Le nom des nouvelles stations de métro de la ligne bleue

Publié le 10 septembre 2025 | Temps de lecture : 8 minutes


 
Introduction

Partout à travers le monde, le nom des stations de métro adopte harmonieusement la toponymie des lieux. La station de métro Berri-UQÀM s’appelle ainsi parce qu’elle débouche sur la rue Berri, près du pavillon principal de l’Université du Québec à Montréal UQÀM).

Il s’agit donc d’un indice donné aux passagers qui désirent de se rendre là. Comme c’est le cas de la station Université de Montréal ou Place Victoria.

Actuellement, l’immense majorité des noms de stations du métro de Montréal font référence aux rues sur lesquelles elles débouchent.

Cette cohérence sera rompue par les recommandations d’un comité formé d’activistes mis sur pied afin de choisir les noms des futures stations de métro de la ligne bleu.

Dans le passé, nous avons souligné sur ce blogue l’incompétence d’Éric-Alan Caldwell, responsable de la mobilité de Projet Montréal, muté à la présidence de la Société de transport de Montréal (STM) après le fiasco des trottinettes Lime (première version), dont il était responsable.

À l’annonce des noms des futures stations, celui-ci déclarait :

Plutôt que de faire comme avant et adopter les noms des rues, ce seront les rues qui adopteront les noms des stations de métro.

Vraiment ?

La station Vertières

À titre d’exemple, la nouvelle station à l’intersection de la rue Jean-Talon et du boulevard Pie-IX portera le nom de Vertières, du nom d’une bataille importante survenue à Haïti.

Si on en croit ce bon M. Caldwell, l’une ou l’autre de ces voies publiques devra changer de nom. Ce qui n’arrivera pas en raison du jeu de dominos qui affecterait notamment les stations Jean-Talon et Pie-IX (qui existent déjà).

Il aurait été plus simple de nommer cette nouvelle station Pie-IX Nord ou Pie-IX – Ligne bleue et d’ajouter au nom de l’actuelle station Pie-IX, le suffixe descriptif Sud ou Ligne verte.

La mairesse sortante, Valérie Plante, a avoué candidement s’être ingérée politiquement dans le travail du comité afin de s’assurer qu’on avait une forte représentation des femmes, sous-représentées dans l’espace public. ‘Je veux continuer à façonner ce Montréal féministe, pluriel et cosmopolite’ a-t-elle déclaré.

Le cosmopolitisme de Mme Plante vise à diluer les caractéristiques propres de la société québécoise, voire à les effacer, au profit d’un internationalisme niais.

Rares sont les stations de métro qui n’ont qu’une seule sortie. Ne pourrait-on pas prétexter la sortie sur une rue secondaire portant le nom d’un saint (ils sont légion à Montréal) pour ‘rebaptiser’ cette rue et du coup, donner ce nom à cette nouvelle station, plutôt que d’honorer une bataille survenue dans un pays étranger ?

À défaut, puisons dans notre riche passé pour honorer les grandes bâtisseuses et les grands bâtisseurs québécois.

La station Mary Two-Axe-Earley

Controversée au sein même de sa communauté, Mary Two-Axe-Earley est une militante mohawk née au Québec qui, de la partie américaine de la réserve de Kahnawake où elle a passé presque toute sa vie, a contesté avec succès l’apartheid juridique du Canada envers les Autochtones.

Cette station sera située à l’intersection de la rue Jean-Talon et de la rue Viau. Ces deux noms doivent demeurer.

Jean Talon (1626-1694) fut une des personnes les plus importantes de l’histoire du Québec.

De son côté, l’entrepreneur montréalais Charles-Théodore Viau fonda en 1867 une biscuiterie à son nom. Il l’a créée à l’époque où le milieu de la finance (les banques en particulier) étaient hostiles à l’entrepreneuriat des francoQuébécois.

Au risque de manquer de rectitude politique, rappelons que ce n’est pas les Mohawks qui paient pour le métro de Montréal. En conséquence, entre nos héros et les leurs, on choisira les nôtres… tout en encourageant les Mohawks à honorer la mémoire de Mary Two-Axe-Earley en donnant son nom à une de leurs rues, une de leurs places publiques ou un de leurs centres communautaires. Ce qu’ils tardent à faire.

L’impérialisme culturel consiste, entre autres, à vouloir imposer aux autres les héros qui correspondent à notre vision de la modernité.


 
Quant à la culpabilisation qu’on tente de susciter chez nous en répétant faussement que la ville Montréal s’est construite sur un territoire volé aux Mohawks, c’est une des inepties que répète une mairesse qui n’a jamais fait la différence entre deux membres différents de la famille linguistique iroquoienne, soit les Iroquoiens du Saint-Laurent (un peuple éteint) et les Iroquois (ou Mohawks, qui vivaient dans le nord de l’État de New York actuel).

La station Césira-Parisotto

Césira-Parisotto (appelée mère Anselme) est une Québécoise qui mérite amplement qu’une station de métro porte son nom.

Puisque la rue Lacordaire (desservie par cette nouvelle station) honore un dominicain français qui n’a jamais œuvré au Québec, je ne serais pas surpris d’apprendre que cette rue a été percée sur des terres appartenant aux Dominicains et que ceux-ci les ont cédées à la condition que la nouvelle rue porte son nom.

Toutefois, si aucun obstacle juridique ne s’y oppose, ce changement de nom est le bienvenu.

La station Madeleine Parent

Marie Parent est une syndicaliste montréalaise qui, elle aussi, mérite qu’une station porte son nom. Celui-ci remplacera le nom du boulevard Langelier.

Ce boulevard honore François Langelier (1838-1915), ministre québécois d’importance secondaire, nommé juge par Ottawa puis représentant la monarchie britannique au Québec. Bref, un collabo du régime colonial canadian. Le reléguer à l’oubli est tout ce qu’il mérite.

Après l’indépendance, nous n’aurons pas à faire disparaitre son nom; ce sera déjà fait.

La station Anjou

Rien à dire.

Conclusion

Les propriétaires des commerces dont la raison sociale indique le nom de la rue sur laquelle leur établissement est situé ont appris la nouvelle hier.

Fidèle à son habitude, l’administration de Projet Montréal ne les a pas consultés.

De plus, la ville n’a pas annoncé de compensation financière à ceux qui se sentiront obligés de changer la raison sociale de leur commerce afin qu’elle demeure signifiante.

Cette manière cavalière d’agir est typique de Projet Montréal, soit d’agir par le moyen d’un comité anonyme d’activistes qu’il a nommés et dont il n’hésite pas à orienter les conclusions.

D’autre part, le multiculturalisme est le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes.

Le clientélisme de Projet Montréal — en promettant des nananes à différentes communautés ethniques — en est l’expression.

L’accent porté à l’origine ethnique contribue à enraciner son importance en tant que facteur identitaire. D’où les affrontements interethniques qui se multiplient en Occident puisque toute diaspora est alors jugée coupable des actes répréhensibles commis par leurs semblables à l’Étranger.

En reconnaissant ouvertement que Vertières a été choisi pour plaire à la communauté haïtienne de Montréal, que Mary Two-Axe-Earley a été choisie parce qu’Autochtone, et Césira-Parisotto pour plaire à la communauté italo-montréalaise, Projet Montréal est fidèle à ce tribalisme multiculturel.

Le nationalisme québécois a le vent dans les voiles. Ce qui entraine qu’un nombre croissant de personnes pensent qu’on doit honorer les personnes méritoires, indépendamment de leurs origines, pour leur contribution à bâtir le Québec, et non pour s’attirer les votes de la communauté ethnique à laquelle ils appartiennent.

Finalement, tout cela doit se faire sans chercher à reléguer à l’oubli ceux dont les noms rappellent ces géants que furent nos ancêtres et qui, depuis la Renaissance, ont façonné ce qui deviendra bientôt, je l’espère, la première république laïque et égalitaire digne du XXIe siècle.

Références :
Boulevard Langelier
La STM dévoile les noms des nouvelles stations de la ligne bleue
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Les noms des cinq futures stations de métro dévoilés
Madeleine Parent, syndicaliste, féministe, citoyenne engagée
Mary Two-Axe Earley

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les mille pannes annuelles du métro de Montréal

Publié le 21 janvier 2018 | Temps de lecture : 5 minutes
Exemple de panne dans le métro de Montréal

Se basant sur une étude londonienne, la Société des transports de Montréal (STM) estime qu’elle fait mieux que la moyenne au chapitre des interruptions de service. Conséquemment, elle n’a aucun plan de réduction des pannes. Aucun objectif. Aucune cible.

Ainsi, Montréal se compare avantageusement au métro de Londres, inauguré en 1863, au vieux métro sale de New York, inauguré en 1904, et à différents métros dont les dates d’inauguration ne sont pas précisées.

J’ai eu l’occasion de prendre des vacances de trois semaines dans chacune des villes suivantes sans être affecté par une seule panne : Barcelone, Berlin, Lisbonne, Paris, Porto, Prague, Shanghai et Vienne.

Si la seule ambition des dirigeants de la STM est de faire mieux que différents métros vétustes à travers le mode, permettez-moi de dire qu’elle manque d’ambition.

Depuis des années, il y a environ mille pannes dans le métro de Montréal, soit une moyenne de trois par jour. Les interruptions de plus d’une heure ont augmenté de 52% en 2016. Les pannes de plus de cinq minutes ont augmenté de 31% en 2017.

La STM est toujours empressée de fournir des statistiques pour se justifier. Par exemple, on nous dira que 86% des usagers sont satisfaits du service.

À ce sujet, allez dans n’importe quel restaurant insalubre et vous verrez que plus de 86% des clients en sont satisfaits; ceux qui ne le sont pas mangent ailleurs.

La STM n’a jamais estimé le cout économique des pannes pour les usagers. Combien de millions d’heures-personnes perdues ? Combien de frais de taxi ? Bref, combien de millions$ de pertes économiques ? On ne sait pas.

Puisque tout se mesure, pourquoi n’est-elle pas capable de le dire ? Parce qu’il serait compromettant pour elle de le savoir. Alors elle s’abstient de le déterminer.

C’est plus simple de blâmer les usagers qui se suicident ou qui descendent imprudemment pour récupérer des objets échappés sur la voie. Ce sont eux les responsables, selon la STM.

Métro de Shanghai

À Paris et à Shanghai, on a choisi de dresser une paroi transparente entre les utilisateurs et les voies. Des portes ne s’ouvrent qu’au moment où un train est en gare. Pas de suicide. Pas de téléphone échappé sur la voie.

Avec de telles cloisons, on éliminerait les plus longues pannes montréalaises.

Plutôt que de dresser de telles cloisons — trop dispendieuses selon la STM — celle-ci se propose de climatiser tous les wagons du métro, ce qui coutera des millions de dollars.

La Havane n’a pas de métro. Mais elle a des autobus. Et pour lutter contre la chaleur tropicale, on utilise un moyen qui ne détruit pas la couche d’ozone, qui ne crée pas de gaz à effet de serre, qui est parfaitement écologique et qui ne coute presque rien : ce sont des éventails de papier. Ceux qui ont chaud s’en servent, mais pas les autres.

À défaut de données à ce sujet, je présume que les arrêts de service à Montréal causés par des tentatives de suicide doivent être plus nombreux que ceux causés par des coups de chaleur puisque nous habitons un pays où on gèle onze mois par année.

J’invite donc la STM à se demander si des cloisons qui sauvent des vies devraient avoir préséance sur des climatiseurs.

Une fois que les ambulanciers ont déplacé une personne vers les quais — elle est rarement traitée sur les voies — je ne vois pas ce qui empêcherait la ligne de métro de fonctionner; il suffit de ne pas faire d’arrêt à la station durant l’intervention.

Finalement, pour ce qui est de ceux qui tombent malades dans les wagons, combien y en a-t-il par année ?

Bref, si on veut que les Montréalais abandonnent l’auto pour le transport en commun, il faudra augmenter sa fiabilité.

Pour ce faire, il serait temps que les nouveaux dirigeants de la ville obligent la STM à se doter d’une politique de réduction des pannes plutôt que de se satisfaire de la médiocrité du service qu’elle donne présentement.

Références :
La navette du 747 : un service pourri
Métro de Montréal : les statistiques de la désinformation
Refonte majeure du réseau d’autobus de la STM

Parus depuis :
La STM alertée 25 fois par jour pour des escaliers roulants bloqués (2018-06-01)
Interruptions de service dans le métro : Retour aux niveaux prépandémiques (2024-06-29)
102 interruptions d’au moins une demi-heure: l’année 2024 fut pénible pour les usagers du métro (2025-01-27)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Près de mille interruptions de service en 2011 dans le métro de Montréal

Publié le 1 février 2012 | Temps de lecture : 4 minutes

Station Place-des-Arts
 
Dans mon billet du 24 novembre dernier, je m’interrogeais sur la fiabilité du métro de Montréal, qui me semblait beaucoup plus sujet à des pannes que ceux de Barcelone, Berlin, Bruxelles, Paris, Prague, Shanghai et Vienne (que j’ai empruntés depuis une décennie).

Voilà qu’aujourd’hui, Radio-Canada nous apprend qu’il y a eu 980 interruptions de services en 2011. C’est 23,4% de plus que les 794 interruptions répertoriées en 2006.

