Le coq de La Havane

Publié le 19 décembre 2013 | Temps de lecture : 6 minutes
Jeunes Grecs faisant battre des coqs (modifié, d’après Jean-Léon Gérôme)

L’histoire se déroule au cours de mon premier voyage dans la capitale cubaine.

J’avais réservé une chambre dans la demeure d’un particulier qui habitait la Vieille ville. Cette chambre s’ouvrait sur la rue par une petite porte à deux volets.

Un climatiseur avait pour fonction de non seulement rafraîchir la pièce, mais également d’atténuer les bruits extérieurs.

Mais puisque je déteste l’air climatisé, coucher dans cette chambre, c’était comme coucher sur le trottoir. Les voitures klaxonnaient à côté de mon lit, ou presque. Le matin, s’entendais les écoliers se chamailler, la criée des vendeurs ambulants de pain, de fruits et d’autres aliments frais, quand ce n’était pas la clochette des aiguiseurs de couteaux.

Et puis, dans la Vieille ville, les sonnettes aux portes ont cessé de fonctionner depuis longtemps. Alors on crie. « Maria… Mariaaaaa… MARIA! » jusqu’à ce que cette maudite Maria finisse par répondre ou jusqu’à ce que celle qui l’appelle finisse par comprendre que Maria est absente, peut-être parce que justement, deux coins de rue plus loin, elle est en train de crier « Dolorès » alors que celle-ci l’appelle chez elle.

Donc dès le premier matin, j’avais demandé à mes hôtes : « Vous avez aussi une deuxième chambre qui donne à l’arrière. Est-ce qu’elle sera libre bientôt ? » « Oui, cet après-midi… » m’avait-on répondu « …mais il y a un coq. »

Effectivement, cette chambre donnait sur une cour extérieure assez sombre, qu’on entrevoyait en ouvrant une porte encore plus petite à deux volets. Or un voisin, apparemment, y élevait un coq. Ce coq ne devait pas chanter très fort parce que je ne l’entendais pas du tout de la chambre qui donnait sur la rue.

Entre une chambre dans laquelle on est réveillé par le crissement des pneus de chaque voiture qui passe, et une autre où on entend le coq chanter une fois, au lever du jour, la deuxième option me semblait préférable. Afin de ne pas rater l’occasion, le jour même, je déménageais dans l’autre chambre.

Entretemps, j’avais découvert qu’un festival de ballet se tenait dans la ville. Je ne suis pas très friand du ballet mais comme La Havane est le deuxième meilleur endroit au monde — après le Bolshoï — j’avais décidé d’acheter des billets pour cinq galas.

Ces spectacles débutaient à 20h et se terminaient vers 23h30. Je rentrais donc à minuit et je m’endormais un peu plus tard.

Dès le premier matin, vers 5h30, je découvris qu’un coq, ça ne chante pas qu’une seule fois; ça entonne son cocorico aux vingt secondes pendant des heures. Donc impossible de se rendormir.

Après quelques nuits de cinq ou six heures de sommeil, j’avais les yeux cernés.

Au petit déjeuner j’ai donc demandé à mes hôtes : « Écoutez, j’aurais un service à vous demander. Pour marcher toute la journée dans votre ville, j’ai besoin d’être en forme. Or le coq du voisin m’embête au plus haut point. Au Québec, un gros poulet coûte 12$. J’aimerais que vous alliez rencontrer ce voisin pour lui offrir 15$ pour son coq. Pas un sou de plus. Et s’il est d’accord, j’aimerais que vous m’en fassiez une soupe, et que vous la fassiez cuire trrrrrrès len-te-ment. »

Et puis je suis parti explorer la ville. À mon retour, vers 16h30, j’ai demandé : « Eh puis ? »

« Oh, la la. Cela a très mal tourné. Le voisin a été insulté par votre offre. Il vous a traité de sale capitaliste. Il a dit : ‘Ce n’est pas un étranger qui va commencer à me mener dans mon propre pays’. Bref, un véritable scandale. Tous les gens autour en ont été témoins. »

Aussitôt j’ai pensé : « En d’autres mots, ce qu’il dit c’est ‘Je suis pauvre mais on ne m’achète pas’. Parfait, je respecte ça. »

«Mais, » ajoutèrent mes hôtes, « on l’a vu sortir en fin d’après-midi avec une grosse boite sous le bras. Donc il est possible que demain matin, vous n’entendiez plus ce coq. »

Effectivement, la nuit suivante — et toutes les autres — je dormis comme un bébé.

Je croyais toute cette histoire terminée lorsque, quelques jours plus tard, j’appris un nouveau développement.

Dans cette partie du quartier, il n’y avait pas un coq, mais deux. L’autre — audible au loin lorsque j’occupais la chambre qui donnait sur la rue — ne m’avait jamais empêché de dormir; je l’entendais faiblement une fois réveillé.

Lorsque les gens qui demeuraient à proximité de l’autre coq eurent vent du scandale provoqué par mon intervention réussie, ils se dirent : « Nous aussi, nous aimerions dormir le matin. Nous aussi, nous aimerions arriver au travail en pleine forme plutôt que de chercher toute la journée une petite occasion de faire la sieste en cachette. Nous ne sommes pas à la campagne. Etc, etc. »

Forts de l’exemple de ce Canadien — qu’ils ne connaissaient que de réputation — ils réussirent à se débarrasser de cet autre coq et enfin dormir en paix.

On imagine bien que l’élimination de l’élevage urbain de coqs complique l’organisation de combats. Mais le développement de gites touristiques chez des particuliers provoque la reconsidération d’habitudes anciennes, au déplaisir des uns et au plus grand bonheur des autres.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Elián González et la fin de l’embargo américain

Publié le 11 décembre 2013 | Temps de lecture : 4 minutes

En 1999, Elián González a six ans. Il vit à Cárdenas, un port cubain de 87 000 habitants située 120km à l’est de La Havane.

Sa mère Elizabeth Brotons, séparée de son époux Juan-Miguel Gonzalez, habite maintenant avec son fils unique et un nouveau conjoint. Mais les temps sont difficiles. Après de longues discussions, on décide de partir clandestinement vers les États-Unis.

Dans la nuit du 21 novembre 1999, la famille embarque à bord d’un bateau de 6 mètres de long. L’embarcation est en aluminium et le moteur est en mauvais état. Il fait 20 degrés Celsius.

Au cours de la traversée, une tempête se déclare. Soumis à des vagues de trois à quatre mètres, l’embarcation chavire. Onze des quatorze passagers se noient, dont la mère et son conjoint. L’enfant — le seul à bord — et deux autres passagers survivent.

Après une dérive de plusieurs heures, les passagers échouent en Floride où ils sont recueillis par les services d’immigration.

Ce matin-là, le père de l’enfant apprend la fuite de son ex. Ignorant le décès de cette dernière, il téléphone à un parent qui habite en Floride pour lui demander de surveiller l’arrivée de son épouse et de son fils. Dès que la nouvelle se repend, Lázaro González intervient auprès des autorités américaines afin de recueillir l’enfant.

Mais au lieu de faire en sorte que l’orphelin soit retourné à son père, ce grand-oncle se prend d’affection pour l’enfant, estime qu’il peut lui offrir un meilleur avenir, et décide de l’adopter.

Trahi, le père crie au kidnapping. S’engage alors une guérilla diplomatique, judiciaire, et médiatique à l’issue de laquelle, le 21 mars 2000, les tribunaux américains tranchent en faveur du père.

Mais le 29 mars, le maire de Miami-Dade et 21 personnalités politiques déclarent publiquement qu’ils refuseront de coopérer au rapatriement de l’enfant vers Cuba. Des citoyens se relaient jour et nuit afin de protéger l’enfant d’une saisie destinée à faire respecter le jugement. La fille du grand-oncle laisse même entendre que les opposants sont armés.

À l’aube du 22 avril 2000, les forces policières donnent l’assaut et libèrent l’enfant, remis à son père quatre jours plus tard.

Aujourd’hui, le grand-oncle, le cœur brisé, a conservé intacte la chambre qu’occupait l’enfant chez lui, transformée depuis en mémorial. La porte de la chambre, endommagée lors de l’opération policière, n’a pas été réparée afin de rappeler l’événement.

Elián González a maintenant 20 ans. Délégué au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants — qui se tient présentent en Équateur — il est revenu dans l’actualité en déclarant hier à un journaliste de la chaine de nouvelles CNN : « Comme ma mère, beaucoup de personnes sont mortes en essayant d’atteindre les États-Unis. Mais cela est la faute du gouvernement américain. Son embargo injuste provoque une situation économique insoutenable à Cuba. »

Plus tôt cette semaine, la poignée de mains échangée entre le président américain et son homologue cubain a suscité de nombreuses réactions aux États-Unis. Mais l’incident n’est pas sans précédent : en 2000, l’année où Elián González est retourné dans son pays, le président Clinton et Fidel Castro avaient fait de même à un sommet de l’ONU.

Mais treize ans plus tard, il est peut-être temps pour les États-Unis de réaliser que cet embargo est un échec.

Il a de profondes conséquences économiques pour l’ile cubaine. Mais ces conséquences ne sont pas le but de l’opération. Il y a un demi-siècle, le but était un changement de régime. Prévisibles, les conséquences économiques n’étaient qu’un moyen d’y parvenir. Et rien n’indique que ce moyen est prêt d’aboutir.

Les États-Unis et la Chine sont maintenant des partenaires commerciaux. Il est peut être temps que Cuba et les États-Unis fasse de même.

Références :
Castro and Clinton Shake Hands at U.N. Summit
Elián González affair
Elian Gonzalez slams U.S. embargo against Cuba
Obama: les États-Unis doivent revoir leur politique vis-à-vis de Cuba
The Elian Gonzalez custody crisis
Paru depuis : L’«Université flottante» de retour à Cuba après 9 ans

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La vie de chien chinois

Publié le 8 décembre 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

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La loi chinoise limite à un seul, le nombre de chiens qu’une famille peut posséder. Le permis annuel coute 180$ la première année et 80$ les années suivantes. L’animal doit avoir été vacciné.

Dans certains quartiers de Shanghai, le propriétaire postulant le permis doit avoir l’assentiment de cinq personnes de son voisinage. En dépit de cela, si quelqu’un d’autre s’oppose, aucun permis ne sera délivré.

Mais l’interdiction d’en posséder plus d’un n’est pas absolue. Moyennant le paiement d’une amende — en fait, un permis d’exception — une famille pourra en posséder davantage. Le prix de ce permis d’exception est de 800$ — vingt fois le salaire mensuel moyen en Chine — pour un deuxième chien de taille moyenne (épagneul) ou de grande taille (dalmatien).

Ne sont autorisés que les chiens dont la distance au garrot — soit la hauteur de la jonction entre le dos et le cou de l’animal lorsqu’il est debout sur ses pattes — ne dépasse pas 35,5 cm.

De plus, les chiens féroces sont interdits. Cela comprend les redoutables pitbulls, mais aussi les chow-chows, pourtant originaires de Chine.

Dans un pays soucieux de faire en sorte que sa population — 1,3 milliard de personnes — ait de quoi manger, cette politique vise à limiter les bouches à nourrir.

Sont exclus de cette limite, les chiens destinés à la consommation humaine : il s’agit d’une pratique séculaire qui n’est courante que dans certaines régions du pays, dont la province chinoise de Guangxi, située au nord-est du Vietnam.

Durant la Fête du solstice d’été, en juin dernier, dans la préfecture de Yulin — située dans cette province et peuplée de près de sept millions d’habitants — on a consommé 10 000 chiens, généralement servis en ragoût.

Lors de ma visite d’un marché public de Yangshuo (une autre ville du Guangxi), les chiens qu’on était en train de dépecer — et tous ceux qui étaient dans des cages, prêts à être abattus — appartenaient à la même race de chien que celui sur la photo ci-dessus.

