Lait : Trudeau capitule

1 octobre 2018
Le premier ministre Justin Trudeau

Introduction

« C’est une bonne journée pour le Canada » a déclaré le premier ministre Justin Trudeau en annonçant la conclusion in extrémis d’un accord commercial avec les États-Unis.

Bonne nouvelle pour le Canada peut-être, mais de quel Canada s’agit-il ? De toute évidence, c’est un Canada dont le Québec ne fait pas partie.

Alors que le président Trump qualifie l’accord d’historique et de merveilleux (‘wonderful’), le gouvernement Trudeau essaie de sauver la face en insistant sur ce qui n’a pas été perdu. Mais a-t-il gagné quelque chose ?

’Pas tellement’, comme dirait une électrice le soir d’un débat télévisé.

Du côté des ‘plus’

Le seul gain majeur du nouvel accord est la disparition presque totale du chapitre 11 de l’ALÉNA.

Conçu pour éroder la souveraineté des petits pays comme le Canada et le Mexique, ce chapitre accordait aux investisseurs le droit de poursuivre les pays lorsque leurs gouvernements adoptaient de nouvelles mesures préjudiciables à leurs intérêts.

L’ardeur américaine en faveur du chapitre 11 s’est considérablement refroidie lorsque cette disposition a été invoquée par une pétrolière canadienne pour poursuivre le gouvernement Obama.

Cet abandon permettra à un gouvernement du Québec de révoquer sans compensation le droit d’expropriation accordé par le gouvernement Couillard aux pétrolières.

Mais pour ce faire, il faudra attendre un autre gouvernement que celui que les Québécois s’apprêtent à porter au pouvoir aujourd’hui.

Du côté des ‘moins’

la protection accrue de la propriété intellectuelle

Le nouvel accord ne contient rien de neuf pour combattre la piraterie dont sont victimes les citoyens qui sont des créateurs de contenu.

Mais il prolongera la durée des brevets détenus par les grandes corporations et protègera mieux leurs marques de commerce (dont les noms de domaines sur l’internet).

Ce qui retardera, par exemple, la mise en marché de copies de médicaments brevetés et fera augmenter les couts de l’assurance médicaments défrayés par les provinces.

une nouvelle brèche dans la gestion de l’offre

Déjà, lors de l’AECG — l’Entente économique et commerciale global entre le Canada et l’Union européenne — les producteurs de fromage du Québec avaient été sacrifiés sur l’autel du libre échange.

Seize-mille tonnes de fromages européens pourront être importées en vertu de l’AECG. Cela représente des pertes de 1,5 milliard$ pour les producteurs québécois, en contrepartie d’une compensation insuffisante de 250 millions$ par Ottawa.

Quant au Partenariat Trans-Pacifique, il fera passer en vingt ans l’importation de lait asiatique de 8 300 tonnes à 57 000 mille tonnes. Et ce, sans compensation financière d’Ottawa.

Une fois de plus, la gestion de l’offre a été amputée. Cette fois non pas dans le but d’obtenir des gains au profit de l’industrie automobile ontarienne, mais pour la protéger d’éventuels et hypothétiques tarifs douaniers que menaçait d’imposer Trump.

En vertu du nouvel accord, les fermiers américains obtiennent une part de 3,5% du marché du lait canadien. Ce marché est évalué à seize-milliards$ dont les trois quarts sont produits du Québec.

C’est une perte annuelle de 420 millions$ pour les petites fermes laitières familiales du Québec, au profit des producteurs laitiers industriels américains.

Seront exclus de la gestion de l’offre les produits laitiers de classe 7, c’est-à-dire le lait en poudre, les concentrés de protéines laitières, et les substances laitières utilisées dans la fabrication des laits maternisés.

Pour compenser cette perte du marché intérieur, les producteurs canadiens ne pourront pas augmenter leurs ventes à l’Étranger puisque le gouvernement Trudeau a accepté de limiter les exportations de produits laitiers à travers le monde, c’est-à-dire non seulement aux États-Unis, mais également partout ailleurs.

En contrepartie, Ottawa a promis des subsides aux producteurs laitiers du Canada. Dans la mesure où il n’a pas respecté antérieurement cette promesse, on ne voit pas pourquoi il devrait tenir parole aujourd’hui.

