Voyage à Lisbonne : jour 12

15 octobre 2016

Aujourd’hui sera une journée en dents de scie.

J’ai décidé de visiter le musée des carrosses que je confonds avec le Museu Carris.

Je prends le métro jusqu’à la station Cais de Sodré, puis l’autobus vers Betlem. Je débarque à l’arrêt du musée. Mais comme la Capella do Santo Amaro n’est pas loin, je monte y faire un tour.

Portique de la Capella do Santo Amaro

Sa construction date de 1549. C’est une chapelle circulaire, très simple (un maitre-autel et deux autels secondaires). Seulement une cinquantaine de fidèles peuvent y prendre place.

Son attrait vient des magnifiques azuléjos de style Renaissance qui décorent son portique semi-circulaire.

La réceptionniste m’invite à visiter la sacristie, aussi ancienne, petite et élégante. Puisque cette sacristie est verrouillée, je me sens privilégié d’y être admis.

Je descends ensuite au Museu Carris. J’y vois une succession de véhicules utilisés par la compagnie de transport Carris au cours de son histoire.

Mais pas de trace des carrosses somptueux que je m’attendais d’y trouver. J’en sors au bout de quarante minutes, furieux de m’être trompé.

Nécessaire du fumeur d’opium

Je marche environ 200 mètres vers l’ouest jusqu’au Museu de Macau.

Ce petit musée sur deux étages fut créé à l’initiative du dernier gouverneur portugais de Macao.

Il présente quelques centaines d’objets de Chine, dont une collection de pièces de monnaie remontant au deuxième siècle avant notre ère.

À l’exclusion de quelques facsimilés, tous les objets sont de qualité.

Étant sinophile, ce musée fut mon deuxième coup de cœur de la journée. Toutefois, si on est moins intéressé par la Chine que je le suis, sa visite n’est peut-être pas indispensable pour le touriste pressé.

Je prends l’autobus vers l’ouest et descends à l’arrêt à proximité du tout nouveau musée MAAT (un musée d’Art contemporain).

Celui-ci a ouvert ses portes il y a quelques jours. Mais surprise : en voulant rejoindre le viaduc qui permet de l’atteindre, je découvre le bel édifice moderne du Museu Nacional dos Coches, c’est-à-dire le Musée national des carrosses que je voulais tant voir.

Carrosse de l’ambassadeur portugais au Vatican (1716)

Celui-ci renferme une collection extraordinaire de carrosses. Les plus beaux étant les carrosses d’apparat utilisés lors de processions ou de cérémonies.

C’est probablement la plus belle collection du genre au monde. Troisième coup de cœur de la journée.

Je sors du musée quelques minutes avant 18h. J’emprunte le viaduc qui permet d’atteindre le MAAT, c’est-à-dire le Museu de Arte, Arquitetura e Tecnologia. J’espère, sans trop y croire, que le MAAT est ouvert le soir. Or surprise, c’est le cas; il ferme à 20h.

Intérieur du MAAT

C’est un très bel édifice moderne avec un toit courbe et évasé qui fait penser à celui du Biodôme de Montréal. Les murs extérieurs sont en porcelaine ou en faïence émaillée blanche. C’est spectaculairement beau.

Il est tellement neuf que la partie du toit destinée à être végétalisée ne l’est pas complètement.

L’intérieur est spacieux et dépouillé. Très dépouillé. En fait, il serait difficile d’être plus dépouillé.

Un jour, les budgets permettront de le meubler. D’ici là, admirons l’extérieur. L’intérieur ne vaut pas la peine.

Brochette de calmars

À quelques rues, je prends le repas du soir au Queijadas de Belem. Je commande une soupe, une brochette de calmars et un verre de blanc. Je précise que je veux qu’on m’apporte le vin avec le mets principal.

Puisque le serveur ne semble pas comprendre, je lui précise que je veux d’abord la soupe, puis les calmars et le vin.

La première chose qu’il m’apporte est le verre de vin. Je lui qui que non : le vin avec les calmars. Il rapporte le verre de vin à la cuisine.

