Publié le 12 mars 2013 | Temps de lecture : 1 minute
« Cuban Model »
La revue électronique DPReview organisait récemment un concours dans le style du photojournaliste Steve McCurry. Ce dernier est connu pour avoir réalisé un gros plan intitulé « Afghan Girl », publié dans le National Geographic Magazine.
À l’issue d’un scrutin qui a recueilli 4 134 votes et qui s’est terminé hier soir, la photo ci-dessus, réalisée par votre humble serviteur, s’est mérité la seconde place.
Confidence : En un clin d’œil, ce qui m’avait frappé, ce n’était pas elle, mais ce mur jaune. Mais dès que je l’ai vue, ce fut une explosion de couleurs : le brun pâteux de sa peau, le magnétisme des fleurs, l’éclat des vêtements (qui se découpent sans ombre sur l’arrière-fond).
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8 — 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 35 mm
Publié le 9 mars 2013 | Temps de lecture : 2 minutes
La Place du Christ est la plus petite des cinq places de la Vielle Havane. Elle est dominée par la présence de l’église du Christ dont le nom exact est Iglesia del Santo Cristo del Buen Viaje (ou église Notre-Seigneur-du-bon-Voyage).
À l’époque coloniale, non seulement les marins avaient l’habitude d’y exprimer leur reconnaissance d’être arrivés sains et saufs à La Havane, mais également ceux en provenance de la campagne cubaine puisque ce temple se trouvait à proximité de la Puerta de Tierra, soit une des deux portes de la ville (emmurée jusqu’au milieu du XIXe siècle).
Construite en 1640 par une communauté de Franciscains d’origine mexicaine, l’église fut décorée de sa façade actuelle (ornée d’un balcon) en 1755 et complètement remodelée en 1932 (alors que les allées latérales lui furent ajoutées). Dans ces allées, les lisières encadrées par les poutres du plafond sont peintes dans le style des bagues de cigare cubain.
À l’origine, la tour hexagonale nord possédait une cloche (ce qui n’est plus le cas) et celle au sud en contient toujours quatre; la plus ancienne fut fondue en 1515.
Un parc adjacent sert de cours de récréation aux élèves de l’école primaire qui a été aménagée du côté sud de l’église. C’est dans ce parc qu’on a élevé un monument en l’honneur de Plácido (le pseudonyme du poète mulâtre Gabriel de la Concepción Valdés). On lui doit l’introduction du créole dans la littérature cubaine.
Au coin sud-ouest de la place, divers commerces et restaurants se sont établis.
Publié le 6 mars 2013 | Temps de lecture : 6 minutes
Ce diaporama débute par une photo qui symbolise à elle seule cette partie de la capitale cubaine. Dans une porte-cochère, on y voit la table de travail d’une manicuriste : à l’arrière-plan, du linge est suspendu à sécher dans une cour extérieure. On y voit donc la symbiose typique du quartier; une activité commerciale artisanale greffée à un bâti résidentiel.
Nous verrons des photos prises le long de quatre rues qui traversent la Vieille Havane d’ouest en est, immédiatement au sud de la rue Obispo. Cette dernière a fait l’objet d’un autre diaporama, vu précédemment).
La rue Obrapía (ou rue de l’Œuvre pieuse)
Cette rue tire son nom d’une disposition testamentaire de Martín Calvo de la Puerta y Arrieta (Procureur général de l’île, décédé en 1679). Ce dernier avait prévu la création d’un fonds colossal de 5 000 pesos destiné à défrayer annuellement la dot de cinq orphelines afin que « sans avoir perdu leur honnêteté et leur pudeur, elles engendrent des fils forts et robustes. »
À 0:52, ce sont les portes de l’ancienne Bourse de La Havane. À 1:03, il s’agit du portail baroque de la maison du procureur Martín Calvo de la Puerta y Arrieta. Le domicile du procureur fut construit vers 1648 mais le portail fut importé de Cadix (en Adalousie) et ajouté plus tard, en 1686.
De 1:13 à 1:22, il s’agit de la maison cubaine d’un des plus grands peintres et sculpteurs sud-américains, soit l’équatorien Oswaldo Guayasamín dont le décès, survenu en 1999, fut marqué par un débrayage spontané dans son pays d’origine.
De 1:25 à 1:33, c’est un aperçu de la Casa del Abanico (la Maison de l’éventail). De modestes éventails importés d’Espagne sont décorés magnifiquement, à la main, à des prix variant de 2,4 à 8,5 pesos convertibles (2,4 à 8,5$ ou environ de 2 à 7€). Pour une somme modeste, on peut personnaliser l’éventail en y faisant ajouter un nom ou une dédicace.
La rue Lamparilla (ou rue de la Petite lampe)
À 2:00, on voit des gens qui font la queue avant l’ouverture d’un magasin où on ne vend qu’un seul item : des œufs blancs. Pourquoi des blancs seulement ? Parce que sont les seuls subventionnés par l’État, donc très économiques et très populaires.
De 2:04 à 2:09, on voit la Casa de Carmen y William et, de 2:10 à 2:14, la Casa Colonial 1715. Il s’agit de deux Casas particuliar, c’est-à-dire deux endroits où les touristes peuvent demeurer « chez l’habitant ».
À 2:38, cette boucherie offre sa marchandise à l’air libre et à la température ambiante. Lorsqu’un client y achète de la viande, celle-ci a toujours été manipulée à main nue précédemment, que soit par le boucher lui-même ou par un autre client, à la recherche de la pièce qui lui convient.
De 2:54 à 2:58, on voit une clinique de maternité, puis le parc Guayasamín qui lui est adjacent (de 3:00 à 3:02). Au fond de ce parc se trouve une sculpture d’Oswaldo Guayasamín représentant Rumiñahui, un guerrier inca qui a mené la résistance contre les conquistadors espagnols en Équateur.
La rue Amargura (ou rue de l’Amertume)
Durant chaque soir du carême, les Franciscains entamaient une longue procession à partir de leur cloître (situé tout près de l’extrémité orientale de cette rue), jusqu’à la Place du Christ, située à l’extrémité opposée.
Tout comme cette procession, notre visite de cette rue débute par son extrémité débouchant sur la Place St-François-d’Assise.
De 3:15 à 3:28, on voit le Jardín del Oriente, un des restaurants du quartier qui offrent le meilleur rapport prix/qualité.
De 3:28 à 4:17, c’est le Musée de la céramique. Celui-ci présente quelques-unes des œuvres les plus intéressantes réalisées par des artistes cubains depuis la Révolution. Parmi les pièces exposées, cette femme nue, les yeux clos, dont l’abdomen entr’ouvert laisse voir un fœtus. Ou ces deux hommes, dressés comme Les Bourgeois de Calais, dont une épingle à linge ferme les lèvres de l’un tandis qu’une masse étire la langue de l’autre et les empêchent ainsi de parler : je vous laisse libre d’imaginer le sens de cette œuvre hardie.
De 4:24 à 4:27, on entrevoit une galerie qui présente une exposition d’affiches et d’œuvres contemporaines sous le thème de Cuidad en movimiento (Cité en mouvement).
De 4:30 à 5:05, c’est l’hôtel Raquel, construit en 1905. C’est probablement le plus bel hôtel Art nouveau de la ville.
De 5:09 à 5:43, nous visitons la nouvelle église St-François d’Assise. Construite en 1633 sous le nom d’église St-Augustin, elle prit son nom actuel en 1842 lorsque l’ancienne église St-François d’Assise — celle qu’on peut voir de nos jours sur la place du même nom — fut confisquée par le gouverneur de l’île.
Il s’agit d’un lieu charmant avec ses stucs un peu poussiéreux et ses huit autels latéraux très bien exécutés.
De 5:50 à 6:02, on rend hommage à Julio-Antonio Mella, fondateur d’un parti communiste cubain dans les années 1920.
La rue Brasil (ou rue du Brésil)
De 6:17 à 6:25, nous voyons le Musée de la parfumerie (appelé Maison cubaine du parfum). Des étagères présentent des flacons, des épices et des fleurs séchées utilisées en parfumerie. L’intérêt principal de ce musée est que le visiteur peut y faire fabriquer un parfum, une eau de Cologne ou une lotion après le rasage selon ses spécifications.
De 7:03 à 7:21, c’est le Musée de la pharmacie, plus grand et encore plus beau que la Farmacia y Drogueria Taquechel de la rue Obispo. En face du musée se trouve la Parfumerie Sanna (de 7:22 à 7:25).
De 7:48 à 7:56, c’est le restaurant Hanoï, aménagé dans la Maison de la Vigne, construite au XVIIe siècle.
Le diaporama se termine par un aperçu de l’activité nocturne du restaurant situé à l’extrémité occidentale de cette rue.
Publié le 18 février 2013 | Temps de lecture : 8 minutes
Nous avons vu précédemment que plus du tiers des 3 370 édifices du quartier de la Vieille Havane ont une vocation commerciale. Toutefois, dans bien des cas, il ne s’agit que d’un simple guichet percé dans la cuisine d’un logement qui permet d’offrir des collations aux passants. Dans d’autres cas, c’est la modeste échoppe d’un artisan ou d’un vendeur de souvenirs.
La rue Obispo — ce qui signifie la rue de l’Évêque — est bien d’avantage. C’est la principale rue commerciale du quartier et une des plus populaires de la ville; il s’agit d’une suite presque continue de commerces au détail, de restaurants, de galeries d’Art, d’hôtels et de musées.
Longue d’un kilomètre, elle commence à l’est par la Place d’Armes et se termine à l’ouest devant le bar El Floridita. Contrairement à la grande majorité des rues du quartier (très accidentées), cette rue piétonne dispose d’un revêtement relativement lisse en briques, ce qui permet d’admirer la devanture des magasins sans risquer de se fouler une cheville.
La vidéo débute par la Plazuela de Alvear, située en face de l’El Floridita. Cette place est dédiée à Don Francesco de Albear, l’ingénieur cubain qui résolut le plus grave problème de la capitale depuis sa fondation; son approvisionnement en eau. L’aqueduc qu’il a conçu puise son eau dans les sources de la rivière Almendares (qui traverse La Havane). Cette œuvre d’ingénierie s’est méritée la médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1878.
La Cuna des Daiquirí est le slogan du restaurant El Floridita. Il signifie « Le Berceau du Daiquiri ». Cela rappelle que ce cocktail, mondialement connu, a été mis au point dans ce bar, inauguré en 1817. C’était le débit de boisson préféré de l’écrivain américain Ernest Hemingway lors de ses séjours dans la capitale cubaine. À l’époque, il s’appelait El Piña de Plata (en français, l’Ananas d’argent), un nom qui appartient de nos jours au restaurant qui lui est adjacent.
L’écrivain y appréciait le Papa especial, une variante du Daiquiri classique, composée ici d’une double portion de rhum vieilli trois ans.
À 0:13, le monsieur qui semble parler à la dame en rose au centre de l’image, c’est une statue de bronze, grandeur nature, du récipiendaire du prix Nobel de littérature de 1954.
À sa manière, le restaurant El Piña de Plata (de 0:18 à 0:31) rend aussi hommage à l’écrivain par une toile, au fond de l’établissement, qui représente l’écrivain à l’œuvre.
À deux pas, la librairie La Moderna Poesia (de 0 :33 à 0:46) est située dans un imposant édifice Art déco. Les vitrines du magasin annoncent qu’on y vend livres, CD et DVD. En réalité, l’intérieur, assez vaste, est presque vide.
Le prix des CD y est le même pour les touristes (en pesos convertibles) que pour les Cubains (en monnaie nationale, qui vaut 24 fois moins). Concrètement, le CD du Stabat Mater de Pergolèse dirigé par Vincent Dumestre (et son livret de 52 pages), coûtait 1,60€ pour un touriste et 0,07€ pour un Cubain.
Sur la photo à 1:55, les prix sont en monnaie nationale (MN) : 100 pesos valent environ 3,25€.
À 2:03, dissimulé derrière son bouclier, il s’agit non pas de l’aristocratique Don Quichotte, mais de son prolétaire serviteur Sancho Pansa…
De 2:31 à 2:42, les photos ont été prises à une foire d’artisanat qui se tient quotidiennement sur Obispo, entre les rues Aguacate et Compostela. Plus précisément, à 2:43, il s’agit de l’estampe Mi Habana, de l’architecte, photographe et artiste plasticien Milton Reinaldo Díaz Pérez (courriel et page Facebook).
À 2:46, on voit le restaurant Las Ruinas del Parque (Les Ruines du parc) où se succèdent tous les soirs des orchestres de musique latine.
Le Musée du 28 septembre (à 3:22) célèbre la création des Comités de défense de la Révolution, nés le 28 septembre 1960 afin de contrer les actes de sabotage et actions ennemis. Leur rôle a évolué avec le temps. De nos jours, ce sont des cellules locales du Parti communiste dispersés à peu près partout dans la ville. Ce musée s’adresse essentiellement aux Cubains.
De 3:29 à 3:47, il s’agit du restaurant La Lluvia de Oro (la Pluie d’or). Pour sept pesos convertibles (soit 7$ ou environ 5,5€), on a droit à un Mojito — le cocktail emblématique de La Havane, à base de rhum cubain, de feuille de menthe broyée et de jus de lime — à un filet de poisson accompagné de riz et d’une salade de chou, de même qu’à une petite boule de crème glacée au chocolat. En plus, à partir de 19h20, le restaurant s’anime au son de la musique latine interprétée par un orchestre de six musiciens.
À 3:55, c’est la boutique Etecsa, ouverte de 8h30 à 19h30, où on peut acheter des cartes téléphoniques et des cartes d’accès internet.
De 4:02 à 4:03, c’est le marché La Lluvia de Oro (à ne pas confondre avec le restaurant homonyme).
De 4:12 à 4:21, voici le Musée numismatique de La Havane. Sur deux étages, il présente des pièces de monnaie, des médailles et quelques billets de banque. Parmi les 160 000 objets du musée, celui-ci expose quelques-unes de ses pièces les plus remarquables, dont de la monnaie de la Grèce antique — don du Comte de Lagunella — dans un état exceptionnel de conservation. On peut y voir également les billets signés par Che Guevara, à l’époque où il présidait la Banque nationale de Cuba.
De 4:27 à 4:47, nous prenons le repas du midi au Café Europa. Dans la vidéo, le repas est constitué d’une soupe crevettes et nouilles, d’un plat principal de crevettes et de riz, puis d’une glace aux fraises. Un orchestre de cinq musiciens joue de la musique latine tandis qu’un couple de danseurs tourbillonnent entre les tables. Le tout pour 9,5 pesos convertibles.
Là où les taux de changes sont les plus intéressants pour les touristes, ce sont dans les bureaux de l’entreprise d’État CaDeCa (de 4:45 à 5:01). Ce nom est l’abréviation de Casas de Cambio (Bureaux de change). Cette entreprise possède des succursales un peu partout dans la ville, notamment à l’aéroport.
De 5:09 à 5:17, voici un bref aperçu de l’hôtel Florida, situé dans un édifice construit en 1836 et aménagé en hôtel en 1885. Il a la réputation d’être l’endroit le moins cher en ville pour accéder à l’internet. Toutefois le public n’y dispose que d’un seul ordinateur à cet effet.
À 5:28, on aperçoit le Café Paris, ouvert en 1924.
La Farmacia y Drogueria Taquechel (de 5:40 à 5:58) est une pharmacie spectaculairement belle. Aménagée en 1898, on y trouve une importante collection de récipients de faïence et de porcelaine. De nos jours, on y vend des médicaments naturels et des médicaments homéopathiques.
L’hôtel Ambos Mundos (de 5:59 à 6:05) date de la fin des années 1920. C’était l’hôtel où séjournait Ernest Hemingway lorsqu’il était à La Havane. Sa chambre préférée (la 511) est aujourd’hui un petit musée en son honneur. C’est dans cette chambre qu’il aurait entamé l’écriture de son roman Pour qui sonne le glas (qui lui valut le prix Pulitzer en 1953).
De 6:10 à 6:23, il s’agit du Musée de la fresque. Il est aménagé dans la plus ancienne maison de la capitale cubaine, construite en 1594. Son architecture, d’influence moresque, se distingue par ses portes cloutées, son vestibule, son patio, son plafond à poutres apparentes et ses murs en terre blanchie à la chaux. On y expose la plus ancienne représentation du port de La Havane, exécutée entre 1762 et 1767 (à 6:20).
Après avoir décrit presque toute la rue Obispo, le présent texte n’a toujours pas expliqué pourquoi cette rue porte (en espagnol) le nom de rue de l’Évêque; c’est que ce dernier y avait domicile à l’intersection de la rue Oficios, dans un immeuble dont le rez-de-chaussée est occupé de nos jours par le restaurant La Mina (à 6:32).
De 6:35 à 6:38, voici l’ancien Palais du gouverneur espagnol Don Louis de las Casas Aragorri (terminé en 1791). Ce palais, un des plus beaux de la ville, loge aujourd’hui le musée consacré à l’histoire de La Havane. Le portail qu’on voit dans la vidéo n’est pas celui qui permet au public d’accéder au musée.
De 6:39 à 6:43, c’est la boutique du peintre graveur Álvaro Almaguer (courriel).
Dès 1707, l’orfèvre Gregorio Tabares a exercé son métier dans un édifice qui loge maintenant le Musée de l’orfèvrerie (de 6:44 à 7:16). On y trouve des bijoux, montres, cendriers, encriers, articles de toilette en métal précieux.
Un bref aperçu de la vie nocturne sur Obispo complète ce diaporama.
Publié le 10 février 2013 | Temps de lecture : 4 minutes
Le quartier de la Vieille ville correspond à la partie de la capitale cubaine qui était emmurée par des fortifications jusqu’au milieu du XIXe siècle.
De nos jours, on y dénombre 3 370 bâtisses dont 88% ont de un à trois étages. Leur construction s’est répartie sur plusieurs siècles :
• 13% sont postérieures à 1950,
• 56% datent de la première moitié du XXe siècle, et
• 31% ont été construites entre le XVIe et la fin du XIXe siècle.
En dépit de sa valeur patrimoniale, le quartier génère une intense activité commerciale;
• 47% des édifices sont purement résidentiels,
• 35% sont à la fois des commerces (aux étages inférieurs) et des logis,
• 8% sont dédiés exclusivement à la vente de biens ou de services.
Vu des airs, le quartier a la forme d’un ballon de football dressé verticalement. Le diaporama ci-dessus présente les photos que j’ai prises en déambulant dans les rues est-ouest situées dans la partie nord de ce quartier (plus précisément au nord de la rue commerciale Opispo). On n’y voit donc pas les édifices construits le long des rues transversales (qui feront l’objet d’un diaporama à venir).
À cause de la forme du quartier, les rues s’allongent au fur et à mesure qu’on se déplace vers son centre.
Le diaporama débute par des photos prises sur la rue Cuarteles (rue de la Caserne), et sur la rue Chacon (nommée en l’honneur de Luis Chacón, le premier gouverneur natif de la capitale).
De 0:30 à 0:57, on voit l’église Santo Angel Costudio, construite originellement en 1695, rasée par un ouragan en 1846 et reconstruite en style néo-gothique en 1866. C’est sur les marches de cette église que le roman Cecilia Valdés (1882) connaît son dénouement sanglant, alors que l’héroïne fait assassiner son amant le jour de son mariage à une autre femme. C’est aussi dans cette église que le poète et héros national José Martí a été baptisé.
De 0:59 à 1:01, c’est la caserne qui sonne son nom à la rue Cuarteles. Construite au XXe siècle dans un style imitant la Forteresse de la Force Royale (construite de 1558 à 1577), cette bâtisse est fermée au public : elle sert de caserne à la police nationale révolutionnaire cubaine.