Selon le Directeur du métro à la Société de transport de Montréal, M. Dominique Lemay, les trains du métro parcourent une distance totale 29% plus grande depuis 2006. Par conséquent, les arrêts plus élevés de seulement 23% représentent donc une amélioration de la fiabilité du métro.

Imaginez que le président de Microsoft vienne vous dire qu’il est normal que votre ordinateur plante 23% plus souvent parce Windows contient 29% de plus de code informatique. Seriez-vous satisfait de sa réponse ?

La question fondamentale est de savoir s’il est normal que des usagers du métro aient à subir près de mille pannes par année.

Si on veut que les Québécois délaissent l’automobile pour le transport en commun, il va falloir qu’on améliore de manière substantielle la fiabilité du réseau. Or à Montréal, le métro est la clé du système.

L’autobus est plus lent que l’automobile en raison de ses arrêts fréquents. Durant la saison froide, on attend généralement plus longtemps à attendre l’autobus au grand vent qu’on attendrait à réchauffer sa voiture. De plus, sur certaines lignes (ex.: Hochelaga vers l’Est), le respect des horaires laisse à désirer.

Donc l’argument-clé pour convaincre l’automobiliste à abandonner sa voiture, c’est le plaisir d’emprunter le métro. Il est au chauffé l’hiver, il est peu bruyant, il est confortable, on peut y téléphoner sans danger (puisqu’on y conduit pas), on peut y lire, et on peut même y courtiser une personne inconnue. Bref, le bonheur total… en théorie.

Toutefois, dans une société orientée vers la performance, sa fiabilité douteuse est totalement inacceptable. Et on est en droit d’exiger des dirigeants du métro plus de remèdes et moins d’excuses à leur laxisme navrant.

Le métro est beaucoup plus qu’un simple moyen de transport à Montréal : c’est une vitrine de l’expertise québécoise en matière de transport en commun. Près d’un million de touristes visitent la métropole du Canada chaque année. Parmi eux, il y a des décideurs publics qui pourraient un jour avoir à adopter un devis de Bombardier pour la construction d’un métro dans leur ville. Quel intérêt verront-ils à lui accorder le contrat quand notre métro est si loin de susciter l’admiration et l’envie ?

Références :
Augmentation du nombre d’arrêts de service dans le métro de Montréal
Peut-on se fier au métro de Montréal ?

Parus depuis :
Pannes dans le métro : la STM en mode solutions (2013-02-06)
Une autre panne majeure dans le métro (2013-05-21)
Le métro n’a «pas de problèmes de fiabilité», dit la STM (2013-05-31)
Système informatique du métro – La STM et Alstom ont été dépassés (2013-08-13)
Autobus, métro : « On est entassés comme des bêtes » (2016-02-19)
Métro de Montréal: vers un record de pannes (2017-11-24)
La STM alertée 25 fois par jour pour des escaliers roulants bloqués (2018-06-01)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Peut-on se fier au métro de Montréal ?

Publié le 24 novembre 2011 | Temps de lecture : 2 minutes

Hier, à l’heure de pointe — plus pécisément à 16h37 — un premier message : « Un incident nous oblige à ralentir le service sur la ligne orange en direction Montmorency. »

Trois minutes plus tard, un deuxième message : « Une porte coincée nous oblige à relentir le service sur la ligne verte en direction Honoré-Beaugrand. »

J’imagine que des ralentissements surviennent dans tous les métros du monde et qu’en se forçant un peu, on peut donc trouver quelque part un endroit où la situation est pire qu’à Montréal.

Toutefois, sauf à Bruxelles en 2006 (où je ne suis resté qu’une semaine), j’ai eu l’occasion de passer trois semaines et d’emprunter quotidiennement le métro à Paris en 2003, encore à Paris en 2004, à Berlin en 2005, à Barcelone en 2007, à Prague en 2008, à Shanghai en 2010 et à Vienne en 2011.

Or je n’ai été soumis à aucune panne, ni aucun ralentissement de service, dans aucune de ces villes alors qu’il ne se passe pas une semaine sans que cela arrive à Montréal.

Au lieu de dépenser une fortune à refaire une beauté à la station Berri-UQAM, au lieu de payer des employés pour leur faire retirer les corbeilles et poubelles du métro — et éventuellement les remettre quand les Montréalais auront pris l’habitude de jeter leurs déchets n’importe où — les responsables devraient peut-être songer à améliorer la fiabilité et la ponctualité du métro de Montréal : il en a grandement besoin.

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Écrit par Jean-Pierre Martel