La manie des bases de données

Publié le 2 juillet 2021 | Temps de lecture : 5 minutes

À l’épicerie, on peut acheter un pain ou un litre de lait de manière relativement anonyme. Tout au plus, le marchand pourrait lire votre nom sur votre carte de crédit.

Mais il ne cherchera pas à savoir votre adresse civique ni votre numéro de téléphone à moins que vous lui demandiez de livrer le tout à votre domicile.

Autrement, si on paie à l’aide d’une carte de crédit, dès que la transaction est acceptée, on quitte tout commerce avec ce qu’on y a acheté sans aucune autre formalité.

Et si on y retourne le lendemain, on peut pénétrer dans l’établissement sans avoir à se rappeler un mot de passe choisi la veille.

Depuis des mois, cet anonymat est poussé à un point extrême; les commerçants nous obligent à magasiner masqués comme des braqueurs de banque…

Au contraire, les entreprises qui font commerce en ligne ont la manie d’obliger leur clientèle à créer un dossier comme condition préalable à tout achat.

Évidemment, il est normal qu’un fournisseur sache les coordonnées qui lui sont nécessaires à faire livrer une marchandise.

Mais au lieu d’écrire ces données dans un fichier indépendant, les entreprises ont la manie d’enregistrer le tout (y compris le numéro de carte de crédit) dans une base de données.

Quand nous achetez votre épicerie en ligne chez Métro, vous n’avez pas à redonner votre numéro de carte de crédit après la première commande; ce numéro a été enregistré dans sa base de données.

Or il ne se passe pas un mois sans qu’on apprenne que des pirates ont volé la base de données d’une grande entreprise, compromettant ainsi la confidentialité des informations qu’elle contenait.

Même le gouvernement américain a été incapable d’empêcher des pirates russes d’avoir accès à des milliers de ses ordinateurs. Et il a mis des mois avant de s’en rendre compte.

La piraterie est devenue un problème sécuritaire majeur parce que les grands éditeurs de logiciels ont tout misé sur l’informatique dématérialisée; de nos jours, il est devenu normal que les employés d’une entreprise soient constamment connectés à ce milieu à la fois séduisant et hostile qu’est l’internet et que les données stratégiques de l’entreprise y soient entreposées.

En conséquence, la piraterie est un des rares moyens de devenir riche rapidement, facilement et sans danger dès qu’on excelle dans cette discipline et qu’on possède un compte en Bitcoin. Voilà tout ce qui est nécessaire pour devenir millionnaire du jour au lendemain.

Alors comment des dirigeants d’entreprises peuvent-ils s’imaginer être à l’abri d’un vol de données ?

En réalité, ils s’en moquent; c’est plus simple pour eux de faire comme s’ils ignoraient tout cela… quitte à faire semblant d’être surpris lorsque le méfait aura été commis.

Si nos gouvernements voulaient agir, il leur faudrait reverser la tendance à l’infonuagique, véritable talon d’Achille de l’économie occidentale. Il ne s’agit pas de combattre le commerce électronique, mais très précisément l’accessibilité des bases de données depuis l’internet.

Or qui sont les géants du stockage des données sur l’internet ? Amazon, Google et Microsoft. Avec des noms pareils, on comprendra pourquoi nos journaux n’osent jamais nous dire à partir des serveurs de qui des pirates ont volé la base de données d’une institution financière ou d’une entreprise.

Parallèlement, nos gouvernement devraient prévoir des pénalités très sévères en cas de vol de données et des peines beaucoup plus sévères lorsque l’entreprise choisit de garder le silence lorsque cela lui arrive.

Pour les citoyens de ce pays, l’usurpation d’identité est la conséquence la plus grave de la piraterie des bases de données et de leur vente en ligne au plus offrant.

Dans la vision naïve du monde qu’entretient le gouvernement fédéral, le Canada est un grand marché commun; son rôle, selon lui, c’est d’y garantir la fluidité des échanges de biens et de services.

Protéger les consommateurs de l’usurpation d’identité est le cadet de ses soucis. Voyez comment il a pris la défense des compagnies aériennes qui refusaient de rembourser les billets de vols annulés en raison de la pandémie.

Si ce gouvernement ne fait rien pour nous protéger, c’est qu’il est complice de la grande entreprise plutôt que d’être au service du peuple. Autrement cela ferait longtemps qu’il aurait agi.

Pour ceux qui croient que le phénomène du vol de données est un phénomène récent, je les invite à consulter cette liste permanente de vols de données par l’internet.

À la lecture de cette liste, la conclusion est simple; tout ce qui est disponible sur l’internet peut être piraté.

Ceci étant dit, que faire lorsque son dossier de crédit est entaché d’une fraude commise par des pirates en notre nom ?

En cliquant sur ceci, on découvrira la solution que l’émission La Facture propose aux consommateurs québécois.

Paru depuis :
Who’s behind the Kaseya ransomware attack – and why is it so dangerous? (2021-07-07)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La publicité trompeuse des épiceries Métro

Publié le 18 décembre 2020 | Temps de lecture : 3 minutes

Il y a une semaine, j’ai demandé et obtenu l’annulation d’une commande d’épicerie effectuée en réponse à une offre de livraison gratuite.

Dans cette réclame, un astérisque discret référait à une note de bas de page précisant que cette offre n’était valable qu’à l’achat de trois des produits en vedette.

Hier, j’ai reçu une nouvelle offre, cette fois encore plus trompeuse que la précédente.

À l’ouverture du courriel, c’est clair; Métro offre la livraison gratuite.

En faisant défiler vers le bas, c’est réitéré; l’offre est valable cette semaine. Mais cette fois-ci, pas de petit astérisque référant à une note en bas de page.

Toutefois, le consommateur curieux qui aurait l’idée de cliquer sur cette flèche au coin inférieur droit est référé à un page Web (ci-dessous) qui lui précise que la livraison gratuite n’est pas ‘disponible’ pour le service ‘mpriorité’ (sans expliquer ce que ce mot signifie).

En réalité, il faut aller à la fin de la réclame pour lire, en petits caractères gris sur fond blanc…

…une note qui précise que l’offre de livraison gratuite n’est valable que pour une commande supérieure à 50$ comprenant l’achat de trois produits en vedette.

En dépit d’une commande valant le double et de l’achat de quatre formats d’un des produits en vedette, c’est au moment de passer la commande qu’on voit que tout cela est faux; on doit payer quand même des frais de livraison de 8$.

De plus, on doit savoir qu’à l’occasion d’un achat antérieur, les épiceries Métro conservent en mémoire les numéros de carte de crédit.

Si le client présume qu’au moment de préciser son numéro de carte de crédit, il aura l’occasion de se prévaloir de l’offre de livraison gratuite, il se trompe. Dès qu’il clique le bouton qui finalise sa commande, c’est terminé; il vient de se faire avoir.

Il y a quelques minutes, je suis retourné sur le site de Mon épicerie en ligne métro.ca.

Contrairement à hier soir, les épiceries Métro disent explicitement ce matin que la livraison n’est gratuite qu’à l’achat de trois produits participants.

C’est beaucoup mieux. Mais pour combien de temps ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Téléphonie : le forfait secret de Fido

Publié le 18 décembre 2019 | Temps de lecture : 3 minutes

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Introduction

Il y a une décennie, j’ai choisi Fido comme fournisseur de téléphonie. À l’époque, nombreux étaient mes amis à me raconter les problèmes qu’ils éprouvaient avec leurs fournisseurs de réseau.

Des mois après avoir quitté l’un d’entre eux, leur carte de crédit était débitée des frais mensuels de leur ancien fournisseur. Aucune mesure ne venait à bout de cela, sauf obtenir une nouvelle carte de crédit et annuler l’ancienne.

Fido était un des rares fournisseurs honnêtes.

Depuis les choses se sont considérablement améliorées. Sauf pour Bell qui a conservé une culture d’entreprise conflictuelle avec ses clients et qui continue d’être le fournisseur contre lequel le CRTC reçoit, de loin, le plus grand nombre de plaintes.

Les forfaits économiques

De nos jours, tous les fournisseurs offrent des forfaits qui se veulent économiques.

Par exemple, Telus offre le forfait américain My First Phone Plan qui coute 180$US par an (l’équivalent de 23$Can par mois). Mais on est limité, par exemple, à 180 minutes d’appels locaux (entrants ou sortants) par année.

Au-delà de cette limite, le compteur de Telus fait grimper rapidement la facture à raison de 0,15$ la minute pour les appels locaux.

La téléphonie à 20$ par mois chez Fido

2019-12-16-FidoLe site web de Fido offre lui aussi plusieurs forfaits intéressants. Mais le plus économique de tous n’est affiché nulle part. C’est le forfait Appels et textos – AVT (AVT pour Apportez Votre Téléphone).

Que diriez-vous d’un plan qui, pour seulement 20$ par mois, vous offre ceci :
• appels illimités en tout temps, partout au Canada,
• textos illimités partout sur terre (sauf en voyage à l’Étranger),
• afficheur du numéro appelant,
• messagerie vocale,
• appel en attente, et
• téléconférence.

Ce forfait n’est offert qu’aux particuliers qui possèdent leur propre téléphone et qui sont libres de changer de forfait n’importe quand.

Aucune entreprise ne peut y avoir droit. De plus, aucun rabais supplémentaire ne peut être accordé; donc ceux qui bénéficient d’un rabais doivent y renoncer.

Et le plus important; votre téléphone ne pourra accéder à l’internet que par Wifi.

Ce qui ne vous empêchera pas d’accéder à l’internet par le biais du Wifi de votre domicile ou de celui de tous les commerces branchés de la ville.

Mais sur la rue, n’y comptez pas.

Ce qui signifie que vous ne pourrez pas vous servir de votre téléphone pour louer une trottinette ou un vélo électriques, ni appeler un taxi ubérisé, ni consulter vos courriels ou vos SMS n’importe où.

Si vous pouvez vivre soumis à ces contraintes, le forfait secret de Fido est irrésistible.

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Écrit par Jean-Pierre Martel