université dans les plus brefs délais.

Sur les 866 employés, quatre se sont avérés positifs. Et sur les 2 219 étudiants, il y eut huit cas positifs.

Ce premier test visait à mesurer l’état de la contamination avant la réouverture du campus. Ce taux s’est avéré être de 0,4 %, soit la moitié du taux qui prévaut actuellement dans l’État de New York.

Cette différence s’explique par le milieu socioéconomique aisé des étudiants, moins atteint que l’ensemble de la population de l’État.

Deux autres tests et quarantaine généralisée

Dans la seule journée du 26 aout (le deuxième jour de la rentrée), mille étudiants ont été testés. C’est plus du tiers de tous les étudiants qui ont choisi d’étudier sur le campus.

En plus d’être soumis à un deuxième test salivaire, tous ont été mis en quarantaine pour dix-sept jours. L’université a même acheté un hôtel pour accommoder tout le monde. Ce qui explique le cout des mesures adoptées.

Au cours de la quarantaine, les cours se donnent en ligne (filmés en temps réel) et sont disponibles sur l’intranet de l’université.

Les repas sont servis aux chambres. Ils fournissent entre 2 700 et 3 000 calories par jour.

Le recteur lui-même dirige son institution de sa chambrette située dans une des résidences étudiantes du campus.

En respectant une distance sanitaire de deux mètres et en portant un masque, les étudiants peuvent sortir à l’extérieur deux fois par jour dans des zones désignées.

Il est à noter que les masques à valve ont été bannis. Leur valve ferme à l’inspiration, favorisant la filtration de l’air inhalé. Mais elle s’ouvre à l’expiration, ce qui n’empêche pas le porteur de disperser ses gouttelettes respiratoires et de contaminer les autres.

En raison d’une fête clandestine qui s’est déroulée le deuxième jour de la rentrée — imprudemment tenue à la résidence et sur l’étage où se trouvait le recteur — douze élèves ont été expulsés du campus. Toutefois, ils peuvent suivre les cours à partir de chez eux.

La première semaine du confinement, la présence de matériel génétique du virus a été mesurée dans les eaux usées (c’est-à-dire dans les égouts) de chacune des résidences afin d’y localiser toute éclosion possible.

Si tel avait été le cas, les étudiants de la résidence auraient été testés spécifiquement.

Entre le 7e et le 10e jour de la quarantaine, on a dû passer un troisième test salivaire. Chaque cas positif a fait l’objet d’une recherche de contacts.

Dans quelques jours, la quarantaine sera levée. À partir de ce moment, six pour cent des étudiants et des employés, choisis aléatoirement, seront testés à chaque jour.

Résultats préliminaires

L’évolution de la situation est publiée quotidiennement.

On y apprend que depuis la rentrée, le nombre de cas positifs s’est maintenu parmi les étudiants. Il n’y a plus aucun nouveau cas parmi les employés, dont les professeurs.

Du 22 aout au 7 septembre, le taux de positivité est passé de 0,4 % à 0,5 %, en dépit d’un pic de 22 nouveaux cas chez les étudiants observé le 27 aout (qui a brièvement fait passer le taux de contagion à 0,8 %).

Le nombre de tests effectués se maintient à environ 376 par jour.

Conclusion

Alors que se multiplient les cas de campus universitaires qu’on doit fermer aussitôt leur réouverture en raison d’éclosions majeures de Covid-19, l’université Colgate a échappé à ce phénomène.

Mais il s’agit là d’une situation artificielle; on ne va pas à l’université pour y étudier dans une chambrette.

C’est le retour à la normale, prévu dans quelques jours, qui permettra de tirer une conclusion définitive de l’expérience tentée par l’université Colgate.

C’est à suivre…

Références :
Colgate University
Colgate University students – and president – lock down for 2 weeks to start semester
Health Analytics Dashboard
Reportage télévisé (en anglais)

Parus depuis :
Le Québec tarde à prévenir les personnes infectées par le coronavirus (2020-09-30)
Raccourcir à 72 heures le temps entre le dépistage et l’isolement des contacts (2020-11-14)
Des tests automatisés bloqués par une exigence de dernière minute (2021-03-01)
Voici comment tirer profit des millions de tests rapides inutilisés au Québec (2021-04-21)
Dépistage chez les travailleurs essentiels — une méthode « sûre, acceptable et peu coûteuse », conclut l’étude (2021-06-15)
Ottawa a payé 924 millions pour des tests rapides sous-utilisés par les provinces (2021-07-08)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution en cinq mois

Publié le 1 septembre 2020 | Temps de lecture : 1 minute
Contagion actuelle par le Covid-19

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.