Après une quinzaine de minutes, il m’apporte la soupe et la brochette. À mon air déçu, il comprend que ce n’est pas ce que je voulais. Mais je lui dis que ce n’est pas grave et de laisser-faire. Il décide de rapporter la brochette à la cuisine. La même brochette qu’il ne ramènera tiède lorsque j’aurai fini ma soupe.

La brochette de calmars comprend des calmars, ce qui est attendu. Les calmars caoutchouteux voisinent deux crevettes. Ah, c’est donc une brochette de fruits de mer.

Mais elle comprend également des tranches de saucisse calcinées et des morceaux de porc plutôt gras. Bref, c’est une brochette ‘Mer et terre’. Le tout me coutera 13,5 euros.

Je serais étonné d’y revenir.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (1re et 4e photos) et PanLeica 25 mm F/1,4 (les autres photos)
1re photo : 1/400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 7 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm
3e  photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 640 — 25 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 14 mm
5e  photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 800 — 25 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à Lisbonne : jour 11

15 octobre 2016

Amis lecteurs, j’entends déjà vos cris d’indignation; j’ai assisté aujourd’hui à une corrida. Je devrais être honteux mais j’ai beaucoup aimé.

En fait, je n’ai pas assisté à n’importe quelle corrida. Il s’agissait d’une corrida portugaise.

Contrairement à ce qui se passait autrefois, la corrida ne se termine plus par la mise à mort de l’animal. Il est seulement blessé par des picadors. Je sais, pour certains d’entre vous, c’est déjà trop. Donc, si vous risquez d’être offensés, je vous prie de ne pas poursuivre votre lecture.

Privés de leur rôle de bourreaux — qui provoquaient autrefois l’évanouissement final du taureau en lui plantant une épée rarement au cœur mais habituellement dans un poumon — le toréador perd son rôle de vedette pour n’occuper ici qu’un rôle accessoire.

Après quelques piques plantés par les picadors, on fait sortir l’animal blessé de l’arène pour être soigné. Un bon taureau fougueux vaut plus que sa viande. Donc, on a intérêt à ce qu’il survive à ses blessures. Mais je ne vous en dis pas plus pour l’instant.

Dans le but de m’y prendre un peu d’avance, je me présente à la billetterie de l’arène Campo Pequeno en début d’après-midi.

La préposée à l’accueil m’indique où trouver la billetterie —  en entrant, à droite, dans le centre commercial sous l’immeuble — et me suggère de prendre un billet dans les sections 1 ou 2 ou, à la limite, dans la section 3.

Pour comprendre la raison de cette recommandation, imaginez que l’arène est un cadran de montre. La section 1 est à 6h, les toréadors font leur entrée à 12h et les taureaux, à 9h.

Bref, ce sont les places de choix.

Pour 70 euros, j’obtiens une place dans la deuxième rangée de la section 3. La corrida débutera à 22h et se terminera trois heurs plus tard.

Entretemps je vais au Museu Calouste Gulbenkian situé à proximité. Pendant des décennies, cet entrepreneur obtenait une commission de 5% sur tout le pétrole vendu par l’Iran. Il est donc devenu immensément riche.

Et pour remercier le Portugal de l’avoir accueilli, lui pauvre réfugié du génocide arménien, il a légué sa riche et imposante collection d’œuvres d’art à sa nouvelle patrie.

Une partie de sa collection vient des œuvres de l’Ermitage que les autorités soviétiques, à court d’argent en 1929, lui ont vendu.

Mais en arrivant au musée, je constate que les prix à la cafétéria sont très raisonnables. Je prends une soupe aux légumes (insipide), un spaghetti à la sauce aux champignons (tout aussi fade) et un verre de vin blanc. Le tout pour 9,9 euros.

Les deux Rembrandt

Ce musée est très intéressant. En fait, c’est une des plus belles collections privées d’Europe.

