Vue aérienne
Située à l’ouest de la rue Sanguinet (au haut de la photo), entre l’avenue Viger (à gauche) et l’esplanade du Champ-de-Mars (coin supérieur droit), la place des Montréalaises est un espace public de deux hectares qui rend hommage à 21 femmes; sept pionnières qui ont marqué l’histoire de Montréal et les 14 victimes du féminicide de l’École polytechnique.
Annoncée par l’administration Coderre en 2017, la place fut réalisée principalement sous l’administration Plante au cout de cent-millions de dollars.
Elle se divise en trois parties : les Boisés, l’Emmarchement Hommage, et le Pré fleuri.
Les Boisés
Les Boisés constituent la partie nord de la place. Entourant sur trois côtés la station de métro Champ-de-Mars, ils célèbrent la mémoire de Marie-Josèphe-Angélique.
Actuellement peu arborés, les Boisés le seront davantage quand le tout sera à maturité.
Marie-Josèphe-Angélique est une esclave noire de 29 ans accusée d’avoir provoqué un incendie qui a jeté à la rue plusieurs centaines de personnes en 1734.
Elle fut pendue puis brulée le 21 juin de cette année-là, après avoir avoué sa culpabilité sous la torture et à la suite d’un procès au cours duquel les témoignages entendus étaient le reflet des préjugés de l’époque.
Bref, il n’existe aucune preuve sérieuse ni de sa culpabilité ni de son innocence.

Miroir des Montréalaises
Dans cette partie de la place, on trouve le Miroir des Montréalaises, œuvre de l’artiste Angela Silver, chargée de cours à l’École d’architecture de McGill. Y sont gravés les noms des 21 femmes honorées.
L’Emmarchement Hommage

Emmarchement Hommage
Entre les Boisés et le Pré fleuri, le trajet en zigzag conçu pour les personnes handicapées porte le nom d’Emmarchement Hommage.
Il comprend des gradins décorés, çà et là, de lettres majuscules individuelles qui, selon les concepteurs, composent les noms de toutes les Montréalaises. Évidemment.
Le Pré fleuri
Le Pré fleuri
La place est complétée par une immense dalle triangulaire en béton, percée de trous dans lesquels poussent des plantes décoratives. Ce sont autant de bouquets offerts aux femmes que cette place honore.
Les défauts majeurs de la place des Montréalaises
Il est indéniable que les femmes ont marqué l’histoire de notre ville. L’idée de leur rendre un hommage particulier est donc une excellente idée.
Malheureusement, cet hommage souffre de deux défauts majeurs.
La première est l’éclectisme de son message.
Il y a des lieux pour se recueillir devant un monument qui rappelle les victimes d’une tragédie et il y a d’autres lieux pour célébrer les personnes qui ont fait la grandeur de notre histoire.
Voilà pourquoi les cimetières accueillent plus souvent des cénotaphes que des arcs de triomphe.
En combinant les deux, la place des Montréalaises est inconsistante.
D’autant plus qu’elle élève au rang de martyre une personne controversée du XVIIIe siècle, portée aux nues, de manière clivante, par le mouvement woke.
L’autre défaut de la place des Montréalaises est que c’est un ilot de chaleur. En effet, plus de la moitié de sa surface est bétonnée.
Au gros soleil, lors d’une canicule, cette place est le dernier endroit en ville où on veut se trouver.
Voilà pourquoi, du point de vue fonctionnel, elle n’est qu’un lieu de passage entre la station de métro et le Vieux Montréal.
Des arbres fruitiers et des haies
J’encouragerais les autorités municipales à modifier légèrement le concept très ‘design’ de cette place en y plantant des arbres fruitiers de différentes espèces dans les trous du Pré fleuri.
Plutôt que des bouquets — le cliché veut que les femmes aiment recevoir des fleurs — ce serait plutôt une mini-forêt nourricière qui rendrait ainsi hommage aux Montréalaises.
La nuit, en plus de la vingtaine de lampadaires déjà existants, un éclairage placé aux pieds des arbres fruitiers transformerait ceux-ci en sources lumineuses indirectes qui feraient du Pré fleuri un endroit féérique.

Zones gazonnées
La manie du gazon fait très XXe siècle. Aux pieds de l’Emmarchement Hommage, remplacer ce gazon banal par des haies basses formant un labyrinthe serait un complément interactif et ludique pour les personnes qui visiteraient la place.
Au sujet des arbres fruitiers
Pommiers du Jardin des Franciscains, à Prague
À Prague, plusieurs parcs sont plantés d’arbres fruitiers. Ils le furent à l’époque communiste, afin de nourrir gratuitement les habitants pauvres de la ville.
Faire la même chose à la place des Montréalaises, cela entraine que des fruits se retrouvent au sol à l’automne. Des fruits qui attireront de la vermine et que des employés municipaux devront enlever pour les composter.
Et ce sont également des sucs qui, en s’oxydant, terniront la blancheur du beau béton blanc de la place.
Mais c’est ça, la vie : c’est salissant.
Qu’on offre à l’automne des gâteries aux sans-abris de la ville, c’est un exemple d’empathie féminine.
Qu’on transforme une place morte en un lieu de vie et d’interactions sociales où les personnes qui habitent ou qui travaillent dans quartier aimeront passer du temps, voilà qui est très féminin.
C’est de cette manière, à mon avis, qu’on devrait rendre hommage aux Montréalaises.
Écrit par Jean-Pierre Martel








































































