C’est fait : Donald Trump a été élu 45e président des États-Unis.
Il ne s’agit pas d’un météorite soudainement apparu dans le ciel politique américain. Pendant des décennies, Donald Trump a joué le rôle de la mouche dans la fable Le coche et la mouche de Lafontaine, se payant au besoin des pages réservées à la publicité pour promouvoir ses idées politiques.
Il a frayé avec toutes les personnalités publiques. Il connait bien le milieu politique et lui voue un mépris qui n’a d’égal que celui que lui vouent la plupart des Américains.
Parce que Donald Trump s’est fait l’écho de cette Amérique profonde, avec ses contradictions, ses préjugés, sa xénophobie, son racisme et sa misogynie.
Il a dit tout haut ce que des millions de personnes pensent tout bas et n’osaient pas avouer parce que depuis toujours, on leur a dit que cela était laid, que cela ne se disait pas.
Trump a donné une légitimité aux opinions dites honteuses de ceux qui, jusqu’ici, n’avaient que les médias sociaux pour se défouler sous un pseudonyme.
Sa victoire électorale, c’est celle des dépossédés du centre des États-Unis et des États riverains des Grands Lacs, des travailleurs de l’industrie lourde, mis au chômage et à qui il a promis le retour du bon vieux temps.
Et aux yeux de cet électorat, tous les défauts de Trump — ses contradictions, ses déclarations intempestives, son manque de rectitude politique et ses sauts d’humeur — font vrai.
Au cours de cette campagne, il a dit tout et parfois son contraire, éclaboussant d’insultes tous ceux qui tentaient de s’opposer à ses ambitions.
Le domaine où un président américain a un pouvoir presque absolu, c’est en matière de politique extérieure. Pour les pays étrangers, Donald Trump n’est pas une boite à surprises comme on aime à le représenter; il est parfaitement prévisible.
C’est un président qui s’entendra avec n’importe quel pays qui sera favorable au développement de ses intérêts financiers personnels.
Le seul problème, c’est qu’à part ses biens immobiliers, on ne connait pas grand-chose de ses intérêts financiers puisqu’il a toujours refusé de dévoiler ses déclarations de revenus, contrairement à la coutume au cours des campagnes présidentielles américaines.
On compte donc sur une fuite de son dossier fiscal pour nous en informer.
En raison de son égocentrisme et de sa vanité, il sera le président plus manipulable de l’histoire américaine, tant par des puissances étrangères que par le complexe militaro-industriel de son pays.
Mais il n’est pas fou. Seule, la flatterie ne sera pas convaincante; elle le deviendra si elle est associée à une faveur, à un privilège accordé à son empire financier.
Quant aux conflits d’intérêts, les États-Unis en ont vu d’autres puisque le financement politique dans ce pays n’est que de la corruption légalisée.
Et s’il se dit maintenant contre la guerre en Irak, c’était pour incriminer sa rivale Mme Clinton qui, elle, avait voté pour.
Ce sera sans gêne qu’il adoptera des politiques semblables à celles qu’il condamnait en campagne électorale, justifiant des conflits militaires par leur nécessité à rendre glorieuse la nation américaine.
On peut donc s’attendre à une croissance des dépenses militaires. Et pourquoi pas, une belle guerre qui recueillera l’appui de ces blancs trop vieux pour être enrôlés et qui fauchera au front ces jeunes noirs si prompts à se révolter lorsqu’on tue sans raison l’un d’entre eux.
Est-ce que ce sera une catastrophe ? Je ne le pense pas. Dans le fond, n’est-ce pas ce qui se fait déjà depuis des décennies ?