Hypothèse : a-t-on donné naissance à un variant québécois ?

Publié le 22 janvier 2022 | Temps de lecture : 5 minutes

Le 31 décembre dernier, nous avons prédit qu’au cours de ce mois-ci, nous assisterions à :
• une augmentation très importante des cas,
• une augmentation du nombre des hospitalisations de courte durée,
• une diminution probable des admissions aux soins intensifs, et
• une diminution marquée des décès.

C’est exactement ce à quoi on pouvait s’attendre en analysant l’expérience sud-africaine.


 
Les données de ce pays indiquent clairement que l’Omicron est beaucoup moins virulent que le variant Delta.


 
Or ce n’est pas ce qu’on observe actuellement au Québec. Ici, l’Omicron ferait beaucoup plus de victimes maintenant qu’en faisait le variant Delta cet automne.


 
D’autre part, selon l’Institut national de Santé publique du Québec (INSPQ), l’Omicron a remplacé le variant Delta dans la deuxième moitié du mois de décembre; du 12 au 24 décembre 2021, il est passé de 20 % à 95 % des cas.

Ce qu’on observe actuellement aux soins intensifs de nos hôpitaux, ce serait l’effet de l’Omicron sur une population vaccinée à 90 % avec une dose, à 82 % avec deux doses, et à 36 % avec trois doses.

Or du 1er au 20 janvier 2022, le nombre de personnes aux soins intensifs de nos hôpitaux est passé de 22 à 51. Ce qui correspond, en gros, à ce qu’on voyait au cours des deux premières vagues, c’est-à-dire avant que les campagnes de vaccination commencent à porter fruit.

Pour ce qui est des décès, ils sont passés de 22 à 51 entre le 1er et le 19 janvier 2022. Cela est bien pire qu’à l’époque récente du variant Delta, où on dénombrait moins de cinq morts par jour.

En d’autres mots, le coronavirus qui circule actuellement au Québec est plus virulent que le variant Delta. Ce qui est aux antipodes de l’expérience sud-africaine.

D’où la question : est-ce bien l’Omicron ?

En réalité, on l’ignore. Le site web de l’INSPQ parle de variant Delta présomptif et d’Omicron présomptif. Pourquoi cette nuance ?

En comparaison avec le Covid-19 ‘classique’, ces deux membres de la famille covidienne se distinguent par un grand nombre de mutations génétiques. Certaines d’entre elles affectent la composition interne du virus alors que d’autres affectent la composition des spicules à sa surface, c’est-à-dire des ‘ventouses’ qui lui permettent de se fixer à certaines cellules humaines.

La Grande-Bretagne et l’Afrique du Sud sont les chefs de file en matière de séquençage génétique. Dans ces deux pays, les membres de la famille covidienne sont identifiés avec précision.

Au Québec, l’INSPQ n’est pas équipé pour faire du séquençage génétique. On fait plutôt du ‘criblage’. Cette technique consiste à chercher la présence d’un nombre limité de mutations génétiques sur les spicules.

Si la mutation ‘X’ est spécifique au variant Delta, on présumera avoir affaire à ce variant quand c’est ce qu’on trouve. À défaut de quoi, on présumera que c’est de l’Omicron.

Sur son site, l’INSPQ écrit : “Dans le contexte où le variant Omicron est devenu largement dominant, les laboratoires ont progressivement arrêté le criblage.”

En d’autres mots, depuis le 8 janvier 2022, on n’a pas la moindre idée du virus qui circule au Québec; les yeux fermés, on présume que c’est de l’Omicron.

Le problème, c’est que cet ‘Omicron présomptif’ se comporte différemment du vrai Omicron, celui identifié très précisément par séquençage génétique en Afrique du Sud.

Depuis le début de la pandémie, les experts sont formels; lorsqu’on laisse un virus proliférer au sein d’une population — sous le prétexte de laisser se développer l’immunité ‘naturelle’, par exemple — cette population se transforme alors en incubateur à mutants.

Voilà comment sont nés les super-mutants (ou variants) découverts en Afrique du Sud, au Brésil, en Grande-Bretagne et en Inde.

Dans la mesure où nos autorités sanitaires luttent contre le Covid-19 les yeux bandés, rien n’empêche de penser qu’il puisse en être ainsi au Québec.

Ce qui expliquerait tout.

Références :
COVID-19 : interrogations sur un nouveau sous-variant d’Omicron
Covid-19 : les mutants
Données COVID-19 au Québec
L’Omicron : l’expérience sud-africaine

Parus depuis :
Plus de 2 millions de Québécois auraient eu la COVID-19 depuis décembre (2022-02-09)
Un enfant sur trois a récemment été en contact avec la COVID-19 (2022-02-23)
L’histoire du variant « québécois » dont vous n’avez jamais entendu parler (2022-03-29)
Plus d’un adulte sur quatre infecté par la COVID-19 au cours de l’hiver (2022-05-09)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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4 commentaires à Hypothèse : a-t-on donné naissance à un variant québécois ?

  1. sandy39 dit :

    SEQUENCAGE… CRIBLAGE…

    Omicron ou non ? si le nombre de décès augmente au Québec… Mais, on ne peut pas en avoir le coeur net… parce que tous les pays ne sont pas équipés…

    Nouvelle mutation ?

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Oui, probablement une mutation différente des autres observées ailleurs.

      Au Danemark, le sous-variant observé conserve les caractéristiques fondamentales de l’Omicron, soit la grande contagiosité et la virulence moindre en comparaison avec le variant Delta.

  2. sandy39 dit :

    Avec un peu de rapidité… avec LE variant Delta.

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