Références :
Morillot J. Chine : Les chow-chows interdits. La Revue 2013; 35: 33.
Why China has a ‘one dog policy’

Détails techniques : Appareil Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/60 sec. — F/5,6 — ISO 125 — 45 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’amnésie de l’internet

Publié le 5 décembre 2013 | Temps de lecture : 1 minute

Je lis aujourd’hui une entrevue que le Dr Étienne-Émile Baulieu accordait à La Revue (numéro de septembre 2013).

Entre autres, l’inventeur de la pilule du lendemain RU486 y raconte qu’à la conférence de l’Association pédiatrique américaine qui se tenait le 30 avril 1991 à la Nouvelle-Orléans, il était visé par un attentat terroriste.

L’avion qui le transportait de Washington ayant pris du retard, les organisateurs de la conférence ont décidé qu’un autre orateur prendrait la parole à sa place à 12h30. C’est lui qui fut blessé lorsque la bombe explosa.

Étrangement, il n’existe aucune trace de cet attentat sur l’internet. On trouve des articles rapportant qu’une cinquante de personnes ont protesté contre la venue du Dr Baulieu. Mais pas un mot de la bombe. Comme si les terroristes de droite bénéficiaient d’une amnésie bienveillante aux États-Unis.

Références :
Morillot J. Étienne-Émile Baulieu — À rebours des normes. La Revue 2013; 35: 11-5.
Terrorist attacks and related incidents in the United States
Texas abortion showdown continues

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les noms communs

Publié le 4 décembre 2013 | Temps de lecture : 1 minute

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Selon les pays, voici les noms de famille les plus courants en Europe.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Non au terrorisme utopiste

Publié le 2 décembre 2013 | Temps de lecture : 4 minutes

La semaine dernière, quatre restaurants ont été victimes d’actes de vandalisme dans le quartier montréalais d’Hochelaga-Maisonneuve; des vitrines ont alors été fracassées et de la peinture a été lancée sur la devanture de ces établissements.

Une des briques ayant servi à commettre ce méfait était accompagnée d’un message dénonçant l’embourgeoisement du quartier. Accusant les commerçants d’être des « collaborateurs de la gentrification », la courte missive se faisait menaçante en précisant que ceux-ci n’étaient « pas en sécurité dans le quartier ».

Rappel historique

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À l’époque de la construction du Château Dufresne (de 1915 à 1918), cette partie de l’île de Montréal constituait une municipalité indépendante connue sous le nom d’Hochelaga (de 1875 à 1883), puis de Maisonneuve (de 1883 à 1918).

Ce château, de même que le Marché Maisonneuve, le bain Morgan (dont la façade est inspirée de la Central Station de New York), la caserne Letourneux (inspirée du style de Frank Lloyd Wright), et l’Hôtel de Ville néoclassique (devenu bibliothèque de quartier depuis), visaient à faire de Maisonneuve une cité bourgeoise modèle.

Après la construction ruineuse de ces édifices emblématiques et après l’abolition complète de taxe offerte aux industries qui voudraient bien s’installer chez elle, la municipalité de Maisonneuve se retrouva au bord de la faillite et se résigna à l’annexion à Montréal en 1918.

Au cours des décennies suivantes, la fermeture de pôles industriels importants (la Vickers et les usines Angus) et le dépeuplement le long de la rue Notre-Dame ont appauvri le tissu social du quartier. La présence de piqueries, et de prostituées ont achevé ce qui pouvait rester de respectabilité au quartier qui, originellement, se voulait huppé.

Retour au présent

Lorsque les ‘riches’ s’achètent un condo, ils abandonnent leurs logements antérieurs qui devient alors disponibles à d’autres. Ces derniers libèrent les leurs. Et dans ce jeu de chaises musicales, en fin de compte, des logements deviennent disponibles pour des gens à faible revenu. Voilà comment Montréal se développe et vit depuis des décennies.

De nos jours, Hochelaga-Maisonneuve est précisément le résultat de ce jeu de chaises musicales; par exemple, les logements cossus construits autrefois pour héberger les ingénieurs anglais de la Vickers et les employés syndiqués du constructeur naval sont aujourd’hui habités par des gens moins fortunés qu’eux.

