Le décès de Fidel Castro et la diplomatie canadienne

Publié le 28 novembre 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

Lors du décès d’un chef d’État étranger, une des tâches du premier ministre est d’exprimer des regrets. Sincères ou non, c’est son devoir.

Au décès du roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, en 2015, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, écrivait que le roi Abdallah était un ardent défenseur de la paix au Moyen-Orient.

En réalité, sous la dictature de ce tyran, l’Arabie saoudite était la plaque tournante du terrorisme international, finançait la guerre en Syrie et persécutait sa minorité chiite, de même ses dissidents politiques (dont Raïf Badawi).

En Grande-Bretagne, le premier ministre David Cameron était même allé plus loin. Ne craignant pas le ridicule, il avait prédit qu’on retiendrait du monarque décédé ses efforts pour la paix et pour la compréhension interreligieuse. Bref, n’importe quoi.

À la suite de l’hommage sincère de Justin Trudeau à Fidel Castro, ses propos élogieux ont soulevé la colère des milieux de Droite du Canada et des États-Unis.

L’affinité de Justin Trudeau pour le leadeur cubain peut s’illustrer par la photo ci-contre, où la ressemblance entre les deux chefs d’État est frappante.

Quelle ne fut donc pas ma surprise en lisant hier que Justin Trudeau reconnaissait que Fidel Castro était un dictateur.

Disons-le franchement : par définition, le communisme est la dictature du prolétariat.

Reste à savoir si, dans un régime communiste, c’est le peuple qui est le dictateur ou si les dictateurs sont plutôt ceux qui exercent le pouvoir en son nom.

Une telle distinction est académique. Ce qui m’importe, ce sont les résultats.

Comparé aux États-Unis, Cuba possède un taux de mortalité enfantine plus faible, une espérance de vie plus longue et un taux d’alphabétisation plus élevé.

Les forces policières cubaines sont beaucoup moins militarisées que leurs équivalentes américaines. Conséquemment jamais personne n’est tué au cours d’une arrestation à Cuba. Même quand cette personne est Noir…

De plus, le taux d’incarcération y est infiniment plus faible car les États-Unis ont celui le plus élevé au monde.

En contrepartie, la liberté d’expression politique à Cuba est absente et on peut y voir une pauvreté généralisée (sans toutefois qu’on puisse parler de misère).

Certains vous diront que rien n’est plus précieux que la liberté d’expression. En tant que blogueur, je serais mal placé pour minimiser l’importance d’une telle liberté.

Toutefois, dans la préséance des divers droits et besoins humains, il m’apparait évident que le droit à la vie et le droit à la santé ont préséance sur le droit à la dissidence.

Bref, en dépit de tous les défauts du régime totalitaire cubain, une plus grande proportion de Cubains se sentaient aimés de Fidel Castro que la proportion d’Américains qui sentent de l’empathie à leur égard de la part de Donald Trump.

Références :
Le roi Abdallah d’Arabie saoudite est mort
Saudi Arabia’s King Abdullah dies at 90
Trudeau reconnaît que Fidel Castro était un dictateur

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Écrit par Jean-Pierre Martel