Et, contre toute attente, si Ottawa décidait de dédommager les producteurs laitiers, ce ne serait qu’une question de temps pour qu’un parti politique canadien remettre en question cette dépense annuelle de 420 millions$ et fasse campagne contre les ‘assistés sociaux agricoles’ du Québec.

Conclusion

Dans la belle relation sadomasochiste que Justin Trudeau entretient avec Trump, il est évident que cette capitulation du premier ministre canadien est un jour sombre pour le Canada.

Puisque toutes les circonscriptions où se concentrent les fermes laitières du Québec votent pour des partis fédéralistes provinciaux, on ne voit pas ce qu’Ottawa aurait à craindre de la colère futile des agriculteurs québécois.

Références :
ALENA : Trump salue un « accord historique », Trudeau une « bonne journée pour le Canada »
« Il ne pouvait pas y avoir pire entente pour les producteurs laitiers » du Québec, dit leur président
Trump heralds ‘wonderful new trade deal’ to replace Nafta after Canada talks
Un nouvel accord de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique
U.S., Canada and Mexico just reached a sweeping new NAFTA deal. Here’s what’s in it.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 75mm F/1,8 — 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 1250 — 75 mm

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Un commentaire

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Rossio, Avenida et plus

1 octobre 2018
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Introduction

Le relief de Lisbonne correspond à une surface vallonnée, le tout légèrement incliné vers le sud, où coule le Tage.

La partie la plus basse est Baxia, la Basse Ville, visitée précédemment.

Au nord, Baxia se prolonge par une vallée allongée qui part de Rossio et qui est traversée de longues avenues parallèles formant le quartier d’Avenida.

C’est cette partie de la capitale portugaise que vous propose de visiter ce diaporama.

Rossio

Construite de 1888 à 1890 sur les plans de l’architecte José-Luis Monteiro, la gare du Rossio (à 0:06) fut longtemps la principale gare ferroviaire de la capitale. Elle se distingue, entre autres, par ses portes en forme de fer à cheval.

À l’automne, on trouve à Lisbonne, comme dans d’autres villes portugaises, des vendeurs de marrons cuits au charbon de bois (à 0:08). Ils sont vendus couverts de suie cancérigène.

La plus vaste de Lisbonne, l’Igreja de São Domingos (église Saint-Dominique, de 0:10 à 0:15) a connu une histoire mouvementée. Détruite par un séisme de 1531, puis par le grand séisme de 1755, elle fut reconstruite en 1807.

Jusqu’à la fin de la monarchie portugaise, on y célébrait les mariages royaux.

Une troisième destruction totale survint lors d’un incendie, le 13 aout 1959 : la charpente en bois du toit s’est alors effondrée, ne laissent debout que les murs endommagés. Elle fut reconstruite dans le style qu’elle possédait à sa deuxième reconstruction, en 1807.

Toutefois, on n’essaya pas de masquer les affronts subis en 1959. Le nouveau plafond est peint rose gomme à mâcher, de même qu’une partie des murs.

Le résultat est impressionnant.

Avenida

Le quartier d’Avenida débute par la Place des Restaurateurs (à 0:16), au centre de laquelle se trouve un obélisque érigé en 1886 pour célébrer la guerre de restauration portugaise.

Se déroulant de 1640 à 1668, cette guerre n’était pas un conflit culinaire mais une guerre d’indépendance à l’issue de laquelle le Portugal se libéra de la domination espagnole, ce qui entraina la restauration de la dynastie de Braganza sur le trône portugais.

Ses environs constituent le quartier des spectacles de la ville. En effet, si on exclut les innombrables clubs de fado ou de jazz disséminés dans les vieux quartiers, c’est dans les environs de la Praça dos Restauradores qu’on trouve plusieurs grandes salles dédiées au cinéma ou au théâtre.

On y trouve notamment le Teatro Eden de style Art Deco (à 0:18) dû à l’architecte Cassiano Branco (transformé en hôtel depuis), le Palàcio Foz de style baroque (à 0:20) et l’ancien cinéma Condes (à 0:22) construit en 1950 par Raul Tojal dans un style moderniste.

En empruntant la rue à droite de ce dernier, on accède à la rua das Portas de Santo Antão où se trouvent le Coliseu dos Recreios (à 0:24), le Teatro Politeama (à 0:26), l’Ateneu Comercial de Lisboa (à 0:28) et l’église Saint-Louis des Français (de 0:34 à 0:37). Détruite par le tremblement de terre de 1755, cette dernière fut reconstruite grâce à un don de Louis XV.

Plus loin, cette fois à l’ouest de l’Avenida de Libertade, on accède au Jardim Alfredo Keil (à 0:38) et à la pittoresque rua da Alegria (de 0:40 à 0:53).

En remontant plus au nord, on rencontre le Monumento aos Mortos da Grande Guerra en marbre de Carrare, dévoilé en 1931 (à 0:54).

Au nord d’Avenida

Le parc Édouard-VII est le plus vaste du centre-ville. Il offre une vue remarquable sur la rive nord du Tage (1:10).

À l’extrémité sud du parc, on trouve un monument érigé en l’honneur du Marquis de Pombal (de 1:06 à 1:09).

Ce premier ministre portugais est celui qui, au lendemain du séisme de 1755, fit reconstruire le quartier de Baixa selon un schéma de rues parallèles qui se coupent à 90 degrés. Une idée qui inspira beaucoup plus tard La Havane et Barcelone.

Dans le coin ouest de ce parc, on trouve l’Estufa Fría (la Serre froide), au moins dix fois plus grande que la serre des fougères Jardin botanique de Montréal.

L’Estufa Fría (de 1:12 à 1:28) n’est pas une serre de verre et de métal comme le sont généralement les serres des jardins botaniques. C’est un gigantesque espace dont les murs et le toit sont constitués de lattes de bois légèrement espacées pour y laisser entrer l’air et atténuer le soleil chaud du Portugal.

Ses espaces extérieurs sont très photogéniques.

Immédiatement au nord du parc Édouard-VII se trouve le Jardim Amália Rodrigues (de 1:29 à 1:36).

En traversant la rue dans son coin nord-est, on arrive au complexe muséal de la Fundação Calouste Gulbenkian.

Notre premier arrêt est au Centro de Arte Moderna, c’est-à-dire le musée d’Art contemporain Gulbenkian (de 1:41 à 1:58).

Lisbonne compte trois autres musées d’Art contemporain : le Museu Nacional de Arte Contemporânea do Chiado, le Museu Coleção Berardo et le Museu de Arte, Arquitetura e Tecnologia. À mon avis, celui de la Fundação Calouste Gulbenkian n’est pas le plus intéressant.

Entre ce dernier et son Musée des Beaux-Arts, on traverse le jardin de la fondation (de 1:59 à 2:08). C’est un endroit plaisant. Des oiseaux s’ébattent dans l’eau des étangs ou se cachent entre les tiges de papyrus.

Le clou du complexe est son Musée des Beaux-Arts (de 2:09 à 4:02).

Parlons de son fondateur, Calouste Gulbenkian. Pendant des décennies, cet entrepreneur obtenait une commission de 5% sur tout le pétrole vendu par l’Iran. Il est donc devenu immensément riche.

Et pour remercier le Portugal de l’avoir accueilli, lui pauvre réfugié du génocide arménien, il a légué sa riche et imposante collection d’œuvres d’art à sa nouvelle patrie.

Une partie de sa collection vient des œuvres de l’Ermitage que les autorités soviétiques, à court d’argent en 1929, lui ont vendu.

Ce musée est très, très, très intéressant. En fait, c’est une des plus belles collections privées d’Europe.

Sont remarquables, les statuettes égyptiennes. Les monnaies grecques. La faïence, les enluminures et le textile de Perse et de Turquie. La porcelaine chinoise. Les livres d’heures du Moyen-Âge. Et des toiles des maitres suivants : van Dyck, Guardi, Rubens, Rembrandt, Boucher, Fragonard, Turner, Degas (que Gulbenkian aimait particulièrement), Monet, etc. Et vous ai-je parlé de sa collection stupéfiante de bijoux Art nouveau de Lalique ?

Le diaporama se termine par les arènes du Campo Pequeno (à 4:23). Construites en 1891 par l’architecte António-José Dias da Silva, ces arènes sont le théâtre des corridas portugaises de la ville.


Détails techniques : Le diaporama présente 122 photos réalisées à l’aide d’un appareil Olympus OM-D e-m5 et 12 photos prises avec un appareil Lumix GH1 transformé pour prendre des photos infrarouges.

En ordre décroissant, les objectifs utilisés furent le M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (61 photos), le PanLeica 25 mm F/1,4 (39 photos), le M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (22 photos), et le Lumix 12-42 mm II (12 photos).

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Écrit par Jean-Pierre Martel