Les difficultés de l’approvisionnement militaire en 2022

Publié le 7 décembre 2023 | Temps de lecture : 7 minutes


 
Introduction

Le 4 décembre dernier, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) publiait son plus récent rapport annuel sur le marché de l’armement, soit celui pour l’année 2022.

Cette année-là, les cent plus grands fabricants ont vendu en matériel militaire pour 597 milliards$US, soit 3,5 % de moins qu’en 2021.

Une quantité colossale d’armement a été utilisée dans le cadre de la guerre à haute intensité menée par la Russie en Ukraine. Or ce qui a été en forte demande, ce sont des systèmes de défense aérienne, des munitions, des blindés, des lance-missiles et des drones.

Parmi les 21 compagnies aptes à fournir ce genre de matériel, les deux tiers ont connu une augmentation de leurs ventes. Les sept autres auraient connu le même sort, n’eût été leurs problèmes de production.

Aux États-Unis

De ces cent plus grands fabricants, 42 sont américains. Ils représentent 51 % de tout l’armement vendu à travers le monde. La baisse de leurs chiffres d’affaires a été en moyenne de 7,9 %.

En effet, malgré l’afflux des commandes, le complexe militaro-industriel américain s’est avéré incapable de maintenir sa production. Et ce, pour trois raisons :
• la difficulté de recruter de la main-d’œuvre qualifiée,
• les perturbations des chaines d’approvisionnement, et
• la flambée des couts.

À titre d’exemple, les ventes militaires de Boeing (quatrième producteur mondial) ont chuté de 19 % en 2022.

On s’attend à un rebond des ventes au cours des prochaines années, au fur et à mesure que les entreprises américaines surmonteront leurs difficultés.

De manière générale, les États-Unis se spécialisent dans la production minutieuse d’armement haut de gamme vendu en vertu de contrats s’étendant sur plusieurs années.

Ce qui fait que l’armement américain fabriqué en 2022 visait à satisfaire les commandes reçues bien avant le début de la guerre en Ukraine. Celle-ci a surtout profité aux pays plus prompts que le complexe militaro-industriel américain.

Dans le Sud global

Les 22 fabricants non occidentaux — d’Asie, d’Océanie et du Proche-Orient, à l’exclusion donc de la Russie — ont vu leur chiffre d’affaires augmenter de 3,1 % pour atteindre 134 milliards$US, démontrant ainsi leur capacité à répondre à une demande accrue dans des délais plus courts.

Pour la deuxième année consécutive, ils ont réalisé des ventes supérieures à celles de leurs concurrents européens.

La réactivité plus grande des fabricants asiatiques s’explique, entre autres, par le recours à des fournisseurs locaux ou régionaux, alors que les fabricants occidentaux conçoivent et assemblent leurs armes à partir d’une multitude de fournisseurs répartis à travers le monde. Ce qui les rend plus sujets aux bris d’approvisionnement.

Deuxième fabricant mondial d’armements, la Chine possède huit entreprises au classement SIPRI. Elles ont connu une augmentation de leurs ventes de 2,7 % (pour atteindre 108 milliards$US).

C’est au Proche-Orient (où se trouvent 7 des entreprises du palmarès) que la croissance des ventes a été la plus forte, soit 11 % (pour atteindre 17,9 milliards$US).

Les quatre entreprises turques ont enregistré une augmentation de leurs ventes de 22 % (pour atteindre 5,5 milliards$US). Le producteur turc des drones bon marché Bayraktar (qui ont fait fureur en Ukraine) est entré dans le palmarès SIPRI en raison de l’augmentation de 94 % de son chiffre d’affaires.

La croissance des ventes israéliennes (trois fabricants au Top 100) a été de 6,5 % pour atteindre 12,4 milliards$US.

Pour terminer, les ventes indiennes se sont accrues de 7,4 % (à 6,4 milliards$US).

En Europe

Les 26 entreprises européennes qui font partie de ce classement ont vu leurs ventes augmenter de seulement 0,9 %, pour atteindre 121 milliards$US.

Les sept compagnies britanniques qui apparaissent dans le palmarès de SIPRI ont été plus chanceuses, avec une croissance des ventes de 2,6 % (à 41,8 milliards$US).

Les ventes d’armement ont essentiellement augmenté en provenance des pays qui produisent ce qui était nécessaire à la guerre d’usure à haute intensité menée en Ukraine, soit l’Allemagne, la Norvège et la Pologne.

Depuis des années, la Pologne se dote d’un complexe militaro-industriel efficace et moderne. À cette fin, elle y investit des sommes colossales, soit annuellement près de quatre pour cent de son PIB.

Ce pari sur la guerre s’est avéré payant puisqu’en 2022, la société d’État PGZ (Polska Grupa Zbrojeniowa) — qui regroupe toutes les usines d’armement du pays — a augmenté son chiffre d’affaires de 14 %.

Cédant aux pressions américaines, l’Allemagne s’est brutalement sevrée du gaz fossile russe en 2021. Du coup, ce pays a envisagé de limiter l’approvisionnement énergétique de son industrie lourde pour l’hiver suivant (celui de 2022-2023). Une crainte qui s’est avérée superflue en raison d’une saison froide anormalement douce.

Dans l’insécurité quant à leur approvisionnement, les industriels allemands ont hésité à augmenter leur production. C’est pourquoi leurs ventes n’ont augmenté que de 1,1 % en 2022.

La délocalisation de la production industrielle

En économie, on distingue trois secteurs.

Le secteur primaire est celui qui est lié à l’exploitation des ressources naturelles : agriculture, forêt, pêche, mines et gisements. Le secteur secondaire est lié à la transformation industrielle de la production du secteur primaire. Le secteur tertiaire est celui des services : banques, finance, assurances, services juridiques, etc.

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis possédaient la moitié de la puissance industrielle mondiale. Entre autres, parce que l’Europe venait de se faire harakiri.

Au cours des décennies suivantes, les pays occidentaux ont privilégié la croissance de leur secteur tertiaire.

À l’époque, beaucoup d’intellectuels faisaient un rapprochement entre la Révolution industrielle et celle qu’ils anticipaient pour demain.

La première a provoqué l’émergence des pays industrialisés aux dépens des pays agricoles. Et dans le futur, croyait-on, les pays riches seront ceux qui auront développé leur secteur tertiaire parce que c’est celui à la plus forte valeur ajoutée.

D’où l’idée de délocaliser vers les pays pauvres (mis en concurrence les uns contre les autres) la production de biens concrets en raison des marges bénéficiaires limitées qu’ils génèrent.

Ce qui, en temps de guerre, pose un problème majeur. En effet, c’est le secteur secondaire (celui de la production industrielle) qui fournit l’essentiel de l’effort de guerre.

Il est beaucoup plus facile de transformer une chaine de montage automobile en chaine de montage d’obus que vouloir faire la même chose avec un cabinet d’avocats.