Après une courte visite de la rue Tejadillo (rue du Petit toit), nous nous attarderons sur la rue Empedrado (rue Pavée) au milieu de laquelle se trouve le parc Cervantes (2:05 à 2:07), en l’honneur de l’auteur de Don Quichotte.
Cette rue offre un bon échantillonnage de la richesse décorative du quartier. C’est sur cette rue qu’on trouve un des hauts-lieux de la vie nocturne cubaine, le célèbre restaurant La Bodeguita del Medio (un nom signifiant « Le Petit bistro du quartier »). À l’avant, différents orchestre s’y succèdent à la journée longue et son minuscule bar est toujours plein de monde. À l’arrière, son restaurant est décoré des signatures de milliers de visiteurs.
Des artistes viennent de tous les coins de la ville afin de faire imprimer leurs œuvres à l’Atelier expérimental graphique, au fond de l’impasse de la rue Saint-Ignace (une ruelle située à deux pas de la Place de la Cathédrale). À l’étage, l’Atelier sert également de salle d’exposition et de galerie. En d’autres mots, on peut y acheter des œuvres de plusieurs parmi les artistes les plus talentueux de la capitale cubaine.
La rue O’Reilly tire son nom d’Alejandro O’Reilly, le général espagnol qui l’emprunta, accompagné de ses troupes en 1763, lorsque Cuba fut rétrocédé par l’Angleterre à l’Espagne (en échange de la Floride).
C’est sur cette rue qu’on a aménagé la Casa de Victor Hugo (de 5:36 à 5:46), à partir d’artéfacts donnés par la France. Au rez-de-chaussée, dans des présentoirs vitrés, on peut voir des lettres, et des journaux d’époque ayant publié des écrits du romancier. À l’étage, on trouve des assiettes décoratives sur lesquels sont reproduits des toiles de peintres impressionnistes français.
Ce diaporama se termine par une visite d’un petit musée où sont exposés les objets religieux ayant appartenus à l’ancien couvent de St-Dominique et St-Jean-de-Latran, qui se trouvait autrefois à cet endroit. C’est aujourd’hui le Collège St-Jérôme de La Havane.
Publié le 17 janvier 2013 | Temps de lecture : 7 minutes
Introduction
Dès le XVIe siècle, la Nouvelle Place — renommée Vieille Place au XIXe siècle — fut un marché ouvert où s’opérait, entre autres, le plus important négoce d’esclaves de la ville. Quelques-uns de ces riches négociants choisirent d’y élire domicile afin de se rapprocher de leurs affaires.
Relégué au rang de stationnement souterrain quelques années avant la Révolution, la place a bénéficié d’une attention particulière de la part des autorités de la ville depuis 1996 puisqu’il s’agit de l’ensemble architectural colonial le plus important d’Amérique latine.
En dépit de cela, le premier coup d’œil déçoit; c’est une grande place rectangulaire sans âme, entièrement minérale, au centre de laquelle se trouve une réplique de la fontaine en marbre de Carrare qui s’y trouvait à l’origine. Mais dès qu’on se met à la visiter, on découvre qu’avec la Place d’Armes, c’est l’endroit le plus intéressant de la Vieille Ville grâce aux nombreux établissements qui la bordent.
Il suffirait d’y planter quelques palmiers royaux et d’y placer des bancs pour que cette place devienne un des endroits les plus charmants de la capitale cubaine.
Le côté nord
C’est le côté le plus commercial puisqu’on y trouve successivement un restaurant, une école et une boutique de vêtements, mais aucune attraction touristique proprement dite.
Le tout débute par le restaurant Santo Ángel (qu’on peut entrevoir derrière la sculpture en forme de tulipe sur la première photo du diaporama). Celui-ci est installé dans l’ancien palais de la famille Benítez de Parejo, construit à la fin du XVIIIe siècle. En 1866, Susana Benítez de Parejo décida de le convertir en collège pour enfants pauvres : le Colegio Santo Ángel (d’où le nom du restaurant actuel). À partir de 1932, son étage supérieur fut partagé avec le Conservatoire de musique de Santa Amelia. Depuis quelques années, c’est un restaurant spécialisé dans la cuisine cubaine et internationale.
À sa droite, s’élève l’école primaire Ángela Landa (à 0:11). La façade, spectaculairement belle, est tout ce qui reste d’un édifice — construit à la fin du XIXe siècle par le comte de Mortera — complètement refait en briques et en béton sur une structure métallique en 1913.
Le côté nord se termine par une magnifique maison à deux étages (à 0:16) occupée au rez-de-chaussée par la boutique de vêtements Plaza Vieja.
Le côté oriental
L’édifice Gómez Ávila (à 0:19) est le plus haut de la Vieille Place. Ses étages inférieurs logent l’hôtel Los Frailes. À son sommet est située la Cámara Obscura, ce qui signifie Chambre obscure (de 0:20 à 0:23). Il s’agit d’un dispositif qui projette des vues de la ville en temps réel sur un écran horizontal concave autour duquel les visiteurs prennent place. Le prix du billet donne également accès au toit de l’édifice, qui offre une vue intéressante des environs.
L’édifice à deux étages qui suit est la Casa de Estebán José Portier, construite en 1752 (à 0:25). On y trouve la Photothèque de Cuba, dont on m’a dit beaucoup de bien mais qui était fermée les trois fois où je m’y suis rendu.
Aménagé dans un cinéma abandonné, le Planétarium est une des attractions touristiques les plus spectaculaires de la ville (de 0:25 à 0:57). Limitée à 65 places, sa salle de projection se situe dans un immense soleil suspendu, en fibre de verre, auquel on accède par un trottoir en spirale.
La salle de projections est située dans une pièce encore plus vaste dans laquelle on trouve également des présentoirs interactifs, dont une balance qui indique notre poids en fonction de la gravité sur différentes planètes. Comme le montre la vidéo (à 0:36) sur Pluton, je pèserais seulement 2 kg.
Après un immeuble résidentiel, ce côté se termine par le Café El Escorial (à 0:59).
Le côté sud
Le Musée des jeux de cartes (de 1:02 à 1:30) est situé au rez-de-chaussée du plus vieil édifice de la Vieille place, construit au XVIIe siècle. Sa collection provient d’un don de la Fondation Diego Sagredo, dirigée par l’Espagnol Javier de Cárdenas y Chavarri, marquis de Prado Ameno.
Les 2 000 objets de sa collection représentent moins d’une centaine de jeux de cartes différents. Toutefois, ne vous fiez pas à ce petit nombre : la variété et la qualité de ce qui est présenté rendent ce musée très intéressant.
Puis c’est la boutique de vêtements sport Paul & Shark.
La Maison du Comte de San Juan de Jaruco, construite en 1737, complète le côté sud de la place (de 1:32 à 1: 40). Cet édifice se distingue par sa haute arcade en pierre, son portail décoratif et les vitraux polychromes en éventails au-dessus des portes de son balcon.
Il est à noter que ces vitraux, nombreux à la Vieille Place, constituent un élément caractéristique de l’architecture cubaine. Appelés mediopunto (ce qui signifie demi-point), on en trouve souvent au-dessus des portes placées autour des puits de lumière (à 2:18 et 2:28). Mais on en voit aussi au-dessus des portes des balcons comme c’est le cas ici.
Ce palais héberge la galerie d’Art La Casona, spécialisée dans l’art naïf cubain, et surtout l’Hôtel Beltrán de Santa Cruz auquel on accède plus au sud, par la rue St-Ignace.
Le côté ouest
La Microbrasserie située au coin sud-ouest de la Vieille Place porte le nom de Taberna de la Muralla (de 1:44 à 1:55). C’est un des endroits les plus populaires de la ville. Ses équipements autrichiens sont à la fine pointe du progrès.
La Casa del Conde de Lombillo a été construite au XVIIIe siècle (de 1:58 à 2:13). Elle se distingue par son arcade à trois arches, décorée de fresques qu’on s’affaire à restaurer. Au premier étage, des volets et des vitraux cachent la loggia qui s’y trouve. Une fois la restauration complétée, l’édifice abritera quatorze logements réunis autour d’un puits de lumière central. Pour l’instant, on y trouve des bureaux de l’historien de la ville et une boutique de peintures réalisées par aérographie (comme on en voit des centaines un peu partout à La Havane).
Immédiatement plus au nord, on rencontre la Casa de Manuel Antuve (de 2:15 à 2:21). Construite au XVIIIe siècle, elle fut morcelée en des unités d’habitation de plus en plus nombreuses après la Révolution. Au début des années 1990, 54 familles y étaient domiciliées. Cet ancien taudis, dont tous les vitraux avaient été détruits, est en voie de rénovation sous la direction de l’architecte Sergio Raymand. Ultimement, l’immeuble devrait abriter quinze logements sociaux regroupés autour d’un puits de lumière central et deux boutiques au rez-de-chaussée.
L’ex palais du Comte Estaban de Cañongo se démarque des bâtisses environnantes par la verticalité des éléments décoratifs qui ornent sa façade (de 2:23 à 2:35). Il héberge Centre culturel Wallon, qui sert à promouvoir les valeurs de la culture belge, particulièrement celles de Wallonie.
La Casa de las Hermanas Cárdenas (la Maison des sœurs Cárdanas), construite à la fin du XVIIe siècle accueille aujourd’hui le Centre pour le développement des arts visuels (de 2:37 à 3:35). On y présente des affiches, des photos, des installations et des expositions temporaires d’artistes cubains. C’est un lieu jouissif qui termine en beauté cette visite de la Vieille Place.
La vidéo se termine par un lent panoramique qui récapitule ce qu’on vient de voir.
Publié le 1 janvier 2013 | Temps de lecture : 7 minutes
Historique
Chronologiquement, la Place St-François d’Assise fut la deuxième place aménagée à La Havane. Construite près des quais du port, elle devint rapidement le plus important centre d’activité commerciale de la ville.
Après avoir pénétré par l’embouchure de la baie de La Havane, les bateaux de la flotte royale en provenance du Mexique et du Pérou — chargés des trésors pillés aux Aztèques et aux Incas — s’y ravitaillaient et y effectuaient les réparations nécessaires avant d’entreprendre, à chaque printemps, la traversée de l’Atlantique vers l’Espagne.
C’est sur cette place qu’était construite l’hôtel de ville, la première prison et, originellement, la maison du gouverneur espagnol (transférée en 1792 à la Place d’Armes).
Le côté nord de la place
La page titre du diaporama met en vedette l’édifice imposant de la Bourse. À sa gauche, en retrait, se trouve une maison de trois étages (de 0:05 à 0:08 dans la vidéo) dont le fronton est orné d’une horloge. Devant ce bureau de change, se dresse le Cruceiro (la tour du Crucifix), en granite gris pâle, haut de 7,5 mètres.
Au fond de la rue Baratillo — soit la rue du Brocanteur, qui sépare cette maison de la Bourse — on aperçoit le superbe édifice Art déco de la Marine (Edificio de la Marina Havana, à 0:09).
La Bourse (Lonja del Comercio) n’est pas accessible au public. Construite en 1909, cette bâtisse de six étages est surmontée d’une coupole décorée d’une réplique de la statue de Mercure, le dieu du commerce (à 0:20). La sculpture originale, qui orne la façade de la Villa Médicis (en banlieue de Rome) est l’œuvre de Jean de Bologne (1529 – 1608).
De nos jours, cette bâtisse n’accomplit plus sa fonction première. Depuis 1996, c’est un immeuble de bureaux divisé en 74 modules offrant 9 000 mètres carrés de surface locative, réunis autour d’une spacieuse cour intérieure.
Devant la Bourse, on trouve une sculpture surréaliste d’Etienne intitulée « La Conversación » (un don à la ville effectué en 2012 par Vittorio Perrotta).
De 0:38 à 0:41, on voit l’intérieur du Café El Mercurio qui occupe, au rez-de-chaussée, le côté gauche de l’édifice de la Bourse.
Le côté Est de la place
La fontaine aux Lions a été taillée dans le marbre de Carrare en 1836 par le sculpteur italien Giuseppe Gaggini (1791 – 1867), sur une commande de Claudio Martínez de Pinillos, comte de Villanueva.
Séparé par l’avenue St-Pierre, l’ancienne Maison de la Douane (à 0:46), construite en 1911, ferme la perspective orientale de la place. Cette longue construction porte maintenant le nom de Terminal Sierra Maestra. Il est occupé par des bureaux de l’autorité portuaire.
Le côté sud de la place
En 1570, un riche marchand d’esclaves nommé Juan Rojas décède. Par testament, ce dernier lègue une partie de sa fortune aux fins de construction d’un monastère à l’ordre de St-François d’Assise, afin d’y loger les Franciscains. Ceux-ci avaient été les premiers moines à s’installer à La Havane.
Commencé en 1579 et complété en 1591, un premier complexe religieux est détruit par une violente tempête à la fin du XVIIe siècle.
Le couvent — qui renferme deux cloîtres séparés, l’un pour les moines et l’autre pour les moniales — et l’église St-François d’Assise actuelle, ont été reconstruits de 1719 à 1738. Rapidement, l’église devint la préférée de la bourgeoisie de la ville en raison de sa décoration intérieure somptueuse.
Durant les onze mois que dura la conquête anglaise de la ville, en 1762, l’église servit au culte protestant.
Après le retour de Cuba sous la domination espagnole, l’évêque de la ville déclara que l’église avait été profanée et s’opposa à ce qu’elle serve de nouveau au culte catholique.
En raison de son abandon pendant des décennies, le gouverneur espagnol de l’île confisque ce complexe religieux en 1842 et le transforme en entrepôt. Comble de malheur, quatre ans plus tard, une tornade détruit une bonne partie de la nef et le chœur (surmonté à l’époque d’une coupole). Au fil des ans, son trésor est transféré d’un endroit à l’autre et peu à peu, on en perd la trace.
Depuis, le toit a été refait maladroitement et un mur oblique — orné d’une fresque en trompe-l’œil — scelle la nef à la place du chœur. Un jardin, nommé en l’honneur de Mère Thérèsa de Calcuta, a été aménagé là où se trouvait le chœur. C’est ce jardin de sculptures que fait voir la vidéo de 0:55 à 1:00. Au fond du jardin se trouve l’église orthodoxe St-Nicolas-de-Mira, consacrée en 2004 par sa Sainteté le Patriarche Bartholomée.
À droite de l’entrée de l’ancienne église, on peut voir une sculpture du « Chevalier de Paris » (à 1:05). En réalité il s’agit de José María López Lledín, un Espagnol qui a immigré à La Havane au début du XXe siècle et qui est décédé dans un hôpital psychiatrique de la capitale en 1977. Convaincu d’être mousquetaire, celui-ci a passé sa vie à mendier dans les rues de la ville dans un accoutrement inspiré des romans d’Alexandre Dumas. Célèbre pour ses manières pompeuses, il fut immortalisé dans le bronze par le sculpteur cubain José Villa Soberón (qui a également fait la sculpture de Mère Thérèsa que nous venons de voir).
De nos jours, l’ancienne église sert de salle de concert et, avec le couvent, abrite un musée d’art religieux. Précisons que l’art religieux à La Havane est dispersé dans plusieurs établissements : entre autres, dans un pavillon du Musée des Beaux-Arts, dans le Musée municipal (sur la Place d’Armes) et dans l’ancien couvent de St-Dominique et de St-Jean-de-Latran (situé derrière le Musée municipal). La conséquence de cette dispersion, c’est que la collection de l’ancienne église St-François d’Assise contient quelques pièces intéressantes (et des reliques à 1:38), mais globalement, est d’un intérêt limité. On appréciera néanmoins l’architecture des lieux.
Bâtie en trois paliers, le clocher au centre de la façade fait 42 mètres : ce fut longtemps la plus haute tour de la ville (à 2:01).
Le côté ouest de la place
Créé pour célébrer le bicentenaire de la naissance du compositeur, le banc de Chopin (à 2:08) fait partie du mobilier urbain de La Havane depuis 2010. C’est l’œuvre du sculpteur polonais Adam Myjak (né en 1947).
Cette sculpture a été placée devant un édifice du XVIIIe siècle qui a déjà appartenu au marquis de St-Philippe et Santiago : pour cette raison, la société hôtelière qui s’y trouve maintenant porte le nom d’hôtel du Palacio de Marqués de San Felipe y Santiago de Bejucal.
Toujours du côté ouest, de l’autre côté de la rue Lamparilla (c’est-à-dire rue de la Petite Lampe), se trouve le restaurant Café del Oriente qui complète notre visite de cette place.
Publié le 27 décembre 2012 | Temps de lecture : 7 minutes
Introduction
La Place de la Cathédrale est située dans le quartier de la Vieille ville, plus précisément deux rues à l’ouest du Castillo de la Real Fuerza (dont nous avons parlé précédemment).
Dès que les sources naturelles qui y détrempaient le sol une bonne partie de l’année furent suffisamment taries pour permettre la construction domiciliaire, des palais et une petite église catholique (l’Oratoire St-Ignace) furent construits sur ce qu’on appelait alors la Place du Marais. Pour cette raison, ce fut la dernière place à avoir été aménagée à l’intérieur des fortifications de la ville.
Le côté nord de la place
À l’initiative des Jésuites, l’Oratoire St-Ignace céda sa place à une seconde, beaucoup plus vaste, construite de 1748 à 1777. Il s’agissait de construire un sanctuaire public, tourné vers la Place du Marais, mais qui serait derrière le Séminaire St-Charles et St-Ambroise, construit à la même époque et terminé en 1774. Le tout constituait un vaste complexe religieux, propriété des Jésuites.
Dédiée à l’Immaculée-Conception de la Vierge, l’église fut promue au rang de cathédrale en 1789, lorsque La Havane fut hissée au rang d’évêché.
En 1796, alors que la propriété de l’ile de St-Domingue passa de l’Espagne à la France, la dépouille du navigateur Christophe Colomb fut ramenée de St-Domingue — aujourd’hui en République dominicaine — où elle se trouvait depuis 1541, et déposée dans la cathédrale de Immaculée-Conception à La Havane. Pour cette raison, l’église prit alors le nom de Cathédrale de Saint Christophe. À l’indépendance cubaine, cette dépouille fut finalement transférée en Espagne (dans la Cathédrale de Séville) : la cathédrale cubaine reprit officiellement son nom d’origine. Toutefois, encore de nos jours, elle est mieux connue sous son surnom de Catedral de San Cristóbal de La Habana (soit Cathédrale St-Christophe de La Havane).
La façade de l’église, une des plus belles d’Amérique latine, est typiquement de style baroque espagnol colonial, avec la particularité suivante; la tour à gauche est plus étroite que cette de droite, afin de ne pas encombrer la rue qui y passe. Celle de droite renferme deux cloches : une petite, fabriquée à Matanzas (près de La Havane) et l’autre, plus imposante, importée d’Espagne.
Les trois portes, en cèdre et en acajou, sont d’origine.
Avant même que la décoration intérieure baroque n’ait été complétée, l’évêque Juan J. Díaz de Espada la transforma de 1802 à 1832 en style néo-classique, beaucoup plus sobre, d’où le contraste entre l’extérieur plutôt exubérant et l’intérieur relativement dépouillé.
Lorsqu’on examine de près les murs intérieurs de l’église, on a l’impression que leurs imperfections portent des traces de peinture rouge : en réalité les murs sont en calcaire coquillier — c’est-à-dire en agglomérat de coquillages et d’organismes marins — qui renferme par endroits des coraux de couleur orange.
Les planchers sont en marbre italien, rehaussé de marbre cubain (plus foncé).
Dans le transept de gauche se trouve un autel dédié à Saint Christophe, le patron de la ville. Le 16 novembre de chaque année, on commémore l’anniversaire de la fondation de La Havane. Ce jour-là, une estrade est aménagée devant l’autel de ce saint, permettant à chaque personne d’aller toucher les pieds de la statue qui lui est dédiée et de se recueillir quelques instants. Cette cérémonie est le pendant religieux du rituel païen qui se déroule simultanément au Templete de la Place d’Armes.
À la gauche du chœur, à quelques pas de l’autel de St-Christophe, se trouve une chapelle qu’on peut voir de 0:58 à 1:07 dans la vidéo.
Le lustre suspendu de la coupole (à 1:09) pèse deux tonnes et est illuminé de 244 ampoules.
L’autel central (à 1:11) est fait d’un seul bloc de marbre de Carrare incrusté d’or, d’argent et d’onyx. Les trois fresques situées en haut du chœur sont du peintre italien Giuseppe Perovani (1765 – 1835) : dans la vidéo (de 1:16 à 1:20), on voit successivement L’Ascension de Marie (au fond du chœur), Les clés (à droite), et La Dernière Cène (à gauche).
Par une sortie située du côté droit de la nef, on peut accéder au clocher de la cathédrale. En s’y rendant, on passe devant le mur extérieur où est encastré une plaque en l’honneur de Pierre Le Moyne d’Iberville, le plus grand héros québécois, né à Montréal en 1661 et inhumé dans cette église en 1706. Rappelons que ce militaire et explorateur n’a jamais perdu une seule bataille de sa vie, combattant victorieusement les Anglais de la Baie d’Hudson à la Louisiane.
Le côté Est de la place
Le côté oriental de la place est occupé par deux logis jumelés partageant une même galerie à arcades. Ils sont tellement semblables qu’on croirait qu’il s’agit d’un même édifice (à 1:57). Les portes du premier étage permettent toutefois de les distinguer assez facilement.
Celui à proximité de la cathédrale est la Maison du Comte de Lombillo. En réalité, il s’agit d’une annexe — construite au milieu du XVIIIe siècle — d’un édifice plus ancien appartenant à Don José Pedroso y Florencia, dont les descendants reçurent le titre de comte en 1871. Présentement, ce palais sert de bureau à l’historien de la ville.
Le bâtiment adjacent, construit en 1741, est le Palais du Marquis d’Arcos. Initialement, c’était la résidence du Trésorier des finances royales, Don Diego Peñalver, restaurée par son fils Ignacio Peñalver, devenu marquis en 1762. Au moment de ma visite, l’édifice était en voie de restauration.
Adossé à l’une de ses colonnes, on peut voir (à 1:59), la statue de bronze, grandeur nature, du danseur de flamenco Antonio Gades (1936 – 2004). Cette statue est l’œuvre du sculpteur José Villa Soberón.
Le côté sud de la place
Ce côté est entièrement occupé par le Palais des Comtes de Casa Bayona (à 2:01). Construit en 1720 pour le gouverneur militaire Don Louis Chacón, c’est le plus ancien bâtiment de la Place de la Cathédrale. Au XXe siècle, ce palais prit son nom actuel, en hommage à cette famille noble à laquelle il n’a jamais appartenu. Avant qu’il ne soit fermé pour restauration, il abritait le Musée de l’art colonial.
Le côté ouest de la place
Ce côté est occupé par deux bâtiments adjacents, construits au XVIIIe siècle. Celui plus au sud, sans arcade, abrite un magasin d’artisanat (à 2:06).
Celui plus au nord, qui s’avance sur la place, est l’ancien Palais de los Marqueses de Aguas Claras, construit en 1760. De nos jours, il loge le restaurant El Patio.
Conclusion
Une visite à La Havane ne serait pas complète sans passer quelques instants à la Place de la Cathédrale. À cause des restaurations en cours, l’offre culturelle de cette place se limite pour l’instant à la superbe Catedral de San Cristóbal de La Habana, à l’agréable mais dispendieux restaurant El Patio et à la boutique d’artisanat qui lui est adjacente.
Mais dès qu’on aura remis en état les trois autres palais qui bordent cette place, celle-ci rivalisera avec la Place d’Armes pour le titre du lieu touristique le plus intéressant du quartier de la Vieille ville.
Publié le 20 décembre 2012 | Temps de lecture : 7 minutes
Introduction
La Place d’Armes est la plus vieille place de La Havane et le cœur historique de la ville. C’est là qu’aurait été célébrée la première messe, lors de la fondation de la ville en 1519 et c’est sur cette place — longtemps purement minérale — que se déroulaient les parades et exercices militaires.
Pendant des siècles, ce fut le centre politique et militaire de la ville. La résidence du gouverneur s’y trouvait, à l’ombre de la plus importante forteresse de la capitale cubaine.
La gravure ci-dessus (qui ouvre la vidéo) montre l’état des lieux en 1860. On y voit le parc qui y fut aménagé au XIXe siècle et au milieu duquel on trouve aujourd’hui la statue de Carlos-Manuel de Céspedes (1819-1874), initiateur de la guerre d’indépendance de Cuba. Cette statue, créée en 1953, est l’œuvre de l’artiste cubain Sergio López-Musa.
Sur le pourtour de ce parc, du mardi au samedi, de nombreux bouquinistes viennent y vendre des livres, revues, vieilles photos jaunies, monnaies et médailles.
Il est à noter que la petite rue entre le parc et le Musée municipal (du côté ouest de la place) est la seule rue de la Havane pavée en bois (à 0:21 dans la vidéo). Au début du XIXe siècle, cette rue était pavée de gros cailloux ronds dont plusieurs avaient disparus. Incommodé par le bruit des carrosses qui empruntaient cette rue cahoteuse devant son logis, le gouverneur ordonna que le pavage soit refait en bois.
Le côté nord
La Place d’Armes est bordée au nord par le Castillo de la Real Fuerza (littéralement, le Château de force royale), dont la construction s’étala de 1558 à 1577. Il s’agit du plus important exemple d’architecture Renaissante à La Havane et plus ancienne forteresse de la ville.
En 1632, on a ajouté une girouette — due au sculpteur Jerónimo Martínez Pinzón — au sommet de la tour de l’espérance de cette forteresse (à 1:15). C’était la première statue de bronze coulée à La Havane.
Symbole de la ville, sa girouette est appelée Giraldilla par allusion à celle de la cathédrale de Séville. Celle en Espagne est une statue de la Foi (également en bronze) qu’on appelait Giralda à l’époque et appelée Giraldillo depuis le XVIIIe siècle.
Selon la légende, le sculpteur aurait pris modèle sur la Sévillane Ignès de Bobadilla, épouse du gouverneur Hernando de Soto qui ordonna la fortification de La Havane en 1538.
En mai 1539, ce gouverneur entreprit la conquête de la Floride (qui couvrait tout le sud des États-Unis à l’époque) à la tête d’une expédition de neuf navires, 237 chevaux et 513 hommes, laissant La Havane entre les mains de son épouse.
Il mourut de fièvre en Arkansas en 1542 mais la nouvelle n’atteignit son épouse qu’en octobre 1543. Pendant tout ce temps, celle-ci avait espéré le retour de son mari, guettant un signe de son retour du haut de la forteresse.
La statue représente la fidélité et l’espoir du peuple cubain.
Selon les époques, ce château fort a servi à diverses fonctions, De nos jours, c’est un musée consacré aux conquistadors. On y voit des maquettes de leurs bateaux, la monnaie utilisée, et leurs objets du quotidien.
Précision : de 0:50 à 1:10, la pièce musicale qu’on entend est un extrait de ‘Vente a Cordoba Christiana’, interprété par l’Orquesta y Coros Salinas de Torrevieja.
Le côté Est
À l’est de la place, se trouve El Templete (le Petit Temple). Il est à noter que la maison jaune, à l’arrière sur la photo à 1:21, n’en fait pas partie. Inauguré en 1828, ce minuscule temple est le premier édifice néoclassique de La Havane.
À l’intérieur, trois toiles monumentales décorent la totalité de la surface de ses murs. Œuvres du peintre français Jean-Baptiste Vermay (1786-1833) — décédé à La Havane et inhumé avec son épouse dans ce temple — ces toiles commémorent trois événements importants; la première messe donnée à La Havane (le jour de la fondation de la ville), la constitution du premier Conseil municipal et, sur le mur du fond, la cérémonie inaugurale de ce temple.
À chaque année, le 16 novembre — anniversaire de la fondation de la ville — une longue file d’attente s’étend à partir du Templete, sur tout un côté de la Place d’Armes. Chaque personne viendra faire trois fois le tour d’un fromager qui se dresse à deux mètres de celui à l’ombre duquel une première messe a été dite en 1519. Il est à noter que ce fromager n’est pas ce petit arbre qu’on voit au premier plan à 1:31 mais celui, plus important, dont les branches cachent en partie le fronton d’El Templete.
Aux intéressés, la chanson dont on entend un extrait de 1:42 à 2:00, et qui rend hommage à Che Guevara, porte le titre d’Hasta Siempre Comandante.
Le reste du coté oriental de la Place d’Armes est occupé par l’ancien palais du Comte Santovenia. Depuis 1867, c’est devenu l’hôtel Santa Isabel (en l’honneur d’Isabelle II). On peut en apercevoir la terrasse, de même que l’intérieur de 2:01 à 2:08.
Le côté sud
De côté sud de la Place d’armes, se trouvent une petite bibliothèque de quartier (soit la Bibliothèque publique Rubén-Martinez Villena, qui n’est pas représentée dans la vidéo) et le Musée d’histoire naturelle (à 2:10).
Dans ce musée, la présentation des objets date d’une autre époque et, dans le cas des animaux empaillés, leur nombre est assez limité. Toutefois, on y apprend que la faune de Cuba contient à elle seule plus de sortes de chauves-souris que tous les pays d’Amérique du Nord réunis.
Le côté ouest
À l’ouest du parc, c’est le Musée municipal (à partir de 2:12). Ce dernier est installé dans l’ancien Palais du gouverneur espagnol Don Louis de las Casas Aragorri (dont l’inauguration eut lieu en 1791). Au cours des siècles, l’édifice a servi à différentes fonctions, de prison à Hôtel de ville (de 1920 à 1958), en passant par résidence présidentielle (de 1898 à 1920). Aujourd’hui c’est un musée est consacré à l’histoire de la ville.
À 2:12, il s’agit de la statue de Ferdinand VII (un roi d’Espagne jugé sévèrement par l’Histoire) que les autorités espagnoles avaient placé, à la fin de l’époque coloniale, au centre du parc, là où la statue de Céspedes occupe la place d’honneur depuis 1955.
Le Musée municipal s’étend sur tout le côté ouest de la Place d’Armes. Son patio (c’est-à-dire sa cour intérieure à ciel ouvert) est bordé d’une galerie et dominé par une sculpture de Christophe Colomb, en marbre de Carrare.
Dans ce musée, tous les aspects de l’histoire de la ville y sont représentés. On y trouve au rez-de-chaussée une exposition d’objets religieux. À l’étage, on trouve des armes, les habits et accessoires de personnages historiques du pays, et le superbe mobilier originel de nombreuses pièces de l’édifice, dont la salle de bal.
La vidéo se termine par une vue de l’édifice qui occupe le coin nord-ouest de la place.
Conclusion
Sans contredit, la Place d’Armes est la plus belle place du quartier de la Vieille ville. Cohérente par le style, le choix des matériaux et la hauteur des bâtisses, intéressante par les musées qui la bordent, cette place mérite la visite de toute personne qui passe quelques jours dans la capitale cubaine.
Publié le 16 décembre 2012 | Temps de lecture : 3 minutes
Cette vidéo résume la première journée de mon voyage à La Havane, le 29 octobre 2012.
Elle débute par une photo de ma destination, cette chambre située au premier étage du 317 rue Lamparilla, dans le quartier de la Vieille ville.
De 0:34 à 0:53, nous avons un aperçu de l’aéroport de Toronto (où nous faisons escale avant de repartir pour la capitale cubaine).
L’arrivée à La Havane nous montre une ville qui, vue des airs, est nettement moins éclairée la nuit que l’est Montréal.
À la descente de l’avion, nous sommes accueillis par des gardiens dont les limiers sont de sympathiques épagneuls.
L’intérieur de l’aéroport est vieillot mais propre : les formalités y sont relativement rapides et efficaces.
La monnaie destinée exclusivement aux touristes s’appelle le Peso convertible. Elle n’est disponible qu’une fois arrivée à Cuba et n’a plus de valeur une fois sortie du pays. On l’obtient dans les grands hôtels, les bureaux de change répartis dans la ville et à l’aéroport.
De nuit, le trajet vers ma destination ressemble à celui qu’on fait à partir de l’aéroport de Fort Lauderdale, en Floride; le long de la route, des palmiers au début, puis des bâtiments industriels suivis de résidences privées.
Dans la Vielle ville, les rues sont peu éclairées et très mal entretenues. Dans la vidéo, alors qu’il est vers 23h, tout semble gris et poussiéreux.
Après le mot de bienvenue de mes hôtes (Carmen et William), j’offre quelques présents utilitaires puis je montre dans ma chambre pour y défaire mes valises et me coucher.
Celle-ci est d’une propreté impeccable. Dépourvue de fenestration proprement dite, elle n’est séparée de la rue que par une petite porte-fenêtre à deux volets qui partent du sol et qui font environ 1,7 m.
L’effet visuel à la toute fin de la vidéo (après le générique) n’est pas un bogue mais un clin d’œil à The Twilight Zone, une série télévisée très populaire au début des années 1960, dont chaque épisode recourait à cet effet spécial.