Tableau comparatif des pays les plus atteints, en nombre de morts par million d’habitants

Pays 1 avr. 1 mai 1 juin 1 juil. 1 aout 1 sept.
Pérou 2 33 149 299 588 880
Belgique 73 676 834 842 849 853
Québec 4 238 549 651 669 679
Espagne 194 532 581 607 608 623
Grande-Bretagne 35 414 593 647 680 611
Chili 1 14 66 301 498 591
Italie 206 467 554 575 581 587
Brésil 1 29 149 286 440 576
Suède 24 262 442 532 568 575
États-Unis 12 199 330 395 477 570
Mexique 0 37 81 215 362 499
France 53 367 432 457 464 470
Panama 7 44 80 149 335 463
Bolivie 1 5 27 96 255 430
Colombie 0 6 19 68 203 393
Équateur 6 52 210 259 325 372
Pays-Bas 68 285 347 357 359 363
Irlande 15 262 343 352 357 359
Arménie 1 11 46 153 253 297
Macédoine du Nord 6 41 70 147 237 290
Iran 37 75 98 130 202 257
Moldavie 1 31 76 136 195 250
Afrique du Sud 0 2 12 46 137 240
Suisse 54 205 224 227 229 232
Argentine 1 5 12 35 79 193
Roumanie 5 39 66 87 124 192
Bosnie-Herzégovine 1 21 47 57 100 189
Honduras 1 8 21 50 135 189
Portugal 18 98 140 155 170 179
Irak 1 2 5 51 119 176
Kirgistan 0 5 9 35 151 162
Rép. Dominicaine 5 28 46 69 106 160
Guatemala 0 1 6 43 109 155
Koweït 0 7 51 83 105 125
Russie 0 8 33 65 96 119
RoC* 3 51 94 106 113 117
             
Hong Kong 0,5 0,5 0,5 0,9 4,5 12,0
Japon 0,4 3,6 7,1 7,7 8,0 10,0
Corée du Sud 3,2 4,8 5,3 5,5 5,8 6,4
Chine 2,4 3,4 3,4 3,2 3,3 3,2
Vietnam 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,4
Taïwan 0,2 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.


Références :
Covid-19 : le nombre de cas en temps réel
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : une rentrée scolaire idéale en 2020

Publié le 19 août 2020 | Temps de lecture : 13 minutes

Introduction

L’école est essentielle au développement de l’enfant.

De plus, la réouverture des écoles est nécessaire au bon fonctionnement de l’économie; en libérant les parents, ceux-ci peuvent retourner au travail, permettant ainsi aux entreprises de reprendre leurs activités.

Mais tout déconfinement entraine une augmentation du nombre de contacts interpersonnels. D’où une hausse prévisible de la contagion au Covid-19.

Quel est le contexte optimal permettant la réouverture des écoles sans que cette hausse soit catastrophique ?

Le temps propice

Pour l’Organisation mondiale de la Santé, on peut rouvrir les écoles quand, depuis au moins deux semaines, le pourcentage de tests positifs au Covid-19 parmi la population est moins de 5 %.

Certaines autorités sanitaires sont plus exigeantes que l’OMS et estiment que le taux de positivité maximale doit plutôt être de 3 %. C’est le cas de la ville de New York.

Le Québec a choisi la norme plus libérale de l’OMS, ce qui est acceptable. Chez nous, le taux de tests positifs est effectivement en deçà de 5 % depuis la dernière semaine de juin.

Même récemment, les fêtards qui n’ont pas respecté les mesures sanitaires dans des bars et des fêtes privées n’ont pas réussi à faire hausser le taux de positivité au-delà de la limite fixée par l’OMS.

Autre indice d’amélioration : depuis mai, chaque personne atteinte contamine en moyenne moins d’une personne saine. C’est ce qui explique la réduction générale des cas, des hospitalisations et des décès qu’on observe depuis ce temps, sauf lors d’une faible résurgence des cas en juillet.