En d’autres mots, l’hypertrophie du secteur tertiaire dans les pays occidentaux nuit à leur aptitude à transformer rapidement leur économie en une économie de guerre.

C’est ce que démontre l’étude de SIPRI.

Ceci entraine d’importances conséquences géostratégiques, comme nous verrons dans le second texte de cette série.

Référence : L’augmentation du chiffre d’affaires issu des ventes d’armes du Top 100 du SIPRI impactée par des défis de production et des carnets de commandes remplis

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Écrit par Jean-Pierre Martel


France : la réforme des retraites finance l’augmentation des dépenses militaires

Publié le 18 mars 2023 | Temps de lecture : 3 minutes

Le président de la République française a justifié le recours au bâillon pour court-circuiter l’Assemblée nationale et forcer l’adoption de sa réforme des retraites en ces termes : « Je considère qu’en l’état, les risques financiers, économiques sont trop grands.»

Son ministre délégué aux comptes publics a été plus explicite :
« C’est la réforme ou la faillite ! »

Tout comme les entreprises, l’État doit avoir en tout temps les liquidités qui lui sont nécessaires pour respecter ses engagements.

Or l’essentiel de la dette des États est constitué de bons du Trésor.
Lorsqu’ils viennent à échéance, le pays émetteur peut alors les payer (s’il en a les moyens) ou pelleter vers l’avant cette dette en émettant de nouveaux bons du Trésor pour payer les anciens.

Il y a quelques mois, l’ambitieux programme de réduction de taxes pour les riches (qui devait accroitre substantiellement la dette britannique) a été abandonné par Londres quand les bons du Trésor nouvellement émis n’ont pas trouvé preneurs.

Ce qui a entrainé la démission de la première ministre britannique.

D’abord estimé sommairement à 43 milliards de livres sterling, cette réforme devait finalement couter entre 100 et 200 milliards de livres.

Dans le même ordre d’idée, la France a dernièrement annoncé une augmentation de son budget militaire de 413 milliards d’euros en sept ans.

Par crainte de la sanction des milieux financiers, la France doit sabrer son filet de protection sociale. D’où la réforme des retraites.

Puisque le compte n’y est pas, on peut donc anticiper — lorsque la grogne populaire sera passée — d’autres compressions budgétaires reflétant les nouvelles orientations de l’Élysée.

Références :
Crise de la dette : S&P dégrade la perspective du Royaume-Uni
La Banque d’Angleterre intervient en urgence pour empêcher le naufrage de la dette britannique
L’armée française manque de munitions pour la haute intensité
Pourquoi la Banque d’Angleterre est-elle intervenue sur le marché obligataire?
Réforme des retraites : Macron justifie le 49.3 en invoquant des « risques financiers trop grands »
Retraites : la réforme pourrait rapporter 18 milliards d’euros d’ici à 2030, le gouvernement fait l’impasse sur les surcoûts

Parus depuis :
Le gouvernement [français] veut faire 10 milliards d’euros d’économies (2023-06-19)
Comptes publics : une situation alarmante (2024-09-04)
Réforme de l’assurance-chômage : le gouvernement veut atteindre entre « 2 milliards et 2,5 milliards d’euros » d’économies par an de 2026 à 2029 (2025-08-09)
Nos cousins français ont un gros problème de dette (2025-10-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La fourniture de chars d’assaut lourds à l’Ukraine

Publié le 30 janvier 2023 | Temps de lecture : 7 minutes

Il y a cinq jours, l’Allemagne a finalement autorisé les pays qui disposent de ses chars Leopard 2 à en acheminer vers l’Ukraine.

Pourquoi ces pays doivent-ils obtenir sa permission ?

L’Allemagne interdit la revente du matériel militaire de pointe qu’elle fabrique afin d’éviter l’éventualité que ce matériel se retrouve entre les mains d’un pays entré en guerre contre elle.

Il existe plus de deux-mille chars Leopard 2 dans le monde. L’Allemagne en possède 212 opérationnels, en plus d’une centaine de chars Leopard d’un autre modèle.

Le Canada possède 82 Leopard 2, dont quatre seront donnés à l’Ukraine.

En comparaison, la France disposait de 1 500 chars lourds au début des années 1990. Mais ces chars, comme les voitures, ne sont pas faits pour durer.

Ses meilleurs chars lourds, les Leclerc, ne sont plus fabriqués depuis 2008. La France en possède encore 226, dont seulement les deux tiers sont opérationnels.

Au total, les pays occidentaux comptent livrer de 143 à 177 chars lourds à l’Ukraine, dont 98 à 132 chars Leopard 2.

Cela ne correspond pas à une nouvelle escalade dans le conflit puisque dès avril ou mai 2022, la Pologne livrait plus de 200 chars T-72 de fabrication soviétique à l’armée ukrainienne.

Depuis le début du conflit, l’armée russe a perdu 1 642 chars. L’Ukraine en a perdu 449 (dont la totalité des chars T-72 livrés par la Pologne).

Puisque les chars Abrams M1 américains ont une logistique d’approvisionnement en carburant et en pièces de rechange plus compliquée que celle des Leopard 2, ces derniers seront livrés en premier à l’Ukraine, soit dès mai 2023.

Technologiquement, les Abrams M1 et les Leopard 2 sont nettement supérieurs aux chars T-72 soviétiques. Mais leurs poids sont respectivement de 68, de 64 et de 45 tonnes. Ce qui rend ces derniers un peu moins susceptibles de s’enliser dans les sols boueux des plaines ukrainiennes au printemps.

Qu’en sera-t-il dans la vraie vie ? C’est ce que nous verrons bientôt; la guerre en Ukraine est un laboratoire où les belligérants testent l’efficacité et la fiabilité de leur matériel militaire dans les conditions réelles d’un conflit armé.

Dans le cas des pays occidentaux, ils procèdent à cette vérification sans risque pour leurs soldats puisque l’Ukraine est heureuse d’accomplir cette tâche en contrepartie de la fourniture gratuite de ce qui lui faut pour se défendre.

Mais cette guerre de haute intensité met à mal les stocks d’armements. À l’été 2022, au plus fort des combats, soixante-mille obus russes et vingt-mille obus ukrainiens étaient tirés quotidiennement.

Avec le résultat que le Pentagone, principal fournisseur de l’Ukraine, lui a livré en neuf mois trois-mille drones et près d’un million d’obus de 155 mm, de même que 50 000 missiles sol-sol et 1 600 missiles sol-air. C’est le tiers des stocks américains de missiles.

À ce rythme, les États-Unis assisteraient impuissants à l’invasion de Taïwan par la Chine si cette dernière le décidait dans deux ans.

Du coup, la course aux armements déclenchée en 2014 par l’Otan à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie s’avère déjà insuffisante.

Un pays comme le Canada, endetté à hauteur d’environ 40 % de son PIB, peut se permettre de refiler ses achats militaires au service de la dette.

Celle-ci est constituée de bons du Trésor qui viennent périodiquement à échéance. Le pays émetteur peut alors les payer (s’il en a les moyens) ou pelleter vers l’avant cette dette en émettant de nouveaux bons du Trésor pour payer les anciens.

L’ambitieux programme de réduction de taxes pour les riches (qui devait accroitre substantiellement la dette britannique) a été abandonné par Londres quand les bons du Trésor nouvellement émis n’ont pas trouvé preneurs.

Dans le même ordre d’idée, la France a dernièrement annoncé une augmentation de son budget militaire de 413 milliards d’euros en sept ans. C’est considérable.

Par crainte de la sanction des milieux financiers, la France — déjà endettée à hauteur de 120 % de son PIB (comparativement à 20 % pour la Russie) — doit sabrer son filet de protection sociale, provoquant déjà la grogne de millions de Français.

Dans tous les pays démocratiques, la fabrication du consentement populaire est indispensable à la croissance colossale des dépenses militaires. Sinon, des partis pacifistes prendront le pouvoir.

Voilà pourquoi tous nos médias répètent cette nouvelle théorie des dominos (sur laquelle je reviendrai) qui consiste à dire que toute victoire russe en Ukraine provoquerait un effondrement de l’ordre mondial et le retour à l’âge des cavernes…

Certes, la guerre russo-ukrainienne a été déclenchée par la Russie. Mais la cause profonde de ce conflit est l’expansionnisme toxique de l’Otan, c’est-à-dire son obsession à encercler militairement la Russie au plus près.

La Russie ne peut pas accepter qu’on installe des ogives nucléaires dans sa cour arrière. Pas plus que les États-Unis ne pouvaient tolérer qu’on fasse pareil à Cuba en 1962.

Et n’oublions pas que l’armée américaine s’est rendue à l’autre bout du monde pour envahir l’Irak sous le prétexte fallacieux que ce pays possédait des armes de destruction massive.

Avant que l’Otan accueille en son sein une bonne partie des anciennes républiques soviétiques, c’est en Turquie (à environ deux-mille kilomètres de Moscou) que les États-Unis entreposaient leur plus grand stock d’ogives nucléaires hors du territoire américain.

Une décennie après l’adhésion de la Roumanie à l’Otan, les États-Unis ont déplacé une partie de leurs ogives nucléaires dans ce pays, à environ 1 500 km de Moscou.

Et si l’Ukraine et la Finlande rejoignent l’Otan, l’armée américaine sera en mesure de rapprocher ses missiles respectivement à 500 km de Moscou et à 125 km de Saint-Pétersbourg.

Non seulement elle pourrait le faire, mais elle le fera.

Pour Poutine (ou n’importe quel dirigeant russe compétent), cela est totalement inacceptable.

De plus, en prolongeant cette guerre au-delà de ce qui est nécessaire pour amener le peuple ukrainien à la raison, l’Otan pousse la Russie à recourir à l’arme nucléaire.

Comme les États-Unis l’ont fait en 1945 au Japon pour briser l’aveuglement du peuple japonais à croire que leur empereur était un demi-dieu.

À ce jour, les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki constituent les deux plus importants ‘crimes de guerre’ de l’histoire de l’Humanité.

Espérons que ce triste record américain ne sera pas battu.

Références :
Bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki
Crise des missiles de Cuba
La fabrication du consentement politique : un exemple américain
La guerre en Ukraine met les stocks d’armes occidentaux sous pression
La Pologne serait en train de livrer 200 chars T-72 aux forces ukrainiennes
La première ministre britannique Liz Truss démissionne
Les chars occidentaux marqueront-ils un tournant dans la guerre en Ukraine?
L’expansionnisme toxique de l’Otan
Loi de programmation militaire : un budget colossal mais des choix drastiques
Pourquoi la France hésite à livrer des chars Leclerc à l’Ukraine

Parus depuis :
L’armée française manque de munitions pour la haute intensité (2023-02-18)
Réforme des retraites : Macron justifie le 49.3 en invoquant des « risques financiers trop grands » (2023-03-16)
UK urged to protect Ukraine from legal action over private debt default (2024-07-07)
U.S. Security Cooperation with Ukraine (2025-01-20)

Compléments de lecture :
L’engrenage ukrainien
L’épouvantail russe

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Margaret Thatcher, le secret des Exocet, et la menace nucléaire

Publié le 3 mars 2022 | Temps de lecture : 3 minutes

L’archipel des Malouines est formé principalement de deux iles au large des cotes de l’Argentine.

Depuis le XIXe siècle, ce pays en disputait en vain la souveraineté à l’Angleterre.

En avril 1982, la junte militaire argentine décide d’envahir les Malouines afin de détourner l’opinion publique de la crise économique qui sévit dans le pays.

La guerre qui s’en suivit ne dura que du 2 avril au 14 juin suivant. Elle opposait donc la cinquième puissance économique mondiale, la Grande-Bretagne, à la vingt-huitième.

Fait à noter : entre ces deux alliés des États-Unis, le président Reagan penchait en faveur de l’Argentine puisque ce pays jouait un rôle-clé dans sa lutte obsessionnelle contre le communisme en Amérique latine.

Les porte-avions argentins transportaient, entre autres, cinq chasseurs Super-Étendard équipés de missiles Exocet. Leur nom fait référence aux exocets, les poissons volants.

Les missiles français, à la surprise des Anglais, s’avérèrent d’une redoutable efficacité.

Secrètement, ils étaient dotés d’un dispositif qui permettait de les inactiver à distance. C’était une précaution prise par la France au cas où elle vendrait ces missiles à un pays qui se retournerait contre elle.

Le 7 mai 1982, la première ministre britannique appelle le président français. Elle est furieuse. Trois jours plus tôt, un missile Exocet, largué à basse altitude, rase les flots et frappe mortellement le contretorpilleur HMS Sheffield.

Au moment de l’appel, les photos du navire en feu sont à la une de tous les journaux britanniques. Il mettra six jours à sombrer.

Nous sommes à un an des élections. Mme Thatcher somme alors le président français de lui révéler le code d’inactivation des Excocet, menaçant de recourir à l’arme nucléaire contre l’Argentine si Mitterand refuse.

Ce récit fait partie des confidences que le président français aurait faites à son psychanalyste Ali Magoudi et qui se retrouvent dans Rendez-vous, un livre paru en 2005.

Les documents déclassifiés en 2012 par Archives nationales britanniques — trente ans après les faits, comme c’est son habitude — révèlent une foule de détails quant à la coopération secrète entre la France et la Grande-Bretagne afin d’empêcher l’Argentine d’acquérir d’autres Excocet.

Mais elles sont muettes au sujet de l’appel du 7 mai. D’où la question : Margaret Thatcher, a-t-elle vraiment menacé de recourir à l’arme nucléaire ?

Ce qui rend douteuses les affirmations du psychanalyste, c’est qu’il précise que Mitterrand aurait cédé à la pression. Or cela est contredit par la suite de la guerre.

