Bilan militaire de la lutte contre l’État islamique

29 septembre 2015

 

Créée 2014, la coalition internationale contre l’ÉI comprenant soixante pays dont la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Australie, le Danemark et le Canada.

De son côté, la Turquie cible accessoirement l’ÉI en Syrie mais surtout les forces kurdes en Irak qui s’opposent à l’ÉI sur son chemin vers sa première cible, l’Iran.

L’État islamique regroupe aujourd’hui cent mille à cent vingt-cinq mille combattants en Syrie et en Irak, dont près de quinze mille étrangers.

En 415 jours de campagne, 7 085 frappes ont été menées; 506 en Irak et 2 579 en Syrie. Elles visent principalement les centres de commandement, les stocks de munitions, les chefs de l’ÉI et les convois d’armes et de combattants.

La coalition internationale affirme avoir tué plus de quinze mille combattants de l’ÉI depuis le début de la campagne aérienne. Toutefois, à défaut d’avoir des soldats sur le terrain, il est difficile de prouver cette affirmation.

Et comme la coalition ne donne pas de données relativement à la population civile tuée (un sujet tabou), on doit prendre avec circonspection les données des pertes dans les rangs des djihadistes.

Selon un analyste irakien, Hicham Al-Hachémi, dix-neuf des quarante-trois grands chefs de l’EI auraient été tués, aussitôt remplacés par d’autres personnes.

Au-delà de ce bilan militaire — qui se résume à avoir stoppé l’expansion fulgurante de l’ÉI en Syrie et en Irak — le cout humain des interventions étrangères en Syrie est catastrophique, contribuant au chaos qui pousse à l’exil des millions de personnes.

Référence : Au bout d’un an, quel est le bilan de la coalition internationale contre l’EI ?

Sur le même sujet :
Crise migratoire : pas d’issue sans paix
La principale menace contre l’Occident : la Russie ou l’État islamique ?
Le Canada, serviteur de l’Arabie saoudite
L’État islamique : un trou noir
Turquie vs Kurdes vs État islamique

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’éclipse lunaire d’hier soir

28 septembre 2015
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L’orbite de la lune autour de la Terre décrit une ellipse à l’intérieur de laquelle la Terre n’est pas placée au centre. Conséquemment, la lune s’approche, puis s’éloigne de la Terre en effectuant sa rotation autour d’elle.

Le mois dernier, plus exactement 29 aout, la lune était à son point le plus rapproché.

Toutefois, hier soir, alors qu’elle était encore relativement proche, c’était le moment précis où le soleil, la Terre et la lune s’alignaient dans le même axe.

En d’autres mots, on pouvait assister à une éclipse de la lune.

Toutefois, lorsque la lune est dans l’ombre de la Terre, elle prend une teinte orangée.

La lune est très légèrement éclairée parce que les rayons du soleil qui frôlent le pourtour de la Terre sont déviés par l’effet de la gravité terrestre vers l’intérieur du cône d’ombre.

On sait que l’atmosphère est composée de 78% d’azote. Or ce gaz possède la propriété de diffuser le bleu de la lumière solaire dans toutes les directions. Voilà pourquoi, le jour, le ciel nous apparait bleu.

Lors d’une éclipse, cette diffusion fait obstacle à la traversée de la partie de la lumière solaire qui déviée vers la lune. Cette lumière se trouve donc enrichie de jaune et d’orange, comme le sont les couleurs d’un coucher de soleil.

Références :
Éclipse lunaire
Super lune
Une rare éclipse de super Lune prévue ce dimanche

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Vivitar 500mm F/8,0

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Crise migratoire : pourquoi maintenant ?

27 septembre 2015

Introduction

Dans un article paru le 17 septembre 2014, j’écrivais : « En déstabilisant la Syrie, la Turquie devient le seul tampon qui protège l’Europe de l’invasion de centaines de milliers de réfugiés provenant d’une région mise à feu et à sang par des puissances étrangères. »

Tel que prévu (mais en sous-estimant l’ampleur du phénomène), presque trois millions de Syriens ont trouvé refuge principalement en Turquie et au Liban, sans compter les 8 à 12 millions de personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie.