 
Dans le graphique ci-dessus, on a représenté en grisé la période de confinement, décrétée le 13 mars (pour tout, sauf les services essentiels) et sa levée presque complètement le 25 juin.

En raison du respect généralisé du confinement par la population québécoise, on a assisté à une diminution importante de la contamination par le Covid-19 et la presque disparition de ses conséquences meurtrières.

Si bien qu’aujourd’hui, la réouverture des écoles au Québec se fait dans un contexte où sont respectés les critères des autorités sanitaires.

La rentrée, une occasion unique

L’Australie, la Chine, la Nouvelle-Zélande et le Vietnam ont réussi (temporairement) à éradiquer le Covid-19 de leur territoire.

Mais l’actualité récente prouve que le moindre relâchement peut entrainer le retour de la pandémie.

Au Québec, la pandémie est contrôlée sans avoir complètement disparu.

À l’aide d’une politique ambitieuse de tests et de recherche de contacts, la rentrée scolaire pourrait être une occasion d’éradiquer (ou presque) le Covid-19 du territoire québécois.

Des moyens ambitieux

Le port généralisé du masque

La semaine dernière, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) publiait ses recommandations sanitaires au sujet du Covid-19 en milieu scolaire.

Sauf de rares exceptions, le CDC recommande le port généralisé du masque, de la maternelle à la fin de l’école secondaire.

Au Québec, tous les écoliers devront porter le masque, mais seulement à partir de la cinquième année du primaire.

Même si les mineurs atteignent leur puberté à des âges légèrement différents, la cinquième année du primaire permet, en gros, de distinguer les enfants prépubères des adolescents.

Au sujet du masque, la distinction que fait le Québec entre ces deux groupes d’âge est basée sur des ‘preuves’ épidémiologiques qui suggèrent que les enfants prépubères jouiraient d’une ‘résistance naturelle’ à la pandémie.

Ceux-ci sont sous-représentés dans la population atteinte. D’où l’idée qu’ils jouiraient d’une telle résistance.

En réalité, les seules preuves dont nous disposons indiquent que les décès causés par le Covid-19 sont extrêmement rares chez les enfants prépubères et que leur contagiosité — c’est-à-dire leur aptitude à transmettre aux autres leurs virus — est environ la moitié de l’aptitude des adultes atteints.

Dans tous les pays qui ne testent que les personnes symptomatiques, les enfants testés seront ceux admis en hôpital pédiatrique. Ceux qui ne paraitront pas suffisamment malades aux yeux des parents pour justifier leur admission passeront sous le radar des autorités sanitaires.

Depuis des mois, les jeunes enfants ont beaucoup moins d’occasions d’attraper le Covid-19 que les adultes parce que les écoles sont fermées et que leurs contacts sont limités aux autres membres de leur famille et aux petits voisins.

Voilà pourquoi les données épidémiologiques sous-estiment très certainement l’aptitude des enfants prépubères à contracter le Covid-19.

En raison de la fermeture prématurée des écoles le printemps dernier, certains États américains procèdent déjà à la réouverture de leurs écoles afin de reprendre le temps perdu.

Or beaucoup d’entre elles doivent aussitôt fermer leurs portes en raison d’une explosion de la contagion parmi leurs élèves.

C’est le cas en Géorgie, un état américain qui a eu jusqu’ici 420 morts par million d’habitants (comparativement à 669 au Québec) et où on a procédé cumulativement à 233 686 tests par million de personnes (comparativement à 100 074 au Québec).

Au Québec, l’obligation de porter le masque qu’à partir de la cinquième année est une erreur qui minera la confiance du public envers la réouverture des écoles.

L’immense majorité des parents souhaitent envoyer leurs enfants à l’école parce qu’on leur assure que cela est sécuritaire. L’opinion publique fera volteface si on voit se répéter au Québec ce qui se produit actuellement aux États-Unis.

Tester, tester et tester

Dans la région de Montréal, épicentre de la pandémie au Québec, la réouverture des écoles nécessite un certain nombre de précautions.

Elles sont peut-être également nécessaires ailleurs, mais permettez-moi de me limiter ici à la région métropolitaine, soit la moitié du Québec.