Le 25 mai, deux missiles Excocet coulent le MV Atlantic Conveyor. Le 11 juin, c’est au tour du HMS Glamorgan d’être atteint par un missile Exocet.

Ces deux autres frappes n’auraient pas eu lieu si Mitterrand avait révélé le code d’inactivation des Exocet à Mme Thatcher.

Finalement, la Guerre des Malouines, comme toutes les guerres, servit de réclame publicitaire en faveur des armes qui s’avérèrent les plus efficaces.

Dès l’année suivante, le nombre de commandes d’Exocet augmenta de manière importante.

Références :
Falklands: “The Sphinx and the curious case of the Iron Lady’s H-bomb”
Guerre des Malouines
Maggie’s war with treacherous Mitterrand over Exocet missile: Archive files reveal ‘James Bond’ plot to hijack aircraft carrying French-made weapons
Thatcher ‘threatened to nuke Argentina’

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Annexions : Crimée vs Palestine

Publié le 12 juin 2020 | Temps de lecture : 7 minutes

L’annexion de la Crimée

La Crimée est une péninsule russe que Nikita Khrouchtchev donna à l’Ukraine en 1954. Pour les Russophones qui la peuplaient majoritairement, ce transfert administratif avait peu d’importance puisque l’ensemble de l’URSS était sous domination russe.

À la dislocation de l’URSS, la Crimée s’est proclamée indépendante en 1992. Mais six ans plus tard, elle acceptait de redevenir une région ukrainienne en contrepartie d’une large autonomie politique.

Dans les années 2000, l’Ukraine est le théâtre d’un affrontement entre des forces pro-russes (soutenues par la Russie) et pro-occidentales (soutenues par les États-Unis).

L’envenimement des relations entre l’Ukraine et la Russie fait en sorte que la majorité russophone de Crimée, sympathique à la mère patrie, est bientôt perçue comme traitre.

À l’époque, 65,3 % des habitants de Crimée sont russophones, 12,1 % sont turcophones et seulement 15,1 % parlent ukrainien.

Les sanctions économiques russes provoquent la chute de l’économie ukrainienne et exacerbent les tendances séparatistes en Crimée.

En 2014, l’annonce par l’Ukraine de son intention (qui ne se réalisera jamais) de retirer au russe son statut de langue officielle dans 13 des 27 régions du pays (dont la Crimée) met le feu aux poudres.

Le 11 mars 2014, le parlement régional de Crimée proclame son indépendance. À la suite du référendum du 16 mars 2014, la Crimée annonce son rattachement à la Russie deux jours plus tard.

Afin d’empêcher l’Ukraine d’écraser cette sécession, la Russie envahit aussitôt la Crimée par le biais de ‘milices’ pro-russes.

Au total, cette annexion s’est faite avec très peu de pertes matérielles et seulement six morts. Ce bilan s’explique par l’assentiment de la population concernée.

Unanimement, les pays occidentaux ont accusé la Russie de violer le Droit international.

Les États-Unis et le Droit international

Depuis qu’ils sont devenus l’unique superpuissance mondiale, les États-Unis se sont métamorphosés en pays le plus belliqueux de toute l’histoire de l’Humanité. C’est du moins l’opinion de l’ex-président Jimmy Carter.

Cette agressivité n’aurait pas été aussi intense si elle était harnachée par le Droit international dont le but est précisément de civiliser le rapport entre les nations.

En 2003, quand les États-Unis échouent à convaincre l’ONU de leur permettre d’envahir l’Irak, ils le font quand même.

Quand les États-Unis décident de renier leur signature d’un traité international, ils ne demandent la permission à personne; ils adoptent une loi américaine qui l’autorise et c’est ça qui est ça.

Quand ils jugent approprié de torturer à mort des prisonniers, ils passent outre le traité international qui l’interdit.

Quand les États-Unis décident de séparer 2 300 enfants de leurs parents après que ces derniers aient illégalement traversé les frontières américaines et que certains de ces enfants meurent en captivité par manque de soins, ils ne se demandent pas si cela est contraire à la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. Ils blâment les parents qui n’avaient qu’à rester chez eux.

Depuis 2002, les États-Unis coupent l’aide militaire de tout pays (sauf quelques exceptions) qui ose extrader des citoyens américains vers la Cour pénale internationale.

Le 5 mars 2020, cette Cour a décidé d’ouvrir une enquête pour crimes de guerre à l’encontre des soldats américains impliqués dans la guerre en Afghanistan.

La réaction américaine ne s’est pas fait attendre; Donald Trump a autorisé des sanctions économiques visant personnellement chaque magistrat de la Cour pénale internationale qui prendrait part à tout effort pour enquêter sur des militaires américains.

En réalité, aucune puissance militaire ne respecte le Droit international lorsqu’elle le juge contraire à ses intérêts.

Un prétexte à une course aux armements

Depuis le démantèlement de l’Union soviétique, l’OTAN se cherche une vocation.

À l’heure actuelle, la puissance militaire américaine est 5 à 10 fois supérieure à celle de la Russie. C’est donc à dire que le risque de guerre mondiale est nul.

Pourtant, lorsque la Russie a annexé la Crimée en 2014, les pays occidentaux ont comparé cette annexion à l’envahissement de la Pologne par l’Allemagne en 1939, un évènement qui a déclenché la Deuxième Guerre mondiale.

Afin de se prémunir contre ce qu’ils qualifient ‘d’expansionnisme russe’, les pays membres de l’OTAN ont déclenché cette année-là une nouvelle course aux armements, décidant de faire passer leurs dépenses militaires d’un pour cent du PIB en 2014 au double dix ans plus tard.

L’annexion de la Palestine par Israël

Depuis la guerre des Six Jours gagnée par Israël en 1967, ce pays a implanté 650 000 colons en territoire palestinien.

Grâce à une crise du logement provoquée artificiellement, les jeunes couples qui veulent fonder une famille n’ont pas d’autre choix que de s’installer en Cisjordanie, même s’ils sont opposés à la guerre coloniale qu’Israël y livre.

Selon le Droit international, l’établissement des colonies israéliennes dans les territoires occupés par Israël depuis 1967 est illégal.

En novembre 2019, l’administration Trump annonce que les États-Unis ne reconnaissent plus la colonisation israélienne en Cisjordanie comme contraire au Droit international. Ils ont décidé cela comme si le Droit international leur appartenait.

Quelques mois plus, tard, le 28 janvier 2020, Donald Trump présente un ‘plan de paix’ qui prévoit l’annexion de la vallée du Jourdain et de 30 % de la Cisjordanie par Israël.

Conclusion

Le Droit des peuples à l’autodétermination fait partie du ‘vrai’ Droit international. Pas du ‘droit international’ à la sauce américaine dicté par Washington.

Or en vertu de ce droit, deux critères accordent à un peuple le droit à l’indépendance; un territoire reconnu internationalement et des caractéristiques ethniques qui lui sont propres, comme c’est le cas à la fois pour le Québec et la Crimée.

Les colonies israéliennes en Cisjordanie ne rencontrent qu’un seul des deux critères essentiels pour justifier leur droit à l’indépendance et leur annexion librement consentie à l’État d’Israël.

L’opposition des États-Unis à l’annexion de la Crimée par la Russie et leur assentiment à l’annexion des colonies israéliennes par Israël est le parfait exemple de l’hypocrisie américaine en matière de Droit international.

Références :
Carter, Trump, Trudeau et les armes
Colonies israéliennes
Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants
Cour pénale internationale
Cour pénale internationale : les Etats-Unis passent à l’acte !
Crimée
Crise de Crimée
Crise ukrainienne
Guerre d’Irak
La communauté internationale va-t-elle sanctionner le projet d’annexion d’Israël?
Oblast de Crimée
Révolution orange
Trump menace de sanctionner des magistrats de la Cour pénale internationale
Un cinquième enfant migrant est mort aux États-Unis depuis décembre
Une fillette meurt de soif en détention aux États-Unis

Complément de lecture : Résumé de géopolitique mondiale (1re partie)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Missiles iraniens : une dangerosité surfaite ?

Publié le 11 janvier 2020 | Temps de lecture : 9 minutes
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Introduction

À la suite d’un attentat terroriste commis par les États-Unis contre le général iranien Qassem Soleimani, l’Iran a répliqué par des tirs de missiles visant deux bases américaines en Irak.

Ces frappes n’ont fait aucune victime.

Pour expliquer cela, certaines sources soutiennent qu’afin d’éviter un incident diplomatique avec l’Irak (avec lequel l’Iran entretient de bonnes relations), l’Iran aurait eu la courtoisie de prévenir ce pays ami peu de temps avant l’attaque (demeurée secrète jusqu’alors).

Celui-ci, en retour, aurait averti les Américains (dont les militaires se sont alors réfugiés dans des abris sous-terrain).

Par contre, certains analystes ont émis l’hypothèse que Téhéran a sciemment raté son coup afin d’éviter une escalade des tensions avec Washington

Ceci est extrêmement douteux. Un pays menacé de guerre ne fait pas exprès pour prouver la vulnérabilité de ses défenses ou l’inefficacité de ses moyens d’attaque.

De plus, on ne gaspille pas des millions$ en missiles pour ‘faire semblant’ de se venger alors qu’on pourrait avoir bientôt besoin de cet argent (ou de ces missiles) pour se défendre.

D’autres sources estiment, au contraire, que les missiles iraniens seraient devenus tellement précis que l’Iran aurait choisi — à l’aveugle puisqu’on était en pleine nuit — de faire la distinction entre les casernes (où les soldats dormaient) et les hangars qui ont été ciblés et détruits. D’où l’absence de victimes.

Quinze ou seize missiles ont été tirés. Onze ont frappé la base militaire d’Ayn al-Assad (photo ci-dessus) tandis qu’un autre a frappé une base américaine située près d’Erbil.

Une première constatation : les bases américaines en Irak ne sont pas protégées par des missiles antimissiles.

De plus, trois ou quatre missiles se sont écrasés dans la campagne irakienne et donc, ont complètement raté leur cible.

D’où la question : les missiles iraniens sont-ils aussi précis qu’on le prétend ?

Les missiles russes

Les missiles iraniens proviennent de deux sources : ceux importés de Russie et ceux fabriqués en Iran.

La technologie antimissile russe est la plus efficace et la plus précise au monde.

En 2007, l’Iran avait obtenu 29 véhicules antiaériens mobiles Tor-M1 en vertu d’un contrat de 700 millions$ signé deux ans plus tôt avec Moscou.

Quoique très efficace, le système antimissile Tor-M1 n’est pas le plus sophistiqué de l’arsenal russe puisqu’il est maintenant vieux de deux décennies. Le cout unitaire de chaque véhicule est de 25 millions$.

En 2010, à l’époque du président russe Dmitry Medvedev, des pressions américaines et israéliennes avaient provoqué l’annulation d’un contrat de vente à l’Iran des redoutables missiles russes S-300.

Depuis le retour de Poutine à la résidence russe, Moscou se dit prêt à vendre des missiles S-300VM (encore plus puissants) à l’Iran. Une offre que Téhéran ne semble pas avoir acceptée.

Ce qui fait sans doute hésiter l’Iran, c’est le prix unitaire de ces véhicules antiaériens; 120 million$. Il s’agit d’une somme considérable pour un pays dont l’économie est étranglée par les sanctions américaines.

L’Iran peut évidemment pratiquer le troc avec Moscou. Mais quoi donner en retour ? La Russie est déjà un des principaux exportateurs de pétrole.

En raison des couts élevés de la technologie antimissile russe, l’Iran fabrique ses propres missiles. C’est sa principale source d’approvisionnement.

Les missiles faits en Iran

En 2018, le budget militaire iranien était de 13 milliards$US (environ le cinquième de celui de l’Arabie saoudite).

Son arsenal de drones et de missiles est le plus important du Moyen-Orient. Les Américains estiment que l’Iran en aurait des milliers, d’une douzaine de variétés.

Ceux dont la portée est la plus courte sont des missiles sol-air destinés à abattre des avions de chasse et des bombardiers ennemis.

Les missiles dont la portée est plus longue sont des missiles sol-sol. Les missiles Fateh ont une portée entre 200 et 300 km. Ce sont ceux que l’Iran a utilisés la semaine dernière contre les deux bases américaines.
 

 
Ceux qu’Israël craint sont des missiles sol-sol dont la portée est encore plus longue; les Shahab.

Les plus puissants d’entre eux pourraient atteindre des cibles situées à deux-mille kilomètres.

En balistique, l’écart circulaire probable (ÉCP) est le rayon du cercle à l’intérieur duquel tombent la moitié des frappes. En somme, c’est une mesure de la précision des missiles.

L’ÉCP des missiles Shahab-3 originels (ceux de 2002) était de 2,5 km. Une telle imprécision est inacceptable.

Membres de cette famille, les missiles Ghadr-1 sont apparus en 2015. Ces derniers sont cinq fois plus précis; leur ÉCP est de 300 mètres.

Le 12 juin dernier, l’aéroport saoudien d’Abha — situé à 306 km du Yémen — a été bombardé par les rebelles de ce pays.

À cette occasion, le missile (probablement d’origine iranienne) a raté la tour de contrôle. Si bien que c’est la salle d’arrivée des voyageurs qui a été endommagée.

Cette imprécision est compatible avec les renseignements qu’on possède au sujet de l’ÉCP actuel des missiles iraniens.

Cela contraste avec la précision ‘chirurgicale’ des frappes du 14 septembre dernier contre les sites pétroliers saoudiens.

Ce qui donne plus de poids à l’hypothèse — avancée sur ce blogue — selon laquelle ces frappes ont été tirées à bout portant par la dictature saoudienne contre ses propres installations dans le but de forcer les États-Unis à entrer en guerre contre l’Iran.

Conclusion

Le complexe militaro-industriel américain a continuellement besoin de nouvelles guerres pour maintenir l’emploi.

Ce complexe est un allié de l’OTAN. Afin de justifier son existence, ce dernier doit absolument exagérer la dangerosité des menaces ennemies.

D’abord, la Russie.

Alors que l’armée américaine est cinq à dix fois plus puissante que l’armée russe — en d’autres mots, alors que le risque de guerre mondiale est nul — l’OTAN s’est lancée depuis 2014 dans une course aux armements.

Le prétexte en a été l’annexion russe de la Crimée. L’OTAN feint d’ignorer que cette annexion était souhaitée par les Criméens eux-mêmes (qui l’ont adoptée par référendum). Ce que l’OTAN compare abusivement à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en 1939.

Puis, la Chine.

Les États-Unis (et les ONG qu’ils financent) estiment qu’un million d’Ouïgours sont emprisonnés en Chine.

S’il ne fait aucun doute que la Chine a créé des ‘camps de rééducation’ afin de venir à bout des violences inter-ethniques dans l’ouest du pays, on se demande comment la Chine pourrait loger un million de personnes sans qu’on ait des photos satellites pour prouver l’ampleur de cette incarcération.

De plus, il ne faudrait pas oublier qu’il y a officiellement deux millions de prisonniers aux États-Unis, un pays quatre fois moins populeux.

Donc, même si un million d’Ouïgours étaient vraiment emprisonnés, les États-Unis demeureraient le champion mondial de l’incarcération.

Et l’Iran.

De la même manière, l’Iran nous est présenté comme une grande menace terroriste.

Selon les dépêches diplomatiques américaines révélées par Wikileaks, l’Arabie saoudite est le principal financier du terrorisme international.

L’Iran n’est impliqué que dans un terrorisme de portée régionale, comme le sont eux-mêmes presque tous les autres pays de la région.

Il est indiscutable que le général Soleimani planifiait de tuer des soldats américains. Toutefois, on doit admettre que tous les généraux au monde planifient de tuer des ennemis. Pour n’importe quel pays, à quoi ça sert d’avoir une armée si les soldats refusent de tuer des envahisseurs ?

Menacé de guerre par les États-Unis — le seul pays qui, jusqu’ici, ait utilisé l’arme nucléaire — l’Iran sait que seule son adhésion au club des détenteurs de l’arme atomique est susceptible de faire hésiter les Américains à l’envahir. Comme c’est le cas pour la Corée du Nord.

D’ici à ce qu’elle obtienne suffisamment de combustible nucléaire pour créer sa première bombe, l’Iran a choisi de développer son programme de missiles.

Il ne s’agit pas d’une stratégie offensive puisqu’on ne gagne pas de guerre à coups de missile ou de bombardements; l’échec américain en Syrie en est la preuve.

Il s’agit d’une stratégie de dissuasion. L’Iran sait que ses voisins hostiles (notamment l’Arabie saoudite) hésiteront à lui faire la guerre si leurs villes sont susceptibles d’être bombardées par des missiles iraniens alors que la technologie antimissile américaine sera impuissante à les protéger.

Références :
Emad, Ghadr (Shahab-3 Variants)
Fateh-110
How strong is Iran’s military?
Le mystère des attaques contre les champs pétroliers saoudiens
L’Iran riposte aux États-Unis
Russia offers to sell anti-aircraft missiles to Iran
Russia will supply new anti-aircraft missiles for Iran
S-300VM missile system
Tor missile system
2020 Iranian attack on U.S. forces in Iraq

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une dette saoudienne sur le dos des contribuables canadiens ?

Publié le 30 octobre 2019 | Temps de lecture : 3 minutes


 

Le G20 réunit annuellement une vingtaine de pays — en réalité, 19 pays et l’Union européenne — qui représentent les deux tiers de l’Humanité et 85 % du commerce mondial.

Parce que cette réunion se tiendra en 2020 en Arabie saoudite, le prince Mohammed ben Salmane en sera l’hôte.

Au palais royal saoudien, tous les admirateurs de Justin Trudeau se réjouissent à l’idée de le voir entrer habillé comme Peter O’Toole dans Lawrence of Arabia, du haut de son chameau, au milieu des volutes d’encens et de myrrhe et au son des clochettes.

Mais le premier ministre canadien pourrait avoir d’autres préoccupations.

On apprend aujourd’hui que l’Arabie saoudite est en retard dans ses paiements pour des véhicules blindés canadiens. Ce retard s’élève à 3,4 milliards$ (sur un contrat de quinze milliards$).

L’Arabie saoudite n’étant pas un État de droit, un fabricant n’a aucun recours lorsque ce pays refuse de payer ses dettes.

Même s’il suffisait d’envoyer un huissier pour recouvrer la somme due, il n’est pas certain que ce dernier reviendrait au Canada d’un seul morceau…

Voilà pourquoi ce contrat a été conclu entre le Canada et l’Arabie saoudite et non directement entre celle-ci et le fabricant.

Conséquemment, Ottawa est garant auprès du fabricant du respect du contrat par la dictature saoudienne.

En 2014, lorsque l’Arabie saoudite a manifesté son intention d’acheter de l’armement canadien, les ministères fédéraux à vocation économique avaient recommandé la signature du contrat.

Une recommandation suivie par le gouvernement conservateur de Stephen Harper sous l’indignation de l’opposition libérale.

Mais un tel contrat est soumis à des licences d’exportation. En d’autres mots, la signature du contrat ne valait rien tant que les licences d’exportation n’étaient pas accordées par le ministère des Affaires étrangères.

Ce qui fut fait non pas par les Conservateurs, mais par les Libéraux.

En effet arrivé au pouvoir, le gouvernement libéral de Justin Trudeau n’a rien trouvé de mieux à faire que d’accorder le 8 avril 2016 les licences d’exportation concernant 70 % du matériel militaire canadien visé par le contrat conclu sous les Conservateurs avec l’Arabie saoudite.

Ce qui est un autre exemple qui confirme la thèse selon laquelle le véritable pouvoir à Ottawa est exercé par une machine étatique à qui l’interface ministérielle sert de paravent.

D’où le fait qu’un gouvernement, qu’il soit libéral ou conservateur, cela revient au même.

Avec le résultat que si l’Arabie saoudite ne paie pas sa dette, cela coutera cent dollars à chaque citoyen canadien. Cela représente une somme de 400 $ pour une famille moyenne de deux parents et de deux enfants.

Voilà le prix du fédéralisme.

Références :
Groupe des vingt
La présidence saoudienne du G20 contestée
L’Arabie saoudite en retard dans ses paiements pour des véhicules blindés canadiens
La clarté et l’opacité du ministre Dion

Paru depuis :
Solde impayé des Saoudiens : les blindés reviennent hanter Ottawa (2019-11-02)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les drones

Publié le 31 août 2018 | Temps de lecture : 3 minutes

Utilisation militaire des drones

Un drone est un objet volant inhabité capable de revenir se poser sur son lieu de départ. Cette dernière caractéristique, entre autres, le distingue du missile de croisière.

L’industrie de l’armement investit des sommes considérables afin de développer des drones capables d’espionner les lignes ennemies ou de procéder à des frappes sans risquer la vie de pilotes.

Appelés à remplacer les avions de combat, les drones souffrent actuellement d’une lacune importante.

Leurs capteurs doivent transmettre des quantités importantes d’informations — interprétés par un humain à bord lorsqu’il s’agit d’un avion de chasse — mais qui, dans le cas des drones, doivent être interprétées à distance. Ils sont donc très sensibles au brouillage.

C’est là le talon d’Achille des drones militaires; on ne peut les utiliser que contre des ennemis sans support technologique.

Tant qu’on n’aura trouvé le moyen de pallier cette lacune, l’avenir des drones est principalement lié à leur utilisation civile et notamment commerciale.

Drones vs hélicoptères

Les hélicoptères se déplacent à l’aide d’une hélice principale alimentée par un moteur puissant d’une grande précision puisque toute la stabilité de l’appareil en dépend.

Les drones sont équipés de plusieurs hélices actionnées par des moteurs rudimentaires. Par tâtonnement, ceux-ci sont coordonnés par un système informatique qui analyse les données d’un gyroscope interne.

Le rapport entre leur charge utile (souvent une caméra de quelques grammes seulement) et leur empattement est beaucoup plus grand que celui d’un hélicoptère.

Mais ils sont faciles à fabriquer et peu couteux. De plus, ils possèdent une grande autonomie de vol (jusqu’à quarante-cinq heures) et leur écrasement ne cause pas la mort d’un pilote.

Utilité civile des drones

Nuisances à proximité des aéroports et des sites militaires, les drones sont utiles dans les domaines suivants :
• la télésurveillance (qu’il s’agisse de sécurité ou de surveiller l’avancement d’un chantier),
• la localisation de casseurs au cours d’une manifestation violente,
• l’évaluation des dommages, le repérage des victimes et la détermination des priorités à la suite d’un désastre naturel,
• la recherche des personnes disparues (en mer ou en montagne, par exemple),
• l’exploration de territoires difficilement accessibles (canopée, crevasses, cratères volcaniques, œil d’une tornade, etc.),
• la livraison de petits colis (particulièrement lorsque les voies terrestres sont inutilisables) ou l’acheminement du courrier dans les localités isolées.

Références :
Copel É. Drones à tout faire. La Revue 2017; no 73: 89-91.
Drone

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’appartenance inutile du Canada à l’OTAN

Publié le 16 mai 2018 | Temps de lecture : 5 minutes
Le ministre canadien de la Défense, M. Harjit Sajjan

Une promesse non tenue

Le 25 juin 1968, Pierre-Elliott Trudeau — de père de l’actuel premier ministre du Canada — était élu pour la première fois à la tête du gouvernement canadien.

Les deux engagements qui avaient dominé sa campagne électorale furent ses promesses de faire du Canada une société juste et de retirer le Canada de l’OTAN.

Grâce aux 155 députés libéraux élus sur les 263 que comptait alors la Chambre des Communes, M. Trudeau Père avait toute la latitude pour réaliser ses promesses.

Ce deuxième grand engagement n’eut jamais de suite. On présuma à l’époque que cela faisait partie d’une stratégie de négociation dont on ignorait les dessous.

Mais techniquement, ce scrutin était une élection référendaire. Même cinquante ans plus tard, le gouvernement canadien est toujours lié par le mandat qu’il a reçu des Canadiens (même si la majorité d’entre eux sont morts entretemps).

Doubler les dépenses militaires

En septembre 2014, les pays membres de l’OTAN se sont entendus pour augmenter leurs budgets militaires de manière à ce qu’en 2024, le niveau de leurs dépenses atteigne un minimum de deux pour cent de leur produit intérieur brut (PIB).

Par conséquent, lorsqu’on laisse entendre que le Canada est tenu de respecter ses engagements internationaux, on dit n’importe quoi.

Il ne s’agit pas d’un critère d’appartenance à l’OTAN, mais d’un engagement volontaire du Canada. Un engagement auquel notre pays pourrait renoncer aussi facilement que Donald Trump se retire de l’Accord de Paris sur le climat ou qu’il remet en question l’ALÉNA.

Conséquences économiques

Présentement, le risque de guerre mondiale est nul. Il l’est à court et à moyen terme. La force militaire des États-Unis est de cinq à dix fois plus puissante que celle de la Russie.

L’an dernier, le produit intérieur brut de la Russie était de quatre-trillions$. Celui des États-Unis était de 19,36 trillions$. Presque cinq fois plus.

L’OTAN a tendance à exagérer la menace russe pour justifier son existence.

De la même manière, les gazouillis belliqueux de Donald Trump servent à entretenir une psychose qui a pour but de promouvoir la vente d’armement américain.

Sur les 250 milliards$ de dépenses fédérales, la majorité de cette somme est incompressible.

Pour accroitre les dépenses militaires de quinze-milliards$ — un pour cent du PIB de plus — le choix de l’État fédéral sera entre :
• hausser de beaucoup la fiscalité des particuliers (puisqu’entretemps on aura diminué celle des entreprises) ou
• effectuer des coupures draconiennes dans les postes budgétaires autres que celui de la Défense nationale.

Pensez que quinze-milliards$, c’est environ cinq-cents dollars de plus d’impôts à payer pour chaque homme, femme et enfant du pays. Ou deux-mille dollars pour une famille moyenne de quatre personnes. Et ce, chaque année, tant et aussi longtemps que le Canada fait partie de l’OTAN.

Ce qui incitera la droite canadienne à soutenir que les contribuables sont trop taxés et qu’on doit mettre fin à un État-providence ruineux…

La machine invisible de l’État canadien

Augmenter les dépenses militaires, peu importe le contexte, cela est typique d’un gouvernement de droite.

Il est donc normal que le gouvernement Harper ait pris cet engagement en 2014.

Mais pourquoi est-il maintenu par un gouvernement libéral qui se veut de centre-gauche ?

Parce que ce gouvernement élu n’est que l’interface ministérielle d’une machine étatique qui est la véritable détentrice du pouvoir.

La direction militaire du pays est formée d’experts, de meneurs d’hommes et de gens déterminés.

Ceux-ci rédigent les rapports qui guident les ‘décideurs’ publics. Ce sont eux qui, en coulisse, menacent de démissionner si on ne tient pas compte de leur point de vue. Et quand on les remplace, c’est du pareil au même.

Bref, en dépit des orientations politiques des différents partis politiques qui se sont succédé à la tête de l’État depuis cinquante ans, ceux-ci semblent se comporter comme à la belle époque où ils étaient financés par une caisse occulte à laquelle le complexe militaro-industriel pouvait contribuer significativement.

La permanence des orientations de l’État est une preuve supplémentaire que la machine de l’État fédéral est formée de grands mandarins qui exercent le pouvoir dans l’ombre, animés par leur propre conception de l’intérêt national.

Références :
Doubler les dépenses militaires et la dénaturation du Canada
Être payé pour apprendre le français, puis démissionner
Les États-Unis et la Corée du Nord
Russia
Service et OTAN: Mélenchon détaille son programme de défense
Un fonctionnaire fédéral défend son droit de travailler en français
United States

Paru depuis :
Trump Discussed Pulling U.S. From NATO, Aides Say Amid New Concerns Over Russia (2019-01-14)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 75mm F/1,8 — 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 6400 — 75 mm.

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix du fédéralisme canadien, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les armes de Daech en Irak et en Syrie

Publié le 15 décembre 2017 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Après l’effondrement du califat, l’heure est aux bilans.

L’organisme britannique Conflict Armament Research dévoilait hier les résultats d’une enquête effectuée de juillet 2014 à novembre 2017 sur l’origine de l’équipement militaire dont disposait l’État islamique (ÉI) en Irak et en Syrie.

Il est à noter que dans le cas précis de la Syrie, les enquêtes se sont déroulées de juillet 2014 à septembre 2015 et ce, seulement sur le territoire contrôlé par les forces kurdes, les seules qui, essentiellement, ont fait reculer l’ÉI dans ce pays.

De plus, réitérons qu’il ne s’agit pas de tout le matériel mis en œuvre au cours de cette guerre, mais très précisément de celui de l’ÉI.

L’étude porte sur des dizaines de milliers d’items ayant appartenu aux miliciens de l’ÉI; 1 832 armes, 40 984 munitions, sans compter divers ingrédients nécessaires à la fabrication de bombes artisanales.

Dates de fabrication

À partir des numéros de série, on peut juger de la date de fabrication de l’équipement militaire utilisé par l’ÉI. De manière générale, cet équipement était ancien.

Environ 60% de cet équipement avait été fabriqué avant 1990. Près de 40%, entre 1990 et 2009. Seulement 2% des armes (et 15% des munitions), depuis 2010.

Les armes les plus sophistiquées sont évidemment les plus récentes. Elles sont celles dont l’ÉI a fait l’acquisition le plus rapidement.

Seulement deux mois s’écoulent entre la sortie d’usine de certains missiles sol-sol antitanks et leur utilisation par l’ÉI.

Fabriqués en Bulgarie, ces missiles ont été achetés par les États-Unis, fournis aux forces antigouvernementales de Syrie pour détruire les tanks de l’armée de Bachar el-Assad, mais qui ont été refilés plutôt aux mercenaires de l’ÉI en Irak.

D’autres missiles plus anciens — fabriqués en Roumanie et vendus aux États-Unis ou vendues par la Bulgarie à l’Arabie saoudite — ont mis davantage de temps avant de tomber entre les mains de l’ÉI.

En plus du butin de guerre gagné sur le champ de bataille, une partie des armes utilisées par l’ÉI provient donc du transfert de matériel militaire des milices islamistes vers l’ÉI.

On ne doit jamais perdre de vue que toute l’essence consommée par le matériel roulant des milices islamiques provenait des puits de pétrole de l’ÉI (directement ou par le biais du marché noir).

L’armement servait donc parfois de monnaie d’échange pour obtenir du pétrole.

Pays producteurs

Environ 90% des armes et 87% des munitions avaient été produits en Chine, en Russie et dans d’anciennes républiques soviétiques. À eux seuls, le matériel russe ou chinois représente un peu plus de la moitié de cet approvisionnement.

À titre d’anecdote, signalons que dans une cache trouvée près de Mossoul, des sachets de Captagon™ (la drogue stimulante utilisée par les miliciens de l’ÉI) avaient été préalablement attachés à chacune des mitraillettes chinoises qui y étaient entreposées.

Dans le cas de l’armement fabriqué par d’anciennes républiques soviétiques (30% des armes et 20% des munitions), ils proviennent de Roumanie, de Hongrie, de Bulgarie, de Serbie, de Pologne, et de République tchèque.

Seulement 3% des armes et 13% des munitions avaient été fabriqués par des pays membres de l’OTAN (autres que des pays d’Europe de l’Est). Ce fut principalement le butin de guerre dont l’ÉI hérita lors de la prise de Mossoul (la deuxième ville d’Irak). De ce 3%, les deux tiers sont américains.

Quant aux explosifs, leurs ingrédients et composants — nitrate d’ammonium, nitrate de potassium, détonateurs, mèches, etc.— avaient été achetés en Turquie (et secondairement de Jordanie) sur une longue période temps auprès d’un petit nombre de fournisseurs.

Conclusion

Lorsque la branche irakienne d’Al Qaïda, discréditée dans ce pays et presque complètement anéantie, part faire le djihad en Syrie, elle bénéficie des largesses de l’Arabie saoudite et du Quatar offertes à n’importe quelle milice désireuse d’abattre le régime de Bachar el-Assad.

Très tôt, cet ‘équipement de départ’ est supplanté par le butin obtenu lors des conquêtes territoriales qui mènent à la création du califat et au changement de nom pour État islamique.

Or le califat chevauche deux pays, l’Irak et la Syrie. Le premier est un ancien allié de Moscou tandis que le second l’est toujours.

L’armement des forces gouvernementales de chacun de ses pays est le reflet de ses allégeances géopolitiques. On y trouve donc beaucoup d’armes russes, chinoises et d’anciennes républiques soviétiques.

Lorsque ces forces gouvernementales reculent devant l’avancée de l’ÉI ou d’autres milices islamistes, elles laissent sur place du vieux matériel ‘communiste’.

En Syrie, le recul des forces gouvernementales vers la Syrie dite ‘utile’ (à l’ouest) fait en sorte que le califat s’est retrouvé menacé sur le terrain par les milices islamistes soutenues par les États-Unis et l’Arabie saoudite.

Dans un premier temps, en équipant ces milices, on leur fournissait de nouvelles munitions compatibles avec leurs vieilles armes. Puis bientôt de nouvelles armes compatibles avec leurs vieilles munitions.

Puis, pour aider ces mercenaires à vaincre les milices de l’ÉI et les forces gouvernementales, leurs commanditaires leur ont bientôt fait parvenir des armes plus puissantes.

Dans le cas des missiles antitanks, leur fourniture s’effectue à l’encontre des résolutions de l’ONU et alors que les services de renseignements américains sont parfaitement conscients du danger que ces armes tombent entre les mains de l’ÉI.

Voilà pourquoi les États-Unis et l’Arabie saoudite préfèreront expédier des missiles bulgares et roumains, moins compromettants.

Référence :
Weapons of the Islamic State

Paru depuis :
La valse des armes au Proche-Orient (2017-12-16)


Compléments de lecture :
L’ABC de la guerre syrienne (1re partie)
L’ABC de la guerre syrienne (2e partie)
L’ABC de la guerre syrienne (3e partie)

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Écrit par Jean-Pierre Martel