On peut se demander pourquoi cette crise migratoire vers l’Europe n’est pas survenue plus tôt.

La vie de réfugié

Sur les 2,2 millions de Syriens que la Turquie a accueillis, seulement 260 000 personnes vivent dans des camps de réfugiés installés le long de la frontière syrienne.

Ces camps sont dotés d’infirmeries, d’épiceries et d’écoles (où est enseigné l’arabe et non le turc). Ces camps sont même équipés d’un réseau WiFi.

Comment se fait-il que de ‘pauvres’ réfugiés aient les moyens de se payer un téléphone portable ? Parce qu’ils ont tout vendu et qu’un tel téléphone est pour eux le seul moyen pour eux de s’assurer que leurs proches sont encore vivants. Le réseau WiFi est accessible à l’aide de cartes SIM qu’ils doivent acheter.

Depuis 2011, la Turquie a dépensé 6,6 milliards d’euros (environ 9 milliards$) à l’accueil des réfugiés, une somme en grande partie commanditée par les pétromonarchies (qui ne veulent pas de réfugiés chez elles) et par les pays européens qui préfèrent eux aussi sédentariser les réfugiés dans des camps situés loin de leurs frontières.

Les 1,9 million de réfugiés syriens qui vivent en Turquie hors des camps habitent dans les villes du pays, dont 350 000 à Istanbul.

Généralement sans emploi, ces réfugiés vivent jusqu’à l’épuisement de leurs économies dans des logements souvent insalubres partagés à plusieurs familles.

Le prix des rares loyers disponibles atteint des records et sont parfois facturés à la semaine à ceux qui songent à quitter le pays incessamment.

Pendant ce temps, les enfants n’ont pas accès à l’éducation, accessible seulement à ceux des contribuables turcs.

Les rues de la capitale sont envahies de milliers de mendiantes à même le sol, leurs bébés dans les bras, tandis que les enfants pieds nus vendent des bouteilles d’eau aux passants ou des babioles aux touristes, au grand dam des boutiquiers de souvenirs.

82% des réfugiés éprouvent des difficultés à trouver du travail. Ceux qui en trouvent sont rémunérés au tiers ou à la moitié de ce que gagne un citoyen du pays. C’est ainsi qu’un manœuvrier syrien sur un chantier de construction gagnera environ 8 euros par jour (environ 12$).

56% des réfugiés se plaignent du manque d’accès aux services sociaux et 90% trouvent les loyers onéreux.

Une partie seulement des sommes promises par les pays donateurs a effectivement été versée à la Turquie, au Liban et à la Jordanie.

Avant qu’éclate la crise migratoire, l’austérité budgétaire avait incité les pays donateurs à diminuer de plus en plus l’importance des sommes promises. La vie des camps s’est donc détériorée, notamment au Liban, au point où de nombreux réfugiés ont décidé de quitter le pays.

En Jordanie, où vivent plus d’un demi-million de réfugiés syriens, les deux tiers d’entre eux vivent avec moins de 3 dollars par jour (le seuil de pauvreté dans ce pays), et un sur six avec moins de 1,30 dollar.

La fermeture des frontières

Après les espoirs provoqués le 26 aout dernier par la politique d’ouverture de la chancelière allemande, les réfugiés sont conscients des barrières que les pays balkaniques sont en train d’ériger sur leur chemin. Un à un, les pays qu’ils doivent traverser afin d’atteindre l’Allemagne leur sont de plus en plus hostiles.

D’où l’urgence de quitter la Turquie, le Liban et la Jordanie pendant qu’il est encore temps.

La conscription obligatoire

Pour remplacer les décès et les défections, les forces en présence utilisent des moyens de plus agressifs pour rechuter de nouveaux combattants.

Les rapts d’adolescents et des jeunes hommes dans les territoires nouvellement conquis par les rebelles, de même que la conscription obligatoire relevée à plus de quarante ans (42 ou 50 ans, selon les sources) par le gouvernement de Bachar el-Assad, incitent de nombreuses familles à quitter le pays plutôt que voir tous leurs hommes partir à l’abattoir.

Le désespoir

Après quatre ans de guerre, l’obstination des pays étrangers à poursuivre ce conflit par milices interposées laisse peu d’espoir aux Syriens que la vie dans leur pays pourrait reprendre normalement dans un avenir prévisible.

Selon certains experts, le chaos au Moyen-Orient — qui a débuté en 2003 avec l’invasion américano-britannique en Irak — pourrait se poursuivre une ou deux décennies de plus tellement sont nombreux pays producteurs d’armement qui ont intérêt à prolonger les hostilités.

S’il est possible de se résigner à partager temporairement le quotidien monotone et oisif de la vie de camp de réfugiés, il est normal pour n’importe quel parent de vouloir quitter cette vie sans espoir pour leurs enfants lorsqu’elle est appelée à se prolonger indûment.

Conclusion

Après 240 0000 morts, le conflit syrien semble toujours sans issue.

Seuls les pays d’Europe continentale ont intérêt au règlement de ce conflit. Même l’Allemagne, dont l’apport de réfugiés soulage la pénurie de main-d’œuvre non spécialisée, n’a intérêt qu’à une crise migratoire d’ampleur limitée.

Pour l’instant, la précarité des camps de réfugiés, l’impression que les portes de l’Europe sont en train de se fermer sur eux, l’enrôlement obligatoire dans un conflit de plus en plus meurtrier, et un avenir complètement bouché, détermine l’urgence pour des millions de réfugiés à chercher le bonheur sous d’autres cieux.

Références :
Accueil des réfugiés : les réponses aux questions que vous vous posez
Crise migratoire : pas d’issue sans paix
La guerre civile syrienne et ses enjeux
La Turquie a du mal à retenir les réfugiés venus de Syrie
Réfugiés : l’UE débloque plus d’un milliard d’euros

Parus depuis :
Fewer than 0.1% of Syrians in Turkey in line for work permits (2016-04-11)
From war to sweatshop for Syria’s child refugees (2016-05-06)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le scandale des ventes d’armes canadiennes à l’Arabie saoudite

26 septembre 2015
© 2010 — Google Maps

C’est aujourd’hui que le contrat militaire que le gouvernement Harper a conclu avec l’Arabie saoudite refait surface dans la campagne électorale canadienne.

Rappelons que le contrat de la firme ontarienne General Dynamics concerne la vente de véhicules blindés au cout total de 10 milliards$ sur 14 ans, soit 760 millions$ annuellement.

Ce faisant, le gouvernement Harper a violé une loi canadienne datant de 1947, interdisant la vente d’armes canadiennes vers les pays « où les droits de la personne de leurs citoyens font l’objet de violations graves et répétées de la part du gouvernement, à moins qu’il puisse être démontré qu’il n’existe aucun risque raisonnable que les marchandises puissent être utilisées contre la population civile ».

Ali Mohammed al-Nimr
 
Cette controverse survient au moment où un jeune saoudien (ci-dessus) doit être bientôt décapité (et son cadavre, crucifié et exposé publiquement jusqu’à la décomposition évidente des chairs) pour avoir réclamé des réformes démocratiques lors du printemps arabe dans son pays.

Cette révolte a été réprimée dans le sang par la dictature saoudienne notamment en utilisant des véhicules blindés similaires à ceux que le Canada s’apprête à vendre à l’Arabie saoudite.

En mars dernier, la Suède a décidé de ne pas renouveler son accord de coopération militaire signé avec l’Arabie saoudite en 2005 en raison du bilan peu reluisant de ce pays en matière des droits de l’homme.

Références :
Ali Mohammed al-Nimr
Arabie Saoudite : décapité et crucifié publiquement à 21 ans pour avoir… manifesté
Cinq questions sur la condamnation d’un jeune Saoudien à être décapité et crucifié
General Dynamics: contrat de 10 milliards avec l’Arabie saoudite
La Suède met fin à sa coopération militaire avec l’Arabie saoudite au nom des droits de l’homme
L’économie avant les droits de la personne

Parus depuis :
Les jeeps de Justin – Le «deal» avec Riyad fait éclater la vitrine morale d’Ottawa (2016-01-18)
Vente de véhicules blindés à l’Arabie saoudite : vers une contestation en cour (2016-02-06)
Saudis lobby MEPs before arms embargo vote over Yemen (2016-02-25)
EU parliament votes for embargo on arms sales to Saudi Arabia (2016-02-25)
L’Arabie saoudite en retard dans ses paiements pour des véhicules blindés canadiens (2019-10-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La pourriture morale de Volkswagen

25 septembre 2015

Fraude_Diesel
 
En raison de leur mode particulier de combustion, les moteurs diesels ont tendance à produire une plus grande quantité d’oxydes d’azote que les moteurs ordinaires.