En plus de la généralisation du port du masque, à chacune des deux premières semaines qui suivront la réouverture des écoles, il serait approprié de tester tous les élèves, tous les professeurs et tout le personnel de soutien. Et obtenir les résultats dès le lendemain du test. Dès la troisième semaine, on espacera le dépistage.

Pour l’année scolaire 2018-9, aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire, les écoles publiques du Québec accueillaient 1 216 791 élèves, 107 744 enseignants et un nombre indéterminé de travailleurs.

Pour la région montréalaise, cela fait, en gros, 725 000 personnes, soit 150 000 tests à effectuer par jour, du lundi au vendredi.

Aussi ambitieux que cela paraisse, cela est conforme aux recommandations émises en avril dernier par le réputé Harvard Global Health Institute.

Ses experts recommandaient qu’en juillet, les États-Unis en soient rendus à effectuer vingt-millions de tests par jour.

De son côté, The Rockefeller Foundation suggérait aux autorités sanitaires américaines une cible plus facile à atteindre dès novembre 2020, soit six-millions de tests par jour (trente-millions de tests par semaine).

Toutes proportions gardées, pour le Québec, cela correspond à effectuer quotidiennement entre 155 000 et 517 000 tests, selon qu’on suit les recommandations de la Rockefeller Foundation ou d’Harvard.

Ces tests servent à la lutte générale contre la pandémie. Du nombre, il faudrait en réserver la moitié afin d’assurer une rentrée scolaire en douceur.

Ce qui représente en gros 150 000 tests quotidiens à Montréal (300 000 tests pour l’ensemble du Québec).

Moins tester, cela ne change rien à la propagation. Cela fait seulement qu’on se réveille quand le tison est déjà devenu un incendie.

Éteindre les foyers d’éclosion

Grâce à ce dépistage réellement massif, on est en mesure de déceler une bonne partie des foyers d’éclosion puisque les enfants serviront à nous les révéler.

C’est alors qu’il faudra tester les membres de toutes les familles dont un enfant aura été déclaré positif et effectuer une recherche de contacts.

C’est par ce moyen qu’on pourra éteindre une bonne partie des foyers d’éclosion et peut-être réussir à éradiquer le virus du Québec.

Des généraux sans armée

La Santé publique fait reposer la responsabilité d’une rentrée scolaire ‘sanitairement’ réussie sur les épaules des établissements et sur la population, appelée à adopter des comportements responsables.

Effectivement, ceux-ci ont un rôle important à jouer. Mais on ne doit pas oublier celui des autorités sanitaires.

Depuis des semaines, la Santé publique dit craindre la venue d’une ‘deuxième vague’, justement à l’occasion de la rentrée scolaire.

À cette fin, elle a édicté toute une série de règles auxquelles les établissements scolaires devront se soumettre.

Or dans une guerre, le renseignement est la première étape de la stratégie. Et dans une guerre sanitaire, le renseignement c’est le dépistage.

Les pays gagnants sont ceux qui ont dépisté et confiné.

Ici, on a confiné. Mais pour le dépistage…

La Santé publique stagne avec moins de vingt-mille tests quotidiens; la semaine dernière, on en était à 18 596 tests par jour.

Les autorités sanitaires auraient aujourd’hui le personnel et tout l’équipement qui leur faut si, au lieu de lutter stupidement contre le port du masque, elles s’étaient employées à se doter d’une capacité importante à trouver les personnes atteintes et à étouffer leur contagion.

Finalement, dans cette guerre au virus, la Santé publique est comme un quartier de généraux qui discutent stratégie et qui donnent des ordres (sous forme de normes sanitaires) alors que presque aucun soldat n’est au front et qu’on compte sur la population pour repousser l’ennemi.

On peut donc s’attendre à une rentrée scolaire pleine de rebondissements.

Le concept de la ‘bulle’ scolaire

Pour terminer, permettez-moi d’aborder le concept de la ‘bulle’ scolaire.

En raison de la pénurie d’espace dans les écoles du Québec, on ne peut pas y respecter une distance sanitaire de deux mètres à moins de construire, d’ici quelques jours, des centaines de nouvelles écoles où les écoliers seront bien distants les uns des autres.

Ce problème a été résolu facilement; en milieu scolaire, on a réduit la distance sanitaire à un mètre. À l’exclusion des amphithéâtres, rares sont les classes où les sièges étaient, avant la pandémie, à moins d’un mètre de distance.

Réduire la distance sanitaire à un mètre, c’est abolir de facto la distance sanitaire.

En plus, dès qu’ils seront assis, les élèves qui portaient un masque pourront l’enlever.

En somme, au lieu d’être une occasion d’éradiquer (ou presque) la pandémie, la rentrée scolaire sera l’occasion de baisser la garde.

L’expérience des autres pays nous enseigne que cela une mauvaise idée.

Du point de vue pédagogique, il existe d’excellentes raisons de préconiser l’enseignement à visage découvert. Mais du point de vue sanitaire, si on veut se priver de l’efficacité préventive du masque, il est essentiel de compenser par autre chose.

Cela aurait pu être compensée par un dépistage de grande envergure. Ce à quoi la Santé publique, malheureusement, ne s’est pas préparée.

Pour justifier ses politiques accommodantes, le ministère a élaboré le concept de la ‘bulle’ scolaire. On fait ainsi allusion à la serre botanique qui protège les plantes qui y vivent.

À la rentrée, chaque classe se transformera donc en ‘bulle’, limitée à environ 25 élèves.

Ceux-ci étudieront et mangeront dans un seul et même local. Ce qui limitera toute contagion à ces 25 élèves, nous assure-t-on.

Ce beau concept est vicié à la base puisque les élèves mangeront et étudieront dans leur classe… sans y dormir.

S’ils y étaient pensionnaires, la classe serait une bulle fermée.

En réalité, la bulle comprend 25 élèves et, implicitement, 50 parents, un nombre indéterminé de frères et de sœurs, de même que toutes les personnes rencontrées par les parents au travail ou en faisant leurs emplettes.

Directement ou indirectement, c’est à tous ces gens que chaque élève sera exposé. En retour, c’est tous ces gens qu’il pourrait contaminer s’il était porteur asymptomatique.

Ce qui s’en vient est tellement prévisible…

Références :
Appel à un assouplissement des mesures de distanciation pour les plus jeunes
Données COVID-19 au Québec
Étude de séroprévalence des donneurs de sang
Grippe espagnole
Guidance for K-12 School Administrators on the Use of Cloth Face Coverings in Schools
Il y a trois mois, Québec commençait la bataille contre la COVID-19
Information for Pediatric Healthcare Providers
La contagion dans les bars fait grimper le taux de tests positifs à Montréal
Le Covid-19 chez les enfants prépubères
L’épidémie «contrôlée» au Québec
Le Québec déconfiné en attendant la deuxième vague
Le Québec enregistre 87 nouveaux cas de COVID-19
Les écoles ne peuvent imposer le port du masque en classe
National Covid-19 Testing Action Plan
Neuf élèves d’une même classe infectés au coronavirus
Pandémie de Covid-19 au Québec
Pediatric SARS-CoV-2: Clinical Presentation, Infectivity, and Immune Responses
Rapport annuel Ministère de l’éducation du Québec
Roadmap to Pandemic Resilience
US Historical Data
1,193 Quarantined for Covid. Is This a Successful School Reopening?

Parus depuis :
Hors de la classe, les bulles éclatent (2020-09-02)
Témoignage : Pour un dépistage vraiment efficace (2020-09-10)
Résultats de tests de dépistage: attente exaspérante à Québec (2020-09-15)
Christian Dubé « vraiment pas satisfait » des délais dans le dépistage au Québec (2020-09-17)
COVID-19 | «La deuxième vague au Québec, c’est l’école qui l’a déclenchée» -Dr Karl Weiss (2020-09-30)
Le Québec tarde à prévenir les personnes infectées par le coronavirus (2020-09-30)
Combien coûte votre test de COVID-19? (2020-10-29)
Une ventilation « maison » pour les écoles (2020-11-19)
«On joue avec le feu en ouvrant les écoles» (2021-01-12)
Québec obligera le port du masque médical au primaire dans les zones rouges (2021-02-25)
Pupils’ families in England to be tested for Covid twice a week (2021-02-28)
Des tests automatisés bloqués par une exigence de dernière minute (2021-03-01)
Taire les cas de COVID pour attirer des enseignants suppléants (2021-04-09)
Dépistage chez les travailleurs essentiels — une méthode « sûre, acceptable et peu coûteuse », conclut l’étude (2021-06-15)
WHO recommends Covid tests in schools (2021-07-02)
Ottawa a payé 924 millions pour des tests rapides sous-utilisés par les provinces (2021-07-08)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : le modèle néozélandais

Publié le 12 août 2020 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Peuplée de cinq-millions d’habitants, la Nouvelle-Zélande est un pays insulaire situé à l’est de l’Australie.

Jusqu’à tout récemment, parmi les 1 569 personnes qui avaient été atteintes par le Covid-19 dans ce pays, vingt-deux en étaient mortes. Cela correspond à un taux de mortalité de quatre personnes par million d’habitants, soit 167 fois moins qu’au Québec.

Quelle est la recette de ce succès ?

La réactivité

Dès la fin janvier 2020, les autorités sanitaires de Nouvelle-Zélande sont alertées par les premiers rapports, publiés en Chine, selon lesquels une nouvelle épidémie à coronavirus y était née.

Alors que le tourisme représente une part appréciable du PIB du pays, la Nouvelle-Zélande ferme ses frontières aux touristes en provenance de certains pays le 2 février.

En dépit de cette décision, le premier cas apparait le 26 février. Mais il faudra attendre deux semaines de plus pour que la pandémie prenne son envol.

Or le pays est mal préparé pour y faire face.

De 2002 à 2019, le nombre de lits par mille habitants a diminué de 6,2 à 2,6. Fragilisé par cette cure d’amaigrissement, le système hospitalier du pays n’est pas prêt à faire face à une demande soudaine de soins.

De plus, au début de la pandémie, les autorités sanitaires n’ont pas encore les ressources humaines et matérielles pour effectuer un grand nombre de tests de dépistage et procéder à une recherche intensive de contacts.

Du 15 au 26 mars, le nombre de nouveaux cas explose, passant de 1 à 85 par jour.

Aux alentours du 23 mars, les dirigeants du pays décident :
• de fermer complètement les frontières,
• de verrouiller sévèrement l’économie,
• de limiter le transport en commun aux travailleurs essentiels,
• de fermer les écoles, et
• de confiner de la population à domicile.

Trois semaines plus tard (le 14 avril), le nombre de nouveaux cas a chuté de 94 %, passant de 85 à 5 par jour.

Le 15 mai, le confinement est levé. Seul le bannissement des rassemblements publics se poursuivra trois semaines de plus.

Le dernier cas authentiquement néozélandais est décelé le 22 mai. Du 22 mai au 15 juin, plus aucun nouveau cas. Le 8 juin, la pandémie est déclarée officiellement terminée.

Depuis, l’économie du pays est libre de toute contrainte, sauf l’industrie touristique.

En effet, tous les voyageurs internationaux sont placés en quatorzaine sous surveillance étatique. Ce qui fait que les quelques cas décelés parmi eux entre le 16 et le 30 juin n’ont pas contaminé la population du pays.

La recette de la Nouvelle-Zélande ne vient pas de mesures exceptionnelles autres qu’un confinement aussi précoce que draconien (presque aussi sévère qu’en Chine).

En raison de l’efficacité général de ce confinement, le pays n’a pas fait d’efforts exceptionnels pour déceler les foyers d’éclosion; cumulativement, la Nouvelle-Zélande a effectué aussi peu de tests de dépistage que le Québec (99 280 vs 100 074 par million d’habitants).

Mais contrairement au Québec, le pays a considérablement augmenté sa capacité d’effectuer des tests de dépistage de manière à être en mesure de faire face à toute résurgence de l’épidémie.

Le retour du virus

Or justement, cinq ou six nouveaux cas (dont quatre au sein d’une même famille) sont apparus cette semaine à Auckland, la plus grande ville du pays.

Depuis ce midi, le confinement a été imposé pour trois jours aux citoyens de cette ville et de ses environs. Ce qui affectera environ la moitié des habitants du pays.

Moins strict que le précédent, ce confinement-ci consistera à la fermeture des écoles, des garderies, et de la plupart des établissements commerciaux (sauf les épiceries).

