Covid-19 : propager la contagion des hôpitaux vers les hospices

8 janvier 2022

Ces jours-ci, la contamination des hôpitaux de la région des Laurentides par le Covid-19 atteint un point critique.

Actuellement en vigueur, le troisième niveau d’alerte prévoit qu’on y consacre 48 lits aux patients atteints par la pandémie. Or ils en occupent déjà 111.

Les autorités sanitaires de la région demandent donc à Québec de faire passer le niveau d’alerte à 4, soit le niveau maximal.

À l’hôpital de Saint-Jérôme, sept de ses unités sont touchées par des éclosions de Covid-19. Le quart de ceux qui travaillent à son urgence sont en quarantaine. Son propre laboratoire est touché, celui-là même qui analyse, entre autres, les prélèvements des patients soupçonnés d’être atteints par le Covid-19.

Aux soins intensifs de l’hôpital de Saint-Eustache, la moitié des lits sont fermés par manque de personnel. Neuf des quinze unités de l’hôpital sont touchées par des éclosions de Covid-19.

Affichant un taux d’occupation de 225 %, l’urgence de l’hôpital d’Argenteuil est, elle aussi, touchée par une éclosion de Covid-19.

Bref, ça va mal.

Pour pallier cela, les vieillards qui reçoivent des soins prolongés dans ces hôpitaux seront transférés vers les CHSLD (l’équivalent des Ehpad français), dans des chambres à occupation double.

Dans la directive à ce sujet, on notera que nulle part il n’est exigé que les patients soient testés avant d’être envoyés en CHSLD.

Toutefois, une autre directive, destinée aux hôpitaux, précise que chaque transfert doit être précédé d’un test de laboratoire négatif.

Malheureusement, cela laisse trop de temps entre le prélèvement et le transfert. Pour que tout cela se fasse de manière sécuritaire, ces patients devraient être testés immédiatement avant d’être transférés. Ce qui nécessite le recours à un test rapide.

Et comme il arrive que les choses ne se déroulent pas comme cela devrait, le principe de précaution exige que ces patients soient testés de nouveau, à l’aide d’un test rapide, à leur arrivée au CHSLD. Et ce, avant même de descendre du véhicule qui les a transportés.

Le CHSLD devrait avoir le pouvoir de refuser le transfert lorsque des vieillards sont positifs ou lorsqu’on a négligé de lui fournir les tests dont il a besoin pour effectuer cette vérification.

La directive ci-dessus, spécifique aux CHSLD, ne leur donne aucun moyen de se protéger des hôpitaux qui tourneraient les coins ronds dans leur hâte de se délester d’une partie de leurs patients.

À défaut de ces précautions, cette directive consiste donc à ‘pelleter’ des patients d’un endroit à l’autre — plus précisément de milieux fortement contaminés vers des milieux qui le sont moins — sans prendre les précautions qui s’imposent.

En testant deux fois, au départ de l’hôpital et à l’arrivée au CHSLD, on obtient, avec des tests rapides, une fiabilité beaucoup plus grande qu’avec un seul test analysé en laboratoire à partir d’un échantillon prélevé un ou deux jours plus tôt. Et ce, à moindre cout.

Dans le rapport qu’elle a remis le 23 novembre dernier, la Protectrice du citoyen déplorait justement qu’au cours de la première vague de la pandémie, “…les CHSLD ont été appelés à contribuer à l’exercice de délestage de lits hospitaliers, sans pour autant être pourvus de mesures ni de moyens additionnels pour faire face adéquatement aux éclosions à venir.”

Le gouvernement a promis de donner suite aux recommandations du rapport. Mais à la première occasion, il répète exactement les mêmes erreurs.

La seule différence entre le ‘pelletage’ de patients possiblement infectés au cours de la première vague et maintenant, c’est qu’à l’époque, ils étaient atteints par le Covid-19 ‘classique’ alors qu’aujourd’hui, les personnes infectées le sont, un peu par du variant Delta, ou surtout par de l’Omicron.

Or que sait-on de ce dernier ?

Celui-ci contamine autant les vaccinés que ceux qui ne le sont pas : toutefois, sa dangerosité semble relativement faible. Tout ce qu’on peut attendre de lui, c’est qu’il provoque une forte augmentation des cas et des hospitalisations de courte durée.

Donc, sans prendre les mesures appropriées, les vieillards qu’on fait sortir de nos hôpitaux par une porte feront entrer par une autre porte un nombre plus grand de vieillards qu’ils auront contaminés.

Et nous continuerons d’assister au risible cafouillage des petits génies qui dirigent la campagne sanitaire au Québec.

Références :
La COVID-19 dans les CHSLD durant la première vague de la pandémie
Niveau d’alerte rehaussé : des hôpitaux au bord de la rupture de services
Transferts vers les CHSLD : c’est pour lutter contre un « tsunami d’admissions »

Paru depuis :
Chaudière-Appalaches : des patients atteints de la COVID-19 sont renvoyés en CHSLD

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Écrit par Jean-Pierre Martel