Aussi nocifs qu’ils soient, ces oxydes ne sont qu’une partie des polluants émis par une voiture.

Incapable de produire un module antipollution qui ne soit pas un handicap sérieux à la performance de ses voitures, Volkswagen a choisi de tricher.

Un véhicule qui file à grande allure sur une autoroute ne le fait jamais alors que le capot est ouvert et que ni le volant ni les roues motrices ne changent pas de direction.

C’est toutefois ce qui arrive lorsqu’une voiture est testée.

L’idée des fraudeurs était simple; il suffisait d’activer le module antipollution lorsque la voiture semble rouler le capot grand ouvert.

Autrement, le module était totalement ou partiellement mis en veilleuse et la voiture était libre d’atteindre ses performances optimales, appréciées des conducteurs.

Au début de 2014, l’ONG américaine International Council on Clean Transportation demande à des chercheurs de l’université d’État de Virginie-Occidentale d’étudier les émissions des moteurs diesels en condition de conduite normale.

Les chercheurs pensaient pouvoir démontrer que les voitures vendues aux États-Unis étaient moins polluantes que celles vendues ailleurs, parce que les standards américains étaient plus élevés.

Mais les résultats furent très différents. Certaines voitures utilisées (entre autres, des voitures diesels de marque Jetta et Passat) émettaient de 5 à 35 fois plus d’oxydes d’azote que les taux maximaux permis aux États-Unis.

Ces voitures ont en commun le fait d’être équipées du moteur diesel quatre cylindres TDI Euro 5 du type EA 189. On le retrouve sous le capot des marques Volkswagen, Audi, Seat et Škoda.

Des tests sont justement en cours aux États-Unis et en Europe afin de déterminer l’étendue de cette fraude.

Les propriétaires qui avaient choisi ces voitures en raison de leur empreinte environnementale réduite ont payé plus cher pour rien. La valeur de revente de leurs véhicules est amoindrie. Bref, on s’attend à un recours collectif de plusieurs milliards de dollars, sans compter les poursuites gouvernementales.

Signalons que le diesel ne représente que 3% du parc automobile américain, contre 55% du parc européen.

Payé 16,6 millions d’euros par année, le président de Volkswagen a remis sa démission dans la foulée de ce scandale.

Pouvant réclamer une indemnité de départ équivalente à deux ans de salaire, sans compter les droits à une pension de 28,6 millions d’euros pour les huit années passées à la tête du groupe, Martin Winterkorn pourrait quitter l’entreprise avec un parachute doré de 61,8 millions d’euros (près de 100 millions de dollars canadiens)… si aucune faute ne peut lui être reprochée.

La question qu’on peut se poser est la suivante : comment les dirigeants d’une entreprise aussi respectable ont-ils pu commettre une telle fraude ?

Pour répondre à cette question, on doit se rappeler que les agences de notation et les plus grandes institutions financières au monde ont sciemment menti quant à la valeur presque nulle des actifs adossés à des créances hypothécaires (appelés ‘papier commercial’) et ce, afin de tromper les investisseurs. Cette fraude a presque réussi à faire effondrer l’économie mondiale en 2007.

La réponse à la question posée précédemment est simple : le capitalisme n’est plus ce qu’il était.

Contrairement au créateur d’une petite entreprise qui bénéficie d’une considération sociale intimement liée à la respectabilité sa compagnie, la plupart des grands gestionnaires d’entreprise n’ont aucun attachement à leur employeur.

Celle-ci n’est qu’une étape dans une carrière où il se propose de papillonner d’une compagnie à l’autre au gré des occasions intéressantes.

Le capitalisme est donc pourri de l’intérieur par ces dirigeants sans scrupule dont le seul but est de justifier leur salaire en favorisant la croissance de la valeur capitalisée de la compagnie par tous les moyens, y compris la fraude, et de la quitter avant que les choses ne se gâtent.

Références :
Affaire Volkswagen
Don’t Breathe Here
Cinq questions pour comprendre le scandale Volkswagen
Le rapport prémonitoire qui annonçait la fraude de Volkswagen
Salaire record pour le patron de VW
Volkswagen : cette petite phrase de Martin Winterkorn peut lui rapporter 61 millions
Volkswagen : les origines du scandale

Dans le même ordre d’idée : VISA Desjardins et les pourrisseurs d’entreprise

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Niqab et démagogie

24 septembre 2015

Voile_islamique
 
Il y a quelques années, je travaillais au comptoir d’accueil d’un commerce quand un jeune homme a pénétré dans l’établissement, portant un casque de motocycliste, la visière baissée. En l’apercevant, j’ai immédiatement craint qu’il s’agisse d’un vol à main armée.

Arrivé à mon comptoir, il a retiré son casque et c’est à ce moment-là seulement que j’ai su que ce n’était pas le cas.

Quelques années plus tard, dans le métro de Montréal, je me suis retrouvé assis, face à face, avec un colosse portant une cagoule. Il pouvait s’agir d’un dangereux criminel, évadé de prison, circulant librement en ville grâce à l’anonymat que lui procurait sa cagoule.

Fort de ces expériences, de ces temps-ci, lorsque je vois la transformation médiatique des femmes portant le niqab en chair à canon électorale, je ne peux qu’être dégouté de la démagogie et de la misogynie de certains partis politiques canadiens.

Si on ne veut pas de femmes portant de niqab au pays, on n’a qu’à interrompre l’immigration de requérants provenant de communautés dont les femmes portent ce vêtement dans leur pays d’origine. Parce qu’une fois admises au pays, ces femmes ont des droits. Il faut donc y penser avant d’admettre au pays n’importe qui pour n’importe quelle raison.

Ceci étant dit, il serait judicieux d’adopter une loi générale interdisant le port d’un masque sur la voie publique, sauf pour des raisons climatiques ou médicales, de même que des raisons de sécurité routière (avec une exception également pour les enfants à l’Halloween).

Évidemment, cette loi invoquerait la clause dérogatoire de la constitution puisqu’elle règlerait secondairement — et secondairement seulement — l’épineux problème social du port du niqab au pays.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les clichés ethniques du Bloc québécois

22 septembre 2015

 

 
Le soir d’une défaite référendaire, les propos hostiles du premier ministre Jacques Parizeau à l’égard des minorités ethniques du Québec auraient pu être prononcés par n’importe quel chef d’un mouvement d’extrême droite.

Quelques semaines avant l’annonce officielle de la Charte de la laïcité du Parti québécois, je prenais position contre celle-ci, notamment en raison de sa discrimination à l’égard de certaines Musulmanes.

Et voilà que le Bloc Québécois en rajoute en associant deux sujets qui n’ont aucun rapport (autre que la couleur); le pétrole et le niqab.

Quel est ce petit génie qui a eu l’idée de mêler ces deux sujets ?

Tous les dirigeants bloquistes, imbibés de belle rectitude politique, vous diront combien il est important d’éviter les amalgames. Ils vous parleront des efforts qu’ils consacrent à éviter les associations d’idées réductrices à l’égard des minorités ethniques.

Toutefois dans cette campagne, à coup de millions$, le Bloc québécois associe deux dangers anticipés; le pétrole et les Arabes. Comme si les États-Unis n’étaient pas devenus le principal producteur de pétrole au monde, et que le pétrole dont il s’agit dans cette publicité n’était pas canadien à 100%.

Alors j’aimerais qu’on m’explique pourquoi il était nécessaire d’amalgamer le danger des pipelines pétroliers d’une part, et d’autre part le péril du niqab envers les valeurs canadiennes. Il y a un tel écart de dangerosité entre les deux que je ne comprends pas le rapport.

Le Bloc serait mieux avisé de retirer cette publicité démagogique, laide et sale.

Les minorités visibles sont extrêmement sujettes à l’intolérance : en clair, le Bloc veut-il semer l’animosité à l’égard des femmes niqabées ? Si ce n’est pas le cas, doit-on attendre que l’une d’elles soit sauvagement attaquée pour réaliser qu’on est allé trop loin ?

Le Bloc québécois aurait intérêt à se ressaisir et à agir de manière responsable. Et agir de manière responsable, c’est de dire aux électeurs que le problème, c’est la politique conservatrice en matière d’immigration. Cela serait mieux que de susciter l’animosité à l’égard des femmes qui portent le niqab, admises au pays, qui font respecter leurs droits.

Référence : La Charte de la laïcité : un mauvais départ

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Écrit par Jean-Pierre Martel


À chacun ses tabous

20 septembre 2015

Récemment, une de mes amies me confiait entretenir une relation secrète avec un supérieur hiérarchique marié.

Cette confidence nous a amenés à parler de l’évolution des mentalités à ce sujet.

Au Moyen-âge, le noble possédait un droit de cuissage. Ce droit était le pouvoir discrétionnaire de celui-ci de dépuceler la future épouse d’un de ses sujets. Lorsque le noble se prévalait de ce droit, personne n’était coupable d’une faute; c’était dans l’ordre des choses.

Pendant des siècles, au sein des familles aristocratiques d’Europe, il était normal, voire préférable, de posséder une maitresse.

Puisqu’il était imprudent de critiquer un monarque, c’est à la maitresse qu’on imputait la responsabilité de décisions royales controversées; on avait là la preuve de sa mauvaise influence sur le roi.

Après un certain temps, lorsque le roi la répudiait, celle-ci emportait avec elle la rancœur des sujets lésés par les décisions royales passées tandis que le roi, comme un Born Again Christian, retrouvait une pureté originelle. Et la nouvelle maitresse, à partir de là, devenait le bouc émissaire des malheurs du royaume.

Si l’épouse de Louis XVI, Marie-Antoinette, a tellement été détestée à la fin du règne de son époux, c’est à cause de la fidélité irréprochable de ce dernier; on n’avait personne d’autre à blâmer.

Dans les familles bourgeoises, les parents mariaient leurs enfants — afin de créer des liens financiers entre familles du même rang — en contrepartie de quoi, le jeune concerné trouvait l’amour comme il le pouvait, du moment que cette relation était clandestine.

Il y a cinquante ans au Québec, lorsqu’une aventure extracongugale était révélée — peu importe le rapport entre les conjoints — la concubine avait toujours tort. La maitresse était perçue d’emblée comme une briseuse de famille.

L’animosité publique contre cette séductrice était proportionnelle à la respectabilité de l’époux, entrainé involontairement par elle dans les abimes du péché.

Sans connaître aucun détail de cette affaire, on était formel; la victime était toujours l’homme, un être par nature faible devant la chair et donc vulnérable aux attraits de la tentation.

Un nombre incalculable de scénarios de films et de romans à l’eau de rose étaient basés sur ce cliché.

Et de son côté, l’Église se faisait un devoir de nous rappeler que c’est à cause d’Ève qu’Adam a été chassé du paradis… et que nous vivons depuis dans une vallée de larmes.

De nos jours, c’est l’inverse. Lorsqu’on apprend qu’une personne en position de pouvoir — presque toujours un homme — a développé une relation (extra-conjugale ou non) avec une employée subalterne, notre premier réflexe est de penser que ce supérieur hiérarchique a abusé de son pouvoir et conséquemment, qu’il a eu tort.

Et plus la maitresse est jeune, plus il nous semble évident qu’elle soit la victime d’un prédateur sexuel.

Même si nous savons que l’amour ne se commande pas, même si nous soupçonnons qu’on puisse s’attacher à un collègue de travail en dépit de l’autorité qu’il représente, nous sommes convaincus que le devoir de tout supérieur est de résister à ses pulsions (ce qui est toujours simple pour ceux qui n’en ont pas et qui jugent les autres).

Et devant le tribunal de l’opinion publique, peu importe les preuves démontrant la pureté de la naissance de cet amour et peu importe l’âge des personnes concernées : il s’agit d’un tabou et depuis toujours, quiconque viole un tabou est maudit.

En Inde, s’il est simplement mal vu qu’un homme d’une caste supérieure puisse tomber amoureux d’une femme d’un rang inférieur, il est inacceptable qu’une femme d’une caste supérieure soit amoureuse d’un homme d’un rang inférieur.

Et dans un pareil cas, c’est ce dernier qui a tort. Et s’il s’enfuit avec elle pour vivre leur amour, il est un voleur puisque la femme est un objet familial au même titre que le mobilier.

C’est ainsi que le mois dernier, un conseil de village a condamné deux femmes — respectivement de 15 et 23 ans — à être violées. Pourquoi ? Par représailles pour un crime commis par leur frère. Et quel est ce crime ? Il s’est amouraché d’une femme d’une caste supérieure et s’est enfui avec elle.

Afin de l’obliger à restituer le bien volé, ses sœurs devaient être violées. À la suite d’une pétition d’Amnistie Internationale, la Cour suprême de l’Inde a interdit l’exécution de cette sentence.

Aux États-Unis, on devient majeur à 18 ans. Cormega Copening — un mulâtre de 17 ans habitant l’État américain de la Caroline du Nord — a été inculpé récemment pour possession de pornographie juvénile.

Les policiers ont trouvé sur son téléphone multifonctionnel deux photos illicites; une première qu’il a prise de lui-même, nu, alors que la seconde est une photo de sa compagne (mineure elle aussi) qu’elle a prise d’elle-même, également nue, dont il s’est retrouvé en possession à la suite d’un échange mutuel de photos.

Ce mineur a été condamné pour avoir réalisé de la pornographie juvénile (son égoportrait) et pour possession de pornographie juvénile (son égoportrait et celui de sa copine).

En Caroline du Nord, comme au Canada, pour être considérée comme pornographique, la photo d’un mineur doit le représenter en train d’exercer une activité sexuelle explicite ou doit représenter essentiellement ses organes génitaux.

On estime que 30% des adolescents américains s’échangent privément des photos égoérotiques.

Références :
Droit de cuissage
Deux soeurs condamnées à être violées en Inde
Teen’s probation for nude selfies includes accepting warrantless searches
Teen prosecuted as adult for having naked images – of himself – on phone

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une grossière manipulation de l’opinion publique

19 septembre 2015
Niqab

Introduction

Après la réussite de son examen visant à vérifier ses connaissances au sujet du Canada, une femme portant le niqab a obtenu l’autorisation de rejoindre son mari, déjà citoyen du pays.

Toutefois, apprenant que la cérémonie de naturalisation se faisait à visage découvert, cette personne a contesté la légalité de cette exigence, dictée par une simple directive ministérielle.

Cette dernière a été émise après que de nombreux citoyens se soient plaints de voir des personnes masquées prêter publiquement ce serment.

Strictement parlant, c’est la signature d’un document par le requérant qui scelle l’appartenance au pays. La cérémonie de naturalisation n’a aucune importance légale; ce n’est qu’une séance patriotique au cours de laquelle on agite son petit drapeau canadien devant les appareils photo des membres de la famille venus assister à l’événement. En réalité, la signature du document en question peut se faire en privé.

Cette femme était d’accord pour retirer son voile lors des vérifications d’identité avant la cérémonie, mais ne voulait pas se dévoiler publiquement lors de la cérémonie elle-même, invoquant ses croyances religieuses.

La saga judiciaire

Cette affaire judiciaire a déclenché un scandale. En première instance, le juge Keith M. Boswell avait tranché en faveur de la plaignante en octobre 2014. Plus tôt cette semaine, la Cour d’appel de l’Ontario confirmé ce jugement.

Le gouvernement Harper a annoncé sa décision d’en appeler de cette décision devant la Cour suprême du pays. Il est probable que celle-ci refusera d’entendre cette cause.

En toute logique, les tribunaux disent que dans une démocratie, on ne peut pas donner préséance à une directive ministérielle lorsque celle-ci va à l’encontre d’une loi adoptée par le parlement, ce dernier étant souverain.

Or cette contradiction est flagrante. La directive ministérielle interdit le port du niqab à la cérémonie de naturalisation. Alors que la loi (adoptée par le gouvernement Harper) donne toute la latitude aux responsables de l’événement de permettre des accommodements religieux lors de cette cérémonie.

Le niqab et le gouvernement Harper

La menace de mort détermine l’urgence d’une demande d’immigration. Toutefois, des dizaines de millions de personnes à travers le monde vivent sous cette menace. Conséquemment, celle-ci ne peut se substituer aux critères d’acceptation usuels, notamment quant à l’employabilité et quant à la perspective de contribuer à l’économie et à la culture canadiennes.

Mais les Conservateurs en ont jugé autrement. Depuis qu’ils sont au pouvoir, ceux-ci ont fait de la persécution religieuse un des critères principaux d’acceptation des demandes d’immigration au Canada.

Au Pakistan, la secte musulmane des Ahmadis est persécutée parce que jugée hérétique. Comme la majorité des Pakistanaises, les femmes ahmadies portent le niqab.

En vertu de sa politique d’immigration, le gouvernement Harper a accueilli entre 25 000 et 35 000 Ahmadis au pays. Ceux-ci se sont installés principalement en Ontario. Une fois admises, ces personnes ont des droits constitutionnels, notamment au chapitre des croyances religieuses.

La création du Bureau de la liberté de religion, dotée d’un budget annuel de cinq millions$, a été annoncée en 2013 par M. Harper dans une mosquée ahmadie. En écho à l’idéologie gouvernementale, le quotidien National Post (d’allégeance conservatrice) estimait cette année-là que les Ahmadis représentaient « un symbole des valeurs canadiennes ».

Mais à la suite de nombreuses plaintes, le gouvernement Harper a fait volteface. Non seulement a-t-il émis cette directive ministérielle à l’origine de cette cause, mais lors de son passage à Victoriaville en février dernier, M. Harper a osé qualifier le jugement de première instance de « contraire aux valeurs canadiennes ».

Sur le site de Statistique Canada, je n’ai pas réussi à trouver les données les plus récentes relatives au nombre d’Ahmadis au pays. Je présume que le robinet de l’immigration a été fermé pour eux après qu’on se soit rendu compte des conséquences politiques des décisions du gouvernement Harper à ce sujet.

Le Parti conservateur, qui veut maintenant laver plus blanc que blanc, a même créé une pétition en ligne s’opposant au port du niqab lors des cérémonies de naturalisation.

L’illogisme

Si le port du niqab est contraire aux valeurs canadiennes, pourquoi le gouvernement Harper a-t-il admis au pays des milliers de femmes qui le portent ?

La jurisprudence actuelle veut qu’une fois que des personnes sont admises officiellement au pays, elles aient des droits. M. Harper aurait dû y penser avant d’accorder la citoyenneté à toutes ces personnes.

Sa tentative de récupérer cette controverse en se transformant en champion de valeurs qu’il a ignorées par sa politique migratoire, est d’un ridicule consommé.

On peut espérer que les électeurs ne se laisseront pas tromper par cette grossière tentative de manipulation.

Références :
Ahmadisme
Harper annonce la création du Bureau de la liberté de religion
Jonathan Kay: Ahmadi Muslims, killed in Pakistan but welcomed here, perfectly symbolize our Canadian values
Pétition des conservateurs contre le port du niqab lors des cérémonies d’assermentation
Qui est dérangé par Peace Village?

Paru depuis :
Port du voile en hausse parmi les musulmanes au Canada (2016-04-27)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/125 sec. — F/3,2 — ISO 200 — 23 mm

3 commentaires

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Recycler des ceintures

18 septembre 2015

Le 14 juin 2015, j’ai visité la Foire de l’environnement et de l’écohabitation qui se tenait ce jour-là pour la deuxième journée de suite sur le terrain de la Tohu, à Montréal.

Parmi les nombreux exposants se trouvait l’artiste récupérateur Stéphane Leblanc.

J’ai été tout simplement ébloui devant la beauté des objets que celui-ci crée à l’aide de ceintures invendues qu’il obtient de différentes boutiques.

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On peut contacter l’artiste par courriel, par téléphone à Victoriaville (au 819-604-1177), ou en visitant son site Web.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif PanLeica 25mm F/1,4
1re photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 250 — 25 mm
2e photo  : 1/160 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm
3e photo  : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
4e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 320 — 25 mm
5e photo  : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel