Ô Canada et la laïcité

Publié le 30 juin 2017 | Temps de lecture : 4 minutes

Tous les Canadiens adultes connaissent le premier couplet de l’Ô Canada, appris à l’école et chanté en ouverture de joutes sportives.

Il est basé sur un poème écrit en 1880 par l’écrivain et avocat Adolphe-Basile Routhier. Longtemps chant patriotique des Canadiens français, il ne sera reconnu officiellement comme l’hymne national du Canada qu’en 1980.

Son premier couplet — le seul généralement connu — est le suivant :

Ô Canada ! Terre de nos aïeux,
Ton front est ceint de fleurons glorieux !
Car ton bras sait porter l’épée,
Il sait porter la croix !
Ton histoire est une épopée
Des plus brillants exploits.
Et ta valeur, de foi trempée,
Protégera nos foyers et nos droits,
Protégera nos foyers et nos droits.

Contrairement à beaucoup d’autres, cet hymne n’est pas un chant militaire ni un appel aux armes. Toutefois, il est fortement teinté par les valeurs culturelles des Canadiens français du XIXe siècle.

Dans les strophes généralement ignorées — mais qui font également partie de l’hymne national — on y parle d’un fleuve géant (le Saint-Laurent), du patron religieux des Canadiens-français (Saint Jean Baptiste), du vrai Dieu (celui des Chrétiens, évidemment), et on y proclame sa loyauté envers Jésus de Nazareth et le roi d’Angleterre.

Quant à la race dont il est question — qui se distingue des races ‘étangères’ — il s’agit de cette population, bénie de Dieu, qui a pris racine le long de ce fleuve et qui est protégée par un même patron religieux. En somme, il s’agit de la ‘race canadienne-française’, conformément à la manière de s’exprimer du temps.

Aujourd’hui, on parlerait plutôt du peuple canadien-français.

Voici les autres strophes :

Sous l’œil de Dieu, près du fleuve géant,
Le Canadien grandit en espérant.
Il est né d’une race fière,
Béni fut son berceau.
Le ciel a marqué sa carrière
Dans ce monde nouveau.
Toujours guidé par sa lumière,
Il gardera l’honneur de son drapeau,
Il gardera l’honneur de son drapeau.

De son patron, précurseur du vrai Dieu,
Il porte au front l’auréole de feu.
Ennemi de la tyrannie
Mais plein de loyauté,
Il veut garder dans l’harmonie,
Sa fière liberté.
Et par l’effort de son génie,
Sur notre sol asseoir la vérité,
Sur notre sol asseoir la vérité.

Amour sacré du trône et de l’autel,
Remplis nos cœurs de ton souffle immortel !
Parmi les races étrangères,
Notre guide est la loi :
Sachons être un peuple de frères,
Sous le joug de la foi.
Et répétons, comme nos pères,
Le cri vainqueur : « Pour le Christ et le roi ! »
Le cri vainqueur : « Pour le Christ et le roi ! ».

En découvrant la totalité de l’hymne, on réalise que les valeurs ‘québécoises’ actuelles n’ont pas toujours été dominantes. C’est ainsi que dans l’esprit de nos aïeuls, Dieu et la Patrie étaient intimement liés.

Strictement parlant, les ‘valeurs québécoises’ n’existent pas. Ce sont plutôt des valeurs occidentales auxquelles le Québec a adhéré assez tardivement.

De nos jours, nous les partageons avec le reste de l’Occident. L’hymne national témoigne donc que cela n’a pas toujours été le cas. Un hymne qui, soit dit en passant, a très mal vieilli.

Références :
Le nationalisme de peccadille de la CAQ
Ô Canada

Laissez un commentaire »

| Histoire | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel