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Préambule : Ce diaporama s’adresse aux adultes. Il comporte des scènes de violence et de cruauté qui pourraient ne pas convenir aux personnes sensibles.
Depuis des siècles, la corrida fait partie des coutumes des peuples de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal).
Cette coutume est aujourd’hui contestée par les groupes de défense des droits des animaux.
À Barcelone, l’esprit indépendantiste des Catalans les a amenés à bannir cette pratique sous le prétexte qu’il s’agissait-là d’une tradition barbare et ‘étrangère’ (lisez : ‘castillane’).
À sa manière, le Portugal a également tenté de répondre aux critiques adressées à la corrida traditionnelle.
À l’issue de cette remise en question, la pratique de la corrida au Portugal s’est sensiblement renouvelée. Mais soyons clairs : cela demeure un spectacle brutal (comme l’est la boxe) et un spectacle cruel (comme l’est le combat de coqs).
La corrida portugaise se distingue de trois manières importantes.
Premièrement, elle ne se termine plus par la mise à mort du taureau.
À l’issue de la corrida traditionnelle, les toréadors tuaient le taureau en lui plantant une épée au cœur.
En réalité, la plupart du temps, ils lui perçaient un poumon. L’animal perdait connaissance et il était achevé en coulisse.
Deuxièmement, aux toréadors et aux picadors, s’ajoute un nouveau type d’artisans : les matamores.
Les toréadors se mesurent toujours seul à seul au taureau, mais armés seulement de leur muléta, ce carré de tissu avec lequel ils provoquent la charge de l’animal. Ils n’infligent plus de blessures à celui-ci.
Le picador chevauche toujours sa monture. Mais les flancs de sa jument ne sont plus recouverts d’une longue couverture protectrice.
Ce cavalier est maintenant le seul à blesser le taureau. À l’issue des affrontements, l’animal est soigné et remis en forme puisqu’un animal fougueux est plus précieux que sa viande.
Quant aux matamores, ils forment une équipe dont le but est de maitriser le taureau à mains nues.
La troisièmement et dernière distinction de la corrida portugaise est que la hiérarchie de ces artisans est complètement bouleversée.
Autrefois auréolés de gloire, les toréadors sont déchus de leur statut de vedette. Ce sont maintenant des tâcherons dont le modeste rôle consiste à essouffler le taureau pour diminuer sa dangerosité quand ce n’est pas simplement de faire diversion lorsque celui-ci devient incontrôlable.
Dans la corrida traditionnelle, les picadors et leurs montures jouaient le rôle de ‘palissades mobiles’ destinées à contenir le taureau. Ce sont maintenant de véritables vedettes.
Leurs juments sont des bêtes exceptionnelles capables d’exécuter des pirouettes et des pas savants.
Ces bêtes agiles exécutent des feintes et des parades de manière spectaculaire. Leur vue n’est pas bloquée par des ornières : elles sont donc parfaitement conscientes du danger et y réagissent d’instinct.
De plus, les cavaliers doivent commander leur monture par le biais de l’inconfort du mors et non par le biais de la souffrance infligée par des piqures d’éperons (puisqu’il ne semble pas que leurs bottes en soient équipées).
Le statut de vedette du picador est confirmé par le fait qu’il est toujours le seul cavalier en scène, assisté de plusieurs subalternes que sont les toréadors.
Après voir planté avec succès un nombre déterminé de piques, le picador cède la place aux matamores.
Ces derniers forment un groupe de huit hommes à pied. Leur but est de maitriser l’animal à mains nues selon un protocole scrupuleusement respecté.
Le chef des matamores s’approche de l’animal. Il s’avance pas à pas, les mains sur les hanches. Il s’arrête. Il frappe le sol du pied pour provoquer l’animal. Si ce dernier ne réagit pas, le matamore fait quelques pas de plus. Et ainsi de suite jusqu’à ce que l’animal décide de foncer sur lui, à toute vitesse, la tête baissée.
À l’impact, le matamore saisit le cou de l’animal afin de ne pas être propulsé dans les airs.
Aveuglé par cet obstacle, l’animal poursuit généralement sa course jusqu’à l’endroit où sont les autres matamores. Ceux-ci l’agrippent par la tête tandis que l’un d’entre eux le saisit par la queue.
Pendant que les autres matamores quittent la piste, celui qui tire le taureau par la queue oblige l’animal à tourner sur lui-même jusqu’à l’étourdissement, puis quitte à son tour.
Ceci est le scénario idéal. Mais ce n’est pas toujours le cas.
Si le taureau réussit à se dégager de lui-même (en d’autres mots, sans avoir été dompté), les matamores doivent recommencer.
Il est fréquent qu’une équipe soit obligée de s’y prendre deux ou trois fois avant de réussir.
À moins, évidemment, d’avoir subi de très graves blessures lors de leur essai. De petites blessures ne suffisent pas à leur exempter cette épreuve.
On admire donc le courage du chef d’équipe. Après avoir été piétiné par l’animal en furie, l’uniforme sale et déchiré, le visage lacéré de coupures, il se doit donc d’affronter de nouveau le même animal en combat singulier.
Lorsque l’équipe réussit finalement à s’acquitter de son mandat et à quitter la piste dignement, on doit faire sortir le taureau.
À cette fin, on fait appel à un groupe de génisses. Elles portent au cou des cloches, de manière à attirer l’attention du taureau.
Obsédé par les génisses, le taureau ne voit pas les vachers. Ceux-ci font sortir les génisses suivies du taureau, et quittent en dernier la piste.
Voilà les caractéristiques de la corrida portugaise. Celle-ci est essentiellement une mise en scène du courage humain au cours de laquelle le bœuf sert de faire-valoir.
Dans le cas particulier du spectacle en vedette dans la vidéo, il s’agissait d’une corrida ‘antique’ au cours de laquelle ses artisans étaient costumés à la manière du XVIIIe siècle.