Quand les relations publiques servent de paravent au racisme

Publié le 2 juillet 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Jacky Alciné est un jeune noir américain. En voulant trier ses photos à l’aide de Google Photos, ce dernier fut choqué de voir que le module de reconnaissance faciale l’identifiait — lui et une de ses amies — comme des gorilles.

Très vite, Google a réagi en présentant ses excuses et en retirant la catégorie « gorille » parmi la multitude de catégories offertes par défaut par Google Photos.

Alors que les géants de Silicone Valley essuient des critiques de plus en plus vives relativement à la place insignifiante des Noirs au sein de leur personnel, ces compagnies ont adopté un certain nombre de mesures qui, malheureusement, se limitent au domaine des relations publiques.

Ainsi, Twitter a créé un poste de vice-président à la Diversité et à l’Inclusion. La titulaire, Janet Van Huysse, a publié l’an dernier un texte relatif aux efforts de sa compagnie pour augmenter la proportion de femmes et de membres de minorités ethniques au sein du personnel.

À la lecture de ce document, on ne peut que constater le gouffre qui sépare les propos dithyrambiques de Mme Van Huysse en faveur de Twitter, et les données factuelles qui illustrent ce texte et qui prouvent exactement le contraire.

Diversite_ethnique_Twitter
 
Ci-dessus, en jaune, la proportion de Noirs employés de Twitter (entre 2 et 4%, selon les catégories), alors que les Noirs constituent 13,6% de la population américaine.

L’exagération des propos de la vice-présidente de Twitter est à ce point grotesque que son texte en est drôle.

Mais Twitter n’est pas la seule compagnie à nier l’évidence.

Facebook est très fier d’annoncer qu’il a presque doublé le nombre de ses employés Afro-Américains au cours de la seule année de 2014. En embauchant cinq fois plus de Noirs en 2014 — comparativement aux 7 embauchés en 2013 — la compagnie a fait passer le nombre de ses employés Noirs de 45 à 81… parmi les 5 479 personnes de son personnel américain.

En raison de la croissance générale de ses effectifs, la proportion des Noirs est demeurée tout aussi insignifiante, passant de 1,1% à 1,5%.

Ce qui n’empêche pas Maxine Williams — la chef globale de la Diversité chez Facebook — d’affirmer que sa compagnie est déterminée à créer un environnement de travail qui reflète la diversité ethnique et culturelle du pays.

Quant à Google, seulement 2% de son personnel est Noir. On murmure que si davantage de ses programmeurs étaient Noirs, Google Photos saurait peut-être distinguer les Noirs des gorilles…

Références :
Building a Twitter we can be proud of
Facebook’s black employees still only 1.5% of staff despite diversity gains
Google confond le portrait d’Afro-américains avec des gorilles et s’excuse
La technologie de reconnaissance faciale est-elle raciste?
Twitter employs only 49 African Americans despite diversity pledges

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une injustice de moins

Publié le 5 février 2011 | Temps de lecture : 3 minutes

Partout dans le monde, de jeunes gens sont déshérités et rejetés par leur communauté parce qu’ils ont contracté un mariage (souvent inter-religieux) à l’encontre de la volonté de leurs parents. Dans des cas extrêmes, ce rejet peut aller jusqu’à la lapidation de la personne qui a enfreint ainsi les tabous de sa secte.

Au Canada, les rejets les plus fréquents concernent les autochtones expulsés de leur réserve.

Depuis toujours, un autochtone de sexe masculin peut épouser une « blanche », conserver son statut d’indien et le transmettre à ses enfants. À l’opposé, avant 1985, une autochtone de sexe féminin qui épousait un « blanc » perdait automatiquement son statut d’indien. Cette « malédiction » s’étendait également à sa progéniture.

Dans certains cas, elle pouvait bénéficier de la tolérance de sa communauté et demeurer dans la réserve pendant un certain temps. Mais inévitablement, un ordre d’expulsion la chassait de sa communauté. Certaines réussissaient à refaire leur vie à l’extérieur : d’autres, moins chanceuses, connaissaient la misère.

En 1985, on a aboli partiellement cette différence de traitement : les femmes pouvaient conserver leur statut d’indien. Toutefois, elles ne pouvaient toujours pas transmettre ce titre à leurs « bâtards », contrairement à la progéniture née de l’union entre un homme indien et une « blanche ».

Il a fallu un jugement de Cour d’appel de la Colombie-Britannique, en 2009, pour forcer le gouvernement fédéral à corriger cette discrimination.

Depuis l’entrée en vigueur, le lundi 31 janvier dernier, de la Loi sur l’équité entre les sexes relativement à l’inscription au Registre des Indiens, 45 000 descendants autochtones ont retrouvé leur statut d’indiens.

Cette bonne nouvelle ne doit pas nous faire oublier que le contexte législatif canadien concernant chaque indien — dont l’identité est consignée dans un registre national — découle de vieux traités anglais coloniaux. Leurs dispositions racistes, basées sur la pureté du sang, seraient aujourd’hui invalidées par n’importe quel tribunal international.

On doit se rappeler que le pape Jean-Paul-II a condamné publiquement le sort que réserve le Canada aux premières nations de ce pays et que le système des réserves indiennes au Canada et aux États-Unis a servi de modèle à la création de l’apartheid en Afrique du Sud.

Donc à défaut d’avoir renégocié ces vieux traités honteux à la satisfaction de toutes les parties concernées, on en est rendu à rapiécer une législation raciste pour lui donner un semblant de justice et d’équité.

Référence : 45 000 Canadiens pourront retrouver le statut d’Indien

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Mini « Nuit de Cristal » à Montréal

Publié le 17 janvier 2011 | Temps de lecture : 3 minutes
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Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, trois synagogues, une école et une garderie juives ont été vandalisées dans l’ouest de Montréal. Cela n’est pas une coïncidence : il s’agit clairement d’actes racistes concertés, perpétrés par les même gens.

À mon avis, cette mini « Nuit de cristal » est totalement inacceptable.

On peut fermer les yeux, se dire qu’après tout personne n’en est mort, que ce ne sont pas des bombes, que c’est seulement quelques dommages matériels insignifiants, mais on aurait bien tort puisque nous sommes en présence d’actes haineux. Or la haine, on sait quand elle commence mais on ne sait pas quand elle finit.

Nous sommes tous québécois, peu importe notre religion ou notre groupe ethnique. Si quelqu’un a des griefs contre l’État d’Israël, il peut s’exprimer librement mais il n’a pas à tenter de se venger sournoisement sur les Québécois de religion hébraïque ou sur les institutions juives du Québec.

Voulons-nous voir des actes d’intimidation pousser des Québécois appartenant à des ethnies impliquées quelque part dans le monde dans des conflits — Juifs vs Arabes, Chiites vs Sunnites, Sikhs vs Indiens, Arméniens vs Turcs, etc. — sentir le besoin de créer leur propre milice armée pour se protéger ? Voulons-nous voir la multiplication des permis pour port d’arme ? Laissons s’installer un sentiment d’insécurité et c’est exactement ce qui va arriver.

Le pharmacien Gaston Beauchesne, de Hull, est décédé dans l’explosion du vol 182 d’Air India perpétré par des terroristes Sikhs du Canada pour se venger de l’assaut de l’armée indienne contre un temple dans lequel des rebelles Sikhs armés étaient retranchés. On a donc tort de croire que la violence interculturelle n’affecte que les groupes concernés. Par conséquent, que les peuples qui se détestent règlent leurs différents chez eux, pas ici.

Quant aux auteurs de ces actes de vandalisme, je leur souhaite une punition exemplaire qui fera réfléchir tous ceux qui seraient tentés de les imiter.

Référence : Cinq établissements juifs vandalisés

Détails techniques de la photo :
Canon Powershot G6 — 1/125 sec. — F/2,2 — ISO 50 — 7,2 mm


Post-scriptum : Ce texte a été publié dans le quotidien Le Devoir. On pourra lire les commentaires qu’il a suscités en cliquant ici.
 

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Écrit par Jean-Pierre Martel