Historique
Chronologiquement, la Place St-François d’Assise fut la deuxième place aménagée à La Havane. Construite près des quais du port, elle devint rapidement le plus important centre d’activité commerciale de la ville.
Après avoir pénétré par l’embouchure de la baie de La Havane, les bateaux de la flotte royale en provenance du Mexique et du Pérou — chargés des trésors pillés aux Aztèques et aux Incas — s’y ravitaillaient et y effectuaient les réparations nécessaires avant d’entreprendre, à chaque printemps, la traversée de l’Atlantique vers l’Espagne.
C’est sur cette place qu’était construite l’hôtel de ville, la première prison et, originellement, la maison du gouverneur espagnol (transférée en 1792 à la Place d’Armes).
Le côté nord de la place
La page titre du diaporama met en vedette l’édifice imposant de la Bourse. À sa gauche, en retrait, se trouve une maison de trois étages (de 0:05 à 0:08 dans la vidéo) dont le fronton est orné d’une horloge. Devant ce bureau de change, se dresse le Cruceiro (la tour du Crucifix), en granite gris pâle, haut de 7,5 mètres.
Au fond de la rue Baratillo — soit la rue du Brocanteur, qui sépare cette maison de la Bourse — on aperçoit le superbe édifice Art déco de la Marine (Edificio de la Marina Havana, à 0:09).
La Bourse (Lonja del Comercio) n’est pas accessible au public. Construite en 1909, cette bâtisse de six étages est surmontée d’une coupole décorée d’une réplique de la statue de Mercure, le dieu du commerce (à 0:20). La sculpture originale, qui orne la façade de la Villa Médicis (en banlieue de Rome) est l’œuvre de Jean de Bologne (1529 – 1608).
De nos jours, cette bâtisse n’accomplit plus sa fonction première. Depuis 1996, c’est un immeuble de bureaux divisé en 74 modules offrant 9 000 mètres carrés de surface locative, réunis autour d’une spacieuse cour intérieure.
Devant la Bourse, on trouve une sculpture surréaliste d’Etienne intitulée « La Conversación » (un don à la ville effectué en 2012 par Vittorio Perrotta).
De 0:38 à 0:41, on voit l’intérieur du Café El Mercurio qui occupe, au rez-de-chaussée, le côté gauche de l’édifice de la Bourse.
Le côté Est de la place
La fontaine aux Lions a été taillée dans le marbre de Carrare en 1836 par le sculpteur italien Giuseppe Gaggini (1791 – 1867), sur une commande de Claudio Martínez de Pinillos, comte de Villanueva.
Séparé par l’avenue St-Pierre, l’ancienne Maison de la Douane (à 0:46), construite en 1911, ferme la perspective orientale de la place. Cette longue construction porte maintenant le nom de Terminal Sierra Maestra. Il est occupé par des bureaux de l’autorité portuaire.
Le côté sud de la place
En 1570, un riche marchand d’esclaves nommé Juan Rojas décède. Par testament, ce dernier lègue une partie de sa fortune aux fins de construction d’un monastère à l’ordre de St-François d’Assise, afin d’y loger les Franciscains. Ceux-ci avaient été les premiers moines à s’installer à La Havane.
Commencé en 1579 et complété en 1591, un premier complexe religieux est détruit par une violente tempête à la fin du XVIIe siècle.
Le couvent — qui renferme deux cloîtres séparés, l’un pour les moines et l’autre pour les moniales — et l’église St-François d’Assise actuelle, ont été reconstruits de 1719 à 1738. Rapidement, l’église devint la préférée de la bourgeoisie de la ville en raison de sa décoration intérieure somptueuse.
Durant les onze mois que dura la conquête anglaise de la ville, en 1762, l’église servit au culte protestant.
Après le retour de Cuba sous la domination espagnole, l’évêque de la ville déclara que l’église avait été profanée et s’opposa à ce qu’elle serve de nouveau au culte catholique.
En raison de son abandon pendant des décennies, le gouverneur espagnol de l’île confisque ce complexe religieux en 1842 et le transforme en entrepôt. Comble de malheur, quatre ans plus tard, une tornade détruit une bonne partie de la nef et le chœur (surmonté à l’époque d’une coupole). Au fil des ans, son trésor est transféré d’un endroit à l’autre et peu à peu, on en perd la trace.
Depuis, le toit a été refait maladroitement et un mur oblique — orné d’une fresque en trompe-l’œil — scelle la nef à la place du chœur. Un jardin, nommé en l’honneur de Mère Thérèsa de Calcuta, a été aménagé là où se trouvait le chœur. C’est ce jardin de sculptures que fait voir la vidéo de 0:55 à 1:00. Au fond du jardin se trouve l’église orthodoxe St-Nicolas-de-Mira, consacrée en 2004 par sa Sainteté le Patriarche Bartholomée.
À droite de l’entrée de l’ancienne église, on peut voir une sculpture du « Chevalier de Paris » (à 1:05). En réalité il s’agit de José María López Lledín, un Espagnol qui a immigré à La Havane au début du XXe siècle et qui est décédé dans un hôpital psychiatrique de la capitale en 1977. Convaincu d’être mousquetaire, celui-ci a passé sa vie à mendier dans les rues de la ville dans un accoutrement inspiré des romans d’Alexandre Dumas. Célèbre pour ses manières pompeuses, il fut immortalisé dans le bronze par le sculpteur cubain José Villa Soberón (qui a également fait la sculpture de Mère Thérèsa que nous venons de voir).
De nos jours, l’ancienne église sert de salle de concert et, avec le couvent, abrite un musée d’art religieux. Précisons que l’art religieux à La Havane est dispersé dans plusieurs établissements : entre autres, dans un pavillon du Musée des Beaux-Arts, dans le Musée municipal (sur la Place d’Armes) et dans l’ancien couvent de St-Dominique et de St-Jean-de-Latran (situé derrière le Musée municipal). La conséquence de cette dispersion, c’est que la collection de l’ancienne église St-François d’Assise contient quelques pièces intéressantes (et des reliques à 1:38), mais globalement, est d’un intérêt limité. On appréciera néanmoins l’architecture des lieux.
Bâtie en trois paliers, le clocher au centre de la façade fait 42 mètres : ce fut longtemps la plus haute tour de la ville (à 2:01).
Le côté ouest de la place
Créé pour célébrer le bicentenaire de la naissance du compositeur, le banc de Chopin (à 2:08) fait partie du mobilier urbain de La Havane depuis 2010. C’est l’œuvre du sculpteur polonais Adam Myjak (né en 1947).
Cette sculpture a été placée devant un édifice du XVIIIe siècle qui a déjà appartenu au marquis de St-Philippe et Santiago : pour cette raison, la société hôtelière qui s’y trouve maintenant porte le nom d’hôtel du Palacio de Marqués de San Felipe y Santiago de Bejucal.
Toujours du côté ouest, de l’autre côté de la rue Lamparilla (c’est-à-dire rue de la Petite Lampe), se trouve le restaurant Café del Oriente qui complète notre visite de cette place.
Voir aussi :
Liste des diaporamas du premier voyage à La Havane
Liste des diaporamas du second voyage à La Havane