Durant ces trois jours, les autorités sanitaires profiteront de la capacité de dépistage dont elles se sont dotées pour effectuer des dizaines de milliers de tests et identifier précisément les foyers d’éclosion (qu’on placera en quatorzaine).

Dès cette tâche accomplie, la ville sera déconfinée, espère-t-on.

C’est à suivre…

Références :
New Zealand records first new local Covid-19 cases in 102 days
Successful Elimination of Covid-19 Transmission in New Zealand
Tourisme: 18% du PIB en Nouvelle-Zélande… Mais!

Parus depuis :
New Zealand sends 500 military staff to bolster quarantine facilities (2020-08-19)
Contrôle de l’épidémie de Covid-19 : les leçons de la Nouvelle-Zélande (2020-10-28)
Le modèle néo-zélandais à adopter ? (2021-01-20)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : dépistage par pays au 2 aout 2020

Publié le 3 août 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

Donald Trump a-t-il raison de dire que son pays est celui qui effectue le plus grand nombre de tests de dépistage du Covid-19 ? Comment se compare la campagne ‘massive’ de dépistage du Québec avec celles d’autres pays ?

Voici la liste des pays qui ont effectué le plus grand nombre cumulatif de tests du Covid-19, en excluant les pays de moins d’un demi-million d’habitants.

Il est à noter qu’il s’agit ici du nombre de tests effectués et non du nombre de personnes testées; par exemple, dans tous les pays, les travailleurs de la Santé sont testés à de multiples reprises.

On remarquera qu’à l’exception de l’Arabie Saoudite, les pétromonarchies (Émirats arabes unis, Bahreïn, Qatar et Koweït) testent davantage que le Québec parce qu’elles sont riches et surtout parce qu’elles sont aux prises simultanément avec deux bêta-coronavirus; le Covid-19 et virus du Syndrome respiratoire du Moyen-Orient.


Effort de dépistage du Covid-19 en nombre cumulatif de tests et en nombre de tests par million d’habitants

Pays N. de tests /million d’habitants
Émirats arabes unis 5 162 080 521 382
Bahrein 842 992 494 128
Islande 138 984 407 051
Danemark 1 532 427 264 483
Grande-Bretagne 16 499 272 242 929
Singapour 1 321 094 225 657
Russie 28 793 260 197 295
Israël 1 781 067 193 743
Lithuanie 526 339 193 611
États-Unis 59 935 508 180 977
Qatar 500 536 178 266
Chypre 208 031 172 191
Australie 4 359 636 170 794
Ile Maurice 205 285 161 392
Portugal 1 622 951 159 208
Belgique 1 694 349 146 138
Espagne 6 678 414 142 834
Biélorussie 1 319 976 139 694
Irlande 636 085 128 694
Koweït 509 561 119 169
Italie 6 916 765 114 415
RoC* 3 292 829 113 000
Kazakhstan 2 079 540 110 636
Lettonie 201 310 106 843
Australie 905 314 106 467
Québec 850 630 100 074

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.

Parmi les 850 630 tests effectués au Québec, 796 593 se sont avérés négatifs et 54 037 se sont avérés positifs.

Pour terminer, il faut se rappeler que le nombre de tests n’est qu’une partie l’effort de dépistage. Cet effort doit comprendre également l’embauche suffisante du personnel qui est nécessaire aux analyses de laboratoire.

Lorsque les laboratoires d’analyse deviennent le goulot d’étranglement du dépistage, la recherche de contacts se transforme alors en cauchemar pour ceux à qui on a confié cette responsabilité.

Idéalement, il faut associer une capacité adéquate de prélèvements et à une vitesse d’analyse super-rapide.

Voilà pourquoi la majorité des soixante-millions de tests aux États-Unis ont été effectués inutilement puisque leur analyse a pris tellement de temps que personne ne sait si leurs résultats sont encore pertinents lorsqu’ils sont communiqués à la personne concernée.

Références :
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Québec

Parus depuis :
Dépistage chez les travailleurs essentiels — Une méthode « sûre, acceptable et peu coûteuse », conclut l’étude (2021-06-15)
Ottawa a payé 924 millions pour des tests rapides sous-utilisés par les provinces (2021-07-08)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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