Par le moyen du terrorisme, vouloir préserver intacte la misère du quartier en réclamant futilement la construction de HLM (ce qui n’arrivera pas de si tôt), c’est condamner Hochelaga-Maisonneuve à devenir un ghetto de pauvres et ultimement, un petit Chicago.

Le terrorisme utopiste des malfaiteurs qui se sont attaqués à des commerçants du quartier est une menace au développement économique et pénalise tous les citoyens du quartier, qu’ils soient riches ou pauvres.

Les commerçants qui font réparer les dommages causés par des malfaiteurs refilent la facture à leurs assureurs : ces derniers s’empresseront d’augmenter leurs primes.

Cette augmentation affectera non seulement les commerces déjà vandalisés, mais tous ceux que l’assureur estimera soumis à ce risque. Et les frais supplémentaires que devront débourser les commerçants pour pouvoir s’assurer, sont refilés à leurs clients, c’est-à-dire à nous tous.

Bref, en fin de compte, ce sont nous, les consommateurs, qui payons pour les folies des casseurs utopistes.

Paru depuis :
Hochelaga-Maisonneuve: un attentat anti-embourgeoisement avorté, croit le SPVM (2016-04-26)

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8 — 1/400 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’immigration en France et l’égalité homme-femme

Publié le 29 novembre 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

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Le Conseil d’État français est l’échelon suprême de la juridiction administrative. Il juge les recours dirigés contre les autorités publiques. Ses décisions prévalent donc sur toutes celles que peut prendre la fonction publique de France.

Il y a deux jours, il a confirmé le refus d’accorder la nationalité française à un requérant d’origine maghrébine, pourtant marié à une citoyenne française et ne représentant aucun problème d’ordre public.

Toutefois, son comportement avait été jugé incompatible avec les valeurs républicaines, en déclarant notamment que « sa femme devait voir et être vue par le moins d’hommes possible pour ne pas céder à la tentation ». C’est ce refus d’accepter les valeurs essentielles de la société française — et notamment l’égalité entre les hommes et les femmes — qui a prévalu dans la décision de lui refuser la citoyenneté.

Chaque année, le Conseil d’État ne refuse la citoyenneté qu’à une dizaine de cas parmi ceux qui qu’il accepte d’entendre. Ces refus sont fondés sur deux motifs principaux :
a) l’indignité (liée à des condamnations pénales graves) et
b) le défaut d’assimilation.

Le défaut d’assimilation est principalement caractérisé par le refus d’apprendre la langue française ou le rejet de valeurs essentielles de la société française, comme la laïcité ou l’égalité entre les hommes et les femmes.

En 2008, ces arguments avaient été invoqués pour justifier le refus d’accorder la nationalité française à une Marocaine, intégralement voilée. Également, en 2010, la citoyenneté française avait été refusée à un ressortissant marocain qui refusait de serrer la main aux femmes au motif que sa religion le lui interdisait.

Référence : Le rejet du principe d’égalité homme-femme justifie un refus de nationalité française

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 18 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Tirer aveuglément

Publié le 19 septembre 2013 | Temps de lecture : 2 minutes
Révolver français de Carlos-Manuel de Céspedes (2e moitié du XIXe siècle)

Pour beaucoup d’Américains, posséder une arme à feu est un droit fondamental.

Le quotidien The Des Moines Register nous apprenait récemment que les citoyens de l’État de l’Iowa atteints de cécité partielle ou totale peuvent, depuis 2011, obtenir un permis de port d’arme à feu.

Pour Mme Jane Hudson, directrice générale de l’Association pour la défense des droits des personnes handicapées, cela découle de la loi fédérale américaine qui interdit la discrimination basée sur un handicap physique.

À ce jour, au moins trois personnes se sont prévalues de ce droit : il a fallu d’ailleurs les aider à compléter les formulaires à cet effet puisqu’elles n’arrivaient pas à lire.

En dépit du fait que cette mesure suscite la controverse, tout le monde s’entend pour dire qu’il est beaucoup plus facile pour un aveugle de traverser une foule à l’aide d’un révolver qu’avec une canne blanche.

