Voyage à La Havane — Cinquième jour

Le 3 novembre 2012

Réveil au chant du coq à 6h05, soit plus tôt que d’habitude.

En fait, j’ai cru comprendre qu’il y a deux coqs : l’un tout près de ma chambre et le second de l’autre côté de la rue. Et c’est la compétition entre eux chaque matin à savoir qui chantera le premier. Comme si le gagnant avait droit à toutes les poules pour la journée.

Puisqu’ils répètent leur chant régulièrement, il faut renoncer à l’espoir de pouvoir se rendormir (ce qui ne me dérange pas puisque je me suis couché tôt la veille).

Bref, j’en profite pour passer en revue les photos d’hier et choisir celles qui illustreront le compte-rendu que j’écrirai après le déjeuner.

Vers 10h30, je suis prêt à partir pour l’hôtel Parc central afin d’y téléverser texte et photos. Vingt minutes plus tard, je quitte cet hôtel en direction du Grand Teatro de La Habana (situé à proximité) afin d’acheter mon billet pour la représentation de ce soir du ballet Gisèle.

Je craignais avoir à attendre en ligne au guichet. Ce n’est pas le cas. Je ne suis pas très bien placé mais c’est la meilleure place disponible.

À ma grande surprise, on peut acheter des billets pour les représentations des autres soirs. J’en profite pour acheter un billet pour des galas thématiques, trois soirs consécutifs.

Le prix des billets est différent pour les touristes et pour les Cubains. Pour les étrangers, c’est 25 pesos convertibles (25$ ou environ 18 euros). Non seulement c’est 20 pesos pour les citoyens du pays, mais le prix est en pesos ordinaires (qui valent 24 ou 25 fois moins que les pesos convertibles). Les pesos utilisés par les Cubains sont identifiés par les lettres MN (pour monnaie nationale).

Les billets de banque pour les étrangers portent la mention bien visible “Pesos convertible” (comme en français). Pour la monnaie, il n’y a rien d’écrit mais elle est argentée pour nous, et dorée (ou de couleur bronze) pour les Cubains.

Je prends le taxi pour l’extrémité sud de la Vieille ville. Comme cette extrémité est pointue, les rues s’allongeront au fur et à mesure que je remonterai vers le nord au cours de ma visite.

Musée José Martí


 
À l’extrémité ouest de la rue Perez, on peut visiter la maison natale de José Martí (1853 – 95). Cet écrivain est le plus grand héros révolutionnaire. Il a passé la majorité de sa vie en exil mais ses poèmes sont enseignés aux écoliers et ses écrits ont influencé des générations de révolutionnaires cubains.

La maison où il est né est aujourd’hui un musée qui lui est consacré. On y trouve de nombreux objets personnels et des facsimilés de lettres qu’il a écrites et des photos photocopiées le concernant. Toutes les explications écrites y sont en espagnol.

L’église St-François-de-Paule


 
Sur l’avenue de Paule, à la jonction avec la rue Leonor-Perez, se trouve la petite église San Francesco de Paula, de style baroque espagnol, construite vers 1670.

Cette église est mignonne comme une bonbonnière. Endommagée lors d’une tornade en 1730, ses vitraux, son mobilier et sa décoration intérieure sont modernes.

Comme si elle avait lu dans mes pensées, une guide déploie pour mon bénéfice un retable superbe à gauche de l’autel.

L’église et le couvent de Notre-Dame-de-la-Merci


 
L’Iglesia y Convento de Nuestra Señora de la Merced, situés sur la rue Merced, ont été construits à partir de 1755. Cette église est étonnante. En contraste avec la sobriété de sa façade italianisante, l’intérieur est entièrement peint. Les autels latéraux sont assez ordinaires mais la parure des murs et des plafonds compensent amplement et font de ce lieu une attraction touristique à voir.

Alors que la chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Lourdes, au bout du bas-côté gauche, est fermée à cause des travaux de restauration, le surveillant ou le sacristain prend l’initiative de m’ouvrir la grille métallique qui en interdit l’accès aux fidèles.

Le ballet Gisèle


 
À mon arrivée à ma chambre, je prends ma douche pendant que mes photos sont transférées à mon ordinateur portable et que la pile de mon appareil photo est rechargée.

Je mets mes plus beaux atours en prévision du ballet de ce soir. Je vais prendre le repas du soir à l’hôtel Parc central où c’est sans doute plus cher mais où la sécurité est visible et conséquemment, je ne risque pas de me faire voler l’ordinateur que j’ai apporté afin de rédiger en partie le compte-rendu que vous être en train de lire.