Sont remarquables, les statuettes égyptiennes. Les monnaies grecques. La faïence, les enluminures et le textile de Perse et de Turquie. La porcelaine chinoise. Les livres d’heures du Moyen-Âge. Et des toiles des maitres suivants : van Dyck, Guardi, Rubens, Rembrandt, Boucher, Fragonard, Turner, Degas (que Gulbenkian aimait particulièrement), Monet, etc. Et vous ai-je parlé de sa collection stupéfiante de bijoux Art nouveau de Lalique ?

Bref, on ne peut aller à Lisbonne sans aller à ce musée.

Je rentre ensuite au studio pour faire une sieste afin de m’assurer d’être en forme pour la corrida.

J’y arrive dix minutes avant le début du spectacle.

Six enfants portant des perruques blanches et déguisés dans le style du XVIIIe siècle font leur entrée à pied et se placent en ligne au milieu de l’arène.

Ils s’écartent pour laisser passer un septième enfant chevauchant un poney. Celui-ci est vêtu de noir. Il porte un chapeau à large bord décoré d’une plume bleue. Il se dirige vers la tribune d’honneur pour y faire ses salutations.

Percussionniste et huit trompettistes

Neuf cavaliers font leur entrée. Le premier est un percussionniste et les autres sont des trompettistes. Leur musique est martiale. Ils font lentement un tour de piste et se disposent près de la sortie, du côté opposé à la tribune d’honneur.

Ils sont suivis des porteurs de bannières de style médiéval. Ceux-ci sont à pied. Ils se disposent en hémicycle, complétant celui des neuf cavaliers.

Un carrosse tiré par quatre chevaux fait son entrée sous les applaudissements de la foule. Le carrosse suit le côté gauche de l’arène pour s’arrêter devant la tribune d’honneur.

La porte s’ouvre. Une partie des vedettes de la soirée en débarquent, font leur salutation et sortent sous la tribune d’honneur.

Un deuxième carrosse fait de même; ce sont les derniers picadors de la soirée.

La piste se vide. Le restant de la soirée sera constitué d’une suite de numéros qui s’exécutent selon un cérémonial rigoureusement identique.

L’annonce du combat

Un homme s’avance par l’entrée des taureaux. Il porte une pancarte qu’il fait pivoter à 360 degrés, de manière à ce que toute l’assistance puisse la lire.

Puis il se retire.

Le picador annoncé fait son entrée sous les applaudissements de la foule. Il vient faire ses salutations à l’estrade d’honneur, puis accorde une courte entrevue aux médias.

Sur le sable blond de la piste, le picador est à cheval et plusieurs toréadors sont à pied. Tous attendent l’entrée de la bête.

La porte s’ouvre et le voilà. Le bout de ses cornes a été scié. De toute évidence, il n’est pas content. Je présume qu’on a attisé sa colère avant qu’il ne rentre sur la piste.

Des toréadors agitent leur muléta. Celui-ci est ce carré de tissu (à Lisbonne, rose d’un côté et jaune de l’autre) avec lequel les toréadors provoquent la charge du taureau. Leur but est d’essouffler l’animal et de diminuer sa dangerosité.

Les toréadors quittent la piste pour laisser la vedette au picador.

Par des cris rapprochés et successifs, le picador attire l’attention du taureau et l’amène à poursuivre de près son cheval. Il ralentit sa monture lorsque le taureau semble abandonner et accélère lorsque le taureau veut donner la charge.

Puis il établit une distance suffisante entre lui et le taureau. Le picador focalise l’attention de l’animal par de nouveaux cris.

Lorsque le taureau rejette du sable vers l’arrière à l’aide ses pattes d’avant, l’affrontement est imminent.

Picador et taureau

Dès que le taureau amorce sa charge, le picador fonce sur lui puis s’esquive au dernier moment. Il incline sa monture et plante son pique sur la voute du dos de l’animal.

Blessé, l’animal finit par s’arrêter. Il se tortille comme pour déloger un ennemi invisible qui lui aurait sauté sur le dos et le ferait souffrir.

Piques exposés au Musée de la corrida

Les piques sont garnis de rubans colorés afin qu’ils soient bien visibles de l’assistance. De plus, leurs pointes sont conçues pour pénétrer les chairs mais d’y demeurer coincés.

Les tortillements du taureau sont vains. Il s’arrête, agacé et contrarié.

Picador narguant le taureau

À plusieurs reprises, le cavalier nargue l’animal. Il l’incite à foncer sur lui et pousse l’audace jusqu’à s’approcher dangereusement de lui. Son cheval ne porte pas de visières et pourtant, ne paniquera jamais; il suivra fidèlement les ordres de son cavalier.

Toréador, sa muléta et taureau

Après quelques piques, le picador salue triomphalement la foule et sort pendant que quelques toréadors embarquent sur la piste pour distraire l’animal.

C’est alors que commence la partie la plus dangereuse et la plus invraisemblable de la soirée.

Les huit matamores

Alors que le taureau est encore distrait par différents toréadors, un groupe de huit hommes à pied pénètrent par l’entrée des taureaux. Ils s’avancent à la tribune d’honneur et accordent une entrevue. Sans protection, ils vont se mesurer au taureau. Ce sont les matamores.

Les toréadors quittent l’arène en sautant la barrière après avoir amené le taureau du côté opposé à l’entrée des taureaux. Les matamores se placent en face de lui, à l’entrée des taureaux.

La foule se tait. Lentement un matamore s’approche de l’animal. Il s’avance pas à pas, les mains sur les hanches. Il s’arrête. Il frappe violemment le sol du pied pour provoquer l’animal. Si ce dernier ne réagit pas, le matamore fait quelques pas de plus. Jusqu’à la charge de l’animal, à toute vitesse, la tête baissée.

Charge du taureau contre le matamore

À l’impact, le matamore se penche par-dessus l’animal, le saisit autour du cou afin de ne pas être propulsé dans les airs. Parfois, il se blesse au visage, frappé par les tiges mobiles des piques plantés au dos du taureau.

L’animal poursuit généralement sa course jusqu’à l’endroit où sont demeurés les autres matamores. Ceux-ci agrippent l’animal par la tête tandis qu’un dernier saisit le taureau par la queue.

Taureau tiré par la queue

Pendant que les autres matamores quittent la piste, celui qui tire le taureau par la queue oblige l’animal à tourner sur lui-même jusqu’à l’étourdissement.

Il sera le dernier à quitter la piste.

Puis, par la porte des taureaux, un groupe de génisses font leur entrée. Que viennent faire des génisses dans une corrida ?

Elles portent au cou des cloches, de manière à attirer l’attention du taureau. Des vachers guident le troupeau. Le taureau ne les voit pas, obsédé par les génisses affriolantes. Les vachers font sortir les génisses suivies du taureau, et quittent en dernier la piste.

Les salutations finales du matamore

Maculés du sang de l’animal, les vêtements parfois déchirés, le matamore embarque sur la piste et vient saluer l’estrade d’honneur. Il se retire sous les applaudissements de la foule.

Et cette séquence se répètera jusqu’à 1h30. À chaque fois que des matamores affronteront un taureau, la même excitation anxieuse s’emparera de la foule. On en sort l’esprit frappé par les images fortes qui se bousculent dans nos têtes.

Et on comprend alors l’excitation barbare qui s’emparait des Romains lors des combats de gladiateurs.

Le métro étant fermé, je rentre au studio en taxi.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs PanLeica 25 mm F/1,4 (1re photo), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (2e, 3e et 5e photo) et M.Zuiko 75 mm F/1,8 (les autres photos)
  1re photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 1000 — 25 mm
  2e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
  3e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
  4e  photo : 1/1000 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 75 mm
  5e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 26 mm
  6e  photo : 1/1000 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 75 mm
  7e  photo : 1/2000 sec. — F/1,8 — ISO 4000 — 75 mm
  8e  photo : 1/1000 sec. — F/1,8 — ISO 2000 — 75 mm
  9e  photo : 1/1000 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 75 mm
10e  photo : 1/1000 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 75 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel