Le quartier de Centro, à La Havane

Publié le 29 juillet 2013 | Temps de lecture : 6 minutes

 
Le quartier de Centro occupe presque la même superficie que la Vieille Havane mais est 65% plus peuplé.

C’est un quartier populaire, pas très végétalisé, dont les guides de voyage parlent peu. Autrefois centre commercial de la ville, le quartier a conservé de nombreuses rues consacrées au commerce au détail.

Ses bâtiments sont tous postérieurs à la fin du XIXe siècle : on y trouve donc moins de variété architecturale que dans la Vieille ville. Toutefois, c’est un quartier vivant, plus intéressant que ce que suggèrent les guides de voyage, et que cette vidéo permet de découvrir.

De 0:35 à 1:11, c’est l’église du Sacré-Cœur, surnommée église de la Reine (du nom que portait autrefois l’avenue Simon-Bolivar sur laquelle elle est située). Construite de 1914 à 1923 d’après les plans du Jésuite Luis Gorgoza, c’est le meilleur exemple d’église de style néo-gothique dans la capitale cubaine.

À l’entrée, la statue du Sacré-Cœur repose sur un chapiteau qui illustre la parabole du fils prodigue (à 0:38).

Composé d’albâtre, de bois et de bronze, le retable a été créé à Madrid et assemblé à La Havane. Couronnant les colonnes, les chapiteaux décrivent des scènes bibliques taillées dans une pierre noire.

Et surtout, cette église possède des vitraux remarquables. Doté d’une maîtrise exceptionnelle du clair-obscur, le créateur de ces vitraux utilise la couleur pour disposer les personnages sur différents plans : les sujets principaux, toujours au premier plan, sont dotés d’une riche palette de couleurs saturées, alors que les personnages secondaires se perdent derrière eux dans la grisaille.

À 2:32, il s’agit de la Fabrique royale de tabac Partagas. Elle fut longtemps la plus grande manufacture de cigares cubains et un lieu de visite obligé de tout touriste à La Havane. Elle a maintenant cessé ses opérations.

À 2:35, c’est le portail du quartier chinois. Haut de 13m et pesant 30 tonnes, ce serait le plus grand portail chinois au monde.

Avant la révolution, ce quartier était le plus important d’Amérique latine. La plupart de ses habitants entretenaient de petits commerces. À la nationalisation des entreprises privées, la très grande majorité des Cubains d’origine asiatique préférèrent quitter le pays. De nos jours, le quartier chinois est l’ombre de ce qu’il était.

De 2:38 à 2:54, c’est le siège social de l’opérateur téléphonique Etecsa. C’est cette compagnie qui distribue exclusivement dans toute l’île, les cartes pré-payées d’accès à l’internet.

À 3:06, on voit le Grand temple national maçonnique de Cuba, construit en 1955.

À 3:15, il s’agit d’un des anciens autobus scolaires de marque Blue Bird, autrefois omniprésents au Québec, qui connaissent une deuxième vie dans la capitale cubaine.

De 3:58 4:42, on voit l’arène de boxe où s’entrainent de jeunes cubains sur la rue Saint-Martin. Les images présentées dans la vidéo manquent de netteté mais témoignent éloquemment de la vigueur des combattants. Les lecteurs intéressés à savoir comment j’en suis arrivé à me retrouver à cet endroit, peuvent cliquer sur ceci pour obtenir plus de détails.

De 5:00 à 5:08, c’est le pire restaurant où j’ai mangé à La Havane, à deux pas du Gran Teatro. Les toilettes n’ont même pas l’eau courante.

Les touristes curieux peuvent visiter le musée José-Lezema-Lima. Il s’agit des quelques pièces habitées par cet écrivain cubain, de 1927 à son décès en 1976. Pour les étrangers, l’intérêt des lieux vient du mobilier typique de l’époque et de sa modeste mais intéressante rétrospective de l’art moderne cubain, par le biais des œuvres amassées par cet écrivain pour son propre plaisir (de 5:43 à 6:04).

En 1784, lorsque fut créée la paroisse de Notre-Dame-du-Carme, celle-ci tirait son nom du temple et de l’oratoire que l’Ordre des Carmes Déchaux (un ordre de religieux mendiants) qui se trouvait depuis le XVIIIe siècle à l’extrémité ouest du quartier actuel de Centro.

En 1923, les Carmélites font l’acquisition de terrain supplémentaire afin d’agrandir considérablement leur temple. La nouvelle église sera inaugurée quatre ans plus tard. C’est elle qu’on visite de 6:05 à 6:36.

Une statue de la Vierge, haute de 7,5m et pesant plus de neuf tonnes, se dresse sur son clocher et surplombe donc la ville à plus de soixante mètres de hauteur. Cette statue se distingue même clairement du Castillo de los Tres Reyes del Morro, pourtant situé à 4km.

L’intérieur de l’église est meublé d’autels du XVIIIe siècle récupérés de l’ancienne église St-Philippe-Neri, aujourd’hui détruite, et qui se trouvait dans la vieille ville.

Le bas des murs est recouvert de carreaux de faïence décorés. Le plafond, partiellement restauré, est peint de fresques éclatantes, de style robuste.

À trois rues plus à l’est, se trouve la Callejón de Hamel (de 6:48 à 7:11). Il s’agit d’une ruelle assez banale, transformée par l’art de Salvador Gonzáles Escalona (né en 1948). Celui-ci a débuté son immense projet en avril 1990, à l’époque de l’effondrement de l’économie cubaine provoqué par l’arrêt des subsides soviétiques.

L’artiste a convaincu les voisins de lui permettre d’étendre son domaine créatif jusqu’aux murs de leurs maisons. Toutes les sculptures sont fabriquées avec des matériaux recyclés. Peu à peu, l’endroit est devenu un sanctuaire de la culture afro-cubaine.

Au milieu des ruines de maisons éventrées, d’autres artistes vendent leurs œuvres.

À 7:24 et à 7:26, il s’agit de plaques commémoratives en l’honneur de quelques martyrs de la Révolution cubaine.

À 7:31, on voit le monument à Antonio Maceo (1845-1896), un héros de la guerre d’indépendance cubaine (1895-1898).

La vidéo se termine par un gratte-ciel d’une vingtaine d’étages, inauguré en 1982. Ce bâtiment a été construit pour la Banque nationale cubaine. Encore inachevé en 1959, au moment de la révolution, l’édifice devint un hôpital sur l’ordre de Fidel Castro. Il porte aujourd’hui le nom d’hôpital Hermanos Ameijeiras.


Voir aussi :
Liste des diaporamas du premier voyage à La Havane
Liste des diaporamas du second voyage à La Havane

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6 commentaires à Le quartier de Centro, à La Havane

  1. Eduardo@Andaremos dit :

    Gracias Jean Pierre, es una buena coleccion de imagenes de buena calidad. La Habana es un paraiso para los fotografos. Me temo que la situacion va a cambiar pronto y dejara de ser asi.

    • La mayoría de las ciudades relativamente al margen de la guerra (París, Praga, Barcelona) han conservado sus antiguos barrios. La capital cubana ha invertido mucho en el desarrollo de su patrimonio para dejar saco de los especuladores extranjeros de todo.

      Que por desgracia va a cambiar cuando el embargo de Estados Unidos es elevado, es el hogar de los cubanos.

      Actualmente, se siente aislado del resto del mundo. A través de la lente de las cámaras, que esperan llegar a una celebridad mundial en YouTube, en los blogs, en el asunto relacionado con Cuba. Así que, sí, tienes razón, La Habana es un paraíso para los fotógrafos.

      Algunos turistas quieren encontrar en el extranjero el mismo confort que están acostumbrados en casa. Esto es posible en los centros turísticos de la isla : de La Habana, este tipo de oferta turística es limitada. En el levantamiento del embargo, que va a generar la crítica de estos turistas y cubanos frustración (aunque tienen mucho más que ofrecer que las bebidas de cola y hamburguesas)

      Traduction du message de Eduardo@Andaremos : Merci Jean Pierre : c’est une bonne collection de photos de bonne qualité. La Havane est un paradis pour les photographes. Je crains que la situation va bientôt changer et cesser de l’être.

      Traduction de mon message : La plupart des villes relativement épargnées par la guerre (Paris, Prague, Barcelone) ont su préserver leurs quartiers anciens. La capitale cubaine a trop investi dans la mise en valeur de son patrimoine pour tout laisser saccager par des spéculateurs étrangers.

      Ce qui va malheureusement changer lorsque l’embargo américain sera levé, c’est l’accueil des Cubains.

      Présentement, ces derniers se sentent isolés du reste du monde. Par le biais de l’objectif de nos appareils photos, ils espèrent accéder à une célébrité mondiale sur YouTube, sur des blogues, dans des imprimés relatifs à Cuba. Donc, oui, vous avez raison, La Havane est un paradis pour les photographes.

      Certains touristes désirent retrouver à l’étranger le même confort auquel ils sont habitués chez eux. Cela est possible dans les stations balnéaires de l’île : à La Havane, ce type d’offre touristique est limité. À la levée de l’embargo, cela suscitera la critique de ces touristes et la frustration des Cubains (qui ont pourtant bien d’autres choses à offrir que des colas et des hamburgers).

    • Yanes Blanch dit :

      Es una broma o qué? Usted vive en Cuba?

  2. Yanes Blanch dit :

    Votre remarquable série de reportages sur La Havane est parmi les meilleurs qu’on peut trouver dans le net. Né à la Havane, et fin connaisseur de ma ville, je vous rassure, monsieur. Mais il faut plus répéter la phrase « Ce qui va malheureusement changer lorsque l’embargo américain sera levé… »

    La levé des restrictions économiques sera, monsieur, toujours bienvenue entre les Cubains. Quelque autre interprétation risque l’erreur.

    Pourtant, l’embargo n’est que la pointe du iceberg. En réalité, La Havane possédè aujourd’hui d’argent comme jamais auparavant, via la société Habaguanex S.A. attachée au Bureau de l’Historiateur de la Havane, ceci à son tour affecté au Conseil d’État de la République de Cuba.

    C’est l’absence et/ou l’irrespect des réglementations urbaines, l’un des grandes malheurs de La Havane — de difficile guérison malgré les efforts, à l’heure actuel, des autorités du Plan Urbain — la coupable dans la plupart de l’aspect certes délabré et négligé de la ville, tout comme le mépris pour son passé bourgeois.

    Heureusement, à l’heure actuel, le gouvernement a mis en place un dispositif de redressement, mais tardif et peu effectif, je le crains, s’il n’implique pas l’initiative et l’implication citoyenne.

    Quand l’embargo, sera levé, cette événement sera une part de la solution, pas du problème.

    Yanes Blanch. Paris

    • En premier lieu, permettez-moi de vous remercier pour votre commentaire.

      En effectuant ce voyage à La Havane, j’ai éprouvé deux craintes.

      La première, lorsque j’étais encore sur les lieux, c’est d’être soupçonné d’être un agent à la solde du CIA puisque je photographie tout et n’importe quoi.

      Ma deuxième crainte, à mon retour, c’est au contraire, d’être accusé d’être à la solde du gouvernement cubain puisque je suis parfaitement conscient que mes diaporamas présentent la capitale cubaine sous un jour flatteur. J’ai aimé voyager à La Havane et cela paraît.

      Mes diaporamas ont rencontré un accueil réservé en France mais ont connu un succès retentissant dans les pays anglo-saxons. Or à ma grande surprise, la seule frustration que j’ai rencontrée fut celles d’Américains, déçus que tout le monde peut aller à Cuba sauf eux.

      Je présume donc qu’à la levée de l’embargo, des millions d’Américains se précipiteront sur l’île. Certains iront se reposer à ses stations balnéaires, d’autres feront la découverte de la capitale cubaine.

      Or Cuba ne peut pas accueillir pour l’instant autant de personnes à la fois. À la levée de l’embargo, ces touristes se plaindront donc des hamburgers qui ne goûte pas comme ceux de McDonald, du prix élevé de la bouteille de Coke, de la lenteur de la connexion Internet, etc., etc.

      Et les Cubains, toujours aussi accueillants, ne comprendront pas pourquoi ces gens se plaignent alors qu’ils font tout pour leur plaire.

      En somme, à moyen et à long terme, la levée de l’embargo sera une bénédiction pour Cuba. Mais dans l’immédiat, ce sera une difficile adaptation.

      Je vous le prédis. Cuba est présentement le plus grand musée à ciel ouvert de vieilles voitures américaines : une décennie après la levée de l’embargo, elles auront presque toutes été vendues à des collectionneurs américains. À La Havane, cette vie nocturne, où partout des musiciens jouent live en présence d’une poignée de touristes : en moins d’une décennie, les restaurateurs n’auront plus les moyen de les engager parce ce qu’une bonne partie de ces musiciens feront autre chose de plus payant.

      Et ainsi de suite. En Chine, trois décennies d’immenses progrès économiques ont bouleversé ce pays. Ce sera la même chose pour Cuba. Ce sera pour le mieux pour les Cubains. Mais La Havane ne sera plus le paradis du photographe comme est l’est maintenant. La ville sera tout aussi photogénique mais un petit quelque chose aura disparu.

  3. Sandy39 dit :

    Vous avez écrit en espagnol, quand j’étais en panne !

    7 minutes de Régal à rattraper !

    7 minutes nous offrent une belle promenade en perspective ! Cette fois, sous le soleil, une promenade qui nous émerveille déjà…, sans lanterne…

    Je vous dit « A Bientôt » !

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