Le repas du soir est composé d’un potage de pommes de terre et d’un filet de saumon accompagné de légumes cuits sur le grill (aubergines, carottes, tomates, poivrons verts et ognons). Le saumon est trop cuit et un peu trop salé.

Gisèle est un des ballets les plus populaires du répertoire. Ce mélodrame doit sa popularité à sa musique mélodieuse du début à la fin.

C’est la première fois que je vois ce ballet. La chorégraphe Alicia Alonso (qui tenu le rôle-titre pour la première fois il y a 69 ans) est aujourd’hui aveugle. Malgré son handicap, elle a tenu à assister à la représentation de ce soir.

1h30 après le début du ballet, l’héroïne perd la raison et s’effondre terrassée par la mort. Rideau. Pour moi, c’est évident; le ballet est terminé. Alors que la foule quitte la salle, je rentre à la maison.

Mais en traversant le Parc central (en face du théâtre), il me vient l’esprit de consulter le programme entièrement en espagnol que j’ai acheté comme souvenir. Stupéfait, je découvre que le ballet possède un deuxième acte, que je m’empresse de revenir écouter.

Comment c’était ? L’orchestre joue faux à de très nombreuses occasions. Les décors sont primitifs. Les costumes assez biens. Mais quels danseurs exceptionnels !

La chorégraphie géniale de Mme Alonso flatte la beauté et la grâce des ballerines, souriantes tout le premier acte. Les danseurs masculins s’illustrent par leur vaillance et leurs sauts athlétiques.

Les danseurs qui ont obtenu les deux rôles principaux (Gisèle et son amant) doivent faire preuve d’une virtuosité inouïe. À titre d’exemple, celle qui incarne Gisèle doit effectuer, à un moment donné, des gestes lents et gracieux, comme au ralenti, en pivotant lentement sur une seule jambe, sans l’aide de son partenaire. En même temps, elle doit maintenir l’autre jambe soulevée dans le même angle, c’est-à-dire sans manifester le moindre signe de fatigue. Puis, alors que la musique s’accélère, elle doit effectuer au sol une série de pas de danse rapides des deux pieds.

Son partenaire (qu’on peut voir aux pieds de Gisèle morte sur la photo ci-dessus) possède le gabarit d’un homme de 70 kg. Entre autres, il doit soulever lentement Gisèle au bout de ses bras (sans à-coup au début de cette tâche) et la redescendre tout aussi lentement.

Les ensembles sont remarquables de précision et de cohésion.

Bref, un ballet extraordinaire.

Le tout se termine à 23h. Je rentre me coucher mais je m’endors vers 2h du matin, sous l’excitation du spectacle… et de l’expresso que j’avais avant le ballet, par crainte de m’endormir.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs Lumix 12-35 mm F/2,8 (les trois premières photo) et M.Zuiko 40-150 mm R (la quatrième)
1re photo : 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 12 mm
2e  photo : 1/500 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 14 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 12 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/4,0 — ISO 500 — 40 mm


Pour lire les comptes-rendus du premier ou du deuxième voyage à La Havane, veuillez cliquer sur l’hyperlien approprié.

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2 commentaires à Voyage à La Havane — Cinquième jour

  1. Pierre Pinsonnault dit :

    M. Martel, au sujet des coqs, je peux comprendre l’importance que vous accordez à leur chant en pleine nuit.

    Vous me rappelez en effet qu’au Pérou, en visite en 2006 à Lima avec ma conjointe qui en est originaire, je devais sortir fumer sur le balcon de l’appartement de sa soeur. Elle habite en pleine ville à côté d’une artère principale. Aucune agriculture aux alentours et ce, à des kilomètres à la ronde.

    Bon, me levant très tôt, toutes les nuits que le Bon Dieu amène, vous pouvez imaginer ma surprise la première fois que je devins le malheureux auditeur privilégié des heures durant du chant d’un coq que je n’ai jamais pu voir mais qui “habitait” tout juste l’autre côté d’une large rue dans une résidence assez cossue. Une chance qu’on n’entendait rien de la chambre du fond où je devais dormir la porte fermée car, prenant mon courage à deux mains, je serais bien allé demander aux propriétaires du coq de lui faire baisser le ton.

    J’ai radoté longtemps sur ce fait divers mais non divertissant !

    Bonne suite à votre séjour !

    • Merci.

      Dans ce cas-ci, le coq était de l’autre côté du mur de ma chambre, dans une petite cour extérieure qui servait de débarras. Mais je reviendrai plus en détail, à la suite d’un billet publié ultérieurement, sur la « controverse du coq ».

      À suivre.

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