Références :
Iowa grants gun permits to the blind
Permis de port d’armes pour les aveugles

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8 — 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 21 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les réfugiés du métro

Publié le 30 août 2013 | Temps de lecture : 2 minutes

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Mercredi dernier vers 15h45, un incident a provoqué une interruption de service sur la ligne verte du métro.

Avant même que le train ne s’immobilise, l’alimentation électrique a été prise en charge par les piles, ce qui a provoqué une baisse subite de l’intensité lumineuse dans les wagons. La ventilation s’est arrêtée. En moins d’une minute, la température ambiante s’est élevée d’un cran.

Des gens se sont levés pour prendre connaissance des consignes en cas d’évacuation.

D’une voix un peu plus forte que les autres, une dame manifestait son anxiété en se plaignant de son asthme. Une autre femme lui a prêté sa pompe de Ventolin. La plaignante en a vaporisé deux jets dans la bouche, sans les inhaler. Et alors qu’il était impossible que le médicament ait pu faire effet, celle-ci a paru soulagée, instantanément.

De nombreuses échelles jaunes sont disponibles le long des parois des tunnels du métro. Des préposés de la Société de transports ont ouvert une porte et placé une de ces échelles à chaque wagon afin de permettre aux passagers d’en sortir.

Telle une foule de réfugiés marchant silencieusement vers une terre d’accueil, les centaines de passagers se sont déplacés vers la station suivante d’où ils sont sortis pour terminer leur périple à pied, ou en s’ajoutant aux longues files d’attente pour l’autobus suivant.

Le tout s’est déroulé sans incident.

Puisque le meilleur appareil photo est toujours celui qu’on a à sa disposition, voilà ci-dessus les photos prises avec mon téléphone multifonctionnel.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le jambon de pétrole

Publié le 5 août 2013 | Temps de lecture : 3 minutes

Pendant des décennies, un litre d’essence importé du Moyen-Orient coûtait moins cher qu’un litre d’eau embouteillée localement.

En 1958, dans un restaurant marseillais, le microbiologiste Jacques-Charles Senez rencontre son patron, Alfred Champagnat, directeur scientifique de la filiale française de British Petroleum.

Le microbiologiste vient d’avoir une idée géniale. Dans le but de trouver un nouveau débouché pour le pétrole bon marché et abondant de la compagnie, il suggère à son patron de transformer cette ressource en protéines et ainsi combattre la faim dans le monde.

Étonné, le directeur scientifique demande : « Et tu vois ça comment ? ». Le chercheur répond : « Les levures sont des poches d’enzymes. Trouvons celles qui ont ce qu’il faut pour se nourrir et se multiplier à partir du pétrole : il nous suffira de recueillir les levures et de les laver. Et comme leurs enzymes sont toujours des protéines, celles-ci nourriront les affamés.»

En trois ans, BP isole des souches de levures et fait construire de gigantesques fermenteurs remplis de produits de raffinerie. Avec une tonne d’hydrocarbures, on obtient une tonne de levures, contenant jusqu’à 60% de protéines.

Après des tests d’innocuité concluants, on donne cette poudre à des porcs à la place de la moulée. Puis le directeur scientifique français apporte à ses grands patrons londoniens deux jambons : l’un au grain, l’autre aux protéines de pétrole. Ceux-ci ne parviennent pas à faire la différence.

Le jambon de pétrole est alors jugé digne de la gastronomie anglaise, aux côtés des chefs-d’œuvre que sont la Soupe de têtes de poisson à la cerise, le Potage de lichen écossais flambé, ou la célèbre Tourte de rognons et de sabots de bœuf.

Le feu vert est donné. En 1968, on construit près de Fos-sur-Mer, dans le midi de la France, une usine pilote capable de produire 16 000 tonnes de protéines de pétrole par an. Convaincu du potentiel économique énorme de l’entreprise, l’État français assure la protection militaire des lieux. Afin d’en interdire l’accès et d’en faciliter la protection, l’usine est construite sur un bras qui s’avance sur la Méditerranée.

Mais le choc pétrolier de 1973 plombe la rentabilité de l’entreprise. Quelques années plus tard, BP arrête son programme.

Référence : La manne pétrolière

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Écrit par Jean-Pierre Martel