Voyage à Lisbonne : jour 20

23 octobre 2016

Ce matin, je me suis levé en méforme. De plus, on annonce de la pluie. Bref, je me suis dit : « Pourquoi ne pas flâner, me dorloter un peu ? Après tout, je suis en vacances. Laisse donc faire le blogue. Deviens pas esclave de ce maudit blogue. Repose-toi. Tu le mérites bien, non ?»

Et puis j’ai réalisé qu’après ma mort, j’aurai toute l’éternité pour me reposer. Donc j’ai finalement décidé de me botter le derrière et de considérer les jours qui viennent comme mes dernières chances de découvrir la ville.

Je mets le cap sur le Museu do Oriente. Pour l’atteindre, il faut prendre le métro jusqu’à la station Cais do Sodre, puis un autobus en direction de Belém.

On débarque à l’arrêt Alcantara Mar. On va à la première rue à l’Ouest, on tourne à gauche et on prend un passage souterrain tapissé de graffitis qui permet d’atteindre l’autre côté de la voie ferrée. Puis on revient vers l’Est jusqu’au musée.

Au moment de ma visite, il préparait une exposition temporaire consacrée à l’opéra chinois qui sera inaugurée le mois prochain.

Murs et plafonds du musée sont noirs, de manière à minimiser les reflets dans les vitres derrière lesquels les milliers d’artéfacts sont présentés.

Avant d’y mettre les pieds, je présumais que ce musée serait centré sur des objets rapportés de Macao, comme c’est le cas du Museu de Macau, vu au 12e jour de ce voyage. Ce n’est pas le cas.

Objets du Timor Oriental
Exemple de présentation
Détail de Wensu (bois polychrome chinois, XIIIe siècle)
Bouteille de tabac à priser, peinte de l’intérieur

Au contraire, il s’agit d’un panorama complet de l’Art asiatique.

C’est un musée remarquable dont je recommande chaleureusement la visite. À lui seul, ce musée justifiait que je sorte du studio. Mais il y a plus.

Je prends le taxi et je me rends à l’Igreja Nossa Senhora da Ajuda. Également connue sous le nom d’Igreja da Boa-Hora (église du Bon-Temps), ce lieu de culte fut construit dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

Extérieurement, c’est une église moche et sale.

Nef de l’église

Mais quelle surprise en y pénétrant. Les murs — et pas seulement le bas des murs, comme c’est habituellement le cas — sont couverts de magnifiques azuléjos.

C’est mon deuxième coup de cœur de la journée. Mais ce n’est pas fini.

J’avais demandé au taxi de m’attendre à l’extérieur. Nous filons vers le dernière étape de sa course : le Palais royal d’Ajuda.

Ajuda est une ancienne banlieue de Lisbonne, annexée depuis à la capitale, et reléguée depuis au titre de paroisse.

On m’avait dit beaucoup de bien du palais d’Ajuda. Mais j’étais loin de me douter à quel point il est beau.

La construction du palais royal d’Ajuda débuta en 1795. Elle fut interrompue en 1807 par l’invasion française et l’exil de la monarchie portugaise au Brésil. Sans être jamais achevée, la construction reprit avec la restauration de 1821. Le palais fut la résidence officielle du roi du Portugal jusqu’à son abdication en 1910.

C’est une bâtisse de trois étages dont deux sont accessibles au public. Au rez-de-chaussée et au premier, les appartements sont disposés en enfilade.

Les visiteurs empruntent donc un couloir et assistent à une succession de pièces toutes plus ravissantes les unes que les autres.

Conciergerie
Salle d’audience

Les appartements personnels de la famille royale sont au rez-de-chaussée, de même que les salles d’audience privée.

Les salles d’apparat (salle de réception diplomatique, salle de bal, salle des banquets) sont au premier. Après avoir été ébloui par ceux du rez-de-chaussée, on est presque déçu en voyant, par exemple la salle du trône à l’étage noble, pourtant plutôt bien.

Les pièces sont meublées. La majorité d’entre elles ont leur plafond décoré de peintures allégoriques tandis que leurs murs sont recouverts de tapisseries.

Le tout confère une impression de faste et de grandeur. Bref, c’est un endroit qu’il faut absolument visiter à Lisbonne.

Mais comment trouver un taxi dans un endroit aussi éloigné ? Eh bien, une des deux lignes d’autobus qui desservent le palais vous amènera à la station Cais do Sodre.

Malheureusement, au lieu de prendre la 760, j’ai pris l’autre. Celle-ci m’a fait un long détour vers le nord. Mais elle m’a permis de voir, assis confortablement et en toute sécurité, une des parties de la ville qu’on me déconseillait de visiter le soir en raison de sa dangerosité.

Je débarquerai à la station São Sebastião.

En route vers le studio, j’arrête à la station Baixa/Chiado afin d’aller à un magasin d’instruments de musique (Salão Musical de Lisboa, sur la Rua da Oliviera ao Carmo).

Il y a quelques jours, ce magasin possédait deux coffrets d’une anthologie extraordinaire, aujourd’hui discontinuée, de cent chansons de fado accompagnées d’une brochure bilingue (portugais-anglais) de 140 pages sur l’histoire du fado. Prix : 25 euros.

J’arrive moins d’une minute avant la fermeture à 19h.

Puis je me dirige à pied vers le quartier de Barrio Alto afin de photographier les salles légendaires de fado.

Je passe à l’épicerie m’acheter un lapin évidé de 1,45kg pour 5,7 euros. J’en mange environ le tiers, précédé du même potage qu’hier soir, et accompagné de vin blanc. Ce sera mon premier repas de viande depuis que je suis à Lisbonne.

Et dire que je ne voulais pas sortir de chez moi aujourd’hui. Pfff!

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone 8 mm F/1,8 (6e photo) et objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (1re, 2e et 7e photos), PanLeica 25 mm F/1,4 (3e et 4e photos) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (5e photo)
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 14 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 14 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
5e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 12 mm
6e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 8 mm
7e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 10 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


La crèche de la Basilique da Estrela de Lisbonne

23 octobre 2016

Introduction

Le culte de la crèche parmi les fidèles — et conséquemment, la commande religieuse de crèches d’Art — atteint son apogée au XVIIIe siècle.

Cette mode a été telle qu’elle a donné naissance à des traditions nationales.

C’est ainsi que les crèches napolitaines étaient le prétexte à la représentation de la vie de rue, avec la multitude des métiers de l’époque.

Les crèches baroques portugaises ont davantage le souci d’être des illustrations bibliques.

C’est Joaquim Machado de Castro qui devait devenir le porte-étendard de la tradition portugaise.

Il existe trois crèches de lui à Lisbonne; une à la cathédrale, une autre au Museu Nacional de Arte Antiga et son chef-d’œuvre, à la Basílica da Estrela.

Historique de la commande

Le roi Joseph Ier du Portugal (1714-1777) eut quatre enfants, toutes des filles.

Maria, princesse héritière, épouse en 1760 son oncle, le frère cadet du roi. D’une religiosité proche de la superstition, la jeune épouse redoute les conséquences de ce mariage très consanguin.

Elle promet à Dieu qu’elle élèvera, une fois devenue reine, une grande église si elle devait donner naissance à un héritier sain d’ici à son accession au trône.

Dès l’année suivante, en 1761, son vœu est exaucé; la princesse donne naissance à un premier fils, Joseph.

Maria attendra le 24 février 1777 pour devenir reine et ainsi pouvoir réaliser sa promesse.

Clochers et dôme de la Basilique de l’Estrela

Cette promesse, c’est la belle et grande Basílica da Estrela, dont la construction commencera en 1779 et sera complétée en 1790.

Le nom de cette église — en français basilique de l’Étoile — est une allusion à un hymne catholique à la Vierge. Ce chant grégorien a longtemps été populaire chez les peuples de pêcheurs. C’est d’ailleurs sur son air qu’a été composé l’hymne des Acadiens. Son titre latin est Ave Maris Stella, ce qui signifie Salut, Étoile de la mer.

Parmi toutes les œuvres d’art commandées dans le cadre de la construction de l’église, il y a cette crèche de Joaquim Machado de Castro (1731-1822).

Au moment de cette commande, ce dernier est déjà le plus célèbre sculpteur portugais de son temps. On lui doit notamment la statue équestre de Josée Ier sur la Praça do Comércio, réalisée en 1775.

Commandée en 1781 par la reine, cette crèche était destinée aux Carmélites déchaussées, dont le couvent est adjacent à la basilique. Entreposée au couvent, la crèche devait garnir la basilique durant de temps des Fêtes, au grand plaisir des fidèles.

Accessibilité de la crèche

Tombeau de la reine Maria Ire

De nos jours, cette crèche est accessible par un passage discret, derrière le tombeau de la reine Maria Ire du Portugal. Ce tombeau est situé dans le bras droit du transept de la basilique.

Vitrine de la crèche

On accède alors à une petite pièce au fond de laquelle une vitrine permet aux visiteurs d’admirer cette crèche.

Cette vitrine est à peine plus grande que la crèche. Ce qui fait qu’il est difficile de la photographier sans montrer le cadre de cet écrin et sans que les photos puissent éviter la diffraction optique du verre ancien.

La crèche de la Basílica da Estrela

Joaquim Machado de Castro et ses artisans mettront cinq ans à exécuter cette commande. C’est une des plus grandes crèches existantes au monde.

Détails de la crèche

Elle comprend 480 figurines en argile ou en terre cuite.

Ce foisonnement s’explique par le fait que cette crèche ne montre pas seulement la Nativité, mais couvre toute la ‘péri-Natalité’ de Jésus de Nazareth.

Dans ses parties supérieures, on y voit donc représentés le massacre des Innocents, la fuite en Égypte, etc.

Dans ce sens, cette crèche illustre parfaitement la tradition portugaise des crèches de Noël.

Comme toutes les peintures de l’époque, le Proche-Orient de la crèche est celui fantasmé par les artistes européens du temps. En particulier, la tenue vestimentaire des figurines n’a rien à voir avec les vêtements traditionnels des peuples de cette partie du monde.

La grotte dans laquelle la Sainte Famille s’est réfugiée est encadrée de colonnes corinthiennes en ruine. Tout comme le haut de certains maitres-autels baroques, la crèche est surmontée nuage d’anges célébrant ici la Naissance du Christ.

Vers le haut, au centre
Au dessus de la Sainte Famille
L’adoration des mages et des bergers
Le massacre des saints innocents (vers le haut, à droite)
À la droite de la Sainte Famille
Encore plus à la droite de la Sainte Famille
Mère allaitante inquiète
Personnages du devant de la crèche

La crèche de la cathédrale de Lisbonne

À des fins de comparaison, voici deux photos de la crèche réalisée en 1766 par Joaquim Machado de Castro qui est exposée à la cathédrale de Lisbonne.

Crèche à la cathédrale de Lisbonne
Détails de la crèche de la cathédrale

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (3e et 4e photos), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (1e photo) et PanLeica 25 mm F/1,4 (les autres photos)
 1re photo : 1/1600 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 31 mm
 2e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 1600 — 25 mm
 3e  photo : 1/50 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 10 mm
 4e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 8 mm
 5e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 2000 — 25 mm
 6e  photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 2500 — 25 mm
 7e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 2000 — 25 mm
 8e  photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 800 — 25 mm
 9e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 1250 — 25 mm
10e photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 2500 — 25 mm
11e photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 1000 — 25 mm
12e photo : 1/40 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 25 mm
13e photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 800 — 25 mm
14e photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 800 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel