Lorsqu’on regarde les guerres commerciales déclenchées par Donald Trump, aucune d’entre elles ne s’est résolue par une simple rencontre entre le président américain et son homologue d’un autre pays.
Dans tous les cas, les ententes bilatérales intervenues jusqu’ici ont été précédées de nombreuses négociations entre les ministres et fonctionnaires des pays concernés.
Pour prendre l’exemple de l’entente intervenue entre Trump et Ursula von der Leyen, cette entente n’a été possible qu’en raison de l’acceptation préalable de la Commission européenne de capituler devant Trump. Sans cela, la rencontre avec la présidente de la Commission européenne n’aurait rien donné.
La guerre russo-ukrainienne obéit à cette logique.
L’idée qu’il suffirait pour Donald Trump d’assoir à la même table Poutine et Zelensky pour que la guerre en Ukraine s’arrête est une idée simpliste; ce n’est pas comme cela qu’on met fin à une guerre.
Lorsque l’agresseur est un pays lointain, la guerre peut s’arrêter sans capitulation formelle quand l’envahisseur décide simplement de rapatrier ses troupes. Comme les États-Unis l’ont fait au Vietnam et en Afghanistan.
Lorsqu’il s’agit de deux pays contigus, seule la capitulation du plus faible met fin à la guerre. À la suite de quoi, le perdant peut alors se consacrer à sa reconstruction. Comme l’ont fait l’Allemagne et l’Italie après avoir capitulé.
Jusqu’ici, les membres de l’Union européenne ont armé l’Ukraine non seulement dans le but d’affaiblir la force miliaire de la Russie, mais leurs sanctions économiques avaient pour but avoué de provoquer un effondrement de l’économie russe. Et ce, en vue d’un changement de régime à Moscou. C’est du moins ce que la ministre canadienne des Affaires étrangères avouait candidement.
Malgré le fait qu’on ressasse périodiquement l’espoir d’une défaite militaire de la Russie, il ne semble pas que les pays de l’Otan puissent y parvenir dans un avenir prévisible.

Afin d’aider l’Ukraine à reprendre son souffle après une série presque ininterrompue de défaites militaires, plusieurs dirigeants européens plaident depuis des mois en faveur d’un cessez-le-feu dans le but, disent-ils, de donner l’occasion aux belligérants de s’entendre sur un plan de paix.
Au cours d’une guerre, un cessez-le-feu intervient exclusivement lorsque les belligérants, épuisés, le réclament d’eux-mêmes afin de refaire leurs forces. Et dès que cette pause pend fin, on se tape dessus avec une vigueur renouvelée.
En somme, un cessez-le-feu suspend temporairement les hostilités : il n’arrête pas le conflit de manière permanente.
C’est la conclusion à laquelle semble être arrivé Donald Trump à la suite du sommet en Alaska. Dans ce sens, c’est, pour l’instant, un progrès.
À moins d’une volteface — une éventualité toujours plausible avec Trump — l’administration américaine semble avoir réalisé que la solution du conflit est entre les mains de l’Ukraine.
Malheureusement pour Zelinsky, celui-ci est placé dans un dilemme insurmontable.
Contrairement à la Russie tsariste qui a vendu l’Alaska aux États-Unis en 1867 et la Russie soviétique qui a donné la Crimée à l’Ukraine en 1954, la constitution de l’Ukraine — comme celle de nombreux pays — déclare que le territoire national est indivisible.
Un mois après le début de la guerre russo-ukrainienne, une entente est intervenue entre les négociateurs de la Russie et de l’Ukraine. Ce plan de paix prévoyait la fin du conflit en contrepartie (entre autres) de concessions territoriales à la Russie.
Mais ce plan devait être ratifié par Kyiv. Non seulement le parlement ukrainien a-t-il refusé, mais il a adopté une loi qui, à l’avenir, interdit formellement toute négociation de paix qui inclurait l’amputation du territoire ukrainien.
C’est donc à dire que Zelensky se trouve dans un carcan juridique qui l’oblige à ne rien céder.
De plus, on doit savoir que Denis Kireev — un des négociateurs ukrainiens qui avaient participé le 28 février 2022 à des discussions préliminaires en Biélorussie en vue des négociations russo-ukrainiennes formelles qui se sont tenue le mois suivant en Turquie — a été assassiné en pleine rue à son retour en Ukraine après avoir été accusé de trahison par ceux qui s’opposaient à toute négociation de paix avec la Russie.
De plus, à plusieurs reprises au cours de cette guerre, des dirigeants de milices néo-nazies ont menacé de mort Zelenski (qui est Juif).
Ce qui signifie que le président ukrainien est condamné à espérer une défaite russe qui n’arrivera pas et, entretemps, à assister, impuissant, à l’anéantissement progressif de son pays.
Juridiquement, la seule issue à cette guerre est la nomination par le parlement ukrainien d’un délégué plénipotentiaire — il s’agit généralement du chef des armées — dont le mandat est de négocier la paix sans que cela implique l’arrêt des hostilités au cours de cette négociation.
L’acte de capitulation du Troisième Reich a été signé par le général Alfred Jodl au nom du Haut commandement des forces armées allemandes. L’armistice italien a été signé par le général Giuseppe Castellano au nom du gouvernement italien.
À l’issue des négociations secrètes, le traité est signé par ce délégué investi de tous les pouvoirs (d’où son qualificatif de plénipotentiaire) et qui, en plus, dispose de l’immunité totale contre toute poursuite ultérieure.
Et parce que ce traité est supranational, il a juridiquement préséance sur les dispositions contraires de la constitution ukrainienne et des lois qui en découlent.
Voilà comment la guerre russo-ukrainienne devrait se terminer.
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Jean-Pierre,
Tu oublies que l’URSS dont rêvasse encore Poutine a exigé l’acceptation et le respect de l’inviolabilité des frontières et l’inviolabilité des frontières en 1973 et renouvelées en 1992.
Voir les deux Accords d’Helsinki à : Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe.
Jean-Pierre, ta solution de totale capitulation de l’Ukraine devant la Russie… est une violation du droit international créé par les chefs d’États démocratiques.
Ta comparaison avec les capitulations nazie et italienne est odieuse. C’est comparer Zelinski, admiré par tout l’Occident, à Hitler et à Mussolini. As-tu réfléchi ?
Ma solution : un effort militaire massif (et non nucléaire) en sol ukrainien mené par les soldats de l’OTAN pour chasser Poutine d’Ukraine.
Sinon, après l’Ukraine, les pays baltes y passent, puis la Moldavie, puis les sud-est européen bulgare et roumain.
Encouragée par la capitulardise occidentale, la Chine saute sur Taiwan, et à terme sur toute l’Asie (sauf le Japon).
Mais nous, nous serons morts mon frère !
Premièrement, rien dans le Droit international empêche l’Ukraine de capituler.
Deuxièmement, le droit des peuples à l’autodétermination fait partie du Droit international. Et lorsque cela respecte les critères prévues à ce sujet, ce droit a préséance sur l’obligation de respecter l’intégralité territoriale du pays qui sera amputé par l’accession à l’indépendance.
Troisièmement, la nouvelle Théorie des dominos est aussi invraisemblable que l’ancienne.
Opinion détaillée : La nouvelle Théorie des dominos
Quatrièmement, vous avez raison; la véritable alternative à la capitulation de l’Ukraine est un affrontement direct entre l’Otan et la Russie. Ce qui entrainera inévitablement une Troisième Guerre mondiale.
Ceux qui espèrent un changement de régime à Moscou doivent savoir que Poutine est plus populaire en Russie (87 % en avril 2025) que Macron en France (32 % en juin 2025), Starmer en Grande-Bretagne (31 % en mars 2025), et que Merz en Allemagne (29 % en aout 2025).
Donc s’il devait y avoir une révolution en Europe, elle aurait plus de chance de survenir en France qu’en Russie.
« Voilà comment la guerre russo-ukrainienne devrait se terminer.»
C’est-à-dire? L’Ukraine abandonne 20% de son territoire?
Ou chacun demeure sur ses positions comme le font les deux Corées?
Comme Poutine n’est pas immortel, qui sait? son régime pourrait ne pas lui survivre et l’Ukriane retouverait ses territoires cédés.
Premièrement, l’Ukraine ne serait pas en guerre si elle s’était opposée à l’ingérence étrangère dans ses affaires intérieures. Ce qu’elle a permis en laissant le Département d’État américain dépenser une fortune à manipuler l’opinion publique ukrainenne.
Voir : Ukraine et Russie : l’échec cuisant de Victoria Nuland
Deuxièmement, les oblats russophones d’Ukraine ne souhaiteraient pas aujourd’hui leur rattachement à la Fédération de Russie si Kiev n’avait pas payé et armé secrètement des milices néonazies de l’Ouest du pays pour venir massacrer ses propres citoyens dans l’Est du pays de 2014 à 2022.
Ignorer-vous que la Cour européenne des droit de la personne (présidée dans ce cas par une juge ukrainienne) a blâmé l’Ukraine pour ne pas avoir porté assistance aux Ukrainiens russophones d’Odessa brûlés vifs dans la Maison des syndicats en 2014 ?
C’est là un des nombreux massacres qui ont jalonné la guerre civile qui s’est déroulée de 2014 à 2022 et qui a fait plus de quatorze-mille morts, principalement parmi la population russophone d’Ukraine.
Bref, l’amputation définitive de 20 % du territoire ukrainiens (là où cette minorité russophone est majoritaire) est la punition de l’Ukraine pour ne pas avoir respecté les accords de Minsk qui l’enjoignaient précisément à respecter les droits de sa minorité russophone.
À mon avis, il est hypocrite de prétendre défendre la Démocratie et du même souffle, s’opposer à la volonté des peuples de quitter un pays qui les opresse en invoquant le Droit international alors que ce droit comprend aussi celui des peuples à l’autodétermination.